Écoutez l'interview du Président du groupe Les Républicains au Sénat.
Regardez L'invité de RTL du 11 juillet 2023 avec Stéphane Carpentier.
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00:02 RTL Matin
00:06 Merci de nous rejoindre. 7h43, l'invité de RTL Matin est donc en direct et en studio.
00:11 Bruno Rotaillot, sénateur, président du groupe Les Républicains au Sénat. RTL dévoile ce matin, Bruno Rotaillot, la lourde addition des dégâts, des émeutes de ce
00:20 fin de mois de juin. L'ardoise s'élève à 650 millions d'euros et encore l'ensemble des dossiers ne sont pas traités.
00:28 650 millions en quatre jours, le montant des dégâts est trois fois plus élevé qu'en 2005, les émeutes avaient duré un mois.
00:34 A l'arrivée, 650 millions, sont quoi les Français qui vont devoir régler la note ?
00:38 C'est ce que craint la France silencieuse.
00:41 La majorité des Français en ont marre de passer à la caisse
00:44 alors que des voyous, des délinquants saccagent leur propre quartier. Et ça c'est tout le problème. Mais ce que vous dites
00:52 en disant que voilà, en cinq jours, on a fait plus qu'en un mois, parce qu'elles ont été beaucoup beaucoup beaucoup plus violentes,
00:58 et ce qu'il va falloir reconstruire, voyez, c'est pas seulement ce qui a été brûlé en cinq jours, il va falloir reconstruire ce qui a été
01:04 déconstruit pendant des décennies. Et ça c'est un défi autrement plus important.
01:10 Reconstruire l'autorité, l'autorité des parents, l'autorité des maîtres à l'école,
01:15 l'autorité des gendarmes, des policiers, l'autorité aussi de la loi.
01:18 Vous allez nous dire quoi ce matin ? Qu'il faut présenter l'addition aux parents des jeunes impliqués dans les émeutes ?
01:24 Je pense qu'il faut
01:26 le principe de responsabilité.
01:28 C'est de faire en sorte que ceux qui sont responsables payent. Quand des tout jeunes ont été retrouvés
01:34 10 ans,
01:36 11 ans, 12 ans, 13 ans,
01:38 la nuit, en train de caillasser par exemple une mairie, par exemple une école, et bien il y a une responsabilité de la famille,
01:46 bien sûr. Et il faut la mettre en jeu à chaque fois que c'est possible. Moi je suis favorable, et nous avions
01:52 voté un texte pour supprimer les allocations familiales aux parents qui sont défaillants.
01:56 Tout simplement parce que la France c'est un équilibre fragile entre des droits, et Dieu sait si des droits sociaux on en a beaucoup en France.
02:04 C'est ce qui fait notre spécificité, notre modèle finalement français. Mais en face des droits, il faut souvenir qu'on a des devoirs.
02:10 Supprimer les allocations,
02:12 il y a quoi une semaine Rachida Dati à ce même micro à votre place dans ce fauteuil
02:15 disait c'est une fausse bonne idée ça. Ah ben oui mais voilà elle avait été pourtant... Parce qu'on punit la famille, voilà ce qu'on expliquait.
02:21 Mais oui mais il faut... Voyez je parlais, j'ai essayé de travailler depuis plusieurs mois d'ailleurs avec Maurice Berger qui est un des plus grands pédopsychiatres.
02:29 Il a été au contact de ces adolescents pendant toute sa vie, voyez, professionnelle, de ces adolescents les plus violents.
02:35 Et il me disait qu'ils ont beaucoup de mal à prendre
02:38 la mesure de leurs actes.
02:40 Ils se déresponsabilisent. Mais quand on touche à leur famille, alors là ils prennent conscience
02:46 de la gravité de leurs actes. Et moi je pense qu'il y a ce principe de responsabilité,
02:51 c'est important, mais au delà il y a l'autorité parentale, il y aura l'école à reconstruire. Mais est-ce qu'il faut s'étonner, je disais qu'il va falloir
02:58 reconstruire ce qui a été déconstruit. Pendant des décennies on a voulu déconstruire l'autorité, l'autorité du maître.
