Mathilde Panot lors du débat sur la réforme des retraites: "Vous ne défendez pas la valeur travail, vous défendez la valeur servitude"

  • l’année dernière
La députée et présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, s'est exprimée ce lundi devant les députés pour présenter la motion de rejet de son groupe parlementaire.

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00:00 Dites la vérité, dans ce pays, les riches sont des assistés et vous êtes leur commis.
00:05 Alors vous gesticulez, vous vous dandinez, vos répondeurs automatiques répètent partout
00:10 les mêmes éléments de langage.
00:12 Pour d'où il faudrait parler de travail mais pas de salaire, car cela n'a rien à
00:16 voir avec les retraites.
00:17 Il faudrait parler de travail mais pas des conditions de travail, car on s'éloigne
00:21 du sujet.
00:22 Et s'il vous plaît, ne dites pas pénibilité mais usure professionnelle, car le banquier
00:27 de l'Elysée, après avoir supprimé 4 critères de pénibilité, n'aime toujours pas ce mot
00:32 qui donne l'impression que le travail serait pénible.
00:35 En toute hypothèse, la pénibilité n'existe plus grâce aux genouillères et aux exosquelettes,
00:42 comme nous l'ont dit vos plus grandes lumières macronistes.
00:44 Vous ne chérinez avec la valeur travail, la valeur travail, la valeur travail.
00:49 Il vous reste à comprendre que la valeur travail n'existe pas.
00:52 Elle n'existe pas si vous ne donnez au travail aucune valeur.
00:56 Ceux qui existent et dont vous êtes les artisans, ce sont des conditions de travail dégradées,
01:04 des gens qui les subissent dans leur corps et pour des bas salaires.
01:07 Ce sont celles des caissières qui soulèvent l'équivalent d'une tonne de marchandises
01:10 par jour.
01:11 De ces employés dont un quart sont déjà en incapacité la première année de leur
01:15 retraite.
01:16 De ces infirmières qui parcourent chaque jour 12 kilomètres.
01:19 Ceux qui existent, ce sont des services publics qui tiennent à ce jour grâce à la seule
01:24 volonté de leur agent.
01:26 Dans les hôpitaux, les écoles, les administrations, les méthodes de management ont fait perdre
01:31 le sens du métier à tant de gens qui étaient pourtant attachés.
01:34 Depuis la pandémie, on compte trois fois plus de burn-out.
01:37 Les gens qui ont défilé dans la rue veulent être mieux payés, mieux considérés.
01:42 Non, vous ne défendez pas la valeur travail, vous défendez la valeur servitude.
01:47 Et lorsque vous passez en force, vous êtes presque fiers de vous, les soi-disant grands
01:54 réformateurs.
01:55 Mais contre qui le faites-vous en réalité ?
01:57 Contre Jamila, accompagnante d'élèves en situation de handicap qui cumule trois emplois
02:03 et vit avec 1050 euros par mois.
02:05 Contre Alain, qui va devoir aligner 9 mois de plus comme cariste pour atteindre sa retraite.
02:10 Vous passez en force contre Patricia, poissonnière depuis 40 ans dans le Morbihan, qui se lève
02:16 à 1h30 du matin tous les jours, a vendu son commerce et va devenir à 60 ans chauffeur
02:22 de car avant de pouvoir partir à la retraite.
02:24 Son mari, marin pêcheur puis poissonnier, attendra la retraite sans décote en devenant
02:30 à 64 ans agent d'entretien.
02:34 Sans parler de ces dizaines de milliers de morts avant la retraite que vous faites le
02:38 choix d'ignorer.
02:39 C'est contre eux que vous passez en force.
02:42 Faible avec les forts, fort avec les faibles.
02:44 Quel courage, quelle audace !

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