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Jaleh Bradea reçoit sur Envie d’Agir Fanny Bozonnet, directrice générale de Ma Chance Moi Aussi. L’association permet d’éveiller les enfants dès leur plus jeune âge en leur proposant un accompagnement scolaire et extra-scolaire. Responsabilisation et développement des jeunes, lien fort avec les familles ou encore ouverture au monde et à la société, Ma Chance Moi Aussi agit contre le déterminisme et pour la mixité sociale.

L'acteur Forest Whitaker se livre sur ses souvenirs d’enfance. Avec son ONG Whitaker Peace & Development Initiative, il œuvre désormais pour l’inclusion sociale avec des formations sur entrepreneuriat, les nouvelles technologies ou encore la gestion de conflits. Déjà implantée en Ouganda, Afrique du Sud, Mexique et Etats-Unis, l’association vient d’ouvrir une antenne à Aubervilliers.

Retrouvez Jaleh Bradea tous les dimanches à 9h10 et les podcasts sur les plateformes partenaires.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:08 Bonjour et bienvenue dans Envie d'agir où je suis ravie d'accueillir aujourd'hui Fanny Bozonnet.
00:13 Bonjour Fanny.
00:14 Bonjour.
00:15 Merci d'être avec nous.
00:16 Merci.
00:17 Vous êtes donc la directrice générale de l'association Ma Chance Moi Aussi.
00:20 Alors qu'est-ce que c'est que cette association avec un si joli nom ?
00:24 Avec un si joli nom oui.
00:25 Alors c'est une association qui a été créée par un industriel savoyard et qui propose une solution unique d'accompagnement éducatif des enfants les plus vulnérables dans les quartiers prioritaires.
00:35 Et notre ambition c'est de leur donner tous les outils pour qu'ils puissent grandir sereinement, pour qu'ils puissent choisir leur vie, s'intégrer dans la société, pour qu'ils aient leur chance eux aussi.
00:44 C'est très joli. Et comment il s'appelle cet industriel savoyard et pourquoi il s'est lancé dans cette aventure ?
00:50 Cet industriel il s'appelle André Payerne. Il était dans le domaine de la métallurgie et tout au long de sa carrière il a vu dans ses usines des ouvriers qui venaient des quartiers.
00:59 Il est très proche d'eux, il a côtoyé leurs difficultés.
01:02 On le voit d'ailleurs sur la photo.
01:04 Et au moment de prendre sa retraite, ce constat de déterminisme social est devenu pour lui insupportable à tel point qu'il a voulu agir et créer cette association en se disant "qu'est-ce que me dirait un enfant ?"
01:17 Il me dirait "et ma chance à moi, est-ce qu'on y pense ?"
01:20 C'est très très joli. Evidemment ça touche beaucoup parce que quand vous parlez d'enfants, ce sont de très jeunes enfants, c'est ça ? C'est quel âge ?
01:28 Nous on les prend à 6 ans. On les prend en prévention.
01:30 Notre modèle repose vraiment sur cette logique qu'il vaut mieux prévenir que guérir, avec une solution qui se déroule tout au long de la scolarité, à travers un accompagnement global.
01:41 C'est-à-dire qu'on va venir aussi bien renforcer les savoirs fondamentaux que proposer une série d'activités d'éveil pour que ces enfants, ils s'ouvrent, ils sortent de leur quartier et ils puissent avoir tous les outils en poche pour se dire que leur avenir, c'est leur choix à eux.
01:59 Et donc c'est quoi les critères de sélection, si on peut parler de critères pour ces enfants que vous accompagnez ? Comment est-ce que vous les choisissez ?
02:06 Alors nous on va cibler vraiment les familles en fragilité éducative. C'est très important pour nous. On considère que des enfants qui grandissent dans ces quartiers, qui plus est, dans un cadre familial instable, où il peut y avoir des difficultés financières, médicales, sociales, des mamans seules, des parents qui ne parlent pas forcément le français, on considère que ce sont ces enfants-là qui sont le plus en risque.
02:28 Et donc on va venir imposer un cadre éducatif à ces enfants, en lien bien sûr avec les parents, dans une logique de co-éducation.
02:35 Donc quand vous parlez de cadre éducatif, et puis j'ai aussi entendu je crois culture, concrètement ça se traduit comment ? Est-ce que vous pouvez nous donner quelques exemples très concrets de ces accompagnements ? Et aussi avec l'école je suppose en fait ?
02:50 Exactement. Nous on est vraiment dans une logique de complémentarité avec l'éducation nationale. Donc on va chercher les enfants tous les soirs à l'école, on prend un goûter avec eux, c'est très important.
02:59 Bien reçu.
