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Aujourd'hui, Clara Dupont-Monod nous parle de "Étoile rouge" de Florent Ferrier.

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Amusant
Transcription
00:00 Et Clara Dupont-Monnon est présente parmi nous, elle a choisi un nouveau livre.
00:04 Oui, parce que Yougnath 999, vous me disiez avant l'émission, on a eu le temps de discuter
00:08 un peu, combien vous aimez les femmes combatives.
00:11 Ça c'est une vraie bonne nouvelle.
00:13 On l'ignore trop souvent, m'avez-vous glissé en touillant votre thé Matcha, mais durant
00:18 les conflits, il y a eu de nombreuses femmes qui ont pris les armes et qui n'avaient pas
00:23 froid aux yeux.
00:24 Alors j'ai pensé à vous et je vous présente un roman génial qui s'appelle "Étoile
00:30 Rouge" de Florent Ferrier.
00:31 Et ça, ça va vous plaire parce que c'est l'histoire de Lenka, une femme soldate dans
00:37 l'armée rouge en 1945.
00:39 Elle est tireuse d'élite et sa mission c'est de reprendre le terrain aux nazis, mais alors
00:45 centimètres par centimètres.
00:47 Alors Florent Ferrier s'inspire d'une figure qui a vraiment existé, que je ne connaissais
00:52 pas, qui s'appelait Rosa Chanina, qui a été une légende de l'URSS.
00:56 Et il faut imaginer, un teint de porcelaine, de grands yeux bleus et puis une spécialité
01:01 nommée le doublé, à savoir liquider deux personnes quasiment en même temps.
01:05 Voilà, ça c'est pour la Rosa Chanina.
01:07 Et c'est aussi pour tous ceux et toutes celles qui pensent encore que la femme rime avec
01:10 douceur, dialogue et partage.
01:13 Et on embrasse ici Monique Fourniret.
01:15 Parce que, oui, parce qu'en effet Lenka…
01:18 - Elle adore vos chroniques.
01:19 - Je le sais, elle m'écrit, elle m'écrit.
01:21 - Elle est invitée la semaine prochaine d'ailleurs.
01:23 - Lenka n'est pas une héroïne consensuelle.
01:26 Elle est, mais sans pitié, elle est dure.
01:29 En plus c'est une fervente patriote.
01:31 Mais elle a un truc en plus qui est très dérangeant, mais moi que je trouve formidablement
01:35 intéressant, c'est qu'en fait, elle tue comme elle respire, mais au sens littéral.
01:41 C'est-à-dire que l'affrontement est son oxygène.
01:44 Je vous cite un tout petit passage, elle dit "Une partie de moi me dit de renoncer, de
01:49 quitter le front, et une autre, comme un élan, me pousse en avant, toujours plus près de
01:54 l'ennemi.
01:55 C'est devenu un besoin primaire.
01:56 Aussi paradoxal que ça puisse l'être, la guerre me maintient en vie."
02:01 Vous voyez comme ça nous dérange un peu quand même.
02:03 Et en même temps c'est assez grandiose.
02:05 Et moi elle me rappelle Antigone.
02:07 Je parle à côté de moi Juliette, qui adore Antigone, qui est d'ailleurs citée dans
02:12 le livre.
02:13 Et à un moment dans la pièce de théâtre, la sœur d'Antigone, qui s'appelle Ismène,
02:17 elle lui balance "Ton cœur s'enflamme pour ce qui glace des froids".
02:21 Trop beau.
02:22 Mais l'ENCA c'est exactement ça.
02:24 Son cœur s'enflamme pour ce que nous détestons tous, la guerre.
02:28 Son identité, son souffle, elle le trouve uniquement quand elle est couchée dans la
02:33 neige, le fusil dans la main, l'œil sur la lunette et un Allemand dans sa ligne de
02:37 mire.
02:38 Et du coup, au-delà de l'aspect hyper intéressant des femmes actrices de la guerre, dans ce
02:44 livre, Florent Inferier nous campe le portrait magnifique d'une personne que le chaos apaise,
02:52 qui est rassurée par le tumulte, qui trouve la paix dans le contraire de la paix.
02:57 Et c'est terrible.
02:58 C'est terrible parce qu'à un moment la grande question c'est où se trouve la frontière
03:02 entre la vaillance et l'inconscience, entre affronter un danger et avoir besoin d'en
03:08 chercher un, et à quel moment on fait la différence entre un risque et un péril.
03:13 Et justement, à un moment, plus l'armée rouge avance en Allemagne et plus les soldats
03:18 soviétiques se comportent comme des soudards, ils violent, ils pillent, ils tuent les populations.
03:23 Et pour la première fois, l'Inka doit se mettre à l'abri parce que femme.
03:28 Pour la première fois, elle a peur d'être violentée par ses propres compatriotes.
03:32 Et pour la première fois, sa foi en la violence vacille.
03:36 Et cette fois, la guerre ne maintient pas du tout en vie, elle la menace.
03:39 Et du coup, l'autre grande question qui est vertigineuse, c'est l'Inka qui la pose.
03:44 Je la cite.
03:45 « Des victoires, on n'en manque plus.
03:47 Mais de la compassion.
03:49 » La réponse se trouve dans « Étoile rouge » de Florent Ferrier qui est paru chez Boucher-Chastel.
03:55 Merci Clara Dupond-Monnaud.
03:56 Tu peux retrouver tous les choix de livres sur la page France Inter.fr de notre émission.
04:01 C'est encore nous.
04:02 Merci ma chère Clara Dupond-Monnaud.

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