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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00 Il est quasiment 19h et c'est un plaisir de vous retrouver pour la première de Face à Bocoté avec Mathieu Bocoté bien sûr.
00:07 Heureux, très heureux de vous retrouver Mathieu.
00:09 C'est un immense plaisir cher Eliott.
00:10 Arthur de Vatrigan est là bien sûr, Arthur ravi de vous retrouver également.
00:14 Encore Eliott.
00:15 La une de l'incorrect, laïcité, une illusion perdue.
00:18 Et puis normalement les téléspectateurs connaissent la formule, c'est-à-dire qu'il y a une première partie d'édito et puis vous avez un invité en deuxième partie.
00:25 Mais l'invité est exceptionnel, merci d'être avec nous, Florence Bergeau-Blaclaire, vous êtes chercheuse au CNRS, vous êtes auteure de Le Frérisme et ses réseaux,
00:32 Le marché du halal ou l'invention d'une tradition.
00:35 Votre parole est rare, je le dis souvent, et c'est important de vous avoir aujourd'hui dans le contexte que l'on connaît.
00:41 D'abord le point sur l'information et Face à Bocoté va commencer.
00:45 Isabelle Publot, bonsoir.
00:47 Bonsoir Eliott, bonsoir à tous.
00:49 Ce constat dramatique en France, 118, c'est le nombre de féminicides recensés en 2022.
00:55 Ce dernier bilan publié par le ministère de l'Intérieur comptabilise les femmes tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint.
01:02 En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours dans le pays.
01:05 Par rapport à 2021, ces drames n'enregistrent pas une baisse significative.
01:10 118, c'est quatre féminicides de moins qu'en 2021.
01:14 Un événement incontournable dans le Nord, la grande braderie de Lille a ouvert à 8h ce matin.
01:19 2,5 millions de personnes sont attendues ce week-end, l'occasion pour plusieurs personnalités politiques de se montrer en public,
01:27 comme le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le ministre de la Transformation et de la Fonction publique Stanislas Guérini,
01:33 à l'exception de Martine Aubry, la maire de Lille ayant eu récemment des soucis de santé.
01:38 Et puis aux Etats-Unis, New York favorise l'inclusion des musulmans.
01:42 Désormais, l'appel à la prière retentira dans la ville tous les vendredis entre 12h30 et 13h30 pour la grande prière hebdomadaire,
01:50 et ce jusqu'à 10 décibels au-dessus du niveau sonore ambiant.
01:54 En période de ramadan, il retentira à chaque soir pour marquer la rupture du jeûne.
01:59 Merci chère Isabelle pour le point sur l'information.
02:01 Au programme ce samedi, de face à Bocoté, 34 ans séparent l'affaire du foulard de Creil et cette rentrée scolaire sous le signe de l'interdiction de la baïa.
02:11 La partie de la gauche a changé de ton.
02:13 Lionel Jospin salue la décision de Gabriel Attal, moins ferme sur le voile trois décennies plus tôt.
02:19 Il dit avoir évolué sans vraiment faire de mea culpa.
02:22 La gauche se réveille-t-elle trop tard ? Très tard peut-être, édito de Mathieu Bocoté dans un instant.
02:28 Mathieu, vous avez décidé de recevoir Florence Bergeau-Blattler, essayiste, chercheuse au CNRS, spécialiste d'effets musulmans.
02:35 Son ouvrage, Le frère Ismaël Serrézo, lui a valu nombre d'attaques politiques, médiatiques, placées sous protection policière.
02:42 Sa parole, je le disais tout à l'heure, se fait rare et elle a choisi votre émission Mathieu, à 48 heures de la rentrée scolaire.
02:48 Voilà le programme face à Bocoté, c'est parti.
03:03 Et pour commencer face à Bocoté, le premier épisode de cette saison Mathieu, vous avez décidé de commencer par la gauche, la lucidité tardive de la gauche.
03:11 Lionel Jospin, cette semaine, est intervenu au micro de France Inter pour en appeler lui aussi à l'interdiction de la baïa.
03:17 Mais il furent plusieurs à lui faire remarquer que s'il avait interdit clairement le voile dès 1989, quand il était ministre de l'éducation nationale, la question ne se poserait pas aujourd'hui.
03:28 Est-ce qu'en cette matière, la gauche ne fait pas preuve d'une certaine lucidité à retardement ?
03:34 Oui, je crois qu'il n'y a pas d'autre là-dessus, surtout pas seulement en cette matière, hélas.
03:38 Mais ne soyons pas mauvais joueurs, il est heureux qu'en ce moment prenne forme un consensus politique dans une partie importante de la gauche et à droite,
03:47 autour de la... au centre aussi, je ne sais pas exactement où que là, c'est Gabriel Attal, autour de la question de la baïa,
03:53 qui devient le symbole, aujourd'hui, on aura l'occasion de le reparler, d'une offensive islamiste à l'école,
04:00 d'une volonté de marquer publiquement l'espace public sous le signe de l'islam le plus rigoriste.
04:06 Donc c'est une bonne chose. Il n'en demeure pas moins qu'il vaut la peine de revenir sur le raisonnement de Lionel Jospin, qui nous dit avoir évolué.
04:13 Donc cherchons à retracer son évolution. Qu'est-ce qu'il nous dit ? On dit « en 1989, c'était pas clair ».
04:18 « En 1989, c'était pas clair ». Il faut dire qu'à ce moment-là, la fin des années 80, le début des années 90, c'est le moment où la gauche commence,
04:24 un peu partout à l'Occident d'ailleurs, la France n'est pas exclue, commence une forme de basculement idéologique,
04:29 où elle, dans le cas français, elle commence à sacrifier peu à peu la référence à la laïcité, une forme de jacobinisme républicain,
04:35 qui l'avait amené particulièrement sévère à l'endroit, par exemple, du catholicisme.
04:40 Et elle bascule peu à peu vers le droit à la différence, dans le cadre du contexte de l'émigration massive, la poussée de l'islam,
04:47 et on pourrait dire que Lionel Jospin, c'est le point de bascule là-dedans, parce que, idéologiquement, c'est un homme,
04:53 c'est un partisan de la laïcité, mais parce qu'il veut demeurer à gauche, dans un moment où la gauche change d'identité,
04:58 il donne des gages, et c'est quoi, c'est la solution mitoyenne qu'il propose à l'école ? Que chaque administration s'en occupe,
05:03 se tournant par ailleurs, se justifiant avec le conseil d'État. Autrement dit, le politique se décharge de sa responsabilité par le haut,
05:09 le conseil d'État fixe la règle, et se décharge de sa responsabilité par le bas, de quelle manière ?
05:15 En disant que chacun s'organise. Là, je vais citer sa phrase qui est assez intéressante.
