Avec Patrick Leyrissoux - Vice-président coordinateur pour de la l‘association Férus (Première association nationale de protection et de conservation de l'ours, du loup et du lynx en France) et Jean-Pierre Mirouze - Éleveur dans l’Ariège
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00:00 Il est 7h12 sur Sud Radio. Ce matin, à la Une, l'impasse dans le dialogue entre les éleveurs et les défenseurs des ours,
00:11 et puis ceux qui vont en montagne. C'est un sujet particulièrement important, notamment dans les Pyrénées,
00:18 parce que les associations qui défendent les ours ont boycotté cette semaine une réunion en préfecture de Toulouse,
00:24 et puis les agriculteurs qui se sentent eux délaissés aussi par le gouvernement, même s'il y a une ministre de l'Agriculture
00:30 qui est allée il y a quelques jours justement sur place. Nous sommes là alors pour vous donner la parole.
00:35 Nous sommes avec Patrick Lérissou, qui est vice-président coordinateur de l'association Ferus,
00:42 qui défend justement les ours mais aussi les loups en France. Bonjour.
00:47 - Bonjour.
00:48 - Et Jean-Pierre Mirouz, éleveur aussi dans la Riège.
00:51 Patrick Lérissou, pourquoi vous avez boycotté cette réunion cette semaine ?
00:56 - Pour deux raisons principales. D'abord une question de gouvernance, et deuxièmement un problème d'asymétrie.
01:03 - C'est-à-dire ?
01:04 - Concernant la gouvernance, normalement les discussions se déroulent dans un cadre qui correspond au GOPA,
01:10 le groupe Ours Pastoralisme et Activité de Montagne, qui comprend des groupes de travail auxquels nous avons participé à l'automne dernier.
01:19 Le problème c'est que les opposants à l'ours les plus radicaux court-circuitent ce dispositif
01:27 et obtiennent des rendez-vous directement avec les ministres pour demander des choses.
01:32 Donc déjà ça à la base c'est un problème.
01:34 Et deuxièmement, ces opposants justement qui ne participent pas à ces groupes de travail, etc.,
01:42 obtiennent des promesses, alors que nous, nous avons participé à ces groupes de travail, nous demandons des choses,
01:51 et en fait on ne les obtient jamais.
01:53 - Bon alors, très concrètement c'est quoi par exemple ?
01:56 Il y a la volonté des éleveurs qui voudraient inscrire la notion de légitime défense dans le Code de l'environnement,
02:02 et puis qui ont obtenu, on va voir ça aussi avec Jean-Pierre Myrus dans un instant,
02:06 la possibilité de l'effarouchement, d'utiliser en fait des armes, des outils pour l'effarouchement.
02:13 Ça vous êtes contre ou pas ?
02:14 - Bien sûr, puisqu'en fait la légitime défense a la porte ouverte à l'abattage, on va dire, d'une population qui est déjà très faible.
02:21 Et deuxièmement, les effarouchements, c'est un dispositif finalement qui est redondant,
02:27 puisqu'il y a des choses qui marchent, déjà comme les protections, le tri-type de protection, bergers, chaînes de protection,
02:35 et parcs électrifiés, qui est très rarement complet.
02:39 Et deuxièmement, même s'il est complet, il y a quand même des problèmes,
02:43 il y a possibilité de faire appel aux gardes nocturnes des bergers d'Apfi, la pastorale pyrénéenne,
02:49 puisqu'il y a en plus de 400 gardes nocturnes depuis 2015,
02:53 qui ont obtenu d'excellents résultats, au moins aussi bons que ceux des effarouchements.
02:59 Donc c'est un dispositif à la fois illégal et superflu.
03:03 - Jean-Pierre Mirousse, vous vous êtes éleveur dans l'Ariège, qu'est-ce que vous en pensez ?
03:08 - J'en pense que si les moyens de protection fonctionnaient,
03:15 eh bien on n'aurait plus d'attaque.
03:19 Dans le Kouzran, là où il y a la partie ouest du département de l'Ariège,
03:24 là où il y a la plus forte concentration d'ours des Pyrénées,
03:28 parce qu'il n'y a pas d'ours dans toutes les Pyrénées,
03:31 la plus forte concentration est dans les 80-90% dans l'Ariège.
03:35 Si ça fonctionnait, les éleveurs du Kouzran n'auraient plus d'attaque.
03:42 - Oui, oui.
03:45 - Si il y avait quelque chose qui fonctionnait, on l'aurait déjà mis en place.
