C'est quoi, le Parti pirate ? Avec Florie Marie, présidente du Parti pirate

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Vous en avez peut-être déjà entendu parler, par exemple, lors d'élections locales. C'est un parti politique très à cheval sur les libertés individuelles sur Internet. Mais au fait, c'est quoi le Parti pirate ? Sa présidente, Florie Marie, est l'invitée de Métadonnées.

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Transcription
00:00 Vous en avez peut-être déjà entendu parler par exemple lors d'élections locales. C'est un parti politique
00:04 particulièrement à cheval sur les libertés individuelles sur internet. Mais au fait, c'est quoi le parti pirate ?
00:10 Bienvenue dans Métadonnée, le podcast qui revient aux fondamentaux de la tech.
00:14 Bonjour Florie-Marie. - Bonjour Raphaël. - Merci beaucoup d'être avec moi dans Métadonnée. Tu es présidente
00:25 du parti pirate international et puis tu es aussi porte-parole du parti pirate en France parce qu'on va en parler évidemment de ce parti pirate
00:32 qui est un parti qui existe depuis maintenant quelques années, qui est un peu partout en Europe.
00:36 Mais déjà justement, je voudrais qu'on revienne aux fondamentaux. Alors moi,
00:39 j'ai déjà entendu parler évidemment du parti pirate. J'ai vu qu'il y avait des candidats régulièrement. Mais au fond,
00:44 on ne vous connaît pas forcément très bien. Là, on ne vous voit pas forcément beaucoup non plus. Mais est-ce que tu peux m'expliquer un petit peu
00:51 comment est né ce parti ?
00:53 - Le parti pirate est né en 2006 en Suède et arrivé en 2009 en France. En Suède, il a été créé par les fondateurs
01:00 de The Pirate Bay, le site internet qui permettait de télécharger illégalement. - Qui pour le coup est un vrai site pirate, illégal, on le précise quand même.
01:07 - Oui, oui, oui.
01:08 Oui, oui. Et à l'époque, on les avait qualifiés de pirates. On leur avait dit que c'était des pirates et
01:14 ils se sont engagés en politique en disant "Ok, on est des pirates, et bien très bien, on va le porter comme une bannière".
01:18 Et ils ont créé le parti pirate à cette époque-là. Et après, c'est arrivé en France en 2009 avec
01:22 la loi Adopi qui a généré une grosse opposition.
01:27 Et donc, il y a eu une création à ce moment-là du parti pirate en France
01:30 et partout en Europe un peu avec les mêmes ambitions.
01:34 - Alors, je rappelle juste la loi Adopi. C'était une loi qui visait à empêcher encore une fois le piratage, ce qui fait que si on allait...
01:39 Alors, à l'époque, c'était les torrents notamment.
01:41 - Idonkis.
01:43 - Idonkis, voilà.
01:44 Donc, si on allait télécharger des torrents, des films ou de la musique piratée, on se faisait identifier, on recevait un petit courrier. Moi, j'en ai reçu un.
01:50 - J'en ai reçu deux.
01:52 - Moi, c'était pour l'aile ou la cuisse, tu vois. Je ne sais pas si je peux en être très fier.
01:55 C'est un super film d'ailleurs, donc si, j'en suis très fier.
01:57 Mais je ne suis pas très fier d'avoir piraté à l'époque.
02:00 Et puis bon, la Adopi en 2009 qui n'existe finalement quasiment plus.
02:06 Mais c'est vrai qu'à l'époque, on en avait beaucoup parlé.
02:08 - Ça existe toujours à travers l'Arkcom.
02:11 C'est l'Arkcom qui existe aujourd'hui et qui continue à militer contre le téléchargement illégal.
02:15 J'ai vu qu'il y avait une promotion en ce moment diffusée sur France Télévisions.
02:19 Enfin, une promotion, une sorte d'annonce très très mal, je trouve très très mal engagée.
02:27 Où on compare le fait de télécharger illégalement sur des sites internet illégaux à une maladie psychologique.
02:35 Je trouve que c'est très psychophobe et absolument pas du tout approprié.
02:39 - Mais alors, juste, je reviens sur globalement.
02:41 Donc, Suède, Pirate Bay, c'est illégal.
02:44 En France, on est en, si je raisonne, je suis anti-piratage.
02:50 Je suis pro-piratage, je m'appelle parti pirate.
02:53 Donc, la question quand même que je me pose, c'est est-ce que le parti pirate est pour le fait de pirater illégalement ?
02:58 Est-ce que c'est une revendication, un droit à l'illégalité ?
03:00 C'est un peu bizarre de dire ça, ça ne veut pas dire grand-chose.
03:02 - Non, ce n'est pas vraiment un droit à l'illégalité.
03:04 C'est un droit au partage de la culture, au partage libre de la culture et de la connaissance.
03:07 - Mais il faut rémunérer les gens.
03:08 - Oui, il faut rémunérer les gens.
03:09 C'est pour ça qu'on lutte pour le revenu de base.
03:11 Donc, on a dans notre programme politique, on a le principe du revenu de base.
03:15 Le fait qu'on estime que tout le monde devrait avoir un revenu minimum, garanti.
03:19 - Pas que les artistes, tout le monde, on est d'accord.
03:22 - Mais aussi les artistes.
03:23 Et du coup, on milite surtout, en fait, on milite pour les artistes.
03:27 Mais on milite surtout contre les ayants droit et contre les personnes qui vont,
03:31 enfin, pas tous les ayants droit du coup,
03:33 mais les personnes qui vont se faire énormément d'argent sur le dos des artistes.
03:36 - Toutes les strates intermédiaires.
03:38 - C'est ça, les grossistes de la culture, en gros.
03:40 - Oui, c'est-à-dire les maisons de disques, les gros ayants droit, la distribution, j'imagine aussi un petit peu.
03:46 - Oui, les héritiers aussi.
03:48 Parce qu'on estime qu'à partir du moment où l'artiste est décédé,
03:51 son œuvre devrait aller dans le domaine public et pas 70 ans ou 100 ans après.
03:55 - Après sa mort ou sa naissance ?
03:57 - Après sa mort, après sa naissance, je ne sais plus si c'est après sa mort.
03:59 - Oui, en général, on a le temps d'avoir au moins deux générations après.
04:02 - Oui, mais là, c'est pas normal.
04:04 Enfin, à partir du moment où l'artiste est décédé,
04:06 pendant sa vie, qu'il puisse bénéficier de son art pour pouvoir vivre,
04:11 pourquoi pas, c'est une bonne chose, bien sûr,
04:13 mais une fois qu'il est décédé, il n'y a pas de raison que ses enfants bénéficient de ce que les parents ont fait.
04:17 Parce que là, dans ce cas-là, on se retrouve dans une société qui est complètement injuste et inéquitable.
04:21 Et en plus, les œuvres culturelles devraient être du domaine public dès la mort de l'artiste ou même avant.
04:26 Mais bon, le parti pirate n'est pas encore allé aussi loin dans son programme.
04:30 Mais en tout cas, nous, on milite pour l'accès libre à la culture et aux connaissances.
04:34 - Oui, mais alors justement, ça a été créé comme une opposition,
04:38 alors comme quelque chose de militant sur un point très précis, finalement,
04:41 qui est la question, finalement, de la culture et de l'accès à cette culture via Internet.
04:46 Mais comment, enfin, pourquoi est-ce que c'est devenu un parti ?
04:49 Parce qu'un parti politique, ça a quand même vocation in fine à gouverner
04:53 et donc à régir l'ensemble des sujets de la société.
04:56 Donc pourquoi est-ce qu'on part de ça et qu'on veut en faire un parti
04:58 et qu'on reste pas juste, finalement, une sorte d'association
05:01 qui milite pour l'accès à la culture ?
