• il y a 2 ans
DB - 10-06-2023

Category

📺
TV
Transcription
00:00 (Musique)
00:02 (Musique)
00:04 (Musique)
00:06 (Musique)
00:08 (Musique)
00:10 (Musique)
00:12 (Musique)
00:14 (Musique)
00:16 (Musique)
00:18 (Musique)
00:47 Sous le premier empire, un des plaisirs favoris de nos arrières-grands-parents
00:51 était d'aller canoter, danser ou tout simplement prendre le frais en été
00:56 sous les ombrages de jardins qui étaient de véritables parcs d'attraction.
01:01 Il y avait ainsi le Jardin turc, le Café Frascati
01:06 où dans la grande salle, 2000 personnes pouvaient danser
01:09 et dont les terrasses illuminées s'étageaient à l'emplacement du boulevard Montmartre
01:13 et même, pendant quelques années, sous le nom de Hameau Chantilly, le Palais de l'Elysée.
01:20 Mais un des plus célèbres, il pouvait recevoir le dimanche jusqu'à 10 000 visiteurs,
01:25 était à Paris le Jardin de Thivoli, dont l'entrée en 1805
01:30 se trouvait située à l'actuel emplacement du numéro 102 de la rue Saint-Lazare.
01:36 (Musique)
01:39 (Musique)
01:42 (Musique)
02:09 (Musique)
02:38 À la santé de nos toujours jeunes mariés.
02:41 Merci mes chers amis, merci.
02:45 Caroline et moi, nous nous sommes mariés à 15 ans sous les rois.
02:49 Nous en avons eu 20 sous la république, 25 sous le directoire, 30 sous le consulat
02:55 et voici que nous fêtons nos 20 ans de mariage sous l'Empire.
02:59 (Rires)
03:01 Bravo.
03:02 Bravo ma p'tite.
03:03 On peut tout corriger, mettre-moi tout l'an dans le dos.
03:05 (Rires)
03:08 Ouh, regardez ceux-là.
03:17 Mais c'est le dernier des incroyables.
03:20 (Rires)
03:22 Cet endroit commence à être bien mal fécondé, ne trouvez-vous pas mon chez Musson?
03:26 C'est ma voix veille, on n'y voit plus que des bourgeois et des militaires.
03:30 Avec ce bon appât si j'ose dire, depuis qu'il est devenu Napoléon, tout va de mal en pire.
03:36 Oh, en pire? Décidez-moi, vous êtes terriblement spiteux ce soir mon chez-jeanne.
03:42 Mais venez-moi, venez-moi, je suis sincère.
03:46 (Rires)
03:48 (Musique)
03:50 (Musique)
03:53 (Musique)
03:55 (Rires)
04:20 (Musique)
04:22 Et nous ne serons pas trop loin de la terrasse pour aller danser.
04:33 Oui, oh j'ai une soif.
04:35 Hé, citoyen du pâtre.
04:37 Où bien, où bien?
04:38 Que prenez-vous?
04:39 Du sirop d'orgeat.
04:40 Moi aussi.
04:41 Bien, alors du sirop d'orgeat et bien glacé surtout.
04:44 Mais quelle horreur.
04:46 Tu aurais peut-être préféré autre chose.
04:48 Le soir à Londres, je ne buvais que du ponche brûlant dans des coupes de cristal.
04:53 Vous avez été à Londres, monsieur Henry?
04:55 J'en reviens, mademoiselle Zénéide.
04:57 Ah, c'est une ville admirable, bien plus belle que Paris.
05:01 Ne l'écoutez pas.
05:02 Henry est atteint d'une nouvelle maladie qui m'a tout l'air d'avoir été ramenée par nos sylvan messieurs les émigrés.
05:08 L'anglomanie.
05:09 (Rires)
05:10 Je rapporte ce que j'ai vu honnêtement et voilà tout.
05:13 Et si vous connaissiez comme moi les feux d'artifice et les troupes de Salting Bank, du Vauxhall de Londres,
05:19 vous trouveriez que ces jardins de Tivoli sont où semblés si fiers à Paris,
05:23 avec leur misérable lac de 20 mètres sur 3,
05:26 leurs lampions sinistres et leur sirop d'orgeat,
05:29 sont tout juste dignes d'une sous-préfecture.
05:31 Je trouve que c'est l'endroit le plus amusant de Paris.
05:33 Aussi joyeux que les visées avant l'installation de l'Europe.
05:36 Est-ce qu'il y a autant de ponts sur la Tamise que Paris en a maintenant?
05:39 Mais as-tu vu les nouveaux quais, le pont du Louvre avec ses fleurs et ses arbustes?
05:43 Une passerelle.
05:44 Et celui qui se construit devant le jardin des plantes?
05:46 On ferait bien mieux de construire des trottoirs.
05:49 Quels trottoirs, monsieur Henry? Qu'est-ce que c'est?
05:51 Voilà bien les parisiens. Ils n'ont jamais vu de trottoir.
05:54 On est en train d'en faire un, rue du Mont-Blanc.
05:57 Un trottoir, un!
05:58 Et les français se disent le peuple le plus avancé de la terre.
06:01 Les trottoirs, mademoiselle Zénahide, ce sont des voies latérales surélevées,
06:06 bordant les habitations et réservées à l'usage des personnes qui vont à pied.
06:11 De telle sorte qu'elles ne risquent pas plus de se faire écraser par les voitures
06:15 que noyer quand il pleut.
06:16 Mais il faut bien traverser. Il n'y a tout de même pas de pont à chaque coin de rue.
06:20 Quand il pleut à Londres...
06:21 Je suppose que cela arrive comme à Paris.
