Mercredi 14 juin 2023, SMART IMPACT reçoit Charles Guirriec (fondateur, Poiscaille)
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00:00 Smart Ideas avec Charles Guirièque, le fondateur de Poiscaille. Bonjour.
00:10 Bonjour. J'espère que vous avez la pêche ?
00:12 Bah ouais, on essaye. Vous l'avez créé en décembre 2014.
00:15 Oui.
00:16 C'était quoi l'idée de départ ? Racontez-moi tout ça.
00:18 L'idée c'est l'inspiration du panier de légumes en faisant pareil avec le poisson.
00:21 Oui.
00:22 Chez Poiscaille. Donc on achète en direct des pêcheurs pour vendre aux consommateurs du poisson
00:25 frais, durables et éthiques, comme tous les gens qui vendent du poisson. Mais sauf qu'on a voulu
00:30 étayer ces valeurs fortes par des critères précis. Quand je vous parle de durabilité,
00:34 par exemple, je vous parlais uniquement de techniques douces, de navires qui font 12 mètres
00:37 maximum. On ne vend que du poisson français, on ne vend pas de poisson d'élevage. La fraîcheur
00:42 est garantie par un délai de 72 heures max entre la pêche à bord du bateau et la remise aux
00:47 consommateurs. Et on paye les pêcheurs 20 % de plus que le marché au minimum.
00:50 Ok. Comment on tient un modèle économique avec autant de défis à relever ?
00:55 Par la détermination et par la passion. Moi, je suis un fan de pêche à la base,
00:59 puis j'ai fait toute ma carrière là-dedans. Et puis par l'engouement des consommateurs,
01:04 qui arrivaient assez vite en disant la qualité est largement au-dessus de ce qu'on a sur le
01:08 marché habituellement. Et derrière, par l'engouement des pêcheurs qui me disent en fait,
01:11 grâce à vous, je peux me permettre de pêcher moins. Parce que, en fait, comme vous me garantissez des
01:16 prix fixes toute l'année, plus élevés que le marché, en fait, je peux prendre à un moment
01:20 la décision de ne pas sortir en mer demain parce que la météo est un peu limite, etc. Et donc,
01:24 c'est vraiment ça la motivation de Poescai, c'est de dire grâce à une meilleure rémunération,
01:27 les pêcheurs pourront vraiment pêcher moins. Et ça commence à se voir.
01:30 Alors ça, c'est un modèle d'abonnement ?
01:32 C'est ça. On s'inscrit sur poescai.fr. On peut choisir à la semaine, à la quinzaine ou au mois,
01:37 de recevoir ce qu'on appelle un casier de la mer qui fait un repas pour deux à trois personnes.
01:40 On va pouvoir changer sa date si on n'est pas là. On va pouvoir arrêter son inscription quand on
01:44 veut. Donc, c'est le plus flexible et le plus libre possible. Et puis après, on va choisir
01:48 le contenu de son casier l'avant-veille pour aller le récupérer. Après, dans un commerce
01:52 partenaire, il y en a 1500 partout en France, essentiellement des épiceries bio, d'irrig
01:56 producteurs où le poisson en général manque. Vous dites pêche 100% française. Ça semble du bon
02:03 sens, sauf que ce n'est pas si évident que ça. Dans le poisson consommé en France, il y en a
02:07 combien qui viennent de pêcheurs français ? À peine un tiers de ce qu'on mange en produit de
02:11 la mer. Donc, si on inclut les coquillages, les crustacés et produits en France. Si on regarde
02:16 le poisson, ça monte quasiment à 80% d'import. Donc, ça peut venir d'Europe, mais ça peut
02:21 venir aussi beaucoup plus loin. Le saumon vient de Norvège en majorité. Et après, ça peut venir
02:26 d'encore plus loin. Comment vous garantissez la livraison de poissons frais ? Il doit y avoir un
02:30 petit défi logistique derrière ça. Il y a un défi logistique, mais c'est grâce aussi à cette
02:34 inscription en avance. C'est-à-dire que nous, on connaît les volumes qu'on va pouvoir livrer.
