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Rencontre des lycéens avec les auteurs sélectionnés pour le Prix du livre de philosophie 2023, diffusée le 05/04/ 2023 sur la plateforme du Projet Europe, Éducation, École :
https://projet-eee.eu/diffusion-en-direct-564/

Dossier pédagogique :
https://projet-eee.eu/wp-content/uploads/2023/03/eee.22-23_Prix_lyceen_du_livre_de_philosophie_2023.pdf

Site : https://projet-eee.eu

Programme 2022-2023 :
https://projet-eee.eu/programme-de-lannee-2022-2023-6117/

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Transcription
00:00 [Musique]
00:19 Bonjour à tous et bienvenue sur la plateforme du projet Europe éducation et école
00:26 qui a le plaisir et le bonheur d'accueillir ce matin les trois auteurs sélectionnés pour le prix lycéen du livre de philosophie en 2023
00:36 Madame Joël Zask, Monsieur Pierre Cassou, Madame Sophie Galabru,
00:48 une centaine de lycées en France, sans compter les lycées en Europe, à Berlin, à Bratislava, à Sofia,
00:59 ont travaillé sur leurs ouvrages pendant toute l'année, ils ne peuvent pas tous participer en direct aux échanges
01:07 mais il y en a une bonne demi douzaine qui apportent leurs questions ce matin pour discuter avec les trois auteurs.
01:14 Merci d'être avec nous, je passe rapidement l'antenne à Didier Bréjot avec son précieux concours,
01:24 ce programme est devenu possible, c'est bien l'association de professeurs de philosophie et de l'enseignement public
01:32 qui organise ce concours, bientôt il y aura un vote à faire, Didier vous en dira un mot.
01:38 Cher Didier, il faut juste activer ton micro si c'est possible, je te passe l'antenne, voilà,
01:46 le micro de Didier Bréjot, s'il vous plaît, allons-y, le micro.
01:58 Didier, le micro n'est pas branché.
02:13 Excusez-moi, je n'avais pas mis mon micro, je recommence, et comme j'ai coupé les haut-parleurs, je n'entends plus rien,
02:21 mais ce n'est pas grave. Nous sommes réunis aujourd'hui à l'occasion de la 8e édition du prix lycéen du livre de philosophie,
02:28 je précise que ce prix est créé à l'initiative de l'APEP, l'association des professeurs de philosophie, de l'enseignement public.
02:37 Je remercie chef-d'œuvre Michel Hesky de permettre l'organisation de cette visioconférence,
02:44 il faut louer son investissement et le temps qu'il passe à vérifier la connexion de chacun.
02:52 Je remercie évidemment les trois auteurs de leur présence, Sophie Galabru, Joël Zasque et Pierre Cassou-Noguès,
02:59 et de leur implication dans ce prix, ils ont répondu aux sollicitations de nos collègues depuis le mois de septembre,
03:09 et je le remercie vraiment beaucoup. Merci à tous les collègues et leurs élèves d'être présents ce matin.
03:16 105 lycées ont signalé leur participation au prix cette année, ce qui est un record.
03:24 Alors je rappelle que les élèves peuvent voter jusqu'au 15 juin, chaque élève vote pour le livre de son choix,
03:38 chaque voix compte, et ce sont les professeurs qui transmettront le résultat des votes de leurs élèves.
03:47 Le résultat du vote sera publié le 16 juin. Il y aura une remise du prix à l'automne prochain,
03:59 qui se tiendra sans doute à Paris, dans un lycée parisien.
04:04 Merci à tous de votre présence et bonne conférence à tous.
04:11 Merci cher Didier. Je me tourne vers madame Joël Zasque, s'il vous plaît.
04:16 Vous pouvez nous dire en 4 ou 5 minutes l'essentiel de ce que vous voulez défendre dans votre ouvrage "Écologie et démocratie".
04:27 Les élèves vous poseront ensuite leurs questions. On est à votre écoute.
04:31 Bonjour à tout le monde. J'ai très flatté que les lycéens sélectionnent mon livre pour ce prix très important pour la jeunesse et pour la philosophie.
04:45 Ce qui m'avait beaucoup frappée, c'était il y a déjà quelques années l'action des jeunes pour le climat,
04:52 qui accusait justement les politiques d'une manière générale, les dirigeants, les représentants d'inaction pour le climat.
05:04 J'avais trouvé ce mouvement très touchant, très juste, très adulte,
05:19 et surtout par contraste avec l'attitude d'un certain nombre de nos gouvernements ou de notre opinion publique,
05:26 qui semblait assez infantile en ce qui concerne justement la conscience des risques que nous faisons courir aux conditions de la vie humaine sur la Terre.
