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00:00 6% des chefs d'orchestre dans le monde sont des femmes et en France 4%.
00:03 3, 4 et...
00:05 Il faut aujourd'hui encore beaucoup se battre pour que cette belle et grande musique,
00:10 comme parfois on l'appelle, elle soit aussi populaire dans le sens beau du terme.
00:13 Je me reconnais en allusion.
00:15 Il faut arracher les choses, même quand on ne peut pas passer par la porte, on passe par la fenêtre.
00:19 Je suis Zahia Ziouani, je suis chef d'orchestre
00:28 et j'ai créé l'orchestre Divertimento en 1998, aux côtés de ma sœur Fitouma.
00:32 J'ai eu la chance de découvrir la musique dans le cadre familial,
00:41 puisque mes parents étaient très mélomanes.
00:43 Alors ici, on est au Conservatoire d'Eustin.
00:47 C'est un lieu dans lequel s'est construit l'orchestre symphonique Divertimento.
00:52 On va vous faire visiter.
00:58 Voilà, ici on est à l'Auditorium Xenakif,
01:00 qui est une salle dans laquelle on fait beaucoup de concerts
01:02 et qui est aussi une salle d'enseignement.
01:05 Et c'est ici que nous répétons avec l'orchestre symphonique Divertimento.
01:08 Moi j'ai commencé la musique, j'avais 8 ans, par la guitare.
01:14 À l'âge de 12 ans, j'ai commencé à faire de l'alto,
01:16 ce qui me fascinait beaucoup, c'était justement cet univers de l'orchestre.
01:19 J'avais envie de pouvoir intégrer un orchestre, d'y jouer.
01:21 J'ai commencé à en parler autour de moi,
01:23 mais de façon assez naturelle, assez spontanée, en disant,
01:25 "ben voilà, quand je serai grande, je serai chef d'orchestre".
01:28 La levée de 60 et le premier temps de 60,
01:29 peut-être on peut les faire en écho par rapport à ce qu'on a fait avant.
01:32 Les premières réponses,
01:37 en tout cas dans certains professeurs que j'avais au Conservatoire de Pantin,
01:40 ou dans des personnalités du milieu musical, ça a été,
01:43 "mais en fait Zahia, n'y pense pas,
01:45 c'est pas du tout un métier qui est fait pour les femmes".
01:47 Malgré tout, j'ai décidé de m'accrocher à cette idée,
01:50 même si ça n'a pas été évident, parce que autour de moi,
01:52 je voyais des chefs d'orchestre qui étaient plutôt des hommes,
01:55 plutôt assez âgés.
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02:05 Aujourd'hui, 25 ans après,
02:08 6% des chefs d'orchestre dans le monde sont des femmes,
02:10 et en France, 4%.
02:11 C'est encore un pourcentage qui est quand même très bas.
02:14 Si on regarde les images d'archives dans les orchestres,
02:16 on voit quasiment exclusivement que des hommes.
02:18 Il y a même certains orchestres européens
02:20 qui ont mis beaucoup, beaucoup de temps à intégrer les femmes,
02:22 et où les femmes étaient même interdites dans certains d'entre eux.
02:25 C'est parti ?
02:26 Un, et, et !
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02:30 J'avais comme repère ces grandes figures de la direction d'orchestre,
02:32 qui étaient souvent des personnalités très imposantes,
02:36 très charismatiques, très égocentriques aussi.
02:38 Et à la fois, j'admirais certains grands chefs d'orchestre,
02:41 et en même temps, j'avais du mal à me projeter en me disant,
02:44 "Tiens, je vais devenir une chef d'orchestre caractérielle et autoritaire".
02:48 Donc je me suis interrogée sur quel chef d'orchestre j'avais envie d'être
02:51 au XXIe siècle, et c'est vrai que le fait d'avoir grandi en Seine-Saint-Denis,
02:54 le fait aussi de, par ma double culture, d'être curieuse, d'être ouverte.
02:59 Et quand j'étais jeune, je ne comprenais pas pourquoi à chaque fois,
03:02 on allait voir des concerts à Paris, et pas dans le département où j'ai grandi.
