Cet étudiant en informatique de 22 ans a étudié le code source de Parcoursup pour savoir ce qui se cache derrière la nouvelle plateforme d'inscription dans le supérieur. Voici ce qu’il a trouvé…
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00:00Avec Parcoursup, il y a une grosse opacité sur les critères qui sont utilisés par les universités quand elles trient leurs candidats.
00:23Ce code source, il explique un petit peu comment ça marche techniquement, comment on va traiter les dossiers des différents candidats.
00:29Parcoursup, ça fonctionne en trois étapes.
00:31Première étape, les étudiants font des candidatures.
00:34Ils candidatent à différentes formations.
00:36Deuxième étape, les universités, les écoles et les lycées reçoivent ces candidatures et vont trier les différents candidats.
00:44Là, ils ont la possibilité de créer leurs propres algorithmes, les algorithmes locaux,
00:48pour trier les candidats selon leurs critères propres, notamment les notes, les appréciations des professeurs,
00:54la fiche à venir aussi, les lettres de motivation, donc tout ça, ça entre en compte dans cette deuxième phase.
00:58Et la troisième phase de Parcoursup, c'est le moment où on va envoyer les propositions aux candidats.
01:04Et juste avant d'envoyer les propositions aux candidats, il y a un petit algorithme qui va tourner
01:08et qui va retrier encore la liste sur deux critères.
01:11Donc le premier critère, c'est savoir s'il y a suffisamment d'étudiants boursiers.
01:15Et le deuxième critère, c'est savoir si nos candidats sont bien de la zone géographique de la formation.
01:19Donc Parcoursup ne trie pas sur des critères académiques les candidats,
01:23mais par contre, il y a bel et bien des critères plutôt sociaux qui vont être pris en compte pour trier les candidats.
01:29Nous, ce qu'on a, c'est l'algorithme de la troisième phase, de la phase de l'envoi des propositions aux candidats.
01:35On sait concrètement comment Parcoursup va trier les listes de candidats et comment ils vont faire pour envoyer des propositions.
01:41Ce qu'on ne sait pas, c'est quels sont les critères et quels sont les algorithmes utilisés localement,
01:46université par université, pour trier ces candidats. Et ça, c'est une information qui nous manque aujourd'hui.
01:51Les universités peuvent faire absolument ce qu'elles veulent.
01:53On a eu des témoignages d'universités qui, par exemple, regardaient à la fois les moyens des candidats,
01:58mais aussi les pourcentages de réussite au bac, et qui disaient, plus un lycée a de pourcentages de réussite au bac,
02:04plus on va favoriser ses candidats. Ils n'ont pas à dire aujourd'hui la manière dont ils ont trié les candidats.
02:09Et donc, ils peuvent avoir utilisé des critères extrêmement arbitraires, dont certains qui sont parfois un peu révoltants,
02:14comme le fait de dire qu'on va faire baisser les élèves qui sont redoublants, qui ont redoublé dans leur scolarité.
02:20Ça, c'est des critères qui ont été utilisés, qui ne sont pas utilisés partout dans Parcoursup,
02:24mais ponctuellement, certaines formations ont pu utiliser ces critères.
02:33C'est une nouveauté qui a été apportée par Parcoursup.
02:36Comme les candidats ne classent plus leurs vœux, et comme un même candidat peut avoir plusieurs formations,
02:41on n'a plus d'algorithme d'affectation qui vient faire le lien entre les candidats et les formations.
02:46On va prendre un exemple très concret.
02:47Si je suis directeur d'un BTS informatique, que j'ai 50 places et que je reçois 500 candidatures,
02:54traditionnellement, avec APB, je triais mes 500 candidats et les candidats numérotés de 0 à 100,
03:01souvent, ils partaient ailleurs parce qu'ils n'avaient pas vraiment envie de faire ce BTS
03:03et qu'ils venaient là, qu'ils l'avaient mis un peu en roue de secours.
03:06Sauf que maintenant, avec Parcoursup, comme les candidats ne trient plus leurs vœux en amont,
03:10on ne sait plus où est-ce qu'ils ont envie d'aller.
03:12Et si on accepte seulement les 50 premiers candidats, on sait pertinemment qu'ils ne vont pas venir.
03:18Et donc, on va être obligé d'attendre qu'ils nous disent
03:19« non, je ne viens pas » pour accepter les 50 candidats suivants, qui, non plus, ne vont pas venir.
03:23Et donc, une semaine plus tard, on va accepter les 50 candidats d'après.
03:26Et ça va être un processus très long pour remplir mon BTS informatique.
03:30Mais maintenant, j'ai une autre option, et c'est une option qui a été donnée par le ministère cette année,
03:34c'est de dire « puisque vous savez que, traditionnellement, c'était plutôt les candidats classés 100, 200 qui venaient,
03:39au lieu d'accepter 50 candidats, vous n'avez qu'à dire que vous acceptez 250 candidats.
03:44Comme ça, il y aura 250 personnes qui obtiendront un « oui » en se connectant.
03:47Et après, croisez les doigts pour que seulement 50 acceptent.
03:51Et ça, vraiment, c'est quelque chose qui a été fait par certaines formations,
03:54qui est assez dangereux pour elles, et qui n'existait pas avec APB,
03:57parce qu'APB n'avait pas à prendre en compte ce cas de figure-là.
04:00À la rentrée, on peut effectivement se retrouver avec des universités
04:02qui seront surbookées, où il y aura trop de candidats.
04:04Alors après, à voir, toutes les formations n'ont pas utilisé cette possibilité d'overbooking,
04:08mais celles qui l'ont fait prennent un risque assez important.