05:04 - On disait un peu la même chose des Verts,
05:07 qui étaient à la base un parti qui militait pour l'environnement.
05:10 Et puis on se rend compte aujourd'hui que l'environnement, c'est un sujet transverse.
05:13 Internet, qui est un sujet important aussi pour le parti pirate,
05:16 enfin, c'est LE sujet du parti pirate.
05:18 Aujourd'hui, Internet, c'est un sujet complètement transverse.
05:20 On a Internet dans tous les domaines de notre vie.
05:22 On utilise Internet au quotidien.
05:24 - Même le numérique en général, d'ailleurs.
05:25 - Le numérique en général, la technologie, les nouvelles technologies en général.
05:28 Et le fait qu'on soit tous hyper connectés au quotidien,
05:31 mais tous sans exception.
05:32 C'est-à-dire qu'on a tous un téléphone, on a tous un ordinateur
05:35 qui est connecté à Internet.
05:36 Et on peut aujourd'hui, dans la rue, se connecter à Internet.
05:38 La plupart des démarches, de plus en plus de démarches,
05:40 se font maintenant sur Internet.
05:41 Les démarches administratives, les démarches légales.
05:43 Donc on a de plus en plus une présence de tout le monde sur Internet.
05:48 Et il y a un moment où il faut se poser la question
05:51 de comment est-ce qu'on gère cette présence-là.
05:53 Nous, au parti pirate, on a une réflexion autour de ça.
05:56 On se pose des questions autour, effectivement,
05:58 du partage de l'accès libre à la culture et aux connaissances.
06:01 Mais aussi des données individuelles, des données personnelles,
06:04 de la vie privée, de la façon dont on va prendre des décisions
06:07 aussi collectivement.
06:08 Parce qu'aujourd'hui, on fait démocratie à travers des représentants.
06:11 Mais demain, on pourrait très bien faire démocratie
06:13 à travers une utilisation raisonnée et raisonnable d'Internet.
06:16 Je ne parle pas du vote électronique, on pourrait en parler.
06:19 Mais d'une autre manière.
06:21 - Donc c'est un prisme.
06:22 Comme les verts voient tout, entre guillemets, par le prisme écolo,
06:25 vous vous dites "non, notre prisme, c'est le numérique".
06:28 Et par le numérique, c'est avec le numérique qu'on va s'attaquer
06:31 entre guillemets aux problèmes de notre société.
06:33 Alors, juste concrètement, parti pirate, vous êtes combien ?
06:36 Il y en a un peu partout dans le monde ?
06:38 Plus tôt en Europe ?
06:39 - Alors, beaucoup en Europe.
06:41 Majoritairement en Europe, parce que c'est arrivé de Suède.
06:43 - Ça vient de Suède et de...
06:44 - Et puis c'est un parti qui a eu beaucoup de vocation en Europe.
06:49 Beaucoup aussi intéressants en Asie et en Amérique latine.
06:54 Et en Amérique du Nord aussi, un peu, beaucoup moins.
06:58 Mais aujourd'hui en France, on a à peu près 500 adhérents.
07:01 Sachant qu'une adhésion au parti pirate français,
07:03 c'est quelque chose de très engageant.
07:05 Parce qu'on rentre dans l'assemblée permanente,
07:07 donc ça veut dire qu'on va être en capacité de décider du programme.
07:09 - Donc on est adhérents, on est militants.
07:11 - Exactement.
07:12 - On n'est pas seulement adhérents.
07:13 - On est adhérents, mais actifs.
07:14 On n'est pas passifs, comme dans la plupart des partis traditionnels aujourd'hui,
07:16 où vous allez adhérer, vous n'allez juste même pas payer de cotisation
07:18 la plupart du temps et être inscrits.
07:20 Les partis politiques aujourd'hui, la plupart d'entre eux,
07:22 c'est des listes de diffusion.
07:23 Nous, on est un vrai parti politique,
07:25 avec une vraie réflexion collective de tous les membres.
07:27 Donc tout le monde peut participer vraiment à l'orientation
07:30 programmatique de notre organisation, de notre parti politique.
07:33 Et donc, au niveau européen,
07:35 il y a beaucoup de partis dans beaucoup de pays différents.
07:38 Les deux plus gros, on va dire,
07:40 les deux plus grosses organisations politiques aujourd'hui,
07:42 c'est en Allemagne, historiquement,
07:44 et on a, je crois, entre 25 et 30 000 membres en Allemagne.
07:47 - Ah oui ?
07:48 - Et en République tchèque aussi, de plus en plus,
07:50 où là, on va avoir même deux ministres et des députés.
07:55 On a trois députés européens en République tchèque et un en Allemagne.
07:58 - Et pourquoi il y a la République tchèque ?
08:00 Enfin, je sais pas, moi, ça me paraît inattendu.
08:02 - En République tchèque, dans tous les pays,
08:04 il y a des gros sujets sur lesquels se positionnent les pirates,
08:07 en priorité. En République tchèque, le gros sujet, c'est la corruption.
08:10 Donc tous les partis pirates dans le monde militent
08:12 contre la corruption politique et la corruption dans ce large.
08:15 - Bon, en priori, j'ai envie de dire presque tous les partis politiques,
08:17 - En théorie, en théorie.
08:18 - Pas quand on regarde les partis politiques en France,
08:20 qu'ils militent contre la corruption, ça m'étonnerait beaucoup,
08:23 parce qu'ils sont quand même tous beaucoup très corrompus.
08:25 - Ça, je te laisse la responsabilité de ce propos, mais...
08:28 - Je suis complètement, absolument, à 100% dans ce propos-là.
08:31 Mais je l'ai déjà dit, mais en France, on s'en fiche un peu de la corruption,
08:34 donc c'est pas vraiment un sujet...
08:35 - Oui, tu veux dire que c'est pas au cœur, c'est pas aussi important que ça devrait l'être.
08:38 - C'est ça. Nous, c'est important pour nous, on signe la charte à April,
08:41 enfin, on est vraiment... enfin, anticorps.
08:43 On est vraiment ultra... c'est anticorps, pardon.
08:46 On est vraiment ultra engagés contre la corruption, globalement,
08:49 mais en République tchèque, c'était vraiment un vrai sujet de société
08:53 qui faisait qu'il y avait une défiance envers la politique,
08:55 et donc les pirates se sont positionnés contre la corruption là-bas,
08:58 et sur tout un tas d'autres sujets aussi.
09:00 - Et finalement, ils ont réussi à s'imposer un peu plus qu'ailleurs.
09:03 - Oui, ils ont réussi à se faire entendre,
09:06 et ils ont travaillé aussi beaucoup avec le mouvement,
09:09 les mouvements municipalistes là-bas,
09:11 et donc ils se sont retrouvés assez vite au pouvoir, finalement,
09:14 et ils ont bénéficié aussi d'un système électoral qui est plutôt favorable
09:17 pour les petites organisations,
09:19 en tout cas pas aussi défavorable que le nôtre en France.
09:21 - Et du coup, c'est quand même assez original,
09:24 parce que, autant au niveau européen,
09:26 les partis, quand ils sont ensemble au Parlement européen,
09:29 ils ont des alliances entre eux, avec Renaissance, Reunion Europe,
09:32 enfin bon, il y a des "surgroupes", des métagroupes.
09:34 - Oui, c'est ça.
09:35 - Vous, c'est un unique parti, j'ai l'impression qu'il y a un lien
09:39 qui est plus important, finalement.
09:41 Est-ce que le parti pirate, parce que toi tu es présidente du Parti Pirate International,
09:45 et porte-parole du Parti Pirate Français,
09:47 est-ce que ce sont deux partis différents ?
09:49 Ou est-ce que ça se mêle totalement dans les revendications ?
