Avec Christian Jamin, gynécologue, endocrinologue.
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00:04 14h-16h, Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:09 Toujours avec Christian Jamin, gynécologue, endocrinologue.
00:12 Nous évoquons les femmes et leurs douleurs au quotidien.
00:15 Bonjour Émilie.
00:16 Bonjour Brigitte.
00:18 Merci d'être avec nous.
00:19 Alors, vous, vous avez eu des disparonies, c'est-à-dire des douleurs lors des rapports,
00:24 notamment à la pénétration ou plutôt en profondeur ?
00:29 Alors, j'ai bien écouté tout ce que vous avez dit tout à l'heure,
00:32 mais moi j'avais l'impression d'en avoir et à l'intromission et en profondeur,
00:37 mais peut-être que c'était des départs et que c'est resté dans ma tête.
00:41 C'était l'impression peut-être d'avoir une douleur un peu générale.
00:45 Les deux sont possibles.
00:48 Par exemple, si on a mal à l'entrée, on n'a pas de désir.
00:52 Et si on n'a pas de désir, on n'a pas de lubrification.
00:55 Donc, on peut déjà avoir mal dans le vagin.
00:57 C'est-à-dire qu'il y en a trois.
00:58 Il y a la douleur à l'entrée, la douleur au fond, qui est plutôt organique,
01:02 et puis la sécheresse qui rend un rapport désagréable.
01:06 Bonjour Christian, au passage.
01:09 Oui, je pense qu'il y avait un mélange de tout ça.
01:12 Effectivement, j'ai eu un trouble du désir pendant très longtemps,
01:16 accompagnant la disparonie.
01:18 Voilà.
01:19 Tout à fait, pendant longtemps, oui.
01:22 Et c'est guéri ?
01:24 Oui, je pense que c'est guéri au bout de 20 ans.
01:28 Et comment avez-vous fait ?
01:32 J'ai essayé plein de choses,
01:34 mais je pense que ce qui a fonctionné au final,
01:36 en plus de me connaître et de travailler sur moi,
01:39 c'est une ostéo qui m'a fait des manipulations internes,
01:43 et qui a vraiment senti, elle m'a dit, des adhérences.
01:45 Je ne sais pas trop ce que c'est, mais c'est le mot qu'elle employait,
01:48 et qu'elle a beaucoup travaillé physiologiquement.
01:50 Et ça m'a beaucoup aidée, vraiment.
01:52 Et puis j'ai fait du tantra pour le côté psychologique,
01:54 je pense que ça m'a beaucoup aidée aussi.
01:56 À lâcher prise, et je pense que les deux combinaient.
02:00 Les massages internes et le tantra, vous avez tout trouvé toutes seules ?
02:04 Bon, tant mieux !
02:07 Oui, mais encore une fois,
02:09 je reviens un peu sur cet émoliement de motif au départ,
02:12 c'est-à-dire qu'à un moment donné, vous vous êtes acceptée en tant que femme.
02:16 On sait que le tantra, c'est surtout une école de la féminité.
02:21 Et puis, vous avez pris, si je puis dire, votre corps en main,
02:26 vous l'avez auscultée de l'intérieur.
02:29 Et voilà, derrière les disparonies,
02:33 il y avait peut-être un rejet de votre féminité,
02:37 ou une crainte d'avoir mal ?
02:40 Il y a eu des attouchements, c'est assez classique finalement.
02:43 Moi j'ai très mal commencé ma vie amoureuse d'être sexuelle,
02:46 et pendant cinq ans j'ai subi vraiment des violences sexuelles.
02:49 Evidemment, je pense que c'est ça qui a provoqué.
02:54 Oui, il y a cette fameuse mémoire du corps dont vous parliez, Christian Jamin, bien sûr.
02:58 Il est probable qu'à un moment donné, le corps vous dit non,
03:03 il vous dit zut, et il faut le réhabiliter à s'ouvrir au plaisir.
03:10 Oui, et je pense que ça a pris beaucoup de temps,
03:12 parce que comme j'étais très jeune aussi,
03:15 je suis un peu en colère contre les médecins que j'ai pu rencontrer dans ma vie,
03:18 qui ne m'ont jamais écoutée, qui n'ont jamais pris ça au sérieux,
03:21 comme tous les autres problèmes féminins que j'ai pu avoir d'ailleurs.
03:23 Et personne ne m'a aidée, et je suis restée comme ça,
03:25 avec beaucoup de peur, de difficulté à en parler.
03:28 Quand vous disiez que vous aviez mal,
03:33 on vous disait que c'était dans la tête ou une connerie comme ça ?
