Économie d'électricité et d'énergies : la ministre de la Transition énergétique présente sur RTL son plan de sobriété énergétique pour l'été.
Regardez L'invité de RTL du 20 juin 2023 avec Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 20 juin 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin la ministre de la transition énergétique
00:12 Agnès Pannier-Runacher. Agnès Pannier-Runacher, vous venez ce matin sur RTL nous présenter votre plan de sobriété
00:18 énergétique pour cet été. Alors on va détailler toutes ces mesures qui sont d'ailleurs très concrètes dans un instant.
00:23 Mais d'abord, pourquoi un nouveau plan ? On risque de manquer d'électricité cet été ?
00:27 Non, on risque pas de manquer d'électricité cet été mais ce plan c'est la suite du plan sobriété de l'hiver dernier qui nous a permis
00:35 d'économiser 12% de gaz et d'électricité combinés.
00:39 Ça nous a permis effectivement d'éviter 20 moments de grandes tensions sur le réseau électrique et donc de potentiels télestages.
00:47 Ça nous a surtout permis de réduire nos émissions de gaz et effets de serre de 2,7%
00:54 sur toute l'année 2022 parce que rien qu'au dernier trimestre,
00:58 le trimestre de l'hiver,
01:00 eh bien on a baissé nos émissions de gaz et effets de serre de 8,5%.
01:03 Ça veut dire que les français ont joué le jeu ?
01:04 Ça veut dire que le plan sobriété c'est bon pour la planète, c'est bon pour le portefeuille
01:09 et effectivement les français ont joué le jeu et je veux les remercier.
01:13 D'ailleurs on les remercie dans le spot que nous avons mis au point parce que
01:18 ce sujet il va durer, la sobriété va s'installer et c'est en fait
01:23 un enjeu collectif. C'est comment on peut par
01:27 l'ajustement de nos comportements, en particulier les grands acteurs, on commence par les grandes entreprises, par les grandes administrations,
01:33 par les grandes collectivités locales,
01:35 mais aussi nous tous en tant que citoyens faire en sorte de maîtriser mieux notre consommation d'énergie.
01:39 Est-ce que si les français ont joué le jeu ce n'est pas aussi et d'abord pour des raisons économiques pour limiter leur facture ?
01:45 Alors bien sûr l'enjeu de la facture il est important mais c'est pas le seul levier, c'est ce que nous dit RTE.
01:52 RTE nous dit désormais je considère que la sobriété s'est installée
01:56 dans le paysage français, que les français sont attentifs à leur consommation d'énergie,
02:01 qu'ils considèrent que c'est important de réduire cette consommation d'énergie dès lors que ça permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre et on le voit.
02:09 On a eu un bouclier énergétique toute l'année dernière et pourtant entre le début de l'année où il y a une baisse de
02:16 1 ou 2 % de la consommation d'électricité
02:20 qui est probablement lié effectivement à l'effet prix, à la fin de l'année c'est un décrochage vraiment important
02:27 -8, -9 % selon les mois et ça continue encore en début d'année 2023.
02:33 Cet hiver le slogan c'était "je baisse, j'éteins, je décale". Pour cet été c'est quoi ?
02:37 Chaque geste compte pour la planète, c'est-à-dire que l'on met la sobriété vraiment parmi les quatre leviers qui vont nous permettre
02:44 d'atteindre la neutralité carbone à horizon 2050.
02:49 Donc la sobriété en changeant collectivement nos comportements et en faisant en sorte au niveau des politiques publiques
02:55 de permettre ce changement, c'est-à-dire de permettre de rénover les bâtiments, de permettre de mettre à disposition des Français des véhicules
03:02 moins consommateurs.
03:04 Deuxièmement en ayant plus d'efficacité énergétique.
03:08 Troisièmement en produisant plus d'énergie décarbonée, renouvelable et nucléaire.
03:12 On va atteindre cette neutralité carbone.
03:14 - En concrèt, avec ces mesures, l'un des premiers postes de consommation d'électricité l'été c'est bien sûr la climatisation.
03:20 La règle c'est pas moins de 26 degrés.
03:23 Depuis ce matin on en parle entre nous, 26 degrés ça paraît beaucoup quand même, il fait chaud à 26 degrés.
