Écoutez la première prise de parole médiatique du successeur de Geoffroy Roux de Bézieux.
Regardez L'invité de RTL du 12 juillet 2023 avec Stéphane Carpentier.
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00:02 RTL Matin
00:06 Merci de nous rejoindre à 7h42, l'invité de RTL Matin et donc le tout nouveau patron des patrons, le président du MEDEF Patrick Martin.
00:13 Vous êtes en poste depuis quelques jours seulement. Vous avez réservé votre première prise de parole dans les médias à RTL.
00:19 Successeur de Geoffroy Roude-Bézieux, vous êtes élu pour cinq ans. On va apprendre à vous connaître.
00:24 Et votre baptême du feu, c'est un passage par la case Matignon ce mercredi. Patronat et syndicat rencontrent Elisabeth Borne pour bâtir un
00:31 agenda de travail. Vous savez déjà ce que vous allez lui dire ?
00:34 On va déjà écouter ce qu'elle va nous dire.
00:37 Oui mais on sait à peu près en fait ça se résume à quoi.
00:40 Et on a cranté ça dans le débat depuis plusieurs mois. L'initiative de Geoffroy Roude-Bézieux c'est
00:44 laisser les partenaires sociaux qui ont démontré leur efficacité, leur capacité à délivrer comme on dit dorénavant,
00:51 laisser les partenaires sociaux de manière autonome
00:53 choisir des thèmes, choisir un calendrier et s'accorder entre eux sans les encadrer d'une manière directive.
00:59 Vous allez écouter ce que c'est ce que vous nous dites ce matin sur RTL. Est-ce que vous êtes un homme facile dans les négociations ?
01:05 L'avenir le dira. Non je ne pense pas être un homme facile, c'est pas une fin en soi. Je ne pense pas non plus être un provocateur
01:10 et être obtus je dirais.
01:15 M.Alliot dans l'Anglais Code nous annonçait il y a quelques instants du jamais vu depuis
01:19 2016 les difficultés des entreprises petites, moyennes et grandes. Plus de 13.200 faillites au deuxième
01:25 trimestre, plus de 50.000 sur un an. On doit en déduire quoi ? Que nos entreprises elles sont fragiles aujourd'hui en France ?
01:30 Non on doit en déduire d'une part qu'il y a des modèles économiques qui évoluent et qui évolueront de plus en plus vite
01:35 mais d'autre part qu'il y a un ralentissement économique qui est en bonne part lié
01:39 au renchérissement des financements, des taux d'intérêt
01:43 qui sert un certain nombre de secteurs. Je pense aux bâtiments en particulier, on n'a encore rien vu s'agissant du bâtiment, il faut prendre des
01:48 mesures d'urgence pour le relancer. Mais concrètement ça veut dire qu'on solde le quoi qu'il en coûte ?
01:52 Oui alors il y a un effet rattrapage, on l'a tous identifié.
01:55 Il faut quand même s'interroger sur un basculement du côté de la récession.
01:59 Ça n'est pas mon pronostic aujourd'hui mais il faut être très attentif à ça. Le pronostic justement c'est quoi ? On doit comprendre qu'en termes de
02:05 faillite ça va continuer et donc que le chômage va remonter ?
02:09 Non ça veut dire qu'il faut que les pouvoirs publics, et je pense en particulier à ce qui se dessine sur
02:14 la non baisse des impôts de production, soit très attentif à ne pas envoyer de mauvais signaux
02:19 et de manière plus objective à ne pas resserrer le frein à main en quelque sorte parce que la sortie de route n'est pas impossible.
02:24 Vous connaissez tous les dossiers, est-ce qu'il y a des secteurs de l'économie qui vous inquiètent plus que d'autres aujourd'hui ?
02:29 Je viens d'évoquer le bâtiment, c'est une évidence.
02:31 Mais d'une manière générale, moi ce qui me préoccupe c'est qu'on voit ralentir au delà de la consommation,
02:36 on voit ralentir l'investissement au même moment où au contraire, en face des grandes mutations auxquelles elle est confrontée,
02:41 face à une compétition internationale qui s'intensifie, notre économie doit au contraire investir plus qu'elle ne l'a fait auparavant
02:47 singulièrement pour se verdir.
02:49 Ça veut dire qu'on n'est pas assez audacieux, pas assez ambitieux ?