03:37 Oui, les gynécologues que j'avais à l'époque,
03:39 j'ai même vu une sexologue à l'époque qui a banalisé le truc complètement,
03:44 et puis bon, elle ne m'a pas parlé tellement de ça,
03:46 elle m'a dit "bon oui, c'est comme ça, ça arrive".
03:48 J'avais 18 ans, j'étais déjà hyper gênée de faire cette démarche
03:52 qui n'était pas hyper conventionnelle à l'époque,
03:54 et je n'ai pas trouvé de soutien du tout.
03:56 Oui, c'est insupportable, on se demande quel métier ils font.
03:59 Je suis d'accord avec vous, c'est assez pénible,
04:03 parce que je ne sais plus, l'autre jour qui m'avait dit ça,
04:07 c'était un médecin, et qui disait toujours
04:10 "moi j'écoute d'abord le symptôme du patient,
04:14 et je me dis que le patient a raison dans ce qu'il décrit de sa douleur".
04:17 C'est ça mon premier diagnostic,
04:19 et j'ai trouvé que c'était une parole d'un médecin plein de bon sens,
04:23 et on devrait entendre plus souvent ce genre de paroles.
04:26 Oui, la médecine a beaucoup évolué avec les machines,
04:30 c'est-à-dire maintenant on vous met la tête ou le corps dans une machine,
04:34 et puis on a l'impression qu'on va faire du diagnostic.
04:36 Non, le diagnostic c'est 80% l'interrogatoire.
04:41 C'est-à-dire quand on interroge bien les gens,
04:44 quand on pose les bonnes questions,
04:46 quand on écoute les réponses,
04:48 on sait après quelle machine on doit utiliser.
04:51 Mais on ne doit jamais utiliser une machine au hasard.
04:54 Donc il faut, pour moi, la médecine,
04:57 le temps primordial c'est l'écoute.
05:02 Oui, et puis accepter d'entendre ce que disait Emilie,
05:07 parce que si vous aviez mal, c'est que vous aviez mal.
05:10 Après, trouver les raisons pour lesquelles vous aviez mal,
05:14 ce n'est pas simple peut-être,
05:16 mais il ne faut pas vous dire que c'est normal,
05:19 c'est comme ça, c'est insupportable.
05:22 Et si je peux, il y a un deuxième sujet qui n'a pas encore été abordé
05:26 dans les problèmes féminins, assez féminins,
05:29 que j'ai aussi, que j'ai vus,
05:31 ce sont les suicides, récidivantes et post-coïtades.
05:34 J'ai découvert ça l'année dernière.
05:36 Très juste, on l'a oublié.
05:38 On n'avait que deux heures, il me faudrait trois semaines pour tout dire.
05:44 Mais les cystites post-coïtales, ça fera partie d'une autre émission.
05:48 Il faut qu'on en parle.
05:50 On va en parler, la pauvre Emilie,
05:52 vous n'allez pas faire comme les autres médecins,
05:54 la rejeter, ce n'est pas grave.
05:56 Je n'ai pas dit ça, c'est que la cystite post-coïtale
06:00 est probablement liée au fait que quand la verge est dans le vagin,
06:06 ça fait comme une pompe, une pompe à vélo,
06:08 et ça fait remonter de l'air qui vient du vagin
06:12 par le petit trou qui fait pipi,
06:14 et le canal fait un demi-centimètre.
06:16 Donc ça veut dire que vous polluez votre vessie
06:20 par de l'air qui vient du vagin,
06:23 qui est plein de colibaciles, qui eux-mêmes viennent de l'anus.
06:26 Donc, les cystites post-coïtales,
06:29 on appelle ça aussi le syndrome de la nuit de noces,
06:32 parce que c'est quand on mouille beaucoup,
06:34 c'est quand on est très excité,
06:36 qu'on a beaucoup de sécrétions,
06:37 et que ces sécrétions vont polluer la vessie.
06:40 Donc, il y a des techniques pour ça,
06:43 il faut évidemment vider sa vessie après un rapport,
06:46 il faut boire beaucoup,
06:48 et on peut aussi proposer de prendre des plantes
06:52 qui empêchent l'implantation des germes après le rapport.
06:55 - Oui, le D-manose, je ne sais pas si on peut le citer,
06:57 mais je le cite quand même parce que ça m'a sauvé la vie.
06:59 - Eh bien voilà, on l'avait dit, ce n'est pas moi qui l'ai dit.
07:02 - Et alors c'est quoi, c'est des plantes ?