05:20 « J'ai bougé, mais c'est surtout le monde qui a bougé. En 89, quand j'étais ministre de l'Éducation,
05:26 il n'y avait pas eu le 11 septembre, l'État islamique, un développement de l'islamisme massif. »
05:31 Qu'est-ce qui est intéressant là-dedans ? C'est que, à la différence de tous ceux qui veulent faire de la baïon
05:36 un symbole strictement individuel d'expression d'une foi personnelle, Lionel Jospin dit « en un instant, soyez raisonnable,
05:42 soyez lucide ». Ce dont on parle ici, c'est d'une offensive politique qui s'inscrit dans le contexte plus vaste
05:47 du réveil de l'islamisme aujourd'hui. Et là, c'est la question « qu'est-ce que la baïon, finalement ? »
05:52 Signe religieux, pas religieux, on aura l'occasion d'en parler, mais ce qui est certain, ce qui est certain,
05:56 c'est qu'elle occupe la fonction aujourd'hui, dans le débat public, du voile. En 2004, c'est le nouveau marqueur,
06:01 à la fois qui relève d'une provocation anti-française à l'école, et aussi une volonté de sécession.
06:06 Donc, il faut toujours penser les deux aspects de ces symboles. Sécession, c'est un marqueur communautariste,
06:11 mais c'est aussi une volonté de provoquer pour rimposer les règles d'un islam assez radical dans l'espace public.
06:17 Et à travers ça, il y a une forme de colonisation islamiste de l'espace public. On verra dans les prochains jours
06:22 s'il y a une riposte massive, avec une arrivée massive d'Abaya ou non à l'école, ou si une autre stratégie
06:28 sera suivie par ses partisans. Ce qui est certain, c'est que dans les prochains jours, en fait, il y aura une épreuve
06:33 de force pour le gouvernement.
06:34 - Bon, Lionel Jospin, vous lui reprochez quand même, une forme de lucidité à retardement.
06:39 - Oui, c'est un thème qui revient souvent. C'est-à-dire, bon, c'est pas un secret, je ne me définis pas
06:45 comme un homme de gauche.
06:46 - Ah bon?
06:47 - Oui, c'est l'heure des révélations.
06:48 - Ah ben oui, écoutez, je ne savais pas.
06:49 - Ce qui m'a... et la gauche, par ailleurs, je précise, est une philosophie tout à fait respectable.
06:53 Ce n'est pas la mienne, mais ça fait partie de la vie publique, évidemment. Mais ce qui me frappe, c'est que
06:57 si on fait l'histoire de quelques questions importantes depuis quoi, 60 ans, 70 ans, eh bien, on dirait que
07:03 quelquefois, il est dans une société, nous savons, il y a des moments où on sait des choses, mais la gauche
07:07 doit faire son propre chemin pour en arriver à la conclusion, à la même conclusion que le commun est mortel.
07:12 Et parce que là, elle a fait son propre chemin, désormais, c'est légitime d'avoir ce jugement. Je m'explique.
07:16 La question du communisme. La question du communisme, il est possible dès les années 30, dès les années 40,
07:22 les années 50. On sait que c'est un régime totalitaire en URSS. Qu'est-ce qui est assez fascinant, c'est que
07:28 vous aurez différentes vagues de décrochage. 56, hein, Budapest, 68, Prague, mais surtout la fin des années 70
07:33 avec les nouveaux philosophes, par la lecture de Solzhenitsyn, qu'ils ont assez mal lu d'ailleurs.
07:37 Ce qui est intéressant avec ça, c'est que là, soudainement, parce que la gauche devenait un communiste
07:42 par anti-totalitarisme, dès lors, l'anticommunisme devenait légitime. Mais avant que la gauche ne s'en empasse,
07:47 c'est un marqueur de l'extrême droite. De la même manière, sur les questions d'insécurité,
07:50 pendant combien de temps avons-nous entendu parler du sentiment d'insécurité, avant que finalement,
07:56 on le reconnaisse. On le reconnaisse à la fois parce que le constat était fort, peut-être aussi parce qu'une partie
08:00 de la bourgeoisie progressiste découvrait elle-même la peur que connaissaient autrefois les classes populaires.
08:05 On pourrait parler de la question de l'immigration aujourd'hui, ou du multiculturalisme. Rappelez-vous
08:09 Tony Blair, en 2005, qui dit « le multiculturalisme est un vrai problème, a échoué ». Oui, mais ça faisait
08:14 30 ans qu'on le disait en Grande-Bretagne. Mais tout ce qu'il avait dit pendant 30 ans était extrême-droitisé,
08:19 encore une fois. Et aujourd'hui, pour la laïcité, alors ça nous ramène à la nature du clivage gauchois,
08:23 vous connaissez la vieille formule « mieux vaut avoir tort avec Sartre que raison avec Aron »,
08:28 je pense que si la gauche acceptait de temps en temps d'avoir raison avec Aron en se détachant du côté lyrique
08:33 de Sartre, eh bien nos sociétés toucheraient plus facilement le bien commun.
08:36 Autre question éminemment importante, est-ce que nous sommes devant une question de laïcité ou de démographie ?
08:42 Les deux, c'est-à-dire laïcité, parce que c'est le principe qu'on cherche à affirmer, mais le fait est
08:47 qu'on se retrouve aujourd'hui avec une masse démographique issue, en France, par les vagues migratoires successives,
08:53 il y a un bloc démographique qui s'inscrit dans les paramètres mentaux de la civilisation musulmane.
08:59 Et on aurait beau avoir, et ça c'est toujours mon inquiétude, la laïcité la plus puissante, la plus militante,
09:04 la plus rigide, à être aussi sévère avec l'islam aujourd'hui qu'on l'a été avec le catholicisme au début du 20e siècle,
09:10 la démographie est-elle, est-ce que la loi peut vaincre les mœurs ? Est-ce que la loi, est-ce qu'un geste laïque fort
09:17 est suffisant pour être capable de laïciser culturellement ces populations issues de l'immigration ?
09:23 Pas toutes, évidemment, on s'en fend, mais la part d'elles qui semblent aujourd'hui tentées par le communautarisme,
09:28 est-ce que la laïcité suffit ? Je n'en suis pas certain. En fait, je dirais, si on décide de faire le choix de l'immigration musulmane,
09:34 inévitablement, on fait le choix tôt ou tard des mœurs de l'islam, et on fait le choix aussi, aussi, d'une tentative d'emprise,
09:42 parce qu'aujourd'hui, l'islamisme cherche à s'emparer des musulmans, c'est ça le drame de la chose,
09:47 il cherche à s'emparer de leur esprit, de leur définition publique, et qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui ?
09:51 La baïa, c'est aussi l'effet immédiat de l'immigration massive.
09:54 Arthur de Vatrigan, quel regard vous portez sur cette lucidité, selon vous peut-être, tardive ou non, de la gauche,
10:01 sur cette question de l'islam politique, et là on va parler de la baïa pendant cette heure.
10:07 On parlait de lucidité tardive de la gauche, mais il y a une gauche, pour le coup, qui a une lucidité assez précoce,
10:12 qui a toujours eu un temps d'avance, animé par la haine de la France, de son identité, de la civilisation,
10:17 qui a toujours choisi le parti de l'ennemi de l'intérieur, par idéologie et par stratégie politique.
10:23 Prenez l'exemple de Jean-Luc Mélenchon et de LFI, ce n'est plus un parti politique, c'est un syndicat de l'islamisme,
10:29 qui va défendre toutes les revendications des barbus, à chaque fois, ils les défendent,
10:33 que ce soit la baïa, que ce soit les exceptions à la cantine, à chaque fois, ils montent au créneau pour le défendre.