09:51 Parce que dans le programme, on se doute qu'il y a des spécificités par pays, quand même.
09:55 - Oui, il y a des spécificités par pays.
09:57 Là, on travaille en ce moment à la création du programme européen,
10:01 enfin à une nouvelle mouture du programme européen,
10:04 parce qu'on avait déjà un programme européen pour 2019,
10:06 où on a participé aux élections en 2019,
10:08 en France et dans plein de pays en Europe,
10:10 et là, on a le Parti Pirate International,
10:13 le Parti Pirate Européen, et les partis pirates dans tous les pays.
10:16 Donc chaque organisation est complètement indépendante,
10:19 on rassemble tous les partis au sein du Parti Pirate International,
10:23 c'est une sorte d'organisation ombrelle, un peu,
10:25 où on va essayer de proposer des solutions,
10:27 on va essayer de proposer de l'aide pour chacun de ces pays,
10:29 on va essayer de les mettre en relation.
10:31 C'est aujourd'hui, le Parti Pirate International,
10:33 on travaille beaucoup sur une refonte du niveau international,
10:37 parce que ça a été longtemps un peu laissé à l'abandon total,
10:41 et on a créé quelque chose, on n'a pas vraiment su quoi en faire.
10:44 Mais le Parti Pirate International, c'est une organisation
10:46 qui a sa place...
10:49 écossoc, alors je...
10:53 qui a sa place au sein de l'ONU,
10:55 qui peut intervenir à l'ONU,
10:59 - Qui a une voix à l'ONU.
11:01 - Qui a pas une voix à l'ONU à proprement parler,
11:02 mais qui a une voix à l'écossoc,
11:03 qui peut participer, qui peut intervenir à ce niveau-là.
11:05 - Il y a une certaine reconnaissance quand même par l'ONU.
11:08 - Oui, en fait, oui, du Parti Pirate International.
11:11 Donc c'est une organisation non-gouvernementale,
11:13 le Parti Pirate International.
11:14 Les partis pirates dans tous les pays
11:16 peuvent être membres du Parti Pirate International,
11:18 ils peuvent, c'est pas obligatoire,
11:20 mais ils peuvent être membres du Parti Pirate International,
11:22 et à ce titre, on va prendre des orientations internationales ensemble.
11:27 Et on peut être aussi membre, en tant que parti pirate en Europe,
11:30 on peut être membre du Parti Pirate Européen,
11:32 et là, au niveau européen, il y a la création,
11:34 l'écriture d'un programme commun
11:36 pour les élections européennes de l'année prochaine,
11:38 qui est en cours et qui va être votée dans les jours qui viennent.
11:41 Et donc, chaque parti pirate a sa propre ligne programmatique,
11:46 a sa propre orientation,
11:48 mais on va quand même rejoindre beaucoup
11:50 les orientations politiques au niveau européen
11:52 et au niveau international,
11:53 histoire d'avoir une ligne politique assez commune et assez claire.
11:56 - Mais alors, question toute bête,
11:57 c'est qui le ou la chef du Parti Pirate en France ?
11:59 - On n'en a pas.
12:00 - Si demain, vous vous présentez à la présidentielle,
12:02 vous faites comment ?
12:03 - On désignera quelqu'un en le lisant.
12:05 - C'est ça, donc il y aura une élection du candidat ou de la candidate
12:09 à un moment donné, mais il n'y a pas de chef de parti en fait ?
12:12 - Non, pas en France.
12:13 On en a eu pendant un moment, et puis on est revenu dessus.
12:16 Et là maintenant, on a tous les membres,
12:18 enfin toutes les personnes qui sont adhérentes du Parti Pirate
12:20 peuvent participer à la prise de décision.
12:22 - Et il y a plusieurs porte-parole ?
12:23 - Et il y a plusieurs porte-parole, on est 11 porte-parole aujourd'hui.
12:26 - D'accord, tu es une des 11 porte-parole du Parti Pirate Français.
12:28 - Je suis la seule présidente internationale,
12:30 mais ça, ça a vocation à changer aussi,
12:32 je l'espère, très vite.
12:33 - Et vous ne galérez pas trop pour faire un programme du coup ?
12:36 - En France ?
12:37 - Oui, enfin oui, par coyeur, mais j'imagine en France,
12:40 tu me dis, on n'a pas de chef, on est 11 porte-parole,
12:42 tout le monde décide, on est 500.
12:44 - On a 300 pages de programme.
12:47 - 300 pages de programme, oui, mais comment vous...
12:49 Enfin, ça doit être un peu compliqué.
12:51 - En fait, non, c'est hyper intéressant,
12:53 parce qu'à chaque fois qu'on a quelque chose à proposer,
12:55 on le pose sur le forum, on discute,
12:57 on a un débat qui est ouvert, on va alimenter ce débat.
13:00 - Ça se passe beaucoup en ligne ?
13:01 - Ça se passe exclusivement, enfin principalement en ligne,
13:03 je dis pas exclusivement, mais ça se passe principalement en ligne.
13:05 Les arguments sont posés en ligne,
13:07 il y a un côté un peu froid aussi,
13:09 dans le sens, c'est pas à chaud qu'on va débattre,
13:12 on va surtout débattre à froid,
13:13 on va poser les arguments, on va lire les arguments,
13:15 et on va poser d'autres arguments.
13:17 Donc effectivement, il faut avoir une capacité d'écriture,
13:20 bien sûr, mais on peut aussi travailler à l'oral,
13:24 pareil, en ligne aussi, avec les Discord.
13:27 - On fait des petits zooms.
13:28 - On utilise Discord, nous, par contre.
13:29 - Un zoom, maintenant c'est devenu une expression.
13:31 - En France, on utilise Discord,
13:33 au niveau européen, on utilise Mattermost et Jitsi,
13:36 et au niveau international, on utilise encore d'autres outils.
13:38 - Ah oui, bon.
13:39 - On utilise plein d'outils.
13:40 On a tendance à dire "un pirate, un outil",
13:42 donc au niveau des outils, on en a plein.
13:44 Mais ouais, on utilise beaucoup les outils en ligne,
13:46 de toute façon, pour travailler.
13:48 On a notre propre outil pour prendre des décisions collectivement,
13:51 on a un outil qui a été développé par un pirate, notamment,
13:54 qui s'appelle Kongressus,
13:55 et qui nous permet de prendre des décisions
13:57 avec nos méthodes de vote à nous, à savoir
13:59 en assemblée permanente, en démocratie liquide,
14:02 démocratie délégative,
14:03 donc on va déléguer nos votes,
14:05 ou on va les conserver pour soi-même,
14:06 à une ou plusieurs personnes,
14:07 enfin voilà, on va voter tous ensemble,
14:09 et cet outil nous permet aussi de tenir des réunions,
14:12 d'avoir les comptes rendus,
14:13 d'avoir les votes en ligne,
14:15 et de voter tous les mois.
14:16 - Oui, c'est long, en fait, vous forcez un peu le temps de la réflexion,
14:18 parce qu'avant l'émission, je vais pas te demander
14:20 de développer là-dessus, promis,
14:22 mais on parlait du Bitcoin,
14:24 on parlait des cryptos, et justement, tu me disais,
14:26 il n'y a pas encore de position sur les cryptos,
14:28 pourtant le Bitcoin, ça fait quand même...
14:30 - Un moment que ça existe, ouais.
14:31 - Un moment que ça existe, donc voilà, tu attends
14:33 d'en discuter,
14:35 - On en discute au quotidien.
14:37 - Enfin, vous en discutez, mais tu attends qu'il y ait une position
14:39 qui fasse consensus, pour ensuite t'exprimer.
14:41 Je trouve que c'est un bon exemple, je te demande pas évidemment
14:43 d'en parler sur le contenu, sur le fond,
14:46 mais sur la forme, c'est intéressant.