03:03 C'est pas étonnant qu'on ait l'anarchie quand on détruit
03:07 les hiérarchies, la hiérarchie entre l'enfant et l'adulte. L'enfant devait être au centre de tout.
03:13 Quand on détruit la hiérarchie entre
03:17 l'enfant et le parent, l'élève et le maître, voilà où on en est. Et ce sera difficile, mais il faut
03:24 faire le bon diagnostic. Et le diagnostic, on ne peut pas se contenter de dire qu'on va encore déverser
03:29 sur une politique de la ville des milliards et des milliards sur les quartiers difficiles.
03:33 Ça fait des années et des années qu'on déverse à peu près et au moins 10 milliards d'euros par an.
03:39 Bruno Retaillot, dans votre plan présenté il y a quelques jours pour restaurer l'ordre public, vous militez pour plus de prisons fermes, que ce soit
03:46 plus l'exception et même pour les mineurs. Ça veut dire qu'il faut être plus sévère avec eux ? C'est ça la solution pour 2023 et pour après ?
03:54 La solution aujourd'hui,
03:56 ce qui se passe pour les mineurs, c'est que avant qu'ils soient incarcérés, ils commettent des dizaines d'infractions.
04:02 C'est-à-dire qu'on les laisse monter en puissance, on les laisse gravir
04:07 l'échelle des infractions de plus en plus grave. Et quand on veut sanctionner, c'est déjà trop tard.
04:14 L'idée, c'est qu'on puisse faire des courtes peines dans des établissements qui sont des établissements
04:20 différenciés, plus faciles à construire, moins sécurisés, où ils puissent rester par exemple 15 jours. Mais là encore, qu'est-ce que nous disent
04:29 les grands pédopsychiatres ? Ils nous disent que ces jeunes-là, qui en réalité
04:33 peinent à prendre conscience de la gravité de leurs actes, en prennent conscience dès lors qu'il y a une butée,
04:39 d'ailleurs qu'il y a une contention. Et c'est ça qui est important. Et ça peut fonctionner. Les Pays-Bas, par exemple,
04:45 fonctionnent beaucoup sur des courtes peines, y compris pour des adultes. Mais je pense que pour des adolescents violents,
04:50 on a plusieurs cas. Je me souviens d'un cas à Nantes où il y avait une trentaine d'infractions.
04:55 Ils en étaient pris à une jeune fille de 15 ans. Mais faut-il attendre cette extrémité pour sévir ? Le problème, c'est qu'en France, on interdit,
05:02 voyez, les courtes peines. C'est la loi Belloudet, c'est un certain nombre de circulaires. La dernière du mois de septembre,
05:08 de l'actuel garde des Sceaux. Donc la prison, tout simplement parce qu'on n'a pas su construire de prison. Mais
05:13 j'attire votre attention sur le fait que ça sert à rien de construire les mêmes prisons pour tous. Je pense qu'il faut être plus intelligent
05:19 et faire, si j'ose dire, du sur-mesure.
05:22 Des prisons, bien sûr, on enferme des terroristes, des criminels dangereux. Mais il faut aussi des centres d'éducation
05:28 fermés. Et on n'a pas suffisamment de place.
05:30 On voulait plus de place dans les prisons. Supprimer les allocations familiales aux parents dépassés par les enfants, une responsabilité pénale
05:36 parentale de la prison ferme pour les mineurs. Vous êtes sur une droite bien bien ferme, bien bien à droite là, quand même.
05:42 Mais
05:43 qu'est-ce qui fonctionne, qu'est-ce qui ne fonctionne pas ? Ça fait des années, des années. Regardez le laxisme judiciaire.
05:47 Ça fait des décennies.
05:49 Et on a une société de plus en plus violente. Regardez les statistiques de 2022.
05:52 Des décennies, ça veut dire qu'à une époque, la droite était au pouvoir.
05:55 Mais bien sûr. Écoutez, j'étais pour le droit d'inventaire.
05:57 Donc, je suis toujours dit qu'on ne réglera pas la question de notre crédibilité en ne reconnaissant pas les faiblesses qu'on a pu avoir.
06:06 - Mais avec une droite comme ça, vous êtes quand même tout proche du Rassemblement National ?
06:09 - Mais on s'en fiche. On doit se définir par rapport à nos convictions.