10:40 Et donc, ça veut dire que non seulement, ils croient au grand emplacement, mais en plus, ils l'encouragent.
10:44 Prenez l'exemple d'Emeric Caron, qui, tout récemment, a fait une déclaration sur la baïa,
10:49 "si on suit la logique du gouvernement, dit-il, on va bientôt interdire les babouches".
10:53 Bon, on sait que l'ami des moustiques serait très bien embêté de ne plus avoir de savate à lécher,
10:57 mais de là à dire qu'on va interdire les babouches à l'école, il fallait quand même l'inventer, c'est assez étonnant.
11:02 Après, je suis d'accord avec Mathieu, il y a une gauche, en effet, qui, je dirais même,
11:06 toute la gauche politique, si on regarde, qui a été au pouvoir, qui a toujours eu une lâcheté ou un temps de retard.
11:12 Lionel Jospin, Mathieu l'a rappelé, en est un bel exemple, mais je n'ai pas la même interprétation de la phrase,
11:17 parce qu'il dit que lui, il a changé parce qu'il y a eu le 11 septembre.
11:22 Ça veut dire quoi ? C'est-à-dire qu'il a changé d'avis parce qu'il y a eu des morts, et pas qu'un mort, des milliers de morts.
11:26 Ça veut dire que c'est toujours le problème de cette gauche, qui ne voit pas ce qu'il faut voir,
11:30 qui est trop lâche, trop idéologue, trop armistice,
11:34 trouver toutes les excuses que vous voulez pour ne pas agir au moment voulu.
11:37 Elle préfère tirer ou vociférer comme des ados qui sont en recherche d'indignation permanente,
11:42 et surtout désigner celui qui essaie de dire la vérité, comme on peut appeler aujourd'hui des lanceurs d'alerte.
11:47 Mais rappelez-vous le concept d'islamophobie.
11:50 Islamophobie, tout le monde le brandissait, une grande partie le brandissait, jusqu'à la mort de Samuel Paty.
11:54 C'est devenu, enfin, on a eu un éclairage sur l'islamophobie,
11:58 que l'islamophobie tuait ceux qui ont été accusés, mais jusqu'à Samuel Paty,
12:02 une grande partie de la classe politique et médiatique l'utilisait, et il y en a qui l'utilisent encore.
12:06 Là on parle de la baïade d'islamisme, mais c'est vrai pour d'autres sujets.
12:08 Prenez l'affaire du Hamel par exemple.
12:10 L'affaire du Hamel qui est le journal qui était en pointe sur l'enquête, sur l'accusation de la pédophilie.
12:14 Le journal Le Monde, qui lui-même en 1977, publiait une tribune d'intellectuels
12:20 pour demander la relaxe de personnes qui étaient poursuivies pour des rapports sexuels avec des filles de 13 et 14 ans.
12:25 Ils sont toujours en décalage et bizarrement ils récupèrent toujours les lauriers à la fin.
12:28 C'est toujours le même cycle, c'est-à-dire que cette gauche imbécile semble découvrir le réel,
12:32 en même temps qu'elle s'aperçoit qu'elle n'a aucun remède à appliquer aux germes de destruction qu'elle a elle-même semé.
12:37 Alors aujourd'hui on a Gabriel Attal et Labaya. C'est très bien, il faut le saluer.
12:40 Mais on peut s'étonner. Comment Emmanuel Macron, qui a choisi Gabriel Attal,
12:44 est passé de "il n'y a pas de culture française" à, je rappelle, il y a un an, en pleine campagne présidentielle,
12:49 "le voile c'est bien, c'est féministe", il l'avait déclaré,
12:52 au président qui a nommé le "ussr walk" de la République.
12:55 Comment un tel écart peut s'expliquer ?
12:57 C'est d'autant plus amusant que le pape des convictions flasques,
13:00 qui est encore plus liquide qu'un maître frise laissé au micro-ondes,
13:03 a fait sa rentrée politique en fin août en expliquant dans le journal Le Point
13:09 qu'il était contre la société liquide.
13:11 Lui qui est l'incarnation même de ça.
13:14 Donc c'est un peu le problème de toute cette partie de la classe dirigeante,
13:18 gouvernante et médiatique, c'est qu'elle ne croit finalement ni à une condition humaine,
13:21 ni à une condition culturelle.
13:24 Alors ils brandissent la laïcité, qui peut être un outil utile très bien,
13:27 sauf qu'on oublie que nos ennemis ne se réclament pas d'une religion,
13:31 ils se réclament d'une civilisation.
13:33 Et quel est le seul moyen de combattre, de gagner une bataille ?
13:36 C'est d'imposer une contre-civilisation, c'est-à-dire la nôtre.
13:39 Sauf que la civilisation, on ne la pose pas à coterie,
13:42 on la pose en affirmant une singularité supérieure,
13:45 je rappelle que la France a défié tous les empires et toutes les emprises,
13:48 une singularité qui n'est pas inclusive mais exclusive,
13:51 et qui est si majestueuse que tout le monde veut l'aimer par goût et par amour.
13:54 Ça s'appelle l'assimilation, tout ce que la gauche a défait depuis des années.
13:57 Merci Arthur, à situé, à invité exceptionnel,
14:00 vous bouleversez votre programme puisqu'il n'y aura pas de second édito, cher Mathieu.
14:04 Et vous avez donc décidé d'inviter aujourd'hui Florence Bergeau-Blaclert.
14:08 Pourquoi avoir invité Florence Bergeau-Blaclert ?
14:11 Parce que ça va de soi, je dirais.
14:13 Parce que ça va de soi, certaines figures s'imposent dans l'espace public,
14:16 et c'est essentiel pour éclairer non seulement l'actualité,
14:19 mais les tendances de fond qui l'informent. Madame, bonsoir.
14:22 Alors, question première, la question de la baïa est au cœur de l'actualité,
14:25 elle ne sera plus encore dans quelques jours.
14:28 Pourriez-vous simplement nous rappeler dans quel contexte
14:31 la question de la baïa surgit dans l'espace public ?
14:34 Est-ce que ça date de 10 ans, 15 ans ? Est-ce que c'est plus récent ?
14:37 Pourriez-vous nous rappeler quel est le contexte d'émergence de cette question
14:40 devant laquelle le politique réagit aujourd'hui ?
14:42 Vous l'avez dit, la première affaire des foulards, c'est 1989,
14:46 avec l'affaire de Creil, et il faut se rappeler comment cette affaire a été résolue.
14:51 Le roi du Maroc, Hassan II, à l'époque, est intervenu en disant,
14:57 finalement, ce sont effectivement des pratiques traditionnelles,
15:01 intégristes, fondamentalistes, qui ne sont pas adaptées à la modernité.
15:05 Par ailleurs, il disait aussi que les musulmans ne sauraient pas s'intégrer en France.
15:12 Il a tout un discours qui démontre une chose, c'est qu'à l'époque,
15:17 quels sont les termes du débat, quelles sont les oppositions ?
