• il y a 2 ans
Alain Némarq, PDG de Mauboussin était l'invité de franceinfo, le 13 février 2023.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 *Générique*
00:04 Bonsoir à toutes et à tous, les Diamants sont les meilleurs amis d'une fille,
00:08 chantait Marilyn Monroe il y a plus de 70 ans.
00:11 Aujourd'hui, offre-t-on toujours un bijou à sa moitié pour lui dire qu'on l'aime ?
00:16 Bonsoir Alain Némarque.
00:18 - Bonsoir, bien sûr.
00:19 - Vous êtes donc le PDG de Mauboussin.
00:22 Nous sommes à la veille de la Saint-Valentin, vous avez commencé par dire "bien sûr".
00:26 Donc la Saint-Valentin, ce n'est pas un jour comme les autres ?
00:30 - Pas du tout, c'est un jour où on s'offre un bijou, une montre pour se dire "je t'aime",
00:36 aussi bien la femme que l'homme.
00:39 - Et c'est pour ça que je disais à sa moitié, c'est pas forcément un homme qui offre un bijou à une femme.
00:43 - Exactement.
00:44 - Alors du coup, qu'est-ce que ça veut dire pour vous en termes de vente, en termes de chiffre d'affaires ?
00:50 - Ça veut dire que le mois de février, dans sa globalité,
00:53 représente à peu près 12% le chiffre d'affaires de l'année, donc c'est un rendez-vous important.
00:59 C'est un rendez-vous important parce qu'on y lance des nouveaux produits.
01:03 C'est un rendez-vous important parce qu'on y rencontre beaucoup
01:07 la partie la plus jeune de sa clientèle.
01:11 - Pourquoi la partie la plus jeune de sa clientèle ?
01:13 - Parce qu'il y a beaucoup, beaucoup d'achats spontanés de jeunes clients et de jeunes clientes
01:21 qui s'achètent peut-être moins un bijou au début de leur vie
01:25 pour s'échanger les promesses, sinon d'autres dépenses,
01:28 alors qu'en fait on les rencontre pour la Saint-Valentin. On a de très très jeunes clients pour la Saint-Valentin.
01:32 - Donc, enfin, des majeurs quand même ?
01:35 - Oui, des majeurs, mais enfin, disons, on a toute une frange de 18-25 ans
01:40 beaucoup plus représentés dans cette période-là d'achats que dans le reste de l'année.
01:45 - Est-ce que c'est le meilleur jour, enfin la meilleure période en termes de vente de l'année ?
01:49 - Non, non, pas du tout.
01:51 Parce que la fête des mères représente plutôt 15%
01:55 et entre le 15 novembre et le 31 décembre, on fait 25% les chiffres annuels.
02:01 - Alors Alain Neymar, ça fait 20 ans maintenant que vous avez pris les commandes du joaillier français,
02:06 Mau Boussin, et vous vous êtes différencié de vos concurrents en affichant les prix sur les publicités.
02:12 Est-ce que 20 ans après, vous êtes toujours les seuls à le faire ?
02:15 - Je me suis pas différencié en mettant le prix sur la pub,
02:20 je me suis différencié en décidant, un, de faire de la pub sur des produits
02:24 plutôt que de la pub institutionnelle uniquement,
02:27 en choisissant de présenter ses bijoux et de vendre ses bijoux à des femmes,
02:34 parce que ça constituait leur second pot, une pièce d'identité qu'elles choisissaient elles-mêmes.
02:39 - Parce qu'avant, les marques ne s'adressaient pas aux femmes, elles s'adressaient plutôt aux hommes.
02:43 - Pas forcément, la haute joaillerie c'était davantage un trophée,
02:46 qui était souvent acheté par des hommes, offert à des femmes,
02:50 mais où l'empreinte de l'homme était forte, parce qu'au fond, à travers cet achat,
02:55 il marquait son attachement à sa compagne, mais il attachait également une image de puissance.
03:01 Donc on n'était pas sur le même type d'objet,
03:04 dans la mesure où c'était pas forcément un objet qui allait accompagner la vie de cette compagne au quotidien,
03:09 ça avait été également un bijou d'apparat, un bijou de soirée.
03:13 - Mais le fait d'afficher le prix, c'est quand même assez unique.
03:16 - Ah bah là, ça devient très très important, parce qu'à partir du moment où je dis 5,
03:20 disons à partir de 2002-2003, la femme comme mon principal client,
03:25 et où quelque part je présente les nouvelles créations,
03:28 on sortait à l'époque une collection par saison, on sort aujourd'hui un bijou toutes les 6 semaines,
03:33 c'est impératif quand vous faites la communication, en tout cas dans mon sens à moi,
03:37 d'aller jusqu'au bout de l'information que vous donnez à votre consommateur,
03:41 c'est-à-dire le prix auquel il a la possibilité de pouvoir l'acquérir.
