Bruno Angles, directeur général d'AG2R-la Mondiale, invité éco de franceinfo, le 19 avril 2023.
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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous.
00:06 Comment bien vieillir ? Comment mieux vieillir ?
00:08 C'est le défi démographique auquel sont soumis nos sociétés aujourd'hui.
00:12 Bonsoir Bruno Engle.
00:13 Bonsoir Isabelle Raymond.
00:14 Vous êtes le directeur général du groupe AG2R La Mondia, l'assureur paritaire et mutualiste.
00:19 La semaine dernière, alors que le débat sur la réforme des retraites battait encore son plein,
00:24 l'Assemblée nationale votait l'obligation d'une loi de programmation budgétaire pluriannuelle pour le grand âge.
00:31 Est-ce que c'est une coquille vide ou est-ce que c'est le signe qu'on prend enfin conscience de l'enjeu majeur de ces prochaines années ?
00:38 Alors, c'est un enjeu effectivement majeur.
00:41 J'ai tendance à dire que notre société aujourd'hui, elle a deux enjeux majeurs.
00:45 Elle a le climat, dont tout le monde parle et où la prise de conscience est intervenue indéniablement.
00:50 Et il y a le bien vieillir.
00:51 Pourquoi est-ce que le bien vieillir est un enjeu important, aussi important que celui du climat ?
00:55 Parce que d'abord, il nous concerne tous et parce qu'on est devant un choc démographique absolument majeur.
01:01 Est-ce que vous savez, Isabelle Raymond, que l'INSEE nous dit qu'on était sur un rythme
01:06 où chaque année, on avait à peu près 50 000 Françaises et Français qui franchissaient le cap des 75 ans
01:11 et qu'on est passé en très peu d'années de 50 000 par an à 200 000 à 250 000 par an, c'est-à-dire 4 à 5 fois plus.
01:18 Ce qui veut dire qu'entre aujourd'hui et 2028, il y aura entre 1 million et 1 250 000 Françaises et Français
01:25 qui vont franchir ce seuil des 75 ans.
01:27 Alors au premier ordre, c'est une excellente nouvelle parce que ça veut dire qu'on va vivre plus longtemps
01:32 et qu'on aura de façon beaucoup plus structurelle que par le passé, la chance de connaître ses arrières-petits-enfants.
01:39 Et qu'inversement, les petits-enfants qui naissent auront la chance de connaître beaucoup plus souvent qu'avant leurs arrières-grands-parents.
01:45 Une génération de plus.
01:46 Une génération de plus et effectivement, on va s'habituer à vivre avec 4 générations,
01:51 dont peut-être 2 générations simultanément à la retraite, ce qui est un défi considérable
01:55 parce qu'on n'a pas été du tout habitués à ce cas de figure.
01:58 Sauf que ça coûte énormément d'argent, vous avez parlé du défi climatique,
02:02 il y a des investissements publics et privés qui sont déjà prévus.
02:06 Est-ce que c'est le cas pour le choc démographique qui nous attend ?
02:09 Alors, la réponse est non.
02:11 La réponse est non et c'est là que votre question sur l'agenda de l'Assemblée nationale est tout à fait pertinente et importante.
02:16 La prise en charge de la dépendance représentera en 2030 10 milliards d'euros de plus qu'en 2020.
02:21 Absolument. Et donc, ce choc, il est devant nous et il n'est pas à la fin du siècle.
02:26 Ce n'est pas un enjeu pour 2100, ce n'est pas un enjeu pour 2050, c'est un enjeu pour les années 2020.
02:31 Puisque, encore une fois, d'ici à 2028, 1 million à 1,25 million de personnes auront plus de 75 ans.
02:37 Et donc, la société doit s'organiser face à ce choc et c'est un peu comme pour le climat.
02:42 L'enjeu est d'une telle ampleur qu'il n'y a pas une solution unique qui, par un coup de baguette magique, permettrait de résoudre tout ce problème.
02:50 Et donc, il faut développer une palette de solutions dont certaines existent déjà aujourd'hui et d'autres sont en cours de développement.
02:56 Et vous, qui êtes à la tête du numéro 1 de la protection sociale en France, comment est-ce que vous pouvez concrètement contribuer au mieux vieillir en France ?
03:03 Alors, je vais vous donner quelques exemples. Le premier, c'est que nous sommes depuis deux ans l'actionnaire majoritaire à 67% de DomitiS.
03:11 DomitiS est le leader des résidences services seniors. Les résidences services seniors, c'est quelque chose de très différent des EHPAD,
03:18 puisque ça s'adresse à une population qui est encore valide, mais qui a envie de vivre dans un environnement très sécurisé, avec une palette de services à sa disposition.
03:27 Donc ça, c'est un premier élément de solution.
03:29 Deuxième élément de solution, on a un outil qui nous a été donné par la loi PACTE, qui est le plan épargne-retraite.
03:35 Le plan épargne-retraite, on a tendance à ne pas y penser quand on est jeune, et pourtant, c'est quand on est jeune qu'il faudrait commencer à y penser.