15:21 C'est une gauche très assise sur les principes de la laïcité
15:26 et qui ne dit pas de signe religieux à l'école,
15:29 et en face, une gauche, celle de Jospin, qui effectivement,
15:33 je suis un peu d'accord avec lui, il ne faut pas faire preuve d'anachronisme,
15:36 qui dit que si on les exclut de l'école, elles ne seront pas assimilées.
15:41 Mais pour tout le monde, quel que soit le rang politique,
15:46 c'est bien une question d'intégrisme.
15:48 C'est bien l'islam intégriste, l'islamisme, qui pointe à cette époque-là.
15:56 Donc oui, c'est ça, c'est la fin des années 1980.
15:59 Les termes du débat à l'approche de la constitution de la loi 2004,
16:06 c'est-à-dire au début des années 2000,
16:09 donc après les attentats du World Trade Center,
16:13 sont complètement différents.
16:15 Et ce ne sont pas les mêmes acteurs non plus.
16:18 Il y a au début, dans les années 1980,
16:22 ce sont clairement les frères musulmans qui se sont implantés récemment en France,
16:27 alors qu'au début des années 2000, ce sont les générations ré-islamisées
16:32 qui sont donc issues de l'immigration maghrébine et turque.
16:37 Donc ce ne sont pas les mêmes acteurs, ce ne sont pas les mêmes termes.
16:43 Dans la deuxième partie, dans la deuxième phase des années 2000,
16:48 c'est la confusion entre islam et islamisme,
16:50 c'est-à-dire que le foulard est simplement un signe musulman,
16:54 alors qu'il avait été jusque-là considéré comme un signe islamiste.
16:58 Et cette confusion va complètement changer le sens
17:02 et déboussoler la gauche qui se retrouve incapable de défendre ses idées laïques
17:09 parce qu'elle est prise dans des polémiques sur les minorités, sur l'ethnicité, etc.
17:17 et qui va préférer, enfin qui va laisser tomber la laïcité,
17:21 accuser l'extrême droite de son emparé et se concentrer sur les minorités.
17:27 Alors ça, on pourrait dire le voile, le débat jusqu'à tout,
17:31 il y a quelques mois, quelques années peut-être,
17:33 le débat sur les signes religieux ostentatoires musulmans dans l'espace public,
17:37 c'est un débat sur le voile.
17:38 À la rigueur, le tchador, le nikab, la burqa, l'abaya, c'est un terme nouveau.
17:44 Et là, il y a une vague plutôt récente,
17:46 quand on parlait des signalements, des atteintes à la laïcité,
17:49 donc la vague récente, la vague la plus nouvelle qui pousse le gouvernement à réagir,
17:54 est-ce que ça date d'il y a quelques semaines, quelques mois, quelques années ?
17:57 Eh bien, ce sont les enfants de la deuxième génération,
18:00 c'est la troisième génération ou la deuxième génération ré-islamisée par les frères musulmans
18:05 qui sont arrivés, c'est celle que j'appelle la génération du halal way of life,
18:09 qui sont nés donc fin des années 90, début des années 2000,
18:13 qui n'ont aucune conscience de la séparation du politique et du religieux,
18:21 qui pour eux, être musulman, c'est à la fois une race, une identité, un comportement, une conviction,
18:27 tout est complètement mélangé.
18:29 Ils n'ont pas la moindre idée du fait que ce que je décris dans un de mes livres
18:33 sur le marché halal ou l'invention d'une tradition,
18:36 que le halal soit une tradition inventée, largement alimentée par à la fois
18:44 le néolibéralisme et le néofondamentalisme.
18:47 Donc pour eux, ils sont musulmans et la laïcité, les formations de la laïcité
18:54 qu'on propose en fait pour les amener à comprendre un peu sa nature,
18:59 sont perçues comme une forme de désislamisation.
19:04 Donc aujourd'hui, c'est cette génération-là que nous avons au collège et au lycée
19:12 et on peut s'attendre, je pense en effet, à des réactions assez fortes après l'annonce du ministre.
19:17 Alors vous parlez de mouvement qui est en profondeur finalement,
19:20 donc un premier temps, et là aujourd'hui, est-ce qu'on pourrait dire que c'est un mouvement massif ?
19:24 Est-ce que la baillette demeure un phénomène relativement marginal
19:27 ou est-ce qu'il tend à se massifier ?
19:29 Je pense qu'il est en train de se massifier.
19:31 Si on regarde des pays comme la Belgique par exemple, et Bruxelles en particulier,
19:36 la baïa, le hijab sont des pratiques absolument courantes.
19:40 Ben non, presque inscrites dans la culture.
19:42 Dans la culture récente.
19:45 Oui, bien sûr.
19:47 Je me fais pas le droit de vous relancer sur ce thème.
19:50 En traversant l'Atlantique un instant, on le voit par exemple,
19:52 le voile islamique au Canada est présenté souvent comme un symbole de liberté.
19:56 C'est-à-dire la preuve qu'une société est ouverte,
19:58 c'est qu'elle embrasse le voile islamique, la preuve que nous sommes…
20:00 même le niqab, dans certains cas.
20:02 Est-ce qu'une des grandes victoires, c'est ce que disait Alain Finkielkraut
20:05 dans le dernier numéro de L'Incorrect, il dit « Aujourd'hui, les signes religieux islamiques
20:08 ne s'imposent pas au nom de la religion, mais de la liberté ».
20:11 Est-ce qu'à certains égards, une des grandes victoires de la mouvance islamique,
20:14 c'est d'avoir confisqué la référence à la liberté et au droit à la différence ?
20:18 Oui, on peut voir ça comme ça.
20:20 Bien que moi, je considère que ce ne sont pas des signes religieux ni ostentatoires,
20:24 ce sont avant tout des normes.
20:27 Le voilement est une norme, ce qui change un petit peu la réflexion.
20:33 L'idée, ce n'est pas seulement de montrer, c'est d'influencer, de normaliser l'islamisme,
20:40 le frérisme en particulier, cette forme d'islamisme qui contourne le politique
20:46 pour passer par le culturel et l'économique, que je décris dans mon livre
20:50 « Le frérisme et ses réseaux ».
20:52 C'est cette norme aujourd'hui qui s'impose par les vêtements,
20:58 les comportements qui vont avec.
21:00 Parce qu'il n'y a pas seulement les abaya, il y a aussi les refus de certains cours,
21:04 d'autres manifestations qui font partie de ce « halal way of life »,
21:10 c'est-à-dire cette façon de vivre dans l'islam,
21:13 qui enferme des jeunes dans l'espace du halal.
21:20 - Arthur de Vatrigan.
21:22 - Vous parliez justement que ce n'était pas des signes religieux, mais des normes.
21:26 Notre conception de la laïcité justement, qui a été fabriquée,
21:30 construite à la mesure du christianisme, doit-elle être, selon vous, repensée
21:35 ou même complètement changée du fait de la présence de l'islam
21:39 et donc des offensives islamistes en France ?
21:43 - Je pense que nous sommes bien équipés avec notre laïcité pour nous défendre,
21:48 mais je pense que ce n'est pas seulement la laïcité qui est attaquée,
21:51 mais plutôt la démocratie.
