L'actu de la semaine vue par Philippe de Villiers. Rendez-vous animé par Geoffroy Lejeune. Un regard singulier sur les enjeux politiques, économique, sociétaux du pays.
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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans ce rendez-vous sur CNews, la semaine de Philippe Devilliers, donc avec Philippe Devilliers, notre invité.
00:05 Bonsoir Philippe.
00:06 Bonsoir.
00:07 Vous êtes écrivain aujourd'hui, aussi ancien ministre, ancien homme politique, vous avez créé le Puy du Fou.
00:11 Et l'objectif de ce rendez-vous, c'est de décrypter avec vous les grands événements de l'actualité de la semaine, essayer d'en tirer des
00:16 leçons. Et on va commencer en fait tout de suite avec peut-être ce qui est le mot de la semaine qui a été prononcé par
00:21 le président de la République. C'était mercredi en Conseil des ministres et depuis ça a fait beaucoup réagir, le mot de
00:28 la semaine, la civilisation. Je vais vous lire d'ailleurs
00:30 l'extrait du verbatim rapporté du président de la République.
00:33 "Il faut être intraitable sur le fond, aucune violence n'est légitime, qu'elle soit verbale ou contre les personnes, il faut travailler en profondeur
00:40 pour contrer ce processus donc de décivilisation." Il commente évidemment des faits divers et notamment le fait divers à Lille,
00:47 à Roubaix, pardon, qui a vu des policiers être renversés et tués par un chauffard qui était en sens
00:52 interdit à 120 km/h sous l'emprise évidemment de cannabis et d'alcool.
00:57 Qu'est-ce qui vous inspire ce mot ? Est-ce que vous pensez que le président de la République a raison de l'utiliser ?
01:01 Ce mot moi je l'ai utilisé cent fois et beaucoup d'autres comme moi.
01:08 Simplement je voudrais commencer par un petit apologue, si vous me permettez.
01:14 Vous connaissez l'histoire du renard à la queue enflammée
01:19 qui
01:21 court dans une forêt
01:23 et qui l'ayant traversé se retourne pour s'étonner
01:27 que la forêt brûle.
01:29 Je propose que cette émission
01:32 sur la décivilisation
01:34 permette de jeter une couverture ineffugée sur le petit renard Emmanuel.
01:39 Alors au-delà de la plaisanterie, il y a un vrai diagnostic. La question que j'ai envie de vous poser c'est est-ce que vous le croyez
01:45 sincère Emmanuel Macron ou est-ce que vous pensez qu'il peut être qu'il se réveille trop tard ?
01:49 Est-ce qu'il a raison ? Est-ce que le diagnostic est le bon aussi ? Est-ce que ce terme vous convient ? Est-ce que vous
01:53 l'utiliseriez là aujourd'hui dans le contexte à partir de tous les éléments qui nous arrivent et dont on va parler pendant cette émission ?
01:57 Les fameux faits divers qui sont en fait des faits de société.
02:00 Alors en fait les faits divers ne sont pas des faits divers.
02:02 Ils portent des leçons
02:05 sur une France qui est en grand danger.
02:10 La France est une marquetterie fragile et le pays
02:13 je dirais roule à l'abîme. En fait si on reprend ce que disait Renan sur la nation,
02:21 une nation se compose de trois éléments.
02:23 Une mémoire commune.
02:26 Où en est-on ?
02:27 On vit un véritable mémoricide, on a honte de ce que fut la France.
02:31 - A ça on va en parler tout à l'heure. - Et on ne le transmet plus à nos enfants.
02:35 Deuxième élément, un art de vivre. Aujourd'hui nous avons,
02:39 nous faisons face à deux assauts.
02:42 Le wauquisme et l'islamisme. Le wauquisme qui décivilise, l'islamisme qui recivilise et nous on est pris dans les taux.
02:51 Et le troisième élément c'est la langue.
02:53 Vous savez Chateaubriand dit à un moment donné dans les mémoires d'Outre-Tombe,
02:58 "des peuplades de l'orénoch ont
03:02 disparu.
03:04 Il n'est resté de leur dialecte
03:06 qu'une trentaine de mots prononcés à la cime des arbres
03:11 par des perroquets redevenus libres."
03:15 Et en fait le mot civilisation,
03:20 il faut bien comprendre ce qu'il veut dire.
03:22 Une civilisation c'est un état social
03:25 dans lequel
03:28 l'individu qui vient au monde
03:31 comprend très vite que
03:33 ce qu'il reçoit est incomparablement supérieur à ce qu'il apporte.
03:39 Si jamais
03:42 cette comparaison il ne la fait plus et qu'il y a une fracture de la transmission,
03:47 la civilisation disparaît. Il y a une différence entre la mort d'un homme et la mort d'une civilisation.
03:51 Et là selon vous aujourd'hui on en est au point où notre civilisation, en fait notre nation, sont en danger de mort.
03:57 C'est ce que vous dites. Elle est en danger de mort, oui.
03:59 Quand un homme meurt,
04:02 la décomposition suit la mort.
04:05 Une civilisation,
04:08 c'est le contraire. La décomposition précède la mort. Et en fait
04:15 je pense souvent, et en écoutant ce mot des civilisations, je pensais à un livre que j'ai écrit
04:20 sur Clovis et à un dialogue entre Clovis
04:24 et Rémi
04:27 sur la fin de l'Empire romain.
04:30 On est vraiment dans ce sujet. Et en fait Rémi dit à Clovis
04:35 "toutes les sociétés obéissent à la même loi
04:38 quand elles ont cessé de vivre de leur raison d'être
04:43 et que l'idée qui les a fait naître leur est devenue comme étrangère alors
04:47 elles se défont, elles se démolissent de leur propre main". Et on est dans cette situation.
04:54 Mémoricide, un art de vivre qui petit à petit s'étiole,
04:59 les lois d'antigone, les lois non écrites d'antigone disparaissent et donc on fait des lois
05:06 parce qu'il n'y a plus de mœurs. Et enfin la langue est attaquée comme jamais
05:13 la langue française comme Daudet disait, c'est la clé qui permet de tenir sa prison.
05:19 En fait, Emmanuel Macron
05:24 il est très intelligent,
05:27 je le connais bien.