06:23 Oui, mais quand il pleut à Londres, la chaussée n'est pas transformée en égout à la moindre ondée.
06:26 Pourquoi? La pluie sècherait-elle plus vite?
06:29 Vous avez devant vous, mesdemoiselles,
06:32 un spécimen particulièrement typique de ce qu'on appelle un français.
06:36 Railleur et sceptique.
06:38 Eh bien, explique-nous plutôt comment on fait à Londres
06:40 pour ne pas se mouiller jusqu'aux genoux quand il pleut.
06:43 Eh bien, comme toutes les grandes idées, la solution des ingénieurs anglais est très simple.
06:47 Au lieu d'être creusé comme ici, par un caniveau central, la chaussée est bombée.
06:53 Et par où le son va-t-elle alors?
06:55 De chaque côté, le long des trottoirs,
06:57 de telle sorte que les caves et les boutiques ne sont pas inondées.
06:59 C'est extraordinaire!
07:00 Mais comment font les personnes qui sont en voiture pour gagner leur cours?
07:03 Les trottoirs s'arrêtent devant chaque porte-cochère, évidemment.
07:06 Si bien qu'on est toujours en train de monter et de descendre.
07:09 Eh bien non, décidément, je vous préfère encore nos marécages et les planches de petits savoyards.
07:13 Mon pauvre François, tu n'es qu'un rétrograde.
07:15 Tu confonds progrès et bon sens, enfin!
07:17 On voit de nos jours des choses vraiment surprenantes.
07:20 Savez-vous ce que j'ai aperçu un soir sur le quai de Chaillot?
07:23 Un dragon crachant des plages!
07:25 Vous ne croyez pas si bien.
07:27 J'étais allée porter une robe près de la pompe à feu,
07:30 quand en redescendant, j'ai vu sur l'eau une chose bizarre.
07:34 Un bateau!
07:36 Un bateau sur l'eau?
07:37 Ça, c'est vraiment extraordinaire!
07:39 Il avait des roues.
07:40 Des roues?
07:41 Oui, deux roues.
07:42 Et au-dessus, une sorte de grand poêle avec un tuyau.
07:44 Le capitaine devait être fumeux.
07:46 J'étais en train de le regarder,
07:48 quand une épouvantable fumée sortit en sifflant du tuyau,
07:51 et le bateau s'est mis à avancer,
07:53 sans voile ni rame, tout seul.
07:55 Et ben, dit, c'était le courant qui l'entraînait?
07:57 Justement pas, il remontait le courant.
07:59 C'est de la sorcellerie, hein?
08:00 Non, non, non, mais tout simplement,
08:02 l'application d'une invention anglaise...
08:04 Encore, où?
08:05 Eh oui, la machine à vapeur de Watt.
08:07 J'ai lu dans la gazette qu'un Américain,
08:09 un certain Fulton,
08:11 qui avait déjà inventé un appareil pour aller sous les mers,
08:14 le Nautilus,
08:15 était venu proposer à l'empereur,
08:17 quand il était premier consul,
08:18 un navire mue par le feu.
08:20 Mais il paraît que cette invention était sans avion.
08:23 Mieux que de partir par le feu. Comment est-ce possible?
08:26 Mais c'est très possible.
08:27 J'ai même vu en Angleterre,
08:29 la vapeur faire avancer une sorte de chariot sur des rails,
08:31 qu'on appelle locomotive.
08:33 Mon Dieu, que ne va-t-on pas chercher?
08:35 Comme si les chevaux ne suffisaient pas.
08:37 Eh bien, ne t'en déplaise, hein?
08:39 Ton Américain et ton Anglais ne sont pas les premiers.
08:41 Mon père m'a raconté que dans sa jeunesse,
08:43 en 1783,
08:45 il a vu naviguer à Lyon un bateau à vapeur.
08:47 Un bateau à vapeur avant la Révolution?
08:49 Parfaitement, j'ai même un ami de mon père qui l'a construit,
08:51 un grand. Je peux te le présenter?
08:53 Mais c'est impossible.
08:54 Comment impossible? Il est dans la voiture de Cugnot alors?
08:56 À vivre dans ton île, tu ignores ce qui se passe sur le continent.
08:58 Le soir, ne prenez pas feu, vous aussi.
09:00 Mais il n'y a pas de plomb, tout de même.
09:02 Et sais-tu qu'on va peut-être bientôt se chauffer à Paris à la vapeur?
09:05 En attendant, voilà nos rafraîchissements.
09:08 Ce n'est pas trop tôt.
09:10 Il faut le temps, ma belle.
09:11 Je n'ai pas de boite carbure.
09:13 Sachet de francs, 50 centimes.
09:15 Voilà, et 60 centimes.
09:20 Dis donc,
09:22 il reste un peu d'argent pour le chèque.
09:24 J'ai payé les entrées, 20 centimes, il doit me rester un franc 50.
09:27 Ça va, j'ai encore 50 centimes, Miss Omrich.
09:30 À vous, ma belle.
09:32 Eh bien, ne vous en déplaise, M. L'Enveloppement.
09:47 Quand il fait chaud, je ne connais rien de plus désaltérant que le sirop d'orgeat.
09:51 Eh bien, que diriez-vous maintenant
09:54 d'une petite partie de canotage sur votre rivière de poche
09:57 et d'une petite promenade dans les montagnes rouges?
09:59 Je veux mieux la balançoire.
10:01 Venez.
10:02 Vous savez,
10:11 nous, nous disputons tout le temps, Henri et moi,
10:14 mais dans le fond, c'est mon meilleur ami.
10:16 C'est comme moi avec Juliette.
10:18 Elle travaille avec vous?
10:19 Oui, nous sommes toutes les deux essayeuses chez le roi.