03:00 On va parler de la journée, puis après il y a 45 minutes d'atelier scolaire fait par des enseignants de l'éducation nationale, puis 45 minutes d'atelier d'éveil où là il va y avoir du théâtre, de la musique, des échecs, des ateliers psycho-éducatifs, pour aussi travailler tout ce qu'on appelle aujourd'hui les soft skills, ces compétences si importantes de confiance en soi, de gestion des émotions, etc.
03:21 Quelle sorte que ça peut avoir la confiance en soi quand on est un enfant de 6 ans ? Parce qu'effectivement dans les entreprises c'est des notions aujourd'hui qu'on connaît bien et on sait qu'on en a besoin au-delà de ce qu'on pensait il y a quelques années.
03:33 Comment on fait chez un enfant jeune pour lui donner justement cette confiance, cette ouverture ?
03:41 Déjà on va l'encourager, et c'est vraiment cette logique-là de pédagogie positive qu'on va employer, montrer à l'enfant qu'il est possible de faire plein d'activités, qu'il peut y arriver.
03:52 On va se donner des petits objectifs et progressivement lui montrer que le champ des possibles est ouvert, qu'il peut sortir de son quartier, qu'il ne faut pas avoir peur, qu'il faut oser, qu'il faut prendre des risques.
04:02 Et ça c'est important.
04:03 Et ça marche ?
04:04 Et ça marche, ça marche parce qu'on a démarré il y a 8 ans et on voit les enfants évoluer de façon très positive.
04:08 Est-ce que vous avez un retour ? Il y a des petits qui ont grandi alors, c'est ça ?
04:11 Oui, oui.
04:12 Et vous les voyez toujours parfois ?
04:13 Ils sont toujours avec nous puisque comme on les accompagne sur le long terme, on est toujours avec eux.
04:17 Et quand ils sortent, on est toujours en lien avec eux pour voir justement comment ils évoluent.
04:22 Et la plupart d'entre eux, la majorité d'entre eux ont choisi leur orientation et sont dans un cadre éducatif stable et serein.
04:30 Et donc, si je comprends bien, ça fait 1h30 de travail chaque jour ?
04:35 Exactement. Et on les accompagne aussi le mercredi où ils vont dans des clubs sportifs en dehors du quartier et la moitié des vacances où là on va travailler la découverte du territoire, l'éducation, l'hygiène, l'alimentation.
04:47 Donc on est vraiment sur un accompagnement intensif sur plusieurs années.
04:52 Ça se passe toujours bien avec ces enfants parce que je suppose que vous connaissez aussi des contextes peut-être plus difficiles.
04:58 Comment est-ce que vous y arrivez aussi face aux difficultés que vous devez rencontrer ?
05:03 Alors la particularité qu'on a, ma chance moi aussi, c'est qu'on travaille avec des professionnels de l'éducation.
05:07 Oui, c'est important de le dire. C'est du bénévolat ?
05:10 Pas du tout. Alors on peut fonctionner parfois avec des bénévoles qui vont venir.
05:13 Mais de toute façon, il y a des professionnels.
05:14 Mais il y a à chaque fois des professionnels de l'éducation parce que l'éducation est un métier, comme vous le dites.
05:19 C'est des publics qui sont parfois très fragilisés avec des contextes familiaux, des parcours de vie qui peuvent être chaotiques.
05:25 Donc on est vraiment avec des professionnels, des enseignants, des psychologues, des référents éducatifs
05:31 qui sont là aussi pour repérer en effet quand des situations peuvent se complexifier
05:36 et à ce moment-là faire appel à d'autres acteurs qui peuvent nous aider dans l'accompagnement.
05:40 Et vous, quelle a été la source de votre motivation ? On a compris l'ambi d'agir de votre fondateur.
05:45 C'est aussi sa mission, c'est de montrer ses ambis d'agir.
05:51 Et vous en particulier, vous êtes directrice générale depuis combien d'années ?
05:55 J'ai rejoint, ma chance, moi aussi il y a 7 ans.
05:57 Ah, donc presque depuis le début en fait.
05:59 Presque depuis le début et j'ai eu envie d'agir au sein de cette association
06:02 parce que j'ai rencontré son fondateur qui est quelqu'un d'assez exceptionnel.
06:06 Et puis moi, mon parcours a toujours été marqué par cette envie d'agir pour les enfants en fragilité,
06:11 que ce soit à l'international ou en France, parce qu'en France malheureusement il y a aussi beaucoup à faire.
06:17 Donc voilà, j'ai eu l'occasion de faire différentes missions et rejoindre ma chance moi aussi.
06:22 Je me suis dit que c'était un projet qui pouvait vraiment changer la donne.