05:30 D'ailleurs peut-être clarifiant ce point,
05:32 vous avez été décrit, vous avez eu une relation avec Emmanuel Macron, vous avez eu une proximité, il vous a invité, vous l'avez raconté
05:37 à dîner à l'Elysée, vous avez parlé avec lui, avec son épouse.
05:41 Certains même vous ont accusé parfois d'être dans une forme de double jeu ou en tout cas d'être
05:44 presque même dans le soutien à Emmanuel Macron. Aujourd'hui votre relation elle en est où ?
05:48 On sait que vous ne l'avez pas soutenu pendant l'élection présidentielle.
05:50 Quel est votre diagnostic aujourd'hui sur lui ? Est-ce que c'est encore quelqu'un dont vous vous estimez proche ?
05:55 Alors d'abord moi j'ai pas d'antipathie pour l'homme. On dit il est méprisant, je dirais pas ça.
06:01 Je le connais bien, il n'est pas méprisant, il peut même avoir de l'empathie en privé.
06:05 Et
06:08 moi la première fois que je l'ai vu c'était à la Rotonde, il a souhaité me rencontrer, on a parlé.
06:12 Et là j'étais sidéré parce qu'il était ministre de l'économie de France et Hollande et il disait "je transgresse, je transgresse".
06:20 Il venait des fêtes de Jeanne d'Arc.
06:22 Et
06:26 en fait je lui disais "mais est-ce que vous vous rendez compte, l'immigration
06:30 et puis la désaffiliation de la société,
06:35 la rupture anthropologique ?" Il me dit "vous avez complètement raison" et Brigitte me dit "oui il a raison, il a raison".
06:42 Donc en fait c'est le mentir vrai d'Aragon.
06:45 Dans l'instant où il dit "des civilisations" il y croit, mais dans le moment qui va suivre il va donner consigne
06:53 à Papendiaï de relancer la lutte contre les stéréotypes de genre à l'école.
07:05 Si vous me demandez un bilan des six ans d'Emmanuel Macron,
07:09 je dirais ceci.
07:13 L'État, la nation, la société.
07:16 Sur l'État, il a pris deux mesures symboliques.
07:21 On voit que c'est quelqu'un qui n'a jamais été élu,
07:25 sinon il n'aurait pas fait ça.
07:28 Il a supprimé le corps profectoral,
07:31 il a supprimé le corps diplomatique. C'est en fait les deux murs porteurs de la souveraineté, externe et interne.
07:37 Sur la nation,
07:41 il n'a eu de cesse que de nous expliquer qu'il fallait transférer la souveraineté, en fait, avec son concept fumeux de souveraineté européenne,
07:49 qui consiste à soumettre la France à une Europe,
07:55 l'Europe de l'OTAN,
07:58 donc une Europe américaine,
08:00 l'Europe de l'OMC, donc une Europe soumise au capitalisme libertaire,
08:05 et pour tout dire, une Europe islamisée.
08:08 François-Xavier Bellamy
08:11 nous racontait il y a quelques jours que
08:13 la Commission européenne,
08:18 l'année dernière je crois, a demandé à tous les fonctionnaires européens de ne pas souhaiter joyeux Noël.
08:24 Et en même temps,
08:30 qu'elle demandait ça,
08:32 elle lançait une campagne avec le Conseil de l'Europe, la liberté dans le hijab.
08:39 Et donc en fait, ce qu'on appelle l'état de droit, les cours suprêmes,
08:43 ce sont les compagnons de route de l'islamisation de l'Europe. L'Europe est en voie d'islamisation. Vous vous rendez compte par exemple qu'il y a,
08:51 je ne sais pas si les gens savent ça, moi je l'ai découvert récemment, depuis 2008, il y a une personne
08:59 qui est
09:01 coordinatrice de la lutte contre l'islamophobie.
09:04 Il y a eu beaucoup de députés européens,
09:07 de toute tendance, qui ont réclamé qu'il y ait aussi une personne
09:11 responsable de la lutte contre la christianophobie.
09:14 Et la Commission européenne, là, il y a quelques jours ou quelques semaines, a dit non, il n'en est pas question. Donc en réalité,
09:21 Emmanuel Macron, avec sa souveraineté européenne,
09:28 nous met
09:29 dans des mains étrangères et affaiblit la nation. Et quand vous êtes un enfant ou un jeune homme,
09:36 et qu'on ne vous parle plus de la France,
09:38 forcément, vous reprenez votre liberté et vous redevenez individualiste et hédoniste. Et troisièmement,
09:45 le pire pour moi,
09:49 c'est la société.
09:53 Quand j'ai parlé avec Emmanuel Macron la première fois, je lui ai dit, vous savez, le prochain président
09:58 sera jugé non pas sur ce qui l'aura
10:01 changé, mais sur ce qui l'aura sauvé.
10:05 Et là, il a touché au sacré. Il a touché à la filiation avec la PMA.
10:12 Il va toucher à la mort et à la vie avec l'euthanasie. Il va désespérer beaucoup de soignants, parce que
10:21 l'euthanasie, ce n'est pas un soin.
10:23 Et
10:25 il a fait sauter la distinction
10:30 qui tient la civilisation.
10:33 La distinction entre
10:35 les sexes, la distinction entre l'animal et l'homme, la distinction entre la mort et la vie, la distinction entre le robot et l'homme.
10:42 Si on fait sauter cette distinction,
10:45 on a l'homme remplaçable, l'homme global,
10:49 la société liquide,
10:51 la fabrique de l'homme de sable.
10:55 Et c'est ce que je reproche à Emmanuel Macron, c'est qu'en fait, c'est un young global leader.
11:00 Et je dirais plus, c'est un Saint-Simonien.
11:03 Vous savez du nom de Saint-Simon, pas le
11:07 Saint-Simon de Louis XIV, le mémorialiste, mais l'autre, qui était un économiste, un philosophe, et qui a inventé
11:15 la société libérale,
11:19 un individualiste
11:20 dont le bonheur est régi par les élites.
11:22 Et la phrase clé, c'est la cité sans frontières et sans racines, pour que le bonheur cosmique soit toujours supérieur
11:30 aux passions nationales mortifères.
11:33 Et l'objectif de Saint-Simon, des Saint-Simoniens, à l'énard c'était ça.
11:39 Philippe, on va aller...
11:41 La phrase c'est
11:44 il faut que
11:47 l'administration des choses remplace le gouvernement des hommes, pour qu'un jour les choses commandent aux hommes.
