Hugo Martinez : «Il faut comprendre le complexe de l'enfant harceleur»

  • l’année dernière
Invité à échanger durant 180 Minutes Info, Hugo Martinez s'est exprimé sur la question du harcèlement scolaire et est revenu sur les harceleurs. Selon lui, «il faut comprendre le complexe de l'enfant harceleur».
Transcript
00:00 D'abord pour répondre à la question du programme FARC.
00:02 Je pense qu'en effet, il a porté ses fruits et on voit une évolution
00:05 sur les deux dernières années.
00:06 C'est qu'on avait des élèves, des victimes de harcèlement scolaire
00:10 qui ne parlaient pas de leur harcèlement scolaire.
00:11 Et depuis ces deux dernières années, on voit, et d'ailleurs c'est le cas de Nicolas,
00:16 on voit des élèves qui en parlent.
00:17 Ils en parlent à un adulte.
00:19 Et je crois que c'est maintenant à nous, adultes et membres de la communauté éducative,
00:24 justement, de jouer notre part du contrat, si j'ose dire, de leur promesse.
00:27 C'est-à-dire qu'en leur demandant d'en parler, c'était derrière l'idée de les protéger
00:31 et de trouver des réponses, justement.
00:33 Maintenant, c'est de notre part à nous d'avancer, de faire ce chemin-là.
00:36 Alors, qu'est-ce qui manque aujourd'hui ?
00:38 Le trou dans la raquette, il se situe au niveau de l'accompagnement.
00:40 Comment est-ce qu'on vient mettre en place un accompagnement ?
00:43 Du côté du harcèleur aussi, parce qu'il ne faut pas le stigmatiser,
00:45 je vais y revenir juste après, mais aussi du côté de la victime.
00:48 Un accompagnement thérapeutique, un accompagnement sur le plan nutritionnel aussi,
00:51 parce qu'on voit que, dans la plupart des cas,
00:53 on a des troubles du comportement alimentaire qui surgissent un ou deux mois après
00:56 les premiers faits de harcèlement scolaire.
00:59 Donc, il y a un accompagnement global qui doit se mettre en place autour de la victime.
01:03 Mais c'est quelque chose qui ne peut pas rester au sein de l'éducation nationale.
01:05 Le métier premier de l'éducation nationale, c'est d'enseigner.
01:08 Donc, le plan, en tout cas les mesures annoncées fin septembre par la première ministre,
01:13 qui apportent une dimension interministérielle à la réponse,
01:17 semble en tout cas aller dans le bon sens,
01:18 parce qu'il faut vraiment élargir la mobilisation au-delà de l'éducation nationale.
01:23 - Et alors, pour le harceleur ? - Pour le harceleur, voilà.
01:26 Justement, on le sait, dans la plupart des cas,
01:28 l'enfant harceleur, il souffre autant qu'il fait de mal.
01:31 On est sur un enfant dans 9 cas sur 10 qui a un complexe,
01:34 en tout cas une fragilité physique, intellectuelle ou autre.
01:38 En tout cas, il a un complexe et plutôt que de s'exposer lui,
01:43 il va mettre en lumière quelqu'un d'autre.
01:44 Il arrive à l'idée d'une classe, finalement, dans cet objectif-là.
01:48 Il se dit que plutôt que d'être lui en lumière,
01:50 il met quelqu'un d'autre en lumière et donc reste plus discret.
01:52 Ce qu'il faut l'amener à comprendre, cet enfant harceleur,
01:54 c'est d'abord comprendre ce complexe,
01:56 comprendre ce qu'il a, ce qu'il a au fond de lui,
01:58 et surtout lui faire comprendre qu'il y a d'autres moyens
02:00 que la violence pour exprimer ce malaise.
02:03 Et donc, c'est l'accompagnement, on voit, qui est sur les deux plans,
02:05 qui est important.
02:06 Pourquoi on en vient à bout et pourquoi on en vient à ces gestes-là
02:09 quand on est victime d'harcèlement scolaire ?
02:11 C'est parce que notre confiance en soi, en fait,
02:14 qui est l'essence même de ce qu'on construit chez l'enfant,
02:18 finalement, cette estime de soi,
02:20 elle est abîmée avec le harcèlement scolaire.
02:22 Et il y a un moment quand, finalement,
02:25 les choses s'abîment, se détruisent petit à petit,
02:30 on a cette estime de soi qui est au plus bas niveau
02:32 et on vient à penser et à commettre cette acte de réparation.
02:35 [Musique]
02:39 [SILENCE]

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