03:45 - Mais vous restez le seul à afficher le prix, ça reste un petit peu tabou dans la haute joaillerie, le prix des choses.
03:51 - Je reste le seul en France à le faire,
03:54 mais j'ai eu des prédécesseurs aux Etats-Unis illustres qui le faisaient.
03:58 - Mais vous restez le seul en France.
04:00 - A priori.
04:01 - Alors justement, le prix, venons-en à l'inflation,
04:04 j'imagine que le prix des choses a augmenté chez vous aussi,
04:09 qu'est-ce qui a augmenté le plus ? Les pierres, le transport, les matières premières en règle générale ?
04:14 - Si vous voulez, sur 2 ans, on a eu en gros une augmentation de l'or d'une trentaine de pourcents,
04:22 d'abord à cause de l'or, puis ensuite à cause du différentiel des monnaies.
04:26 On a eu une augmentation considérable des diamants, aussi à peu près de l'or d'une trentaine de pourcents,
04:32 essentiellement lié à l'arréfaction des sources d'approvisionnement,
04:35 puisque la Russie a été, entre guillemets, boycottée,
04:39 donc en fait on a perdu 40% de l'approvisionnement mondial.
04:42 - De l'approvisionnement mondial de quoi ?
04:43 - De diamants.
04:44 - De diamants ? Les diamants viennent de Russie.
04:47 - 40% de l'approvisionnement mondial venait de Russie, donc du jour au lendemain, bon.
04:51 Quand vous raréfiez le marché, bien évidemment les cours s'envolent.
04:55 Il y a eu une augmentation des coûts de main-d'œuvre, notamment en France, notamment dû à l'énergie,
05:00 et puis on a eu une augmentation, bien évidemment chez nous,
05:03 des salaires, des charges, un peu dans tous les sens.
05:07 On a effectivement augmenté nos prix.
05:09 - Alors, de combien vos coûts de production ont-ils augmenté ?
05:12 - On a dû augmenter sur 18 mois d'à peu près 15%.
05:18 On a absorbé une partie de l'augmentation des prix qu'on a eus par une meilleure gestion,
05:25 un certain nombre de choix qu'on a faits de lancer des nouveaux produits de substitution.
05:29 - Donc vos coûts de production ont augmenté de 15% ?
05:33 - Mon prix de vente a augmenté de 15%, mon coût de fabrication a augmenté de plus de 20%.
05:39 - D'accord. Et avec cette augmentation des prix de l'ordre de 15%, est-ce que vos ventes ont baissé ?
05:46 - Vous savez, les ventes n'ont pas baissé, mais les ventes ont d'autant moins baissé que
05:50 l'intégralité des acteurs d'un secteur sont soumis aux mêmes pressions.
05:54 Donc votre différentiel, votre compétitivité, elle se mesure par rapport à la concurrence des produits que vous rencontrez.
06:02 Et donc en fait, on a tous augmenté nos prix.
06:05 Je suis resté probablement l'un des plus compétitifs sur le marché,
06:11 et donc j'ai maintenu mes parts de marché parce que c'était normal de le faire.
06:14 - Et est-ce que vous allez continuer à augmenter vos prix cette année ? Et ce sera ma dernière question.
06:19 - Je pense que oui, tout en sachant qu'il y a des nouveaux produits qui sont lancés,
06:24 comme la bague Moix pour la Saint-Valentin ou la bague Sard à Côte d'Azur,
06:28 qui sont... La bague Moix est une bague à 350 euros.
06:31 - C'est bien de donner les prix, effectivement.
06:34 - La bague Sard à Côte d'Azur, 795.
06:37 Donc même s'il y a eu une augmentation des coûts de revient, les produits qu'on a lancés, les nouveaux produits,
06:42 on a fait une analyse de la valeur, nous permettant quand même de mettre ces produits à ce prix-là.
06:45 - Et est-ce que la clientèle est française ? Ou est-ce qu'elle est plutôt ailleurs ?
06:51 - La clientèle en France, elle est principalement française, et surtout pour une marque comme Mauboussin.
06:55 Elle doit être... On doit avoir à peu près dans nos magasins 80% de nos ventes qui sont réalisées avec des consommateurs français.
07:02 - Merci beaucoup Alain Neymarc, PDG de Mauboussin, d'être passé par le studio de l'invité Echo de France Info ce soir.

Recommandations