03:48 - Et vous voudriez quoi alors ? Jean-Pierre Mirousse, vous voudriez quoi alors ?
03:53 - Nous, ce qu'on veut absolument, c'est protéger nos salariés.
03:59 Parce qu'il y a un réel danger. On veut les protéger.
04:03 Il y a les amplitudes horaires, il y a les légitimes défaites,
04:06 parce que les premiers concernés, c'est quand même ceux qui travaillent sur le secteur,
04:11 sur le terrain. Et les premiers concernés, c'est nous, en premier.
04:14 Puis après, il y a tout ce qui tourne autour de l'économie montagnarde,
04:20 le sport en montagne, etc. Les gens passent.
04:24 Mais les premiers concernés, c'est d'abord nous.
04:26 - Patrick Lérissou, ça vous comprenez les arguments de Jean-Pierre Mirousse, éleveur ?
04:32 - Déjà, s'il y a effectivement 5 à 10 fois plus de prédation en France
04:37 que dans n'importe quel pays d'Europe, et même de l'autre côté de la frontière,
04:41 c'est avant tout parce que les moyens de protection,
04:44 ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas efficaces, c'est qu'ils ne sont pas tous en place.
04:47 C'est bien ça le problème.
04:49 Et deuxièmement, concernant la sécurité, le fait d'être berger,
04:54 en soi, il y a le milieu montagne, il y a des risques.
04:58 Concernant l'Ours, en plus de 400 gardes nocturnes,
05:02 les bergers d'appui de la pastorale pyrénéenne
05:04 n'ont jamais observé des comportements agressifs de l'Ours.
05:07 À partir du moment où ce dernier a bien repéré le berger...
05:13 - Après, il y a la protection du cheptel aussi.
05:17 - Bien sûr, mais c'est justement les moyens de protection.
05:20 Il y a quasiment autant de...
05:22 Dans le 31 italien, il y a quasiment autant d'ovins qu'en Ariège,
05:27 43 000 pour 55 000,
05:29 et il y a 72 prédations à l'année.
05:33 Chez nous, on en est à 590.
05:35 Donc on voit bien qu'il y a un problème quand même,
05:37 et qu'il y a des pistes de progrès.
05:39 - Bon, Jean-Pierre Mirouz,
05:44 quelle solution voyez-vous ?
05:47 - La solution, on l'a déjà dite,
05:50 je lui tiens quoi, j'insiste,
05:54 sur la légitimité des fenêtres, les farouchements.
05:57 Quand on dit que dans notre Antenne ça fonctionne,
05:59 il n'empêche que le 6 avril dernier,
06:01 il y a un jeune traileur de 26 ans qui a retrouvé la mort,
06:05 dans les Alpes du Trentin, en Italie.
06:07 Et quand on prend connaissance avec les Italiens,
06:10 et le gouvernement, et les élus du Trentin,
06:15 à eux aussi on leur dit que dans les Pyrénées ça fonctionne.
06:20 Donc à un moment donné, il faut arrêter de plaisanter là-dessus,
06:24 et de dire que lorsqu'on met les moyens de protection en marche,
06:27 et comme il faut, il n'y a pas de prédation, etc.
06:30 Les gens qui utilisent ça, je suis désolé,
06:33 ils ne sont pas sur le terrain.
06:34 - Bon, Patrick Larussou, c'est vrai, un dernier mot,
06:36 c'est vrai qu'il y a ce jeune de 26 ans qui a été tué au mois d'avril,
06:40 à cause d'un ours effarouché, a priori.
06:43 - Absolument, effarouché non,
06:45 parce qu'il est tombé dessus par hasard en courant.
06:49 La mortalité d'un ours dans le monde,
06:53 c'est moins de 10 personnes tuées par an.
06:57 - N'empêche que quand vous allez dire ça à un éleveur,
07:01 qu'il y a quand même eu quelqu'un de tué par un ours,
07:04 bon, c'est pas pour les rassurer.
07:07 - Non, mais la mortalité due aux bovins domestiques,
07:09 justement, est bien plus importante, y compris en France.
07:12 Et ça, on n'en parle pas, parce que, pourquoi ?
07:14 Parce que d'une part, il y a une activité économique,
07:18 donc ça peut déranger,
07:20 et deuxièmement, parce que l'ours est une espèce bien plus médiatique.
07:23 - Oui, bon, merci.
07:25 On va essayer de renouer le dialogue,
07:27 parce que je sais que c'est compliqué entre vous.
07:29 Merci de l'avoir accepté en direct ce matin sur Sud Radio.