Tous les dimanches, Aymeric Pourbaix et ses invités abordent l’actualité d’un point de vue spirituel et philosophique dans #EQE
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00:00 Bonjour, bienvenue dans Enquête d'Esprit.
00:04 Hier, à moment fort, en l'église de Saint-Sulpice à Paris,
00:07 cinq prêtres béatifiés, c'est-à-dire élevés au rang de bienheureux par l'église catholique,
00:13 morts comme des martyrs durant la Commune en mai 1871,
00:17 il y a donc un peu plus de 150 ans, des hommes oubliés,
00:21 mais qui sont désormais à l'honneur.
00:22 Alors qui sont-ils ?
00:24 Quel témoignage de foi et de sainteté nous donne-t-il ?
00:26 Quel message ces prêtres nous délivrent-ils aujourd'hui ?
00:30 Et puis pourquoi, bien entendu, ont-ils été tués par des communards ?
00:34 Qu'est-ce que la Commune ?
00:35 Et est-ce qu'on peut dire que cette Commune a été antichrétienne ?
00:38 Voilà, des questions passionnantes avec des invités passionnants.
00:42 Anne Bernay, spécialiste de l'histoire religieuse.
00:45 Le père Philippe Murat, curé de Notre-Dame de la Salette à Paris,
00:49 grand connaisseur de l'un des béatifiés, le père Henri Planchat.
00:52 Et puis le père Stéphane Maillol, curé de la paroisse Notre-Dame des Autaches,
00:56 dans le 20e arrondissement de la capitale,
00:58 église construite sur le lieu du massacre de la rue Axo.
01:02 C'est une émission en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique,
01:06 mais d'abord, le journal des informations religieuses de la semaine avec Éloi Rochebrune.
01:11 Bonjour Éloi.
01:23 On évoque bien entendu la cérémonie de béatification des cinq prêtres martyrs de la Commune,
01:29 hier à Saint-Sulpice à Paris.
01:31 Bonjour Véronique.
01:32 Bonjour à tous.
01:33 C'est l'un des plus grands événements pour l'Église de France cette année,
01:36 la béatification de cinq prêtres assassinés pendant la Commune de Paris.
01:40 Des centaines de fidèles ont participé à la messe célébrée en l'église Saint-Sulpice à Paris.
01:44 Reportage sur place de Charles Bagé.
01:47 À Saint-Sulpice, des centaines de fidèles et des dizaines de prêtres
01:52 se sont réunis pour la béatification de cinq martyrs de la Commune.
01:56 Cinq prêtres fusillés en 1871 en haine de leur foi.
02:01 Henri Planchat, Ladislas Radigue, Policarpe Tuffier, Marcelin Rouchouze et Frézal Tardieu.
02:09 Ces béatifications doivent servir d'exemple de foi pour la communauté.
02:13 Quand on dit « béatification célébrée par l'Église »,
02:17 c'est nous dire qu'on nous présente des modèles.
02:21 C'est un témoignage magnifique de prêtres
02:27 qui auraient pu s'enfuir devant un climat d'agitation,
02:33 qui sont restés à leur poste,
02:35 et donc ont donné quand même le témoignage suprême de la foi,
02:39 le martyr étant ce témoignage qui va jusqu'au sang versé.
02:43 La messe a été célébrée par le cardinal italien Marcelo Semeraro,
02:47 préfet de la Congrégation des Saints, envoyé par le Vatican.
02:51 Tous réunis dans le témoignage de foi jusqu'à l'effusion de leur sang
02:56 puissent à l'avenir être appelés bienheureux.
03:00 Après la lecture d'une lettre du pape François déclarant leur béatification,
03:05 le visage des cinq prêtres a été dévoilé à l'Assemblée.
03:08 Ces fidèles sont venus de toute la France leur rendre hommage.
03:11 Ils viennent demander des grâces.
03:13 C'est un jour de joie, parce qu'ils sont au ciel et ils nous ont devancés là-haut.
03:19 Sa mort héroïque de martyr permet d'espérer beaucoup de son intercession
03:25 maintenant qu'il est reconnu par l'Église comme bienheureux.
03:29 C'est la reconnaissance d'un événement tragique, certes,
03:32 mais avec cette beauté du pardon des martyrs donné aussi à leurs bourreaux.
03:36 C'est quand même des gens qui ont donné leur vie pour la religion catholique.
03:40 Ils ont suivi un peu les concepts du Christ.
03:42 Je pense qu'en s'appuyant sur le modèle que le peuple enchaîne,
03:47 nous pourrons avoir la foi et l'espérance surtout.
03:49 Une espérance qui s'incarne dans ces reliques,
03:53 des morceaux du corps des bienheureux martyrs
03:55 qui ont été apportés en procession jusqu'à l'hôtel,
03:58 sous les louanges de la chorale,
04:00 conclusion d'une célébration qui a mis à l'honneur cinq martyrs,
04:04 exécutés en raison de leur amour du Christ.
04:09 L'Église catholique s'engage pour les Jeux olympiques de Paris de 2024.
04:12 Cette semaine, elle a présenté son projet intitulé
04:15 "The Holy Games" pour faire des Jeux un lieu d'accueil,
04:18 de rencontre et d'évangélisation.
04:20 On voit ça dans le détail avec notre journaliste Maureen Vidal.
04:25 L'Église catholique prend part aux Jeux olympiques 2024 à Paris
04:28 avec un programme appelé "Holy Games" ou encore "Jeu Saint"
04:31 qui vient d'être lancé.
04:33 Deux points principaux vont articuler ce programme.
04:35 Dans un premier temps, l'appel à la fraternité
04:37 entre les peuples et à la dignité humaine.
04:39 Dans un second temps, favoriser l'accès aux Jeux
04:42 pour les plus vulnérables et notamment les personnes
04:44 en situation de grande précarité.
04:46 Ce projet s'inscrit dans une longue tradition de compagnonnage
04:49 entre l'Église et le monde du sport.
04:51 En 2018, par exemple, le pape François avait déclaré
04:53 concernant les JO que c'est une occasion de formation,
04:56 de mission et également de sanctification.
04:59 Alors pour ce projet, de nombreuses personnalités catholiques
05:02 vont être présentes telles que Mgr Éric de Moulin-Beaufort,
05:06 président de la Conférence des évêques de France
05:09 ou encore le cardinal Jean-Marc Avelline,
05:11 membre du Conseil permanent de la CEF.
05:14 Le programme détaillé et les étapes seront données
05:17 le 9 septembre prochain à l'occasion de la bénédiction
05:20 de la chapelle Notre-Dame des Sportifs
05:22 au sein de la Madeleine à Paris.
05:25 À Angers, après la profanation de l'église Sainte-Madeleine,
05:27 c'est le temps de la réparation.
05:29 Une messe un peu particulière a été célébrée aujourd'hui
05:32 par l'évêque d'Angers, Mgr Emmanuel Delmas,
05:35 pour permettre aux fidèles de penser leurs blessures.
05:37 Les explications liturgiques du père Régis Bonpérin,
05:40 curé de paroisse à Angers.
05:43 Dans le catholicisme, dans la tradition spirituelle catholique,
05:45 les lieux de culte sont l'image et le signe
05:49 de ce que doit être la communauté des baptisés.
05:52 Donc le bâtiment est comme un dialogue
05:56 avec la communauté pour lui dire ce qu'elle doit être.
05:59 Et donc quand le lieu a été dégradé, saccagé, profané,
06:05 eh bien on a ces rites de réparation,
06:07 réparation au sens très strict,
06:09 c'est de préparer à nouveau le lieu pour l'habiter.
06:12 Et donc pas tellement en dénonçant ce qui s'est passé,
06:16 mais en demandant cette grâce de pouvoir,
06:18 eh bien de nouveau se réapproprier ce lieu.
06:20 Alors on n'y rentre pas n'importe comment.
