• il y a 4 mois
Yael Braun-Pivet a été réélue présidente de l'Assemblée nationale, la gauche est en colère face à ce résultat et estime que le vote des Français n'est pas respecté. Reste désormais le choix que fera Emmanuel Macron pour son Premier ministre. Élisabeth Borne, ancienne première ministre, est l'invitée de Stéphane Carpentier.
Regardez L'invité de RTL avec Stéphane Carpentier du 19 juillet 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:04Soyez tous les bienvenus, 7h44, l'invité de RTL Matin en direct est donc débuté du Calvados, ex-chef du gouvernement.
00:11Bonjour à vous Elisabeth Born, vous avez très froid dans le studio RTL, c'est pour nous vous maintenir éveillés, vous le savez.
00:17Vous avez plutôt le sourire ce matin, vous auriez pu faire la grimace si le candidat du nouveau Front Populaire avait hérité du perchoir hier.
00:22Finalement on prend la même et on recommence, c'est la macroniste Yael Brown-Pivet qui a été réélue.
00:28Au terme de trois tours de vote, présidente de l'Assemblée Nationale, quatrième personnage de l'Etat,
00:33et donc Elisabeth Born, 40 jours après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée, 12 jours après le second tour des législatives.
00:40Gabriel Attal est ce matin comme avant Premier Ministre, et Yael Brown-Pivet est ce matin présidente de l'Assemblée comme avant.
00:47J'ai envie de vous dire tout ça pour ça.
00:49Je pense qu'on ne peut pas dire qu'on prend la même et qu'on recommence, parce que la composition de l'Assemblée elle a changé.
00:56Évidemment, la suite en tiendra compte. Il y a eu une élection démocratique.
01:01Ce que cette élection a démontré, c'est évidemment que, contrairement à ce que certains leaders du nouveau Front Populaire expliquaient le soir du deuxième tour,
01:10ils n'ont pas de majorité. Et même, ce qu'on a pu voir hier, c'est qu'ils ne rassemblent pas le plus de voix.
01:17C'est donc le centre, la droite républicaine et une partie du groupe Liott qui ont rassemblé plus de voix.
01:24Donc c'est ce résultat. Mais bien évidemment, pour la suite, il faudra tenir compte d'une composition inédite de l'Assemblée.
01:30Déjà, lorsque j'étais Premier Ministre, on était dans une situation inédite avec une majorité relative.
01:36Mais là, on est dans une situation où il y a vraiment un éclatement des groupes à l'Assemblée nationale.
01:42Et bien évidemment, ça appelle chacun à la responsabilité, parce que pour que des textes passent,
01:48il faudra non seulement pouvoir s'appuyer sur le centre, la droite républicaine, le groupe Liott,
01:54avec lesquels, vous savez, quand j'étais Premier Ministre, on a voté plus de 60 textes,
01:58mais il faut aussi que la gauche républicaine prenne ses responsabilités et accepte de rentrer dans un travail
02:04pour trouver des compromis sur des lois pour répondre aux préoccupations des Français.
02:08Elisabeth Borne, vous pouvez comprendre que les Français s'interrogent quand même.
02:11Comment vous pouvez leur justifier ce matin sur RTL, ceux qui vous écoutent ?
02:15À la fin, ce sont les perdants des législatives qui gagnent le perchoir. La présidence de l'Assemblée.
02:19Moi, je vous dis, c'est les règles de fonctionnement de l'Assemblée nationale qui fait qu'au troisième tour,
02:25c'est celui qui rassemble le plus de voix des députés qui peut être élu président ou présidente de l'Assemblée nationale.
02:33Mais ensuite, il faudra évidemment être à l'écoute de toutes les sensibilités qui sont représentées.
02:39Donc l'Assemblée, aujourd'hui, demain, ne fonctionnera pas comme elle fonctionnait, ce qui était déjà inédit hier en majorité relative.
02:47C'était quoi ? C'était champagne hier soir dans vos rangs ?
02:49Non, moi, je ne dirais pas ça. Vous savez, je pense qu'il faut faire preuve de beaucoup d'humilité,
02:57écouter les messages que les Français nous ont passés.
03:00Et je pense que, moi, j'ai entendu, vous savez, on a eu une campagne intense pour ces élections législatives.
03:06On ne peut pas ignorer le fait que beaucoup de Français ont fait part de leurs difficultés, ont exprimé du désarroi, parfois de la colère.
03:14Et bien évidemment, tous ensemble, et on voit que ça suppose que chacun prenne sa part, on devra apporter des réponses aux Français.
03:22Alors, vous le connaissez par cœur pour avoir été longtemps sa première ministre, un an et huit mois si je ne me trompe pas.
03:27Emmanuel Macron, vous, vous parlez d'humilité. Emmanuel Macron, quand même, il n'a pas dû bouder son plaisir hier soir.
