Lundi 21 avril 2025, retrouvez Vincent Leguilvout (Directeur technique, ENEOR), Stéphanie Nadjarian (Associée principale, Kéa), Franck Amalric (Sponsor Domaine d'Excellence, Square Management) et Mathilde Castagni (Fondatrice, Topinamour) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.
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00:00Générique
00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:12Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Vincent Leguilevou, directeur technique d'Eneor, société d'ingénierie spécialisée dans la performance énergétique.
00:22Il vient notamment nous parler du night tracking qui permet d'économiser jusqu'à 80 000 euros par site et par an.
00:30Dans notre débat, on dévoilera les résultats d'une enquête sur le niveau de maturité des entreprises internationales sur la stratégie RSE.
00:38Seuls 36% des structures interrogées ont pleinement intégré la durabilité.
00:43Et puis dans notre rubrique start-up, je vous présenterai Topinamour et ses produits à base de fruits et légumes moches en vente directe des producteurs.
00:53Trois thèmes, 30 minutes pour les développer. C'est parti.
01:02L'invité de ce Smart Impact, c'est Vincent Leguilevou. Bonjour.
01:07Bonjour.
01:08Bienvenue.
01:08Vous êtes directeur technique d'Eneor, entreprise créée il y a bientôt 15 ans, 2011.
01:14Avec quelle ambition ? C'est quoi l'idée de départ et puis les missions d'Eneor ?
01:19Alors la création d'Eneor il y a 15 ans, c'était l'objectif de faire de la performance énergétique réelle dans le monde du bâtiment et de l'industrie,
01:26en s'engageant enfin sur les résultats dans un monde finalement où à l'époque l'énergie commençait à être un enjeu mais n'était pas encore forcément bien cernée.
01:34Oui, effectivement, c'était beaucoup moins central et stratégique qu'aujourd'hui.
01:39Vous en êtes où de votre développement 15 ans plus tard ?
01:41Alors on a eu la chance de pouvoir commencer à travailler très vite sur des très grosses opérations tertiaires, notamment en Ile-de-France, puis ensuite en France.
01:48Aujourd'hui, on est une trentaine de collaborateurs un peu partout en France, c'est-à-dire à Rouen, à Paris, à Nantes, à Lyon, à La Réunion même.
01:55Et on a rejoint le groupe Acorus il y a maintenant un an, groupe spécialiste de l'éco-rénovation en France.
02:02La performance énergétique d'un bâtiment, ça repose sur quoi ? Parce que c'est peut-être beaucoup plus complexe que ce qu'on peut imaginer.
02:08C'est une question assez large. Déjà, il faut savoir que le bâtiment, c'est 30 à 40% des consommations énergétiques du pays.
02:15On est vraiment dans le front, on va dire, de la performance et surtout des enjeux climatiques.
02:20Aujourd'hui, la consommation des bâtiments, c'est évidemment maintenir les gens au chaud, assurer la climatisation, l'éclairage.
02:28Mais c'est surtout accueillir toute l'activité économique non industrielle du pays.
02:34Donc on représente un énorme impact énergétique et environnemental.
02:39Et aujourd'hui, avec la volonté de limiter le réchauffement climatique, on est vraiment à l'innovation et toujours à chercher les dernières économies.
02:47Et alors justement, à quel point les objets connectés, l'intelligence artificielle, ça permet de faire encore des progrès supplémentaires ?
02:57Qui dit performance dit système complexe, système difficile parfois à piloter, à maîtriser.
03:02Et donc c'est là où l'informatique initialement, puis maintenant l'IA, va nous permettre de piloter intelligemment tous ces usages
03:09et de justement ajuster au mieux la consommation aux besoins effectifs des gens.
03:14– Alors il y a plein de sigles d'acronymes, moi j'en ai retenu un, c'est GTB, gestion technique du bâtiment.
03:20Avec le fait qu'on en parlait avec le DG de SpiFacilities il y a quelques semaines,
03:27le fait qu'il y a souvent des systèmes qui sont mis en place, mais pas forcément hyper efficaces ensuite.
03:33Pourquoi ? Parce qu'il y a un manque de suivi, de formation ?
03:36– Alors c'est toujours pareil, j'aime bien dire que la GTB c'est le mariage de l'informatique et du bâtiment,
03:41donc de milieux qui sont déjà très complexes et où il peut se passer pas mal de choses on va dire en termes de qualité.
03:46Et donc on est sur des systèmes complexes, des prototypes finalement à chaque fois sur un bâtiment
03:50qui sont faits et assemblés par des gens qui parfois n'ont jamais travaillé ensemble.
03:53Donc c'est des systèmes complexes.