14:47 - Sur la forme, en fait, oui, c'est ça,
14:48 c'est que, moi, j'aurais toujours,
14:50 enfin, j'aurais pas toujours, j'ai pas toujours un avis sur tout.
14:52 - Non, mais à titre personnel, t'as forcément un avis.
14:54 - Je commence à avoir un avis sur la question,
14:57 on en parlait tout à l'heure,
14:58 je commence à avoir un avis, je commence à comprendre un peu
15:00 comment tout ça fonctionne, et je commence à me faire un avis
15:02 sur le sujet, sur plein de sujets comme ça,
15:04 j'avais mon avis aussi en arrivant au Parti Pirate
15:06 sur certains sujets, sur l'énergie, c'était le sujet
15:08 le plus intéressant, sur lequel, enfin, on a plein de sujets,
15:10 mais c'est le sujet le plus intéressant globalement
15:12 sur lequel on a eu un débat assez conséquent,
15:14 et donc on va avoir plusieurs personnes
15:17 qui vont avoir un avis sur le sujet,
15:19 et qui vont venir avec cet avis, et qui vont débattre
15:21 sur la question, et au final, nous, ce qu'on va essayer
15:23 de faire, c'est de trouver une position qui soit consensuelle,
15:25 qui représente l'avis général de tout le monde,
15:28 qui permet à tout le monde de s'y retrouver,
15:30 sans pour autant être complètement,
15:33 enfin, je vais pas dire clivant,
15:35 parce que oui, on peut être très clivant sur certains sujets,
15:37 on est en faveur de la légalisation du cannabis,
15:40 enfin, il y a des sujets sur lesquels on est peut-être
15:42 un peu clivant, mais sur certains sujets,
15:44 on va essayer de trouver une position consensuelle,
15:46 donc sur les crypto-monnaies, sur le Bitcoin,
15:49 et globalement sur la blockchain, on va, nous, d'abord,
15:52 réfléchir au sujet, se poser les questions,
15:54 poser le pour, poser le contre, et c'est ce qu'on fait en ce moment,
15:57 ça fait un moment que ça dure, parce qu'il y a beaucoup, beaucoup
15:59 de personnes qui veulent intervenir sur ce sujet-là,
16:01 et on a, pour le moment, pas eu la...
16:03 on a eu personne qui a fait une proposition concrète
16:06 de point de programme, il faut que quelqu'un
16:08 se saisisse du sujet, fasse une proposition concrète,
16:10 et que cette proposition soit soutenue par plusieurs personnes,
16:12 ce qui n'est pas encore arrivé. - Donc c'est les sujets plus que les personnes, en fait.
16:14 - C'est les sujets plus que les personnes, oui.
16:16 - Enfin, les compétences, j'imagine. - Et du coup, c'est vrai que ça...
16:18 il faut aussi prendre un certain recul,
16:20 parce que c'est vrai que c'est compliqué, parfois,
16:22 quand on arrive au parti pirate avec un avis, de se dire
16:24 "moi, c'est mon avis, mais c'est pas moi, c'est l'avis en question,
16:26 c'est le sujet, c'est pas moi qui suis concernée
16:28 quand je vais dire "mais moi, je suis pas d'accord avec ton avis,
16:30 je suis pas d'accord avec ton avis, je suis pas d'accord
16:32 avec ce que tu dis, mais c'est pas pour autant
16:34 que je te déteste, ou que je te hais, ou quoi que ce soit".
16:36 - Oui, bien sûr. - Donc ça impose aussi
16:38 une certaine forme de recul
16:40 sur les positions qu'on peut avoir... - Oui, c'est le contraire de Twitter, en gros.
16:42 - Ouais, carrément ! - Si on veut résumer,
16:44 c'est "on prend Twitter, on fait le contraire". - C'est exactement ça.
16:46 - Alors, malgré tout,
16:48 il y a évidemment des gens qui représentent
16:50 le parti pirate, parce qu'il faut bien présenter
16:52 des candidats à certaines élections.
16:54 Alors, en France, vous présentez
16:56 à quel type d'élection ? Je sais pas si
16:58 vous avez déjà essayé un jour d'avoir
17:00 un péranage pour la présidentielle,
17:02 ou si vous en avez eu un... - Non, on n'a pas eu un.
17:04 - Vous n'en avez pas eu ? - Non. - Mais alors, du coup,
17:06 d'autres élections ? Est-ce que vous avez des élus
17:08 en France, je sais pas, au niveau
17:10 régional, municipal ? - Oui, alors,
17:12 on a des élus municipaux.
17:14 On a un élu
17:16 à Marseille, on a une élu à Strasbourg,
17:18 on a un élu à Pesançon,
17:20 on a... Toujours dans la majorité,
17:22 là, pour les trois villes que je viens de citer.
17:24 Après, on a des élus aussi dans certaines oppositions,
17:26 à Fécamp, on a un élu aussi
17:28 à Saint-Marc-d'Outillier,
17:30 dans la Sarthe.
17:32 C'est très spécifique. - Mais c'est intéressant,
17:34 parce qu'il y en a quand même... Alors bon,
17:36 Paris, c'est particulier, mais
17:38 finalement, c'est quand même assez "bien réparti",
17:40 il y en a un peu partout, quoi.
17:42 - Oui, c'est ça. - Il y a pas...
17:44 - La grosse difficulté qu'on a eu, nous,
17:46 en étant au Parti Pirate, c'est que
17:48 on n'avait pas la possibilité
17:50 de tous se réunir au même endroit,
17:52 mais on avait quand même besoin de tous pouvoir
17:54 parler ensemble. Et donc, on a créé cette
17:56 organisation en ligne pour pouvoir vraiment
17:58 tous parler ensemble. Donc, on a des personnes
18:00 qui sont membres du Parti Pirate, qui sont au fin fond
18:02 du fin fond de n'importe quel département
18:04 en dehors de la région parisienne,
18:06 et on a des gens aussi qui sont à l'extérieur
18:08 de la France, on a des gens qui sont un peu partout.
18:10 J'avais un ami qui était au Canada il n'y a pas très longtemps,
18:12 et qui est revenu là, qui est membre du Parti Pirate,
18:14 qui est revenu il y a deux semaines, mais qui était au Canada,
18:16 et qui a passé un an au Canada, donc lui aussi, il voulait
18:18 participer au Parti Pirate. Et donc,
18:20 cette technique
18:22 qu'on a aujourd'hui de développer,
18:24 de dialoguer en ligne, nous permet
18:26 vraiment d'inclure le plus possible toutes les personnes
18:28 qui veulent vraiment participer, et pas seulement
18:30 les Parisiens, les Bretons, les Alsaciens...
18:32 - Oui. - Enfin, il y a vraiment
18:34 tout le monde qui peut venir et participer
18:36 au débat. - Si on en vient
18:38 un peu au programme, justement, parce que
18:40 apparemment, vous discutez beaucoup
18:42 pour vous mettre d'accord, donc on va quand même parler
18:44 de ce sur quoi vous êtes d'accord, sur vos revendications.
18:46 C'est quoi ? Alors, évidemment,
18:48 tu parlais de l'accès à la culture, notamment
18:50 sur Internet.
18:52 C'est quoi vos grandes lignes ?
18:54 - Nos grandes lignes, c'est trois mots, c'est
18:56 liberté, démocratie et partage.
18:58 Donc, partage, on en a parlé, le partage des
19:00 régions. - Donc, j'imagine que l'open source, vous êtes plutôt
19:02 pour... - En fait, oui, l'open source,
19:04 le logiciel libre... - Le logiciel libre, donc je rappelle,
19:06 c'est un logiciel dont le code est ouvert,
19:08 qui permet à tout le monde de consulter le code
19:10 et de l'améliorer.