03:33Je pense qu'on est tous conscients de la situation inédite à l'Assemblée et de la nécessité que chacun, en responsabilité, recherche des accords.
03:44Moi, quand j'étais première ministre, je vous dis, on a trouvé des compromis sur plus de 60 textes, souvent avec la droite de l'hémicycle,
03:52parfois avec la gauche de l'hémicycle. Mais il faut absolument que chacun se dise que, par rapport à tout ce qui a été exprimé par les Français,
04:01il faut qu'ensemble, on soit capable d'apporter des réponses sur des sujets comme le logement, comme le pouvoir d'achat.
04:07Moi, j'ai croisé beaucoup de Français qui nous disent, ça fait 20 ans que je suis dans mon entreprise, je suis toujours au SMIC.
04:13Évidemment, il faut répondre à cette attente des Français d'avoir des vraies promotions professionnelles, de la progression salariale.
04:21Il y a des demandes sur la sécurité. Il va falloir qu'on arrive à répondre ensemble pour que les délinquants soient évidemment arrêtés,
04:30qu'ils soient sanctionnés et que les sanctions soient mises en oeuvre. Donc, il y a des préoccupations qui ont été exprimées.
04:36Je pourrais aussi vous parler de la simplification des démarches. Sur tous ces sujets, il faudra qu'on puisse ensemble bâtir des compromis pour les Français.
04:45Et il va falloir qu'on ait un gouvernement.
04:47Eh bien, je pense que le gouvernement, vous voyez, il permettra aussi de traduire les majorités de projets.
04:55Mais ce sera quand ? On va passer l'été comme ça, sans gouvernement ?
04:58Ce n'est pas moi qui vais en décider. Mais vous voyez, je pense qu'à un moment donné, plutôt que de parler de postes,
05:04et on voit que le Nouveau Front Populaire jette des noms dans la nature, on n'est pas en train de parler de postes, de noms.
05:11Je pense que la priorité, c'est de partager ce qu'on a tous entendu dans la campagne, les difficultés auxquelles les Français attendent des réponses très concrètes,
05:21de pouvoir avoir un programme législatif pour les prochains mois, et de se mettre d'accord sur les groupes, les composants de l'Assemblée Nationale
05:30qui sont prêts à trouver des compromis pour répondre aux préoccupations des Français.
05:34Alors quelles mesures, par exemple ? La retraite, les salaires, c'est ça les priorités ?
05:37Vous savez, dans ma campagne, d'abord j'ai entendu un certain nombre de Français qui expriment des difficultés, alors qu'il y a des réponses.
05:45Par exemple, quand vous avez une personne âgée qui vous dit, moi je vis avec 700 euros de retraite par mois.
05:50Il y a un minimum vieillesse dans notre pays qui a plus de 1000 euros.
05:53Donc ça veut dire qu'il y a des réponses qui ne sont pas connues, et donc je pense qu'on doit travailler la main dans la main avec les collectivités.
06:00Donc ça veut dire qu'on revient en arrière sur ce dossier-là ?
06:02Je ne suis pas en train de dire ça, je dis que parfois il y a des réponses.
06:05Il y a aussi des responsabilités à prendre par les organisations patronales et syndicales.
06:12Vous savez qu'on leur avait demandé de travailler sur l'emploi des seniors, malheureusement ils n'ont pas trouvé d'accord.
06:17Donc je pense que les réponses, il faut qu'on les bâtisse en tenant compte de toutes les sensibilités à l'Assemblée Nationale.
06:24Mais ça suppose que chacun accepte de se placer dans une position, ne disent pas on a le programme du Nouveau Front Populaire, c'est ça ou rien.
06:33Qu'on puisse bâtir des compromis, qu'on travaille avec les collectivités, parce qu'aussi bien souvent il y a des réponses qui existent mais qu'elles ne connaissent pas.
06:41Vous voyez, moi j'ai vu des gens qui avaient des problèmes de garde d'enfants, on a mis des moyens dans les caisses d'allocations familiales pour apporter des solutions sur les gardes d'enfants.
06:50Toutes les collectivités ne s'en sont pas saisies.
06:52Donc c'est effectivement le gouvernement, le parlement, les collectivités, les organisations patronales et syndicales qui doivent travailler ensemble.
07:00Ça a toujours été ma conviction et moi je sors renforcée sur cette conviction de cette campagne législative que j'ai pu mener ces dernières semaines.
07:08Vous, vous avez été aux affaires, vous savez ce que c'est, on se demandait au lendemain des législatives avec aucun vainqueur, aucune majorité absolue, comment ce pays pouvait être gouverné.
07:16Est-ce qu'aujourd'hui la France elle est gouvernable concrètement ?
07:19A condition que chacun prenne ses responsabilités.
