"On avait envie d’exprimer à travers la fiction, la manière dont les choses peuvent se passer dans le monde politique, souvent décrit par des gens qui ne le vivent pas de l’intérieur" selon Gilles Boyer, député européen Renew Europe, co-auteur du roman « Dans l’ombre » (Lattès); et Cédrick Le Bihan, dessinateur de bande dessinée.
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00:00 – Et j'accueille aujourd'hui Gilles Boyer, bonjour.
00:03 – Bonjour.
00:03 – Vous êtes député européen, membre du parti Horizon, le parti d'Edouard Philippe,
00:06 et je ne sais pas si vous êtes aussi un proche d'Edouard Philippe.
00:09 J'accueille également sur ce plateau Cédric Lebihan,
00:12 vous êtes dessinateur de bande dessinée et vous signez avec le scénariste Philippe Pélaès
00:18 la bande dessinée intitulée "Dans l'ombre",
00:21 la voici, une bande dessinée adaptée du roman politique du même nom,
00:25 écrite par Edouard Philippe et par vous, Gilles Boyer, c'était en 2011.
00:29 Alors rapidement pour nos téléspectateurs, pour situer un petit peu l'histoire,
00:34 "Dans l'ombre" ça rencontre les aventures du conseiller d'un homme politique
00:37 qui a remporté la primaire de son parti pour l'élection présidentielle
00:41 mais cette primaire est entachée d'une rumeur de fraude électorale
00:45 et un meurtre suspect est lié à cette affaire de fraude.
00:49 Cédric Lebihan, comment est né ce projet d'adaptation
00:53 du roman d'Edouard Philippe et de Gilles Boyer ?
00:55 – J'ai été contacté par les éditions Grand Angle,
00:58 je venais de sortir du bouclage de mon précédent album
01:02 et ils m'ont proposé de dessiner l'adaptation d'un roman écrit par deux personnes célèbres,
01:08 sur le coup ils ne m'avaient pas dit qui,
01:09 je me suis dit pourquoi pas, allons-y,
01:11 et puis c'est là que j'ai appris que c'était Edouard Philippe et Gilles Boyer
01:16 et donc je me suis dit ouais ok, carrément, j'étais très partant,
01:20 après j'ai eu le scénario entre les mains que j'ai pu lire
01:23 et ça a fini de me convaincre d'aller sur cette adaptation.
01:28 – Vous étiez partant, est-ce que vous connaissiez le milieu politique,
01:31 vous avez déjà travaillé dessus ?
01:33 – Non, jamais, c'est vrai que je connais ce qu'on peut en voir à la télévision,
01:37 c'est vrai que je m'y intéresse un petit peu,
01:38 parce qu'il faut s'intéresser à la politique, c'est ce qui régit nos vies,
01:41 mais sinon je n'étais pas plus ancré là-dedans que ça,
01:45 je ne me destinais pas non plus à la bande dessinée politique.
01:49 – Et Gilles Boyer, quand on vous a parlé de ce projet,
01:52 à vous et à Edouard Philippe, comment vous avez réagi ?
01:54 Est-ce que c'est peut-être même vous qui l'avez initié ?
01:57 – Non, on ne peut pas dire qu'on l'a initié,
02:00 c'est vrai que lorsque la proposition est arrivée, ça nous a surpris,
02:03 ce n'est pas un développement auquel on avait spontanément pensé,
02:05 lorsqu'on écrit un livre,
02:07 on ne pense pas forcément à une adaptation en bande dessinée,
02:09 mais ça nous a tout de suite séduit,
02:11 vous savez qu'on travaille aussi sur une série télé,
02:14 qui est l'adaptation de ce livre,
02:17 et donc lorsqu'on nous a proposé ça, on a dit banco,
02:20 et on a très bien bossé avec l'équipe qui a fait un travail remarquable,
02:25 parce qu'adapter un livre de 600 pages et en faire 60 planches,
02:30 c'est un défi qu'on n'aurait pas pu évidemment relever tout seul,
02:35 et grâce à Cédric et Philippe,
02:37 on a réussi à mettre en place ce beau projet,
02:40 et d'ailleurs, pour tout dire,
02:42 tout ce qu'on a fait nous, c'est écrire le livre.
02:43 [Rires]
02:44 – Justement, comment vous avez travaillé ?