11:52 C'est un Saint-Simonien. Je voulais ajouter quelque chose sur Maastricht parce que le 5 mai
11:58 1992, j'étais dans l'hémicycle, évidemment, aux côtés de Charles Pascua et Philippe Séguin, les conscrits de Maastricht.
12:05 C'était le grand discours de Séguin sur le
12:09 traité de Maastricht. Et Séguin a eu un mot incroyable, prophétique, il a dit "un jour vous comprendrez
12:17 que l'UDF et l'URPR
12:19 sont deux détaillants qui se fournissent aux mêmes grossistes qui tiennent boutique à Bruxelles".
12:25 La Macronie a réalisé cette ligne de fuite.
12:28 Alors on va l'écouter Emmanuel Macron justement pour revenir à l'actualité de la semaine.
12:32 Il était à l'hommage pour les policiers de Roubaix. On va écouter ce qu'il a dit, je vous demanderai après peut-être votre lecture, non pas de
12:39 ce fait divers là, mais de l'accumulation de faits divers qui nous sont arrivés dans l'actualité,
12:44 entre celui-ci, celui de Reims, l'infirmière poignardée, celui évidemment aussi de la petite Lindsay qui était une
12:51 collégienne
12:53 harcelée. Et vous faites partie de ceux qui disent qu'une accumulation de faits divers devient un fait de société. Je voudrais peut-être votre lecture.
12:59 On écoute Emmanuel Macron en premier.
13:01 Devant la douleur de leur famille, devant la peine de leurs collègues,
13:07 devant le deuil des français,
13:13 il faudrait que le silence suffise.
13:15 Mais parler d'eux devient nécessaire
13:20 pour rendre hommage à leur destin,
13:25 dire respect et affection à ceux qui servent et protègent
13:30 et dénoncer les comportements irresponsables qui tuent.
13:38 Alors des policiers renversés qui sont morts, une infirmière agressée par quelqu'un qui avait déjà agressé avec une lame
13:45 cinq ans plus tôt, une infirmière poignardée, une
13:49 collégienne harcelée dont les parents avaient porté deux fois plainte. Est-ce que vous voyez
13:54 un point commun, une ligne de force dans l'accumulation de ces faits divers et qu'est-ce que ça dit de notre pays aujourd'hui ?
13:59 D'abord, je voudrais dire quand même une chose, c'est qu'il est très bon dans cet exercice, si l'on peut dire.
14:06 Emmanuel Macron.
14:08 Et le ton est juste.
14:12 Mais malheureusement,
14:16 ce qu'on lui demande, parce qu'il est le chef de la tribu, c'est pas simplement de
14:24 savoir accompagner les pleurs de ceux qui sont dans la détresse, dans la misère.
14:31 C'est déjà bien, mais c'est pas suffisant.
14:34 Ce qu'on lui demande, c'est de traiter les causes.
14:37 Ce que vous avez cité, les faits que vous avez cités, ont rien à voir les uns avec les autres apparemment.
14:43 Je reprends les mots clés qui sont dans toutes les recensions de presse.
14:48 Récidive,
14:52 le gars qui poignarde une infirmière, voire récidive, dit dans la nature.
14:57 Si on va à Marseille, Kalachnikov,
15:03 quartier soustrait à la souveraineté,
15:07 cocaïne,
15:12 si on va à Roubaix, cocaïne,
15:14 contresens,
15:17 alors tous ces mots que je viens de prononcer,
15:19 ils ont un lien entre eux.
15:23 C'est que notre pays
15:26 n'a plus de mœurs,
15:29 notre pays n'a plus d'autorité,
15:34 notre pays n'a plus d'unité,
15:36 et donc notre pays n'a plus de sécurité.
15:40 Ce qu'il faut dire aujourd'hui,
15:46 c'est la vérité, c'est que la France est vraiment en danger de mort.
15:51 Tous les symptômes sont là,
15:55 les symptômes de l'agonie.
15:57 Je peux les énumérer,
16:02 et je vais en oublier.
16:04 D'abord, on a un État en faillite.
16:07 - Ça, on en parlera dans la deuxième partie de l'émission.
16:11 - Ensuite, on a un basculement démographique,
16:15 changement de peuplement.
16:17 Ensuite, on a une dépendance économique,
16:22 c'est-à-dire que
16:24 la désindustrialisation,
16:28 mais aussi, par exemple, on a 20%
16:31 de notre viande bovine
16:33 qui vient du Brésil, de l'Argentine, etc.
16:35 Dépendance économique.
16:38 Pour un grand pays, c'est grave.
16:40 Ensuite, on a l'effondrement scolaire.
16:42 Et, en fait, on a aussi le décrochage diplomatique,
16:48 puisque maintenant, on est convoyeur et transporteur.
16:50 Convoyeur, Madame van der Leyen en Chine,
16:54 et transporteur, on met notre avion à la disposition de la chef d'État étranger
16:59 dans une guerre où on n'a rien à faire.
17:03 On n'est pas à Béligéran.
17:05 Donc, en fait, on fait l'appoint.
17:07 On n'est plus une puissance d'équilibre,
17:09 on est une puissance d'appoint.
17:12 Et enfin, la défrancisation.
17:14 La défrancisation de la France.
17:18 D'ailleurs, le mot "France", il ne le prononce pas là.
17:22 Emmanuel Macron, il le prononce moins qu'avant.
17:26 Comme si c'était le passé.
17:29 La France, c'est le passé.
17:31 Alors que la France est notre raison d'être.
17:33 S'il n'y a plus la France, on revient comme au temps de Clovis,
17:36 la fête d'art, chacun se fait justice.
17:38 Et on a des milices.
17:40 Je reviens sur le terme de "déscivilisation"
17:43 qui sera un peu notre fil rouge dans cette émission.
17:45 Il y a eu une affaire dans l'affaire, si j'ose dire,
17:47 sur l'utilisation de ce mot par Emmanuel Macron,
17:49 c'est ce qui s'est passé avec Edouard Pleynel.
17:51 C'est assez intéressant, en réalité, de décrypter médiatiquement ce qui s'est passé.
17:54 Edouard Pleynel, fondateur de Mediapart,
17:56 qui d'ailleurs fêtait ses 15 ans cette semaine,
17:59 qui a pris la plume, si j'ose dire, sur Twitter
18:02 pour se plaindre et pour reprocher Emmanuel Macron
18:05 d'utiliser ce terme.