06:23 Et donc on y rentre avec ce geste de l'eau bénite sur l'assemblée,
06:28 qui est le temple de Dieu,
06:30 et puis sur les murs et le sanctuaire de l'Église.
06:34 Dans le cadre de l'enquête,
06:36 un suspect a été interpellé par la police.
06:38 Il est âgé de 50 ans et aurait agi seul.
06:40 Il est connu des autorités judiciaires
06:43 et est pris en charge pour des troubles psychiatriques.
06:46 Et pour conclure, regardez ces images
06:48 d'une des plus grandes sculptures du Mexique,
06:50 un Christ en majesté de 33 mètres de haut,
06:53 inauguré début avril près de la ville de Tabasco.
06:57 L'œuvre a été baptisée "Christ de la paix"
06:59 et est devenue un signe d'espoir pour les habitants,
07:02 en proie à la violence du crime organisé.
07:06 C'est la fin de votre journal, Véronique, c'est à vous
07:08 pour la suite d'Enquête d'Esprit.
07:11 Merci Eloi, merci infiniment.
07:13 Alors avec moi pour évoquer ces prêtres martyrs de la Commune,
07:16 béatifiés hier en l'église Saint-Sulpice à Paris.
07:19 Alors nous allons évoquer bien sûr ces cinq grandes et belles figures,
07:22 mais il y en a d'autres, nous allons rentrer dans le détail avec vous Anne Bernay.
07:26 Bonjour.
07:27 Bonjour Véronique.
07:28 Vous êtes auteur de nombreux ouvrages d'histoire,
07:30 d'histoire de l'Église, de spiritualité,
07:33 dont un ouvrage de référence,
07:34 "Enquête sur les anges", qui vient d'être réédité en poche chez Arteges.
07:39 À mes côtés également le père Philippe Murat,
07:42 curé de Notre-Dame de la Salette,
07:43 dans le 15e arrondissement de Paris.
07:45 Bienvenue.
07:45 Bonjour.
07:46 Dans ce sanctuaire, dans votre sanctuaire,
07:48 se trouve la tombe du père Henri Planchat,
07:51 l'un des cinq prêtres béatifiés.
07:53 Il fut le premier prêtre des religieux de Saint-Vincent de Paule
07:56 et vous appartenez à cette belle congrégation.
08:00 Et puis vous êtes à l'origine d'une pièce de théâtre
08:02 qui vient d'être encore jouée à Paris
08:04 et qui est consacrée au père Planchat.
08:06 Nous allons bien entendu évoquer ce spectacle
08:09 qui parle donc encore à notre époque.
08:11 Et puis père Stéphane Maillol,
08:12 bienvenue dans "Enquête d'esprit".
08:14 Vous êtes le curé de Notre-Dame des otages.
08:15 C'est la paroisse qui a été érigée sur le lieu du massacre des prêtres
08:19 que nous allons évoquer, rue Axo,
08:21 dans le 20e arrondissement de la capitale.
08:23 Et puis vous êtes un enfant du quartier.
08:25 Vous ferez parler donc les lieux et les âmes d'hier et d'aujourd'hui.
08:29 Alors tout d'abord, des prêtres béatifiés hier à Saint-Sulpice,
08:34 au 21e siècle,
08:35 donc alors qu'on parle d'événements qui remontent à 152 ans,
08:40 en pleine sanglante à Paris, ils ont été tués.
08:44 C'était donc le 26 mai 1871.
08:47 De quoi parle-t-on ?
08:48 Ça fait quand même des mots qu'il faut expliquer.
08:50 Père Maillol, je me tourne d'abord vers vous.
08:53 On parle de dix ecclésiastiques, neuf prêtres et un séminariste,
08:58 dont cinq ont été béatifiés.
09:00 Et on parle de gens qui ont été fidèles jusqu'au bout à leur ministère,
09:05 qui ont voulu rester en dépit des événements de la Commune
09:07 auprès de leurs paroissiens, auprès des jeunes,
09:10 pour aller au bout de leur mission.
09:11 On parle de personnes comme ça qui ont été assassinées en haine de la foi.
09:15 Le Vatican s'est prononcé dessus.
09:17 Et pour véritablement témoigner de la mort du Christ jusqu'au bout, tout simplement.
09:22 Revivre la passion de Jésus.
09:25 Être bienheureux, ça veut dire quoi ?
09:27 Pourquoi a-t-on jugé qu'ils étaient dignes d'être bienheureux ?
09:31 Alors, pour plusieurs raisons.
09:32 D'abord, le père Planchat, en l'occurrence, quelque part,
09:34 il n'avait pas besoin du martyre pour être béatifié, je pense.
09:37 Quelqu'un qui a eu une vie assez extraordinaire.
09:39 Mais surtout, être bienheureux, ça veut dire être uni au Christ
09:43 à tel point durant la vie et dans la mort, en l'occurrence pour les martyres,
09:48 que cette union, en fin de compte, demeure au ciel de façon certaine.
09:52 Et donc l'Église dit, ils sont certainement de façon certaine auprès du Seigneur
09:55 et peuvent intercéder pour nous et nous servir de modèle aussi.
09:58 Anne Bernay, que s'est-il passé ce 26 mai 1871
10:01 où ces cinq béatifiés ont donc trouvé la mort ?
10:04 Ils n'étaient donc pas les seuls religieux.
10:06 Il y a d'autres religieux qui ont perdu la vie ce jour-là,
10:09 mais qui ne sont pas béatifiés.
10:11 Que s'est-il passé pendant cette semaine sanglante ?
10:14 Il s'est passé qu'en cette fin mai 1871,
10:17 la Commune sait qu'elle vit ses derniers jours.
10:20 Les troupes gouvernementales de Versailles
10:22 se sont déjà emparées de l'Ouest parisien.
10:25 Elles progressent, mais elles progressent lentement,
10:27 c'est peut-être volontaire d'ailleurs,
10:29 de sorte que les communards, lorsqu'ils vont se replier
10:33 vers les quartiers de l'Est parisien,
10:35 vont avoir le loisir et le temps d'emmener avec eux
10:39 les otages qu'ils avaient pris plusieurs semaines auparavant,
10:42 au mois d'avril, pendant la semaine sainte.
10:44 Parmi ces otages, des magistrats, des gendarmes, des officiers,
10:48 mais également beaucoup de prêtres,
10:50 l'archevêque de Paris, entre autres Mgr Darbois, et bien d'autres,
10:54 qui sont censés à l'origine servir de monnaie d'échange,
10:58 mais le gouvernement Thiers a immédiatement déclaré
11:00 qu'ils n'avaient rien à faire des otages.
11:02 Tant pis pour eux, dit Thiers.
11:04 Par conséquent, ils n'ont plus aucune valeur,
11:06 sinon peut-être, de servir d'exemple,
11:09 d'essayer de faire reculer le gouvernement
11:11 sous la pression de l'opinion publique,
11:13 ce qui explique pourquoi le 24 mai, à la prison de la Roquette,
11:16 on va déjà fusiller l'archevêque de Paris
11:19 et plusieurs autres otages.
11:21 Pourquoi le lendemain, à Arcueil,
11:24 on va massacrer un groupe de Dominicains ?
11:27 Et pourquoi, pour terminer, le 26 mai, en effet,
11:30 on va exécuter un dernier groupe d'otages,
11:32 alors que, bien entendu, ça ne sert plus à rien,
11:35 mais un certain nombre de jusqu'au-boutistes communards
11:37 ont l'intention de s'ensevelir sous les ruines,
11:40 comme le dit le préfet Rigaud,
11:42 les otages, nous les emmènerons avec nous,
11:45 ils crèveront avec nous, ça a le mérite d'être clair.
11:48 Alors, Père Murat, parmi les cinq béatifiés,
11:51 et donc parmi les martyrs de ce qu'on appelle désormais
11:53 les martyrs de la rue Axo,
11:54 parce que c'est un sujet ultra sensible,
11:56 on ne parle pas de martyrs de la Commune.
