L'invitée du jour - Zahia Ziouani

  • l’année dernière
Au rythme de son orchestre symphonique, Zahia Ziouani vibre par son ambition et sa détermination. Son histoire hors du commun sera sur grand écran dès mercredi. Le parcours d’une jeune femme d’origine algérienne, de Seine-Saint-Denis, qui rêve de musique classique et de grandes scènes. Elle fait aujourd’hui partie des rares femmes cheffes d’orchestre et sera sur le plateau pour nous en parler.



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Transcript
00:00 Nous sommes très heureux d'accueillir une chef d'orchestre sur le plateau de Télématin.
00:04 Et quel chef d'orchestre puisque c'est Zaya Ziouani.
00:07 Bonjour et bienvenue à vous.
00:09 Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:11 Vous avez inspiré ce super film qui sort aujourd'hui même au cinéma et qui s'appelle "Divertimento".
00:16 On a adoré avec Thomas.
00:18 On a trouvé ce film très inspirant, mais on voulait savoir comment est né ce projet.
00:23 On est venu vous voir, c'est vous qui l'avez commandé ?
00:26 Non, je ne pense pas qu'on se rêve à commander un film comme ça en plein milieu de sa carrière.
00:30 Après, c'est vrai que je suis très concentrée sur mon activité de tous les jours,
00:35 à faire de la musique, à la partager avec le plus grand nombre partout en France.
00:39 Et c'est vrai qu'on a fait la rencontre d'un producteur qui avait envie de mettre en lumière
00:44 cette dynamique de la musique classique en Seine-Saint-Denis.
00:47 Pas forcément au départ, autour de mon histoire, de celle de ma soeur Fethouma.
00:51 "Divertimento" c'est un orchestre qui existe, que vous avez créé à Stein.
00:54 C'est un peu toute cette histoire et votre parcours qui est raconté dans le film.
00:57 Exactement, toute cette aventure.
00:58 Et en effet, c'est un orchestre qui existe puisqu'aujourd'hui, il fête ses 25 ans en 2023.
01:04 Et voilà, c'est comme ça que petit à petit, ce projet de film est né.
01:07 Et puis, on a eu la grande chance aussi de faire la rencontre de Marie Castimension Charles, la réalisatrice.
01:11 Moi, j'avais vu ses films auparavant et j'étais plutôt rassurée de voir comment elle arrivait à retranscrire à l'écran des histoires vraies.
01:18 Et pour moi, c'était important pour ma soeur Fethouma, ma famille aussi,
01:21 que ce soit retranscrit de façon juste et respectueuse aussi de là où on a grandi.
01:25 Donc c'était la bonne équipe en fait.
01:26 Voilà, exactement. Un pari réussi.
01:28 Et ce qu'on voit dans le film, on voit la naissance et l'éclosion d'une vocation chez vous.
01:32 Elle est née comment cette vocation ? Cette obsession de devenir chef d'orchestre ?
01:37 Déjà de l'amour de la musique et en fait, cette musique symphonique, les opéras de Mozart, les symphonies de Beethoven,
01:44 c'était la musique qu'on écoutait à la maison avec nos parents, notre père en particulier qui était passionné de ça.
01:50 Et moi, je trouvais que c'était une musique qui avait tellement d'énergie, de beauté, des émotions aussi qu'elle procurait
01:54 que j'avais envie d'écouter que ça.
01:57 Et en fait, petit à petit, en faisant de la musique, j'ai commencé par la guitare,
02:00 mais je ne savais pas qu'il n'y avait pas de guitare dans les orchestres.
02:02 Donc après, j'ai fait de l'alto et c'est un instrument qui m'a permis d'intégrer cet univers,
02:07 de découvrir ce que c'est un chef d'orchestre.
02:09 Il y avait eu une frustration au départ parce que vous aviez un frère qui, lui, était inscrit au conservatoire
02:13 et vous, vous n'avez pas eu le droit au départ.
02:14 Oui, c'est vrai.
02:15 Alors parce qu'en effet, j'ai ma soeur jumelle, Fethouma, avec qui justement, je partage aussi tout ce monde,
02:19 qui joue du violoncelle.
02:20 Et comme on était toutes les deux, on a le même âge puisqu'on est jumelle, forcément.
02:24 Et donc, ma mère a été nous inscrire au conservatoire de Pantin, il ne restait qu'une seule place.
02:28 Donc, elle n'a pas voulu choisir entre toutes les deux.