06:26 Alors j'ai plein plein de questions.
06:28 Effectivement, bien sûr, les enfants et je vous comprends bien évidemment.
06:32 J'aimerais que vous nous disiez pourquoi, déjà pour commencer, cet âge-là est important ?
06:37 La prévention, alors l'adage "mieux vaut prévenir que guérir", il est encore plus pertinent pour les enfants.
06:43 Pourquoi ? Parce que plus on est petit, plus la malléabilité est importante en termes d'apprentissage
06:49 et apprendre les savoirs fondamentaux, lire, écrire, compter, apprendre les codes, toutes ces compétences de confiance.
06:56 Les inégalités se creusent très vite, c'est ça ?
06:58 Exactement, dès le plus jeune âge.
07:00 Et en fait, nous on le voit très bien, et à l'âge de 6 ans, il se joue énormément de choses.
07:04 C'est l'âge aussi où il y a les devoirs scolaires qui arrivent,
07:07 et donc si les parents n'arrivent pas, ne peuvent pas accompagner, c'est compliqué.
07:10 Donc il faut agir le plus tôt possible, on pourrait même agir encore plus tôt.
07:14 Et c'est vraiment ce qui fait la différence en termes de réussite.
07:17 Oui, donc effectivement, vous avez un rôle déterminant jeune.
07:20 On avait reçu aussi la Fondation Alpha et Omega, Elisabeth Elkrief,
07:24 qui nous a parlé de cette importance de jeunes détectés,
07:27 les éventuels moments de décrochage où il faut en fait remettre le pied à l'étrier et continuer.
07:31 Donc vous vous dites, oui, prévenons plutôt que... prévenir plutôt que guérir, comme on dit.
07:37 Ce que je voulais aussi savoir, c'est où est-ce que vous êtes ?
07:41 Parce que ce qui est très intéressant, je crois, c'est que vous avez commencé à Chambéry.
07:45 Oui.
07:46 Parce qu'on a aussi reçu Zicomatique, et à Chambéry, mais quelle région, dis donc ?
07:50 Qu'on connaît bien.
07:51 Vous êtes super dynamique, visiblement.
07:54 Et là, vous êtes où ? Présent où en France ?
07:57 Donc en effet, l'établissement de départ est à Chambéry,
08:00 puis on a ouvert 8 autres établissements, en Auvergne-Rhône-Alpes,
08:04 à proximité de notre base, puis récemment en Ile-de-France, à Drancy.
08:09 Et l'ambition, dès le départ, c'était de se dire, si ça fonctionne,
08:12 si on voit que sur les établissements qu'on a créés, on voit une évolution des enfants positive,
08:17 et ça c'est important pour nous, cette obligation de résultat qu'on se donne,
08:21 eh bien, on le développe partout en France.
08:24 Et c'est ça aussi qui est enthousiasmant, à ma chance moi aussi,
08:27 c'est qu'on est là pour gravir des montagnes, le chemin est long,
08:30 mais on va y arriver et on va ouvrir là, prochainement, 3 nouveaux établissements,
08:34 en Ile-de-France et en Bretagne, et puis dès l'année prochaine, 6 nouveaux établissements,
08:38 donc on est vraiment dans une dynamique de développement très très importante.
08:42 J'aimerais vous partager le message engagé d'une personnalité que forcément,
08:46 vous allez tous reconnaître, qui aussi comme vous, a commencé à l'international,
08:51 et qui arrive chez nous avec une nouvelle antenne qui s'ouvre,
08:55 on regarde et on en parle après.
08:58 Il y a eu plusieurs incidents dans ma vie quand j'étais plus jeune,
09:01 qui m'ont influencé à oeuvrer pour la paix.
09:04 L'un d'entre eux était vraiment hors de l'ordinaire.
09:10 Je marchais dans la rue, j'avais à peu près 8 ans,
09:15 et ce gamin d'environ 17 ans,
09:18 vient me voir,
09:22 nos chemins se rapprochent,
09:24 et il me frappe.
09:26 Il me fait tomber au sol, il me frappe fort.
09:29 Je ne le connaissais pas, je ne l'avais jamais rencontré,
09:32 et je ne l'ai jamais revu.
09:34 Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi ?
09:36 Allongé sur le sol à regarder le ciel,
09:39 je me demandais pourquoi.
09:41 Je suis devenu acteur pour essayer de comprendre mieux les gens,
09:45 de comprendre mieux l'humain.
09:47 Quand je jouais un rôle, j'essayais d'extraire tout le vécu que je découvrais de cette personne,
09:53 et je trouvais au fond une lumière, qui est le lien entre nous deux.