03:27 - Alors 26 degrés c'est dans la loi depuis 2007.
03:29 - Dans la loi et ce n'est pas appliqué ?
03:31 - Et ce n'est pas appliqué. Depuis 2007 ça fait quand même plus de 15 ans.
03:34 Je rappelle que le chauffage à 19 degrés c'était dans la loi depuis 1978.
03:40 Et c'est tout l'enjeu de ce plan sobriété. C'est au fond, on s'est donné déjà des règles du jeu.
03:45 Eh bien, appliquons-les tout simplement.
03:47 Donc moi je n'ai pas voulu remettre en cause ces 26 degrés.
03:51 Ça avait été voté par le Parlement.
03:53 Enfin c'est ce qui correspond manifestement à une position d'expert.
03:57 Donc très bien. Mais appliquons-le.
03:59 Et appliquons-le au travail puisque les trois quarts des climatisations, elles ne sont pas chez les gens.
04:04 Elles sont dans les entreprises, dans les commerces.
04:07 - Donc dans les entreprises, dans les commerces. Mais qu'est-ce qui fait qu'on va plus l'appliquer aujourd'hui ?
04:09 Est-ce que vous menacez de sanctions par exemple une entreprise où il ferait 19 degrés justement ?
04:14 - Alors c'est surtout que les entreprises s'engagent.
04:16 Elles s'engagent à présenter leur plan sobriété devant leur instance de gouvernance qui lui donne...
04:21 - Mais pourquoi elle l'appliquerait plus aujourd'hui que depuis 16 ans ?
04:24 - Alors je vais jusqu'au bout.
04:25 Quand vous vous engagez devant votre conseil d'administration,
04:28 ça donne une dimension juridique plus importante à ce plan.
04:32 Et puis vous prenez un risque. Un risque vis-à-vis de vos salariés.
04:35 Un risque vis-à-vis de vos actionnaires.
04:37 Un risque vis-à-vis de vos clients. Un risque réputationnel notamment.
04:40 Et on le voit pendant l'hiver, les grandes entreprises ont effectivement mis en oeuvre un plan sobriété.
04:47 Et elles l'ont respecté puisque nous avons vu dans leur consommation
04:50 une baisse réelle importante de gaz et d'électricité.
04:54 Et puis c'est leur intérêt.
04:55 - Mais sanctionner, c'est pas la bonne solution ?
04:57 - A la fin de la journée, c'est leur intérêt.
04:58 C'est-à-dire c'est moins aussi d'argent dépensé sur la facture.
05:01 Pourquoi la sanction ça ne marche pas ?
05:03 Parce qu'on est en train de transformer nos comportements.
05:06 C'est un enjeu culturel.
05:07 Les gens ont envie aussi de choisir ce qu'ils vont faire pour la planète.
05:12 Ils n'ont pas envie qu'on impose de manière standardisée partout
05:16 à quelle vitesse ils vont circuler sur l'autoroute,
05:18 comment ils vont gérer le chauffage et les ventilateurs chez eux.
05:24 En revanche, ce que l'on voit c'est qu'ils ont envie de s'engager pour la planète.
05:28 Et donc ces comportements qu'ils mettent eux-mêmes en oeuvre
05:31 et sur lesquels ils nous demandent plus d'informations fonctionnent bien.
05:34 On voit ça sur la baisse de la consommation énergétique.
05:37 - Plus de la moitié des entreprises du CAC 4027
05:39 sur les 40 grandes entreprises s'engagent à demander à leurs salariés
05:42 de lever le pied en voiture.
05:44 130 km/h sur autoroute au lieu de 110, vous en parliez.
05:47 Est-ce que vous appelez vous les Français qui vont cet été pour certains
05:50 prendre leur voiture pour partir en vacances justement à rouler moins vite ?
05:54 - Moi ce que je leur dis c'est qu'effectivement quand vous êtes à 110 km/h sur l'autoroute
05:57 par rapport à 130, vous économisez 20% de carburant.
06:00 Ce n'est pas rien.
06:02 Ça se voit sur le portefeuille.
06:04 Et c'est énorme pour la planète parce que 20% de carburant,
06:07 je veux dire le pétrole, c'est énormément d'émissions de CO2.