02:48 Est-ce qu'il y a eu un échange entre le scénariste Philippe Pellahès,
02:51 vous, et puis les auteurs du roman,
02:53 ou est-ce que vous avez vraiment une liberté d'adaptation ?
02:56 – Alors, on a eu une liberté totale d'adaptation,
02:58 et ça, je les en remercie beaucoup, parce que ça a été super pour ça,
03:03 donc Philippe, lui, a fait d'abord toute l'adaptation du livre,
03:06 donc il a compulsé le livre,
03:08 il a écrit ce scénario-là sur une soixantaine de planches, effectivement,
03:11 et ensuite, moi, j'ai fait tout le storyboard,
03:14 donc c'était toute la bande dessinée, mais dessinée rapidement,
03:17 donc pour placer les personnages, pour placer les cases,
03:19 et ça, on a fait une séance de travail avec M. Gilles Boyer et M. Edouard Philippe
03:23 pour leur soumettre ce travail-là,
03:25 et pour leur montrer comment se présenterait la bande dessinée.
03:28 Donc, à partir de là, ils l'ont validée,
03:30 et donc là, après, on a pu suivre le cours de la bande dessinée,
03:35 donc les dessins, l'ancrage, la couleur, et ainsi de suite.
03:38 – Et finalement, ce premier regard, cette première rencontre,
03:40 c'est bien passé, vous avez dit tout de suite "Banco, on y va" ?
03:43 – Oui, d'abord, c'était un moment d'émotion pour nous,
03:45 parce que lorsqu'on imagine des personnages d'un roman,
03:48 tout d'un coup, on les voit, on voit des visages,
03:50 en tout cas, comme vous les avez imaginés,
03:52 donc ça, c'était un moment très émouvant.
03:53 Ce qu'on voulait, nous, c'était que l'esprit du livre soit préservé,
03:57 et c'est tout à fait le cas.
03:59 Un livre qui a vocation à raconter les coulisses d'une campagne présidentielle,
04:02 la vie de l'entourage d'un candidat,
04:04 ce qui peut se passer dans cet entourage lorsque les conditions de pression augmentent,
04:07 lorsque des événements surgissent pour bouleverser une organisation bien huilée,
04:11 on voulait préserver cet état d'esprit,
04:14 mais on a aussi pleinement conscience que la BD, ce n'est pas notre métier,
04:18 et qu'il fallait laisser toute latitude à Philippe pour le scénario,
04:23 à Cédric pour les dessins, pour l'adapter à leur idée.
04:26 – Oui, cette BD, finalement, elle donne une vision des personnages de votre roman,
04:31 quels sont vos choix graphiques en lien avec cette adaptation ?
04:35 Quel choix vous avez fait en tant que dessinateur ?
04:38 – J'ai eu le choix toujours de faire des personnages qu'on reconnaît d'une case à l'autre,
04:42 des personnages assez… c'est pour ça que je voulais un graphisme assez simple,
04:44 avec des couleurs assez simples, parce que c'est vrai qu'on avait une histoire
04:46 qui était déjà très, très dense,
04:48 donc je voulais des choses qui pouvaient se reconnaître très rapidement.
04:50 Donc voilà, puis il y avait aussi la volonté de n'avoir aucune ressemblance
04:54 avec qui que ce soit dans le milieu politique, évidemment,
04:56 donc c'est ce qui a été fait, même si, fatalement,
04:59 on retrouve toujours des gens qui vont réussir à trouver,
05:02 tiens, il ressemble un peu à untel ou un peu à untel,
05:04 forcément, vu par qui ça a été écrit à la base,
05:07 on y a toujours recherché un peu, mais il y avait vraiment une volonté
05:10 et ça nous avait été demandé aussi une volonté de ne reconnaître strictement personne,
05:15 puisque déjà dans le roman, c'est de la fiction, uniquement.
05:17 – Oui, on ne reconnaît pas les personnages politiques réels
05:21 qui ont inspiré les personnages de l'histoire,
05:24 même si le fameux candidat à la présidentielle est appelé "le patron",
05:27 et je crois que c'était le surnom que donnait Edouard Philippe
05:29 à un certain Alain Juppé quand il travaillait à ses côtés.
