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Aujourd'hui, Clara Dupont-Monod nous parle du livre de Marie-Hélène Lafon, Les sources.

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Amusant
Transcription
00:00 - Mais avec joie ! Et Clara Dubomono est venue avec une adolescente qui a adoré.
00:04 Venez avec vos enfants !
00:05 - Oui, surtout, puis on n'a pas payé, je vous rappelle ce que m'a dit le candidat.
00:07 - Bon, Clara !
00:08 - Je plaisante, je plaisante.
00:09 - Non, non, mais ça c'est génial !
00:10 - Faites votre chronique, qui est payée, elle, donc on va...
00:12 - Non, alors ce qui frappe quand vous jouez une vie de mot passant, Clémentine Scellari,
00:17 donc on l'a dit, c'est votre incroyable performance.
00:19 C'est aussi l'idée, on l'a effleurée, mais qu'un homme se soit dit à un moment
00:23 "je vais écrire l'histoire d'une femme pour raconter toute une condition féminine
00:28 de mon époque".
00:29 Et bien deux siècles plus tard, je suis devant vous avec un livre qui fait exactement la
00:34 même chose.
00:35 - Génial !
00:36 - Oui, elle s'appelle "Marie-Hélène Lafon", cette fois c'est une femme, qui signe "Les
00:39 sources", qui est un roman magnifique.
00:41 - Génial !
00:42 - Alors, pour rappel pour les auditeurs, une vie de mot passant, ça se déroulait dans
00:46 un château en Normandie au 19e siècle.
00:48 - Oui, à Étretat.
00:49 - Oui, à Étretat.
00:50 "Les sources" de Marie-Hélène Lafon, ça se déroule dans une ferme du Cantal dans
00:55 les années 60.
00:56 Mais, à ses deux extrémités sociales et temporelles, on trouve le même portrait
01:03 d'une femme encagée, engluée dans un mariage.
01:07 Ce livre "Les sources", il s'ouvre sur une après-midi de 1967, sur une mère de
01:13 famille qui devrait aller étendre le linge, mais qui reste assise à la table de sa cuisine
01:18 et qui ne bouge pas.
01:20 Et mentalement, elle récapitule 30 ans, 8 ans de mariage, 3 enfants, une ferme de 33
01:28 hectares et des coups qu'elle reçoit de son mari et qu'elle a renoncé à compter.
01:33 Alors, c'est quasiment jamais dit.
01:35 Marie-Hélène Lafon, elle écrit les conséquences du fait plutôt que le fait lui-même.
01:41 Donc, on lit les bleus sur les jambes, on lit les premiers regards d'effroi des enfants,
01:46 on lit la crainte, bien sûr, on lit l'isolement de cette ferme et de cette famille au fond
01:51 des montagnes.
01:52 En 3 chapitres et une centaine de pages, on lit surtout la condition féminine des femmes
01:58 des campagnes dans les années 60.
02:01 Les repas avec les hommes à un bout de la table, les enfants à l'autre bout et entre
02:05 les deux, les femmes debout qui font le service.
02:08 Le mariage un peu arrangé, la maternité obligatoire, la révolte interdite et le divorce
02:15 mal vu, d'abord parce que celle qui divorce devient paria et cette mère de famille ne
02:19 veut pas d'une mort sociale pour ses trois enfants et ensuite parce que divorcer, ça
02:24 voudrait dire vendre la ferme et ça pour elle, c'est hors de question.
02:28 Et pourtant, exactement comme la colère et le mépris à un moment grandissent dans le
02:35 cœur de Jeanne dans Une Vie, la décision, elle va tout doucement germer dans le cœur
02:41 de cette mère de famille jusqu'à ce que le récit bascule, saut dans le temps, nous
02:47 sommes en 1974 et cette fois c'est le mari qui parle.
02:51 Un peu comme si Julien, dans Guillaume Passant, avait soudain pris la parole.
02:56 Et on se rend compte qu'un bourreau, parfois, peut être un tout petit monsieur rikiki et
03:02 qu'on a bien eu raison de surmonter sa peur.
03:04 Et puis enfin, dernier basculement du texte dans les sources, là cette fois en 2021,
03:10 une femme vient inspecter la fameuse ferme du Cantal qui est en vente.
03:14 C'est l'une des trois enfants qui a grandi et on reconnaît l'auteur, Marie-Hélène
03:19 Lafon, donc qui a raconté sa mère et son sursaut de courage.
03:24 Et comme un lointain écho, dans Une Vie de Maupassant, il y a un peu la même scène.
03:29 Jeanne revient une dernière fois dans son château tant aimé qu'elle a vendu.
03:35 Elle inspecte les pièces vides et là, que se passe-t-il ? Eh bien, éclot un sentiment
03:41 d'origine.
03:42 C'est là que, c'est là où.
03:45 Qui n'a rien à voir avec l'appartenance mais avec le fondement.
03:49 Et là, je cite Marie-Hélène Lafon, « la source serait là, une source, elle préfère
03:55 le mot source au mot racine ». Je vous redonne les références, les sources de Marie-Hélène
04:00 Lafon est parue chez Boucher-Chastel.
04:02 Saskia de Ville : Merci Clara Dupont-Monnaud pour ce choix.
04:05 Et d'ailleurs, sans doute, peut-on appliquer la fameuse dernière phrase du spectacle qui
04:08 est très connue dans Une Vie.
04:09 Clara Dupont-Monnaud « La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on
04:13 croit ».
04:14 Saskia de Ville Et c'est dit par la servante.
04:15 Rosalie.
04:16 Absolument.
04:17 La servante Rosalie qui rejoint, qui retrouve Jeanne à la fin, qui va l'aider.
04:22 Saskia de Ville Vous pouvez spoiler parce que c'est un classique.
04:24 C'est Maupassant, Une Vie, au Théâtre du Petit Saint-Martin.
04:29 Merci Clara Dupont-Monnaud.
04:31 On peut baladodiffuser vos choix littéraires bien sûr !

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