11:58 On parle des martyrs de Paris, les martyrs de 1871,
12:01 mais on ne parle pas des martyrs de la Commune,
12:03 on ne veut pas dire que, finalement,
12:04 la Commune a du sang sur les mains.
12:06 Mais il y avait donc le père Henri Planchat,
12:08 traître de votre communauté des religieux de Saint-Vincent-de-Pole,
12:12 il y avait, on va les citer, le père Ladislas Radigue,
12:15 le père Polycarpe Tuffier, le père Marcelin Rouchouze
12:18 et le père Frézal Tardieu,
12:20 qui étaient eux quatre membres de la Congrégation
12:22 des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie,
12:24 et de l'Adoration Perpétuelle du Très-Saint-Sacrement,
12:26 enfin, pour faire court, on les appelle les Picpuciens,
12:29 savaient-ils donc qu'ils allaient mourir ?
12:31 On va rentrer après dans le détail de la façon dont ça s'est passé,
12:34 de la portée, bien entendu, spirituelle
12:36 de ce qu'ils ont vécu et du message pour aujourd'hui,
12:38 mais savaient-ils ce qui les attendait ?
12:40 Parce que vous avez eu en main les lettres du père Planchat,
12:44 qui, quand il était emprisonné, racontait ce qu'il vivait.
12:48 Ils ont su qu'ils seraient exécutés les derniers jours
12:54 avant leur exécution.
12:55 Le père Planchat l'écrit dans une de ses lettres,
12:58 qu'une fois arrivés à la requête,
13:00 ils savent qu'ils font partie des otages
13:03 et que leur nom peut tomber au sort de la commune.
13:07 Donc, ils savent qu'ils peuvent être exécutés.
13:09 Quand ils sont arrêtés,
13:11 je pense qu'ils ne pensent pas encore à l'exécution,
13:15 mais ils savent que la commune en veut,
13:18 en veut bien sûr à l'Église,
13:19 en veut donc aux prêtres qui la représentent.
13:22 Et par conséquent,
13:23 leur vie est entre les mains de ceux qui les ont arrêtés.
13:27 Donc, je pense que dès le début,
13:29 ils savent qu'ils vivent leur semaine sainte.
13:37 Alors, c'est fou parce que ces événements ont eu lieu en 1871.
13:42 Ces prêtres sont béatifiés seulement maintenant,
13:45 si j'ose dire.
13:46 Leur cause a été portée pendant très très longtemps.
13:48 Et comme on l'a dit, d'autres religieux ont été exécutés
13:51 et finalement sont morts martyres,
13:52 mais leur cause n'ont pas été portées par leur congrégation.
13:55 On va résumer les choses comme ça.
13:56 C'est pour ça qu'on en a cinq qui sont mis à l'honneur.
14:00 Mais la commune, quand même,
14:01 reste un sujet avec des mémoires à vif dans notre pays,
14:05 notamment parce que cette période historique
14:08 qui a été, disons les choses, préemptée par l'ultra-gauche,
14:11 à tel point qu'une procession catholique a été attaquée
14:14 le 29 mai 2021,
14:17 justement quand elle voulait commémorer les 150 ans
14:21 de la mort en martyr de ces cinq futurs béatifiés,
14:24 puisqu'à l'époque, ils n'étaient pas encore béatifiés,
14:26 ils l'ont été hier.
14:28 Ça s'est passé rue de la Roquette, cette attaque.
14:30 Vous étiez présent, Père Maillol,
14:32 vous allez nous faire un petit commentaire après,
14:33 mais je vous propose tout d'abord de regarder ces images.
14:36 Bravo, bravo, bravo les gars soviets !
14:48 Il faut qu'ils soient identifiés.
15:16 Voilà, alors on découvre des images qui sont effarantes,
15:20 parce qu'une procession, normalement,
15:23 c'est un moment de prière, c'est un moment de paix.
15:25 Père Maillol, vous étiez dans cette procession.
15:28 Comment vous avez vécu les événements
15:29 et qu'est-ce que ça dit surtout de notre époque
15:31 et de ce qui reste des mémoires de la Commune,
15:33 y compris vis-à-vis des catholiques ?
15:36 Non seulement j'étais dans la procession,
15:37 mais c'est moi qui l'organisais,
15:38 donc j'ai été touché très profondément par ce qui s'est passé.
15:42 On a eu 15 blessés dans cette procession,
15:44 des femmes, des enfants, des personnes âgées.
15:48 On s'est fait traiter de Versaillais,
15:49 de génération identitaire,
15:51 alors qu'une bonne moitié, voire les deux tiers des fidèles
15:55 qui étaient là, on était à peu près 400-500 fidèles,
15:58 étaient d'origine étrangère.
15:59 Donc c'était quand même vraiment une bêtise,
16:02 une espèce d'aveuglement devant le réel.
16:05 C'est ça qui, moi, m'a beaucoup marqué.
16:08 Et au fond, ce qui m'a aussi beaucoup marqué,
16:09 ce qui nous a fait, je pense, goûter un peu de la grâce des martyrs,
16:13 toute proportion étant gardée, bien sûr,
16:15 on n'est pas morts, comme vous pouvez le constater,
16:18 eh bien, c'est qu'on n'a eu aucune haine à ce moment-là.
16:22 C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de colère, de haine,
16:24 et on s'est senti un peu bête, je dirais,
16:27 devant ce mal un peu gratuit.
16:29 J'ai l'impression un peu comme le Christ qui contemple le mal
16:31 en se disant « mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? »
16:33 Et Dieu, le mal, il ne le connaît pas intellectuellement,
16:37 il l'expérimente comme quelque chose de radicalement étranger à lui-même.
16:40 Il y a eu un peu de ça,
16:41 c'est-à-dire de se dire « mais qu'est-ce qui se passe ?
16:43 Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi on nous attaque
16:45 avec une telle violence, une telle gratuité ? »
16:47 On était là juste en train de prier dans la rue.
16:50 Alors après, il y a des tas d'explications possibles,
16:52 ça a ravivé des choses chez les gens qui étaient là, etc.
16:55 Bon, très bien, mais de fait,
16:57 il y a quelque chose d'incompréhensible pour nous,
16:59 et moi, deux ans après, je ne comprends toujours pas la violence.
17:02 Je comprends qu'on ne nous aime pas, je peux très bien le comprendre,
17:05 une espèce de violence gratuite sur des gens faibles,
17:07 comme ça, femmes, des enfants.
17:08 J'ai vu un petit enfant se prendre une bouteille,
17:10 et ce petit enfant-là, à la sortie de la procession,
17:14 il me dit « maintenant, je sais pourquoi je suis chrétien ».
17:17 Un autre monsieur qui était là, qui s'est pris aussi des projectiles,
17:20 il dit « moi, je veux devenir diacre permanent. »
17:22 J'ai senti l'appel au diaconat pendant qu'on se faisait attaquer.
17:24 Vous voyez ce genre de choses ?
17:25 Il y a une espèce de grâce du martyr qui a été donnée,
17:28 mais ça a été très pénible, très très pénible.
17:31 Alors nous allons rentrer dans le détail justement
17:33 de ce qui s'est passé en 1871,
17:35 quand ces cinq prêtres sont morts martyres.
17:38 Quelle est leur portée spirituelle ?
17:39 D'ailleurs, peut-on dire que la Commune était véritablement antichrétienne ?
17:42 Quand on voit ce qui se passe encore aujourd'hui en 2023,
17:45 quel exemple de foi nous donnent ces prêtres pour aujourd'hui ?
17:49 C'est très important.
17:50 On va s'arrêter là-dessus, bien entendu,
17:51 parce qu'on voit qu'ils nous donnent de la force finalement,
17:53 153 ans après.
17:55 Restez avec nous, on en parle sur CNews, dans Enquête d'Esprit.
17:57 Bienvenue dans Enquête d'Esprit.