02:51 Je pense qu'il faut faire porter l'effort sur ça, sur l'investissement, sur la modernisation de notre économie.
02:57 Évidemment il y a des contraintes budgétaires très fortes mais il faut aller chercher les économies sur les dépenses courantes.
03:01 Patrick Martin, comment faire en France pour trouver de la main d'oeuvre ? Parce qu'on peine là plus que jamais à trouver des bras
03:07 alors qu'il y a encore 7% de chômage. Il faudrait que le gouvernement aille au bout de son idée par exemple
03:12 d'une immigration choisie pour répondre aux manques ?
03:15 Non, il faut commencer par le commencement. D'abord moi je suis très mobilisé sur la réforme des lycées professionnels pour ne pas créer
03:20 de nouvelles catégories éloignées de l'emploi.
03:23 On va être très en soutien de la réforme du RSA, ça demandera des efforts de la part des entreprises pour
03:28 accueillir des stagiaires, que ce soit d'ailleurs des lycées professionnels ou attributaires du RSA.
03:33 Et puis il va falloir aller chercher toutes ces populations très éloignées de l'emploi.
03:36 France Travail est un objet qu'on regarde avec une forme de suspicion parce que ça nous paraît très technocratique
03:41 mais l'idée est la bonne.
03:42 Est-ce que c'est pas un échec quand même aujourd'hui de manquer de bras dans notre pays, de pas trouver pour des jobs ?
03:46 Oui c'est un échec, mais une fois qu'on a dit ça, nous ce qui nous intéresse c'est l'avenir.
03:50 Donc je ne redis pas tout ce que je viens de dire sur les lycées professionnels, RSA, etc.
03:55 On a des marges de manœuvre et c'est très bien pour commencer pour ces personnes éloignées de l'emploi ou qui seraient
04:00 formées à des métiers qui n'ont plus de débouchés et qu'il faut réorienter vers tous ces métiers très nombreux et qui effectivement
04:05 demandent de la main d'oeuvre à différents niveaux de qualification.
04:08 Et l'avenir il peut venir de l'étranger justement ?
04:10 Mais en dernier recours, alors dès à présent quand même, disons les choses, par exemple sur des qualifications très élevées,
04:15 on a beaucoup de jeunes diplômés qui partent singulièrement aux États-Unis dans le digital mais surtout dans les biothèques dorénavant.
04:20 Et on a les plus grandes difficultés à faire venir des étrangers, par exemple syriens ou d'Afrique du Nord,
04:28 qui ont les mêmes niveaux de qualification et qui du fait des réglementations françaises ont donc du mal à pouvoir venir.
04:33 Parce que dans la restauration par exemple, qui n'est pas un petit secteur dans notre pays,
04:37 on fait venir aujourd'hui des gens du Maroc ou d'Espagne pour travailler chez nous ?
04:40 Oui, alors il y a beaucoup de métiers qui se sont réinventés, la restauration singulièrement, en termes d'horaires de travail,
04:46 en termes de rémunération aussi, c'est quand même de nature à faire venir ou revenir d'ailleurs dans ces métiers
04:51 un certain nombre de nos concitoyens qui s'en sont éloignés, commençons par là.
04:55 Et comment donner ou redonner envie aux jeunes français de travailler ?
04:59 Je crois qu'il appartient aux entreprises de réviser leur management pour un certain nombre d'entre elles.
05:03 Ça veut dire quoi par exemple ?
05:04 Ça veut dire qu'on a parfois des fonctionnements trop processés, trop anonymisés,
05:10 donc il va falloir faire plus d'humanité, plus d'humains en fait dans le management,
05:15 donner du sens, c'est la grande expression, mais moi je la partage,
05:18 dans mon entreprise je m'applique à ça,
05:20 ce que les gens comprennent pourquoi ils sont là, en quoi ils sont utiles à l'entreprise bien sûr,
05:24 mais plus globalement à la collectivité.
05:25 Oui, Patrick Martin, on demande toujours aux entreprises de jouer le jeu dans ce puzzle économique.
05:29 Est-ce que les entreprises elles vont ou elles doivent continuer à augmenter les salaires dans les prochains mois ?
05:35 Mais elles le font.
05:36 Vraiment ?