07:05 - C'est des plantes, le D-manose, le cranberry,
07:08 tout ça qu'il faut prendre juste après le rapport.
07:11 - D'accord.
07:12 - Pour éviter...
07:13 - Pour qu'on avale ?
07:14 - Oui, qu'on avale,
07:15 parce que ça évite que les germes ne s'implantent dans la vessie.
07:17 - D'accord.
07:18 Bah écoutez, si ça vous a sauvé,
07:20 Émilie, merci de donner l'information à toutes celles qui écoutent
07:23 et qui peut-être sont un peu en train de se demander
07:26 comment allons-nous faire pour ne plus...
07:27 - Oui, parce que ça c'est un enfer ça aussi.
07:29 - Oui, c'est un enfer.
07:31 Quand on rencontre quelqu'un et qu'on est heureux d'une vie sexuelle
07:34 et que ça se termine à part des douleurs épouvantables le lendemain matin,
07:38 c'est quand même pas rigolo.
07:39 - Oui, et on repart dans la même dynamique que le dysphagone nid,
07:43 et on a peur que la prochaine fois ça recommence.
07:45 - Exactement.
07:46 - C'est terrible et c'est vraiment hyper douloureux.
07:48 Et surtout là aussi, c'est pour ça que je pousse encore un coup de gueule,
07:50 mais vraiment j'ai vu je ne sais combien de médecins pour ça,
07:53 je ne sais combien de gynéco,
07:54 et à chaque fois on m'a dit "mais vous êtes un peu fatiguée peut-être,
07:57 ou vous êtes un peu surmenée,
07:59 ou c'est un problème de pharmacycope,
08:01 c'est normal, il n'y a rien à faire."
08:02 Et je cherchais toute seule vraiment de mon côté pour trouver des solutions,
08:05 parce que c'était insupportable,
08:07 c'est pas comme un psychotrôle quand même.
08:09 - Ou alors on vous file à chaque fois des antibiotiques,
08:11 vous continuez à prendre antibiotiques sur antibiotiques,
08:13 ce n'est pas non plus terrible.
08:15 - Après vous faites de l'mycose.
08:17 - Exactement, et je n'en ai pas parlé,
08:19 mais je l'étudie à chaque fois évidemment, bien sûr.
08:21 Non, non, non, ce n'est pas drôle.
08:24 - Ce n'est pas drôle, non, ce n'est vraiment pas drôle.
08:26 En tout cas, bravo Emilie,
08:28 parce que vous avez visiblement su,
08:30 avec peut-être beaucoup de cheminement,
08:34 mais en tout cas, vous avez réussi à trouver des solutions
08:38 à tout ce que vous avez traversé.
08:40 Moi je trouve que c'est bien de terminer par ce message-là,
08:43 parce que c'est quand même un message que vous pouvez transmettre
08:45 à toutes celles qui nous écoutent,
08:47 il y a quand même des pistes et des solutions.
08:50 - Oui, tout à fait.
08:51 Il faut se battre pour les trouver,
08:52 c'est juste ça qui est un peu dommage,
08:54 mais je sais qu'il en existe,
08:56 c'est pour ça que je n'ai jamais baissé les bras.
08:58 - Mais il y a peut-être une...
09:00 Bon, c'est la première fois qu'on aborde cette émission
09:03 vraiment en plein dans le vif du sujet,
09:06 si je puis dire, les douleurs des femmes,
09:08 mais il y a quand même, sur le plan sociétal,
09:12 il y a peut-être quand même beaucoup de choses à dire et à faire,
09:15 notamment auprès de tous les médecins
09:17 qui quelque part ne sont pas suffisamment informés.
09:19 Je ne leur jette pas la pierre,
09:21 mais il y a quand même beaucoup d'informations à...
09:23 - Ah oui, c'est sûr, mais...
09:27 Effectivement, tous les médecins ne sont pas formés à ça, c'est vrai.
09:32 Mais bon, il faut qu'ils écoutent Brigitte Lahaye.
09:34 - Ben oui, d'accord, mais...
09:36 Enfin, plutôt...
09:38 On ne parle pas de ça tous les jours, évidemment,
09:40 mais il y a quand même...
09:42 Enfin, et d'ailleurs, les gynéco aussi,
09:44 certains sont quand même assez sourds.
09:47 - Oui, donc ne me demandez pas de juger...
09:51 - Non, non, non, non, ce n'est pas ce que je veux dire,
09:52 mais j'entends...