10:22 Le couturier de la couille?
10:23 Oui, et c'est moi qui m'occupe des robes de l'impératrice.
10:27 On vient de lui en faire une de 3 000 francs.
10:30 Tiens.
10:31 Mais quelle heure est-il donc?
10:34 Attendez.
10:35 Je vais vous dire ça.
10:39 Une écuiteur, vous avez bien le temps.
10:41 C'est que nous devons être à rentrée avant 10 heures.
10:44 Le roi ne nous a donné l'autorisation de sortir qu'à cette condition.
10:47 Eh oui, les vacances se terminent.
10:51 Il va falloir regagner le dortoir
10:53 et se réveiller au son du tambour.
10:55 En ce moment, mes parents sont en train de déménager.
11:00 Alors pendant ce temps-là, j'habite chez Henri.
11:02 Vous êtes au lycée?
11:05 Oh non, non, non, non.
11:06 J'ai terminé.
11:07 Je vais rentrer à la nouvelle école polytechnique.
11:12 Vous entendez une valse?
11:14 Vous...
11:16 Vous savez danser cette danse allemande?
11:18 Bien sûr. Et vous?
11:20 Non, pas du tout.
11:21 Oh, mais je vais vous apprendre.
11:23 C'est très facile, vous verrez.
11:25 Vous savez, je ne suis pas très bien danser.
11:27 Si, un grand pas et deux.
11:30 Un, deux, trois, un, deux, un.
11:33 Voilà.
11:34 Ça y est.
11:35 Qu'est-ce que vous tournez?
11:37 C'est tout?
11:38 J'adore la valse.
11:41 C'est très bien.
11:42 [Musique]
11:44 [Musique]
12:13 Je ne sais plus quoi inventer comme danse.
12:15 Oh, ce tenue-là,
12:17 contre l'autre aussi serré,
12:19 c'est terriblement indécent.
12:20 Parfaitement indécent et ridicule.
12:22 Ridicule!
12:23 Oh, oh, oh!
12:24 Excusez-moi.
12:25 Vous n'êtes pas blessé, mon chez-Jeanne?
12:27 Non, c'est bien probable.
12:28 Vous m'avez bousculé, monsieur.
12:30 Oui, monsieur, je vous prie de bien vouloir m'excuser.
12:32 C'est une honte.
12:33 Ces gamins ne respectent plus rien.
12:35 Vous êtes une butte, monsieur.
12:36 Parfaitement une butte sanguinée, vous entendez?
12:40 Écoutez, si vous voulez que je vous comprenne,
12:42 il faudrait commencer par parler français.
12:44 Oh, le petit impétinant!
12:46 Oh, laissez ce monstre, mon chez-Jeanne!
12:49 Ah non, pas du tout.
12:50 Monsieur m'offensait gavement.
12:51 Et je vous prie, mon cher Musson,
12:53 de bien vouloir me sévir de témoin.
12:54 C'est une affaire d'honneur.
12:56 Voici ma carte, monsieur.
12:58 Vous êtes fou.
13:00 Vous m'insultez.
13:01 Mais que se passe-t-il?
13:03 Il y a un rite.
13:04 Il faut que vous vous serviez demain de témoin.
13:06 Témoin?
13:07 Tu vas te battre?
13:08 Oui, avec monsieur.
13:11 Puisque vous êtes l'offensé, monsieur,
13:12 je vous laisse le choix des armes.
13:14 Ou si vous préférez, des armes.
13:16 Oh, mon Dieu!
13:17 Oh, non, c'est...
13:20 Oh, non, non, non!
13:21 Témoin, t'es fou!
13:23 Témoin, t'es fou!
13:25 Témoin, t'es fou!
13:28 Témoin, t'es fou!
13:30 Témoin, t'es fou!
13:33 (musique douce)
13:36 Alors, madame, que pensez-vous
14:00 de notre nouvelle demeure?
14:02 Elle est merveilleuse, mon ami.
14:04 Vous ne regretterez pas trop Paris?
14:06 J'adore la campagne, vous le savez.
14:08 Et ce hameau de Montsouris
14:09 avec ses moulins est délicieux.
14:11 Non, Paris est décidément trop sale,
14:13 trop puant, trop encombre et trop bruyant.
14:16 C'est devenu un véritable chantier,
14:18 un cloaque, un coupe-gorge.
14:20 Et depuis qu'on a placé des numéros
14:21 sur chaque maison,
14:22 je n'avais plus le sentiment
14:23 de rentrer chez moi,
14:24 mais d'habiter un dictionnaire
14:26 à la page 1224.
14:28 Le matin, au lieu du tonnerre des charrettes,
14:30 nous écouterons le chant des oiseaux.
14:32 Et plus besoin de porteur d'eau.
14:34 Nous avons notre puits.
14:36 Et notre jardin.
14:38 Moi qui aime tant les fleurs.
14:40 Et quel plaisir, mon ami,
14:41 pour une ménagère
14:42 de n'avoir plus à descendre les étages
14:44 pour aller donner ses ordres à la cuisine
14:46 comme dans notre ancien appartement.
14:47 Mais ne craindrez-vous pas un peu la solitude
14:49 maintenant que François va devenir pensionnaire?
14:52 Nous nous retrouvons tous les deux, mon ami,
14:54 comme au début de notre mariage.
14:56 Vous avez enfin votre harpe.
14:58 Vous pourrez reprendre la musique.
15:00 Et vous voici dans ce salon au goût du jour,
15:02 dans vos réviers, tout en acageant.
15:04 Avec sa pendule et ses vases de tôle
15:07 auxquels vous teignez tellement.
15:09 Avouez que ces lampes carcées à huile
15:11 sont du plus bel effet.