03:41 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il faut commencer à épargner pour sa retraite ?
03:45 Quelqu'un qui a 30 ans aujourd'hui, pour le financement du bien vieillir.
03:49 Parce qu'au fond, quand on a 30 ans, on a du mal à se projeter au moment où on aura 70, 75, 80 ans.
03:55 Mais ce qu'on sait par contre, de façon assez mathématique, c'est que si à 30 ans on commence à mettre 100 euros par mois de côté,
04:02 on aura un capital, au moment de partir à la retraite, de l'ordre de 75 000 euros.
04:06 Et avec ce capital de 75 000 euros, vous pouvez envisager différentes solutions.
04:10 Vous pouvez avoir la préférence du maintien à domicile.
04:13 Et là, c'est un autre élément de la palette de solution.
04:15 Avec l'Agir Carco, nous offrons une prestation de diagnostic.
04:19 Les retraites complémentaires ?
04:20 Les retraites complémentaires. AG2R Agir Carco opère à peu près un quart de l'ensemble des retraites de l'Agir Carco.
04:27 Et donc, avec cet outil, pour 15 euros, vous avez un diagnostic fait chez vous par un ergothérapeute,
04:32 pour ceux qui souhaitent privilégier le maintien à domicile, pour définir de façon extrêmement concrète les travaux d'adaptation qui sont nécessaires.
04:39 Et généralement, la moyenne des travaux nécessaires pour permettre le maintien à domicile, c'est entre 10 et 15 000 euros.
04:46 Ça s'anticipe en fait ?
04:47 Ça s'anticipe, c'est-à-dire que 10-15 000 euros, c'est à la fois peu et beaucoup.
04:50 C'est peu, ce n'est pas des sommes considérables.
04:52 C'est beaucoup si on n'a pas pris la précaution d'épargner en vue de sa retraite et du financement du bien vieillir.
04:59 Ce que vous dites quand même, Bruno Engel, c'est qu'il ne faut pas compter que sur les pouvoirs publics.
05:05 Il ne faut pas compter que sur la collectivité pour mieux vieillir demain.
05:09 Il faut anticiper.
05:10 Absolument. Et c'est pour ça qu'on considère chez AG2R La Mondiale,
05:15 qu'on a avec nos 15 000 collaborateurs, nos 500 000 entreprises clientes, nos 15 millions de clients,
05:20 une responsabilité sociétale à porter ce débat du bien vieillir, qui est très insuffisamment présent sur la place publique,
05:26 et à être force de proposition pour permettre l'émergence de solutions.
05:30 À la fois les solutions qui existent et les promouvoir, mais également développer de nouvelles solutions.
05:34 Parmi les nouvelles solutions auxquelles nous sommes en train de travailler,
05:37 il y a l'idée de permettre une monétisation partielle du patrimoine immobilier des seniors.
05:43 On peut avoir des gens qui à un instant T préfèrent vieillir à domicile.
05:47 On peut en avoir d'autres qui veulent aller dans une résidence service senior à un instant T.
05:52 Et ce qu'il faut, c'est avoir des solutions suffisamment souffles pour ne pas être dans le côté un peu binaire et couperet
05:59 de la solution classique du viagé que chacun connaît.
06:02 Et donc on est en train de développer des solutions beaucoup plus fines
06:05 qui permettent d'apporter soit un capital, soit des revenus réguliers
06:10 à ceux qui sont prêts à monétiser partiellement leur patrimoine immobilier.
06:14 Mais ce que vous dites au fond, c'est que toute la palette existe,
06:20 toutes les solutions existent, et qu'aujourd'hui il suffit juste d'avoir le débat sereinement autour de la table,
06:28 que ce soit les pouvoirs publics ou que ce soit les entreprises privées concernées ?
06:31 Alors moi j'ai deux convictions fortes.
06:33 La première c'est que face à tout problème, il faut trois temps.
06:36 Il faut le temps du diagnostic, il faut le temps des plans d'action,
06:39 il faut le temps de la mise en œuvre effective des actions définies dans les plans d'action.
06:43 Mais aujourd'hui il n'y a pas de trou dans la raquette ? Il y a les financements nécessaires ?
06:46 Aujourd'hui en tout cas le diagnostic a été posé.
06:48 Il a été posé notamment par Mme Bourguignon qui avait identifié un besoin de 350 000 aidants supplémentaires.
06:53 D'ailleurs dans la palette de solutions nous avons également une plateforme qui s'appelle www.aidontlesnotres.fr
07:00 qui permet de trouver un ensemble de solutions pour les aidants.
07:03 La deuxième conviction, parce que je n'ai pas répondu à votre question de tout à l'heure,
07:06 c'est qu'effectivement il faut une mobilisation générale.
07:09 Il ne faut pas tout attendre de l'État.
07:11 Une partie des solutions viendront de l'État, mais une partie des solutions viendront des collectivités royales,
07:15 des entreprises et de chacun d'entre nous.
07:17 Merci beaucoup Bruno Engel, directeur général du numéro 1 de la protection sociale en France, AG2R La Mondiale.
07:23 Merci.