21:53 Nous avons affaire à des mouvements théocratiques
21:57 qui veulent donc rendre nos sociétés modernes sharia-compatibles
22:02 pour peu à peu les amener à la société islamique mondialisée.
22:06 Voilà leur projet, ça ne veut pas dire qu'ils vont y arriver,
22:10 ça veut dire simplement qu'ils sont en train d'y travailler.
22:13 Donc nous, on a une laïcité inscrite dans la constitution,
22:18 mais nos partenaires européens, qu'ils soient au Royaume-Uni, au Danemark,
22:23 en Suède, aux Pays-Bas ou ailleurs, ou en Allemagne,
22:27 sont touchés par exactement les mêmes phénomènes de victimisation
22:31 et de confusion de l'islam et de sa version politico-religieuse.
22:35 - Alors, il nous reste 25 secondes avant la pause.
22:38 Une dernière question avant la deuxième partie.
22:40 Regardant cela, est-ce que vous trouvez que le geste de Gabriel Attal
22:43 est le geste qui était attendu ou c'est un geste qui devrait en appeler plusieurs autres ?
22:47 - Je pense que c'est un geste fort, je pense qu'il est courageux politiquement.
22:51 Il était attendu, je pense, par la plupart des Français
22:55 qui ont raison d'attendre d'un responsable politique, d'un ministre,
23:00 qu'il soit ferme, clair et qu'il rappelle l'autorité.
23:04 - La publicité, on revient dans un instant, c'est absolument passionnant
23:08 et c'est pour ça qu'on va poursuivre l'entretien dans quelques minutes
23:12 pour la suite de Face à Boccote.
23:14 Restez avec nous.
23:15 - Quasiment 19h30 sur CNews, la suite de Face à Boccote dans un instant.
23:22 Mais avant cela, bien sûr, le point sur l'information.
23:24 Isabelle Piboulot, rebonsoir.
23:26 - Rebonsoir, Elliot.
23:27 Bonsoir à tous.
23:28 La polémique autour de l'interdiction du port de l'abaya dans les écoles
23:31 s'étend à l'international.
23:33 Une marque anglaise d'abaya incite à braver l'interdit par un challenge.
23:37 Une abaya gratuite contre une photo dans la cour de récréation.
23:41 C'est la promesse faite dans une vidéo qui circule sur le réseau social TikTok.
23:45 La séquence cumule déjà près d'un million de vues.
23:48 Terrible agression à Damaril Elis en Seine-et-Marne.
23:51 Lundi dernier, une octogénaire a été violemment tabassée par un cambrioleur.
23:55 400 euros ont été dérobés à la victime,
23:58 qui a pu être secourue par ses voisins, alertée par ses cris.
24:01 Le suspect, lui déjà condamné pour extorsion,
24:04 purge une peine en semi-liberté.
24:07 Âgé de 19 ans, il a été interpellé après avoir tenté de prendre la fuite.
24:11 Là, c'est en détention provisoire.
24:13 Il sera jugé le 20 octobre prochain.
24:16 La rentrée scolaire approche à grands pas.
24:18 Méconséquences des émeutes de la nuit du 29 au 30 juin.
24:21 À Mâcon-en-Saône-et-Loire, les portes d'une école maternelle
24:24 resteront closes lundi.
24:26 95 enfants y sont normalement scolarisés.
24:29 Une partie de l'établissement avait été incendiée par les émeutiers.
24:33 Les travaux sont importants.
24:35 De l'amiante a même été découverte.
24:37 Les enfants seront donc répartis dans les écoles environnantes.
24:40 - Merci Isabel. Mathieu Bockot et Arthur de Vatrigan, toujours.
24:43 Et Florence Bergeau-Blaclair, vous êtes toujours présente,
24:46 chercheuse anthropologue.
24:48 Vous avez écrit notamment "Le frèreisme et ses réseaux",
24:50 "Le marché du halal" ou "L'invention d'une tradition".
24:53 On poursuit l'entretien avec vous, Mathieu, bien sûr.
24:55 - Alors, on évoquait en première partie la vague de fond,
24:58 d'islamisation, de ré-islamisation des jeunes générations.
25:01 On pourrait dire presque un élément sociologique,
25:04 une limitation culturelle.
25:06 Mais il y a aussi des campagnes pour quelquefois imposer
25:08 des symboles nouveaux.
25:10 Des campagnes pour, aujourd'hui, avec les réseaux sociaux aussi,
25:12 pour pousser les jeunes générations à s'abayaiser.
25:15 Alors, est-ce que nous sommes ici devant le résultat d'une campagne
25:19 cherchant justement à imposer l'abaya dans la jeune génération française?
25:24 - Oui. Moi, je me souviens très bien, en 2004,
25:27 quand la loi est passée.
25:29 C'était Ammar Lasfar, je crois, à la tête de l'UEF,
25:32 qui avait dit, en gros, c'était au congrès du Bourget,
25:36 devant des milliers de personnes,
25:38 "Ne vous inquiétez pas, un jour ou l'autre,
25:41 nous verrons refleurir les foulards dans les écoles de la République."
25:45 Ils n'ont jamais lâché l'affaire et ils ne lâcheront jamais l'affaire
25:49 parce que le foulard, comme je le disais,
25:52 enfin le hijab plutôt, est un des fondements de la société islamique.
25:57 C'est la division sexuelle du travail, chacun sa place.
26:00 Les hommes travaillent dehors, les femmes plutôt à l'intérieur
26:04 ou plutôt sur l'éducation, sur le soin, etc.
26:08 Donc, ça fait partie de ce que Dieu a dit, selon leur plan,
26:12 et ça doit être appliqué.
26:14 Donc, il est très important que, pour mettre de l'ordre,
26:18 les femmes soient à leur place et les hommes à la leur.
26:21 Donc, la gestion de la pudeur, la gestion des déplacements aussi,
26:26 où vont les femmes, où vont les hommes, etc.
26:29 Ça fait partie des choses qui sont très importantes à instaurer.
26:33 Donc, ils n'ont jamais lâché l'affaire, ils ne le feront pas.
26:37 Et ils ont maintenant les frères.
26:41 Alors, les frères musulmans de l'époque ne sont plus les deux générations
26:45 qu'ils ont formées et qui composent ce que j'appelle la frérosphère
26:50 ou le frérisme qui a évolué avec ces tendances,
26:54 ces tendances plus libérales, plus littéralistes,
26:59 différentes tendances, des alliances aussi avec des groupes salafistes, etc.
27:05 Et aujourd'hui, on a une catégorie de prédicateurs et d'influenceurs,
27:11 de coachs de vie, qui sont un peu plus âgés que les collégiennes
27:16 et les lycéens que l'on voit et qui ont énormément d'influence
27:21 grâce aux réseaux sociaux.
27:22 - Un peu plus âgés, c'est-à-dire ?
27:24 - C'est-à-dire dans la vingt, vingt-cinq, vingt-cinq ans, voire trente ans,
27:28 et qui ont un discours, qui ont vraiment formalisé, formaté un discours
27:35 pour ces jeunes-là, pour les banlieues.