18:08 Donc je lis Edouard Pleynel.
18:10 "Au Conseil des ministres, Macron parle de décivilisation pour évoquer les violences.
18:13 C'est un concept fumeux inventé par l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus,
18:16 déjà inventeur de l'idéologie raciste du grand remplacement."
18:19 Ce qui est intéressant, et votre regard va être utile,
18:22 vous, vous avez été beaucoup combattu par la presse, par les mèmes d'ailleurs,
18:25 pendant votre carrière politique notamment, mais même d'ailleurs au Puy-du-Fou.
18:28 Vous les connaissez, si j'ose dire,
18:30 et peut-être vous pouvez nous expliquer quelle est, selon vous, l'opération.
18:34 Qu'est-ce que ça dit, en fait, qu'Edouard Pleynel, aujourd'hui,
18:36 sorte le canon pour combattre l'utilisation de ce terme dans la bouche du président de la République ?
18:40 En fait, Edouard Pleynel, je vais vous raconter un souvenir.
18:43 24 septembre 1993,
18:46 Alexandre Soljenitsyn arrive en voiture chez moi,
18:49 avec son ami...
18:52 Alexandre Soljenitsyn, rappelons, dissident soviétique, condamné au Goulag,
18:55 prix Nobel de littérature, évidemment.
18:57 Et enfermé au Goulag,
19:00 en exil aux États-Unis, parce que
19:03 Giscard Aponatoski n'avait pas souhaité qu'il vienne en France
19:06 pour ne pas avoir des problèmes avec l'Union soviétique.
19:08 On en était là.
19:10 Et Alexandre Soljenitsyn, en fait, il arrive et il est furieux,
19:15 et il est en colère, j'ai dit "pourquoi ?"
19:17 Il dit "le monde, j'étais interviewé à Paris, le Nouveau Observateur,
19:21 et on me traite de moujique mystique,
19:24 qui est anticommuniste primaire.
19:27 On est en 1993."
19:30 Et ce que je vous raconte, ça m'a fait comprendre
19:34 beaucoup de choses.
19:36 Et là, il me dit "vous savez,
19:39 je l'ai dit dans le discours de Harvard,
19:41 le discours de Harvard c'est 8 juin 1978,
19:44 ça va arriver chez vous, la censure.
19:47 La grande, la petite et la moyenne censure."
19:50 Et là je me suis dit "c'est quoi la petite, la grande et la moyenne censure ?"
19:54 Alors il dit "il y a la mine de sel, le Goulag et le lysinquisme."
19:59 - Alors, attendez Philippe, il faut que vous expliquiez ces trois termes,
20:02 il faut que vous continuiez là-dessus.
20:03 On va revenir sur les deux plénels et on va essayer de comprendre ensemble
20:06 ce que ça veut dire cette tuite, mais on le fait juste après la publicité.
20:09 Je suis désolé de vous couper, mais comme ça vous aurez plus de temps,
20:11 vous serez plus clair. Merci beaucoup.
20:13 - De retour dans la semaine de Philippe Devilliers,
20:15 nous sommes donc avec Philippe Devilliers pour décrypter l'actualité.
20:18 Philippe, on s'est quitté juste avant la publicité,
20:20 on parlait d'Edwin Plenel, le patron de Mediapart,
20:22 qui accusait Emmanuel Macron d'utiliser un terme d'extrême droite
20:25 en parlant de décivilisation.
20:27 Vous disiez en gros les trois piliers du Goulag,
20:30 du mensonge d'extrême gauche, c'était donc les mines d'or,
20:34 le Goulag, pardon, et le lysinquisme.
20:36 Je vous ai interrompu parce que ça mérite peut-être une explication
20:38 et puis après on continuera ce débat.
20:40 - La mine de sel, c'est l'épuration.
20:44 Et donc sur le gynécisme, il m'explique,
20:48 il y a les bons paysans et les mauvais paysans.
20:50 Les mauvais paysans, c'est les goulags.
20:54 Donc ceux-là, ils vont quitter le sauve-cause et le cause,
20:57 ils sont envoyés en mine de sel.
20:59 La découlagisation.
21:01 Les goulags, c'est l'ennemi intime de Plenel.
21:07 Aujourd'hui, il y a les bons médias, les mauvais médias.
21:11 On transpose.
21:14 Il y a aussi les bons conférenciers et les mauvais conférenciers.
21:19 Par exemple, Jean-Marc Rouillant, l'assassin du général Audran.
21:23 - Peut être reçu à Bordeaux.
21:25 - Reçu en grande pompe à l'université de Bordeaux.
21:27 On met ancien prisonnier politique, ça accroît son prestige.
21:32 Et pendant le même temps, à la Sorbonne,
21:36 Louis IX, Saint Louis, réveille-toi, ils sont devenus fous.
21:40 A la Sorbonne, on interdit à une anthropologue réputée du CNRS,
21:45 Florence Bergeau-Blais-Clair, qui écrit un livre
21:49 qui est une enquête scientifique préfacée par le grand islamologue
21:54 Gilles Kepel, c'est pas rien,
21:56 qui s'appelle "Le frérisme", c'est-à-dire "Les frères musulmans".
22:00 On lui interdit sa conférence.
22:04 Et donc, en fait, c'est l'épuration.
22:11 Par exemple, manif pour Jeanne d'Arc, interdite par Darmanin,
22:17 par contre les Black Blocs, ils ont tout autorisé.
22:20 Ils tapent sur les flics, aucun problème, on les soigne,
22:24 les policiers c'est normal, un policier c'est quelqu'un qui se fait soigner.
22:29 Alors après, la deuxième censure, ce qu'il appelle la moyenne censure,
22:34 ça c'était la petite, la première, la deuxième c'est la moyenne,
22:38 c'est l'intimidation du gouvernement par la peur.
22:43 C'est-à-dire qu'il dit en Union soviétique, tout le monde se tenait bien
22:46 parce que tout le monde avait peur.
22:48 Et en fait, la peur elle est arrivée chez vous.
22:50 Effectivement, si tu ne mets pas ton masque,
22:54 si tu n'es pas vacciné, si tu n'as pas ton Ausweis pour sortir dehors
23:00 pour emmener ton chien ou aller enterrer ta grand-mère, tu vas mourir.