18:02 Si vous venez tout juste de nous rejoindre,
18:04 nous évoquons les cinq prêtres béatifiés hier à Paris,
18:07 en l'église Saint-Sulpice, des prêtres dits bienheureux,
18:10 alors qu'ils sont morts martyres durant la Commune en mai 1871.
18:15 Peut-on dire que la Commune était antichrétienne du coup ?
18:18 Était-elle du reste totalement anticléricale ?
18:22 Ces prêtres, quels exemples nous donnent-ils encore pour aujourd'hui ?
18:26 Comment nous raffermissent-ils dans la foi ?
18:29 Eh bien, on en parle avec Anne Bernay toujours,
18:32 avec le père Maillol qui est curé de la paroisse Notre-Dame des otages
18:36 dans le 20e arrondissement de Paris,
18:37 église qui a été donc bâtie sur le lieu du massacre de ces prêtres.
18:41 Et puis le père Philippe Murat, religieux, prêtre,
18:45 bien entendu membre de la congrégation de Saint-Vincent de Paule,
18:48 auquel appartenait l'un des cinq béatifiés,
18:50 le père Henri Planchat, qui de son vivant d'ailleurs était un saint homme.
18:53 Donc on a déjà commencé à évoquer le fait que les mémoires sont toujours vives
18:57 vis-à-vis de cet épisode de la Commune,
18:59 préempté aujourd'hui en France par l'ultra-gauche.
19:01 On a vu le reportage où il y a deux ans, la procession a été attaquée
19:05 et où les catholiques ont été traités de versaillais et de fachos.
19:10 Mais il faut quand même remettre les choses à leur juste place.
19:14 Les prêtres dont nous parlons étaient incroyablement proches du peuple.
19:17 Ils n'avaient rien justement de versaillais et de bourgeois.
19:20 Donc on va remettre l'église au milieu du village.
19:22 Père Maillol, peut-on dire que la Commune était anticléricale
19:25 et du coup était-elle antichrétienne ?
19:28 Déjà, peut-on dire que la Commune avait une ligne unique ?
19:31 Non. Il y avait des courants différents dans la Commune.
19:34 Vous aviez des courants, bien sûr c'était un mouvement révolutionnaire,
19:37 mais vous aviez des courants qui étaient plus modérés que d'autres.
19:42 Or, ce qui s'est passé, c'est qu'au fur et à mesure que la Commune perd du terrain
19:46 et que les troupes versaillaises approchent,
19:48 ce sont les plus radicaux qui ont gagné.
19:50 Notamment les mouvements blanquistes.
19:52 Auguste Blanqui, qui était un révolutionnaire très radical,
19:55 un socialiste très radical, ce qu'on appelait à l'époque socialiste,
19:57 c'est très radical.
19:59 Et lui, pour le coup, a une doctrine qui passe par l'élimination du fait religieux,
20:06 en l'occurrence chrétien à l'époque, de la société.
20:10 Donc c'est vraiment un projet pour eux qui est quand même très assumé.
20:14 Mais ce ne sont pas tous les communards.
20:16 Oui, mais on est quand même dans un contexte où on veut une société sans Dieu,
20:20 disons les choses.
20:21 La montée du marxisme, les blanquistes, les anarchistes ni dieu ni maître,
20:26 Anne Bernay, enfin il y avait quand même un florilège de pensées,
20:30 mais qui n'allait pas dans le sens du catholicisme.
20:33 Les communards purs et durs se posent en héritier de la terreur de 93.
20:38 Ce n'est pas pour rien qu'ils vont faire reparaître le père Duchesne,
20:41 qui était véritablement un brûlot anti-catholique.
20:44 Mais le problème, c'est qu'ils ne sont pas fatalement suivis.
20:49 Le peuple, lui, a une vision tout à fait différente du catholicisme.
20:53 Mais c'est d'ailleurs certainement ce qui irrite un certain nombre d'entre eux,
20:57 les plus ultra, qui voudraient justement couper le peuple définitivement du catholicisme.
21:03 C'est d'ailleurs ce qu'on va dire au père de Picpus quand on va les arrêter.
21:06 Quand le père Tuffier va dire "mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'on a fait ?"
21:10 Le sectionnaire qui vient le chercher lui répond "tu dis la messe, tu portes les tolles,
21:15 ça suffit, nous on ne veut plus de ces choses-là".
21:17 Ça résume assez bien le problème.
21:19 Et en effet, je trouve très intéressant que parmi les prêtres arrêtés,
21:24 on ait évidemment l'archevêque de Paris et le vicaire général,
21:27 on ait le curé de la Madeleine, qui est la paroisse bourgeoise par excellence à l'époque,
21:32 mais les autres qui sont ciblés avec acharnement, comme le père Planchard.
21:36 Ce sont justement des prêtres proches du peuple, c'est bien cela qui dérange.
21:40 Il ne faut plus que ces prêtres-là parlent au peuple.
21:43 C'est d'ailleurs ce que diront certains communards,
21:45 on ne peut pas faire la révolution avec des gens à qui on parle de Dieu
21:48 et de l'autre monde et du paradis.
21:50 Le paradis doit être de ce côté-là, par conséquent, il ne faut plus qu'ils croient à l'autre.
21:54 Oui, père Philippe Murat ?
21:55 Oui, je trouve que votre dernière remarque est vraiment très juste.
21:59 Je pense que si les prêtres sont ciblés par ceux qui les arrêtent au moment de la Commune,
22:05 c'est précisément parce qu'ils ont vu en eux des gens qui rassemblaient
22:10 les milieux pauvres, les milieux populaires,
22:13 et qui, au lieu d'attiser la haine, suscitaient l'amour.
22:18 Quand on voit les femmes prendre la défense du père Planchard au moment où il est arrêté,
22:22 et ces femmes qui disent à ceux qui viennent arrêter le père Planchard qu'il sort du confessionnal,
22:28 mais qui donnera à manger à nos enfants ? Vous ?
22:32 Et puis la pétition qui va être ensuite signée par les habitants du quartier de Charonne
22:36 montre bien que le père Planchard était ciblé comme quelqu'un qui rassemblait les milieux populaires,
22:46 mais justement, non pas pour attiser la haine, mais au contraire, pour susciter l'amour.
22:50 Vous voulez dire qu'il faisait de l'ombre au communard ?
22:53 D'une certaine manière, oui.
22:54 Parce qu'en plus, il allait chercher les gens sur leur lieu de travail.
22:58 Enfin, il n'attendait pas qu'on vienne sonner à la porte du presbytère.
23:01 Donc, il y avait un vrai zèle évangélique à l'époque.
23:04 Il parcourait non seulement le quartier de Charonne, mais tout Paris.
23:08 À l'époque, quand il est à Charonne, il a passé 7 ans, 8 ans à Charonne, au patronage Saint-Anne.
23:16 Il revenait tous les soirs à la communauté qui était rue d'Andzig,
23:21 donc dans le Haut-Vaugirard, donc deux heures de marche à pied le matin,
23:25 deux heures de marche à pied le soir,
23:26 et puis entre-temps, il ramassait des pauvres sur le chemin pour les amener à la communauté
23:32 parce qu'ils n'avaient ni le gîte, ni le couvert.
23:36 Deux jours avant l'arrestation du père Planchasse, c'est-à-dire le 2 avril 1871,
23:42 la Commune signe un décret de séparation de l'Église et de l'État.
23:45 On n'a pas attendu 1905.
23:49 La Commune supprime le budget des cultes,
23:51 confisque des biens appartenant à des congrégations religieuses déjà.
23:55 Est-ce que ce décret n'est pas en soi l'expression d'une haine, Anne Bernay ?
24:02 C'est bien entendu l'expression d'une haine et d'une incompréhension.
24:05 Je disais tout à l'heure qu'il y a cette crainte de voir le peuple retourner,
24:10 j'allais dire, aux antiques superstitions pour parler comme eux.
24:13 Mais au-delà de cela, il y a certainement une méconnaissance du fait religieux.
