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Mardi 18 avril 2023, SMART IMPACT reçoit Marion de la Patellière (Cofondatrice, SB Factory) et Laurence Mehaignerie (Cofondatrice, Citizen Capital)

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00:00 [Musique]
00:06 Le débat de Smart Impact, je vous présente tout de suite mes invités, Laurence Méniory.
00:10 Bonjour, bienvenue. Vous êtes la cofondatrice de Citizen Capital.
00:13 À vos côtés Marion de la Patelière, bonjour.
00:15 Bienvenue à vous aussi.
00:17 Cofondatrice de SB Factory.
00:19 Vous lancez ensemble le premier fonds indépendant de contrat Impact.
00:23 On va expliquer de quoi il s'agit.
00:25 Mais d'abord, même si vous êtes déjà venue Laurence Méniory, redites-nous ce qu'est Citizen Capital.
00:29 Citizen Capital, c'est un des premiers fonds d'investissement dit à Impact.
00:34 C'est-à-dire qu'on cherche à financer et accompagner des entrepreneurs, startups, PME,
00:41 qui ont un objectif d'Impact qui est au cœur de leur stratégie, de leur modèle économique.
00:47 Et on finance et on accompagne le déploiement de l'entreprise et de l'Impact par la même occasion.
00:55 Et vous êtes vous-même une entreprise à mission et une entreprise certifiée B Corp.
00:59 On est certifiée B Corp, société à mission.
01:02 Et notre mission est aussi de continuer à défricher, et c'est une décision qu'on m'a prise,
01:09 des nouvelles voies de financement.
01:11 C'est ce qu'on va évoquer ensemble.
01:13 On a six fonds aujourd'hui.
01:14 Six fonds, puisque là c'est le sixième dont on va parler.
01:17 SB Factory, Marion de la Patelière, vous l'avez fondée en 2012 avec Pauline Eusé.
01:21 Cabinet de conseil en innovation sociale, c'est ça ?
01:24 Exactement. Un cabinet qui accompagne les grandes entreprises, les porteurs de projets,
01:29 associations dans leur démarche d'innovation sociale, dans leur projet à fort impact social et environnemental.
01:36 Et très tôt, on s'est spécialisé sur les enjeux des financements pour ces projets.
01:41 Et c'est là que nos chemins se sont croisés avec Laurence.
01:44 Alors on va commencer à rentrer un peu dans la définition.
01:47 C'est quoi Citizen6 ? C'est le nom de ce fonds que vous créez ensemble.
01:53 Citizen6 comme contrat à impact social.
01:56 C'est quoi un contrat à impact social ?
01:58 Alors un contrat à impact social, c'est quatre choses.
02:01 C'est d'abord un projet porté par une association qui va définir des indicateurs de succès.
02:14 Et c'est un outil de financement qui va venir financer ce projet.
02:17 Donc des indicateurs sont fixés et un évaluateur indépendant va venir évaluer ces résultats.
02:23 Donc on a un porteur de projet, un outil de financement qui va financer ce projet,
02:26 des indicateurs définis et un évaluateur qui évalue l'impact.
02:31 L'État rembourse les investisseurs en cas de succès des projets.
02:34 C'est ça, l'innovation dans l'innovation.
02:37 Donc on est vraiment dans du partenariat public-privé.
02:40 Laurence Méniré, pourquoi ça cadre ?
02:42 Je vois bien pourquoi, mais vous allez me l'expliquer avec la mission et les objectifs de Citizen Capital.
02:50 Je pense qu'on considère que Citizen Capital, c'est une boîte à outils pour répondre à des besoins fondamentaux
02:57 qu'on a listés et qu'historiquement, auxquels on essaie de répondre à travers des entreprises.
03:04 On a quand même vu qu'il y a un certain nombre de besoins fondamentaux auxquels l'entreprise ne peut pas complètement répondre.
03:10 L'insertion de gens éloignés de l'emploi, la question de la récidive de prisonniers.
03:14 Il y a des sujets durs auxquels s'attaquent des associations, auxquels ne peuvent pas forcément s'attaquer des modèles économiques d'entreprise.
03:22 Et ces associations ont besoin de financement.
03:24 Ces associations ont besoin de financement et de financement pas sur une année ou deux, de financement un peu long terme.
03:31 Et chez Citizen, c'est ce que je disais tout à l'heure, je pense qu'on a confirmé il y a 3-4 ans
03:38 que notre mission, ce n'était pas uniquement de lever des fonds d'impact de private equity,
03:43 c'était aussi d'aller défricher des nouveaux sujets, des nouveaux terrains pour répondre à des besoins un peu complexes.
03:48 Et on va aller chercher les modèles économiques qui vont avec.
03:52 Et financer les associations, ça nous paraît très complémentaire de ce qu'on fait par ailleurs.
03:58 Est-ce que c'est une nouvelle forme de philanthropie ?
04:01 Alors en réalité, ce n'est ni de la philanthropie ni un investissement classique.