19:12 - Oui, c'est ça. Et un open source,
19:14 il faut absolument aller dans cette direction,
19:16 comme dirait Emmanuel Macron,
19:18 il n'y a pas très longtemps, parce que c'était un clubby blugaire incompréhensible,
19:20 mais bon. L'open source,
19:22 le logiciel libre, c'est quelque chose qui est
19:24 inscrit dans notre ADN, en fait, dans nos
19:26 statuts, carrément, où on dit que le Parti
19:28 pirate milite pour les logiciels libres et s'inscrit
19:30 complètement dans ce mouvement-là.
19:32 Donc nous, on est très favorable à ça,
19:34 on souhaiterait, et on souhaite, et on met en place
19:36 même le logiciel libre dans les
19:38 organisations dans lesquelles on a des élus,
19:40 autant que faire se peut.
19:42 Donc on a de plus en plus de logiciels libres,
19:44 enfin, de plus en plus
19:46 de militants qui... Enfin, non, pardon,
19:48 j'ai du mal.
19:50 On essaye, nous, en tout cas, de développer le logiciel libre
19:52 dans les institutions
19:54 dans lesquelles on a des élus.
19:56 - Donc, en fait, à chaque fois que vous avez
19:58 quelqu'un qui est sur place, c'est une de ces missions,
20:00 en gros, c'est de pousser un petit
20:02 peu le logiciel libre. - Ben, c'est ce que
20:04 nos élus font la plupart du temps.
20:06 - Et ça marche ?
20:08 - Ouais, en fait, oui. Paradoxalement, oui.
20:10 Notre gouvernement
20:12 a choisi, enfin, notre
20:14 État a choisi d'aller vers Microsoft
20:16 et de mettre en place Microsoft partout
20:18 unilatéralement. Mais
20:20 quand on a les organisations, les institutions
20:22 qui prennent les décisions et qui prennent les orientations
20:24 d'aller vers le libre et l'open source,
20:26 on a de plus en plus de...
20:28 Il suffit simplement de former les gens, en fait.
20:30 - En fait, au niveau local, finalement, on a presque
20:32 plus de facilité, parce qu'au niveau national,
20:34 c'est des grosses machines, mais au niveau
20:36 local, on peut peut-être convaincre le maire,
20:38 la maire... - S'il y a une volonté politique
20:40 d'aller dans cette direction-là, oui.
20:42 Au niveau local, les maires ont envie,
20:44 souvent, quand ils sont... quand ils
20:46 prennent des pirates avec eux sur leur liste,
20:48 ce qui est le cas de nos élus dans les grandes villes que
20:50 j'ai citées tout à l'heure, les maires,
20:52 les municipalités, ont envie d'aller dans cette direction-là.
20:54 - C'est qu'ils ont une sensibilisation, déjà.
20:56 En général, quand je prends quelqu'un du parti pirate sur ma liste,
20:58 c'est qu'à priori, je suis
21:00 plutôt pour l'open source.
21:02 - C'est ça, et c'est pour ça que nos élus
21:04 ont des facilités à mettre en place ce
21:06 genre de système, ce genre de logiciel
21:08 dans les institutions dans lesquelles ils sont. Donc on a
21:10 de plus en plus, en tout cas, là où nous, on milite,
21:12 là où nos militants,
21:14 nos adhérents sont
21:16 présents, on a de plus en plus de collectivités
21:18 qui vont dans cette direction-là. C'est vrai
21:20 qu'au niveau local, c'est plus facile, parce qu'il y a moins de personnes
21:22 à convaincre, déjà, et puis on a moins de lobbies,
21:24 finalement, au niveau local, qui vont
21:26 s'opposer à notre... - Oui, c'est trop petit.
21:28 - Voilà, c'est ça, ils vont pas s'intéresser à sa marge d'utilité.
21:30 - Microsoft, ils viennent par...
21:32 - Ils vont pas aller dans la sarte pour... - C'est ça, ils vont pas dans la sarte
21:34 de Microsoft. - C'est ça. Mais du coup,
21:36 au niveau national, c'est plus compliqué, déjà, parce qu'on n'a
21:38 pas d'élus, et c'est très compliqué d'avoir des élus
21:40 quand on est une organisation politique naissante,
21:42 on n'est pas très vieux, on a à peine 10 ans,
21:44 15 ans en France, c'est tout récent,
21:46 et c'est très compliqué d'avoir
21:48 de la place au niveau national, et c'est
21:50 très difficile aussi d'être entendu, et quand on est
21:52 entendu, c'est vrai que c'est pas
21:54 si évident que ça de défendre
21:56 les logiciels libres face aux grands groupes.
21:58 Nous, on n'a pas d'argent. Eux, ils ont de l'argent, donc ils sont
22:00 présents au quotidien, ils peuvent payer
22:02 même les gens, même leur filer des places
22:04 pour aller voir des concerts et tout, pour qu'ils
22:06 votent des lois qui vont dans le sens des
22:08 grands groupes. Grands groupes, je pense
22:10 à Google, à Microsoft,
22:12 enfin, les GAFAM, globalement,
22:14 et nous,
22:16 on n'a pas d'argent, on est tous bénévoles,
22:18 on n'a pas de salariés, il faut qu'on convainque à la
22:20 force de notre point.
22:22 Donc c'est difficile, en fait,
22:24 de convaincre les gens qu'il faut aller
22:26 dans cette direction-là, quand de l'autre côté, on est
22:28 face à Google, donc forcément,
22:30 on a beaucoup de mal à convaincre
22:32 le gouvernement, les députés et les sénateurs
22:34 de voter ce genre de proposition.
22:36 - Alors justement, on parlait notamment
22:38 d'un mouvement qui est assez européen,
22:40 et de
22:42 des sujets qui vous tiennent à cœur, il y en a un,
22:44 j'imagine, la vie privée. - Oui.
22:46 - C'est très important. - Oui. - On a de la chance,
22:48 à priori,
22:50 moi je peux croire qu'on a de la chance, il y a le RGPD,
22:52 en Europe, on dit souvent qu'on est très bien protégé.
22:54 Est-ce que là-dessus, le problème pour la protection
22:56 de la vie privée,
22:58 c'est un combat,
23:00 le combat pour la protection de la vie privée, c'est quelque chose
23:02 qui est gagné ? Est-ce qu'il y a encore
23:04 beaucoup de choses à faire ? - Il y a encore
23:06 énormément de travail pour
23:08 gagner ce combat sur la vie privée, déjà parce que
23:10 oui, effectivement, il y a le règlement général pour la protection
23:12 des données qui a été voté au niveau européen, il n'y a pas
23:14 très très longtemps, mais... - Qui embête
23:16 pas mal les boîtes, quand on parle
23:18 avec les boîtes, ce qui montre quand même que ça a quelque chose,
23:20 c'est-à-dire que souvent, les boîtes qui
23:22 connaissaient pas, depuis 2018,
23:24 elles commencent à recruter des gens spécialisés
23:26 là-dedans, parce qu'elles commencent à
23:28 comprendre que c'est assez contraignant
23:30 pour elles. - Oui, mais c'est intéressant,
23:32 c'est intéressant de voir que de plus en plus
23:34 les boîtes, bon déjà, elles sont contraintes
23:36 de toute façon à appliquer ce règlement,
23:38 mais qu'elles se posent aussi des questions
23:40 sur ce sujet-là, et qu'elles interviennent,
23:42 qu'elles commencent à se demander si leur façon
23:44 à elles de gérer les données privées n'est pas problématique,
23:46 les données personnelles
23:48 n'est pas problématique, et
23:50 c'est bien, en fait, dans un sens,
23:52 c'est bien qu'on aille dans cette direction, parce que
23:54 on se sensibilise aussi,
23:56 chacun d'entre nous, à la gestion
23:58 de notre vie privée, et à la gestion
24:00 de nos données personnelles, qui est...