15:12 Ah, je reconnais que je ne suis pas mécontent
15:14 d'être enfin débarrassé
15:16 de notre vieux mobilier tout contourné
15:18 qui datait de l'huile bien aimée.
15:21 Mais...
15:23 Mais il manque encore à ce salon quelque chose.
15:27 Quoi donc?
15:28 Ah, je ne sais.
15:30 Peut-être est-ce ce panneau
15:34 qui me semble un peu vide.
15:36 Il lui faudrait une décoration dans le genre égyptien.
15:39 Oui.
15:40 Ou de Pompéi.
15:42 Ah, tiens, voilà une moulure qui ne tient pas très bien, là.
15:46 Vous, Frédéric, Romain Huizier, devenez-la réparer.
15:49 Ça, par exemple, regardez!
15:52 Qu'est-ce que c'est?
15:54 On dirait un cabinet secret, une sorte de cachette.
15:57 Voulez-vous m'apporter un chantelier, s'il vous plaît?
16:00 Cette demeure reconnaît ses nouveaux maîtres.
16:03 Elle nous livre ses mystères.
16:05 Voici ta lumière.
16:06 Merci, mamie.
16:08 La pièce est vide.
16:15 Ah, non, il y a là un vieux cadre.
16:18 Approchez le flambeau, s'il vous plaît, mamie.
16:21 On dirait le portrait d'un gentilhomme.
16:24 Attendez, je vais le porter dans le salon.
16:27 Oh! Oh, mon Dieu, voyez quelle poussière!
16:33 Je vais appeler Thérèse.
16:36 C'est un pastel, et qui ne me paraît pas mal du tout, ma foi.
16:42 Il a un visage étrange, ne le trouvez-vous pas?
16:49 Que fait-on, Thérèse?
16:51 On n'est pas déjà avalardés avec les gens du voisinage.
16:54 Il y a une signature dans le coin.
16:57 Maurice Quentin de la Tour.
16:59 C'est un peintre célèbre.
17:01 Je vous crois.
17:03 Il a été le portraitiste de la cour de Louis XV, de la pompadour et d'autres personnages.
17:08 Mais ses oeuvres vieillotent de l'ancien régime, non plus garde-valeur.
17:12 Un brocanteur n'en donnerait même pas un Napoléon.
17:15 Quelle olo en fer!
17:17 Eh bien, mamie, avec votre permission,
17:20 et en attendant que le jeune Dominique Ingres ait fait votre portrait,
17:23 il me semble que ce panneau n'attendait vraiment que notre découverte.
17:27 Madame! Madame!
17:29 Madame, c'était pour votre âme!
17:31 Vous voilà enfin, Thérèse, depuis tant que je ne vous appellais.
17:34 Oh, madame, si vous saviez!
17:36 Mais que se passe-t-il?
17:38 Un géant, madame!
17:40 Un géant? Où ça?
17:42 Ici, dans la paroisse.
17:44 Vous habitez près d'un tombissoir.
17:46 Ce n'est pas pour rien que ces lieux portent leur nom.
17:48 Vous savez pourquoi, vous?
17:50 Oui, madame, la vieille Marie me l'a dit.
17:52 Qui est Marie?
17:54 La servante de vos voisins, madame.
17:56 Une personne tout à fait respectable,
17:58 et qui a servi ici dans sa jeunesse, du temps des rois.
18:00 D'ailleurs, tout le monde ici le sait bien.
18:02 Si vous vous étiez renseignée comme moi avant d'acheter cette maison...
18:04 Thérèse, que voyons-nous après?
18:06 Que cet endroit est maudit, monsieur.
18:08 Maudit? Il n'en a pas l'air.
18:10 C'est ici qu'a été enterré le géant Isoré.
18:12 C'est la vérité, madame.
18:14 C'était un roi païen, de plus de 4 mètres de haut,
18:16 et qui vivait jadis à Montmartre.
18:18 Il terrorisait les Parisiens.
18:20 Saint Guillaume lui a coupé la tête.
18:22 Au moins, nous voilà tranquilles, puisqu'il est mort.
18:24 Mais il revient, monsieur, il revient!
18:26 La vieille Marie l'a vu, comme je vous vois.
18:28 Ne nous dites pas de bêtises, Thérèse.
18:30 Madame, j'ai peur. Tout ce pays est farci de catacombes pleines d'ossements.
18:32 Les revenants s'y promènent comme chez eux.
18:34 Les maisons s'écroulent comme des châteaux de cartes.
18:36 Et près de la place d'enfer, on a vu disparaître toute une rue.
18:38 Rassurez-vous, la nôtre est bien solide.
18:40 Le monde infernal est sous nos pas, monsieur.
18:42 Ah!
18:44 Qu'est-ce qu'il y a encore?
18:46 Qu'est-ce que c'est que ce trou, là, dans le mur?
18:48 Ça, c'est un cabinet dont je viens de découvrir le secret,
18:50 et où j'ai trouvé ce portrait.
18:52 Quel portrait?
18:54 Celui-là.
18:56 Qui est-ce?
18:58 Ça, si je le savais.
19:00 On dirait le diable.
19:02 Je le reconnais. C'est lui, c'est bien lui.
19:04 Mais qui, lui?
19:06 C'est le propriétaire de votre maison.
19:08 Non, monsieur, non, mais le propriétaire de votre maison.
19:10 En voilà assez, Thérèse.
19:12 Le propriétaire de cette maison n'est autre que moi,
19:14 et vous le savez bien.
19:16 Ah oui, monsieur, mais du temps de la Révolution,
19:18 cette demeure était la maison des chants du Marquis de Prelle,
19:20 chez qui servait la vieille Marie.