27:38 Chacun son groupe, chacun sa spécialité.
27:41 Et ils sont très influents sur les réseaux sociaux.
27:43 Donc, je parlais de cette génération halale,
27:45 elle est aussi née avec les réseaux sociaux.
27:48 YouTube, c'est 2005.
27:50 Donc, ce sont ces prédicateurs et ces coachs de vie qui influencent aujourd'hui
27:57 et qui laissent croire à ces jeunes qu'ils sont à la fois une race,
28:01 une identité, un comportement, etc., de musulmans.
28:04 Ils sont musulmans avant tout, c'est ça le frérisme,
28:07 c'est une vision, une identité, un plan.
28:09 Et cette identité, elle est transnationale, c'est être d'abord musulman
28:13 et après être le reste.
28:15 Donc, ces campagnes, elles sont lancées par des prédicateurs
28:19 et elles sont saisies ou pas au vol par des jeunes
28:24 par provocation, par conviction, c'est très difficile de le savoir.
28:29 Relancent donc ces campagnes et puis les réseaux sociaux font le reste.
28:35 - Alors, selon votre interprétation, dis-je,
28:37 la jeune femme qui décide de porter la baïa aujourd'hui,
28:40 on ne peut pas rentrer dans chaque tête évidemment,
28:42 mais si on faisait une forme d'idéal,
28:44 est-ce qu'on voudrait qu'elle soit consciente d'entrer en conflit
28:46 avec les mœurs de la société française ?
28:48 Elle est consciente de participer directement et indirectement
28:51 d'une manière ou de l'autre à un mouvement d'affirmation identitaire
28:54 ou tout cela a tellement de soi pour elle
28:56 qu'elle n'est pas consciente de cette friction ?
28:59 - Les deux. Elle peut être consciente et parfois inconsciente.
29:02 En tout cas, les jeunes musulmans ont parfaitement compris
29:05 qu'ils ne doivent pas venir avec le hijab
29:07 et donc pas venir avec la baïa,
29:09 donc ils adaptent leur discours pour que ce soit acceptable
29:12 en expliquant que ce sont des robes longues, etc.
29:14 Mais ce sont des stratégies.
29:16 Elles n'y croient évidemment pas.
29:18 Ils sont aussi très conscients, cette génération halal,
29:22 de ne pas manger comme les autres,
29:24 de ne pas fréquenter les mêmes lieux de socialisation que les autres
29:27 parce qu'ils sont musulmans.
29:29 Donc cette barrière psychologique,
29:32 ils l'ont depuis l'enfance,
29:34 à partir du moment où on diffuse les petits pots de bébés halal.
29:37 Par exemple, là, ils sont arrivés au début des années 2000.
29:40 Donc cette conscience d'être une sorte de société à part,
29:45 est très forte chez eux.
29:49 Donc ils en défendent, ils en défendent les modalités.
29:53 Ils sont musulmans, ils défendent le fait d'être musulmans.
29:56 Et c'est évidemment très valorisé parmi les pères.
30:00 Ils sont très structurés.
30:02 Donc leurs congénères non musulmans sont très admiratifs aussi
30:06 de cette structuration,
30:08 alors qu'on leur a laissé faire à peu près n'importe quoi.
30:11 Ils voient des gamins qui parfois résistent à l'alcool,
30:16 qui ont des pratiques très normées,
30:20 qu'ils savent s'ils sont des femmes et s'ils sont des hommes, etc.
30:23 Donc ils suscitent une certaine admiration.
30:25 - Alors, poussons plus loin en ce matière.
30:27 Vous parliez de normes sociales il y a quelques instants.
30:30 Pour les jeunes musulmans qui ne porteraient pas ou le voile ou la baïa
30:35 et qui auraient comme premier réflexe, il y en a,
30:37 de s'identifier à la France,
30:39 de s'identifier non seulement à la laïcité,
30:41 mais on pourrait dire aux mœurs de la laïcité,
30:43 c'est-à-dire les mœurs dont a accouché l'idéal de la laïcité.
30:48 Est-ce que les premières cibles de ces campagnes
30:52 où la baïa se normalise, ce ne sont pas ces jeunes filles
30:54 pour leur dire « si tu ne portes pas la baïa,
30:56 si tu ne fais pas comme les autres, tu es une mauvaise musulmane »
30:59 et pour peu qu'elle ait la foi, il y a un effet à la fois,
31:02 on pourrait dire un effet bulldozer et un effet de conversion.
31:05 - Bien sûr. Alors, on ne sait pas si ça va durer,
31:08 les effets de conversion, mais effectivement,
31:10 ce sont des formes de pression entre pairs
31:12 qui sont très très fortes et il est de plus en plus difficile d'y résister.
31:17 - Arthur de Matrigan.
31:19 - Vous parliez justement de contre-société,
31:22 mais est-ce que cette contre-société a vocation à faire une conquête,
31:26 c'est-à-dire d'aller, de ne pas parler qu'aux musulmans,
31:28 mais d'aller convertir leurs congénères, leurs collègues,
31:32 et notamment à l'école où on sait qu'on est en recherche,
31:35 on est en construction, et comme vous l'avez dit,
31:37 on a quand même l'impression d'être dans un terrain vague
31:39 où il est plus compliqué de trouver des murs sur lesquels répondre.
31:43 C'est une dimension qui est importante chez les Frérys,
31:46 cette conquête ? - Le prosélytisme.
31:48 - Le prosélytisme, la conquête ?
31:49 - Bien sûr, puisque c'est une conception de la religion suprématiste.
31:53 Oui, bien sûr, ça fait partie des devoirs du musulman
31:57 de contrôler le comportement des autres
32:00 et de convertir le plus possible,
32:03 parce qu'on veut le bien, puisqu'on a quelque chose de bien,
32:07 on veut le bien pour les autres.
32:09 Donc tout ça est vu très, très positivement, très naturellement.
32:12 - Alors, tout ça, il y a une dimension évidemment politique
32:14 qui accompagne ces réflexions.
32:16 On en a parlé au tout début, le rapport de la gauche à la baïa,
32:19 le rapport de la gauche aux signes religieux ostentatoires,
32:23 mais notamment ceux liés à l'islam.
32:25 Est-ce que de ce point de vue, la mouvance islamiste
32:28 ne serait pas terriblement diminuée ou faible
32:30 si elle ne trouvait pas dans l'espace politique français
32:33 cette alliée à gauche, pas toute la gauche,
32:35 mais une partie de la gauche, qui au nom du droit à la différence
32:38 ou de ses intérêts électoraux, il est possible que les deux se conjuguent,
32:42 relaie et normalise dans l'espace public
32:45 les revendications liées à la baïa, au voile, au halal, et ainsi de suite ?
32:49 - Je parlais tout à l'heure de la deuxième génération,
32:51 enfin de la génération ré-islamisée par les frères musulmans,
32:54 donc la génération née dans les années 1980,
32:57 qui est à l'origine de la reformalisation du problème
33:02 des signes religieux à l'école lors de la préparation de la loi de 2004.
33:09 Alors, il y avait plusieurs acteurs.
33:12 C'est la génération Ramadan, en fait, Tariq Ramadan.