05:38 Je ne dirais pas qu'une responsabilité pèse uniquement sur les épaules des jeunes,
05:46 mais que très clairement, il n'y en a pas qui ont un rôle à jouer, mais qu'ils ont une forme de lucidité,
05:58 où ils pourraient développer des formes de lucidité, des formes d'imagination, des formes d'inventivité, des formes de création, des formes de vie ensemble,
06:06 qui permettent de nous sortir finalement de l'ornière dans laquelle on semble s'être empêtrés depuis très longtemps.
06:15 C'est un peu ça l'objet de ce livre, c'est de dire que les méthodes démocratiques,
06:20 c'est-à-dire des méthodes qui font droit à chacun d'entre nous, des méthodes qui donnent la parole à chacun d'entre nous,
06:26 des méthodes qui permettent la participation de chacun en son nom propre,
06:31 participation par l'intermédiaire de laquelle il va d'ailleurs réaliser quelque chose de sa personnalité,
06:37 c'est cela qui ouvre la porte vers la considération de notre environnement.
06:43 Et dans notre environnement, il y a évidemment des plantes, des animaux, des pierres, des bâtis, des constructions, mais aussi des gens, bien sûr.
06:51 Notre environnement est social, et c'est évidemment cet environnement social qui est un peu la médiation entre notre individualité et le monde extérieur.
07:01 Donc, je pense que c'est justement la démocratie qui permet de réaliser, disons, cette présence à soi du monde extérieur, de notre environnement,
07:14 en même temps qui permet d'y vivre quelque chose qu'on a en propre, sans pour autant, bien sûr, le détruire.
07:23 Je dirais que la démocratie, c'est aussi ce qui suppose, et là vous voyez que je ne parle pas seulement d'une forme de gouvernement,
07:28 la démocratie c'est ce qui aussi permet à chacun de développer son individualité.
07:34 Et donc, à travers les expériences qu'il fait justement de son propre environnement,
07:40 finalement de réaliser son individualité, sa personnalité, ce qu'il a en propre, ce qui fait qu'il est unique et n'est pas interchangeable avec d'autres.
07:50 En même temps, qu'est-ce que c'est que l'écologie, sinon justement, disons, cette relation, ou plus exactement le maintien d'une relation,
07:59 avec un environnement qui nous permet à la fois de nous individuer et qui persiste en tant qu'environnement,
08:06 c'est-à-dire en tant que tremplin, ou en tant que milieu, ou en tant que réserve d'opportunité pour des expériences futures.
08:15 Donc évidemment, tout ça est très dynamique, c'est ça que j'ai voulu montrer aussi, il y a des relations extrêmement dynamiques,
08:23 puisque l'environnement est quelque chose d'incroyablement changeant,
08:29 et en même temps nous mèvent dans la mesure où nous parcourons notre histoire de vie, nous sommes changeants également.
08:36 Et donc c'est dans la rencontre entre des formes de changement et des natures de changement différentes que finalement se fait le lien entre,
08:46 à mon avis, des formes de vie politique très ouvertes et tolérantes et un équilibre du milieu dont on a intrinsèquement besoin.
08:57 Voilà, je pense que de toute façon vous avez étudié le livre, donc je peux m'arrêter là et répondre aux questions des uns et des autres dans la mesure, le mieux possible.
09:09 Merci beaucoup Madame. Je me tourne vers les élèves d'Emmanuel Bardot-Lenoy, s'il vous plaît.
09:17 Est-ce que vous pouvez présenter votre question par l'intermédiaire d'Anaëlle ou de Maëlys, je ne sais plus.
09:26 L'antenne est à vous, allez-y.
09:28 Bonjour et merci de répondre à nos questions. Dans votre ouvrage, vous dites que la démocratie participative permet de lier l'écologie et la démocratie.
09:38 Pensez-vous que tous les citoyens se sentiront vraiment concernés par la démocratie participative
09:44 et quelles seraient les solutions ou les moyens pouvant être envisagés pour les inciter à y prendre part ?
09:49 Merci. Est-ce que je peux ajouter en même temps une deuxième question ?
09:56 Je pense que c'est bien qu'on réponde comme ça, comme toc-tac-tac, si c'est possible, parce que ça me permet d'être plus percutante peut-être.
10:08 Vas-y, s'il vous plaît.
10:10 Merci beaucoup de cette question. Il y a des moyens assez simples de changer de focal, de changer de position, de changer de manière de se tenir sur la terre.
10:23 C'est un peu le titre de mon dernier livre d'ailleurs, Comment se tenir sur la terre, qui vient de paraître.
10:28 La manière la plus simple de le faire, c'est de se mettre les mains dans le cambouis, c'est-à-dire de sortir de la salle de classe par exemple, d'aller dehors, de regarder.