03:07 Et quand j'ai décidé de créer l'Orchestre divertimento,
03:09 j'avais envie que ce soit l'image de ce métier de chef d'orchestre
03:12 que j'avais envie d'exercer, et de revendiquer la Seine-Saint-Denis
03:15 comme aussi un lieu d'excellence.
03:17 Ça fait 25 ans que ça nous tient à cœur justement de pouvoir montrer
03:20 que la musique classique, elle existe partout, et qu'elle a sa place partout.
03:23 Et donc c'est vrai qu'un bel équipement comme celui-là permet aussi
03:26 d'accueillir les habitants de la Seine-Saint-Denis dans de très belles conditions.
03:29 Et bien ici, on est dans une salle de cours,
03:35 et dans le cadre de l'Académie divertimento, on fait souvent des répétitions en petits groupes.
03:39 Donc on amène les jeunes du Conservatoire d'Eaustein à pratiquer l'orchestre
03:44 de façon encore plus intensive, et donc on fait des répétitions aussi en petits groupes.
03:48 Donc je vous donne quatre temps, attention, un, deux, trois, quatre.
03:54 Fa, sol, la, fa, la. Merci.
04:05 Et jouer dans un orchestre symphonique, c'est quelque chose de magique déjà,
04:08 c'est une sensation qui est magnifique, qui est belle,
04:10 et puis c'est vrai qu'on a tendance à se surpasser et donner le meilleur de soi-même,
04:14 comme dans une équipe de foot.
04:15 Et j'aime à le faire avec des jeunes débutants comme des musiciens confirmés.
04:20 Alors il y a de super belles choses, il y a peut-être deux petites choses
04:23 sur lesquelles je vous propose qu'on soit attentifs.
04:25 Les nuances qu'on avait mises en place entre fortet et piano,
04:28 on peut aller les chercher un petit peu plus loin.
04:29 Il faut aujourd'hui encore beaucoup se battre pour que cette belle et grande musique,
04:35 comme parfois on l'appelle, elle soit aussi populaire dans le sens beau du terme,
04:39 et qu'elle ait sa place en milieu rural, en milieu carcéral,
04:41 mais aussi dans les grandes salles de concert.
04:42 J'essaye d'être aussi audacieuse à la philharmonie que je le suis à Stein,
04:54 on est habillé avec autant d'élégance.
04:56 Et pour moi c'est important de montrer qu'il n'y a pas de petite et grande salle de concert,
04:59 mais qu'au contraire la musique elle a sa place partout.
05:02 C'est présenté à nous ce beau projet du film Divertimento.
05:11 C'est vrai qu'au départ j'étais un peu surprise,
05:14 parce qu'habituellement on ne fait pas forcément des films sur des personnes qui sont encore en vie.
05:18 La rencontre avec Oulaya Amamra, qui joue mon personnage dans le film Divertimento,
05:32 a été une très belle rencontre, parce que c'est une jeune fille,
05:34 qui a un parcours qui est assez proche du mien,
05:38 même si on a quand même quelques années d'écart.
05:40 Mais voilà, une jeune fille qui a aussi grandi dans une banlieue,
05:44 qui a aussi voulu s'engager dans une voie artistique et faire ce métier de comédienne.
05:49 Bienvenue au Grand Rex pour l'avant-première du film Divertimento,
05:59 sur l'histoire de Zahia Ziouani et moi-même.
06:01 Zéro base en solfège et je n'avais jamais joué d'un instrument.
06:06 Elle est très très pédagogue, on le voit dans le film, elle donne des cours.
06:10 J'ai eu la meilleure prof en vérité.
06:11 Et puis ce que c'est aussi d'accompagner un orchestre,
06:23 c'est de donner la couleur et de donner l'énergie,
06:26 parce que c'est surtout ça en vérité un chef d'orchestre.
06:28 Exactement, et puis en fait de lui apprendre à réagir et s'emparer de la musique.
06:32 Et voilà, on a envie qu'en effet, les jeunes puissent s'identifier,
06:36 se permettre de rêver, à réussir.
06:39 Il y a encore beaucoup de choses à accomplir
06:41 et j'espère que le film Divertimento contribuera à faire justement
06:45 évoluer les consciences et permettra aussi à ce que le monde musical change.
06:49 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
06:52 Les sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
06:55 Merci à ce que le monde musical change.
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