03:55Et c'est vrai qu'aujourd'hui il y a un énorme développement de cette activité pour piloter les bâtiments,
03:59mais aussi pour améliorer les pilotages des bâtiments existants parce que finalement l'enjeu c'est le patrimoine existant
04:05bien plus que les bâtiments neufs.
04:06– Oui, effectivement, c'est là-dessus qu'il y a beaucoup de travail à faire.
04:09Alors on va parler de ce night tracking, ça consiste en quoi ?
04:14Ce sont des missions de nuit en fait ?
04:15– Alors oui, c'est une petite mission de conseil en fait qu'on a commencé à proposer à nos clients il y a quelques années
04:20tout simplement parce qu'on a constaté quelque chose à force d'analyser, de suivre, de concevoir des bâtiments,
04:24c'est que finalement 30 à 40% des consommations ont lieu quand le bâtiment est vide.
04:28Tout simplement. Et donc c'est quelque chose qui nous a gassé un petit peu.
04:33– On l'a tous vécu quand on se balade dans une ville.
04:36– Alors on connaît le sujet de l'éclairage allumé toute la nuit quand on se balade à la défense.
04:40Très clairement vous n'avez pas besoin d'ingénieurs pour savoir que la lumière est allumée ou éteinte.
04:44Par contre dans un bâtiment il y a énormément d'usages invisibles, la ventilation est invisible,
04:49même le chauffage parfois est complexe et n'est pas bien vu.
04:51Les pompes tournent souvent en permanence et en fait l'idée du night tracking c'est d'intervenir là où personne n'est là,
04:57tout simplement, pour identifier, cartographier, mesurer les usages invisibles, les réduire
05:04et également se rendre compte aussi que les systèmes d'automatisme dont on parlait à les GTB,
05:09elles ont beau dire qu'elles font des choses parfois sur le terrain, dans la vraie vie, c'est pas le cas.
05:14Et donc c'est comme ça qu'on trouve déjà des économies d'énergie qui sont pérennes et qui sont instantanées en fait.
05:19Donc c'est une mission assez facile mais avec beaucoup de valeur ajoutée et une rentabilité quasiment instantanée.
05:23Mais alors moi je suis très curieux de savoir comment ça se passe.
05:26On rentre dans un bâtiment, les yeux et les oreilles ouverts au maximum ou alors c'est aussi de la data, c'est quoi ?
05:35Alors c'est plusieurs choses. D'abord c'est la data.
05:37On a la chance maintenant à notre époque de pouvoir récupérer des infos très fines sur le comportement d'un bâtiment
05:42et on est capable d'identifier ce qu'on appelle le talon de consommation, c'est-à-dire de regarder combien un bâtiment consomme la nuit et le week-end.
05:48Avec l'expérience qu'on a selon les types de bâtiments, on est capable de dire tiens ce bâtiment-là il y a un potentiel ou pas,
05:54qu'on n'y va pas pour rien. Déjà on a préparé le terrain, on a analysé la situation.
05:59Et ensuite c'est l'expertise de comprendre et de connaître tous les types de systèmes techniques qu'on peut trouver dans un bâtiment
06:04pour savoir comment les optimiser et de la mesure.
06:07Parce qu'encore une fois, parfois il faut mesurer les consommations énergétiques de certains systèmes
06:12pour se rendre compte si oui ou non ils ont un impact important.
06:16Et donc ça veut dire qu'il faut quand même se déplacer sur place la nuit pour se rendre compte ?
06:21La clé c'est le terrain. La clé c'est le terrain.
06:22Parce que justement le problème principal c'est qu'il n'y a personne dans ces bâtiments-là durant ces moments clés.
06:29Et le simple fait d'être là, de mesurer, d'observer et surtout d'avoir une bonne compréhension de ce qui se passe, c'est la clé.
06:37Et alors avec quel résultat ?
06:39Alors c'est assez simple.
06:41On considère généralement qu'on est capable de réduire 20 à 30% de la consommation passive de la nuit et du week-end
06:48et ça peut représenter jusqu'à 10% des consommations d'un bâtiment de bureau par exemple.
06:52Pour donner un MUD, ça fait jusqu'à 2 euros du mètre carré.
06:56Je disais qu'en préparant l'émission, ça peut allier jusqu'à 80 000 euros par an et par site.
07:01Alors ça dépend de la taille du site j'imagine.
07:03On a la chance de travailler sur des très beaux bâtiments à la défense, des tours, des centres commerciaux assez gigantesques.
07:11Donc forcément ça va très très vite.
07:13Et il n'y a pas de travaux à faire, quasiment pas.
