Yann Moix, auteur de "Hors de moi - Journal", était l'invité de 22H Max pour évoquer notamment l'interdiction de l'abaya à l'école.
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00:00 Vous dites, vous aujourd'hui clairement qu'il y a une chasse aux musulmans qui est organisée en France.
00:04 Alors d'abord je voudrais dire que dans la société actuelle, vous avez remarqué que plus on parle de religion, moins on parle de Dieu.
00:10 C'est quand même intéressant de le constater.
00:12 Non, c'était... Mais vous savez qu'à la télévision, on ne peut pas toujours apporter toutes les nuances qu'on souhaiterait.
00:18 Ce que je voulais dire et que je n'ai peut-être pas très clairement dit, c'était que je trouvais délicat que l'obsession numéro un de l'école en cette rentrée soit ce sujet.
00:27 Pour plusieurs raisons. J'ai l'impression qu'on met la charrue avant les bœufs.
00:30 J'ai l'impression que l'école, étant honteuse de ses propres insuffisances, elle est incapable de faire lire les enfants, elle est incapable de faire des bons mathématiciens alors qu'on a tout pour.
00:40 J'ai l'impression que l'école, tout d'un coup, va fixer ce sujet, qui est très médiatique, va d'une certaine manière politiser ce sujet pour dire "Regardez de quel bois nous nous chauffons à la République laïque, nous sommes des dieux à cuire".
00:56 Et les journalistes qui habituellement ont beaucoup de mal à pénétrer les institutions scolaires, comme par enchantement, sans doute pour donner aussi quelques espoirs aux gens très à droite,
01:07 et bien comme par enchantement, on peut visiter les écoles et même les journalistes sont même presque gentiment semés d'aller voir ce qui se passe.
01:14 Donc on est invités à aller constater.
01:18 On n'a pas besoin des invitations, on est toutes nos équipes de BFMTV.
01:21 - Je sais bien. Et en fait, ce qui me chagrine un peu dans cette histoire, c'est qu'une démocratie, une république qui vacillerait parce qu'on met un vêtement communautaire, disons-le, sans éteint, dans une école,
01:34 serait une démocratie qui n'a absolument pas confiance en ses valeurs.
01:38 La plupart des élèves handicapés ne peuvent pas aller à l'école aujourd'hui.
01:41 Il y a du harcèlement scolaire, on l'a encore vu aujourd'hui.
01:43 Il y a des professeurs qui seraient peut-être inspirés de pouvoir discuter avec les élèves plutôt que de se faire respecter.
01:51 Tout ça, c'est des sujets graves, sérieux, mais je trouve que ce sujet-là devrait venir peut-être en dernière instance.
01:58 - Mais pardon, mais quand on prend ce que vous dites dans ce livre, vous revenez justement sur le sort qui est réservé selon vous aux musulmans en France et à la religion musulmane.
02:06 Vous dites "la France de plus en plus exagérément se défie de l'islam".
02:09 "Passion, haine, voilà ce que le pays réserve à cette religion qu'il ne connaît pas, qu'il ne comprend pas, qu'il n'essaie ni de connaître, ni de comprendre".
02:17 - Maxime, une chose quand même, c'est que... ce qui me gêne en fait, je veux dire, voilà, je viens de trouver la manière d'en exprimer le plus.
02:23 - Allez-y.
02:24 - J'ai l'impression que sur ce vrai sujet de la laïcité, qu'un sujet grave et important,
02:28 et on a le droit de se poser la question de l'islamisation de la société française,
02:32 j'ai l'impression qu'il y a des passagers clandestins sur ce paquebot
02:35 et que ces passagers clandestins utilisent à mauvais escient le terme magique de la laïcité
02:40 pour faire un grand ménage dont ils rêvent tous de manière sous-jacente et non-exprimée qui est dehors les Arabes.
02:46 - Pour vous, c'est ce qui est en train de se passer ?
02:49 - Je dis que certains utilisent le mot de la laïcité comme une baguette magique pour essayer de vérifier que leur fantasme est tout à fait réalisable en France,
02:57 c'est "au revoir les gars".
02:58 - Mais quand vous dites "certains", c'est qui ?
03:00 - Les électeurs de Marine Le Pen notamment, pas simplement eux, il y en a aussi à la gauche et à l'extrême gauche,
03:05 contrairement aux apparences.
03:06 - Pour vous parler clairement, est-ce que vous considérez qu'il peut y avoir ça aussi dans la tête de certains au gouvernement ?
03:10 - Oui, non, je dirais qu'au gouvernement, je ne prends jamais vraiment au sérieux toutes les mesures gouvernementales
03:15 parce qu'il y a de la publicité, c'est un cash sexe, vous voyez bien qu'on tout d'un coup, le premier jour de la rentrée, on joue les dur à cuire,
03:21 ça évite aussi de placer le zoom et la lumière sur les vrais sujets scolaires, c'est ça que je veux dire.
03:27 Pourquoi est-ce que les enfants ne connaissent pas leur histoire ? Pourquoi est-ce que les enfants ne savent pas écrire ?
03:32 Si vous voulez, mettre l'abaya en premier me semble mettre la charrue avant les bœufs, je dis des choses tout à fait audibles.
03:37 - Mais encore une fois, vous alliez plus loin au début de la semaine dans vos mots, en disant qu'il y avait que l'école organisée et une chasse aux musulmans.
03:44 Ce terme-là, c'est bien vous qui l'avez emprisonné.
03:46 - Oui, et je le signe, je persiste et je signe, c'est-à-dire que ce qui est difficile, c'est pour les élèves,
03:51 les élèves qui ont décidé de s'habiller comme ça et qui sont parfois très bons en mathématiques ou en histoire,
03:56 on va leur chercher des poux sur un vêtement, alors qu'il y a des types, si vous voulez, qui arrivent le jean troué et qui s'ennuient leur maths.
04:01 Ce qui m'agace dans cette histoire, c'est le mot de laïcité, c'est un mot qui est brandi.
04:07 Le mot laïcité a un sens par personne qu'il prononce et à force de le prononcer toute la journée, on ne sait plus tellement ce qu'il veut dire,
04:14 mais on s'aperçoit qu'il se transforme par magie en chasse aux musulmans.