05:32 – Oui, vous avez rappelé que le livre est sorti en 2011,
05:34 et c'est vrai qu'à cette époque-là, on travaillait tous les deux aux côtés d'Alain Juppé,
05:38 mais on assume notre part d'imaginaire,
05:42 c'est-à-dire qu'aucun des personnages du livre et donc de la BD
05:45 n'est directement inspiré d'un personnage existant,
05:47 mais il y a dans la vie politique, comme dans tous les milieux,
05:50 il y a des archétypes d'hommes politiques, de femmes politiques, de collaborateurs,
05:54 c'est ce qu'on a voulu montrer,
05:55 mais aucun personnage de notre livre n'est directement comparable
06:00 à un personnage existant.
06:02 – Est-ce que c'est plus facile de dire des choses sur le monde politique
06:05 en passant par la fiction qu'en passant par un essai ?
06:08 – Ah ben vous nous percez à jour, c'est-à-dire qu'à l'époque,
06:10 quand on a écrit un roman, on s'est dit,
06:11 on va peut-être pouvoir dire à nos personnages
06:13 des choses qu'on ne peut pas dire nous-mêmes.
06:15 Alors il y a 10 ans, Edouard Philippe n'avait pas du tout la notoriété
06:18 qu'il a aujourd'hui, il était maire du Havre,
06:20 mais c'est vrai qu'il y a 10 ans, on se disait,
06:22 on ne va pas écrire un essai sur nos convictions sur la politique,
06:26 c'est ridicule, mais en revanche, on avait envie d'exprimer à travers la fiction
06:29 la manière dont les choses peuvent se passer dans la réalité d'un monde politique
06:34 qui est souvent décrit, mais parfois par des gens
06:37 qui ne l'ont pas vécu de l'intérieur, donc c'était ça qui nous intéressait,
06:40 et on trouvait que le biais de la fiction était plus amusant,
06:43 et d'ailleurs ça le reste.
06:45 – Et puis il y a un ton très particulier dans cette histoire
06:48 avec également des parties humoristiques,
06:51 l'intérêt de la BD c'était de garder ce ton ?
06:54 – Ben oui, oui, oui, évidemment, déjà parce que le livre à la base,
06:57 il y a beaucoup d'humour, je pense que j'y voyais Edouard Philippe
06:59 aussi beaucoup d'humour, donc oui c'était volontaire,
07:02 et puis c'était bien de garder justement ce côté humoristique
07:06 pour parler d'un sujet "grave" mais en tout cas un sujet politique
07:09 et qui est toujours un peu sérieux, donc là c'est vrai que ça dénotait un peu,
07:12 et c'était plutôt sympathique justement,
07:14 ça fait passer l'histoire bien plus agréablement.
07:17 – Justement ce ton de l'histoire qui est d'une certaine manière
07:23 emprunt d'humour, ça correspond aussi à vos personnalités,
07:26 à Edouard Philippe et à Gilles Boyer,
07:28 c'est important de le conserver dans cette BD ?
07:31 – Disons qu'on s'est toujours dit qu'on peut faire des choses sérieuses
07:34 sans se prendre au sérieux et que dans un univers qui est parfois difficile,
07:38 si on ne garde pas une part d'humour, d'auto-dérision,
07:41 de regard un petit peu détaché, du recul sur les choses,
07:45 on a du mal à survivre ou à vivre longtemps dans ce monde-là,
07:49 donc on a essayé de retranscrire ça dans notre livre,
07:51 c'est vrai que c'est aussi un milieu où on rigole beaucoup,
07:54 lorsqu'on sait garder ça dans une équipe,
07:57 il y a des événements qui arrivent, c'est difficile,
07:59 les journées ne se passent jamais comme prévu,
08:01 donc il faut toujours essayer de garder un peu de sourire,
08:03 un peu d'humour, oui bien sûr.
08:05 – Et puis oui, on peut rire en politique
08:06 mais on ne le voit pas forcément devant le public,
08:10 on n'a pas cette impression,
08:11 donc c'est important d'avoir ce type d'histoire pour raconter les coulisses.
08:14 – Oui et puis d'ailleurs, il ne faut pas s'interdire de rire en politique,
08:19 mais c'est vrai que les sujets qu'on aborde,
08:20 ils ne prennent pas toujours à la rigolade,
08:22 il faut bien le reconnaître, donc il faut le faire à bon escient,
08:26 et je dirais que, garder le recul sur soi-même,
08:29 le recul sur ce qu'on fait, avoir conscience
08:32 qu'on fait des choses sérieuses mais qu'on n'est pas les rois du monde,
08:36 je pense que c'est important de le garder en tête
08:39 à chaque instant pour dire la vérité.