05:36 Elles le font vraiment, elles le font vraiment, enfin les chiffres en attestent.
05:40 On a les entreprises d'une manière générale, avec évidemment de l'une à l'autre des disparités importantes,
05:44 selon leur situation économique, on a bien vu qu'on avait effacé en quelque sorte l'inflation.
05:50 Elles le font, mais elles n'ont pas le choix en gros,
05:51 parce qu'il faut faire face à l'inflation, les prix restent très élevés aujourd'hui,
05:55 donc il faut augmenter les salaires, c'est ça que vous dites ce matin ?
05:56 Alors les prix ralentissent, et je pense qu'ils vont ralentir.
05:59 Ils restent très élevés quand même.
06:00 Bien sûr.
06:01 Alors toutes les entreprises ne le peuvent pas,
06:03 moi j'en reviens sur ce que vous disiez auparavant sur l'augmentation des faillites,
06:06 on ne peut pas décréter que toutes les entreprises doivent absolument, et au-delà, gommer l'inflation.
06:12 Parce que les syndicats par exemple,
06:14 ils demandent que les aides aux entreprises soient maintenant conditionnées à des embauches ou des hausses de salaire.
06:18 Est-ce que c'est une idée, vous, que vous validez ?
06:20 Mais ces aides sont intrinsèquement conditionnées, d'origine conditionnée.
06:24 Quand on a des aides pour embaucher des apprentis, c'est qu'on embauche des apprentis.
06:28 Quand on a un crédit d'impôt recherche, c'est par définition qu'on engage des dépenses de recherche.
06:32 Donc je ne vois pas comment il faudrait corréler en quelque sorte ces aides à d'autres objets qui n'ont rien à voir avec la dépense engagée.
06:40 Patrick Martin, nouveau patron du Medef ce matin sur RTL, la réforme des retraites, c'est derrière nous ?
06:45 Alors c'est derrière nous sur le plan législatif, elle se met en œuvre.
06:50 Je crains qu'elle soit encore un peu devant nous dans les prochaines années,
06:53 parce qu'il n'est pas dit que ça va solder l'équilibre financier des régimes.
06:56 Et ça veut dire aussi peut-être que les syndicats ne vont pas lâcher l'affaire, non ?
06:59 On a beaucoup d'autres sujets sur lesquels on peut avancer de manière très responsable, très autonome et très résolue avec les syndicats.
07:06 Moi je ne souhaite pas qu'on reprenne dès à présent le sujet des retraites.
07:09 La réforme des retraites c'est derrière nous donc ?
07:11 Celle-ci.
07:12 Celle-ci en l'occurrence.
07:14 Les syndicats pensent que ça demeure d'actualité.
07:16 La patronne de la CGT par exemple, Sophie Binet, elle a été ovationnée aux rencontres économiques d'Aix le week-end dernier,
07:22 estimant que le patronat laisse le gouvernement faire le sale boulot sur les allocations, sur les retraites, sur les salaires.
07:28 Est-ce que les relations sociales avec les deux femmes à la tête de la CGT et de la CFDT, ça va être simple ?
07:33 Ça peut donner quoi ?
07:35 Écoutez, moi je ne connais pas encore Sophie Binet, je vais la découvrir en quelque sorte un matinon.
07:39 Vous l'avez entendue quand même ?
07:40 Bien sûr.
07:41 Enfin, Geoffroy Rudebézieux a été applaudi aussi à Aix, je le signale.
07:45 Quentin Marie-Lise Léon, je la connais.
07:48 Non, il y a quand même bon nombre de sujets sur lesquels on peut avancer ensemble.
07:51 Et c'est très bien que la CGT revienne dans la discussion à ce jour.
07:54 Il va falloir du dialogue et beaucoup de dialogue.
07:56 Beaucoup de dialogue.
07:57 Mais moi je suis très déterminé là-dessus.
07:59 C'est d'ailleurs sur ces bases que j'ai été, je me permets de le dire, largement élu à la tête du MEDEF.
08:03 C'est précisément de provoquer avec les syndicats un diagnostic partagé.
08:07 Bien sûr qu'il y a des sujets, il y a des objets sur lesquels on ne sera pas d'accord.
08:10 Mais si on peut s'accorder sur une trajectoire macro pour réconcilier croissance et climat,
08:15 je pense que les syndicats, je crois savoir que les syndicats se prêteront à la discussion.