33:16 Donc il y a les jeunes ré-islamisés, qui acceptent assez facilement
33:21 l'islam qu'on leur inculque dans les mosquées,
33:24 qui est assez différent de l'islam familial.
33:27 Et puis il y a des plus rétifs, des plus individualistes,
33:31 qui vont suivre des écoles, des études à l'université,
33:35 et qui forment les indigènes, pardon, les indigénistes,
33:39 c'est-à-dire le parti des Indigènes de la République,
33:42 ou Yabout Elja, etc.
33:44 Il y a aussi, et donc ils sont des alliés très objectifs, des islamistes.
33:50 Et puis il y a aussi les néo-féministes,
33:52 celles qui vont produire le féminisme islamique.
33:55 Tariq Ramadan avait comme rôle au sein de la confrérie
33:58 justement de rassembler les jeunes,
34:01 de reprendre les jeunes qui risquaient de partir dans la confrérie,
34:07 ou en tout cas sous son contrôle, les jeunes et les femmes.
34:10 Donc ces trois composantes, islamistes, indigénistes et féministes,
34:14 se sont adressées à la gauche, en leur disant
34:18 "Mais enfin, vous voyez, nous sommes discriminés,
34:22 avec un discours extrêmement...".
34:25 C'est le moment où la gauche a perdu les classes populaires
34:29 et cherche les minorités.
34:31 - Avec le discours qui dit que l'islamophobie serait le nouvel antisémite.
34:34 - Voilà, c'est ça.
34:36 Et puis ce sont les nouvelles classes dangereuses, etc.
34:39 Vous pouvez lire le livre de Vincent Gesser, du CNRS aussi en 2003,
34:43 qui dit exactement, qui construit en fait le problème de la nouvelle islamophobie.
34:49 Et ça, c'est vraiment un discours qui est tourné vers la gauche.
34:53 Il faut convaincre la gauche, parce que la gauche était en pointe
34:56 dans la lutte contre la laïcité, il faut lui limer les dents.
34:59 Et c'est une façon très habile de le faire.
35:02 Ces trois groupes, en fait, ont convaincu quelque part la gauche,
35:10 la gauche de la gauche, aujourd'hui, puisqu'elle répète exactement
35:14 ce qu'il disait il y a 15 ans.
35:17 C'est assez surprenant de voir le renversement de perspective
35:22 et la façon dont Jean-Luc Mélenchon, à LFI, s'est complètement renversé.
35:30 C'est-à-dire qu'il a mis une position très hostile au hijab,
35:33 qui est considéré comme quelque chose d'islamiste,
35:36 un outil de propagande, et qui se retrouve complètement à l'envers,
35:40 à expliquer que c'est un choix, que c'est une liberté, etc.
35:44 et à répéter ce que les féministes, les indigénistes ou les islamistes disent.
35:49 Je me permets de vous amener sur une controverse qui a accompagné notre été
35:52 et qui n'est pas sans lien avec le sujet, bien évidemment,
35:54 c'est la controverse médecine.
35:56 On a vu Europe Écologie Les Verts et La France Insoumise
35:59 ont décidé de l'éviter.
36:01 Lui qui avait des formules quand même assez marquées,
36:03 il faut crucifier les laïcars comme à Golgotha,
36:06 et autres formules qui sont tout autant le marque d'amour de son prochain,
36:09 donc qui a été invité.
36:11 Est-ce que vous voyez dans une telle invitation,
36:13 un des signes parmi d'autres de cet accouplement idéologique
36:17 entre la gauche de la gauche et, si ce n'est pas l'islamisme,
36:21 à tout le moins des symboles qui portent aujourd'hui,
36:23 c'était que la laïcité serait en fait une islamophobie
36:26 qui serait en fait le nouvel antisémitisme.
36:28 - Oui, la laïcité devient un espèce de dispositif pour désislamiser.
36:32 Mais il y a beaucoup de gens, même à l'université,
36:34 qui ont expliqué que la lutte pour la laïcité
36:38 est une espèce de laïcisme d'extrême droite, etc.
36:41 destinée en fait à lutter contre l'islam.
36:44 C'est devenu tout à fait banal,
36:48 au point qu'on a été aveugle à ce que Médine a pu dire,
36:52 à ce que l'imam Iqyussène aussi a pu dire pendant des années,
36:56 antisémite même connu comme un antisémite,
36:59 à l'intérieur même de la confrérie.
37:01 On est complètement aveugle.
37:02 Je crois que Médine va aussi passer à la fête de l'Huma.
37:06 Donc effectivement, j'avoue que je ne comprends pas très bien
37:11 la position des cadres,
37:13 parce que ce ne sont pas la position de la gauche.
37:16 On voit bien par exemple sur la Baïa,
37:18 la majorité des électeurs de gauche sont contre la Baïa.
37:21 Ils ont compris des choses que apparemment
37:23 les cadres de LV, de LFI ou de la NUPES en général n'ont pas compris.
37:29 - Viveriez-vous peut-être une sorte de pari démographique ?
37:33 - Oui, bien sûr, la démographie joue évidemment,
37:37 mais même sans la démographie, le problème de l'islamisme serait là.
37:41 Mais je pense qu'ils sont simplement plus lucides
37:44 et qu'ils voient des choses et qu'ils constatent
37:47 les montées des portes de la Baïa,
37:50 la résistance à certains cours.
37:53 Ils voient tout ça et les cadres continuent
37:57 à boycotter des gens comme moi.
38:00 Tout ce qui est écrit sur l'islamisme,
38:03 ils ne veulent pas le lire.
38:05 Et donc comment vont-ils comprendre ?
38:08 Parce que s'ils continuent comme ça,
38:11 ils vont perdre leurs électeurs.
38:13 Donc je ne comprends pas très bien
38:15 la rationalité de leur comportement aujourd'hui.
38:17 - La parole ensuite à Arthur de Vatrigan,
38:19 mais une question, vous avez parlé du boycott
38:21 de gens comme vous, comme d'autres chercheurs
38:23 qui mettent le travail de fond là-dessus.
38:25 Vous avez fait une conférence malgré vous,
38:27 ces derniers mois, vous deviez faire une conférence.
38:30 Elle est annulée parce menace, et ainsi de suite.
38:33 - Qui a finalement eu lieu.
38:35 - Qui a finalement eu lieu, bien évidemment.
38:37 Et je lisais dans certains journaux,
38:39 lorsqu'on parlait de vous, on disait
38:41 "on n'a pas lu le livre, mais néanmoins,
38:43 c'est fondamentalement inacceptable".
38:45 Comment comprenez-vous dans l'espace public
38:47 cette idée qu'on ne l'a pas lu, mais néanmoins,
38:49 il ne faut pas le lire et on sait de toute façon
38:51 que c'est très mal ce qu'il y a là-dedans ?
38:53 - Je pense que c'est un peu comme ça,
38:55 il y a certains médias qui vont voir
38:57 certains personnages connus pour leur position radicale
38:59 et qui les interviewent.
39:01 Parce que ça ne représente pas
39:03 la pensée des universitaires
39:05 ou des intellectuels français.