24:02 enfin, c'est un sujet très important.
24:04 Aujourd'hui, la plupart des gens ne se rendent
24:06 pas compte que les données personnelles, nos
24:08 données personnelles sont des données qui sont très
24:10 sensibles, et qui peuvent nous porter préjudice
24:12 si elles sont connues, et si elles sont publiques ou rendues publiques.
24:14 Et on ne se rend pas compte non plus du marché
24:16 qu'il peut y avoir autour de ces données personnelles.
24:18 La vie privée, justement,
24:20 - Il suffit de voir les valorisations de
24:22 Facebook et de Google, on a une idée du marché.
24:24 - Exactement, on utilise aujourd'hui Google
24:26 ou Facebook de manière complètement gratuite,
24:28 on ne paye pas pour ces services-là,
24:30 comment est-ce qu'ils gagnent énormément d'argent ?
24:32 C'est en vendant nos données personnelles,
24:34 les données de vie privée. - Pour le parti pirate,
24:36 il faudrait que Facebook soit payant,
24:38 qu'on puisse choisir de
24:40 payer et de ne pas donner nos
24:42 données personnelles, justement ?
24:44 - Non, bien sûr que non !
24:46 - Oui, justement, c'est quoi du coup le modèle que vous
24:48 préconiseriez sur les réseaux sociaux ?
24:50 - Le modèle
24:52 qu'on préconise, nous, bien sûr, c'est des réseaux
24:54 qui soient complètement décentralisés
24:56 et ouverts, et où il n'y aurait pas
24:58 une volonté de faire payer
25:00 les utilisateurs, tout en ayant une volonté
25:02 aussi de capitaliser sur les données privées des utilisateurs.
25:04 - Oui, mais il faut bien, un, payer...
25:06 Je ne vais même pas aller au stade de gagner de l'argent.
25:08 - Oui, mais il faut payer les infrastructures,
25:10 - Il faut payer les infrastructures, il faut payer les modérateurs,
25:12 parce que, voilà, et puis éventuellement,
25:14 il faut gagner un peu d'argent, quand même.
25:16 - Je suis complètement d'accord, et c'est pour ça
25:18 que nous, on a tendance plutôt à promouvoir des réseaux
25:20 comme Mastodon, qui est un réseau complètement
25:22 décentralisé et qui est géré par
25:24 les gestionnaires des instances
25:26 qui sont la plupart du temps bénévoles. Aujourd'hui, on a très peu,
25:28 voire aucune instance qui est gérée par des personnes
25:30 qui sont payées pour ça.
25:32 Alors après, avec les énormes risques que ça peut avoir...
25:34 - C'est ça, parce que quand tu es sur un
25:36 canal Mastodon, c'est géré par les bénévoles,
25:38 mais enfin, sur la modération,
25:40 les choses comme ça, voilà, tu rentres dans un canal,
25:42 tu dépends du bon vouloir
25:44 de la personne qui gère ce canal.
25:46 - Et je suis complètement d'accord, sauf que
25:48 on est sur les mêmes sujets que pour Twitter.
25:50 Sur Twitter, on a une modération qui est très aléatoire
25:52 et qui est un peu à la tête du client aussi.
25:54 - Oui, voilà, qui est quasiment...
25:56 - Enfin, je parle en connaissance de cause.
25:58 Je me suis fait exclure de Twitter il n'y a pas très longtemps,
26:00 je me suis fait bannir définitivement de Twitter
26:02 en avril dernier. - Pourquoi ?
26:04 - Parce que j'avais publié un tweet...
26:06 Alors, je ne sais pas si...
26:08 Ouais, je vais le dire. J'avais publié un tweet
26:10 qui disait "Bonjour à tous",
26:12 enfin, le genre de tweet où on dit "Bonjour à tout le monde",
26:14 sauf... - Oui, sauf...
26:16 - J'étais un peu énervée
26:18 parce que je m'étais fait traiter
26:20 d'un nom d'oiseau la veille
26:22 par un homme qui est réputé misogyne
26:24 dans notre organisation politique,
26:26 et donc quelqu'un qu'on essaye de
26:28 virer le plus possible, enfin voilà, au niveau international.
26:30 Au niveau français ça va, au niveau international
26:32 c'est un peu compliqué. Et donc
26:34 je m'étais fait traiter d'un nom d'oiseau par cet homme-là
26:36 et le lendemain je me suis réveillée un peu remontée
26:38 et je dis "Bonjour à tout le monde sauf au connard misogyne"
26:40 - Sauf au connard misogyne ?
26:42 - Oui, le connard misogyne, ouais, j'ai pas fini,
26:44 à qui je prévois de faire...
26:46 de couper les couilles
26:48 et de les faire bouffer avec...
26:50 Non, de les napper d'une sauce règle et de leur faire bouffer.
26:52 - D'accord, c'était un programme, en gros c'était un programme
26:54 un peu précis, et donc ça, tu t'es fait bannir ?
26:56 - Je me suis fait bannir à cause de ce tweet-là.
26:58 Et pendant deux semaines, et au bout de
27:00 deux semaines j'ai reçu un message qui me disait
27:02 "Désolée, on s'est trompé,
27:04 c'était pas une raison de bannissement."
27:06 Sauf que moi je me suis fait bannir
27:08 et je me suis fait rétablir parce que je pense
27:10 que des gens sont allés voir Twitter en disant
27:12 "Faites gaffe quand même, vous avez banni la présidente du Parti Fédéral
27:14 international" - Entre guillemets, t'avais des petits relais.
27:16 - Voilà, oui, c'est
27:18 exactement ce qui s'est passé, enfin c'est ce qu'on m'a
27:20 expliqué, il y a des personnes qui sont allées plaider ma cause.
27:22 Mais d'autres personnes se sont fait bannir pour
27:24 beaucoup moins que ça, et il n'y a pas
27:26 d'explication, il n'y a pas de retour en arrière.
27:28 Et eux, ils ne vont pas revenir sur Twitter, c'est clairement
27:30 définitif. - Et parfois c'est un outil de travail,
27:32 parfois... Enfin on parle de Twitter, mais c'est pareil sur
27:34 Insta et Facebook.
27:36 - Et sur Facebook,
27:38 on a eu pareil, on a eu une page
27:40 qu'on a créée pour un événement qu'on a organisé
27:42 en mars dernier, en avril dernier, et cette
27:44 page-là, on avait dit qu'il y avait une conférence
27:46 sur justement la pornographie
27:48 en ligne qu'on avait organisée.
27:50 A partir du moment où on a utilisé le mot "pornographie",
27:52 notre page a été bannie.
27:54 - D'où le fait que vous
27:56 militiez vraiment pour des réseaux
27:58 décentralisés, et plus dépendants
28:00 d'une décision, et parfois
28:02 qui peut sembler arbitraire. Alors,
28:04 il y a aussi
28:06 quelque chose d'intéressant, parce que,
28:08 dans vos rangs, je ne sais pas pour l'ensemble
28:10 des militants, toi je sais que tu viens
28:12 du militantisme un peu
28:14 écolo, tu viens du milieu écolo.
28:16 Mais justement,
28:18 c'est intéressant parce que vous êtes écolo, mais pas
28:20 ami, pour caricaturer un peu
28:22 ce que disait Emmanuel Macron.
28:24 C'est-à-dire que, par exemple, alors,
28:26 évidemment vous êtes pour la connexion au débit
28:28 pour tous, ce que je peux comprendre,
28:30 puisque vous êtes pour le développement d'Internet,
28:32 mais par exemple sur l'agriculture,
28:34 vous n'êtes pas du tout dans le côté radical,
28:36 retour à l'ancienne, du bio pour le bio,
28:38 retour à la terre, machin. Non,
28:40 vous dites "attendez, on a de la technologie,
28:42 l'idée c'est de l'utiliser pour mieux produire".