23:04 Donc moi j'ai peur, je reste chez moi, le confinement.
23:10 C'est une merveille orwellienne.
23:13 Welbeck, il fait un dialogue avec Michel Onfray.
23:23 J'ai eu la chance de lire ce dialogue dans Front Populaire,
23:26 un journal remarquable d'ailleurs.
23:28 Et puis tout à coup, le grand recteur de la mosquée de Paris
23:32 lui dit "attention à la fatwa".
23:34 Enfin, il ne lui dit pas ça comme ça, mais il lui dit "wala".
23:37 Un peu plus amical, mais c'est vrai qu'il y avait une menace de procès en fait.
23:40 Et Welbeck a peur.
23:41 Et il fait un livre pour s'excuser.
23:43 Il dit "mais non, les djihadistes, les géos du club méditerranéen,
23:46 c'est pas dangereux, je me suis complètement planté".
23:50 Il s'excuse.
23:51 Voilà.
23:52 Donc ça, c'est l'intimidation.
23:55 Et puis la troisième censure, la grande censure,
24:00 c'est ce qu'il appelle le "lysenckisme".
24:03 Alors il faut expliquer, Lysenko, c'était un économiste spécialiste de l'agriculture.
24:09 Et il a donné son nom à une fausse science,
24:14 qui est la science socialiste, du socialisme réel.
24:17 Et on appelle le lysenckisme toute forme de manipulation de la science.
24:21 Ben on y est.
24:23 Jean-Michel Blanquer avait courage à présider un colloque à la Sorbonne l'année dernière.
24:35 Sur le woukisme.
24:36 Avec 60 intervenants, ils se sont fait taper dessus sur le woukisme.
24:41 Et en fait, j'ai lu ligne après ligne les interventions.
24:47 C'est effrayant.
24:49 La déconstruction.
24:51 Notre lysenckisme à nous, c'est la déconstruction.
24:55 Il y a par exemple des woukistes qui disent
24:57 "2 et 2 font 4" est un mensonge du suprémacisme blanc.
25:03 Je suis persuadé que les gens qui nous regardent ne vont pas me croire.
25:07 La déconstruction de l'histoire, de la culture,
25:12 bien sûr de la langue, la fameuse langue inclusive,
25:15 c'est l'idée de faire ce que Mathieu Bocote appelle
25:18 le laboratoire planétaire du paradis diversitaire.
25:23 Ben on y est.
25:24 Et en fait, pour eux, le mot civilisation, pour les woukistes,
25:31 vous savez ce que ça veut dire ?
25:33 C'est un mot banni du langage, qu'il faut bannir.
25:37 Dans toutes les universités françaises aujourd'hui,
25:40 on n'est pas aux États-Unis, on n'est plus aux États-Unis, c'est chez nous.
25:43 Le mot civilisation, c'est le mot domination.
25:46 En effet, le crime de la civilisation occidentale,
25:51 je les cite, je mets des guillemets,
25:54 c'est de s'être établi, voilà pour le passé,
25:59 de s'être établi sur le colonialisme et l'esclavagisme,
26:04 et pour le présent, le crime, c'est d'être intrinsèquement raciste.
26:10 Et donc en fait, Geoffroy Lejeune, moi woukiste, je vous dis ceci,
26:18 vous devez passer votre vie, le reste de votre vie, à vous excuser.
26:26 Et ça ne sera pas suffisant.
26:28 À vous excuser de quoi ?
26:30 Parce que vous êtes un homme blanc, hétérosexuel, occidental,
26:38 donc sexiste, raciste, et qui opprime toutes les minorités.
26:49 En réalité, ce qu'on est en train de vivre, c'est une censure de toute la civilisation.
26:58 Et j'espère qu'Emmanuel Macron, en tout cas je l'invite à nous regarder,
27:03 et si vous voulez on peut continuer la conversation,
27:05 parce que peut-être il n'est pas au courant, mais il a nommé le pape Indiaye,
27:09 il fait son boulot, il fait son boulot, c'est un woukiste.
27:15 Et donc il est en train de détruire l'éducation nationale.
27:19 D'un mot, vous avez dit tout à l'heure, il y a les bons et les mauvais médias,
27:21 je voudrais juste vous montrer un deuxième tweet des Deux Planèles assez intéressant,
27:23 parce qu'on est sur CNews, évidemment, on sait que c'est une chaîne qui est très attaquée,
27:27 surtout en ce moment, par des personnalités comme Marine Tondelier, etc.
27:30 Je voudrais juste vous lire le tweet des Deux Planèles,
27:32 qui en fait donne le ton un peu au bout du compte.
27:34 Ce sont des idéologies meurtrières, qui font toujours référence évidemment à la décivilisation,
27:39 auxquelles certains font, y compris dans les médias et de manière irresponsable, la courte échelle.
27:43 Vous, les attaques contre la chaîne CNews par exemple, régulièrement, je sais que vous la regardez beaucoup,
27:47 qu'est-ce que ça vous inspire ? Vous pensez qu'on est dans ce phénomène de lissankyisme,
27:51 ou en tout cas dans le goulag ou pas ?
27:53 Alors, c'est évident que le woukisme, l'islamisme et le transhumanisme
28:02 assaillent la société et font peur à la plupart des journalistes.
28:10 Plenel fait peur à tous les journalistes.
28:13 Pas tous quand même.
28:14 Mais beaucoup.
28:15 Et en fait, moi je me dis, ces attaques, c'est bon signe.
28:20 Et moi quand je n'étais pas attaqué, pendant ma vie politique, je me disais,
28:26 il y a un truc qui ne va pas.
28:28 Je ne dois pas être bon.
28:30 Et à mon avis, c'est que vous êtes très bon.
28:32 En fait, je n'ai pas sous la main les audiences, mais à mon avis,
28:37 ils s'attendent à ce que les Français soient de plus en plus nombreux à vous rejoindre.
28:44 Ce qu'il faut bien comprendre à travers le mot de Plenel,
28:49 c'est que lui sait, parce que c'est un homme cultivé,
28:53 que cette grande diagonale d'Orwell, elle vient de loin.
28:59 Elle vient de mai 68.
29:04 Moi, je peux vous faire 40, 50 ans d'histoire en quatre phrases.
29:09 C'est des décrochages, ce qu'on appelle un décrochage dans l'histoire.