24:19 Ce sont des gens qui ne sont plus christianisés depuis des générations déjà,
24:23 qui ne comprennent plus ce qu'est la religion
24:26 et qui, d'une certaine manière, en ont peur.
24:29 C'est ce qui les rend, d'un certain point de vue, excusables
24:32 parce que, j'allais dire, ils ne comprennent pas ce qu'ils font.
24:35 Et pour beaucoup d'entre eux, c'est vrai.
24:38 Père Maillol, si on revient sur les faits,
24:41 c'est-à-dire ces hommes sont sortis de prison le 26 mai 1871,
24:46 on leur fait remonter la rue à Cseaux,
24:49 on les amène à ce qu'était le QG des Communards de la Garde nationale
24:56 et puis on va les fusiller.
24:58 Mais on aura une foule en délire aussi,
25:00 une foule qui est haineuse, qui va dire "Abas les calotins", etc.
25:05 Expliquez-nous, parce que d'un côté, le Père Murat nous dit
25:07 "Mais ces hommes étaient des hommes saints, proches du peuple,
25:11 plein de bonté, plein d'amour, jouent en l'unité".
25:14 Et puis d'un autre côté, on a quand même une foule complètement enragée
25:16 qui les massacre.
25:17 Qu'est-ce qu'il faut comprendre, Père Maillol ?
25:19 Il faut comprendre déjà pas mal de choses,
25:21 c'est-à-dire que tout comme pour notre procession il y a deux ans,
25:24 on nous identifiait aussi avec une certaine forme d'autorité,
25:29 d'ordre établi.
25:31 Le Second Empire avait quand même travaillé beaucoup
25:33 la main dans la main avec l'Église.
25:34 Donc, c'est tout ça en fin de compte.
25:37 Et pour aboutir quand même à une société très inégalitaire,
25:39 il faut bien l'admettre quand même.
25:41 Et donc, en fin de compte, il y avait une incompréhension,
25:44 comme disait Mme Bernay tout à l'heure,
25:45 une vraie incompréhension de ce qu'est l'Église, du fait religieux.
25:48 Et puis, il y avait des courants de pensée qui travaillaient
25:50 tous ces milieux-là, quand même, qui étaient des courants de pensée
25:53 athées quand même, alors plus ou moins militants,
25:55 plus ou moins durs, mais en tout cas,
25:57 pour qui le salut est un salut temporel.
26:00 Et évidemment, l'Église elle-même, par sa seule présence,
26:02 nous explique que votre projet de société idéale,
26:06 en fin de compte, c'est essayer de faire le paradis sur terre,
26:09 c'est créer l'enfer.
26:11 Et donc, en réalité, il y a un antagonisme,
26:13 c'est-à-dire le fait qu'aujourd'hui,
26:15 dans toutes les grandes dictatures que vous pouvez imaginer,
26:17 moi, je connais un petit peu la situation chinoise
26:19 pour être allé en Chine aussi,
26:21 l'Église est toujours un caillou dans la chaussure des grands dictateurs
26:24 parce qu'il n'arrête pas de leur dire, écoutez, votre système
26:26 que vous essayez de mettre au point, c'est très bien,
26:28 faites ce que vous voulez, mais ce ne sera jamais le paradis sur terre.
26:31 L'Église a d'ailleurs tellement été un caillou dans la chaussure
26:34 qu'à l'époque, des églises ont été transformées en clubs,
26:36 en clubs de discussion pour hommes et pour femmes.
26:39 Mais pire, il y a eu des pillages et il y a eu la profanation.
26:42 Ça, c'est très symbolique, la profanation.
26:45 On a sorti le corps du père Déjeunet de l'Église Notre-Dame des Victoires
26:49 à Paris pour faire rouler sa tête sur le parterre de l'Église.
26:54 Enfin, c'est totalement abominable Anne Bernay.
26:56 Ce sera pire encore parce qu'en plus, il y a une hypocrisie folle.
26:59 Depuis déjà plusieurs semaines, on prétend que le clergé se livre
27:03 à des crimes divers et qu'on va retrouver dans les églises
27:07 les cadavres ou les squelettes des victimes entassés là-dedans.
27:11 Et le grand avantage de l'abbé Dufriche Déjeunet,
27:13 c'est qu'il n'y a pas très longtemps qu'il est mort.
27:16 Donc, on est certain, il est enterré dans son église,
27:18 à Notre-Dame des Victoires.
27:19 On est donc absolument certain qu'on va retrouver un corps
27:21 à peu près en bon état et qu'on pourra dire
27:24 "Ah bien voilà une des victimes de la réaction du clergé".
27:27 Puis, une fois que le pauvre abbé Dufriche Déjeunet aura tenu ce rôle posthume,
27:31 on va en effet jeter ce qui reste de lui à la voirie.
27:34 Personne ne s'en souciera plus.
27:36 Mais on est toujours dans une volonté de propagande.
27:40 À l'église Saint-Laurent, on va prétendre avoir retrouvé
27:44 des cadavres de jeunes femmes enchaînées qui servaient à des orgies.
27:47 Donc, on est véritablement dans le délire total.
27:51 - Père Philippe Murat, est-ce qu'on peut dire,
27:53 ou plutôt expliquer nous pourquoi les prêtres dont nous parlons,
27:57 le père Planchat et les quatre Picpucciens,
28:00 qui ont été érigés hier au rang de bienheureux,
28:04 donc ça veut dire qu'ils sont déjà saints ?
28:06 - Oui. - La prochaine étape, c'est la canonisation.
28:08 La première étape, c'est être vénérable.
28:10 La deuxième étape, c'est être bienheureux,
28:12 mais on va donc les prier et les invoquer comme des saints.
28:16 La troisième étape, c'est la canonisation.
28:18 Pourquoi est-ce important pour l'Église de les prier
28:21 ou de les invoquer en tant que martyrs ?
28:23 Et pourquoi peut-on dire que ce qu'ils ont vécu,
28:25 la façon dont ils sont morts, est un martyr ?
28:28 Justement, on vient d'évoquer le contexte de haine de la foi.
28:31 Est-ce que ça suffit à expliquer les choses ?
28:35 Martyr, c'est celui qui est témoin du Christ
28:39 jusqu'au bout et malgré tout.
28:44 Jusqu'au bout et malgré tout.
28:45 Et je pense qu'un père planchard
28:51 était, si je puis dire, candidat au martyr
28:55 depuis le premier jour de son sacerdoce.
28:57 Dès qu'il est ordonné prêtre,
28:59 il n'a qu'un seul souci, c'est d'aller chercher la brebis perdue,
29:03 là où elle se trouve, dans les bouges,
29:05 dans les taudis, dans les coins les plus reculés
29:09 des quartiers populaires.
29:11 Et il sait qu'il s'expose.
29:13 Il s'expose, pas forcément comme il s'est exposé
29:17 au moment de la Commune, mais il s'expose à la vindicte,
29:19 il s'expose à l'opposition.
29:22 Mais il le veut parce qu'il n'a qu'un seul désir,
29:24 c'est de consacrer sa vie et tous les intents de sa vie
29:29 au service des pauvres, par un mot pour Dieu.
29:31 Donc le martyr, c'est quelqu'un qui est témoin du Christ
29:35 jusqu'au bout, jusqu'à l'effusion du sang s'il le faut,
29:39 et malgré tout.
29:41 Alors, le pape François dit qu'il n'y a jamais eu
29:44 autant de martyrs qu'aujourd'hui.
29:45 N'oublions pas effectivement tous ces catholiques
29:47 martyrisés de par le monde.
29:50 Mais Père Maillol, expliquez-nous,
29:53 on ne peut pas comprendre ce que ces hommes ont vécu
29:56 et la façon dont ils ont offert finalement leur vie
29:59 si on ne comprend pas à quel point ils étaient dévoués
30:01 à ce qu'on appelle la spiritualité du Sacré-Cœur.
30:03 C'est-à-dire ?
