• l’année dernière
Transcription
00:00 "écoresponsable" ça veut tout rien dire.
00:02 Ça n'a aucune définition, en tout cas scientifique,
00:04 de dire qu'un produit est plus écoresponsable que l'autre.
00:06 Après, il faut se questionner aussi sur
00:08 "qu'est-ce qui se cache derrière ?" comme discours.
00:10 Je suis ingénieur spécialisé en éco-conception, c'est-à-dire que je réalise
00:22 des analyses de cycles de vie pour des entreprises
00:24 ou des collectivités. Et j'aide ces entreprises
00:26 à réduire l'impact environnemental lié à leurs
00:28 produits ou leurs services. Alors la page Instagram,
00:30 elle est née en 2020 et elle est partie
00:32 du constat qu'il y a énormément d'idées reçues en matière
00:34 d'écologie et d'environnement. Il y a plein de choix qu'on fait
00:36 au quotidien, à la fois en tant que citoyen, mais aussi
00:38 en tant qu'entreprise, qui reposent sur des
00:40 idées reçues. Donc l'idée du compte, c'était vraiment de
00:42 débanquer un peu tout ça et en profiter aussi
00:44 pour faire la track au discours un peu greenwashing
00:46 qui sont mis en avant par les marques. Dans Instagram,
00:48 je prends une ligne éditoriale qui est assez légère.
00:50 Mon but, c'est de m'adresser au plus grand nombre et faire en sorte que
00:52 ces sujets qui sont complexes soient compréhensibles.
00:54 L'idée, c'est pas de simplifier, mais c'est
00:56 de décomplexifier. J'ai envie de m'adresser aux gens
00:58 un peu comme je m'adresse à mes potes. J'ai l'impression que la
01:00 meilleure manière de faire passer des messages, en fait, c'est
01:02 comme ça. Quand on va explorer
01:04 la notion de termes flous qui sont généralement utilisés
01:06 par les entreprises, il y en a plein. On peut prendre l'exemple
01:08 de biodégradable. La biodégradabilité,
01:10 c'est une propriété intrinsèque de la matière.
01:12 À aucun moment, c'est la définition d'un bénéfice
01:14 environnemental. Donc ça, ce terme,
01:16 il est utilisé à tort parce qu'on va associer le terme
01:18 biodégradable à écologique, ce qu'il faut. Il ne faut pas
01:20 prendre biodégradable et compostable. C'est deux choses totalement
01:22 différentes. Le livre "Eco le Moncuc", j'ai écrit avec
01:24 Barnabé Crespin-Pommier, qui est sorti en février.
01:26 L'idée de ce bouquin, c'est pas forcément
01:28 de faire une série de dilemmes du quotidien
01:30 en apportant des réponses concrètes, mais c'est plus
01:32 questionner les réponses toutes faites auxquelles
01:34 on nous soumet en permanence. Dans ce livre, en fait,
01:36 on utilise 14 dilemmes du quotidien
01:38 pour rentrer justement dans la complexité
01:40 qui est liée à l'impact environnemental de tous les produits
01:42 qui nous entourent. Un autre exemple, c'est le terme
01:44 recyclable. Recyclable, ça ne veut pas dire
01:46 recyclé. Donc en fait, ce n'est pas parce qu'une entreprise
01:48 doit mettre sur le marché un produit qui est
01:50 recyclable en théorie, que derrière,
01:52 il sera collecté, qu'il y aura des filières qui prennent en charge
01:54 les matériaux qui le composent et que
01:56 ce sera effectivement recyclé en bout de course.
01:58 Éco-responsable, ça ne veut tout rien dire.
02:00 Ça n'a aucune définition, en tout cas scientifique,
02:02 de dire qu'un produit est plus éco-responsable qu'un autre.
02:04 Après, il faut se questionner aussi sur
02:06 qu'est-ce qui se cache derrière, comme discours. Du coup, éco-responsable,
02:08 c'est quoi ? Quels sont les indicateurs qui ont été sélectionnés
02:10 pour juger que ce produit est plus éco-responsable
02:12 qu'un autre ? Par exemple, un des dilemmes
02:14 qu'on explore, c'est le tote-bag et notamment la comparaison
02:16 avec un sac en plastique jetable qu'on pouvait
02:18 nous donner dans les supermarchés à l'époque.