10:36 Hier à Marseille, j'ai emmené des lycéens visiter des places publiques et on a fait une espèce de lecture d'espace.
10:45 Ça les a beaucoup intéressés parce que du coup, ils ont eu le sentiment de découvrir quelque chose d'eux-mêmes et de leur propre environnement.
10:54 Par exemple, on a fait attention au bruit, à ce qu'on appelle les paysages sonores aujourd'hui, et on s'est rendu compte de toutes sortes de choses.
11:01 Je crois qu'il y a toutes sortes aujourd'hui de dispositifs qui permettent justement, des dispositifs, des inventions d'espace, des inventions de manière d'être ensemble,
11:09 qui permettent aux gens de manière assez simple de réaliser une connexion avec leur environnement qui ne soit ni sacrificielle pour eux, ni prédatrice pour l'environnement.
11:22 Par exemple, nettoyer des plages, démaquiller un chemin, débroussailler un sentier, reconstruire un mur de pierre, faire un jardin partagé, mettre des plantes à son balcon, des choses de ce genre.
11:33 Ce sont des petites choses, mais en fait, il y a énormément aujourd'hui, si on pouvait faire la carte de toutes ces initiatives, on la verrait vraiment couverte de petits points.
11:45 Ces initiatives sont extrêmement nombreuses et ce qui me semblerait utile, c'est de les fédérer, de les faire se rencontrer peut-être davantage qu'elles ne le font aujourd'hui.
11:59 Mais bon, il y a aussi par exemple des systèmes d'entraide, des cuisines coopératives, des cantines, des bibliothèques qui s'ouvrent un peu partout dans les quartiers.
12:09 Donc voilà, je pense que c'est par l'intermédiaire du fait de faire quelque chose ensemble qu'on arrive à comprendre une relation heureuse, à réaliser quelque chose de gai aussi dans la relation d'être environnement.
12:23 Et pas par l'intermédiaire, évidemment, ça n'exclut pas la parole, ça n'exclut pas la discussion, la délibération, etc.
12:30 Mais d'une certaine façon, ça la soutient, ça.
12:32 Je trouve que parler ensemble des choses qu'on est en train de faire, c'est toujours très prometteur et très fertile par rapport à parler de choses qui sont absentes.
12:44 Merci beaucoup. Je me tourne maintenant vers Sofia, les élèves de Juliette Ferrer au lycée Victor Hugo.
12:54 La parole est à vous. On écoute votre question activée.
12:58 Le micro, s'il vous plaît.
13:00 C'est bon.
13:02 Activez votre micro. C'est bon.
13:05 Bonjour, merci de nous avoir accueillis. Nous sommes à deux aujourd'hui parce que nous souhaitons vous poser deux questions qui sont complémentaires.
13:16 Donc c'est vraiment dans le même ordre.
13:19 Ma question est assez complémentaire avec ce que vous venez de dire.
13:24 Vous mentionnez dans votre ouvrage un certain nombre de pratiques qui permettent de concilier écologie et démocratie en s'occupant d'un pays,
13:33 que ce soit nos cités, un espace naturel ou nos campagnes.
13:39 Mais pensez-vous que le changement qui permet de les concilier viendra davantage d'initiatives individuelles ou politiques ?
13:46 Dans le premier cas, espérez-vous un changement de mentalité des individus ?
13:50 Et qu'est-ce qui vous permet de penser de cette façon ?
13:55 Et dans le second cas, comment envisagez-vous cette transition de notre démocratie représentative à une démocratie plus participative ?
14:05 Et donc, pour la deuxième question, vous soutenez que nos démocraties ne sont en réalité pas de véritables démocraties
14:13 parce que non participative et non frugale, comme devrait l'être à vos yeux une véritable démocratie.
14:20 Comment pensez-vous que sera résolue la question de la consommation afin que puisse naître une nouvelle culture démocratique écologique
14:28 qui embrasse la frugalité sans penser l'écologie comme une pénible restriction ?
14:33 Merci, madame.
14:37 Ça fait beaucoup de questions dans les deux.
14:41 Je vais essayer de vous répondre rapidement.
14:44 Je dirais que par l'intermédiaire des expériences dont j'ai parlé tout à l'heure et qui apportent souvent de la satisfaction…
14:52 Des signes, s'il vous plaît, coupez votre micro, s'il vous plaît.
15:07 Merci.
15:23 Voilà.
15:24 Je vais reprendre parce qu'il y a une superposition.
15:29 Je dirais que oui, par l'intermédiaire des initiatives dont j'ai parlé, on change de point de vue, y compris de point de vue politique.