07:16Parfois on répare un petit peu la GTB, la régulation, mais il n'y a quasiment pas de travaux.
07:19Donc en fait parfois les économies on les a faites en sortant du bâtiment durant la nuit.
07:23Et donc contrairement à certaines études d'ingénierie qui sont un peu complexes, qui nous demandent du temps et qui après déclenchent des travaux,
07:30là par rapport aux objectifs de réduire les consommations des bâtiments de 40% d'ici 2030,
07:36on a déjà fait un quart du chemin sans travaux, sans surcoût et de manière instantanée.
07:42Oui alors ça c'est une dimension qui est importante.
07:45C'est aussi le respect des réglementations, l'amélioration de son bilan carbone, de son bilan extra-financier.
07:52Ça fait partie des arguments que vous portez quand vous venez parler de night tracking ?
07:55Il faut être honnête, l'importance de la réglementation en France fait que tous ces objectifs de limitation de gaz à effet de serre
08:02ont été transposés en France par des lois très ambitieuses.
08:05On doit réduire sur facture les consommations des bâtiments de 40% d'ici 2030.
08:12Pour des gens qui travaillent dans la performance énergétique réelle, pour nous on est évidemment ravis.
08:17Également on va devoir installer des systèmes de gestion technique de bâtiments sur quasiment tous les bâtiments
08:21d'une certaine taille, d'une certaine puissance.
08:23Donc très clairement on est en ligne.
08:25Vous avez 40% d'économie à faire très vite.
08:27Avant de vous lancer dans des travaux qui coûtent des centaines de milliers d'euros,
08:30déjà on peut faire, nous on est confiant sur le fait qu'on peut faire 20 voire 30% d'économie
08:35avec un peu d'huile de coude et un peu de réflexion.
08:38– Ça veut dire que le mouvement qui était sans doute très fort quand on a eu la période 2022
08:45où la France, les centrales nucléaires marchaient moins bien, étaient en réparation,
08:53aujourd'hui c'est plus le cas, on produit plus d'électricité qu'on consomme.
08:57Est-ce que ça veut dire qu'il y a un peu moins de prospects ou de clients qui viennent vers vous
09:02ou est-ce que le mouvement il est là ?
09:03– Le mouvement est là pour plusieurs raisons, déjà le prix de l'électricité va continuer à augmenter,
09:07c'est le sens de l'histoire, c'est un peu compliqué donc je ne vais pas me lancer dans le détail
09:10mais ça va continuer à augmenter, la géopolitique je n'en parle même pas
09:13et tout simplement ce qui a été constaté l'hiver dernier c'est que parfois le réseau électrique était fragile
09:18et que consommer, ce n'est pas qu'une question de combien on consomme mais comment on consomme
09:23et donc l'idée de réduire ces appels de puissance le matin, le soir, la nuit,
09:29c'est bon pour le réseau électrique et donc c'est bon pour finalement
09:32toute l'économie du pays plutôt que de brûler du gaz, du pétrole au mauvais moment.
09:38– Donc vous pensez que ça a été un changement d'état d'esprit qui est durable ?
09:43– On le constate depuis 15 ans, ça a été intégré dans la profession
09:47et pour nous qui travaillons principalement dans l'immobilier tertiaire,
09:50on sait aussi que les clients, les promoteurs maintenant savent
09:52que si leurs bâtiments ne sont pas performants, ne sont pas faciles à piloter,
09:57ils vont perdre en valeur.
09:58Alors cette fameuse valeur verte dont on parle depuis plus d'une dizaine d'années,
10:01maintenant nous on la sent concrètement dans la réaction des promoteurs,
10:05des foncières qui gèrent finalement leurs actifs.
10:08Et ça c'est quelque chose que même si la réglementation disparaissait,
10:12entre guillemets ça ne disparaîtra pas, c'est les effets du marché.
10:15– Et alors je reviens sur les consommations de nuit ou de week-end
10:18parce qu'en vous écoutant je me dis mais pourquoi on ne l'a pas fait avant ?
10:22– C'est ça mais c'est peut-être aussi révélateur de cette période
10:27où on avait l'impression que l'énergie elle était tout le temps là,
10:30disponible, pas si chère que ça, etc.
10:31– C'est clair que les bâtiments sur lesquels on intervient
10:34ont été construits à une autre époque.
10:36Quand vous voyez le détour entièrement vitré plein sud,
10:39encore aujourd'hui on se dit tiens il y a quelque chose
10:41où l'homme a pensé que la technologie pouvait vaincre la nature
10:45à n'importe quel prix et c'était facile.
10:47Et d'ailleurs ça l'était avec les énergies fossiles aujourd'hui.