30:05 Parce qu'on a perdu le sens de cette spiritualité,
30:07 de cette dimension spirituelle,
30:09 aujourd'hui même chez les catholiques.
30:10 En fait, la spiritualité du Sacré-Cœur
30:13 était vraiment répandue dans toute l'Église
30:15 depuis les apparitions de Parallèlemental,
30:17 mais vraiment au XIXe siècle, ça a été massif.
30:19 Cette spiritualité-là, en fin de compte,
30:21 elle prône, on va dire, l'amour comme remède,
30:24 pour faire simple.
30:25 L'amour comme remède à vos problèmes à vous,
30:27 qui priez, mais aussi aux problèmes du monde.
30:30 Mettre de l'amour dans le monde pour réparer les blessures,
30:34 les offenses faites à l'amour de Dieu par les pécheurs.
30:37 Alors quand on parle de Sacré-Cœur,
30:38 c'est le Sacré-Cœur de Jésus-Christ.
30:40 De Jésus-Christ, oui.
30:40 Qui a dit "j'ai tant aimé le monde que finalement je cherche des âmes
30:44 pour me consoler et réparer l'ingratitude dont je suis victime".
30:48 Voilà, alors la consolation, ça c'est un des aspects,
30:51 mais c'est aussi l'aspect de se dire "la prière que je vais faire,
30:55 les souffrances que je vais porter,
30:57 je vais les placer dans le cœur de Jésus
30:59 et ça va avoir une vertu de salut universel".
31:01 Le sacrifice du Christ, sa mort sur la croix, sauve le monde.
31:04 Et c'est le seul à le faire.
31:06 Mais moi, dans mes petits problèmes du quotidien,
31:08 je peux offrir mes souffrances dans mes prières,
31:11 à ce cœur de Jésus qui a été transpercé sur la croix,
31:14 pour que mes petites souffrances d'hommes et de femmes du XXIème siècle
31:19 trouvent une portée de salut universel.
31:22 Et en fond, ces prêtres, quand ils ont donné leur vie,
31:24 c'est un peu ce qu'ils ont vécu,
31:25 c'est-à-dire de se dire "ce qu'on vit là a un sens,
31:27 c'est inscrit dans la passion de Jésus".
31:28 D'abord, il y a plein d'éléments qui nous rappellent la passion de Jésus
31:30 dans leur histoire.
31:31 Leur arrestation pendant la semaine sainte,
31:33 le fait qu'ils sont morts un vendredi, etc.
31:35 qu'ils sont restés trois jours dans le tombeau.
31:36 Enfin bref, il y a des tas de choses vraiment qui sont assez étonnantes.
31:39 Mais en réalité, c'est surtout pour eux une offrande
31:43 pour le salut du monde.
31:43 Aujourd'hui, dès qu'on a des ennuis,
31:46 on a l'impression que Dieu nous abandonne.
31:47 On commence à se pernicher, on se décourage.
31:49 Les hommes de l'époque, ce n'était pas du tout ça.
31:51 Les hommes de l'époque, ils savaient...
31:52 Les prêtres de l'époque savaient très bien que quand ils avaient des ennuis,
31:54 des contradictions, ils étaient juste encore plus unis au Christ.
31:57 Comme le disait le Père Murat tout à l'heure,
31:59 ils avaient pris cette décision le jour même de leur ordination sacerdotale
32:02 de souffrir pour Jésus.
32:03 Donc, ce n'était pas du tout un problème pour eux.
32:05 Anne Bernay ?
32:06 Il y a un autre aspect intéressant dans la dévotion au Sacré-Cœur.
32:10 Il y a l'amour, bien entendu, mais il y a la miséricorde.
32:12 C'est le fait de prier pour les pécheurs.
32:16 Le cœur de Jésus est un foyer ardent de miséricorde
32:20 dans lequel si vous allez jeter vos péchés,
32:23 ils seront consumés et vous serez pardonnés quoi qu'il arrive.
32:27 C'est un aspect extrêmement intéressant.
32:29 On aura peut-être l'occasion d'y revenir tout à l'heure
32:30 si on évoque le cas de Sœur Eléonore, qui est un cas à part,
32:35 dont les derniers mots seront quand la supérieure lui dira
32:37 « Mais après tout ce que vous avez fait, ma sœur,
32:39 est-ce que vous n'avez pas peur du jugement de Dieu ? »
32:41 et qui a cette phrase magnifique à l'agonie.
32:43 Ces derniers mots sont « Ma mère, personne ne me fera jamais douter de la miséricorde divine. »
32:48 Alors je vous propose de voir ce que donne la charité en acte de ces hommes-là,
32:53 notamment celle du Père Planchat, qui de son époque était déjà connu,
32:58 puisque vous l'avez dit, Père Murat, il y a eu une pétition quand il a été arrêté
33:03 pour dire « Non, non, ne touchez pas ! »
33:04 Les communards, le peuple, le petit peuple de Paris a dit « Ne touchez pas à cet homme ! »
33:08 Eh bien cet homme fait l'objet d'une pièce de théâtre à Paris,
33:11 une pièce que vous avez portée, que vous avez initiée,
33:13 Père Philippe Murat, avec tous les paroissiens de Notre-Dame de La Salette,
33:18 mais aussi avec des comédiens professionnels.
33:21 Je vous propose de regarder un extrait de cette pièce qui s'appelle « Chasseur d'âmes »
33:25 parce que le Père Planchat était réputé comme un chasseur d'âmes.
33:27 Il allait chercher les âmes dans les rues de Paris.
33:29 Regardez donc ce reportage sur cette pièce de théâtre
33:33 qui a été jouée dernièrement au Beauconseil, le patronage parisien.
33:36 Le Père Planchat se range calme et paisible.
33:43 Quelques instants après, quand l'ordre en est donné,
33:47 il part le premier suivi de ses compagnons.
33:49 Le 26 mai 1871, le Père Planchat est fusillé dans le 20e arrondissement de Paris.
33:55 150 ans plus tard, dans un décor sobre,
33:58 les acteurs rejouent la vie du prêtre martyr.
34:01 Une dernière balle va frapper le Père Planchat au front.
34:09 Donc il a été fusillé sous la commune,
34:10 mais c'est surtout sa vie qui est profondément marquante.
34:14 Encore une fois, c'est une vie qui témoigne de l'engagement auprès des plus pauvres.
34:20 Vraiment une vie qui est complètement donnée.
34:22 Quand il y a une scène de la pièce où il fait sa profession et il dit
34:27 "Seigneur, je donne absolument tout, chacun de mes instants, pour toi."
34:31 Voyez si vous pourriez remettre au porteur de la lettre quelque chose
34:35 pour la subsistance des personnes que j'ai laissées à Charonne, à Saint-Anne.
34:41 Je ne sais vraiment pas comment elles font
34:44 pour subvenir depuis jeudi à leurs besoins.
34:46 On plonge dans ses pensées grâce à la lecture de lettres écrites en captivité.
34:51 On découvre ses forces et ses faiblesses en pleine tourmente.
34:54 Le fait de voir cet homme qui se bat jusqu'au bout, même quand il est en prison.
35:00 Même là, ce qui m'a frappé, c'est de voir que sa mission lui manquait quand il était en prison.
35:05 En fait, quand il est emprisonné, les pauvres lui manquent, comme il dit.
35:11 "Vous paraissez bien triste, ma pauvre dame."
35:14 "Monsieur l'amé, quel malheur nous. Nous venons d'enterrer notre petite fille."
35:18 "Je suis désolé, popo, je dirais messe pour votre enfant.
35:22 Promettez-moi d'y venir avec votre mari."
35:24 "C'est promis."
35:25 Tout au long de la pièce, un piano et les deux choeurs de Notre-Dame de la Salette
35:28 rythment les péripéties.
35:30 Ordination, vie missionnaire, arrestation, puis martyr.
35:34 Conclusion glorieuse d'une vie donnée aux pauvres et au Christ.