15:37 C'est-à-dire que l'intérêt d'une démocratie représentative, c'est qu'elle permet d'asseoir toutes les initiatives sur le droit constitutionnel
15:51 et sur les lois qui sont celles de notre pays.
15:55 Et par ailleurs, c'est aussi un système qui nous permet de faire droit à la majorité.
16:01 Et par conséquent, ce qui me semble important, c'est le lien qui peut être fait entre l'expérience individuelle et la manière de voter.
16:12 La manière de voter est beaucoup sous-tendue, on le sait, par l'expérience individuelle.
16:17 C'est-à-dire que certes, il y a des traditions électorales d'une part, mais d'autre part, la répartition des votes dépend beaucoup des conditions de vie,
16:28 dépend beaucoup des expériences, des espoirs, des échecs, des frustrations des projets des gens.
16:35 Donc la question, c'est finalement qu'est-ce qui va inciter les gens à voter pour la transition écologique ?
16:42 Et donc, qu'est-ce qui va les inciter aussi à sélectionner des dirigeants qui seront les porteurs de cette transition écologique ?
16:48 La question écologique n'est pas arrivée par miracle dans l'agenda des gouvernements.
16:52 Elle y est arrivée, on voit bien que les gouvernements aujourd'hui, je parle uniquement des démocraties libérales,
16:58 je ne parle même pas des autres régimes politiques, on voit bien que les gouvernements n'arrivent à la question écologique
17:03 que parce que l'opinion publique les y contraint, d'une certaine façon.
17:08 On voit bien aujourd'hui, par exemple, l'attitude de notre gouvernement à l'égard des glyphosates, des néo-chimico-dinoïdes ou des méca-vaccines
17:16 n'est pas une attitude particulièrement écologique.
17:19 Il faut des mouvements d'opinion publique, c'est-à-dire des citoyens, vous et moi, des manières de voter,
17:24 des manières de faire prévaloir ces intérêts publics tels qu'ils ont été définis démocratiquement
17:30 pour que les gouvernements changent des dirigeants, quel que soit le niveau considéré, changent de mentalité,
17:39 changent de manière de faire, changent, disons, inverse les priorités de leur agenda.
17:44 Donc, je dirais qu'il n'y a pas d'opposition entre la participation et la représentation.
17:49 Simplement, je dirais que la représentation, c'est un moyen au service de la participation.
17:54 C'est-à-dire que la représentation nous permet de nous gouverner sans un maître,
18:00 nous permet de jouir de garantie quant à nos libertés, nous permet de prendre des initiatives,
18:08 nous permet de nous associer les uns avec les autres, nous permet d'exprimer sans en être inquiétés des opinions publiques
18:14 et choses de ce genre. C'est ce que là que permet la représentation.
18:18 Donc, encore une fois, c'est un moyen au service de cet autogouvernement qui est la finalité, je dirais, de la démocratie.
18:30 Il en va de même quant à la question de la frugalité.
18:34 Bon, c'est un terme dont on peut discuter, mais je dirais que globalement,
18:39 la consommation, elle non plus, évidemment, n'est pas une pratique naturelle, spontanée, autogénérée, etc.
18:51 Il n'y a rien dans la nature humaine ou dans notre constitution physique qui nous pousse à consommer comme nous le faisons.
18:59 Et il me semble que, justement, participer parfois à des potagers, à des cantines coopératives, à des cuisines collaboratives, etc.,
19:13 ça fait aussi réaliser quelque chose de… disons, des contraintes qui pèsent sur la consommation,
19:22 des formes extrêmement sclérosantes dans lesquelles la consommation est canalisée à l'heure actuelle.
19:35 Je pense que là aussi, ça doit passer par l'expérience.
19:37 C'est-à-dire qu'il ne s'agit pas de passer d'une consommation à une absence de consommation,
19:43 ou une réduction de la consommation, il s'agit complètement de changer le mode de vie.
19:47 Par exemple, l'alimentation, c'est un secteur crucial.
19:51 On sait aujourd'hui à quel point l'agriculture industrielle est non seulement produite de la famine,
19:58 mais également produite de la malbouffe, produite de tas de problèmes sanitaires, de santé, etc.,
20:02 plus des problèmes écologiques.
20:04 Donc, l'idée est de changer ces désirs et non de renoncer à une forme de consommation
20:17 tout à fait embrigadée finalement par des lobbies XYZ et des multinationales.
20:24 Merci beaucoup, madame.
20:26 Il nous reste encore 5-10 minutes d'entretien avec vous.
20:29 Est-ce que je peux tenter ma chance avec Raphaël Verchères, s'il est là,
20:34 pour poser très rapidement sa question ?
20:36 Sinon, je la rapporte, puisqu'il me l'a adressée par écrit.