19:22 Le Marquis lui a donné un médaillon.
19:24 C'est lui, c'est bien lui, je le reconnais.
19:26 Faut le brûler, hein?
19:28 Mais pas du tout, vous êtes folle.
19:30 Je vais au contraire l'exposer à la place d'honneur.
19:32 Ah, non, ne faites pas ça, monsieur, je vous en supplie.
19:34 Eh bien, Thérèse, s'il nous faisait cette grâce,
19:36 nous le recevrions comme il convient,
19:38 et rassurez-vous, je lui rendrai son bien.
19:40 Mais, monsieur, mais vous ne savez pas?
19:44 Quoi encore, Thérèse?
19:46 Mais monsieur le Marquis est mort, monsieur.
19:48 Il a été guillotiné sous la terreur.
19:50 Guillotiné sous la terreur!
19:52 Oh, vous êtes là!
20:12 Attendez, je vais vous aider.
20:14 Quel malheur!
20:16 Me fait faire un pas exercice à mon âme.
20:18 À cette heure-ci, c'est excellent.
20:20 Vous devriez continuer, ça vous ferait le plus grand bien.
20:22 Ouh!
20:25 Attention, vous allez donner l'alerte.
20:27 Vous avez les pistolets?
20:29 Les voici.
20:30 Se battre pour une petite bousculade involontaire,
20:32 si ce n'est pas malheureux.
20:34 Et nous obliger à nous lever sitôt.
20:36 C'est insupportable, vraiment.
20:38 Dire que nos amis risquent leur vie pour une bêtise pareille.
20:40 Et nous, de pan de foi.
20:42 Pardon?
20:44 De pan de foi, d'attaper un hume, de tomber malade.
20:46 Il ne nous reste que quelques minutes.
20:48 Je suppose que vous êtes très attaché à votre camarade.
20:50 Très attaché.
20:52 Eh bien, et moi, sachez-le, François est mon meilleur ami.
20:54 Dans ce cas, vous serez peut-être d'accord avec moi.
20:56 Nous n'allons pas les laisser s'entretuer.
20:58 Mais mon ché qui pouvons-nous! On ne peut plus enculer maintenant.
21:00 Mon ami tombe de peu.
21:02 Mais j'ai eu beau le raisonner toute la nuit,
21:04 c'est une affaie d'honneur.
21:06 François n'est pas moins obstiné.
21:08 Ils n'accepteront jamais de se réconcilier.
21:10 Je crois en effet que malgré tous nos efforts,
21:14 ils vont tous encore entendre raison.
21:16 Mais il reste peut-être une solution.
21:18 Où laquelle?
21:20 Diminuer la charge de poudre des pistolets.
21:22 Ils pourront ainsi venger leur honneur sans aucun risque.
21:24 Nous n'avons pas pris l'engagement de faire couler le sang.
21:26 Excellente idée! Très bien, très bien, très bien.
21:28 Je suis tout à fait d'accord.
21:30 Alors faisons vite.
21:32 Naturellement, j'ai votre parole, comme vous avez la mienne,
21:36 de ne rien leur révéler.
21:38 Oh, sacré!
21:40 Ils n'y verront que du feu.
21:42 Hi, hi, hi!
21:44 Les premières balles échangées,
21:46 nous déclarerons l'honneur sauf de part et d'autre,
21:48 et le tour sera joué.
21:50 C'est amusant!
21:52 Attention, ils approchent.
21:54 Messieurs, messieurs,
22:08 je suis à votre disposition.
22:10 Refusez-vous toujours, messieurs, de vous réconcilier?
22:12 Absolument! Il n'en est pas question.
22:14 Dans ce cas, messieurs, il ne nous reste plus qu'à nous en remettre aux armes.
22:18 Je vous prie, messieurs, de choisir un de ces pistolets.
22:26 Mais si!
22:28 Voici le tien, François.
22:32 Merci.
22:34 Veuillez maintenant vous détourner l'un de l'autre.
22:38 Et vous éloignez chacun de dix pas.
22:40 Ils sont tous les deux à moitié morts de peur.
22:48 C'est le cas de l'Edifice!
22:50 Chut!
22:52 Attention à mon commandement.
22:54 En avant!
22:56 Feu!
22:58 Oh! Que se passe-t-il?
23:00 Jeannot! Voyons! Jeannot!
23:02 Mon ché Jeannot!
23:06 Il est mort! Vous croyez?
23:08 Il m'en a tout l'air. Mais comment se fait-il?
23:10 Il est en train de tirer! Prends secours!
23:12 On nous a entendus!
23:14 Mais il n'est pas mort!
23:16 Je ne sais pas, mais sauve-toi!
23:18 Il faut faire venir un chirurgien!
23:20 Je m'en occupe, mais pour l'amour du ciel, sauve-toi!
23:22 C'est incroyable!
23:26 Oh, excusez-moi.
23:28 Vous avez raison, hélas. C'est incroyable.
23:30 Déjà dix heures.
23:32 Le spectacle a fini bien tard ce soir.
23:34 Assez neuf heures.
23:36 Thérèse doit être au coucher.
23:38 Et rêver de géant ou de fantôme.
23:40 Thalma a été prodigieux ce soir, ne trouvez-vous pas?
23:42 On dit qu'il gagne par an plus de cent millions de dollars.
23:44 Et que Thalma a gagné plus de cent millions de dollars.
23:46 Et que Thalma a gagné plus de cent millions de dollars.
23:48 Et que Thalma a gagné plus de cent millions de dollars.
23:50 Et que Thalma a gagné plus de cent millions de dollars.
23:52 Et que Thalma a gagné plus de cent millions de dollars.
23:54 Et que Thalma a gagné plus de cent millions de dollars.