02:30 Et donc, elle a inscrit notre frère qui, justement, aussi a partagé ses passions avec nous.
02:34 Et en fait, maman, elle allait prendre dans les cours les enseignements que mon frère avait.
02:40 Puis finalement, c'est comme ça qu'on a commencé la musique.
02:42 Et puis après, on a pu intégrer le conservatoire de Pantin.
02:44 Et voilà, ça a été une belle aventure en famille.
02:47 Et après, quand justement, je me suis retrouvée à jouer dans un orchestre,
02:50 à découvrir ce que c'était le métier de chef d'orchestre,
02:52 moi, j'avais envie que d'une chose, c'était de le comprendre.
02:55 Donc la scène, je ne vais pas tout dévoiler, mais c'est vrai que...
02:58 Non, mais c'est ce qu'on va faire.
02:59 Voilà.
02:59 Et bien voilà.
03:00 Quel est votre instrument ?
03:05 L'alto, maître.
03:07 Mais je veux être chef.
03:09 Être chef, ce n'est pas un métier de femme.
03:13 Fait Thomas, Esaïa, Zywanik.
03:16 C'est très rare d'intégrer Racine en terminale.
03:18 Quel est votre parcours ?
03:20 Ça existe, la musique classique en scène 5 minutes.
03:22 La fille du 9-3 s'est mise sur son 3-1.
03:25 Et donc, tu te mets sur ton 31, mais tu n'as même pas de baguette, c'est ça ?
03:27 Là, vous vous pressez un petit peu trop.
03:30 Tu as besoin d'un traducteur ou tu vas réussir à nous dire comment jouer toute seule ?
03:33 Toi, il te faut ton orchestre.
03:34 Il te faut un orchestre qui te ressemble.
03:36 Je sais que je suis jeune, mais la musique, c'est ma vie.
03:40 Et il n'y a que quand je dirige que je me sens vraiment vivante.
03:43 Un orchestre symphonique ?
03:45 Mais attends, Zaïa, tu te rends compte des finances qu'il faut pour ce genre de projet ?
03:48 C'est ma faute, je me dis que tu as 17 ans.
03:49 On est en train de créer un orchestre, il n'y en a que 7 ans.
03:52 Tu ne lâches jamais, toi.
03:53 Voici des musiciens du conservatoire de Steyn.
03:56 Franchement, je n'aurais jamais pensé à faire ça.
03:58 Eh oui, en banlieue, on n'a pas de poignants, mais on a de l'imagination.
04:01 Oh non, ils ne vont pas te piquer ta flûte.
04:03 Tu rêves ou quoi ? Ils ne sont jamais sortis de Paris ?
04:05 On n'a pas de place.
04:07 Alors, vous avez cumulé les handicaps.
04:09 Vous vouliez être femme dans un métier où il n'y avait que des hommes.
04:11 Aujourd'hui, il y a 4 % de chefs d'orchestre.
04:13 En gros, il y en a 5 en France, des chefs d'orchestre femmes.
04:16 Vous veniez de Seine-Saint-Denis.
04:17 C'était quoi l'obstacle le plus haut finalement à passer ?
04:20 C'est les origines sociales ou c'est le genre ?
04:24 J'ai envie de vous dire un petit peu tout parce que c'est vrai que quand j'étais jeune
04:27 et justement à l'époque de ce qu'a raconte le film,
04:31 il n'y avait pas de jeunes chefs d'orchestre, il n'y avait pas de femmes chefs d'orchestre.
04:33 Donc, c'était très difficile pour moi de m'identifier, de me dire
04:36 « Tiens, quand je serai grande, je serai chef d'orchestre. »
04:37 Alors, j'en rêvais, mais c'était difficile pour moi de concrétiser.
04:42 Et donc, assez rapidement, quand j'ai fait cette belle rencontre avec ce maestro,
04:45 je me suis dit « Il faut que je crée moi-même cette orchestre. »
04:48 Et en effet, ça a été difficile parce qu'on ne faisait pas confiance aux jeunes,
04:51 on ne faisait pas confiance aux femmes.
04:52 Et forcément, moi qui suis née dans un quartier populaire et qui m'appelle Zahia,
04:56 j'ai aussi un parcours très différent des musiciens.
04:59 Vous avez fallu vous imposer.
05:00 Il a fallu m'imposer et en même temps, je trouve que quelque part,
05:03 ça m'a aussi forcé à faire un pas de côté.