20:40 Le fait que démocratie et écologie, disent ses élèves, soient intimement liés,
20:47 signifie-t-il que les régimes autoritaires, comme la Chine, ne peuvent pas se préoccuper de l'écologie,
20:53 d'une part, et puis d'autre part, cela signifie-t-il que la démocratie,
20:58 qui ne s'en occupe pas suffisamment d'écologie, n'est pas démocratique ?
21:02 La démocratie ne peut pas se préoccuper d'écologie, d'une part, et d'autre part,
21:07 cela signifie-t-il que la démocratie, qui ne s'en occupe pas suffisamment d'écologie,
21:12 n'est pas démocratique ?
21:14 Raphaël, s'il vous plaît, vous pouvez le haut-parleur, lorsque vous activez votre micro.
21:21 Ces deux questions, oui, je réponds oui.
21:26 Effectivement, la Chine n'a d'une politique écologique que dans la maison.
21:31 Elle a été contrainte par la masse, par les foules, c'est-à-dire à des moments où il y a eu
21:37 des manifestations absolument massives face à l'intoxication que subissaient les gens dans les villes,
21:43 et notamment à Pékin.
21:44 Donc c'est ça qui a incité le gouvernement chinois, finalement, à prendre des mesures
21:49 en faveur de l'écologie, mais enfin ce sont des mesures très, très minimes.
21:54 Et par ailleurs, la Chine dépend beaucoup de l'opinion internationale, en particulier
21:59 pour le déversement de ses produits dans le monde, et donc a aussi fait, enfin signalé
22:08 un tournant écologique pour conserver des marchés.
22:12 Donc oui, non, non, je pense que les gouvernements autoritaires, par définition,
22:16 ne peuvent pas prendre des mesures écologiques parce que l'autoritarisme consiste à ne pas
22:20 avoir d'environnement, l'autoritarisme consiste à ne pas considérer l'environnement autour de soi.
22:26 C'est une forme de despotisme et d'absolutisme, c'est-à-dire, je prends une image, moi,
22:31 qui m'avait beaucoup frappée, c'est Poutine enfermé dans son bunker pendant deux ans,
22:36 si vous voulez.
22:37 Donc quelle est la vision écologique de quelqu'un qui gouverne depuis un bunker, si vous voulez.
22:43 Et en fait, quand on a des idées absolutistes et qu'on est convaincu d'avoir raison,
22:48 on est comme dans un bunker.
22:50 Donc il faut sortir du bunker pour avoir un environnement, or précisément,
22:54 les régimes autoritaires sont dans un bunker, d'une manière ou d'une autre.
22:57 Alors évidemment, avec, oui.
22:58 Donc c'est une chose, et puis, eh bien, quant au déficit démocratique dans la non-considération
23:07 des questions écologiques, oui, ça me semble évident.
23:09 C'est évident, on le voit bien, je reprends l'exemple des mégabassines,
23:13 enfin on pourrait prendre la transformation de Sumatra, Java et Borneo en champs de palmiers à huile
23:21 au profit de Daewoo et d'un certain nombre de multinationales,
23:24 ce qui conduit à une destruction des ressources naturelles de la forêt tropicale,
23:30 mais également à des émissions de gaz à effet de serre absolument monstrueuses,
23:37 ce qui conduit à des feux de forêt inextinguibles,
23:40 ce qui conduit aussi à la destruction culturelle des gens qui vivent là.
23:44 Donc oui, non, il n'y a pas de démocratie dans ce cas-là.
23:47 On peut parler d'un libre marché, effectivement, le meilleur gagne,
23:51 mais en fait, en réalité, toutes les valeurs de la démocratie sont niées par ce genre de pratiques.
23:59 Il en va de même de la destruction de la forêt amazonienne, par le latifundisme,
24:05 il en va de même des mégabassines, en fait, les mégabassines sont tout sauf des outils de la démocratie
24:12 et tout sauf finalement des dispositifs librement consentis par des populations
24:20 qui auraient négocié de manière documentée les conflits qui les opposent.
24:29 D'ailleurs, les images qu'on voit des luttes relatives aux mégabassines prouvent bien
24:37 que le régime en question, en tout cas très localement et provisoirement, est tout sauf démocratique.
24:43 Merci. Avant de prendre les deux dernières questions,
24:46 donc au lycée de Genzé à Orléans et à l'Institut d'Alzon à Nîmes,
24:52 je vous pose une question formulée par les élèves de Mme Emmanuelle Carlin,
24:58 au lycée Charlemagne à Paris, sur la chose suivante.
25:03 Quelle place donnez-vous à la désobéissance civile dans la lutte pour la préservation de l'environnement ?