10:51Il faut juste injecter de l'intelligence dans tout ce qu'on fait
10:54et la logique d'adapter toujours finalement nos usages à nos besoins,
11:00c'est un principe que tout le monde applique, que ma grand-mère appliquait
11:03et finalement cette mission-là c'est juste du bon sens,
11:06en effet ce n'est pas du tout notre mission d'ingénierie la plus impressionnante.
11:08Par contre elle est rapide, elle est facile à comprendre et à mettre en place
11:12et c'est vrai que c'est un bon premier pas pour nos clients
11:15pour faire de la performance énergétique.
11:17Une fois qu'on a mis les pieds dans le bâtiment,
11:19on va trouver d'autres choses à faire de toute façon.
11:21Merci beaucoup Vincent Le Guilbou, à bientôt sur Be Smart for Change.
11:25On passe à notre débat, la maturité des entreprises internationales en matière de RSE.
11:35Le débat de ce Smart Impact, on parle de la maturité des entreprises internationales
11:40en matière de RSE avec Stéphanie Nadjarian, bonjour.
11:44Bonjour.
11:45Bienvenue, vous êtes associée principale chez KEA et présidente de TTA Institute
11:49et Franck Amalric, bonjour.
11:51Bonjour.
11:51Sponsor domaine d'excellence chez Square Management.
11:55Pourquoi cette étude sur la maturité des entreprises internationales en matière de RSE ?
11:59C'est quoi votre démarche en fait ?
12:01KEA, on a un cabinet de stratégie entreprise à mission,
12:04donc déjà le sujet nous intéresse
12:06et je pense qu'on partage avec nos bureaux européens
12:12l'idée qu'on peut être optimiste par rapport à cette transformation qui est en cours
12:19mais qu'il faut trouver des bons leviers.
12:21Donc on a fait cette étude pour interroger les entreprises sur à la fois l'ambition qu'elles mettaient
12:26et comment elles arrivaient ou pas à faire aboutir leur transformation.
12:34Oui, à l'intégrer à leur stratégie. C'est quoi la méthodologie ?
12:36Vous avez interrogé un certain nombre de chefs d'entreprise, de cadres ?
12:40On a fait d'abord une partie quanti, donc un questionnaire envoyé à différentes entreprises
12:48et ensuite on a pris le temps de faire 50 interviews de dirigeants
12:51pour creuser en profondeur et les faire réagir par rapport aux résultats de l'étude.
12:56Franck Amalric, une étude comme celle-là, pourquoi elle peut vous intéresser ?
13:00En quoi elle peut être éclairante ?
13:02Je pense qu'il y a eu toute une période où la RSE, c'était quelque chose qu'on mettait à côté du modèle d'affaires
13:09pour essayer d'améliorer un peu à la marche.
13:12Et le défi depuis maintenant quelques années, c'est en effet d'intégrer ça dans le modèle d'affaires de l'entreprise
13:17et dans sa stratégie.
13:19C'est aussi l'ambition de la CSRD, la réglementation européenne,
13:23qui était de dire est-ce que votre stratégie, est-ce que votre modèle d'affaires
13:26est aligné avec les enjeux qui sont les nôtres, que ce soit sur le climat, biodiversité, etc.
13:31Et une étude comme ça vient renseigner ce qui peut être fait pour arriver à ce graal
13:37qui est véritablement d'intégrer la stratégie de l'entreprise avec ses enjeux environnementaux.
13:41Vous, chez Square Management, vous l'avez senti quand même l'évolution ?
13:44C'est vrai que ça a été souvent des directeurs ou directrices de la communication et de la RSE.
13:49Maintenant, j'en reçois beaucoup moins.
13:51Et c'est souvent intégré à la stratégie.
13:52Vous, vous le ressentez aussi ?
13:54Alors, on ressent beaucoup la volonté d'essayer d'y arriver.
13:58Ce n'est pas toujours la même chose.
14:01Mais si vous voyez l'évolution dans les entreprises,
14:04il y a un indicateur qui est très marquant.
14:08C'est les personnes qui sont responsables de la durabilité.
14:11Pendant longtemps, c'était des gens qui avaient fait de la durabilité toute leur vie
14:15et qui étaient très motivés par ça.
14:17Aujourd'hui, on trouve beaucoup de directeurs ou de directrices de la RSE ou de la durabilité
14:21qui viennent en fait de la partie business.
14:24Avec cette idée, justement, qu'ils apportent une compréhension, disons, plus fine
14:28et une perspective plus importante sur la manière d'intégrer justement la durabilité et le business.
14:33Donc, il y a cette ambition-là.