08:41 – Alors dans l'ombre, c'est le portrait d'un conseiller,
08:44 d'un apparatchik de parti,
08:47 vous avez été conseiller Gilles Boyer avant d'être élu député européen,
08:51 comment vous avez vu évoluer ce rôle de conseiller politique ?
08:55 – Bon, disons que d'abord c'est un rôle qui est très différent
08:59 selon les personnalités, chaque homme ou femme politique
09:01 attend de ses proches conseillers des choses différentes,
09:04 et donc c'est avant tout une affinité personnelle,
09:07 une complémentarité et ce qu'on fait auprès de l'un,
09:11 on ne pourrait pas forcément le faire auprès de l'autre,
09:13 et donc c'est des rencontres, c'est des rencontres,
09:15 moi j'ai eu la chance jeune de travailler aux côtés d'Alain Juppé,
09:18 à Bordeaux, à la mairie de Bordeaux, au ministère des Affaires étrangères,
09:22 et puis ensuite pour diriger la campagne des primaires en 2016,
09:27 ça a été une aventure politique bien sûr, mais avant tout humaine,
09:31 et donc ce rôle il évolue parce que lorsqu'on a écrit le livre,
09:35 les réseaux sociaux n'avaient pas du tout la place qu'ils ont aujourd'hui
09:38 dans la vie politique, le débat public était différent,
09:42 je ne sais pas s'il était meilleur ou moins bien,
09:44 mais en tout cas il était différent, donc les choses évoluent,
09:47 on prend de l'âge, et moi-même je ne pourrais plus probablement refaire
09:50 ce que je faisais il y a 20 ans, donc il faudrait inviter un de mes collègues
09:56 qui a 20 ans de moi pour qu'on puisse comparer,
09:58 mais c'est vrai que le rôle évolue parce que la vie évolue,
10:01 et que la vie politique évolue.
10:02 – Alors c'est des histoires humaines, des histoires de loyauté, de fidélité,
10:06 mais il y a aussi beaucoup de violence dans un parti politique,
10:09 Cédric Lebihan, vous qui n'êtes pas un spécialiste de ce milieu,
10:13 qu'est-ce que vous pensez de ces relations qui sont quand même assez violentes
10:17 dans le parti, des relations que raconte ce livre ?
10:20 – Ce n'est pas étonnant quand il y en a plusieurs qui se battent
10:23 pour une place en particulier, surtout cette place-là,
10:27 ce n'est pas étonnant qu'il y ait des coups bas,
10:29 qu'il y ait des coups un peu violents,
10:30 et qu'il faut avoir les épaules larges et solides pour affronter tout ça.
10:35 – Et finalement c'est un bon fil narratif qui fonctionne,
10:38 que les personnes les plus dangereuses ou finalement nos ennemis
10:43 ce sont peut-être nos amis dans notre famille politique.
10:46 – Ah ça, effectivement, c'est sûr qu'on ne peut jamais…
10:49 À qui se fier finalement, on ne sait pas, on ne sait jamais,
10:52 et dans ce milieu-là j'ai l'impression que c'est un peu pareil.
10:55 – Gilles Boyer, est-ce que cette histoire ce n'est pas un manuel anti-primaire,
11:00 justement un antidote contre la primaire,
11:02 parce que ça montre tous ces coups tordus
11:05 qu'on peut se faire dans un parti, dans une primaire ?
11:08 – Disons qu'on a vu qu'il n'y avait pas de solution parfaite,
11:10 la primaire c'est à la fois la solution,
11:12 la seule solution pour départager des candidats,
11:14 et en même temps c'est la pire des solutions,
11:16 parce que dans les débats de primaire, on s'affronte entre nous,
11:18 et ensuite ça laisse forcément des traces, on s'affaiblit mutuellement.
11:22 Donc il n'y a pas de solution parfaite,
11:23 et je vais laisser au parti politique le soin de trancher cette question.
11:27 La primaire de la droite et du centre en 2016, ça a été un formidable succès,
11:31 il ne faut pas l'oublier, plus de 4 millions de personnes
11:33 qui sont venues voter, vous vous souvenez des files d'attente
11:35 devant les bureaux de vote, on avait créé à cette occasion
11:38 un grand événement démocratique, ce qui par les temps qui courent
11:42 n'est pas à rejeter. Ensuite c'est vrai que cette primaire
11:46 elle a aussi laissé des traces dans le sens où le candidat
11:48 qui a été désigné, il a été à l'issue d'un processus
11:52 difficile, douloureux, comme toute compétition en politique.
