L’initiative politique d'ampleur de Macron : une réunion...

  • l’année dernière
À quelques jours de la rentrée, Emmanuel Macron s'explique dans une très longue interview au journal Le Point... Il met fin notamment à l'insoutenable suspense qui avait suivi son annonce en juillet d'une "initiative politique d'ampleur"...

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Transcript
00:00 Alors c'était ça l'initiative de grande ampleur d'Emmanuel Macron.
00:07 Ça devait casser la baraque, c'était un truc énorme.
00:12 Donc il va s'agir de réunir gentiment à la Selle Saint-Cloud les différents représentants
00:20 des partis politiques qui sont présents à l'Assemblée nationale.
00:23 Oui, ça risque pas non plus d'opérer une révolution.
00:30 Il faut dire que Emmanuel Macron jusqu'à présent il a un petit peu usé toutes les
00:37 options.
00:38 Alors après les Gilets jaunes il y a eu le grand débat, bon ça lui a permis de briller,
00:42 de montrer qu'il pouvait répondre à tout d'accord.
00:44 Politiquement c'était pas non plus extrêmement efficace.
00:49 Il y a eu le CNR.
00:51 Là encore on cherche ce que c'était censé donner.
00:56 Donc là maintenant on va avoir la grande concertation.
01:01 Alors avec ce paradoxe absolument énorme, c'est que Emmanuel Macron va donc réunir
01:08 les partis qui sont représentés à l'Assemblée nationale.
01:12 Sauf que, puisque tout ça est raconté dans une interview du Point, un peu plus loin,
01:19 dans l'interview Emmanuel Macron parle des forces républicaines, que sont en gros la
01:26 part des socialistes compatibles avec le macronisme et la part des républicains compatibles avec
01:31 le macronisme.
01:32 Donc on en fait le coup de l'arc républicain.
01:35 Mais alors les autres ils sont représentés à l'Assemblée nationale, on va les convier
01:41 à une grande concertation, mais ce ne sont pas les forces républicaines.
01:44 Alors juste une chose, si on veut justement être efficace politiquement, si on veut avoir
01:53 une chance tout simplement de répondre aux enjeux qui se présentent, et ils sont absolument
01:59 immenses, peut-être déjà que la première étape ce serait de ne pas vider les mots
02:05 de leur sens.
02:06 Parce que républicain ça a un sens.
02:10 Et la question de savoir comment on rétablit la République dans la plénitude de sa promesse,
02:18 et bien c'est justement une des questions auxquelles il faut répondre après les émeutes
02:24 qui ont agité la France.
02:25 Alors c'est un autre paradoxe de cette interview, c'est l'insistance d'Emmanuel Macron sur
02:31 la question de l'autorité.
02:32 Il faut de l'autorité, le problème des émeutes c'est la crise de l'autorité.
02:37 À un autre moment, Emmanuel Macron déplore la tentation qu'ont les Français, qu'auraient
02:45 les Français, et d'ailleurs aussi les citoyens des autres pays occidentaux, pour les régimes
02:53 autoritaires.
02:54 Et ça c'est pas bien.
02:55 Mais l'autorité c'est bien.
02:56 Mais à aucun moment il n'explique les causes de cette crise de l'autorité, et en quoi
03:02 cette autorité serait différente fondamentalement de ce qu'il appelle la tentation de régimes
03:10 plus autoritaires.
03:12 On en revient à la définition de la République et accessoirement de la démocratie, parce
03:18 que c'est le sujet qui n'est jamais traité dans cet entretien.
03:21 Comment on fait en sorte d'embarquer tous les Français dans un projet politique ? Si
03:29 ce n'est en leur faisant valoir que l'autorité est légitime quand elle émane d'un État
03:39 qui les représente, qui est leur bras armé.
03:43 Et c'est là tout le point aveugle du raisonnement d'Emmanuel Macron.
03:47 Ce pourquoi il en est réduit à enfiler les perles sur l'école, à nous ressortir le
03:53 débat sur la chronologie dans les programmes d'histoire.
03:57 On est entièrement d'accord.