23:56 Et que Thalma a gagné plus de cent millions de dollars.
23:58 On dit qu'il gagne par an plus de cent mille francs.
24:00 Ces comédiens sont aujourd'hui payés comme des princes.
24:02 Mais on doit reconnaître que Thalma le mérite.
24:04 Il faudra un autre soir aller entendre mademoiselle George.
24:09 Il paraît qu'elle est extraordinaire dans le rôle d'Emily de Cynna.
24:12 Moi j'aimerais bien aller à l'ambigu voir un bon petit drame.
24:15 Ne me donnez pas cette frayeur.
24:17 Il se produit bien dix ou douze meurtres dans chacune de ses pièces.
24:20 Donnez-moi plutôt à l'opéra.
24:22 Je vais monter devant avec la bougie, je vais souffler les lumières.
24:25 Ah! Ah! Ah!
24:27 Thérèse!
24:29 Vous n'avez pas peur de nous maintenant?
24:31 Cette fille devient complètement folle.
24:33 Thérèse! Thérèse!
24:35 Mais ne vous agitez pas.
24:37 Madame!
24:39 Respirez calmement, profondément.
24:41 Je l'ai vue, madame.
24:45 Je l'ai vue.
24:47 Qui avez-vous vu?
24:49 Le fantôme. Il est ici dans la maison.
24:51 Vous avez un peu trop d'imagination, Thérèse.
24:53 Il est venu, madame. C'est épouvantable.
24:55 Un vrai démon. Calmez-vous.
24:57 Voyons, calmez-vous et dites-nous ce que vous avez vu,
24:59 si tant est que vous ayez vu quelque chose.
25:01 Au bout d'une partie, quand j'ai entendu du bruit,
25:06 je me suis levée en pensant que c'était vous qui reveniez avec madame.
25:09 Et je me suis relevée pour vous éclairer.
25:12 Mais à peine étais-je dans le corridor qui a eu si...
25:15 tout un chahut.
25:17 J'ai levé ma chandelle.
25:19 Et alors j'ai vu une ombre immense, comme celle d'un géant.
25:22 Mais quand je suis arrivée, elle avait disparu.
25:24 Encore vous sornette. C'est votre ombre à vous,
25:26 sotte que vous êtes, que vous avez vue.
25:28 Mais le guéridon était par terre, monsieur.
25:30 Alors on l'a renversé.
25:32 Un fantôme qui renverse les meubles?
25:34 C'est peut-être un rondeux.
25:36 Il a disparu comme par enchantement.
25:38 Mais vous n'avez vu personne s'enfuir?
25:40 Mais avant de me barricader, j'avais vérifié toutes les fenêtres.
25:44 Il y en avait qu'une d'ouverte et je l'ai refermée.
25:46 Voilà. C'est par là qu'on aura pu rentrer.
25:48 Mais jusqu'à votre tour, je suis restée à faire le guet.
25:51 Il n'y a pas eu un bruit, pas même un craquement.
25:55 Rien ne semble avoir disparu.
25:57 Je vais m'assurer qu'il en va de mes malétages, restées ici toutes les deux.
26:00 Soyez prudent, mon amour.
26:02 N'ayez crainte, fantôme ou non, j'ai là de quoi lui répondre.
26:06 Madame, j'ai peur.
26:08 Vous êtes sûre de ne pas vous être trompée?
26:10 Aussi sûre que je vous voyais avec quelqu'un dans la maison.
26:12 Mais les filous se tiennent là où ils peuvent faire leur mauvais coup.
26:15 À Paris, dans les ruines, dans les bosquets des Champs-Élysées.
26:19 Mais ici, à moins qu'un mauvais sujet du pays n'ait remarqué notre sortie.
26:25 Et si c'était l'homme du portrait, le mort, qui soit venu rechercher son bien?
26:29 Oh, la vieille Marie vous a tourné la tête. Voilà le résultat de toutes ces histoires.
26:32 Oh, mais pas le portrait d'un mort dans son salon, Madame.
26:35 Ça porte malheur. Pensez donc, hein, guillotiné.
26:38 C'est vous!
26:46 On n'entend plus rien là-haut.
26:49 Voilà, Monsieur.
26:52 C'est ce que je pensais. Tout est en ordre et je n'ai vu personne.
26:54 Vous avez rêvé, Thérèse.
26:56 Que vous disais-je? Un fantôme peut se rendre invisible.
26:59 Qu'il le reste, au moins, il ne vous dérangera pas.
27:01 Allez, vous allez me faire le plaisir de regagner votre chambre.
27:04 Non, non, j'ai bien trop peur. Si le fantôme voulait me tirer par les pieds...
27:07 C'est encore ce qu'il aurait mieux à faire. Allez, ouvre.
27:09 Le portrait!
27:12 Oh, Madame!
27:16 Le cadre n'est pas brisé, heureusement.
27:19 Je l'avais bien dit, c'est le fantôme qui est revenu chercher son pied.
27:22 Non, mais non, c'est le clou qu'il n'a pas tenu, tout simplement.
27:25 Je n'ai jamais supplanté un clou qui tienne.
27:27 Vous ne voulez rien croire, vous, Monsieur.
27:29 J'avoue, mon ami, que je commence moi-même à ne pas me sentir très rassurée.
27:32 Allons, allons, montez dans votre chambre.
27:34 Thérèse couchera après vous sur le sofa.
27:37 Et dormez, je vais monter la garde.
27:39 Vous n'allez pas passer la nuit dans le salon?
27:41 Mais non, une petite heure seulement. Je n'ai pas très sommeil.
27:44 Monsieur de Châteaubriand me tiendra compagnie.