02:20 On se rend compte qu'en fait, un tote-bag, c'est en coton.
02:22 Le coton, ça nécessite des espaces pour les cultures.
02:24 On va utiliser potentiellement des pesticides
02:26 qui vont générer de l'impact sur toute une ribambelle
02:28 d'indicateurs. Et en fait, sur tout le cycle de vie
02:30 du tote-bag, on se rend compte que pour le rentabiliser
02:32 d'un point de vue environnemental, vis-à-vis
02:34 d'un sac en plastique, il faudrait l'utiliser
02:36 plusieurs milliers de fois. Donc on fait une solution pas
02:38 forcément pertinente étant donné que les tote-bags,
02:40 on a tendance à les accumuler dans nos placards
02:42 et en avoir 500 000 par foyer.
02:44 Les faux labels, c'est des éléments visuels
02:46 que les marques avant utilisés pour induire les consommateurs
02:48 et consommatrices en erreur. On peut en distinguer plusieurs.
02:50 Alors il y a ceux qui reposent sur des référentiels
02:52 dont les critères sont choisis par les marques.
02:54 Généralement, c'est des critères qui les arrangent bien
02:56 et qui permettent de mettre en avant leurs produits. Il faut distinguer
02:58 ça aussi juste des bannières de marques.
03:00 Donc c'est un peu des éléments graphiques qu'on va
03:02 afficher sur les produits et qui reposent
03:04 sur rien à part un peu des couleurs
03:06 vertes et des éléments qui rappellent le côté
03:08 écologique du produit. Tout ça en fait
03:10 c'est à distinguer des vrais labels officiels
03:12 qui soient publics ou privés mais
03:14 qui ont des référentiels solides
03:16 et qui permettent vraiment d'afficher
03:18 les produits en tout cas au regard
03:20 de certains critères. Pour mesurer l'empreinte environnementale
03:22 d'un produit, en fait, il y a déjà une méthodologie
03:24 de référence qui est cadrée par une norme
03:26 ISO 14040 d'analyse
03:28 de cycle de vie. Aujourd'hui, ça s'est
03:30 voué à être une méthode de référence
03:32 justement pour afficher les impacts
03:34 environnementaux des produits et justement
03:36 informer les consommateurs sur ces sujets-là.
03:38 Le problème derrière le greenwashing, c'est que
03:40 l'environnement aujourd'hui, parfois
03:42 c'est vu non pas comme une nécessité
03:44 à l'échelle d'une entreprise mais comme un segment de marché.
03:46 Ce qui fait que le but vraiment derrière l'entreprise
03:48 ça va être de vendre des produits. Donc là
03:50 par exemple, on remarque qu'il y a certaines entreprises
03:52 qui vont dépenser autant dans la communication
03:54 pour vanter les mérites environnementaux
03:56 de leurs produits que dans la recherche et développement
03:58 pour faire en sorte de faire des produits moins impactants.
04:00 Si demain t'interdis le terme écologique,
04:02 les marques elles vont dire "green", si t'interdis "green"
04:04 elles vont dire autre chose. Je pense qu'un des meilleurs leviers, c'est un peu
04:06 de monter en compétence nous en tant que consommateur
04:08 et consommatrice pour justement ne pas se caisser berner.
04:10 C'est un peu bête, mais si on est lucide
04:12 vis-à-vis des discours des marques et de ce qu'elles
04:14 nous racontent, au final on n'a plus
04:16 besoin de légiférer parce qu'on saura qu'ils racontent
04:18 du gros bullshit. C'est en se posant des questions au quotidien
04:20 qu'on change un peu petit à petit nos comportements
04:22 et aussi qu'on change à l'échelle collective.
04:24 Faut être hyper lucide aussi sur le fait
04:26 qu'il y a un peu une diffusion sociale
04:28 quand ces choses là sont amenées à la fois
04:30 à l'échelle individuelle, si on commence à en parler
04:32 à nos proches, à en parler à nos amis,
04:34 à se questionner un peu ensemble, c'est là aussi qu'on fait bouger
04:36 les lignes, je pense.
04:38 ♪ ♪ ♪

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