11:56 Mais en même temps, si cette primaire n'avait pas eu lieu,
11:58 probablement il n'aurait jamais pu être en situation d'être candidat,
12:02 ou en tout cas aucun candidat incontesté n'aurait pu émerger.
12:05 Donc vous voyez c'est un processus qui comprend des avantages très puissants
12:09 et des inconvénients très puissants.
12:10 – Des avantages et des inconvénients, mais je crois que savoir
12:12 qu'Édouard Philippe n'est pas très favorable à une primaire
12:14 en tout cas pour son parti Horizon en vue de 2027,
12:16 il n'aime pas trop cette idée.
12:18 – Il n'y a pas de primaire dans les statuts d'Horizon, je vous confirme.
12:20 – Donc ce sera lui le patron pour 2027 pour la présidentielle ?
12:23 – Il sera chef du parti, ça c'est sûr, je ne sais pas s'il le restera
12:26 jusqu'en 2027, mais en tout cas il n'y a pas de primaire
12:28 dans les statuts d'Horizon et on verra ensuite
12:30 qui est en situation d'être candidat.
12:32 – Donc est-ce qu'il y a vraiment un doute sur la candidature
12:34 d'Édouard Philippe en 2027 pour Horizon ?
12:37 – Il y a toujours un doute à 4 ans d'une échéance,
12:41 mais ce qu'Édouard dit souvent c'est que quoi qu'il arrive
12:43 il n'est jamais inutile de se préparer et donc il se prépare.
12:45 – Alors cette histoire dans l'ombre elle est adaptée en bande dessinée,
12:48 elle est également adaptée en série télévisée sur France 2,
12:53 je crois que le tournage a commencé, est-ce que vous vous y participez ?
12:57 Comment ça se passe ?
12:58 – Le tournage a commencé la semaine dernière,
13:00 moi j'étais en plein air à Strasbourg au Parlement européen,
13:02 moi je n'ai pas pu encore assister à une journée de tournage,
13:06 mais c'est la concrétisation de deux ans de travail et d'écriture,
13:10 parce que autant la bande dessinée est une adaptation assez fidèle du livre,
13:14 on peut le dire, autant la série télé est une adaptation beaucoup plus libre
13:18 qui a nécessité de l'imagination, un travail d'écriture très fort.
13:22 On a aussi découvert avec Édouard une nouvelle facette et un nouveau défi,
13:26 parce que c'est redoutablement difficile,
13:29 mais aujourd'hui après deux ans d'écriture et de travail
13:31 avec toute l'équipe autour de Pierre Cholère le réalisateur,
13:34 on a commencé un tournage qui va durer à peu près trois mois
13:37 et on espère une diffusion avant l'été prochain, avant l'été 2024.
13:43 – Donc avec Édouard Philippe vous êtes vraiment investi dans ce projet,
13:45 ça demande peut-être plus de travail ?
13:47 – Nous sommes co-scénaristes,
13:49 alors au début on a beaucoup conseillé les scénaristes sur ce qu'on voulait faire,
13:54 de la même manière qu'on l'a fait un peu avec vous,
13:56 expliquer notre démarche, expliquer comment les choses se passent,
14:00 et puis de fil en aiguille on a été je crois de plus en plus investi dans le projet
14:03 et à la fin on a tous les deux beaucoup écrit,
14:07 et donc c'était tout à fait passionnant.
14:09 – Et finalement ce métier de scénariste d'une série ça vous plaît ?
14:13 – Oui, oui, beaucoup, disons que c'est une facette supplémentaire
14:18 et c'est vrai que moi qui suis aussi romancier, qui écris des livres,
14:22 c'est toujours intéressant de se lancer dans des défis d'écriture,
14:26 et donc celui-là en est un et de taille,
14:30 et c'est très intéressant de…
14:33 dans une série on n'a pas le droit à l'erreur, on n'a pas le droit à l'ellipse,
14:36 on doit toujours décrire à quel endroit ça se passe,
14:38 avec quel personnage, à quoi il ressemble, comment ils sont habillés,
14:41 quelles sont leurs réactions.