06:11 C'est moins d'accidents, c'est moins de fatigue, c'est un peu plus de temps de trajet.
06:16 Et donc c'est un choix que nous proposons en français.
06:18 Et on va sur la signalétique des autoroutes effectivement passer des messages
06:23 en disant "levez le pied"
06:25 de même qu'on passera des messages sur le covoiturage
06:27 parce que c'est aussi une façon très efficace de réduire son empreinte carbone
06:31 et là encore de payer moins cher sur la facture.
06:33 Vous demandez également aux entreprises qu'ils peuvent faire appel au télétravail.
06:35 Ça a vraiment un impact ? Ce n'est pas parce qu'on travaille de chez soi
06:38 qu'on ne consomme pas d'électricité par exemple ?
06:40 Alors nous ce que nous avons fait c'est tout simplement une expérience réelle
06:44 sur tous les bâtiments du ministère de la transition énergétique
06:48 et de la transition écologique en province et à Paris.
06:51 On s'est aperçu que lorsqu'on organisait le télétravail
06:54 de manière à le coller à des week-ends un peu prolongés,
06:57 on avait des économies massives d'énergie évidemment sur les bâtiments.
07:01 Mais plus intéressant, ce qu'on nous annonçait comme étant un effet rebond
07:05 chez les personnes qui restent à la maison n'existait pas.
07:08 C'est-à-dire qu'il était extrêmement limité.
07:10 D'abord on économise le carburant pour aller au travail
07:13 et puis surtout comme souvent votre bâtiment, votre chauffage
07:16 il est déjà piloté par quelqu'un d'autre,
07:20 vous ne consommez pas tellement plus.
07:22 Et donc c'est cet effet-là qu'on a montré.
07:24 Maintenant on dit aux entreprises, emparez-vous de cette étude,
07:27 faites-en un objet du dialogue social.
07:29 J'ai deux petites questions en moins d'une minute.
07:31 Pour l'hiver prochain, on ne risque pas de manquer ni de gaz ni d'électricité ?
07:34 Pour l'hiver prochain, si effectivement on reste vigilant
07:37 et on ne baisse pas la garde et on applique encore ce plan de sobriété,
07:40 oui, on sera du bon côté.
07:42 À propos d'hiver et de chauffage, est-ce qu'après avoir interdit les chaudières à fuel,
07:46 vous allez interdire les chaudières à gaz ?
07:48 Je sais qu'il y a une concertation qui est menée en ce moment.
07:51 Personnellement, vous y êtes favorable ?
07:53 Alors, moi je vais être très claire.
07:55 Cette concertation, elle doit aller à son terme.
07:57 Et l'enjeu, c'est de dire à quelle vitesse et comment on arrive à baisser notre consommation de gaz.
08:02 Sauf que c'est compliqué, pardon, de dire à des gens qui auraient là changé leur gaz,
08:06 leur chaudière pour une chaudière à gaz, on laisse tomber.
08:09 Et vous avez complètement raison.
08:11 Et c'est pour ça qu'on ne va pas leur dire, bonne nouvelle, vous avez changé votre chaudière à gaz,
08:13 vous allez changer l'année prochaine.
08:15 Mais d'abord, dans les bâtiments publics, on peut changer les chaudières.
08:18 Dans les bâtiments tertiaires, on peut demander aux entreprises de changer leurs chaudières.
08:22 Lorsque votre chaudière casse, vous pouvez la changer pour une chaudière qui est non fossile.
08:26 C'est tout cela que nous devons accompagner.
08:28 Simplement, ce n'est pas facile parce que le gaz, c'est une des énergies les plus faciles à polluter
08:32 et les plus disponibles sur notre territoire.
08:34 Et puis, plus on diminuera la proportion de gaz que l'on utilisera,
08:38 plus ceux qui resteront au gaz devront payer le prix du réseau,
08:41 donc ça sera plus cher.
08:42 Et c'est pour ça que ça doit être accompagné.
08:44 Il faut mettre tout sur la table pour avoir les meilleures mesures.
08:47 Merci beaucoup, Madame la Ministre.
08:49 La sobriété s'installe, les Français ont compris les enjeux, viennent de nous dire.
08:51 nous dire Agnès Pannier.