04:07 C'est peut-être aussi là où on trouve qu'il y a un sujet aussi intéressant du point de vue de l'investisseur.
04:13 L'investisseur vient dans ce type de fonds pour récupérer sa mise.
04:22 Donc de ce point de vue-là, ce n'est pas de la philanthropie.
04:23 C'est-à-dire qu'il investit sans logiquement, il va récupérer le principal, sans, avec un petit intérêt plutôt symbolique.
04:30 Qui sera remboursé par l'État, par la puissance publique, c'est ce qu'on a bien expliqué.
04:34 Qui sera rémunéré, remboursé par la puissance publique.
04:36 Si les objectifs sont atteints.
04:38 Donc on ne vient pas là pour un gain financier important, on vient plutôt là pour avoir un impact profond.
04:46 Et à côté de, par exemple, du démarche de philanthropie, ça permet quand même de recycler un investissement plusieurs fois.
04:56 Parce que vous pouvez récupérer l'argent et le réinvestir dans des projets à très fort impact social ou environnemental.
05:02 Et donc vous avez une efficacité d'impact de l'euro investi qui est potentiellement très forte.
05:10 Marion de la Patelière, le fonds est doté de 14 millions d'euros.
05:13 Il y a déjà des projets sur lesquels vous travaillez, j'imagine que oui, des associations qui sont venues toquer à la porte.
05:21 Tout à fait. Alors les associations sont montées, beaucoup d'associations ont monté des projets.
05:26 L'État a d'abord le rôle de faire une sorte de présélection. Il appelle les porteurs de projets sur des thématiques données.
05:34 Donc le ministère du Travail sur le sujet de l'innovation dans l'emploi.
05:37 L'égalité des chances pour le ministère de l'Économie.
05:40 Ou encore l'ADEME pour tous les enjeux d'économie circulaire, de lutte contre le gaspillage.
05:45 Donc ça, ça va être les trois grandes thématiques qui ont été appelées et énoncées.
05:51 Et pour lesquelles il y a eu pas mal de porteurs de projets qui ont répondu.
05:54 Et nous, dans ce volume de projets, on commence à sélectionner, on passe en comité d'investissement des projets.
06:01 Donc certains portent, par exemple, une association qui est basée à Marseille qui s'appelle La Belle Vie,
06:06 porte sur l'idée de promouvoir la transition écologique dans les crèches et d'aider à réduire l'impact environnemental de ces structures.
06:14 Il y a eu le rapport de Ligas cette semaine sur l'enjeu très fort de ce qui se passe dans les crèches.
06:21 Finalement, elles ont assez peu de temps pour se former à ces enjeux.
06:24 Il y a besoin de pédagogie, il y a besoin de formation, de compréhension et d'outils pour mettre les crèches dans le mouvement de la transition écologique.
06:32 Pour le bien-être des personnes, pas seulement pour la réduction des consommations d'eau et d'électricité
06:36 qui sont des indicateurs de ce fameux contrat d'impact que porte cette association.
06:40 Mais on a aussi une association, par exemple, qui a monté un projet en Belgique qui s'appelle Dio For a Job
06:45 et qui, elle, favorise l'insertion professionnelle de réfugiés en situation de régularité sur le territoire ou issus de l'immigration récente
06:54 et pour lesquels, finalement, l'accès à l'emploi est extrêmement complexe parce qu'ils n'ont pas les codes, ils n'ont pas le savoir-être, pas les réseaux.
07:00 Et donc, évidemment, ils sont victimes de beaucoup de discriminations.
07:03 Et cette association a testé un modèle, un duo, un binôme, un acteur, un homme ou une femme de 50 ans, enfin de plus de 50 ans,
07:10 qui a déjà une expérience professionnelle en binôme avec un jeune de 18 à 33 ans.
07:15 Et ensemble, évidemment, ils vont aller beaucoup plus loin.
07:18 Un jeune réfugié.
07:19 Un jeune réfugié. Ils vont aller beaucoup plus loin que s'ils ne bénéficient pas d'accompagnement.
07:22 Et là, on a un contrat qui tourne autour de 3 millions d'euros et dans lequel on va investir
07:28 pour permettre à 1 000 duos d'être formés en France, à Lille, Marseille et Paris, et ainsi favoriser l'insertion dans l'emploi.
07:36 Ça peut être des enveloppes de quel montant, Laurence Méniry ?
07:38 Ça peut monter jusqu'à quoi ?
07:41 Nous, on investit jusqu'à 1,5 million.
07:43 D'accord.
07:44 À peu près un tiers, en fait. On prend 30 % des montants.
07:48 On co-investit avec d'autres.
07:49 D'accord.
07:50 Et on investit effectivement un tiers.
07:53 La notion d'objectif atteint, qui est évidemment au cœur de ces contrats d'impact social,
08:01 est-ce que ça oblige les associations à se professionnaliser d'une certaine façon ?
08:04 Qu'est-ce que vous diriez là-dessus, Laurence Méniry ?