39:07 Donc je pense que là,
39:09 il y a peut-être une forme de mauvaise foi
39:11 et d'attaque contre ma personne
39:13 ou mes idées, je ne sais pas.
39:15 - Arthur de Vatrigan.
39:17 Vous disiez à l'instant
39:19 que la gauche, la NUPES,
39:21 risque de perdre ses électeurs.
39:23 Peut-être qu'elle fait le pari
39:25 d'en gagner des nouveaux.
39:27 Justement, on a vu aux dernières élections présidentielles
39:29 qu'il y avait un vote communautaire très fort
39:31 pour Jean-Luc Mélenchon, mais que proportionnellement,
39:33 il ne représentait pas grand-chose.
39:35 Est-ce que dans la stratégie des fréris,
39:37 il y a cette volonté de rentrer, de faire de l'entrisme
39:39 dans le politique, que ce soit pour voter
39:41 ou pour présenter des candidats,
39:43 ou même créer des listes ?
39:45 - Oui, bien sûr. D'ailleurs, ils n'ont pas besoin
39:47 de se présenter en tant que tel dans les partis
39:49 qui coucou, ils occupent simplement
39:51 des places importantes sans se montrer.
39:55 Bien sûr, il y a cette stratégie,
39:57 mais je pense que la stratégie
39:59 la plus préoccupante,
40:01 c'est celle qui touche tous les secteurs
40:03 de la justice, de la police,
40:05 de l'éducation, de l'université,
40:07 où l'entrisme est...
40:09 - Et encore plus fort.
40:11 - C'est une pratique courante,
40:13 et contre laquelle il semble
40:15 que les autorités soient impuissantes
40:17 par manque de compréhension
40:19 des enjeux, par culpabilité aussi.
40:21 On a cette fameuse culpabilité,
40:23 chaque fois que vous emprenez
40:25 un musulman
40:27 parce qu'il a un comportement
40:29 islamiste,
40:31 eh bien, vous êtes islamophobe.
40:33 Donc ça, ça vient de cette confusion
40:35 entre islam et islamisme
40:37 qui a été instaurée
40:39 dans les années 2000,
40:41 et pas qu'en France.
40:43 C'est un problème européen, par exemple.
40:45 On finance par millions d'euros
40:47 des rapports sur l'islamophobie
40:49 qui sont complètement...
40:51 qui sont pas sérieux.
40:53 - Portés par les institutions européennes,
40:55 très souvent.
40:57 - Portés par les institutions européennes,
40:59 et on se tire une balle dans le pied
41:01 à chaque fois.
41:03 Donc ce comportement
41:05 est assez difficile
41:07 à comprendre, je dois dire.
41:09 - Il nous reste un peu moins de 3 minutes.
41:11 La suite des choses.
41:13 Est-ce qu'on peut s'attendre,
41:15 parce que c'est un peu le petit bruit,
41:17 la petite musique dans la vie publique en ce moment,
41:19 à une contre-offensive des partisans
41:21 de l'Abaya qui arriveraient massivement
41:23 en Abaya à la rentrée,
41:25 ou est-ce qu'on peut s'attendre
41:27 à une contre-attaque plus subtile ?
41:29 Ou les deux, peut-être ?
41:31 - Oui, ça dépendra des lieux.
41:33 Je pense pas que la contre-attaque
41:35 va être très forte,
41:37 parce que...
41:39 parce qu'en tout cas,
41:41 les mosquées ne joueront pas ce jeu-là.
41:43 Ils avancent très bien,
41:45 sans faire de bruit.
41:47 Le bruit n'est pas quelque chose
41:49 qui leur est favorable.
41:51 En tout cas, les frères sont plutôt dans la discrétion,
41:53 dans le secret,
41:55 et donc toutes les manifestations trop visibles,
41:57 ils n'aiment pas ça, donc ils n'iront pas dans ce sens.
41:59 Après, évidemment,
42:01 on aura dans certains lieux,
42:03 certainement, des jeunes prédicateurs
42:05 plus aguerris
42:07 qui vont pousser les filles et les garçons,
42:09 et surtout s'allier
42:11 les non-musulmans,
42:13 parce que ça, c'est très important,
42:15 arriver à convaincre ces pères non-musulmans
42:17 qu'ils ont raison, qu'ils font ce qu'ils font, c'est bien.
42:19 C'est ça qui est...
42:21 C'est ça qui va se passer.
42:23 Mais là, on verra lundi soir.
42:25 Et puis,
42:27 qu'est-ce qui va remonter aussi, comme information ?
42:29 Qui va faire remonter quelle information ?
42:31 Ça, on ne le sait pas encore.
42:33 Est-ce que la tendance va être
42:35 à minimiser le problème, ou au contraire,
42:37 à l'accentuer ? On ne sait pas.
42:39 - Il nous reste une minute environ.
42:41 On le disait,
42:43 l'interdiction de la baïa,
42:45 c'est un geste politique fort.
42:47 Avez-vous à l'esprit d'autres gestes
42:49 politiques forts qui seraient
42:51 possibles, qui seraient souhaitables,
42:53 pour être capables de renforcer cette contre-offensive
42:55 laïque et républicaine, celle-là ?
42:57 - Déjà, il faut interdire
42:59 le hijab et la baïa,
43:01 tout ce qui concerne la norme islamique,
43:03 la normalisation du corps
43:05 des femmes chez les mineurs.
43:07 - Jusqu'à l'université ?
43:09 - Chez les mineurs.
43:11 L'université, je ne pense pas.
43:13 En général,
43:15 des majeurs.
43:17 Ça, c'est des mesures importantes.
43:19 Il faut aussi protéger les gens
43:21 qui sortent de l'islam.
43:23 C'est aussi quelque chose
43:25 que je pense être prioritaire.
43:27 Les inviter plus souvent sur les plateaux.
43:29 Pas en tant que prosélite
43:31 de la sortie de l'islam.
43:33 Je ne vais pas vous indiquer pour tout le monde
43:35 cette sortie-là, mais ces personnes-là
43:37 existent.
43:39 Aujourd'hui, elles sont toujours menacées.
43:41 Il faut que donner la place
43:43 aux gens qui se sont soit laïcisés,
43:45 soit sortis de l'islam, et normaliser tout ça.
43:47 - Merci beaucoup,
43:49 Florence Bergeau-Blacler,
43:51 d'être venue pour cet entretien
43:53 que vous pouvez revoir, évidemment,
43:55 sur cnews.fr.
43:57 Mathieu Bocoté.
43:59 - C'est un plaisir.
44:01 Merci à tous les trois. Dans un instant,
44:03 c'est l'heure des pros 2.
44:05 On reviendra
44:07 sur vos déclarations dans l'heure des pros 2,
44:09 mais avant cela, on reviendra
44:11 sur cette déclaration assez surprenante
44:13 de Vladimir Poutine
44:15 à propos de Nicolas Sarkozy.
44:17 Si vous avez vu ça, Florence Bergeau-Blacler,
44:19 si vous ne l'avez pas vu, je vous propose
44:21 de regarder l'heure des pros dans quelques instants.
44:23 Merci à vous. Restez avec nous.
44:25 ♪ ♪ ♪

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