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Une enquête à paraître le 8 septembre intitulée "Le prix du berceau" pointe le système "déshumanisé" de certaines crèches, motivées par la course au rendement et au remplissage, parfois au détriment des enfants.

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Transcription
00:00 Eh bien, disons que ces livres-là viennent montrer à quel point le secteur s'est libéralisé, s'est dégradé ces 20 dernières années.
00:07 C'est-à-dire que quand vous dites qu'il ne faut pas jeter l'opprobre sur tout un secteur, c'est certain, évidemment,
00:13 et surtout pas sur les professionnels qui font ce qu'ils peuvent.
00:15 Le rapport de Ligas a très bien expliqué tout ça et de façon extrêmement documentée
00:21 sur le fait qu'on parlait de maltraitance institutionnelle.
00:23 Moi, je veux absolument le rappeler parce que la maltraitance institutionnelle,
00:26 c'est ne pas donner les moyens aux professionnels de faire leur travail
00:30 et qui donc engendre des situations de maltraitance, comme vous le disiez, être tout seul avec 10 enfants,
00:34 devoir rationner les couches ou les repas, ne pas avoir de budget pour remplacer les jeux, etc.
00:40 – Donc Julie, pour vous donc, les crèches, ça ne doit pas être un business qu'on doit donner au privé.
00:46 Les crèches, ça doit être public.
00:48 Voilà, c'est un monopole public.
00:50 – Avant la libéralisation du secteur, les crèches, elles étaient municipales, intercommunales,
00:55 ou hospitalières, ou associatives.
00:58 C'est à partir du moment où on a laissé en faire de la petite enfance un marché comme un autre,
01:04 c'est-à-dire qu'aujourd'hui, les collectivités, elles passent des délégations de services publics,
01:07 elles font des appels d'offres pour déléguer les services
01:10 et qui répond ? Soit les associatifs, soit les privés.
01:13 Et il se trouve que les entreprises de crèches ont pris le filon, enfin ont pris la…
01:17 – Parce qu'il y a une demande, parce qu'il n'y a pas assez de place.
01:21 – Il faut peut-être rappeler pourquoi aussi on a ouvert le marché, si j'ose dire, au privé,
01:26 le marché de la petite enfance, c'est que tout d'abord, il y a une question de moyens,
01:29 et les villes n'ont pas forcément les moyens, et puis deux, il y a une demande,
01:33 c'est-à-dire qu'il n'y a pas suffisamment de place en crèche, on le sait,
01:35 c'est quelque chose qui revient régulièrement.
01:36 – On est bien d'accord sur le fait qu'il n'y ait pas suffisamment de place,
01:38 sauf que la France, depuis le temps où elle s'occupe de la petite enfance,
01:44 n'a fait qu'une politique de l'offre, c'est-à-dire qu'elle ne voit la politique
01:47 de la petite enfance que par l'offre de place.
01:49 Or, pour pouvoir faire une politique de l'offre convenable,
01:52 il faut pouvoir avoir des professionnels formés, en nombre, et bien rémunérés.
01:58 – C'est-à-dire que le reste ne suit pas.
01:59 – Le reste ne suit pas, tout le monde est un voisin européen, sauf chez nous.
02:02 Et quand on décide, depuis ces 15 dernières années, de façon exponentielle,
02:08 parce que la petite enfance est devenue un sujet dans le sens de la conciliation
02:12 bi-familiale, bi-professionnelle, etc., et qu'on décide d'ouvrir, ouvrir, ouvrir,
02:18 sans se demander si derrière, on a anticipé les départs à la retraite.
02:21 Je rappelle quand même qu'en 2030, 40% des assistants maternels
02:26 seront à la retraite, premier mode d'accueil en France.
02:30 Je rappelle que dans les années 80, les crèches associatives ont beaucoup émergé,
02:35 notamment sur les territoires ruraux, péri et urbains, et que c'est bizarre,
02:40 on est en 2020, ça fait 40 ans, ça part à la retraite.
02:43 Tout ça, on est au courant depuis le début, nous ça fait 15 ans
02:46 avec le collectif qu'on alerte les politiques pour leur expliquer
02:49 que la situation dans laquelle on est aujourd'hui était prévisible,
02:52 qu'il y avait des choses à faire et qu'elles n'ont pas été faites,
02:54 et qu'à l'heure d'aujourd'hui, elles ne sont toujours pas en cours d'être faites.

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