• l’année dernière
Ce lundi marquait le retour à l'école de quelque 12 millions d'élèves en France, marqué notamment par l’interdiction de l’abaya, longue robe traditionnelle portée par certaines élèves musulmanes. Selon Élisabeth Borne, “il n’y a pas eu d’incident” dans l’application de l’interdiction lors de cette journée de rentrée.

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Transcription
00:00 Moi je suis très embêtée avec cette histoire parce qu'on parle de la baïa comme si c'était un niqab ou un jilbaab qui arrive de l'Arabie Saoudite.
00:07 Moi j'ai été la première à me battre contre les niqabs, j'ai été pour la loi qui interdit la dissimulation du visage
00:16 parce que ce vêtement-là est effectivement prôné par les mouvements qu'on va appeler maintenant séparatistes,
00:22 c'est-à-dire qui amène le jeune à refuser l'altérité et le pluralisme, à s'auto-exclure de la société,
00:30 et à refuser la culture aussi et l'apprentissage, et qui est là pour uniformiser le corps des femmes,
00:36 les rendre transparentes, en noir, dans des couleurs ternes, de façon à ce qu'elles n'aient pas d'existence, pas d'accès au savoir, etc.
00:44 Ce que font par ailleurs beaucoup d'ados qui ont envie d'être transparents.
00:47 Oui, là on est sur le plan politique.
00:50 Ça va s'appeler un jean et un pull noir.
00:52 Voilà, après en tant que psychopraticienne, on va chercher à comprendre
00:56 pourquoi cette jeune fille a écouté ce discours-là plutôt qu'un autre,
01:00 mais là, nous sommes sur le registre politique.
01:03 La baïa, c'est quand même le contraire, c'est-à-dire que dans mon cabinet, je le vois bien,
01:07 et on le voit dans les postes, c'est plutôt des couleurs flamboyantes,
01:11 c'est plutôt des jeunes qui mettent ça en musique, donc elles n'obéissent pas du tout aux tendances wahhabites,
01:18 elles se prennent en photo, elles mettent des images, et elles sont plutôt rigolotes, maquillées, féminines,
01:25 elles ne sont pas du tout, pour le moment, rien ne dit que les mouvements wahhabites
01:29 ne vont pas récupérer les abaya, vu le symbole que ça devient,
01:33 mais pour le moment, c'est l'inverse, c'est la réappropriation du corps, c'est "j'existe" et "je m'affirme".
01:38 Un peu dans les autres domaines.
01:40 Non mais ça change quelque chose à la portée du vêtement ?
01:42 Il y a quelqu'un de communautariste dedans quand même.
01:44 Nounia Boudar, est-ce que ça change quelque chose à l'intention, quand on va avec un tel vêtement
01:49 dans un établissement scolaire de la République ?
01:51 Alors, moi, ce qui m'embête, c'est que je ne voudrais pas que celles qui ne portent pas l'abaya
01:57 soient traitées de filles légères, et que du coup, entre musulmanes, on retrouve la même pression.
02:04 Mais c'est une inversion de valeur incroyable, ce que vous êtes en train de nous dire.
02:07 Oui, mais c'est bien la préoccupation, je pense, du corps enseignant et des institutions françaises.
02:12 Mais au moment du foulard, en 2004, on avait la même préoccupation.
02:17 Si la loi contre les signes religieux à l'école en 2004 a été votée à l'intérieur des écoles,
02:22 c'est parce que des garçons faisaient des réflexions à des filles non voilées, et on a décidé que...
02:28 Ces filles non voilées, on doit les protéger, et c'est le rôle de la République française et de son éducation nationale.
02:34 Oui, mais parlons-en. On a décidé que le droit de porter le foulard, entre avait le droit de ne pas porter le foulard.
02:41 Et les témoignages allaient dans ce sens-là de la commission Stasi à l'époque.
02:44 Mais regardons le résultat. Je voudrais juste dire ça.
02:47 Est-ce que l'interdiction du foulard, des signes religieux à l'école, a calmé le port du foulard dans le reste de la société ?
02:56 Allez en vacances au Maroc, il y a plus de filles musulmanes pratiquantes voilées en France que quand on va au Maroc.
03:04 Les filles au Maroc, elles sont habillées en large, il y en a des voilées, il y en a des pas voilées.
03:08 Quand elles sont voilées, c'est un petit foulard normal. Pourquoi ?
03:11 Parce qu'avec la loi de 2004, je pense qu'on a contribué à sacraliser le foulard.
03:16 C'est-à-dire que maintenant, la fille qui ne porte pas le foulard, c'est comme si elle ne tient pas avec ceux qui résistent pour défendre l'autorisation d'être musulman en France.
03:25 Et la baïa, je pose juste la question. Je ne voudrais pas qu'on sacralise la baïa.
03:30 Je ne voudrais pas qu'on soit contre-productif et qu'on fasse exactement l'inverse de ce qu'on voudrait faire.
03:34 Et je ne voudrais pas que celle qui veut la pluralité, l'altérité, qui a le droit de s'habiller large, qui a le droit de protéger sa pudeur,
03:41 elle oblige tout le monde à porter la baïa et que ce soit le symbole de la bonne musulmane.
03:44 A cause des institutions.

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