14:36Il y a quand même beaucoup d'entreprises qui cherchent encore leur voie.
14:39Et donc, une étude comme ça, elle va être très intéressante pour dire justement
14:41quels sont les leviers, comment est-ce qu'on y arrive ou non.
14:43Stéphanie ?
14:44On a regardé d'ailleurs où est-ce qu'était positionnée la fonction RSE dans les entreprises.
14:50Ce qui est intéressant, c'est qu'on voit à 60%, c'est un N-1 du DG ou un N-2.
14:55Par contre, est-ce qu'en termes de localisation, est-ce qu'il y a des schémas qui commencent à émerger ?
15:02Honnêtement, non.
15:03En fait, on voit une fonction RSE qui peut être soit stand-alone, soit intégrée à une fonction innovation,
15:09une fonction RH, une fonction financière.
15:11Il y a un peu tous les cas de figure encore.
15:12Il y a un peu tous les cas de figure.
15:13On ne voit pas encore, même quand on essaye de croiser avec des secteurs,
15:17on ne voit pas encore de schéma vraiment se dessiner.
15:21En tout cas, de tendance se dessiner.
15:22On va donner pas mal de chiffres de résultats de l'effet.
15:26Je vais essayer.
15:27Vous et moi, on va essayer de s'y coller à deux.
15:30Par exemple, j'ai trouvé ça, 24% seulement des entreprises intègrent des objectifs RSE dans les primes des dirigeants.
15:37Alors, on parle d'argent tout de suite, mais est-ce que c'est un levier de modification et puis d'intégration de la durabilité à la stratégie ?
15:45Moi, je crois, et je le vis avec nos clients, c'est certainement un des leviers les plus forts et les plus puissants.
15:51Donc, ce chiffre, il y a deux manières de le voir, on peut un peu quelque part se la monter de ce mouvement.
15:58Au contraire, pour moi, alors chez Kéa, vous le savez, on est très optimiste, on est des optimistes de combat.
16:03Pour moi, c'est plutôt une raison d'espérer, en fait.
16:07Parce qu'il y a de la marge ?
16:07Parce qu'il y a de la marge, exactement.
16:09C'est certainement, on le sait, un des leviers les plus puissants.
16:11Donc, 24%, ça nous montre qu'il y a encore 75% des entreprises sur lesquelles on peut progresser.
16:18Est-ce que déjà, on aurait pu commencer par là, Franck Amalric, est-ce qu'on peut définir la RSE ?
16:24Est-ce que tout le monde l'a défini de la même façon ?
16:28Si vous voulez, il y a la RSE...
16:32Est-ce que je veux dire responsabilité sociale, sociétale ?
16:34Oui, oui, oui.
16:35Non, il y a eu beaucoup de définitions différentes.
16:37Et puis, il y a eu un moment au début des années 90, c'est le début de la mondialisation économique.
16:42Les chaînes de valeur s'allongent d'approvisionnement.
16:46Il y a le déplacement, tout le processus d'installation d'usines, d'endrévilles.
16:51Et donc, à ce moment-là, la grande question qui se pose, c'est de savoir,
16:55est-ce que je peux m'assurer que la manière dont les produits sont produits dans un pays lointain...
17:01Est-ce que je maîtrise ma chaîne de valeur ?
17:02Est-ce que ça va respecter un certain nombre de minimums de critères dans le droit du travail, dans l'environnement, etc.
17:09Et donc, il y a une sorte de volonté, dans ces années-là de mondialisation économique,
17:14de civiliser, si je puis dire, le capitalisme et de s'assurer qu'il y a un minimum de respect des parties prenantes.
17:19On parle beaucoup de parties prenantes, toujours.
17:21Et puis, il y a un autre processus, qui est ce processus de la durabilité et de ces enjeux de transformation de nos économies
17:29pour les rendre plus durables.
17:31Et là, on parle plus d'impact positif.
17:33Et là, on parle plus d'impact positif.
17:35On a pu appeler notre émission Smart Impact avec un plus à côté.
17:37Et de contribution à la transition.
17:39Et alors, quelquefois, on dit, si on respecte les parties prenantes, on va aussi contribuer à la transition.
17:43C'est quand même deux sujets assez distincts qu'il faut traiter de manière distincte
17:49et qui, aujourd'hui, c'est encore un peu tout ça, un peu mélangé.
17:53Sur la réglementation, Stéphanie Nadjarian, quel rôle elles jouent ?
18:00Est-ce que les entreprises, finalement, font de l'RSE parce que la réglementation les y oblige ?
18:05Ou est-ce que ça va plus loin ?
