"J'ai eu la peur de ma vie" : le maire d'un village agressé pour mettre fin à un tapage nocturne

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Transcript

00:00 - En attendant, nous sommes avec Edouard Babel, le maire de Manière. Edouard Babel, bonjour.

00:04 - Oui, bonjour. - Merci d'être avec nous.

00:07 300 habitants à Manière, pas très loin de Luniville.

00:10 - Oui, 320 habitants, une petite commune rurale à 20 km de Luniville, dans le sud du département de Meurthe-et-Moselle.

00:17 - Une commune tranquille, Edouard Babel.

00:20 - Tranquille, voilà, oui, le petit calme de la ruralité française,

00:26 oui, oui, qui est d'habitude tranquille. - Qui est d'habitude tranquille.

00:30 Mais, samedi soir, la salle municipale a été louée par un groupe de jeunes extérieurs au village pour une soirée.

00:39 À 22h, vous êtes alerté par les habitants, vous êtes alerté pourquoi ?

00:43 - Je suis alerté par le niveau sonore de la musique, qui était vraiment plus qu'excessif.

00:53 Donc on a fait baisser le son, et je pensais que la soirée allait après se dérouler naturellement.

01:01 - Sans problème, quoi. - Sachant que j'habite juste en face de la salle des fêtes,

01:06 donc je suis un peu aux premières loges pour "surveiller" quand ça se passe pas bien.

01:11 Sauf que ça a plutôt dégénéré vers 2h30 du matin, quoi.

01:16 - 2h30, ça a dégénéré, bagarre entre une vingtaine de jeunes.

01:20 - Quel âge ces jeunes ? - Ils avaient entre 16 et 20, 21 ans, à peu près.

01:26 - Vous avez vu ça, puisque vous habitez en face, vous avez assisté à tout,

01:30 vous appelez la gendarmerie, mais vous êtes inquiet des dégradations possibles ?

01:37 - J'avais peur pour ma salle, et naturellement, en attendant que la gendarmerie arrive,

01:43 accompagné d'un de mes amis, je me suis rendu à la salle pour notifier aux locataires

01:51 qu'on allait interrompre la soirée et qu'il fallait que tout le monde sorte, car ça dégénérait trop.

01:58 - Et là, vous avez pris une gifle.

02:02 - Et voilà, et avec une grande stupéfaction, tout d'un coup, j'ai pris une gifle,

02:08 juste à l'entrée, par un individu, qui était fortement alcoolisé.

02:13 Et là, je me suis dit "ouh là, ça dégénère, ils veulent s'en prendre à moi,

02:19 il faut que je reparte chez moi, me mettre à l'abri en attendant que la gendarmerie arrive".

02:23 Donc je suis sorti, sauf qu'arrivé dans la rue, il y a un groupe qui a commencé à me courir après.

02:33 J'étais vraiment en mode décontracté, en short claquette,

02:38 donc en claquette on ne court pas bien vite.

02:41 Ils m'ont vite rattrapé pour me mettre au sol et me donner des coups au sol.

02:47 Moi, je me suis mis en position de défense pour me protéger au moins la tête, la nuque.

02:54 Donc ça a été très très vite, mais le temps qu'ils me couraient après,

02:59 ils avaient une telle détermination à me faire du mal que je sentais,

03:03 j'ai eu la peur de ma vie, j'ai cru qu'ils allaient me tuer.

03:07 Heureusement que mon ami, qui est assez imposant, est arrivé assez vite pour les faire fuir.

03:14 Et moi en même temps, de mon côté, j'ai fait le mort sur la route, je ne bougeais plus et tout.

03:20 Et tout d'un tout, il y a un individu qui a crié "il est mort, il est mort"

03:24 et je pense que ça les a effrayés.

03:26 Et du coup, ils se sont vite dispersés avant que la gendarmerie arrive.

03:33 - Incroyable, vous avez été transféré à l'hôpital de Luneville,

03:37 vous avez subi plusieurs examens, bon ça va mieux.

03:41 Vous avez des contusions, mais moralement...

03:43 - Des contusions, des hématomes, mais je vous dis, je reste encore choqué par la violence des faits

03:49 et la violence gratuite.

03:53 Je n'en avais rien fait, c'est vraiment une violence gratuite.

03:57 C'est incompréhensible, complètement incompréhensible.

04:01 - Est-ce qu'ils savaient que vous étiez le maire du village ?

04:03 - Oui, naturellement, en arrivant dans la salle, je me suis présenté comme étant le maire du village.

04:10 Bien que ce n'est pas moi qui gère la location de salle, c'est un de mes conseillers,

04:15 mais il y a des problèmes, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,

04:19 c'est toujours le maire dans les petites communes qui intervient.

04:22 - Mais dans tous les cas, vous ne louerez plus jamais à des jeunes venus d'ailleurs.

04:27 - Non, voilà.

04:29 Une des premières décisions qu'on va prendre, pas plus tard que vendredi prochain au conseil municipal,

04:35 j'ai proposé une délibération qui permet de ne plus louer la salle aux habitants extérieurs

04:43 et vraiment louer la salle qu'aux habitants du village et associations locales.

04:49 C'est malheureux pour les gens qui sont honnêtes, qui nous l'apprenaient des villages aux alentours,

04:57 mais voilà, ça va être une des premières mesures qu'on va prendre.

05:02 - Bah évidemment, évidemment.

05:05 Et vous n'allez pas démissionner, Edor Babel ?

05:10 - Non, je reste toujours motivé, parce que j'aime vraiment bien ce que je fais,

05:16 j'adore ma fonction de maire, surtout dans une petite commune comme la nôtre,

05:20 où la fonction, je pense, est complètement différente par rapport à une ville,

05:26 parce qu'on est toujours nous en première ligne,

05:29 il faut qu'on gère un peu près tout.

05:33 - Oui, n'y a plus aucun respect.

05:37 - C'est ça le gros problème.

05:40 Il y a un monde total de respect envers les élus, envers les forces publiques,

05:46 et ça c'est vraiment navrant. Vraiment, vraiment.

05:51 - Merci Edor Babel pour votre témoignage.

05:53 - C'est moi qui vous remercie. Merci bien.

05:56 - Je vous en prie, merci. C'est l'illustration même de la situation,

05:59 d'une forme de décivilisation.

06:02 C'est le mot employé par Emmanuel Macron,

06:04 qu'en pensez-vous ? 0826 300 300 10h57.

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