35:38 (musique)
35:49 Père Philippe Murat, une vie donnée aux pauvres, mais alors dans une incroyable simplicité.
35:54 C'est dire que la sainteté, ça peut passer par une vie totalement ordinaire.
36:00 À l'exemple du père Planchat, elle était ordinaire et extraordinaire, mais il partageait la pauvreté.
36:06 Il était au milieu des pauvres.
36:07 Non seulement la sainteté peut passer, mais la sainteté passe toujours par les choses ordinaires.
36:13 Et je pense que c'est le grand témoignage que nous donne, entre autres, pas uniquement,
36:19 mais ils sont cinq, mais entre autres le père Henri Planchat, qui a manifesté la sainteté du Christ
36:26 à travers les plus petites choses de sa vie ordinaire.
36:30 Je pense que c'est aussi dans la réalisation de ces pièces de théâtre quelque chose de très fort.
36:40 C'est d'abord la mobilisation de beaucoup de personnes autour de ce projet.
36:45 Et ces personnes qui sont entrées dans ce projet de façon très simple,
36:50 pour traduire justement dans l'ordinaire la sainteté qui était là, présente, du père Henri Planchat,
36:57 et qui éclate, je peux dire, au grand jour, au dernier instant de sa vie,
37:04 lorsque les yeux tournaient vers le ciel, il offre sa vie comme son maître,
37:09 et sans doute priant pour ceux qui l'abattent et qui lui donnent le coup fatal.
37:13 L'une de ses dernières paroles aurait été "laissez-moi prier", d'ailleurs, en levant les yeux au ciel,
37:19 c'est dire à quel point ces hommes étaient pleins de prières.
37:22 Anne Bernay, il y a d'autres grandes figures, alors qu'ils n'ont pas été béatifiés hier,
37:25 mais qui ont péri pendant la Commune, des grandes figures d'ecclésiastique,
37:28 comme le père jésuite, le père Olivin.
37:31 Le père Olivin, qui est d'ailleurs un ami de Frédéric Ozanam et du père Planchat,
37:36 puisqu'ils ont commencé ensemble la conférence à Vincente Paul,
37:39 qui est devenu jésuite.
37:41 Et le père Olivin est une figure de prédicateur extrêmement brillant,
37:45 et c'est probablement l'une des raisons pour lesquelles il va être ciblé,
37:48 parce qu'il est connu et parce qu'il est jésuite.
37:51 Et pour la gauche révolutionnaire, les hommes noirs, les jésuites,
37:55 sont la quintessence de l'esprit contre-révolutionnaire,
37:58 ce sont les hommes à abattre et à détruire à n'importe quel prix.
38:01 Cela explique l'arrestation du père Olivin et de ses compagnons de la rue de Sèvres.
38:06 Ce qui est extrêmement touchant, c'est que le père Olivin va être pris pour cible
38:11 par une communarde, une fille déguisée en garçon,
38:14 qui se fait appeler le capitaine Piger,
38:17 qui en réalité s'appelle Louise Félicie Jimé,
38:19 qui est une jeune femme de 35 ans,
38:21 qui est née dans une bonne famille de la région lyonnaise,
38:24 qui est catholique,
38:26 et qui très bizarrement s'est vouée à la révolution.
38:30 Elle est entrée en maçonnerie,
38:32 elle a passé un pacte avec le diable,
38:34 et par provocation elle est allée voir un jour le curé d'Ars,
38:36 qui lui a dit "Ma fille, il vous ferait énormément de mal,
38:39 mais la Sainte Vierge ne permettra jamais que vous vous perdiez."
38:43 Et bizarrement, cette fille qui en effet a passé un pacte avec le diable,
38:46 continue, quoi qu'il arrive, de prier à la Sainte Vierge.
38:49 Et c'est ce qui va la sauver.
38:51 Elle est littéralement fascinée par la figure du père Olivin.
38:54 Elle le hait et il l'attire.
38:57 Elle le frappe pour rien,
38:59 elle lui crache à la figure,
39:02 et il lui dit "Un jour, je vous promets que je reviendrai vous chercher."
39:05 Elle dit "Mais tu y crois toi à ton ciel ?"
39:07 "Oui, j'y crois de toutes mes forces."
39:09 "Et quand tu y seras, tu reviendras vraiment me chercher ?"
39:11 "Je reviendrai vous chercher."
39:13 Et effectivement, elle va se charner sur lui,
39:16 féliciter Gimé, elle dira un jour,
39:19 en sanglotant "J'ai tué 13 prêtres."
39:22 Et c'est vrai, elle a tué 13 prêtres,
39:24 ce qui n'est pas un itinéraire très commun pour une religieuse.
39:27 Et elle va être arrêtée,
39:29 elle ne va absolument pas nier son implication dans les massacres de la commune,
39:33 elle va tout reconnaître.
39:35 Elle est persuadée d'être condamnée à mort,
39:37 et dans la prison qui est tenue par des religieuses,
39:39 c'est une prison de femmes,
39:41 la supérieure se rend bien compte que quelque chose se passe dans l'âme de cette femme,
39:45 et elle va lui chercher les sermons du père Olivin, justement.
39:49 Et quand elle comprend que c'est sa victime dont elle lit les écrits,
39:53 elle est bouleversée, elle se convertit,
39:55 elle accepte tout, y compris une mort à laquelle elle va échapper.
39:58 Elle va faire 5 ans de prison,
40:00 elle va bénéficier de l'amnistie qui va suivre,
40:03 et là, elle pourrait sortir,
40:05 elle ne va pas sortir.
40:06 Elle va dire "je reste, mais je reste comme religieuse,
40:09 je veux expier mes fautes",
40:10 et elle va mourir comme une sainte en 1893.
40:13 La tragédie de la rue Aixot peut donner une histoire magnifique, c'est fou.
40:18 Alors je vous propose de découvrir justement
40:20 les traces de ce qu'il reste de cette tragédie
40:23 et de la mémoire de ces martyrs en plein Paris,
40:26 un reportage d'Éloire Rauchbrun.
40:28 Rue Aixot, Notre-Dame des otages, est un lieu de mémoire.
40:33 Dans la cour derrière l'église, on trouve un morceau de mur
40:37 devant lequel le père Planchat, 9 autres religieux
40:40 et une quarantaine de civils ont été assassinés par les communards en 1871.
40:46 Dès le lendemain du massacre, un otage de la commune
40:49 qui a survécu aux sanglants événements
40:51 a travaillé à la construction du mémorial.
40:53 La porte et une grille de la prison de la Roquette
40:56 où ont été détenus les otages sont exposées au même endroit.
41:01 Juste à côté, une cave de 3 mètres sur 3 mètres,
41:04 la fosse où les corps ont été entassés.
41:07 Ils ont été retirés, le corps du père Planchat
41:11 a lui été inhumé ici à Notre-Dame de la Salette
41:14 dans le 15e arrondissement de Paris.
41:16 La tombe se trouve dans la chapelle,
41:18 une fresque raconte les épisodes de la vie du martyr.
41:21 Ce jour-là, le père Yvon accepte de nous montrer des reliques,
41:26 des effets personnels du père Planchat.
41:29 Carnets, diplômes, bibles, chapelets, crucifix,
41:34 on conserve même ses souliers avec lesquels il parcourait Paris.
41:38 Il s'arrêtait pour rencontrer les gens,
41:41 pour pouvoir leur parler,
41:43 pour pouvoir solliciter aussi des bienfaiteurs.
41:46 Ce souvenir de cet homme qui, au cours de toutes ces années,
41:51 a marché des centaines de kilomètres à travers Paris,
41:55 en traversant de Vaugirard à Charonne,
41:58 ce qui voulait dire au moins deux heures de marche
42:02 pour aller à la rencontre de ses pauvres.
42:05 Toutes ces reliques et ces archives ont permis
42:08 de mieux comprendre la vie du bienheureux Henri Planchat.