18:06Deux manières de répondre à votre question.
18:09La première, quand on demande aux entreprises pourquoi elles se mettent en mouvement,
18:15dans les facteurs exogènes, le premier point qui ressort, à date,
18:18c'est la réputation et pas la réglementation.
18:22Je trouve que c'est intéressant.
18:23Et d'ailleurs, on le voit dans l'étude, les secteurs qui semblent,
18:27en tout cas qui déclarent se mettre le plus en mouvement,
18:30c'est plutôt les secteurs qui sont directement face aux clients.
18:34Donc la réputation, c'est le premier moteur.
18:38Le deuxième, c'est la partie réglementation.
18:39Après, deuxième manière de répondre à votre question,
18:42c'est finalement, au travers de l'étude,
18:44on arrive à caractériser trois archétypes d'entreprises.
18:49Avec trois niveaux d'ambition.
18:51Les premières, c'est celles qui sont purpose-driven.
18:55Les secondes, celles qui le font en se disant,
18:58je vais en faire un atout compétitif.
19:01Et puis les troisièmes, c'est celles qui le font pour les raisons de compliance.
19:04Et ça reste quand même la majorité des entreprises
19:07qui le font pour la partie compliance.
19:09Avec quand même, puisqu'on parle de réglementation,
19:13où vous évoquiez la directive CSRD, le bilan extra-financier,
19:17on est plutôt dans un moment de frein ou de recul d'ambition.
19:23La réglementation omnibus qu'on attend,
19:26on va voir à quel niveau de recul d'ambition on sera.
19:29Mais est-ce que ça veut dire que le mouvement,
19:32parce qu'une entreprise, en général,
19:34quand elle prend un virage stratégique,
19:35elle ne le prend pas pour six mois.
19:36Donc est-ce que vous craignez qu'il y ait moins d'entreprises qui s'y mettent,
19:41puisqu'il y a un climat général, on va dire, devant le contraire ?
19:46Je ne pense pas que la CSRD, en tant que telle,
19:48soit la chose la plus importante.
19:50La CSRD, c'est une obligation de reporting,
19:53ce n'est pas une obligation de faire.
19:55Les entreprises disent, bon, voilà.
19:56Je pense que là où ça va se jouer,
19:59c'est autour du Green Deal,
20:00enfin si on parle de l'Europe.
20:01Est-ce que la volonté européenne de transformer nos économies
20:06pour les rendre durables,
20:08et qui supposait des transformations colossales,
20:11colossales, c'est le mot de la Commission européenne
20:12quand elle présente le pacte vert,
20:14elle dit, ça va.
20:16Et ça, si cette volonté de transformer les économies reste là...
20:20Avec le fléchage de l'argent...
20:23Avec le fléchage de l'argent,
20:24avec des réglementations secteur par secteur,
20:28sur les transports, etc.
20:29Si ça, ça reste là,
20:31et bien pour des raisons d'adaptation et de compétitivité,
20:34les entreprises vont être obligées
20:35de se positionner par rapport à ça.
20:37Et donc, c'est en fait la question clé,
20:38c'est le projet politique d'ensemble.
20:40Est-ce que l'Europe maintient son projet politique
20:43de se décarboner,
20:45de découpler son activité économique
20:47de l'utilisation des ressources,
20:48de s'assurer que tout le monde va rester
20:50inclus dans le processus ?
20:52Si ça, ça maintient les entreprises...
20:54Je pense que ça, c'est plus important
20:55qu'à la CSRD en tant que telle.
20:57Et oui, allez-y.
20:58Hier est sortie une étude
21:01de la fondation Jean Jaurès
21:04qui montre que, en fait,
21:06les Français, à l'heure actuelle,
21:08considèrent l'entreprise
21:10comme un des remparts
21:12par rapport à toute l'adversité
21:14qui est en train de se jouer.
21:15On a eu le Covid, la guerre de l'Ukraine,
21:18maintenant les contextes géopolitiques.
21:20Donc je trouve que cette question, à nouveau,
21:22on sait très bien qu'en France,
21:22on a la chance d'avoir la loi PACTE
21:24qui pose le statut de l'entreprise à mission.
21:29Mais je pense qu'en ce moment,
21:32l'entreprise n'a jamais été aussi politique
21:34et que c'est une attente, en fait, des Français.
21:38Je suis d'accord avec vous,
21:38mais votre étude, elle parle de la maturité
21:40des entreprises internationales,
21:42donc qui font du business aux États-Unis.
21:45Ça durera peut-être que 4 ans,
21:46peut-être même que 2 ans,
21:47on verra ce que donnent les élections de mi-mandat.
