Anne Fulda reçoit Jean-Michel Arnaud pour son livre «Manifeste anti-populisme» dans #HDLivres
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00:00 Bonjour Jean-Michel Arnault.
00:01 Bonjour.
00:02 Alors vous êtes chef d'entreprise, vous êtes aussi président du festival du Palais des festivals de Cannes,
00:09 vous êtes aussi adjoint à la culture de la ville de Cannes,
00:11 et vous venez de publier avec Jean-Claude Gondar un livre "Manifeste anti-populisme",
00:16 c'est paru aux éditions Télémac.
00:18 Alors vous commencez par cette citation "Je ne suis pas un citoyen, je n'ai pas envie de le devenir,
00:22 on n'a pas de devoir par rapport à son pays, ça n'existe pas,
00:26 on est des individus, pas des citoyens, la France est un hôtel, pas plus."
00:30 Alors cette phrase n'est pas de vous, c'est une citation de Michel Houellebecq,
00:35 est-ce que les français sont tous aussi désabusés que lui vis-à-vis de la citoyenneté ?
00:40 Alors j'ai beaucoup d'admiration, beaucoup de respect pour Michel Houellebecq,
00:43 c'est peut-être aussi pour ça qu'on le cite avec Jean-Claude tout de suite en émettant le bouquin,
00:46 après c'est forcément pour faire débat, pas pour faire polémique mais pour faire débat,
00:50 et je pense que s'il cite ce genre de phrase,
00:54 c'est aussi pour provoquer peut-être une réaction,
00:58 peut-être une réaction de dire non, finalement qu'est-ce qui est devenu le citoyen ?
01:02 Et c'est bien l'objet du bouquin,
01:04 c'est vrai que certains pensent qu'un pays c'est un hôtel,
01:08 que la nation c'est le monde et que le citoyen il est mondial, il est plus national,
01:15 or le citoyen c'est la nation.
01:17 Alors effectivement vous constatez, sur le constat,
01:19 vous constatez que nous sommes dans une démocratie dévitalisée,
01:23 mais comment justement redonner de la vie à cette démocratie atone, amorphe,
01:30 qui est effectivement vengée par le populisme ?
01:33 Oui, on a une démocratie qui est démotivée, déstabilisée, un peu covidée,
01:43 c'est un peu pandémique tout ça,
01:44 et le procès c'est un procès de décivilisation,
01:49 on peut reprendre le concept de Norbert Elias,
01:51 petit à petit il y a tellement de violence aujourd'hui,
01:53 des violences verbales, des violences physiques,
01:55 partout, entre les grands, les petits, les villes, les campagnes,
01:59 toutes les catégories socio-professionnelles, les ultra-riches, les moins riches,
02:07 en fait c'est une opposition permanente dans une société qui devrait faire corps,
02:10 et en fait on ne fait qu'opposer des verticales, c'est-à-dire des clans,
02:15 et le peuple en fait, Demos, est devenu une espèce de tribu,
02:19 tous les français fonctionnent aujourd'hui en tribu.
02:21 Vous écrivez "les démocraties sont dévitalisées,
02:24 donc elles ont perdu à la fois leur moteur, le peuple, donc Demos,
02:27 et leur carburant, le pouvoir",
02:28 c'est quelque chose sur lequel il faudrait peut-être plus insister,
02:31 parce que peut-être que c'est cette deuxième partie qui peut changer la donne justement.
02:35 Oui, parce que le citoyen, il a toujours critiqué,
02:38 pour qui se retrouve le citoyen,
02:40 c'est-à-dire avoir envie de vivre avec d'autres gens,
02:42 parce que c'est ça le citoyen, la civilisation ça donne le citoyen,
02:45 et le citoyen c'est vivre avec d'autres gens,
02:47 en définissant des règles de mœurs, de conduite, de respect de l'autre,
02:51 et ça dépend évidemment du citoyen,
02:53 qui doit reprendre l'art d'être, ou réapprendre l'art d'être gouverné,
02:57 mais aussi au gouvernant de réapprendre l'art de gouverner.
03:00 Et ce qui manque beaucoup aujourd'hui à nos gouvernants,
03:03 c'est un projet, et puis c'est de l'incarner,
03:06 et puis aussi c'est de le mettre en œuvre.
03:09 Et c'est ce qu'attend le citoyen,
03:10 il est déçu parce qu'il est trop peu consulté,
03:12 d'après ce qu'on peut voir,
03:14 on a une démocratie qui est dévitalisée aussi,
03:17 parce qu'elle devrait parler plus souvent à ses citoyens,
03:20 et puis des gouvernants qui,
03:23 sauf dans les grandes échéances politiques,
03:28 abordent les sujets, les vrais sujets du citoyen,
03:31 mais les résolvent très peu,
03:32 et donc c'est ce qui déçoit le citoyen,
03:33 et donc la boucle est bouclée,
03:35 c'est-à-dire que le citoyen est déçu,
03:36 donc il abandonne un peu toutes ses croyances.
03:39 - Alors vous, vous misez sur un renouveau des formes de démocratie directe,
03:42 notamment dans la gestion locale,
03:45 est-ce que ce n'est pas un rêve utopique lorsqu'on voit
03:47 tous ces maires qui démissionnent les uns après les autres ?
03:51 - Alors je pense qu'une des raisons pour lesquelles ces maires démissionnent,
03:53 c'est qu'ils sont un peu abasourdis par le manque de moyens qu'ils ont,
03:58 et par le manque de respect qu'ils ont des institutions.
04:02 La collectivité locale, c'est la pierre angulaire du système.
04:06 Un maire ou un élu, il voit les citoyens toute la journée,
04:10 il est confronté aux citoyens toute la journée.
04:13 Et c'est vrai que des périodes de décentralisation, il y en a eu beaucoup,
04:16 des périodes de déconcentration, il y en a eu beaucoup.
04:18 Et je pense qu'il faut, l'idée aujourd'hui,
04:21 c'est évidemment de donner de plus en plus de pouvoir
04:24 en décentralisé et aux élus locaux,
04:27 pour qu'ils puissent recréer cette espèce de démocratie,
04:30 de l'échange avec les citoyens,
04:32 et montrer que le pouvoir, il est là, ce n'est pas un hasard.
04:35 Les élus sont des représentants des citoyens,
04:36 ils sont citoyens eux-mêmes, ce ne sont pas des gens qui sont parachutés.
04:39 Ce sont des élus, ils vivent dans les villes comme les citoyens.
04:42 C'est redonner du sens à ce discours et à cette action,
04:45 et donc redonner du pouvoir.
04:46 - Oui, et c'est selon vous, une manière de lutter contre l'incivisme ?
04:50 Et c'est dans le droit fil d'un livre que vous aviez écrit avec David Lysnark,
04:53 le maire de Cannes avec lequel vous travaillez,
04:56 qui s'appelait "Refaire communauté" pour en finir avec l'incivisme.
05:00 - Absolument.
05:01 - En tout cas, je vous conseille vraiment la lecture de ce livre,
05:04 "Manifeste antipopulisme",
05:06 c'est paru aux éditions Télémac.
05:09 Merci beaucoup Jean-Michel Arnault.
05:11 - Merci.
05:12 (Générique)
05:15 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]