08:19 Patrick Martin, patron des patrons, j'avais promis qu'on en saurait plus sur vous.
08:22 Je vais me permettre des questions un peu personnelles.
08:24 63 ans, on est d'accord ?
08:25 Lyonnais, on est d'accord ?
08:26 Je n'ai pas falsifié mon état civil.
08:28 Fan d'escalade, c'est vrai ?
08:29 Oui.
08:30 C'est-à-dire ?
08:31 De haute montagne d'une manière générale.
08:32 Vous pratiquez encore ?
08:33 Je pratique encore, moins qu'à une époque, mais également le ski de randonnée.
08:37 J'aime beaucoup le ski de randonnée.
08:39 Vous roulez en voiture ? Vous avez une voiture ?
08:41 J'ai une voiture.
08:42 Française ?
08:43 Non.
08:44 Électrique ?
08:45 Hybride.
08:46 Hybride. Bon, un petit point.
08:47 Le ministre Bruno Le Maire, il souhaite prolonger la baisse des impôts sur les ménages et les entreprises.
08:51 Vous êtes favorable ?
08:52 Évidemment très favorable, mais ces dernières déclarations, à Aix d'ailleurs, nous préoccupent.
08:56 C'est-à-dire ?
08:57 C'est-à-dire qu'il imagine reporter ce qui a déjà été reporté, c'est-à-dire la suppression définitive de ce qu'on appelle la CVAE, un impôt de production,
09:06 alors que la France demeure très décalée par rapport à ses concurrents directs en la matière.
09:10 Vous vous entendez bien avec Bruno Le Maire ?
09:12 On s'entend bien avec Bruno Le Maire, oui, parce qu'on a beaucoup travaillé ensemble, notamment pendant la période Covid, sur le PGE, sur d'autres dispositifs.
09:19 On comprend que l'équation est très compliquée pour lui, pour le pays généralement, vu l'état des finances publiques,
09:24 mais c'est le dernier moment pour envoyer un mauvais signal aux entreprises qui, je le redis, doivent plus que jamais investir.
09:30 Parmi les questions posées ces dernières années, faut-il plafonner le salaire des patrons ?
09:33 En 2021, la rémunération d'un patron d'une grande entreprise française est presque 100 fois supérieure à celle de son salarié.
09:39 Certains proposent un plafonnement de 1 à 20, à 1 à 40.
09:43 Le salaire médian est celui du patron.
09:45 Ça c'est une bonne idée ou pas ?
09:46 Pour le grand patron.
09:47 Alors vous savez, il y a 190 000 chefs d'entreprise adhérents au MEDEF.
09:50 Le salaire moyen doit être aux alentours de 5 ou 6 000 euros.
09:53 Il ne faut pas plafonner pour autant le salaire des grands patrons.
09:56 C'est un marché très étroit, très international.
09:58 Si on veut perdre nos grands patrons, allons-y gaiement.
10:00 Vous êtes dans les 500 fortunes de notre pays, donc un patron riche dans le bâtiment, dans l'industrie.
10:04 Vous connaissez votre rang dans le Palmarès Challenge ?
10:07 Non.
10:08 352ème.
10:09 Écoutez, je ne sais pas si je dois m'en réjouir, mais je n'en ai pas honte, pour tout vous dire,
10:13 parce que mon entreprise, elle me passionne, pour commencer.
10:16 Je l'ai beaucoup développée.
10:18 Je crois savoir, y compris par des expressions récentes de délégués syndicaux,
10:22 que mes salariés ne m'ont pas dans le nez.
10:25 Et j'entends bien continuer à développer mon entreprise,
10:28 et le faire dans un bon climat social.
10:30 Pour illustrer mon propos, Bonan-Mallan, je suis l'actionnaire majoritaire,
10:34 donc c'est de ma décision.
10:35 Bonan-Mallan, on distribue 2 fois et demi plus de participation et d'intéressement que de dividendes.
10:39 Et ces dividendes, je les consacre à racheter les actions de familiaux minoritaires qui veulent sortir du capital.
10:45 Un grand patron ne doit pas avoir honte de gagner de l'argent ?
10:47 Non.
10:48 Merci.
10:49 [SILENCE]