21:49Mais j'imagine que quand on fait
21:51beaucoup de business aux États-Unis,
21:52peut-être que les enjeux RSE passent un peu à la trappe.
21:55Voir, il faut respecter les injonctions d'un président
21:58qui dit moins de diversité dans votre entreprise.
22:01Ah mais c'est le moment où il ne faut pas lâcher.
22:03On le sait très bien.
22:04Enfin, l'étude, on l'a faite avant.
22:09Avant.
22:10Donc je n'ai pas de capacité à vous donner
22:13des chiffres qui illustrent ça.
22:14Après, je pense que ce qui se joue en ce moment,
22:16c'est notre capacité, nous, patrons d'entreprise,
22:19à défendre un modèle économique
22:22et un modèle de capitalisme européen.
22:25Donc oui, la dimension politique,
22:27elle est omniprésente.
22:29Ce qui est intéressant à nouveau,
22:30c'est qu'au travers de l'étude,
22:34mine de rien,
22:35ceux qui déclarent se mettre le plus en mouvement,
22:37c'est bien ceux qui ont affiché l'ambition la plus forte.
22:39Alors ça semble logique, facile à dire,
22:42mais c'est quand même rassurant
22:44de montrer qu'il y a corrélation.
22:46Merci beaucoup, merci à tous les deux
22:48et à bientôt sur Be Smart for Change.
22:50On passe tout de suite à notre rubrique start-up.
22:59Smart Ideas, notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables
23:02avec Mathilde Castagny.
23:03Bonjour.
23:04Bonjour.
23:05Vous êtes la fondatrice de Topinamour,
23:07créée en 2022 avec quelle idée ?
23:10Racontez-moi.
23:11Alors moi, c'est parti du point que moi,
23:13j'étais passionnée de marketing, d'expérience client.
23:15Et du coup, je travaillais là-dedans.
23:17Et en fait, un jour, je regardais un reportage
23:19sur le gaspillage alimentaire.
23:21Donc ça, c'était il y a quelques années maintenant.
23:24Et du coup, je n'y croyais pas.
23:26Je ne croyais pas à ce reportage.
23:28En fait, on nous disait qu'il y avait des tonnes de fruits et légumes
23:30que les agriculteurs...
23:303 millions de tonnes de fruits et légumes jetées chaque année en France,
23:34ce chiffre est dingue.
23:35C'est énorme.
23:35Et moi, je n'y croyais pas.
23:36Du coup, je m'étais dit que j'allais regarder ce qui se passait.
23:39Donc en fait, j'ai fait deux mois de Tour de France
23:41où j'ai été rencontrer les agriculteurs,
23:43j'ai découvert leur métier, j'ai travaillé avec eux.
23:45Et en fait, je me suis rendu compte qu'il y avait une vraie problématique.
23:47Et alors, pourquoi ils sont jetés ces fruits et légumes ?
23:49À cause de nous, consommateurs, ils sont, je mets plein de guillemets, moches.
23:54Ou alors, ils ne sont pas assez grands.
23:56Il y a un petit problème de calibrage, etc.
23:58C'est ça ?
23:59Oui.
23:59En fait, ça va être ça.
24:01Ça va être plein de raisons.
24:02Ça va être où ils vont être trop gros, où ils vont être trop petits,
24:04où ils vont avoir des formes un peu trop rigolotes, pas normales.
24:08Ou même juste le surplus.
24:09Donc, c'est des raisons qui sont absurdes
24:11et qui, au final, forcent les agriculteurs à les jeter
24:14parce qu'ils n'ont pas d'autres sources pour les vendre.
24:17Et donc, vous vous dites,
24:18« Ok, je vais créer une marque pour récupérer ces fruits et légumes, c'est ça ? »
24:25Et alors, vous en faites quoi ?
24:26Oui.
24:26En fait, c'est parti de ça.
24:28En fait, j'avais plein d'agriculteurs qui ne savaient pas quoi en faire,
24:30qui étaient dans des situations compliquées.
24:33Et en fait, je me suis dit, « Go les aider, en fait. »
24:35« Go les aider parce que moi, je suis forte en marketing. »
24:37Et ça, au final, c'est qu'une pomme qui est trop petite.
24:40Enfin, c'est que des problèmes de points.
24:42Maintenant, on les rachète pour les accompagner, nos agriculteurs.
24:45Et on en fait des produits transformés.
24:47Donc là, on a 15 produits alimentaires qu'on commercialise.
24:50Alors, des jus de fruits, des quoi ? Des compotes ?
24:54Oui, on a vraiment une grosse gamme.
24:56On va avoir du coup des jus de pommes, on a des petites tartinades pour l'apéro.