27:46 Et rassurez-vous, si ce personnage jaillit de l'esprit de Thérèse se manifeste, je lui brûle la cervelle.
27:51 Bonne nuit, mon ami.
27:53 Je suis désolée de vous infliger cette corvée.
27:56 La lecture d'Atala n'est pas une corvée.
27:58 Ah non, remettez-vous de vos émotions.
28:00 Bonsoir, Monsieur.
28:02 Bonsoir, Thérèse. Mais ne faites pas de cauchemars.
28:05 [Il s'approche.]
28:08 [Il s'approche.]
28:11 [Il s'approche.]
28:14 [Il s'approche.]
28:16 [Il s'approche.]
28:18 [Il s'approche.]
28:20 [Il s'approche.]
28:23 [Il s'approche.]
28:26 [Il s'approche.]
28:28 [Il s'approche.]
28:31 [Il s'approche.]
28:33 [Il s'approche.]
28:36 [Il s'approche.]
28:38 [Il s'approche.]
28:41 [Il se réveille.]
29:09 Attention à votre pistolet.
29:11 Qu'est-ce que tu fais ici?
29:13 Ne m'enveillez pas, mon père.
29:15 Si c'était toi.
29:17 Je me suis caché tout le jour.
29:19 Je suis venu de Paris jusqu'ici.
29:21 Mais vous étiez sorti.
29:23 Pourquoi ne t'as-tu pas montré à Thérèse?
29:25 Il ne faut pas qu'elle sache que je suis ici.
29:27 Quand elle est entrée dans le salon,
29:29 j'ai vu la porte de ce cabinet ouverte.
29:31 Alors je m'y suis précipité.
29:33 Voilà donc l'explication.
29:35 Je voulais vous voir seul, mon père.
29:37 Assieds-toi.
29:39 Et raconte-moi si t'arrives.
29:41 Veux-tu un verre de Porto?
29:44 Non, merci. Je ne pourrai pas l'avaler.
29:47 Toi, tu t'es querellé avec Henri.
29:52 Oh, non.
29:54 Ah, je devine. Tu as été joué et tu as perdu.
29:57 Mais c'est bien plus grave.
29:59 Plus grave?
30:01 Je crois bien que j'ai tué un homme.
30:06 Que dis-tu?
30:08 C'est affreux et stupide.
30:10 J'étais hier soir au jardin Tivoli.
30:13 Un homme m'a accusé de l'avoir bousculé.
30:16 Si je l'ai fait, c'est bien involontairement.
30:18 Je vous en donne ma parole.
30:20 Nous avons échangé nos cartes et ce matin,
30:23 à l'aume, nous nous sommes battus.
30:25 Tu t'es battu en duel, toi?
30:27 J'étais bien obligé.
30:29 Mais je ne voulais pas le tuer.
30:31 Je l'ai visé au bras. Il est tombé aussitôt.
30:33 Et alors, qu'est-il devenu?
30:35 Je ne sais pas.
30:37 Henri et le témoin de mon adversaire sont restés près du corps.
30:42 Des gens accouraient.
30:44 Henri m'a dit qu'il s'occuperait de faire venir un chirurgien.
30:46 Je me suis sauvé.
30:48 On m'a sûrement reconnu.
30:51 Mon père, que vais-je devenir maintenant?
30:54 Tu n'es pas responsable.
30:56 Légalement, ce n'est pas un crime que de tuer son adversaire en duel.
30:59 Mais tu mesures toi-même combien le motif de votre querelle était ridicule.
31:04 Ça ne valait sûrement pas la mort d'un homme.
31:06 Je ne l'oublierai jamais, ce moment où je l'ai vu tomber.
31:09 Et ça aurait pu être toi.
31:11 Tu as exposé bien légèrement ta vie.
31:14 As-tu pensé à mon chagrin?
31:17 La suite de ta mère?
31:19 Pardon, mon père.
31:21 Mais que vouliez-vous que je fasse? Je ne pouvais tout de même pas me dérober.
31:25 Nous vivons au 19e siècle et nous nous conduisons encore comme au Moyen-Âge,
31:28 au temps du jugement de Dieu.
31:30 La bourgeoisie n'aura retenu de la noblesse.
31:33 Que c'est défaut, comme nous plaçons bien mal notre honneur.
31:37 Oui, mais maintenant, que dois-je faire?
31:41 Dormir. Enfin, du moins, si tu le peux.
31:45 Demain matin, je verrai Henri, je saurai la fin de cette aventure et...
31:48 Mais c'est demain que les cours reprennent.
31:50 Eh bien, nous avisons.
31:52 Tu t'es mis dans de mauvais draps, malgré toi, je veux bien le croire.
31:55 Mais ce qui me réconforte malgré tout dans ces lamentables circonstances,
31:59 c'est de voir que tu ne tires pas de cette rencontre une sotte glorieule,
32:03 comme beaucoup d'autres l'auraient fait à ta place.
32:05 J'ai pour fils un être humain.
32:08 Et puisque tu me fais confiance, sois tranquille, je ne la décevrai pas.
32:12 La police. Ils m'ont suivi.
32:15 Non, c'est pas possible.
32:16 Mais qui voulez-vous que ce soit à cette heure?
32:18 Nous allons bien savoir. Reste ici.
32:26 Excusez-moi de venir à cette heure, mais est-ce que François est chez vous?
32:29 Oui, oui, entrez, entrez, je vous en prie. Il est là, dans le salon.
32:33 C'est toi?
32:34 Je t'ai cherché partout, toute la journée.
32:36 J'ai eu bien du mal à venir jusqu'ici. On ne trouve plus un seul fiac.
32:38 Quelles nouvelles me portez-vous, Henri?
32:40 De bonnes, d'excellentes nouvelles.