09:54 Moi, j'ai quand même souvenirs, notamment d'un témoignage
09:56 d'une femme qui avait du vaginisme
09:58 et qui a fait trois gynéco avant qu'elle en ait un
10:00 qui lui dise qu'il y avait des solutions.
10:02 Je ne l'invente pas.
10:04 Donc c'est aussi important d'écouter
10:10 et puis de conseiller, si soi-même on se sent un peu impuissant,
10:16 on peut envoyer chez quelqu'un qui sera...
10:18 - Ce qui serait bien, c'est de savoir qu'on est tous perfectibles.
10:20 - Oui, bien sûr, bien sûr.
10:22 Emilie, en tout cas, merci de ce témoignage
10:26 qui est quand même un témoignage positif, finalement, à l'arrivée.
10:30 - Oui, oui, tout à fait.
10:32 - Donc, merci à vous.
10:35 Christian Jamin, justement, pour conclure,
10:38 qu'est-ce que vous pouvez dire aux femmes qui nous écoutent ?
10:40 Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire,
10:42 toutes celles qui souffrent depuis peut-être des années ?
10:45 - J'ai envie de leur dire qu'il ne faut pas baisser les bras,
10:49 comme vous venez de le dire.
10:51 Alors bon, on a abordé un nombre considérable de problèmes,
10:56 certains plus graves que d'autres,
10:58 mais il y a des solutions.
11:01 Et donc, effectivement, il faut faire la quête
11:06 des gens qui connaissent bien tel ou tel sujet.
11:09 Il ne faut pas se décourager, il ne faut pas dire
11:11 "je ne peux pas avoir de rapport parce que ça me fait mal,
11:13 parce que c'est mauvais pour son couple,
11:15 c'est mauvais pour sa vie".
11:17 Donc oui, quand les rapports font mal, il y a des solutions.
11:21 Quand les règles font mal, il y a des solutions.
11:24 Donc, on a beaucoup, beaucoup de solutions à proposer
11:27 et il ne faut pas se décourager.
11:29 - Je pense à quelque chose qui court un peu comme ça
11:32 dans les mouvements féministes actuels,
11:34 qu'il faudrait supprimer les règles.
11:36 Ce serait possible sur un plan médical,
11:38 ou est-ce que c'est une utopie ?
11:40 - Pas du tout, c'est un peu compliqué,
11:42 mais ce n'est pas si simple à faire.
11:44 Mais il faut savoir que les règles,
11:47 ça sert à faire des enfants.
11:49 En dehors de ça, ça sert à embêter la vie des femmes et des maris.
11:53 Donc, les règles, si on peut les faire disparaître,
11:59 à condition que ce ne soit pas n'importe comment,
12:02 souvent ça traite bien les choses.
12:04 - D'accord, donc ça serait peut-être une avancée médicale
12:07 sur laquelle on travaille, je suppose ?
12:10 - Énormément, énormément.
12:12 C'est compliqué d'arrêter les règles,
12:14 parce que si on fait une main-to-pose,
12:16 on arrête les règles, mais là on a d'autres ennuis.
12:18 Donc, ce qui est très compliqué,
12:20 c'est d'arrêter les règles en gardant les hormones.
12:23 Parce que les hormones donnent des règles,
12:26 mais garder les hormones et de supprimer les règles,
12:29 c'est un peu compliqué.
12:31 - Mais c'est peut-être la prochaine avancée pour les femmes ?
12:34 - C'est tout à fait à l'ordre du jour.
12:36 - Bon, voilà quand même de quoi terminer
12:38 sur une bonne nouvelle, Christian Jamin.
12:40 Cette émission qui, quand même, était assez triste.
12:45 En même temps, elles ont quand même presque toutes dit
12:48 qu'elles étaient heureuses d'être femmes.
12:50 - Oui. - Mais peut-être pour me faire plaisir ?
12:52 - Non, non, moi ça me fait plaisir que les femmes soient femmes.
12:54 - Bon, et bien, en tout cas, merci à toutes d'avoir témoigné.
12:57 Messieurs, on ne vous oublie pas,
12:59 demain on parlera du plaisir,
13:01 et ce sera pour parler des hommes et des femmes, évidemment.
13:04 Et tout de suite, bien sûr, vous retrouvez C'est votre avenir.
13:07 Demain, c'est Robert Zully, évidemment, qui nous tient compagnie.
13:09 C'est quoi le plaisir ?
13:11 Est-ce qu'on préfère se faire plaisir ou faire plaisir ?
13:13 Ce sera notre sujet demain.
13:15 Vaste sujet, n'est-ce pas ?
13:17 Ça changera d'aujourd'hui. - Merci Christian Jamin.