ÉDITO - Face aux émeutes, faut-il décréter l'état d'urgence ?

  • l’année dernière
Face aux émeutes qui ont lieu un peu partout en France suite à la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans à Nanterre lors d'un contrôle policier, une partie de la classe politique demande la mise en place de l'état d'urgence. Le décryptage de l'éditorialiste politique, Matthieu Croissandeau.

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Transcription
00:00 Mathieu Croissandeau, quand on voit cette série, cette avalanche d'images depuis tôt ce matin,
00:05 parce qu'on ne peut pas tout citer, mais par exemple, il n'y a aucune commune de Saint-Denis
00:09 qui a été épargnée par les incidents ou par les incendies ce matin.
00:13 Et on regarde, on continue de regarder ces images en direct de cette douzaine de bus,
00:18 au moins, qui ont été incendiés au dépôt d'Aubervilliers.
00:21 Plusieurs voix à droite, comme celle d'Éric Zemmour ou d'Éric Ciotti,
00:24 réclament l'instauration de l'état d'urgence.
00:27 Est-ce que ça ne leur donne pas un peu plus de poids, ces images, à cette demande ?
00:32 Ça avait été fait en 2005, l'état d'urgence, après huit jours d'émeute,
00:35 vous vous souvenez, provoquée par la mort de Ziyed Ebouna Aklichi Souba.
00:39 L'état d'urgence, alors, qu'est-ce que c'est ?
00:40 C'est un régime d'exception qui peut être décidé sur une partie ou sur tout le territoire
00:44 en cas de péril imminent, résultant d'atteinte grave à l'ordre public
00:49 ou alors en cas de calamité publique, c'est-à-dire une catastrophe naturelle.
00:52 C'est décrété en Conseil des ministres pour une durée initiale de 12 jours,
00:55 et puis après, il faut un vote du Parlement pour le prolonger.
00:58 Alors, qu'est-ce que ça permet l'état d'urgence ?
00:59 Ça permet en gros et notamment l'interdiction de toute forme de rassemblement public,
01:03 l'interdiction ou la limitation de déplacement avec l'assignation à résidence,
01:06 la réquisition de personnes ou moyens privés, déréquisition administrative,
01:11 mais il n'y a pas forcément besoin d'état d'urgence pour faire un couvre-feu,
01:13 ça, le maire peut le décider.
01:15 Donc, est-ce que c'est dans les tuyaux ?
01:17 Alors, ce n'est pas une option envisagée aujourd'hui, disait-on hier au gouvernement,
01:22 je dis hier, et tout est dans le aujourd'hui.
01:24 Car si les violences perdurent, il paraît difficilement envisageable en tout cas
01:28 que l'État puisse mobiliser 40 000 policiers et gendarmes toutes les nuits,
01:31 comme il a fait hier soir.
01:32 Le ministère de l'Intérieur faisait savoir cette nuit
01:34 qu'on était à un niveau de violence supérieur à celui de 2005.
01:38 Oui, mais alors l'état d'urgence, ce n'est pas une option facile à manier non plus.
01:41 Ça a été fait six fois seulement depuis 1955,
01:44 dont trois fois pendant la guerre d'Algérie,
01:46 parce que ça limite considérablement...
01:48 Je ne parle pas d'état d'urgence sanitaire, je parle de l'état d'urgence.
01:51 Voilà, ça limite considérablement les libertés publiques et individuelles.
01:55 Et puis parce que c'est un aveu d'échec,
01:56 ça signifie globalement que les pouvoirs publics sont dépassés
01:58 dans l'échelle des régimes d'exception.
02:00 Qu'est-ce qui reste après ?
02:01 L'état de siège où les pouvoirs sont transférés aux militaires
02:03 et l'article 16 qui donne tous les pouvoirs au président de la République.
02:05 On n'en est pas là.
02:06 Merci Mathieu.

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