Écoutez l'interview du maire PS de Rouen et premier secrétaire délégué du Parti socialiste.
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00:02 6h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:07 Et en ce samedi matin, 8h52, on prolonge la matinale largement consacrée bien sûr aux événements.
00:12 Quatrième nuit d'émeutes, de pillages, d'affrontements, 994 arrestations,
00:18 79 blessés parmi les forces de l'ordre, ça s'est passé un petit peu partout,
00:22 de moindre importance nous dit-on en Ile-de-France, mais ça a été agité.
00:26 Et donc du sérieux à Lyon, à Saint-Etienne, à Grenoble, à Strasbourg, à Marseille,
00:31 notamment épicentre ces dernières heures.
00:34 Le maire de Rouen est avec nous, Nicolas Maillard-Rossignol, invité de RTL.
00:37 Bonjour à vous.
00:38 Bonjour.
00:39 Quel bilan vous faites-vous ce matin de cette nouvelle soirée d'agitation ?
00:43 Très très mauvais, très mauvais.
00:45 On voit des évolutions qui sont extrêmement inquiétantes.
00:48 Je dois vous dire que comme de très nombreux élus locaux, maires de tous bords d'ailleurs,
00:52 on est crevés, on n'en peut plus, on est abasourdis, choqués, immensément inquiets.
00:59 Beaucoup plus de pillages, et des pillages qui pour l'agglomération rouennaise
01:03 se sont aussi orientés vers des centres-villes,
01:05 alors qu'on était plutôt sur des quartiers ciblés dans les jours précédents.
01:09 Donc effectivement ça s'étale.
01:11 Non, c'est vraiment une catastrophe.
01:13 Là, monsieur le maire, vous parlez de ces dernières heures d'hier soir.
01:16 Oui, c'est ça, absolument.
01:18 Beaucoup de pillages, des magasins, hypermarchés, etc.
01:22 Et il serait vraiment malhonnête de dire que ça s'arrête ou que ça se calme.
01:26 Pas du tout, pas du tout.
01:28 Les évolutions sont réelles, c'est-à-dire qu'il y a des modalités différentes,
01:31 mais enfin, c'est de plus en plus inquiétant.
01:34 Qu'est-ce qu'il faut faire, monsieur le maire ? Est-ce que vous craignez que ça dure ?
01:37 Oui, bien sûr que je crains que ça dure.
01:39 On va pas faire de langue de bois d'ailleurs.
01:41 D'abord, ça dure déjà.
01:42 Moi j'ai jamais connu ça, et on est très nombreux à alerter depuis longtemps sur l'état de violence.
01:47 En plus, ce sont des jeunes, des gamins, des adolescents, c'est 14-15 ans.
01:51 C'est ça la réalité.
01:53 Maintenant, on a un problème qui est un problème national,
01:56 et nous alertions malheureusement depuis longtemps avec de nombreux élus en disant
02:01 "Attention, quand on accrédite l'idée, parce que c'est ce que nous disent ces jeunes,
02:06 que la violence est plus écoutée que la parole,
02:09 après c'est très dangereux, c'est très dangereux, et on y est maintenant."
02:12 "On y est", c'est ce que vous nous dites ce matin,
02:14 et c'est ce que vous vivez auprès de votre population
02:17 et des jeunes que vous voyez concrètement en ce moment sur le terrain.
02:20 On a beaucoup parlé avec les auditeurs et nos invités depuis 6h du matin
02:23 et depuis hier sur notre antenne de la responsabilité des parents,
02:26 mise en avant par le président Macron hier.
02:28 Est-ce que vous partagez cette idée-là ?
02:30 J'essaie de répondre de façon précise et équilibrée.
02:35 Est-ce qu'il y a une responsabilité des parents ?
02:37 Évidemment, comme tous parents, moi je suis père de famille,
02:40 on est responsable de ses enfants, jusqu'à leur majorité au moins,
02:43 bien sûr, mais sur le plan politique, quand même,
02:47 c'est un peu faible comme argument, c'est un peu faible comme réponse
02:51 de se défausser, parce que c'est de ça qu'il s'agit,
02:53 pour dire "bon, c'est la responsabilité des parents".
02:56 Bien sûr qu'il y a une responsabilité parentale, attention,
02:58 c'est ce que je viens de dire, mais enfin il y a aussi une responsabilité politique.
03:02 Pourquoi est-ce qu'on ne met pas plus de moyens ?
03:04 Depuis bien plus longtemps, on alerte là-dessus.
03:06 Quel genre de moyens, M. le maire ?
03:08 Sur l'éducation, sur la culture, sur la police de proximité.