29:14 - Alors allez-y, rapidement, ça commence.
29:15 - Mai 68, c'est la fin de l'autorité.
29:19 L'autorité magistrale, dans la classe, l'autorité paternelle, à la maison,
29:24 l'autorité régalienne, l'État, l'autorité hiérarchique, toute forme d'autorité, on y est.
29:30 No borders, no limits, bourgeois bohème, capitalisme libertaire.
29:34 Voilà, la marchandisation du monde.
29:36 Ça commence là.
29:37 Deuxièmement, après, il faut sauter à Maastricht, 1992.
29:45 - Le bonbon de la souveraineté.
29:46 - Alors Maastricht, Marrakech, Schengen, c'est-à-dire l'OMC,
29:50 l'organisation commerciale du monde, et non pas mondiale du commerce.
29:55 Et Schengen, donc ça, c'est la fin de la nation.
29:58 Donc la fin de l'autorité, mai 68, la fin de la nation.
30:01 Après, on arrive à 2007-2008, le traité de Lisbonne.
30:08 Là, c'est la fin du peuple, puisque le peuple s'est exprimé.
30:12 Il n'en tient pas compte, donc il dit "le peuple, c'est fini".
30:14 Et après, en 2011, une date qui est passée inaperçue.
30:22 Moi, ce qui m'a permis de l'avoir, c'est François Hollande,
30:27 quand il a été dans les banlieues, qu'il a dit
30:29 "vous êtes moins riches, mais vous êtes plus nombreux".
30:32 Et là, je me suis dit, il a lu Terra Nova,
30:37 qui était un groupe de chercheurs de gauche qui ont dit
30:40 "bon, c'est plus la peine d'aller chercher le peuple,
30:42 ils ne votent plus pour nous".
30:44 - Il faut chercher les minorités.
30:45 - Et donc maintenant, il faut chercher les minorités.
30:46 Donc là, c'est l'émergence des minorités.
30:48 Et 2020, c'est le dernier cramp, le dernier décrochage.
30:51 C'est en fait la fin de la souveraineté personnelle.
30:57 Les confinements, les masques, etc.
31:00 C'est-à-dire que c'est l'idée qu'en fait, nous sommes devenus des atomes.
31:04 Et quand j'étais petit, moi, j'habitais à Boulogne,
31:09 dans un petit village, 450 habitants.
31:11 Mon père était maire.
31:12 On connaissait tous les voisins, on était tous des voisins.
31:15 Et c'était des voisinages familiers, des voisinages affectifs.
31:18 Là, on a substitué avec le Covid des voisinages numériques
31:22 aux voisinages affectifs.
31:24 Et si on perd les voisinages familiers, par exemple,
31:27 en relocalisant des immigrés qui viennent de n'importe où, etc.
31:30 On va perdre l'essentiel de ce qu'est la raison d'être ensemble.
31:38 La raison d'être ensemble.
31:40 Et ce n'est pas le "vivre ensemble" qui n'est qu'un slogan
31:42 qui va remplacer la raison d'être ensemble.
31:44 La raison d'être ensemble, c'est que avant d'aller voir le médecin,
31:47 avant d'aller voir le département, avant d'aller voir le maire,
31:51 il y a le voisin qui est là, qui vient vous porter secours,
31:54 qui vient vous apporter le quinoa de pain, etc.
31:56 Et ceux qui n'ont pas connu cette société-là
31:58 ne peuvent pas comprendre ce que je suis en train de dire.
32:00 Si on ne recrée pas des voisinages familiers, la France est perdue.
32:05 - Philippe, vous avez évoqué la fin du peuple
32:07 avec le référendum oublié, disons, de 2008, le traité de Lisbonne.
32:12 Je voudrais vous interroger sur quelques sondages.
32:16 À propos d'immigration, vous dites que la France est en danger de mort,
32:18 la bascule démographique nous guette.
32:20 CNews a sondé, l'institut CSA a sondé pour CNews les Français,
32:24 un panel représentatif.
32:25 Regardez ces chiffres, c'est assez intéressant.
32:26 Il y a 70% des Français qui aujourd'hui sont pour un référendum sur l'immigration.
32:31 C'est en progression d'ailleurs sur les derniers mois.
32:34 82% des Français qui sont pour une loi permettant de faciliter
32:38 les expulsions de clandestins.
32:40 Et 59% des Français qui sont opposés au regroupement familial.
32:44 Je précise que c'est une disposition qui est parfaitement légale.
32:46 On n'est pas dans l'immigration clandestine.
32:48 On a choisi de vous les montrer pour vous demander peut-être aujourd'hui
32:51 cette opposition entre la volonté populaire qui se manifeste dans des sondages
32:55 à défaut de se manifester dans des référendums
32:58 et l'impuissance du politique en face.
33:00 Et le fait que malgré les rodomontades parfois de Gérald Darmanin,
33:03 même d'Emmanuel Macron d'ailleurs, qui prétendait, vous savez,
33:05 faire 100% d'exécution des OQTF il y a quelques années,
33:08 et on en est très loin, qu'est-ce qui se passe selon vous sur ce sujet-là ?
33:11 Au-delà de l'urgence démographique, qu'est-ce qui est en train de se passer ?
33:15 Cette impuissance du politique, comment vous l'analysez
33:17 dans cette optique de décivilisation et surtout de déclassement de la France ?
33:20 Je vais raconter une petite anecdote.
33:22 Un matin, un dimanche matin, je reçois un coup de téléphone d'Emmanuel Macron.
33:25 C'est l'époque où on avait encore des bonnes relations.
33:28 Parce que j'espérais, en fait.
33:30 Vous espériez qu'il soit l'homme qui permettrait de...
33:33 Voilà. Et en fait, parce que la première fois que je l'avais vu,
33:36 je lui avais dit qu'il fallait régler le problème de l'immigration.
33:38 Je vous l'ai dit tout à l'heure.
33:40 Et là, ce jour-là, je lui ai dit, vous n'avez qu'une manière de vous en sortir.
33:45 C'est un référendum sur l'immigration.
33:48 Il me dit, je crois que vous avez raison.
33:50 Et après, il n'a pas fait. Donc, j'ai dit, stop, on arrête les frais.
33:53 Et ce que je veux vous dire, c'est que là, il y a une petite révolution qu'on vient de vivre.