42:11 Elles feront l'objet d'une exposition dans les prochains mois.
42:14 Père Stéphane Maillard, que nous disent ces hommes aujourd'hui
42:20 et qu'est-ce qu'ils vous disent à vous qui êtes prêtre ?
42:23 Quel modèle de prêtre ? Comment vous inspire-t-il ?
42:26 D'abord, comme prêtre, le père Planchat,
42:30 mais aussi les pères Radigue et ses compagnons pépuciens,
42:34 sont vraiment un modèle de fidélité.
42:37 Comme je l'ai dit tout à l'heure,
42:39 ils nous permettent de lire, de décrypter la souffrance
42:42 comme un lieu de rencontre du Christ
42:44 et pas simplement comme une fatalité horrible qui s'abat sur nous.
42:47 Notamment, le père Planchat est très touchant
42:50 parce que c'est un prêtre qui a fait un burn-out
42:52 au début de son ministère.
42:54 Il a eu besoin de se reposer pendant quasiment un an.
42:57 Tant de nos confrères aujourd'hui sont confrontés à ça,
43:01 épuisés dans leur générosité,
43:03 que ça le rend vraiment très sympathique.
43:05 Ensuite, c'est quelqu'un qui a suggéré ses faiblesses
43:08 pour pouvoir durer dans le ministère.
43:10 C'est déjà un beau modèle de prêtre.
43:12 Après, c'est aussi quelqu'un qui nous inspire aujourd'hui.
43:14 À Notre-Dame les otages, on a ouvert depuis un an et demi
43:17 le patronage en Ré Planchat,
43:19 un patronage pour les jeunes pour reprendre à notre niveau modeste
43:22 le flambeau de l'abbé Planchat.
43:25 Pour reprendre un petit peu le flambeau du père Olivin aussi,
43:29 qui s'occupait beaucoup des étudiants, des jeunes adultes diplômés,
43:33 on est en train de travailler à l'incubateur Saint-Joseph
43:36 qui va permettre à des jeunes de démarrer leur entreprise
43:38 sur les principes chrétiens.
43:40 Donc, on reprend un petit peu cette pastorale à la fois très populaire
43:43 et puis aussi une pastorale des milieux plus éduqués sur notre paroisse.
43:49 On essaie de reprendre un petit peu, de se laisser un peu inspirer par ces otages.
43:53 Et au fond, on essaie aussi de faire revivre cette histoire
43:55 parce que moi, j'ai vécu les 25 premières années de ma vie dans ce quartier,
43:58 on ne m'a jamais parlé des otages.
44:00 Jamais, jamais, jamais.
44:02 Je n'étais pas le meilleur chrétien du monde.
44:04 J'ai peut-être loupé quelques annonces paroissiales,
44:07 mais de fait, on ne nous en parlait pas.
44:10 On en parle sur ces news de Roquette d'Esprit.
44:12 En tout cas, on leur rend un bel hommage.
44:15 Père Philippe Murat, ce sera presque le mot de la fin,
44:18 justement, cette figure du père Henri Planchal est inspirante.
44:21 Mais qu'est-ce qu'elle dit aux catholiques d'aujourd'hui ?
44:23 Est-ce qu'elle ne dit pas aussi "ne vous embourgeoisez pas dans votre foi,
44:26 allez vers les autres, soyez chasseurs d'âmes" ?
44:29 Oui, tout à fait.
44:32 Pour reprendre peut-être la devise de notre congréation,
44:37 "annoncer Jésus-Christ de toutes les manières",
44:42 qui est une phrase tirée de Saint Paul.
44:45 De toutes les manières, c'est-à-dire en vous donnant totalement
44:48 lorsque vous faites, et à chaque instant de notre vie,
44:51 ne jamais perdre un instant, c'était la ligne de conduite
44:55 du père Henri Planchal, sachant que le temps est sacré,
44:58 parce que nous sommes ici sur terre, justement,
45:01 pour nous préparer au ciel.
45:03 Et c'est ce qu'il dira d'ailleurs aux enfants,
45:05 à qui il écrira depuis la prison,
45:08 qui vont faire leur première communion,
45:10 en leur disant "je vous demande de prier,
45:13 quand vous serez à genoux, on obtient tout,
45:15 quand on a reçu Jésus en soi, on obtient tout,
45:18 et vous demanderez au Seigneur la grâce d'aller au ciel,
45:21 pour vous-mêmes, pour vos parents,
45:24 et puis enfin pour moi."
45:26 Donc je pense que des hommes comme le père Henri Planchal
45:29 et ses compagnons, nous disent que finalement,
45:32 nous sommes ici pour préparer notre éternité,
45:38 et que l'éternité est commencée déjà, dès maintenant,
45:41 et qu'il faut donc sanctifier le temps qui passe,
45:44 en nous donnant totalement, dans ce que nous faisons
45:46 et dans ce que nous sommes,
45:48 quelle que soit notre vocation.
45:51 Il y a une figure quand même aussi,
45:53 Stéphane a partagé ce que le père Henri Planchal
45:57 et ses compagnons lui apportent comme prêtre,
46:00 je pense aussi qu'il y a aussi une très belle figure
46:02 parmi les martyrs, qui n'a pas été béatifiée hier,
46:07 mais c'est l'abbé Seigneuret qui était un similariste,
46:10 et je pense que les prêtres, comme l'abbé Seigneuret,
46:15 disent aussi aux prêtres, mais aussi aux futurs prêtres,
46:19 "Soyez vraiment des hommes de Dieu,
46:21 tout entier consacrés au Seigneur,
46:23 et au service des pauvres, et surtout des plus pauvres.
46:27 Allez chercher, allez chercher la brebis perdue,
46:31 et ne perdez pas de temps."
46:32 Oui, c'est une belle conclusion.
46:34 Anne Bernay également, en conclusion,
46:36 et malheureusement trop rapidement,
46:38 le message pour notre époque finalement,
46:40 de ces hommes qui ont été béatifiés hier.
46:42 Je voudrais revenir justement sur l'abbé Seigneuret,
46:44 qui n'était encore que similariste,
46:46 et qui a donné sa vie pour le Christ,
46:48 sans avoir jamais eu le temps de dire la messe,
46:51 et sur l'autre prêtre, l'abbé Allard,
46:53 26 ans et 6 mois de sacerdoce.
46:55 Une vie donnée au Christ n'est jamais perdue,
46:57 même quand on n'a pas le temps de célébrer.
46:59 Merci infiniment à tous les trois,
47:01 merci père Stéphane Maillard,
47:03 merci père Philippe Murat de nous avoir
47:05 si admirablement parlé de ces belles figures,
47:07 merci Anne Bernay.
47:09 Je rappelle votre ouvrage réédité,
47:11 parce que c'est un best-seller,
47:13 "Enquête sur les anges",
47:15 réédité donc chez Artej,
47:17 mais il y a bien d'autres ouvrages que nous pouvons lire.
47:19 Il y a, je vous le conseille, le livre de François Venn,
47:21 bien entendu, pour découvrir le père Henri Planchat,
47:23 avec le cœur et le regard du père Henri Planchat,
47:25 édition Nouvelle Cité.
47:27 Et puis bien entendu, n'oubliez pas de consulter
47:29 France Catholique, qui fait sa une,
47:31 et un gros dossier cette semaine sur les martyrs de la Commune,
47:33 c'est sur abonnement et sur france-catholique.fr.
47:35 La semaine prochaine,
47:37 vous retrouvez Amérique Pourbais pour évoquer
47:39 la belle figure de Sainte Thérèse de Lisieux,
47:41 et puis n'oubliez pas,
47:43 les belles figures de l'histoire,
47:45 c'est à 11h, samedi prochain,
47:47 et ces belles figures seront consacrées
47:49 justement aux parents de Sainte Thérèse de Lisieux,
47:51 c'est-à-dire Louis et Zélie Martin.
47:53 Bon dimanche, l'info continue sur CNews.
47:55 sur CNews