25:10 Est-ce un moyen pour réhabiliter le rapport direct à la démocratie
25:17 ou ce qui empêche de faire l'expérience de sa capacité d'autogouvernement ?
25:23 C'est les deux à la fois. La désobéissance civile est une convention prévue par les États de droit.
25:32 L'État de droit prévoit que nous nous associons en renonçant à un certain nombre de nos libertés dites naturelles,
25:39 à condition que l'association nous procure plus d'avantages que d'inconvénients.
25:44 À partir du moment où l'association produit plus d'inconvénients que d'avantages,
25:50 libre à chacun de retrouver ce qu'on appelait son droit naturel.
25:54 Je pense que la désobéissance civile est vraiment un élément parfaitement vertueux
25:59 et qui est logé au cœur du système de la démocratie libérale, auquel il ne faut pas renoncer.
26:05 Évidemment, il y a des formes différentes de désobéissance civile.
26:09 Les mouvements qui ont beaucoup compté historiquement sont des mouvements tout à fait pacifiques.
26:14 On peut penser à Martin Luther King, à Gandhi, à Soro, à David Soro, etc.
26:19 Mais la question aujourd'hui peut se poser un peu dans d'autres termes.
26:28 Qu'est-ce que la violence ? Est-ce que la désobéissance civile peut aussi…
26:33 Je ne dirais certainement pas entrer dans un processus de guerre,
26:38 mais en tout cas dans une défense des biens matériels,
26:42 comme par exemple le cas des mégabassines est assez intéressant à étudier,
26:49 peut-être à y participer aussi parce qu'il y a effectivement là pour le coup des clashes.
26:55 L'occupation elle-même est une forme de désobéissance civile qui peut générer des conflits.
27:02 Donc voilà, je pense qu'il faut faire un repas pour utiliser l'opinion et pour obtenir gain de cause.
27:11 Merci beaucoup. Je me tourne maintenant vers le lycée Jean Zé à Orléans.
27:16 Les élèves de Sylvain Toll, s'il vous plaît, pouvez-vous poser votre question très rapidement.
27:22 Bonjour. Notre question est, dans notre société régie par le capitalisme et la mondialisation,
27:30 les actions locales sont-elles suffisantes ou doit-on obligatoirement changer le système
27:35 pour se tourner notamment vers le communisme ?
27:38 Merci.
27:39 Merci beaucoup. Je pense qu'on n'a pas à choisir entre le libéralisme et le communisme,
27:45 qu'il y a d'autres formes qui existent. Il y en a beaucoup qui sont en train de naître
27:48 ou qui sont nées d'ailleurs il y a une vingtaine d'années.
27:50 Il y en a qui sont très préventielles. Il y a le système des communs en particulier,
27:54 dont on a beaucoup parlé depuis une dizaine d'années. Et voilà. Donc non, on n'a pas à choisir
28:00 entre ces deux positions. Mais de fait, s'inventent un peu partout des manières de faire,
28:09 des manières de produire, des manières de partager, des manières de vivre ensemble
28:13 très différentes de celles qui sont propres à notre système.
28:18 Quant à sortir du système ou à changer le système, il me semble que malheureusement,
28:23 notre système produit beaucoup de hors-système. Vous avez aujourd'hui quelque chose
28:28 comme deux milliards d'humains qui sont complètement hors-système du fait de leur pauvreté,
28:33 du fait qu'ils vivent dans des bidonvilles, du fait qu'ils sont laissés pour compte.
28:37 Par ailleurs, il y a toutes sortes de gens qui sortent volontairement du système.
28:41 Aujourd'hui, on en a parlé récemment, de la désertion au travail. J'ai appris, par exemple,
28:49 que les métiers de kinésithérapeute, de pharmacien, de vétérinaire sont entièrement désertés.
28:54 Il y a des postes à prendre, d'ailleurs. Les postes ne sont pas pourvus,
28:59 sont parmi les métiers les plus désertés. Donc voilà, il y en a aussi parmi les universitaires.
29:04 Au moins, il y a des désertions très importantes. Donc de toute façon, je pense que voilà,
29:10 on a une vision un peu révolutionnaire, changer le système d'un coup. Non, les choses se font
29:14 beaucoup plus progressivement, même si c'est à l'échelle de la vie humaine, très rapidement,
29:18 tout de même. Les évolutions sont quand même beaucoup plus rapides que ce qu'il pourrait se passer
29:25 dans n'importe quel autre régime, en fait, puisque en s'emparant de ces libertés,
29:30 en faisant jouer ces libertés, les gens arrivent à recréer des conditions de vie.