02:38 Donc, contrairement à un poissonnier qui ouvre un étal et qui ne sait pas exactement ce qu'il va
02:42 vendre, nous, on sait ce qu'on va pouvoir écouler. Donc, on peut prendre au pêcheur uniquement ce
02:45 dont on a besoin. Et ensuite, après, on fait tout au plus court en disant que la pêche du dimanche,
02:51 elle part le mardi, la pêche du lundi, elle part le mercredi, etc. Pour le constructeur,
02:55 ça fait un choix qui n'est peut-être pas aussi pléthorique que sur un étal. Mais si on va avoir
02:59 cette garantie de fraîcheur, de technique de pêche vertueuse et de bonne rémunération de producteurs,
03:03 on n'a pas trouvé de meilleure solution. Poiscaille a levé 8 millions d'euros,
03:06 c'était au mois d'octobre dernier. Il y a à peu près 6 mois. Avec quel objectif ?
03:11 L'objectif, c'est d'aller atteindre 50 000 abonnés. Aujourd'hui, on a 20 000 abonnés
03:15 actifs chez Poiscaille. 50 000, ça nous permettra de toucher 10 % de la flotte française. Aujourd'hui,
03:21 on a 250 pêcheurs partenaires qui bénéficient des bons prix de Poiscaille toute l'année. L'objectif,
03:26 c'est de dépasser les 500 pour voir l'impact sur leur activité, voir sur l'état des stocks. On se
03:31 dit que Poiscaille est peut-être un peu la solution à la surpêche. On aimerait bien le démontrer avec
03:36 les scientifiques qui commencent à s'intéresser à nous. Oui, effectivement, c'est un sacré défi,
03:40 notamment sur les techniques de pêche. Quand vous dites des techniques douces,
03:44 ça veut dire quoi concrètement ? Ça veut dire toutes les techniques qui n'ont pas d'impact sur
03:47 le fond. On exclut chalut et drag. Chez Poiscaille, par exemple, il y a très peu de langoustines qui
03:53 sont essentiellement pêchées au chalut en France. Par contre, on a de l'araignée de mer, du homard,
03:58 du tourteau qui sont pêchées au casier, qui est un engin qu'on pose au fond et qu'on relève après.
04:01 Pareil sur la drag, on ne fait que de la coquille Saint-Jacques pêchée en plongée. Les pêcheurs
04:06 mettent des bouteilles et attrapent les coquilles une à une au lieu de racler les fonds et d'arriver
04:11 à emporter les coquilles, mais aussi tout le reste. Après, les techniques douces ont l'avantage
04:16 aussi d'être sélectives, c'est-à-dire qu'on n'attrape que ceux qu'on a ciblés et on ne rejette
04:20 pas de poissons morts à l'eau. En plus, Poiscaille a un comportement vertueux là-dessus, c'est de dire
04:25 nous on prend toute la pêche des pêcheurs et on ne prend pas juste les bars, les sols et les turbos,
04:28 et puis le reste, tu le remets à l'eau. Ça permet d'éviter tous les rejets que peuvent
04:33 générer les autres techniques de pêche. On en parlait avec les invités précédents,
04:36 l'impact de l'inflation sur un modèle comme le vôtre, vous le ressentez ? Il y a peut-être un
04:41 peu moins de consommateurs ? Oui, on le ressent. Nous, on a dû augmenter les prix chez Poiscaille
04:47 en fin d'année parce que sinon ça ne passait pas à terme. Et on sent plutôt les commerces
04:56 partenaires qui voient moins de consommateurs, essentiellement des commerces bio, on entend
04:59 le bio qui patine un peu. Mais par contre, on sent qu'il y a quand même encore un déficit
05:04 d'offres dans le poisson frais, hors des supermarchés. Donc le marché, il est encore là,
05:09 et les consommateurs qui ont envie de s'impliquer et de financer la transition avec leur consommation,
05:16 je pense qu'il y en a encore un petit peu. Il y en a encore évidemment beaucoup. Merci
05:20 beaucoup Charles Guirièque et on souhaite évidemment bon vent à Poiscaille et à vos
05:25 pêcheurs. C'est la fin de ce numéro de Smart Impact. Merci à toutes et à tous de votre fidélité. A demain.
05:30 [Musique]