34:01 Alors laquelle ?
34:03 C'est la proposition de LR, la double proposition de LR.
34:09 De mettre l'assimilation dans la Constitution.
34:11 Ça vous a surpris ?
34:13 C'est mon programme de 1995.
34:15 Et deuxièmement, et plus encore, plus encore, c'est le Frexit de l'Hermine.
34:23 Le Frexit de la toge.
34:25 C'est-à-dire, en fait, qu'il faut revenir à Robert Lecour,
34:32 le président de la Cour de justice européenne,
34:34 qui a dit dans ses mémoires, il a craché sa balda,
34:38 le droit européen est porteur de charges dynamiques à effet différé.
34:44 En fait, l'Europe est une Europe sans corps, sans racines, sans âme et sans tête.
34:51 Et du coup, c'est le pouvoir juridictionnel qui commande.
34:54 Et là, on a des parlementaires qui courageusement proposent
35:01 que la loi française soit à nouveau supérieure à la loi européenne.
35:06 Que la Constitution française soit supérieure à je ne sais quel règlement européen.
35:11 C'est une révolution.
35:13 C'était mon programme en 1995.
35:15 Je suis heureux que les esprits évoluent dans le bon sens.
35:19 Vous avez cité tout à l'heure dans les symptômes du déclassement
35:22 et parmi les choses qui vous inquiètent énormément, le déclassement économique.
35:26 Alors on sait qu'en ce moment, les Français remplissent leurs feuilles d'impôts,
35:29 que l'inflation galope depuis maintenant un peu plus d'un an,
35:32 que la dette n'a jamais été aussi importante, 100% du PIB, 3000 milliards.
35:37 On est sur une situation très inquiétante.
35:39 Moi, je me suis intéressé ces derniers temps et je lisais dans la presse parfois
35:42 la mention, vous savez, du modèle vendéen.
35:45 On dit, puisque la Vendée est un département qui se porte plutôt bien sur le plan économique,
35:48 le chômage est assez bas, et vous avez été pendant très longtemps
35:52 le président du conseil départemental de la Vendée.
35:55 Et donc peut-être, je voulais vous demander aujourd'hui,
35:57 j'ai lu la formule dans un édito économique il y a très peu de temps,
36:00 il faudrait que pour que la France aille mieux, il faudrait que ce soit une Vendée en grand,
36:02 c'était quoi ? Quel est en fait le miracle, quel est le modèle vendéen ?
36:06 C'est un écosystème, on pourrait dire, si vous me permettez la métaphore,
36:15 un carré magique. Le premier coin du carré, c'est l'entreprise patrimoniale.
36:21 Celles dont les fonds propres sont les propres fonds.
36:27 Ce qu'on appelle, ce que Max Weber a appelé l'ascétisme patronal,
36:31 c'est-à-dire qu'en fait le manager, il joue, gère et risque l'argent des autres.
36:39 L'entrepreneur de terrain, chez nous, comme ailleurs dans toute la France qui réussit,
36:46 il gère son patrimoine.
36:49 Le deuxième coin du carré, c'est le lien capital-travail.
36:54 Je me souviens d'un grand patron vendéen qui s'appelait Henri Joyot,
36:59 François Joyot, qui me disait "moi mon premier capital c'est mon travail,
37:03 je ne délocaliserai jamais". Donc il y a un scrupule moral,
37:06 et vous avez aujourd'hui 20% seulement, je crois, des salariés vendéens
37:12 qui dépendent de centres de décision extérieurs.
37:18 Donc il y a très peu de délocalisation, capital-travail.
37:21 Sentiment d'appartenance, et souvent l'emploi vit à la japonaise.
37:26 Et enfin, troisième coin du carré, c'est une promotion d'images
37:35 avec l'ancrage, l'ancre de Marine pour le Vendée Globe,
37:46 l'ancre de Tendresse pour le Puy du Fou.
37:50 Mais le principal c'est le quatrième coin du carré en fait.
37:53 C'est l'équilibre des secteurs.
37:55 Quand j'étais à Sciences Po, j'avais un professeur qui s'appelait Jean Fourastier.
37:59 Et il disait "une économie prospère, c'est une économie qui repose
38:04 sur un triptyque, secteur primaire, secteur secondaire, secteur tertiaire.
38:08 Si jamais vous n'avez plus de secteur secondaire,
38:10 vous allez voir les deux autres secteurs vont s'effondrer".
38:14 Et en fait, le secret de la Vendée, du miracle économique vendéen,
38:18 c'est que le secteur industriel fait 34% des actifs
38:22 contre 10% au niveau national.
38:24 En Allemagne, on était à 20%.
38:26 Et donc en réalité, quand vous avez l'usine qui s'en va,
38:32 le café derrière s'en va.
38:34 Et donc en fait, Emmanuel Macron est en train de redécouvrir
38:43 que le système de masse riche, c'est un système dans lequel
38:50 disait Maurice Hallel, prix Nobel d'économie, je le cite,
38:53 "ce sont les pauvres des pays riches qui subventionnent
38:56 les riches des pays pauvres".
38:59 Et donc c'est un système absurde d'épuisement.
39:04 Et il n'y a plus de frontières, il n'y a plus de protection,
39:07 on impose la concurrence à tous et on perd notre industrie.
39:11 C'est ce qui s'est passé, c'est comme ça qu'on a perdu
39:13 notre industrie.
39:14 Nous, on l'avait dit en 1994, on l'a écrit, on a dit "attention,
39:17 on va perdre notre industrie".
39:18 Pourquoi ? Parce que la tentation de la délocalisation
39:21 va être la plus forte.
39:23 Aller chercher celui qui accepte de ne plus être payé.
39:30 C'est-à-dire que si on fait des roses à Grasse,
39:33 on va aller chercher quelqu'un au Kenya.
39:35 C'est un système, c'est le capitalisme sans entrailles
39:39 et donc en fait, le système de Maastricht a livré le pays
39:42 au capitalisme sans entrailles.
39:44 - Sur le plan économique, je voudrais vous faire réagir
39:45 à deux actualités de la semaine.
39:46 J'ai choisi ça parce que je savais que ça allait vous énerver.
39:48 Vous savez, la Cour des comptes qui s'intéresse au nombre
39:50 de vaches dans le pays pour lutter contre la pollution
39:52 et puis cette idée qui revient par la gauche de l'échec
39:54 et politique d'inventer une nouvelle taxe pour financer
39:57 la transition écologique.
