REPLAY - Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, répond à vos questions et à Rémy Buisine.
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00:00Bonjour à toutes et bonjour à tous. On est en direct sur Brut avec Bruno Le Maire, ministre de l'Economie. Bonjour à vous, M. Le Maire.
00:11Bonjour.
00:12Pas mal de questions des internautes dans les commentaires. N'hésitez pas à réagir. Mais tout d'abord, c'est vrai que ça fait des années qu'on dit aux Français
00:19de se serrer la ceinture. On se souvient notamment à l'époque des mesures du mouvement des gilets jaunes où il y avait eu plusieurs milliards d'euros
00:25qui avaient été mis sur la table. On avait dit qu'il n'y a pas d'argent magique. Aujourd'hui, on sort des milliards d'euros pour soutenir l'économie.
00:31Mais qui va financer ça ? Comment va-t-on rembourser ? Est-ce que ça va passer par une hausse des impôts, de la TVA ? Finalement, qui paiera ?
00:37Aujourd'hui, ce qu'ils payent, c'est les comptes publics et donc c'est la dette. C'est vrai qu'on va augmenter la dette française pour financer toutes ces mesures.
00:46Mais nous, on estime que ça coûte moins cher de sauver des entreprises. Quand je dis des entreprises, c'est des entrepreneurs, des artisans, des commerçants,
00:54des indépendants, des professions libérales plutôt que d'avoir à tout reconstruire ensuite parce qu'il y aura eu trop de casse économique et trop de faillite.
01:01Donc c'est un vrai choix politique. Nous préférons nous endetter maintenant pour ne pas perdre notre tissu économique.
01:07– Et ça veut dire demain, qui va rembourser ? C'est ça la question.
01:10– Nous verrons demain quelles dispositions nous prenons. La meilleure façon de rembourser, c'est de créer de la croissance.
01:16Si vous voulez désendetter le pays demain parce que ce sera beaucoup endetté aujourd'hui pour soutenir l'économie,
01:21il faut pouvoir relancer l'activité économique à la sortie de la crise parce que la meilleure façon de désendetter,
01:27avant qu'on parle d'impôts, de taxes, la meilleure façon de désendetter, c'est de la croissance et c'est de l'activité économique.
01:33C'est bien pour ça qu'il ne faut pas casser l'activité économique aujourd'hui.
01:36– Est-ce qu'une hausse des impôts, des taxes est totalement à exclure dans les prochains mois ?
01:41– Moi, je ne me projette pas déjà dans ce que seront les solutions dans les prochains mois.
01:46Aujourd'hui, je dois répondre à l'urgence. De manière générale, les augmentations d'impôts, les augmentations de taxes, je n'aime pas ça.
01:53Je préfère qu'on laisse leur argent aux Français et je préfère qu'on crée de la croissance
01:57parce que pour moi, c'est la meilleure façon de désendetter le pays.
02:00– Il y a pas mal de questions qui nous sont venues dans les commentaires par rapport à cette cagnotte
02:05que certains ont considérée comme une cagnotte litchi, qui est appelée comme un appel à la solidarité nationale.
02:12De quoi s'agit-il exactement ?
02:14– Il y a un fonds aujourd'hui qui existe, qui est un fonds de solidarité.
02:18Il est financé à la fois par l'État, il est financé par les régions.
02:22Il est financé aussi par quelques grandes entreprises.
02:24Je pense à la Fédération des assureurs qui va apporter 200 millions d'euros.
02:28Donc si certains veulent contribuer, ils peuvent contribuer.
02:31Mais la première contribution, la première responsabilité, c'est évidemment celle de l'État et celle des pouvoirs publics.
02:38– Question qui se pose notamment par rapport à cette cagnotte.
02:40Elle a fait pas mal réagir en disant, mais finalement, pourquoi ce serait aux Français d'aider l'État mais pas aux plus riches ?
02:45– Pour le moment, je vais vous dire, c'est l'État qui aide les Français.
02:48Et c'est sa responsabilité.