06:13 - Vos électeurs de droite, ils s'en fichent, vous pensez ?
06:16 - Mais nos électeurs de droite, mais les Français veulent des résultats.
06:20 Vous voyez bien que ça fait des décennies, des décennies qu'on nous raconte, dès qu'on veut être ferme, je vais vous dire, dès qu'on veut être ferme.
06:26 On dit "Ah là là, scandale, le fascisme arrive, vous êtes tout proche du Rassemblement National".
06:31 Et ça fait des décennies que Mme Le Pen perd d'abord, fille ensuite, sont en train de grimper dans les sondages.
06:37 Vous savez pourquoi on a perdu, en 15 ans, près de 10 millions d'électeurs ?
06:41 Pas parce qu'on a été trop à droite, parce qu'on a souvent renoncé justement à nos propres conversions.
06:46 On a manqué de fermeté. Et dans les pays comme au Pays-Bas, je vous le disais, où ils ont construit des prisons, ils font des courtes peines.
06:54 Eh bien désormais, ils ont moins de détenus dans les prisons et ils louent même à la Belgique des places de privants.
07:00 Parce que la dissuasion, ça marche. Et aujourd'hui en France, la sanction, il y a un sentiment d'impunité.
07:07 Et ces jeunes disent à chaque fois que vous les auditionnez "Peu importe, de toute façon demain, je serai relâché".
07:12 - Donc c'est mieux d'être proche du Rassemblement National et de se démarquer des macronistes, quoi ?
07:17 - Mais on s'en fiche. - On s'en fiche beaucoup.
07:19 - Mais l'important c'est de traiter le problème des Français. Il y en a marre du politiquement correct.
07:24 Moi je suis élu, j'ai un mandat reçu du peuple français, on doit régler les problèmes avec des solutions pour le peuple français.
07:32 Et je constate que depuis des décennies, ça ne fonctionne pas. On s'enfonce dans la violence.
07:36 Bien sûr qu'il faut aussi tracer un lien avec l'immigration. Je ne comprends pas le gouvernement, qui est finalement aveugle en disant "mais non, il n'y a pas de lien".
07:45 Ils ont commencé, Gérald Darmanin, à commencer à tracer ce lien entre immigration et insécurité.
07:50 Il l'a fait, alors qu'il refusait de le faire pendant des années. Mais aujourd'hui, cette vérité-là, je vais vous dire, on ne peut plus la cacher.
07:56 Vous ne pouvez plus la cacher.
07:57 - Le gouvernement, il faut le remanier, là ? On en parle beaucoup ces derniers temps.
08:00 - Non, je pense que... ça m'étonnerait d'ailleurs qu'il soit remanié, parce que le seul remaniement qui aurait du sens, c'est le changement de Premier ministre.
08:07 Or, la Première ministre doit encaisser quand même à la fin de l'année une douzaine de 49.3 sur les deux textes budgétaires, sur la Sécurité sociale et sur le budget de l'État.
08:15 Donc, qu'est-ce que vous voulez... c'est pas une question de casting ? Ou est-ce qu'Emmanuel Macron veut nous enlever ?
08:20 - Non, Gérald Darmanin ne peut pas être Premier ministre.
08:21 - Pardon ?
08:22 - Gérald Darmanin ne pourrait pas être Premier ministre.
08:24 - Ah ben, je pense qu'il le souhaiterait.
08:25 - Ouais. Ça serait une bonne idée.
08:27 - Mais quel sens ça a ? Quel sens ça a, à partir du moment où le Premier ministre, avec Emmanuel Macron, n'est qu'un collaborateur ?
08:34 Et celui qui est à l'origine de tout, c'est Emmanuel Macron. Il souhaite tout diriger, et par conséquent, je crois que le remaniement "changer des têtes" ne changera pas de politique.
08:44 Ce que je souhaite, moi, c'est qu'Emmanuel Macron dise aux Français où il souhaite amener la France.
08:49 Quel est le cap, aujourd'hui ? Quelle est la boussole ?
08:51 - Merci, Bruno Rotaillot, d'être passé par RTL Matin.
08:54 à l'intérieur.
08:55 Merci.
08:55 [SILENCE]