28:44 Alors, pour mieux produire...
28:46 - Il y a un petit côté, pas productivisme,
28:48 vous n'êtes pas pour le retour en arrière, comme
28:50 on peut l'entendre chez certains écolo. - Clairement pas.
28:52 On n'est pas pour un retour
28:54 à la terre, clairement pas du tout.
28:56 Ne serait-ce que parce que si tout le monde se retrouvait
28:58 à devoir cultiver son jardin, on n'aurait plus de jardin possible
29:00 pour tout le monde, en fait, déjà c'est tout simplement ça.
29:02 Et effectivement,
29:04 on part du principe que les technologies
29:06 peuvent être aussi d'une grande aide
29:08 dans la production
29:10 de nourriture pour toute la population
29:12 qui en a besoin aujourd'hui. Si on se retrouve
29:14 avec une production qui est moins importante
29:16 que notre capacité
29:18 de production, on va se retrouver avec des famines,
29:20 on va se retrouver avec des problèmes
29:22 pour nourrir toute la population française. Et c'est pas du tout
29:24 ce qu'on veut. Alors, bien sûr, il faut avoir une
29:26 agriculture raisonnée, on ne dit pas le contraire,
29:28 mais plutôt que de militer pour l'agriculture biologique
29:30 ou encore pire, la biodynamie,
29:32 ce qui n'est pas du tout notre cas, nous on va
29:34 militer... - C'est les cornes de...
29:36 - C'est ça, on est plutôt dans l'ésotérisme.
29:38 Les cornes de vache.
29:40 - Mais ça c'est presque sectaire ça.
29:42 - Oui c'est complètement sectaire, c'est ésotérique,
29:44 c'est complètement pas du tout notre domaine,
29:46 en tout cas nous on milite contre ça.
29:48 Nous on s'est positionnés pour une agriculture de
29:50 conservation. Donc c'est
29:52 effectivement l'agriculture biologique
29:54 à sa place au sein de l'agriculture de conservation,
29:56 mais notre
29:58 objectif, alors on n'est pas pour une agriculture
30:00 productiviste, ultra productiviste,
30:02 mais en France, en vrai,
30:04 des méga-fermes ou ce genre de choses,
30:06 ça n'existe pas, c'est pas du tout notre modèle agricole
30:08 actuel. Donc on est plutôt dans une
30:10 direction d'agriculture de conservation, c'est ce qu'on a
30:12 adopté dans notre programme. - Avec la technologie...
30:14 - Avec la technologie, ouais.
30:16 Avec l'utilisation le plus possible
30:18 des technologies, sans pour autant être
30:20 technosolutionniste. Il n'y a pas des technologies pour tout,
30:22 c'est juste qu'il faut utiliser les technologies qui sont
30:24 à notre disposition pour mettre
30:26 en place, pour permettre de nourrir la
30:28 population. Pareil, on ne va pas militer...
30:30 Nous on ne va pas militer contre les OGM, par exemple,
30:32 on va plutôt militer contre le brevet sur le
30:34 vivant. Donc c'est-à-dire qu'on
30:36 estime qu'on ne devrait pas breveter
30:38 le vivant, on ne devrait pas gagner sa vie
30:40 en ayant des brevets sur
30:42 des organismes vivants,
30:44 donc des plantes... - Des semences,
30:46 des choses comme ça. - Exactement. Et donc on va partir
30:48 du principe que les OGM, ce n'est pas le mal
30:50 incarné, comme c'est le cas... Enfin comme aujourd'hui
30:52 on estime que c'est le cas en France. - Oui, c'est le cas en France.
30:54 - C'est interdit en France aujourd'hui.
30:56 Nous on va partir du principe que les OGM, ça peut
30:58 être bien, que tous les OGM ne
31:00 se valent pas, que tous les OGM ne sont pas forcément
31:02 bien, mais qu'on doit pouvoir avoir la
31:04 possibilité d'y réfléchir et d'y penser et d'en avoir
31:06 dans notre agriculture en France.
31:08 - Et puis il y a un dernier point que je trouve
31:10 intéressant aussi, c'est sur le e-sport. On a beaucoup
31:12 parlé du sport récemment, notamment il y avait une compétition
31:14 de Counter-Strike à Percy,
31:16 donc c'est en train de vraiment
31:18 s'étendre, c'est en train d'avoir une reconnaissance,
31:20 enfin c'est déjà le cas
31:22 pour beaucoup, mais enfin pour le très grand public
31:24 pas forcément encore. Vous militez
31:26 vachement aussi pour le e-sport. - Oui.
31:28 - Pour vous c'est important. - On a eu...
31:30 Alors on a toujours pas mal de militants
31:32 et de militantes qui sont en faveur
31:34 et qui souhaitent faire
31:36 plus de place à l'e-sport dans notre
31:38 politique et dans notre programme au sein du Parti
31:40 Pirate. On a eu un équipage
31:42 d'e-sport qui a pris des
31:44 positions sur le sujet, où on souhaite avoir
31:46 un véritable encadrement des... - Un équipage ?
31:48 - Un équipage, ouais. - Et c'est quoi un équipage ?
31:50 - Alors, un encadrement
31:52 des professionnels de l'e-sport.
31:54 Donc c'est pour finir ma phrase.
31:56 Un équipage c'est qu'on a plusieurs
31:58 thématiques qui peuvent être traitées par
32:00 des équipages au sein du Parti Pirate. Donc c'est
32:02 une équipe de travail, un groupe de travail
32:04 qui va se créer au sein du parti
32:06 pour travailler exclusivement sur un thème
32:08 et permettre à toutes les personnes qui veulent travailler sur
32:10 ce thème-là de se retrouver, d'avoir un espace de travail
32:12 dédié. C'est pas des gens qui vont prendre des décisions
32:14 sur un sujet. - Oui, il y a toujours cette métaphore du bateau.
32:16 - Du bateau, ouais. Mais c'est une sorte, ouais,
32:18 comme une commission, comme un comité
32:20 qui va travailler sur un thème
32:22 et qui va proposer des points de programme.
32:24 Donc on va s'organiser pour proposer des points de programme.
32:26 Après, n'importe qui peut proposer un point de programme
32:28 du moment qu'il est soutenu par deux autres personnes.
32:30 Donc il faut être trois pour proposer un point de programme.
32:32 Mais un équipage va vraiment
32:34 organiser le travail et va permettre d'avoir
32:36 un peu plus de rigueur, enfin pas de rigueur, mais
32:38 un peu plus de facilité pour un nouveau membre
32:40 pour rejoindre et pour travailler sur ce sujet-là.
32:42 - Dernière question.
32:44 Vraiment la dernière cette fois.
32:46 Est-ce que finalement,
32:48 t'as pas peur que... Enfin peur, c'est pas forcément
32:50 dramatique si ça arrive, mais
32:52 c'est quand même des revendications
32:54 qui sont transversales, comme tu le disais.
32:56 Effectivement, il y a beaucoup de parallèles à faire avec
32:58 l'écologie et puis finalement,
33:00 c'est devenu un sujet qui a imprégné
33:02 l'ensemble des partis. Alors, est-ce que
33:04 le but du parti pirate,
33:06 c'est un jour d'avoir
33:08 un ou une ou des dirigeants
33:10 dans le monde qui viennent du parti pirate ?
33:12 Ou un jour, ou le but,
33:14 c'est finalement de tellement infuser
33:16 les autres partis que finalement, il n'y a plus besoin
33:18 de partis pirates ? - Écoute, le jour
33:20 où il n'y aura plus besoin de partis pirates, on aura gagné.