09:56 J'ai travaillé avec des enfants soldats en Ouganda,
10:00 je pouvais voir chez certains ce regard vide,
10:04 ce regard que j'avais déjà vu,
10:07 chez certains membres de gangs de mon quartier d'enfance.
10:10 Je suis toujours en train de me demander comment on pourrait régler ça,
10:16 mais je savais qu'à petite échelle, avec tout le monde qui travaille autour de nous,
10:20 on serait capable de résoudre ce problème.
10:23 Donc je savais que le seul moyen de trouver la paix,
10:25 c'était de travailler ensemble en communauté et sur le terrain.
10:28 On a trouvé un endroit où travailler,
10:32 on a trouvé des jeunes, on a commencé à les former,
10:35 avec des cours de communication, d'informatique,
10:40 mais aussi des cours d'entrepreneuriat.
10:43 On a essayé dès le début d'au moins respecter la parité.
10:49 En Afrique du Sud, 750 femmes ont reçu leur diplôme.
10:52 C'est puissant lorsque différentes énergies se rencontrent,
10:55 avec comme finalité un but commun.
10:59 On trouve un but, on travaille ensemble pour chercher à l'atteindre,
11:03 et il ne faut pas abandonner, quand on voit qu'on est sur le point d'y arriver.
11:07 Parce que c'est un rêve, vous savez, on disait vouloir construire un centre ici,
11:16 et me voilà assis devant vous, on l'a fait.
11:19 Vous le pouvez aussi, et on le peut ensemble.
11:22 Merci beaucoup Forest Whitaker.
11:25 Effectivement, son ENG vient d'ouvrir une antenne à Aubert-Evilliers dans le 93.
11:29 Je suppose que ça vous inspire, Vany ?
11:32 Complètement, complètement.
11:34 C'est des engagements qui sont importants,
11:36 parce qu'ils mettent aussi sur le devant de la scène ces problématiques.
11:39 Et c'est tellement important d'en parler aujourd'hui,
11:41 de l'éducation, alors à l'étranger, mais aussi en France,
11:44 parce que malheureusement, dans beaucoup d'endroits en France aujourd'hui,
11:47 l'inégalité des chances, elle est criante, et il faut pouvoir y répondre.
11:51 Et justement, c'est quoi votre envie d'agir dans les prochaines années
11:54 pour répondre à ces inégalités ?
11:56 C'est de se développer encore et encore,
11:58 pouvoir accueillir de nouveaux enfants.
12:00 On a des besoins qui sont intenses,
12:03 on a des appels de plus en plus importants de la part des maires
12:07 qui souhaitent qu'on intervienne sur leur territoire.
12:09 Donc notre envie d'agir, c'est de pouvoir déployer notre programme,
12:13 qui est vraiment unique et innovant par rapport à ce qui se fait,
12:17 et c'est ce qui va permettre, je pense, de changer la donne pour ces enfants.
12:21 Et comment on peut faire si on veut vous aider ?
12:23 Eh bien, si on veut nous aider, il faut nous soutenir financièrement,
12:26 ce serait magnifique.
12:28 Oui, c'est le maire de la guerre.
12:29 Parce qu'on travaille avec des professionnels.
12:31 Bien sûr, qu'il faut les rémunérer pour pouvoir les garder.
12:34 On a besoin d'accompagnement financier, d'entreprises, de particuliers,
12:38 d'institutions publiques.
12:40 Donc voilà, vous êtes tous invités à nous rejoindre dans cette belle aventure.
12:43 Super, je pense que c'est entendu.
12:45 Très bonne continuation.
12:46 Merci beaucoup, Fanny, pour cet engagement qui est très joli,
12:50 qui forcément est attachant et qui est vraiment utile.
12:53 Merci encore.
12:54 Pour finir, juste, je voudrais vous présenter Reporteur d'Espoir,
12:58 qui est un média positif qui vaut vraiment le détour.
13:01 Le numéro 2 vient de sortir, le 1 est encore dans les kiosques,
13:05 donc n'hésitez pas à vous le procurer.
13:06 Vous le voyez à l'image, c'est du papier recyclé, bien évidemment.
13:09 Je vous rassure là-dessus.
13:11 Et là, le deuxième numéro est consacré à la nature
13:14 et tout ce qu'elle a encore à nous offrir, et c'est prometteur, vraiment.
13:19 Donc n'hésitez pas, allez vous le procurer.
13:22 Et bien sûr, je vous recommande aussi, comme par hasard,
13:27 d'écouter les podcasts Envie d'agir, qui sont toujours au rendez-vous
13:31 sur Apple, Deezer, Spotify et bien sûr sur myKanal.
13:35 Et on se dit à très vite sur C8 pour plus d'Envie d'agir.
13:39 Merci.

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