03:12 Les policiers chez moi, les pompiers aussi,
03:15 ils font un travail extrêmement difficile,
03:18 ils se retrouvent dans des situations impossibles,
03:21 ils doivent être complètement épuisés, évidemment,
03:23 moi je salue aussi leur travail dans la nuit,
03:26 mais on a besoin d'une politique beaucoup plus forte,
03:30 beaucoup plus forte, et puis aussi, on a besoin de se rassembler,
03:34 de s'écouter, pas de mépriser, pas de diviser.
03:38 Et puis enfin, on doit aussi, et moi je le dis très clairement ce matin,
03:41 poser la question, moi j'ai lu hier certains communiqués de certains syndicats,
03:46 je ne dis pas tous, mais de certains syndicats policiers,
03:48 qui sont inqualifiables.
03:50 Qui appellent à la guerre civile, parce qu'ils disent qu'il faut s'en prendre à ces nuisibles.
03:53 Donc je suis désolé, mais je ne suis pas en train de faire d'amalgame,
03:57 ni d'un côté, ni de l'autre,
03:59 mais je dis qu'il y a aussi un problème au sein de la police
04:02 si on voit ce type de communiqué sortir.
04:05 Ça veut dire qu'il y a au moins une partie des policiers
04:08 qui cautionnent des positionnements, je suis désolé, mais séditieux.
04:12 Qui sont séditieux, et qui sont inacceptables aussi dans notre République.
04:16 Donc on a d'un côté des comportements que je condamne absolument,
04:20 de gamins, d'adolescents, et moi j'appelle évidemment au calme,
04:23 j'appelle évidemment à l'ordre républicain,
04:26 ces comportements, ces dégradations sont inacceptables,
04:29 mais les communiqués séditieux de certains syndicats de police
04:34 sont tout aussi inqualifiables.
04:36 Il y a un vrai problème aussi de ce côté-là.
04:38 Est-ce que Jean-Christophe Covis, secrétaire national LGP Police et Faux,
04:41 est encore en ligne avec nous ou pas ?
04:43 Oui, oui, je suis toujours là.
04:44 Vous ne faites pas partie des syndicats justement
04:46 qui lançaient cette espèce d'appel face à des nuisibles,
04:49 ce sont les propos qui sont employés, vous les partagez,
04:52 vous comprenez qu'on puisse dire ça aujourd'hui ?
04:54 Ah pas du tout, notre syndicat, on a toujours une ligne républicaine,
04:57 et surtout pas populiste, et en fait, d'ailleurs je veux juste souligner
05:02 que les confédérations UNSA et CFE CGC se sont désolidarisées
05:07 d'Allianz et de l'UNSA Police.
05:09 Donc en fait on voit bien que ce sont des syndicats
05:11 qui ne sont pas représentatifs de toute la police, attention,
05:15 mais il y a aussi des commissaires dedans et des officiers,
05:17 donc j'attends de savoir aussi quelles seront leurs positions.
05:20 Nous d'ailleurs, je ne vais pas parler de ça trop longtemps,
05:24 mais je sais que ces syndicats ont refait derrière notre communiqué
05:27 pour essayer de se dédouaner un petit peu de la violence des mots.
05:30 Nous on reste sur cette ligne républicaine, encore une fois,
05:33 on n'a pas d'ennemis, il n'y a pas d'ennemis à désinguer,
05:38 il faut vraiment ramener tout le monde dans le calme,
05:40 travailler en profondeur dans les liens sociaux,
05:43 parce qu'on voit bien aussi que ces gamins sont livrés à eux-mêmes,
05:47 ils n'ont pas d'empathie, ils n'ont pas de bienveillance,
05:49 ils ne savent pas où est le bien et le mal,
05:51 ils font comme ils l'entendent dans le moment présent,
05:53 et c'est là-dessus qu'il faut travailler.
05:54 Et on a des parents, il faut l'accepter,
05:56 qui sont aussi complètement dépassés par leurs gamins,
05:58 c'est les gamins qui sont maîtres à la maison.
06:00 C'est ce qu'on entend depuis ce matin.
06:01 Merci à vous Jean-Christophe Covid d'être intervenu régulièrement sur l'antenne de RTL,
06:04 je souhaite beaucoup de courage à Nicolas Maillard-Rossignol,
06:06 le maire socialiste de Rouen, qui a été en direct avec nous sur RTL ce matin.
06:10 On prolonge tout ça bien sûr, matinale largement consacrée aux événements,
06:13 je vous redonne le chiffre si vous ouvrez les yeux,
06:15 994 arrestations lors des dernières heures,
06:19 quatrième nuit des meutes d'affrontements et de pillages dans notre pays.
06:23 RTL Mathans
06:25 [SILENCE]