33:22 Mais non, moi j'ai pas
33:24 peur de ça. Au contraire,
33:26 un de nos slogans, c'est
33:28 "Vous aimez nos idées, piratez-les".
33:30 Si tout le monde pouvait prendre nos idées
33:32 et se les approprier, et les défendre
33:34 et les porter, ouais, clairement,
33:36 qu'il n'y ait plus besoin de partis pirates demain, ce serait
33:38 génial. On est très très loin...
33:40 - Vous cherchez pas le pouvoir ? - Non, c'est pas...
33:42 C'est pas dans notre
33:44 ADN d'avoir le pouvoir. Et c'est pas
33:46 dans notre ADN de revendiquer ça.
33:48 Bien sûr qu'on va essayer de l'avoir, parce que c'est que comme ça
33:50 aujourd'hui qu'on peut faire passer des idées.
33:52 Mais c'est pas
33:54 les pirates quand ils rejoignent le parti pirate,
33:56 c'est des personnes qui vont rejoindre
33:58 sous pseudonyme. Donc c'est des personnes qui vont pas vouloir
34:00 être devant de la scène. Moi je suis
34:02 de toute façon, mon prénom, mon
34:04 identité est complètement
34:06 bousillée par mon engagement politique précédent, donc
34:08 quoi qu'il en soit, je suis connue pour être
34:10 engagée en politique.
34:12 Et donc j'utilise ça pour
34:14 faire passer des idées, pour avoir
34:16 une tête, pour donner une tête,
34:18 une image à notre organisation,
34:20 comme les autres pourparoles le font.
34:22 Mais les pirates,
34:24 quand ils rejoignent le parti pirate, ils ont pas vocation
34:26 à devenir élus. C'est pas pour ça qu'on rejoint le parti pirate.
34:28 C'est vraiment pas du tout notre objectif. Maintenant,
34:30 si effectivement demain on se retrouve à avoir
34:32 des personnes qui sont élues, comme c'est le cas aujourd'hui,
34:34 c'est tout bénef parce qu'on va se retrouver
34:36 avec de la place pour
34:38 faire passer nos idées, pour faire en sorte que
34:40 des sujets avancent dans la bonne direction,
34:42 dans la direction qu'on estime la bonne.
34:44 Et si demain,
34:46 les autres partis politiques reprennent nos revendications
34:48 pour eux, toutes nos revendications,
34:50 et reprennent même notre
34:52 mode de fonctionnement, parce que c'est surtout ça qui est important
34:54 en partie pirate. Enfin, nos idées sont importantes,
34:56 bien sûr, mais notre mode de fonctionnement
34:58 est aussi hyper important en démocratie. La démocratie
35:00 est dans notre ADN, et
35:02 notre façon de prendre des décisions
35:04 ensemble, collectivement, en
35:06 assemblée permanente, en démocratie délégative,
35:08 c'est une méthode qui n'existe nulle part
35:10 ailleurs. Aujourd'hui, les partis politiques sont tous
35:12 dans un système très pyramidal,
35:14 très hiérarchique, très peu
35:16 prennent des décisions collectivement comme on le fait
35:18 en démocratie, et ça montre pas
35:20 du tout l'exemple. Et même pire que ça,
35:22 c'est que de plus en plus d'organisations politiques
35:24 ne se revendiquent même plus
35:26 en tant que partis politiques, au sens propre du
35:28 terme, mais en tant que mouvements ou
35:30 groupes politiques, avec
35:32 pas d'adhérents, ou pas d'adhésion,
35:34 pas de possibilité de payer une cotisation, et même
35:36 pas de possibilité de participer à des prises de décisions,
35:38 ou de voter correctement en démocratie.
35:40 Et ça, c'est de plus en plus...
35:42 Aujourd'hui, de plus en plus le cas
35:44 dans plein d'organisations politiques. - Pour certains,
35:46 on a l'impression que d'être un parti, c'est quasiment
35:48 devenir un gros mot. On dit "Ah non, nous, on n'est pas un parti politique,
35:50 on est un mouvement..." - Oui, c'est ça ! Alors, nous, on revendique
35:52 le fait d'être un parti pirate.
35:54 C'est-à-dire que, d'un côté, parti,
35:56 qui est cette organisation
35:58 un peu traditionnelle,
36:00 un peu toute pourrie, et je suis la première
36:02 à le dire, les partis politiques, c'est le mal,
36:04 et de l'autre côté, pirate, qui est complètement antinomique
36:06 avec le parti, et donc du fait,
36:08 nous, notre objectif, c'est quand même à force,
36:10 et c'est ce qu'on a plus ou moins revendiqué
36:12 les uns après les autres en tant que porte-parole du parti pirate,
36:14 nous, ce qu'on aimerait, c'est quand même
36:16 la destruction des partis politiques tels qu'on les connaît
36:18 aujourd'hui. Et
36:20 l'organisation d'une société qui ne serait pas
36:22 complètement autocentrée
36:24 autour des partis politiques,
36:26 mais qui permettrait à chacune et chacun de s'exprimer
36:28 librement et de participer à la prise de décision.
36:30 D'où le revenu de base,
36:32 d'où la démocratie délégative,
36:34 d'où la possibilité
36:36 pour tout le monde au sein du parti pirate
36:38 de participer à la prise de décision comme on le fait aujourd'hui.
36:40 On veut former le plus possible et informer
36:42 le plus possible les gens sur cette possibilité-là
36:44 qui est que, non,
36:46 on n'est pas obligé d'être membre d'un parti
36:48 politique, déjà pour voter,
36:50 on n'est pas obligé d'être
36:52 représenté par des gens, on pourrait être
36:54 représenté par soi-même ou par des personnes qu'on connaît,
36:56 qui nous sont proches, en qui on a confiance, et pas par
36:58 des inconnus ou pas par des gens qui sont membres
37:00 de tel ou tel parti tradi. Il y a toujours
37:02 moyen de s'organiser différemment
37:04 et de transformer notre société. Mais
37:06 le jour où les partis politiques traditionnels,
37:08 notamment au pouvoir, décideront que
37:10 effectivement c'est possible pour tout le monde
37:12 de s'exprimer, ce jour-là,
37:14 je serai contente, ce sera génial, ça n'arrivera pas,
37:16 ça n'arrivera jamais, mais je serai
37:18 vraiment rallie. - Oui, mais s'ils peuvent en tout cas aller vers du
37:20 logiciel open source, vers...
37:22 - Oui, mais ce sera qu'une petite partie...
37:24 - Une redistribution de...
37:26 comment dire, des accès à la culture,
37:28 bon, ce sera quand même pas mal pour nous. - Oui, ce sera bien, bien sûr,
37:30 mais on n'aura fait qu'une toute petite partie
37:32 du chemin, il nous restera encore des kilomètres
37:34 à parcourir, et c'est pas les partis qu'on a
37:36 aujourd'hui au pouvoir qui feront ça. Je pense que même
37:38 aller vers le logiciel libre, on est loin,
37:40 très loin du compte. - Bon, il y a encore du
37:42 boulot, du coup, a priori, pour vous. Merci beaucoup.
37:44 - Merci. - Merci, Florie-Marie,
37:46 d'être venue dans Métadonnée
37:48 et de nous avoir un peu parlé du
37:50 parti pirate, donc ça fait quasiment
37:52 maintenant 15 ans qu'on est en parti pirate français.
37:54 - Merci beaucoup. - Merci, Florie-Marie.
37:56 Vous pouvez retrouver cet épisode sur toutes les plateformes
37:58 de podcast, Apple, Spotify,
38:00 Deezer, évidemment, également la version
38:02 vidéo sur YouTube ou sur le site
38:04 BFMTV, rubrique
38:06 tech. Merci beaucoup d'avoir suivi
38:08 Métadonnée.
38:10 [Musique]

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