14:42 Dans un livre finalement on peut faire beaucoup d'ellipses,
14:44 si je décris notre plateau je peux très bien aller dans le détail,
14:47 ou bien au contraire ne pas dire comment vous êtes habillé, à quoi vous ressemblez,
14:52 et donc une série d'une certaine manière je trouve que c'est beaucoup plus exigeant,
14:55 et je trouve que le public des séries est en particulier exigeant,
14:58 aucun lecteur de roman ne verra un mail pour vous dire
15:02 qu'il y a eu une erreur ou une incohérence entre la page 200 et la page 400.
15:06 En revanche les téléspectateurs d'une série, et j'espère qu'ils l'apprécieront,
15:10 eux ils remarquent tout, et donc c'est une bonne leçon d'exigence.
15:13 – Alors finalement Édouard Philippe il a investi dans beaucoup de projets,
15:16 il y a ses romans politiques, les adaptations en bande dessinée,
15:19 en série il y a aussi le fameux documentaire "Édouard mon pote de droite",
15:24 est-ce que c'est une nouvelle façon de communiquer pour un homme politique ?
15:28 – Oui je ne sais pas, chacun fait les choses à sa manière,
15:29 Édouard il a toujours eu l'amour de la lecture et de l'écriture,
15:33 et je pense qu'il a vécu ses différents exercices comme moi,
15:36 comme des défis d'écriture qui sont différents,
15:41 et donc tout ce qui tourne autour des mots, des phrases, des dialogues,
15:44 nous intéresse et nous passionne, on a tous les deux écrit des livres ensemble,
15:49 on a écrit des livres séparément, on a écrit des récits,
15:51 on a écrit des romans, et on n'a pas l'intention de s'arrêter,
15:54 et ça fait partie de ce que nous sommes.
15:56 – Cédric Lobillan, est-ce que ce projet vous donne envie
15:58 de travailler sur d'autres histoires politiques ?
16:03 – Justement la prochaine c'est encore une histoire politique,
16:05 toujours chez Grand Angle, mais là on part aux États-Unis
16:08 avec la période Reagan, Gorbatchev et la guerre froide.
16:12 – D'accord, donc ça y est, vous avez goûté au virus de la paix ?
16:14 – J'ai eu l'impression, mais c'est vrai que j'ai pris beaucoup de plaisir
16:17 à faire ce livre politique, et pourquoi pas, continuez.
16:21 – Qu'est-ce qui vous plaît dans les scénarios politiques finalement ?
16:23 Ce sont des histoires de passion humaine qui se concentrent ?
16:27 – Oui, c'est vrai, je pense que ça regroupe un peu tous les sentiments,
16:29 dans la politique on trouve vraiment de tout,
16:32 il y a vraiment beaucoup d'histoires à raconter,
16:34 les rapports entre les gens, les conflits, les amitiés, la fidélité,
16:39 et ainsi de suite, je pense que c'est un peu ce qui régit nos vies,
16:42 donc oui c'est plutôt intéressant.
16:44 – Gilles Boyer, est-ce qu'il y a un nouveau livre en co-écriture
16:47 avec Edouard Philippe qui est en préparation ?
16:49 – Pour l'instant on écrit chacun de notre côté, comme on le fait parfois,
16:52 au gré des projets, on a consacré beaucoup de temps à l'écriture de la série,
16:57 donc ça, ça nous a beaucoup occupé, un projet commun très exaltant,
17:01 et puis peut-être qu'ensuite on réécrira quelque chose ensemble,
17:03 mais voilà, la vie est longue.
17:05 – Gilles Boyer, il nous reste quelques minutes,
17:06 je vais vous poser quelques questions politiques,
17:08 je profite de votre présence, notamment sur Edouard Philippe,
17:11 qui reste l'homme politique préféré des Français,
17:15 comment vous expliquez cette popularité ?
17:18 – D'abord nous n'en parlons jamais, c'est vous qui m'en parlez,
17:20 je vous remercie de le noter, à la fois il vaut mieux être en haut
17:25 de ces classements qu'en bas, et en même temps, en 25 ans de politique,
17:31 j'ai plutôt appris que ça n'avait une signification très relative pour l'avenir,
17:38 et donc ce n'est pas ce qui nous guide, Edouard Philippe s'est lancé
17:43 dans un travail de structuration de son mouvement politique horizon,
17:47 de réflexion sur les idées, il voit beaucoup de monde,
17:49 je crois qu'il est en train d'écrire un livre,
17:51 où il essaye de mettre un certain nombre d'idées sur le papier,
17:54 donc c'est un travail de préparation qui commence,
17:57 et ensuite on verra bien ce que l'avenir nous réserve,
17:59 c'est vrai qu'il reçoit, lorsqu'il se déplace, un bon accueil,
18:03 mais c'est des instruments de mesure dont j'ai appris à évaluer la fragilité.