32:42 Tu les saurais depuis longtemps si tu ne t'étais pas si bien caché.
32:44 Il n'est pas mort?
32:45 Non seulement il vit, mais il ne s'est jamais aussi bien porté.
32:48 Ta balle ne l'a même pas touché. Elle ne le pouvait pas, d'ailleurs.
32:51 Comment cela?
32:52 Parce que son camarade et moi, nous avions diminué les charges de poudre au grand nid.
32:56 Comment se fait-il qu'il soit tombé quand François a tiré?
32:58 Mais la peur, monsieur. Ce n'était que la peur.
33:00 Si vous aviez vu cet individu, je n'ai jamais vu autant de coirdises alliées à une telle fanfaronnade.
33:05 A peine étais-tu parti qu'il a ouvert les yeux.
33:07 Et quand la garde est arrivée, il a raconté qu'il t'avait mis en fuite.
33:11 Le lâche!
33:12 Heureusement que j'étais là pour rétablir la vérité.
33:14 J'aime mieux le savoir lâche mais vivant que l'héroïque victime de François.
33:19 Il pourra moins se vanter de m'avoir fait une belle peur lui aussi.
33:22 Et à moi donc? Je n'y comprenais rien.
33:24 Quand je l'ai vu tomber, j'ai cru que je m'étais trompé et qu'on allait m'accuser de supercherie.
33:28 Mes enfants, j'espère que vous serez profité de la leçon.
33:31 On ne trouve pas tous les jours un témoin aussi complaisant ni un adversaire lâche ou maladroit.
33:37 Mais je suis sûr que ces émotions et ces courses à travers Paris vous ont donné faim.
33:42 Je n'ai jamais rien pu manger ni boire de toute la journée. J'ai eu une faim.
33:45 Et moi, je ne gairevais le temps.
33:47 Je vous invite. J'ai pourtant dîné comme tout le monde à 5h mais j'avoue que je commence à avoir une faim de loup.
33:52 Alors nous allons déboucher quelques bonnes bouteilles, nous emparer à la cuisine de tous les pâtés et viandes froides qui s'y trouvent
33:58 et fêter comme il se doit la résurrection de l'adversaire de François. D'accord?
34:02 D'accord. Je m'occupe du couvert.
34:04 Et demain matin, Henri, à la première heure, je ferai un clé et je vous reconduirai à Paris.
34:08 Je vous remercie, monsieur.
34:09 Je vais m'occuper des victuales.
34:11 Nous allons improviser un véritable soupe.
34:15 Tu peux même dire un thé à l'anglaise.
34:17 Toi et ton angleterre.
34:19 C'est tout de même pas de ma faute. Si on appelle maintenant de la sorte les soupers français.
34:23 Reprenez donc un peu de jambonneau, Henri.
34:37 Volontiers. Il était aussi exquis que le rôti et que le jambon.
34:42 Et s'ils viennent de la même bête, c'était un fameux animal.
34:45 Et comme le dit si brillamment notre grand poète, la bête de Lille,
34:49 "Saluons, amis, saluons ce froid célibataire, inhabile au plaisir, du luxe de la table à un fortuné martyre."
34:57 Bravo! Tu as autant de lait que de l'appétit.
35:00 La poésie est une belle chose, mais n'oublions pas, parmi tous les arts, celui de la gastronomie.
35:07 Mais qu'est-ce que tu ferons, François, pour remplir nos verres?
35:09 Mais la bouteille est vide.
35:11 Il faut en déboucher une autre.
35:13 Voilà. Tenez, reprenez donc aussi un de ces pâtés de maillots en sang.
35:17 Et vous ne mangez pas.
35:18 Merci, monsieur, merci.
35:19 Vous l'avez bien mérité.
35:20 Et pour le dessert, mes enfants, je vous ferai goûter une pâtisserie toute nouvelle
35:25 dont il paraît que l'impératrice raffole.
35:27 Qu'est-ce que c'est?
35:28 Des madeleines.
35:29 Des madeleines?
35:30 Oui. On appelle ainsi ces gâteaux du nom de la pâtissière qui les vend,
35:33 en tournant des tuileries.
35:35 Mais nous ne buvons pas.
35:37 Allez. À votre santé, mes enfants, et au succès de vos études.
35:41 Et à la santé de notre fée incroyable.
35:44 Oh, François! Une surprise.
35:48 Vous aussi, Henri.
35:50 Bonjour, maman.
35:51 Bonjour, mes enfants.
35:52 Vous êtes bien matinos.
35:54 Henri et François ont eu la bonne idée, avant de regagner leur collège,
35:58 de venir partager, comme vous voyez, notre petit déjeuner.
36:02 Ah, il faudrait rester pour le déjeuner.
36:04 Ah, si, si, j'y tiens.
36:06 Mais finissez votre repas, mes enfants.
36:08 J'espère, mon ami, que vous n'aurez pas veillé trop longtemps.
36:11 J'ai passé une excellente nuit.
36:13 Vraiment excellente.
36:14 Et le fantôme, monsieur?
36:16 Le fantôme, Thérèse.
36:21 L'avez-vous vu?
36:22 Mais oui, bien sûr que je l'ai vu.
36:24 Et je peux vous affirmer que c'est un excellent garçon.
36:26 Il m'a assuré qu'il ne viendrait plus jamais vous causer une frayeur pareille.
36:29 Il n'y a plus ici ni géant, ni fantôme,
36:33 mais seulement de joyeux vivants.
36:36 À votre heureuse santé.
36:39 Bienvenue.
36:42 Sous-titrage FR : VNero14
36:46 Musique de Jean-Luc Martin
36:49 ...
37:18 ...
37:47 ...