39:58 Vous, le Vendéen, le provincial, quand vous voyez ça
40:02 dans la presse apparaître, qu'est-ce que vous vous dites ?
40:04 Comment vous vivez ces nouvelles ?
40:07 - Quand j'ai lu dans mon journal, "Ouest France",
40:09 un petit entrefilé disant Pierre Moscovici, que je connais bien,
40:13 j'ai débattu avec lui quand il était ministre socialiste
40:16 et qu'il faisait des trous dans la caisse à l'époque.
40:18 - Oui, à l'époque, il était beaucoup moins regardant
40:19 sur les dépenses publiques.
40:20 - Il n'est pas là.
40:21 Et quand je vois Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes,
40:25 demande qu'on arrête les vaches, par rapport au climat,
40:30 en ce moment, je suis en train d'écrire un livre
40:34 sur le roi soleil.
40:37 Et là, je suis en 1709.
40:41 En 1709, il faisait -23° à Paris.
40:46 - On connaît l'histoire, le vin qui gèle dans le verre.
40:49 - Tout était gelé, etc.
40:51 Et il y avait encore des vaches.
40:53 Et depuis le temps des Francs, il y avait des vaches, etc.
40:57 Tout à coup, on découvre que les vaches pètent.
41:01 Si j'ai bien compris.
41:03 - C'est ça qu'il leur reprochait.
41:04 - Alors méfions-nous, parce que le jour où Sandrine Rousseau
41:08 va s'emparer du sujet, l'homme et le méthane,
41:11 on va être contre-insultés.
41:14 Mais ils sont fous.
41:16 - Philippe Dindon.
41:17 - Ils sont fous pour une raison simple, c'est que nous...
41:22 Vous savez ce qu'on représente la France en CO2 ?
41:25 1% des émissions de CO2.
41:27 Et alors, ils nous expliquent...
41:29 Écoutez ça.
41:31 Ils nous expliquent.
41:33 Les frontières ne servent à rien pour l'immigration.
41:37 Mais par contre, elles servent pour le réchauffement climatique.
41:40 Mais si nous, on fait des efforts surhumains,
41:43 et qu'on finit asphyxiés avec les impôts thermiques, etc.,
41:49 tout ce qu'on veut, et qu'à côté de nous,
41:51 il y a l'Allemagne qui fait moins d'efforts,
41:53 et qui revient au charbon, et que de toute façon,
41:55 les Chinois et les États-Unis qui pèsent à eux deux 45% du CO2,
41:59 continuent leur politique de laxisme,
42:02 il faudra dire "vous arrêtez les courants d'air s'il vous plaît,
42:06 pour qu'il n'y ait pas de réchauffement climatique,
42:08 compte tenu des efforts que les Français ont faits".
42:10 Non, tout ça est absurde.
42:12 C'est vraiment l'écologie punitive.
42:14 - Alors, il nous reste 3 minutes.
42:16 Philippe, je sais que vous aimez terminer vos livres, vos entretiens,
42:19 et donc cette émission, j'imagine, part un peu de poésie,
42:23 et puis surtout un peu d'espérance.
42:24 On va vous montrer une image,
42:26 cette année, le Mont-Saint-Michel fête son millénaire,
42:30 c'est 1000 ans, et cette image, évidemment,
42:33 j'ai envie de vous demander, le Mont-Saint-Michel,
42:35 pour vous, est-ce que c'est une allégorie de la France ?
42:37 Qu'est-ce que ça représente à vos yeux ?
42:39 - Le Mont-Saint-Michel, c'est d'abord une curiosité incroyable.
42:42 Quand j'étais enfant, je me disais "c'est extraordinaire",
42:44 parce que quand la mer, la marée est basse, c'est une montagne,
42:48 ensablée, et quand la marée est haute, c'est une île.
42:53 Et en fait, c'est une île symbolique.
42:55 C'est de là que vient le mot "îlot de résistance",
42:58 puisque Jeanne d'Arc va voir Saint-Michel,
43:02 qui va lui dire "va sauver la France",
43:04 et en réalité, le seul îlot de résistance de la France,
43:08 à ce moment-là, en dehors de Don Amy, c'est le Mont-Saint-Michel.
43:11 Donc c'est un îlot de résistance allégorique,
43:14 qui symbolise pour nous la puissance, la grandeur,
43:17 la hauteur et le mystère français.
43:19 Mais c'est le millième anniversaire du Mont-Saint-Michel,
43:23 et je vais vous dire quelque chose.
43:25 Si on veut sauver la France, il faut faire deux choses.
43:29 Premièrement, le pouvoir n'a plus le pouvoir,
43:32 il faut rapatrier le pouvoir.
43:34 Et deuxièmement, il faut une grande entreprise de refrancisation,
43:41 donc le renom national.
43:44 Le renom national, c'est mettre à la portée de chaque petit enfant
43:49 un roman d'amour.
43:51 Moi, quand j'avais dix ans, j'ai vu une image, un jour,
43:54 que je ne comprenais pas, mais quand même,
43:57 il y avait un palais d'osiers armoriés,
44:00 ça s'appelait le Jardin de Paradis.
44:02 J'ai compris que la France était un jardin,
44:05 c'était la figure idéale, la France est un jardin,
44:07 un jardin de paradis, un jardin de tempérance.
44:10 En dessous, il y avait une dame avec une Bible,
44:12 la domina, la maîtresse, c'est-à-dire la dame de haut port et de seigneurie.
44:17 La France est une femme, dit Michelet,
44:20 la France est un être moral doué de tendresse.
44:22 Et enfin, il y avait un petit enfant avec un psaltérion.
44:26 En fait, la France, c'est le verbe, la France est un acte littéraire,
44:30 c'est la chanson de Roland.
44:32 Quand Roland dit à Olivier, en se penchant vers lui,
44:35 le moment de son agonie, s'il te plaît, Olivier,
44:37 tu tourneras ma tête vers France la douce.
44:42 Ce sera le mot de la fin.
44:43 Il faut chérir France la douce.
44:45 Merci d'être venu décrypter l'actualité pour nous.
44:48 C'était la semaine de Philippe Devillers.
44:50 Retrouvez nos programmes sur CNews et sur cnews.fr.
44:52 A bientôt.