Gilles Kepel: "Le Liban représente pour la France un enjeu de présence historique"

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Gilles Kepel, professeur d'université, spécialiste du monde arabe et auteur du livre "Le bouleversement du monde: l'après 7 Octobre" aux éditions Plon, était l'invité de Benjamin Duhamel ce dimanche sur BFMTV, dans "C'est pas tous les jours dimanche".

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Transcription
00:00Alors, la France a maintenu des rapports avec le Hezbollah comme parti politique représenté au Parlement, comme force politique,
00:09de même que la France a une ambassade qui est ouverte en Iran, si vous voulez, contrairement aux États-Unis.
00:15Et par ailleurs, le Liban représente pour la France un enjeu de présence historique.
00:22Le Liban, dans sa configuration, est une création du mandat français sur ce pays.
00:29Donc, il y a une sensibilité particulière française qui s'efforce de ménager les susceptibilités libanaises les unes par rapport aux autres
00:39et de vrai, si vous voulez, à la viabilité de l'État libanais et éviter d'y perdre toute présence et tout lien.
00:48Et en ce sens, c'est une vision qui est assez différente de celle des États-Unis.
00:53Oui, mais au risque de ne pas utiliser les mots, on sait aussi que, en forme de débat sur le fait qu'Emmanuel Macron, le président de l'Armée publique,
01:01avait fait une vidéo à la suite de l'offensive et de l'explosion des Bipers et des Tolkiwolkis, où il affichait son soutien au peuple libanais sans citer le Hezbollah.
01:12Cette singularité française que vous évoquez là, est-ce que ça ne pousse pas à une erreur de diagnostic ?
01:18Alors, on peut voir ça comme ça. On peut aussi penser que c'est une occasion pour la France d'apparaître comme un facteur du coup d'après,
01:29c'est-à-dire de la réconciliation intra-libanaise. Pour l'instant, Netanyahou est dans la guerre tactique, mais il va falloir ensuite qu'il y ait une stratégie.
01:39Il va bien falloir qu'il y ait une réconciliation, surtout si le rôle iranien est moins présent.
01:46Il va falloir trouver quelque chose. Il va falloir qu'Israël arrive à faire la paix avec ses voisins. Et tout ça, ça va poser un énorme nombre de questions.
01:55Il n'est pas sûr que même Churchill, si vous voulez, après la Seconde Guerre mondiale, s'est effacé. Il n'est pas sûr que l'avenir d'Israël dans la région
02:05passe par le maintien de Benyamin Netanyahou. Il va falloir trouver une reconstruction, une reconstruction avec l'Arabie saoudite.
02:11Est-ce que l'Iran, qui évoluerait dans un sens, disons, moins hostile, peut se rapprocher des sunnites, etc.?
02:20Aujourd'hui, on est vraiment dans la mise à plat de tout. Et l'élimination de Nasrallah, si je reprends un peu l'argument de Gérard Haraud, si vous voulez,
02:29c'est de faire sauter quelque chose qui bloquait le processus. Et aujourd'hui, les cartes sont très largement rebattues.
02:38Et c'est ça qu'on va observer jour après jour, surtout avec l'anniversaire du 7 octobre la semaine prochaine.

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