24:59Et on va même jusqu'au ketchup, par exemple, des ketchup de tomate verte.
25:03Hyper original.
25:03Qu'est-ce que ça change pour ces agriculteurs, ces producteurs qui deviennent vos partenaires ?
25:11Ce que ça change, déjà, c'est une valorisation de leur travail.
25:14C'est quand même agréable de savoir qu'on travaille pour quelque chose.
25:17Et donc, il y a cette partie, mais il y a aussi la partie financière,
25:20parce que quand même, on les rémunère à la juste valeur des produits.
25:23Est-ce que ces produits-là sont quand même payés un peu moins chers
25:27que ceux qui partent dans le circuit, on va dire, classique de la grande distribution et de la consommation ?
25:33Alors, ça, c'est une bonne question.
25:35L'idée, c'est que c'est des produits qui ont une valeur.
25:37Donc, on les rachète.
25:38Ils vont être moins chers, mais clairement, ils ont une valeur.
25:41On les rachète vraiment à la juste valeur.
25:42Donc, ils ne sont pas dévalorisés, clairement.
25:44Ils ne sont pas dévalorisés.
25:45Et donc, c'est un complément de revenu pour ces agriculteurs qui, jusqu'à présent,
25:50d'ailleurs, qu'est-ce qu'ils devenaient ?
25:51Ils étaient détruits ?
25:52Alors, ou ils étaient abandonnés directement sur les exploitations.
25:55D'accord.
25:56Ou ils étaient broyés.
25:58Ou ils allaient en faire des tas pour les animaux ou autre.
26:01Oui, ok.
26:02Alors, comment ça marche ?
26:03Ça fait, quoi, deux ans, bientôt trois ans que vous avez créé Topinamou ?
26:06Vous en êtes toutes, son développement ?
26:08Là, on s'est bien développé.
26:11Donc, on a la grosse gamme de produits.
26:12Maintenant, on est revendu dans des distributeurs.
26:16On a les hôtels, on a les traiteurs, on a des boulangers, on a des épiceries.
26:20Enfin, on a pas mal de personnes qui vont revendre nos produits.
26:23Est-ce que quand j'achète un produit Topinamou, je sais qu'il y a cette démarche associée ?
26:28Oui, carrément.
26:29Ça, c'est hyper important pour nous.
26:30En fait, derrière tous nos produits, on va raconter l'histoire.
26:33Tous les produits sont uniques parce qu'on accompagne un agriculteur.
26:36Et du coup, on va raconter pourquoi vous avez acheté une tartinade,
26:39pourquoi le jus de pomme, c'est quoi sa petite histoire derrière.
26:42Vous aviez participé, je crois, à l'émission d'M6, qui veut être mon associé.
26:47C'était il y a combien de temps ? Et qu'est-ce que ça a changé ?
26:50C'était il y a maintenant deux ans.
26:53Donc, peu de temps après la création de Topinamou.
26:55C'est ça.
26:55Donc, on était vraiment au début.
26:57Donc, on avait, je crois, deux produits, quelque chose comme ça.
26:59On avait un autre modèle.
27:01Et nous, ça nous a vraiment apporté une structure.
27:04Ça nous a permis de passer à l'échelle, de vraiment, d'automatiser pas mal de choses
27:09et de grossir, clairement.
27:11Et d'avoir notre nouvelle vision.
27:12Parce que c'était quoi, le modèle initial ?
27:14Alors, initial, c'était pas du tout ça.
27:15On faisait des paniers de fruits et légumes.
27:17D'accord.
27:17Donc, on était, mais pas du tout là.
27:20Et ensuite, suite à l'émission, du coup, on a pris les retours de tous les investisseurs, tout ça.
27:24Et on a voulu avoir encore plus d'impact.
27:27Et c'est là où on a lancé la gamme de produits.
27:29Et donc, ça a tout changé ?
27:30Oui, clairement.
27:31Parce que le modèle initial, il était pas forcément viable ?
27:36Si, si, il était viable.
27:37Mais nous, notre ambition, c'était d'accompagner tous les agriculteurs.
27:40Et d'y accompagner sur des gros volumes pour lutter contre ce gaspillage.
27:44Et on s'est rendu compte qu'avec la gamme de produits,
27:46on pouvait aller encore plus loin, avoir encore plus d'impact.
27:48Donc, voilà le modèle.
27:50Merci beaucoup, Mathilde Castagny et Bonvent à Topinamour.
27:54Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:56Merci à toutes et à tous de votre fidélité à Be Smart for Change.
28:00C'est la chaîne des audacieuses et les audacieux.
28:02Salut !