07:22Sur quoi ? Sur quel dossier concrètement ?
07:24A condition, moi je vous dis, les préoccupations que moi j'ai entendues dans la campagne, je pense que la première étape c'est bien de se dire, qu'est-ce que les français nous ont dit ?
07:33Ils ont exprimé des difficultés sur le logement, ils ont exprimé des difficultés sur le pouvoir d'achat, ils ont des attentes en termes de sécurité, ils ont des attentes en termes de simplification, des simplifications des démarches, des réglementations.
07:46Il faut qu'on se mette autour de la table et qu'on voit avec les différentes sensibilités de l'Assemblée Nationale, comment on peut bâtir des réponses ensemble.
07:54Vous pensez que c'est faisable ça, qu'on va réussir à s'entendre entre tous ces camps ?
07:57Il faut qu'on définisse peut-être un pacte législatif, un programme législatif.
08:03Il faut être aussi réaliste, on ne traitera pas tous les sujets, ça veut dire qu'il y a aussi un travail qui sera à faire par les partis politiques, et moi je pense en particulier à Renaissance,
08:15qui doit aussi, avec ses militants, avec ses responsables locaux et nationaux, avec ses élus, préparer la suite.
08:23C'est quelque chose qui est très important de pouvoir aussi, non seulement avoir ce programme de travail sur lequel on peut se mettre d'accord, mais aussi travailler à des réponses globales.
08:32C'est un enjeu très important pour les prochaines échéances et moi je souhaiterais y prendre ma part.
08:36Il y a un terrible déficit budgétaire, les finances de notre pays sont dans le rouge aujourd'hui.
08:40Il n'y a pas de gouvernement alors que nous sommes, quoi, le 19 juillet 2024. Est-ce qu'il y a de l'inquiétude chez vous ?
08:46On aura à voter un budget. Vous savez, malheureusement, moi j'ai dû recourir au 49.3 puisque les oppositions ne voulaient pas voter le budget et il faudra qu'on trouve des compromis.
08:57Parce que vous savez, si la France n'a pas de budget, ça veut dire que les fonctionnaires ne sont pas payés.
09:03Si on n'a pas de budget de la sécurité sociale, ça veut dire que les retraites ne sont pas payées.
09:08Donc en responsabilité, je pense que le moment, il nous appelle à beaucoup de gravité, d'humilité et à la nécessité de travailler ensemble.
09:16À quelle échéance ça va être ? C'est-à-dire à la rentrée ? Ce sera pour le mois de septembre ?
09:19Je pense que dans les semaines qui viennent, il faut qu'on arrive à échanger avec les différentes sensibilités représentées au Parlement et que chacun prenne ses responsabilités.
09:30Vous savez, il n'y a pas de majorité possible, il n'y a pas d'accord possible, il n'y a pas de texte qui peut être voté sans que la gauche républicaine, le centre, donc Renaissance, Modem, Horizons, la droite républicaine, sans doute le groupe Liott, se mettent d'accord sur des compromis.
09:46Ça veut dire ne pas se dire, voilà, c'est mon programme, c'est à prendre ou à laisser, mais il faut écouter les autres.
09:52C'est ce que j'ai fait, je le redis, il y a un mois sur plus de soixante textes, quand j'étais Premier ministre, c'est cette méthode qu'il faut, avec encore plus peut-être d'énergie et surtout en élargissant à la gauche de l'hémicycle, pouvoir mettre en œuvre.
10:05Vous parlez de la gauche, justement, elle est vendeboue depuis hier, depuis la réélection de Yael Brome-Pivet, donc au perchoir. Est-ce que vous allez réussir à dialoguer avec la gauche, vous pensez ? Avec toute la gauche ?
10:15Vous savez, personne n'a le choix. Personne n'a le choix. On a besoin de pouvoir voter des textes pour répondre aux préoccupations des Français. Il n'y a pas de majorité possible si la gauche républicaine n'accepte pas de rentrer dans la discussion pour trouver des compromis.
10:30Évidemment, il y a une confiance qui doit être renouée, qui doit être créée, mais on a absolument besoin, pour voter des textes, que chacun prenne sa part. Et voilà, moi je pense qu'il faut être confiant face à la situation inédite dans laquelle on se trouve, sur le fait que chacun pourra prendre sa part.
10:47Une situation très floue, on est d'accord.
10:49La situation, elle est totalement inédite, mais notre responsabilité à chacun des groupes, à chacune des sensibilités représentées à l'Assemblée nationale, c'est de se dire que les Français, ils ont des attentes fortes, il faut y répondre rapidement, ça suppose que chacun y mette du sien et qu'on puisse bâtir des compromis ensemble.
11:07Elisabeth Borne, invitée de RTL Matin, merci, à vous, entretien qu'on peut retrouver.

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