05:05 Et je pense qu'aujourd'hui, si l'Orchesiverti Mento,
05:08 qui est aussi au premier plan du paysage musical aujourd'hui, 25 ans après,
05:12 c'est parce que j'ai aussi apporté un regard différent
05:14 et ça m'a, je pense, aussi beaucoup aidée d'être différente.
05:16 Moi, j'ai une question que j'imagine que tout le monde se la pose.
05:19 On est nombreux à ne rien comprendre à cet objet,
05:22 à cette baguette que vous nous avez amenée ce matin.
05:25 Comment vous leur parlez aux musiciens ?
05:27 Comment vous maniez la baguette ?
05:29 En effet, alors ça, c'est un accessoire qui permet en effet d'être précis aussi
05:34 et puis de pouvoir guider les intentions musicales.
05:36 Après, c'est surtout, il faut pouvoir leur parler pendant les répétitions.
05:39 Et c'est ce moment qui est très important.
05:40 Et je trouve que ce film aussi raconte aussi ce que c'est un chef d'orchestre,
05:44 toute la vie, l'aventure humaine que c'est un orchestre.
05:47 Vous pouvez dire que quand vous, vous dirigez avec la baguette,
05:50 à l'instant où on voit le concert, ce n'est pas forcément là où le travail a eu lieu.
05:53 En tout cas, c'est un peu la phase immergée de l'iceberg,
05:56 mais que le plus gros du travail s'est fait avant.
05:58 Et c'est vrai que l'Orchesiverti Mento, c'est aussi une très belle aventure humaine
06:02 qu'on a construite pendant 25 ans.
06:04 Et voilà, aujourd'hui, on arrive à jouer dans des grandes salles aussi,
06:07 à être dans l'engagement qu'on souhaitait et que je souhaitais.
06:10 Vous jouez partout, vous jouez à la Philharmonie, vous jouez dans toutes les grandes salles.
06:12 On a un message surprise pour vous, figurez-vous. Regardez.
06:15 Coucou Zahia, j'espère que tu vas bien.
06:20 J'avais juste une petite question pour toi.
06:23 Quelle est la meilleure académie de l'Académie d'Iverti Mento ?
06:26 Merci pour ta réponse.
06:28 Et je voulais juste prendre ce petit temps pour te remercier
06:30 pour tout ce que tu fais pour nous, pour la musique, pour la ville et pour l'avenir.
06:36 C'est Gaston, en violoncelliste.
06:37 Exactement.
06:39 Ben justement de l'Académie de Steyn.
06:40 C'est la meilleure ou pas ?
06:42 Oui, en tout cas, c'est vrai que c'est une ville à laquelle on est très attaché
06:45 parce que c'est notre ville de cœur.
06:46 Là, on est en résidence et puis forcément,
06:49 on a créé un lien particulier avec le public, avec les jeunes
06:51 et donc les jeunes de cette académie.
06:53 Et c'est vrai que maintenant, c'est devenu aussi une famille.
06:55 Ils font partie de la famille d'Iverti Mento.
06:56 Parce qu'il y a plusieurs académies en fait.
06:58 Eh ben oui, parce que l'Orchestre d'Iverti Mento d'aujourd'hui,
06:59 c'est un orchestre qui donne des concerts partout,
07:01 mais qui est aussi très engagé.
07:03 Nous, on a envie de partager notre passion de la musique avec le plus grand nombre.
07:06 Alors, on fait beaucoup d'actions pour aller présenter l'orchestre,
07:09 mais aussi pour former des jeunes.
07:10 Et on en forme dans plusieurs régions de France,
07:12 puisqu'aujourd'hui, on est implanté.
07:14 Et pour nous, c'est ça.
07:15 Moi, j'avais envie de créer l'orchestre du 21e siècle,
07:17 un orchestre qui est capable de porter aussi des projets très nouveaux, très singuliers.
07:21 Là, on joue le 30 mars prochain au Théâtre du Rond-Point,
07:23 où on va présenter une symphonie de Mahler de façon très singulière,
07:26 avec une super belle mise en scène.
07:28 - Ah oui, c'est formidable.
07:29 - Des projets autour des JO, du sport.
07:30 Voilà, on essaie d'être très vivants.
07:32 - Vous faites du bien à la société.
07:33 Si quelqu'un va mal, ça fait du bien de vous avoir.
07:35 Vous restez avec nous, Yasiwani.
07:36 Vous restez avec nous jusqu'à 9h30.
07:38 On ne marque pas une pause musicale, mais une pause publicitaire.
07:41 C'est l'avis, mon Kiki.
07:42 - Ça arrive.

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