08:06 Ça les oblige probablement à réfléchir à leurs indicateurs d'impact d'une manière beaucoup plus rigoureuse,
08:17 puisque les associations ayant un impact naturel ne sont pas forcément les premières, finalement, à formaliser cet impact.
08:26 Ça leur oblige aussi à réfléchir à ce qu'elles apportent comme contribution à la collectivité, à la puissance publique.
08:34 Et comme le contrat d'impact est très lié à la notion d'euros dépensés par la collectivité,
08:43 d'innovation dans les politiques publiques, le contrat d'impact est vraiment construit,
08:47 et ses indicateurs d'impact aussi, en fonction de ce qui bénéficie à l'intérêt général,
08:52 ou en tout cas à la puissance publique, aux politiques publiques.
08:54 Et donc ça crée un lien avec les acteurs ministériels, les administrations, qui est très intéressant,
09:09 parce que les associations ne travaillent pas forcément tant que ça avec la puissance publique, elles travaillent à côté.
09:15 C'est là qu'est la magie de l'outil de contrat d'impact, parce qu'on rassemble autour du berceau, autour des projets,
09:20 un peu toutes les bonnes faits, et souvent des acteurs qui travaillaient sur des problématiques un peu similaires.
09:25 - Sans trop se parler. - Exactement, sans trop se parler.
09:27 Et le contrat d'impact, nous on aime bien dire que ça rassemble un peu les bonnes faits autour du berceau,
09:30 aussi pour faire bouger les lignes des politiques publiques.
09:34 Finalement, les associations, pour nous, elles arrivent, elles sont déjà prêtes, elles sont déjà, elles commençaient à s'outiller,
09:40 et il fallait aussi, parfois il faut aussi, faire bouger la puissance publique qui n'avait pas forcément les codes.
09:44 C'est les deux en fait.
09:46 - Qui là, a une sorte de garantie d'efficacité, c'est-à-dire que ce sont les investisseurs privés, si j'ai bien compris, qui prennent le risque.
09:54 - Exactement, les investisseurs privés prennent le risque, mais finalement ils prennent le risque d'une innovation.
09:57 L'innovation sera testée, et même s'il fallait la faire évoluer, d'ailleurs le contrat d'impact, Laurence le disait, il est plutôt sur 5 à 6 ans,
10:05 et il permet, c'est un contrat de résultat, donc on donne les moyens aussi de faire évoluer quand il y a eu la crise Covid.
10:11 Les associations ont dû revoir leurs projets, celles qui étaient dans des contrats d'impact,
10:15 elles ont eu la possibilité de revoir leurs programmes.
10:17 - Mais vous l'avez évoqué, comment c'est évalué ? C'est-à-dire que ce sont des organismes indépendants qui évaluent la réussite et le fait que ces objectifs soient atteints ?
10:25 - Absolument, un point très important, l'évaluation d'impact, elle s'inscrit dans la continuité de l'évaluation des politiques publiques qui est déjà existante,
10:34 mais des cabinets indépendants se sont finalement constitués sur cette idée d'accompagner les porteurs de projets de contrat d'impact dans l'évaluation,
10:43 mais si vous avez une problématique sur la santé, ou sur l'éducation, ou sur l'environnement, évidemment il faut des expertises très différentes,
10:48 et ces cabinets apportent cette expertise à un endroit où il faut une connaissance très précise de l'euro investible et de l'euro économisé.
10:56 - Un dernier mot, Laurence Méniory, vous l'avez évoqué là aussi, mais je voudrais qu'on insiste,
11:00 pour un investisseur privé, l'idée ça va être de récupérer son argent, on l'a bien compris, et ensuite de le réinvestir, c'est-à-dire que là aussi on parle d'un temps long ?
11:11 - Nous on parle de préservation du capital, c'est-à-dire que la philanthropie c'est un don, dans la plupart des actions d'investissement on attend un retour,
11:19 là on est plutôt dans l'objectif de préserver ce qu'on a investi, chacun évidemment libre d'utiliser...
11:27 - Oui, de réutiliser à la fin d'un processus ailleurs cet argent, mais bon...
11:30 - Mais parmi les gens qui sont à bord avec nous, il y a le Fonds européen d'investissement, il y a la Société Générale qui sont des institutionnels,
11:38 donc qui ont une démarche plutôt de structurer le marché, et de faire qu'un marché existe, parce qu'on est quand même au tout début de quelque chose,
11:46 ça a à peine 10 ans au niveau mondial ce type de dispositif, et on a aussi des fondations et des entrepreneurs,
11:54 et c'est plutôt ces acteurs-là qui pour moi ont vocation à grandir au sein de ce type d'approche,
12:04 qui sont dans cet objectif de la bonne utilisation de l'argent investi pour avoir un impact maximal.
12:13 - Merci beaucoup, merci à toutes les deux d'être venues nous présenter ces contrats à impact social,
12:19 je vous dis à bientôt sur Bsmartseller de notre rubrique Startup, Startup éco-responsable évidemment.

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