29:36 Maintenant, ce que je voudrais dire, pour ne pas paraître complètement naïf,
29:43 c'est que toutes les propositions, toutes les conceptions que je défends ont pour toile de fond
29:51 la conscience très vive qu'on peut vraiment aller dans le mur, que l'opinion majoritaire
29:59 peut finalement s'accrocher à un système qui est mort et bon, plutôt que d'aller de l'avant
30:06 et de trouver des solutions à la question écologique.
30:09 Merci. Est-ce que vous pouvez nous accorder encore cinq minutes, Madame ?
30:15 Ah oui, oui.
30:16 Bon, merci. Je me tourne donc vers les élèves de Madame Céline Bonnet et Christelle Moureux
30:23 à l'Institut d'Alzons à Nîmes, s'il vous plaît, pour votre question. Activez vos micros.
30:30 Bonjour, merci de répondre à notre question. Est-ce que vous pensez que l'inaction dans l'enjeu écologique
30:37 est-il lié à une peur, justement, de perdre ce confort lié au facteur économique ?
30:42 Je pense que l'inaction pour le climat est plutôt liée à la puissance des lobbies.
30:48 C'est surtout ça qui me semble très important. En tout cas, l'inaction politique est liée vraiment
30:56 à la puissance des lobbies. Maintenant, cette puissance des lobbies, elle s'exerce aussi
31:01 vis-à-vis de l'opinion publique. C'est-à-dire que d'une part, je crois qu'il faudrait aussi évaluer
31:07 la part de mensonge qui provient du discours des multinationales, une part de mensonge qui…
31:16 On sait qu'en politique, il y a beaucoup de mensonges, mais là, je trouve que le mensonge,
31:21 la dissimulation, l'invisibilisation, la manipulation des faits atteint des proportions absolument incroyables.
31:28 On sait, par exemple, que Philippe Maurice a menti sur la dangerosité du tabac,
31:33 dont il avait… disons que la firme avait déjà identifié dès les années 1940, en fait.
31:42 En fait, on a su que le tabac faisait des problèmes pour la santé humaine extrêmement tardivement,
31:49 on dirait quasiment un siècle plus tard. Donc voilà, je crois qu'il faut… comment dire ?
31:56 C'est une chose de critiquer les gouvernements, c'en est une autre de fragiliser ce qui reste des démocraties,
32:04 et ça ferait encore autre chose que d'amplifier son état de veille, de conscience, d'études,
32:14 de documentation finalement des organismes les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre
32:24 que sont justement les multinationales, aujourd'hui extrêmement actives.
32:31 Merci. Je me permets de vous poser trois dernières questions groupées qui nous viennent des élèves
32:37 de Mme Marie-Agnès Cerciron, à Neugeen-sur-Oise, lycée Marie Curie.
32:44 Donc, la première question est ce qu'il y a, d'après vous, une culture démocratique dans l'éducation nationale ?
32:53 Je n'en dis pas davantage.
32:55 Deuxième question, est-ce qu'une démocratie participative dans laquelle les citoyens sont responsables d'un coin de terre
33:03 pourra vraiment permettre de résoudre les problèmes écologiques de grande ampleur ?
33:09 L'épuisement des stocks de pétrole, etc.
33:13 Et enfin, dernière question, est-ce que l'idéal de démocratie participative et écologique est vraiment réaliste ?
33:21 Les citoyens auront-ils assez de temps, assez d'énergie, assez de sens, de responsabilité pour l'assumer ?
33:27 Désolé de vous poser des questions aussi compliquées qu'une finette. Merci beaucoup.
33:33 Donc, ah voilà, j'avais perdu mon scoulot, là, il avait glissé, alors je n'ai pas pu noter la question.
33:40 L'éducation nationale.
33:41 Donc, l'éducation nationale, l'éducation par définition est démocratique.
33:47 Éduquer, ça veut dire faire grandir, ça veut dire faire pousser.
33:51 Il faudrait la distinguer de l'instruction.
33:54 Or, notre école est beaucoup plus, je dirais, beaucoup plus tournée ou bouée à l'instruction qu'à l'éducation.
34:02 Maintenant, il y a aussi une instruction démocratique, mais je pense qu'on aura une école vraiment démocratique
34:09 lorsque l'on aura reconfiguré la salle de classe, par exemple.
34:12 Essayer de réfléchir à ce que serait l'organisation démocratique de la salle de classe,
34:18 c'est-à-dire comme ça a été d'ailleurs le cas dans les écoles progressives, l'école Fresnel, l'école Montessori, notamment,
34:24 où il y a vraiment une réflexion sur l'architecture de l'école, pas que la salle de classe, d'ailleurs.
34:28 Donc, je dirais, ça pourrait être une entrée dans la question.