03:58 Il y a eu des catastrophes qui ont été faites.
04:00 Et la seule façon d'enseigner efficacement l'histoire, c'est d'en faire un récit.
04:07 Non pas un roman national, mais un récit qui s'ancre dans la mémoire des futurs citoyens
04:15 et qui leur permet de comprendre le pays dans lequel ils vivent et comment ce pays s'inscrit
04:21 dans un monde aujourd'hui fragilisé.
04:24 Voilà ce qu'il aurait peut-être fallu dire plutôt que de lancer une réflexion sur
04:30 la chronologie des programmes d'histoire qui va permettre à tous les amis de la dénégation
04:37 sur le naufrage de l'école d'aller interroger tel professeur d'histoire qui va dire "mais
04:42 non, ce n'est pas vrai, mais ça n'a rien à voir, ce n'est pas le problème".
04:45 Bref, une fois de plus, on s'opère dans des choses anecdotiques.
04:49 C'est d'autant plus vrai d'ailleurs qu'on pourrait déplorer en fait dans l'ensemble
04:56 de cet entretien la capacité à passer sur les problèmes comme l'eau sur les plumes
05:01 du canard.
05:02 Mais finalement, le président de la République est dans son rôle.
05:06 Il explique ce qui a été fait.
05:08 Il pose, disons, sa politique d'une Europe puissance en faisant valoir à quel point
05:16 il a toujours porté ce projet.
05:19 D'accord, mais à aucun moment n'est posé la véritable question des leviers dont il
05:28 dispose.
05:29 Alors si, il y a quelques questions sur l'impuissance du politique.
05:32 Sans que jamais dans cet entretien on aille jusqu'au bout.
05:37 Quelle est réellement la cause de l'impuissance que les citoyens perçoivent et qui est celle
05:46 des politiques en général, du président de la République en particulier, malgré
05:51 tous les pouvoirs qui sont les siens dans la Ve République ?
05:55 Pourquoi on en vient à agréger dans la question du régalien à peu près tous les sujets,
06:03 comme s'il fallait à chaque fois que cela remonte jusqu'à l'autorité du président,
06:07 alors même que rien n'avance ? Pourquoi sur l'école la question de la formation
06:12 des professeurs n'est pas abordée et les blocages qu'il peut y avoir dans ce domaine-là ?
06:17 Pourquoi sur la construction de places de prison, le rôle de la justice, à aucun moment
06:25 il n'est question véritablement des choix de fond en matière de punition, de maintien
06:33 de l'ordre, la capacité à faire comprendre à des délinquants que la force est du côté
06:41 de l'État ?
06:42 Pourquoi des forces politiques et médiatiques s'opposent systématiquement à cela ?
06:48 C'est tout cela dont il faut parler.
06:51 C'est le rôle de ce qu'on appelle l'État de droit en général et qui est dévoyé
06:58 aujourd'hui par certaines forces politiques.
07:00 C'est le rôle des instances supranationales.
07:04 À aucun moment Emmanuel Macron n'aborde la question des blocages au sein de l'Union
07:10 Européenne et des rapports de force dans lesquels la France aujourd'hui devrait essayer
07:15 de s'imposer.
07:16 Évidemment, les questions ne lui sont pas posées.
07:19 On préfère l'interroger une fois, deux fois, trois fois, dix fois sur le fait de savoir
07:25 s'il ne fallait pas faire une réforme des retraites beaucoup plus dure à les ou 68
07:30 ans.
07:31 Mais le déficit de la balance commerciale, mais la concurrence entre les entreprises
07:35 françaises et les entreprises allemandes, sous couvert d'arbitrage de la Commission
07:40 Européenne, mais le dumping social au sein de l'Union Européenne, le dumping fiscal
07:45 au sein de l'Union Européenne, tout cela, il n'en est pas question.
07:49 Bref, on ne comprend pas, à la lecture de ce raisonnement, pourquoi tout ce qu'Emmanuel
07:56 Macron nous annonce de mirobolant n'a pas déjà été mis en place.
08:00 Merci.
08:01 Merci.
08:02 Merci.
08:03 Merci.
08:03 [SILENCE]

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