18:08 – Son atout c'est aussi que politiquement il peut rassembler les électeurs de droite,
18:12 il y a un récent sondage qui montre que justement les Français
18:16 pensent qu'il est celui qui peut rassembler cette partie de l'électorat.
18:20 – Personne ne sait à 4 ans de l'échéance,
18:24 quelles seront les grands pôles et les grandes lignes de fracture
18:27 de l'élection présidentielle de 2027,
18:28 donc c'est beaucoup trop tôt pour dire qui pourrait être le candidat de qui,
18:34 ce qui est important comme je l'ai rappelé, c'est de se préparer,
18:38 c'est d'être prêt pour une campagne qui va être difficile évidemment,
18:43 et personne ne sait les sujets sur lesquels elle va porter,
18:47 donc il faut être prêt à tout affronter,
18:49 et ensuite on verra bien qui est en situation
18:51 de convaincre le maximum de nos concitoyens évidemment.
18:56 – En tout cas quand on regarde les sondages de popularité
18:58 des responsables politiques, il y a un petit peu un duel
19:00 qui est en train de se jouer entre Édouard Philippe et Marine Le Pen,
19:03 et d'ailleurs selon les sondages,
19:06 Édouard Philippe serait au premier tour au coup d'à-coup dans 2027 avec Marine Le Pen,
19:12 est-ce que c'est le duel annoncé,
19:13 ou il faut faire attention à cette notion de duel annoncé ?
19:15 – J'avoue que j'ai été très déconcerté par l'apparition de sondages
19:19 pour l'élection présidentielle de 2027 à 4 ans de l'échéance,
19:23 et donc pour moi ça n'a aucune signification,
19:26 je comprends que vous m'en parliez,
19:27 je comprends aussi que tout le monde les regarde,
19:29 y compris nous-mêmes d'ailleurs,
19:31 mais moi à titre personnel je me garde bien d'en tirer la moindre conclusion.
19:36 – Donc pour vous ce n'est pas un horizon qu'il faut regarder ?
19:38 – On a beaucoup d'horizons,
19:40 mais évidemment que tout le monde a ça en ligne de mire,
19:43 le président de la République ne sera pas en situation
19:44 de se représenter de par la constitution,
19:47 et donc par conséquent le jeu est ouvert,
19:51 mais aujourd'hui savoir ce qui va se passer,
19:54 moi je n'ai pas de boule de cristal malheureusement.
19:56 – Et dans cette période de tension sociale,
19:58 après cette période compliquée de la réforme des retraites,
20:01 finalement est-ce que l'enjeu n'est pas avec une certaine certitude
20:06 quand même de battre Marine Le Pen qui a un boulevard politique,
20:09 on le voit sa popularité augmente dans cette période de tension ?
20:11 – Je pense que quoi qu'il arrive,
20:13 il faudra faire campagne pour quelque chose et pas contre quelqu'un,
20:15 ça me semble beaucoup plus important la politique,
20:17 c'est de convaincre,
20:18 ce n'est pas d'expliquer que l'adversaire est le diable,
20:22 et donc il faudra présenter un projet positif, un projet optimiste,
20:27 plutôt que de céder à la tentation de dire
20:29 "il faut empêcher quelqu'un d'être élu",
20:31 je ne pense pas que ça puisse fonctionner.
20:32 – Merci beaucoup messieurs d'être venus sur le plateau,
20:35 de "Bonjour chez vous",
20:36 je rappelle cette bande dessinée que vous signez Cédric Le Billan,
20:40 que vous dessinez et signez avec le scénariste Philippe Pélahès,
20:44 la bande dessinée "Dans l'ombre" qui est adaptée du roman politique
20:47 du même nom écrit par vous Gilles Boyer et par Edouard Philippe.
20:50 Merci beaucoup d'avoir été nos invités ce vendredi.
20:55 Tout de suite, le Club des territoires.