34:34 Donc, après, pour la deuxième question, c'était, pardon…
34:39 Est-ce que donc une démocratie participative dans laquelle les citoyens sont responsables d'un petit coin de terre
34:46 permettra de résoudre des grands problèmes qui se posent à l'échelle nationale, mondiale, etc.,
34:52 comme la pollution dans les grandes entreprises, l'épuisement des stocks, etc. ?
34:59 Donc, l'un des enjeux de mon livre, c'est de montrer aussi que la question écologique
35:04 ne peut pas recevoir de réponse uniquement globale,
35:11 que la question écologique, disons, reçoit des réponses par l'intermédiaire d'un engagement local.
35:19 Alors, local ne veut pas dire, comment dire, réservé à la localité, enfermé, sous cloche, idiosyncratique, etc.
35:29 Local veut dire duplicable aussi, c'est-à-dire que ce que je fais ici pourrait être fait là-bas.
35:34 Comment est-ce que ce que je fais ici, dans mon coin, d'une certaine façon, peut être une source d'inspiration,
35:41 une source de… disons, une source d'inspiration, je vais dire, pour d'autres expériences qui seraient adaptées à d'autres environnements.
35:51 Alors, c'est exactement de cette façon, il me semble, que fonctionne l'écologie,
35:56 c'est-à-dire le fonctionnement des écosystèmes d'une part,
35:59 et d'autre part, c'est aussi de cette façon que peuvent grandir des mouvements à l'échelle de la planète.
36:07 Je pense à l'incroyable Comestible, qui est une toute petite organisation à l'échelle d'une petite ville au sud de Manchester,
36:15 qui s'appelle Don Morden,
36:17 mais en fait qui a donné lieu à une indépendance alimentaire de la ville, 70 %, d'ailleurs,
36:24 ce qui est absolument incroyable, et qui a essayé dans le monde entier,
36:28 mais sous des formes, évidemment, on ne fait pas pousser des ananas à Don Morden,
36:32 et voilà, chaque incroyable Comestible qui s'est implanté dans le monde s'est adapté à la localité.
36:40 Mais ceci étant, à l'échelle de la planète, ça représente quand même beaucoup d'efforts,
36:44 beaucoup d'énergie, beaucoup de produits, beaucoup de production et beaucoup de gens.
36:49 Je pourrais parler de plein d'autres exemples, mais il me semble aussi que le local est le lieu de rencontre
36:59 entre des disciplines, des métiers, des intérêts, des pratiques très très différentes.
37:07 J'ai écrit sur les feux de forêt, ce que j'ai trouvé très important avec le feu de forêt,
37:12 je pense au méga-feu, à ces feux inextinguibles qu'on connaît aujourd'hui,
37:17 c'est que justement, pour les prévenir, et on ne peut pas les éteindre une fois qu'ils sont là,
37:23 mais pour les prévenir, il faut vraiment un croisement entre des chimistes, des écologues,
37:27 des écologistes, des forestiers, des paysans, des éleveurs, des ripens, des touristes, etc.
37:33 Sinon, on n'y arrive pas.
37:34 Et ça, ce croisement, cette rencontre, cette jonction, ne peut s'effectuer que localement.
37:41 Après, elle peut encore être exportée vers d'autres horizons.
37:47 Merci beaucoup, Madame Zasque, pour toutes ces réponses que vous avez apportées
37:53 aux questions posées par les élèves.
37:56 Je remercie également Jean-Luc Gaffard qui vient de montrer à l'écran
38:01 la première page de couverture de votre livre sur l'écologie et la démocratie.
38:10 Si vous souhaitez revoir ce programme en différé, il sera disponible d'ici 3-4 jours
38:18 sur notre site internet et également sur plusieurs plateformes de podcasts.
38:23 N'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires ou de vos questions
38:29 que je n'ai pas eu le temps de transmettre, mais je passerai à Madame Zasque
38:34 si elle veut bien les entendre, par mail, parce que la participation est tellement importante
38:39 et les complications technologiques sont de telle nature que nous n'avons pas pu
38:44 prendre toutes les questions en considération.
38:48 Nous arrivons au terme de cette première partie.
38:51 Vous vouliez dire, Madame, un mot ?
38:53 Je vous remercie beaucoup. Je suis désolée de ne pas avoir pu répondre à tout le monde,
38:57 mais je le ferai volontiers ultérieurement.
39:01 Merci, très bonne journée à vous, Madame.
39:04 Je vous prie de m'excuser, je suis obligée de vous quitter.
39:07 Je vous en prie. Nous arrivons au terme de cette première partie.
39:11 Merci à Jean-Luc Gaffard d'avoir diffusé ce programme sur Twitch et sur Dailymotion.
39:16 Après une pause d'une petite minute, nous reprendrons la deuxième partie
39:20 avec Pierre Cassounogues sur la bienveillance des machines.
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