02:50C'est lui qui protège, c'est lui qui aide les entrepreneurs, les commerçants, les restaurateurs,
02:55tous ceux qui sont les plus durement touchés par la crise, à faire face.
02:59Tout ce que nous avons décidé, le fonds de solidarité, les reports de charges,
03:03les suppressions de certaines cotisations, les allègements de factures sur le gaz, l'électricité, sur l'eau,
03:09tout ça, c'est l'État qui va prendre à sa charge.
03:12Et c'est sa première responsabilité.
03:14Après, il peut toujours y avoir des dons qui peuvent être faits ici ou là.
03:18Mais ce qui est essentiel, c'est la solidarité nationale qui passe par le financement public et par l'État.
03:25– Cette question qui revient également dans les commentaires,
03:28des efforts sont demandés aux travailleurs, notamment la semaine de 60 heures dans certaines professions.
03:32Quels efforts seront demandés aux plus aisés ?
03:35Est-ce qu'on peut notamment envisager un rétablissement provisoire de l'ISF ?
03:38Est-ce que ça peut être une piste ?
03:40– Les efforts qui sont demandés aux plus aisés, par exemple pour les plus grosses entreprises,
03:43c'est les efforts qui sont demandés sur les dividendes.
03:45Et que je renouvelle toutes les entreprises qui aujourd'hui bénéficient du chômage partiel.
03:49Les plus grandes entreprises, je souhaite qu'elles renoncent à ces dividendes
03:53ou qu'elles soient exemplaires, qu'elles fassent preuve de modération dans leurs dividendes.
03:58Nous verrons une fois encore, demain, comment est-ce que nous ajustons notre finance publique,
04:04nos finances publiques à la situation en sortie de crise.
04:07Mais l'urgence absolue, c'est de faire face à la crise
04:10et de sauver le plus grand nombre d'entreprises et d'entrepreneurs.
04:14– On voit que certaines entreprises maintiennent pour l'instant l'idée des dividendes.
04:18On sait que notamment nos confrères des Jours ont révélé l'idée que l'entreprise totale
04:22allait malgré tout maintenir les dividendes aux alentours de 1,8 milliard d'euros.
04:27Ça vous inspire quoi comme réaction de voir que certaines entreprises…
04:30– Aujourd'hui, nous on a fixé une règle.
04:32Ce qui compte pour moi, c'est que les règles soient respectées.
04:35La règle c'est, si vous demandez de l'argent à l'État, vous ne versez pas de dividendes.
04:38Et vous ne pouvez pas verser de dividendes.
04:40C'est ça la règle et je la ferai respecter.
04:43Si vous demandez de l'argent à l'État parce que vous manquez de trésorerie,
04:45vous dites voilà, moi je veux un report du paiement de mes charges sociales
04:49ou du paiement de mes charges fiscales parce que j'ai plus d'argent disponible.
04:53Très bien, vous pouvez et nous sommes là pour le faire,
04:55pour vous aider à passer ce cap difficile.
04:57Mais dans ce cas-là, si vous n'avez pas d'argent pour vos charges sociales
05:00ou vos charges fiscales, vous n'avez pas d'argent non plus pour vos actionnaires.
05:04Si jamais vous demandez un prêt garanti par l'État,
05:06vous allez dans la banque, vous dites voilà, j'ai plus un euro de trésorerie,
05:09je voudrais pouvoir avoir accès à une garantie de l'État pour un prêt.
05:15Et la plupart du temps, les banques n'accorderont pas de prêts
05:17s'il n'y a pas cette garantie de l'État.
05:19Vous pouvez le faire, mais si jamais vous versez des dividendes,
05:22c'est-à-dire que vous avez de la trésorerie pour verser des dividendes à vos actionnaires,
05:25dans ce cas-là, je refuserai que vous ayez un prêt garanti par l'État.
05:30Les commentaires vous relancent pas mal sur la question de l'ISF,
05:32c'est ce qui est beaucoup revenu, notamment sur les réseaux sociaux ces derniers jours,
05:35en disant que ce serait quand même une mesure qui permettrait,
05:38peut-être en ces temps de ce qu'on appelle solidarité nationale,
05:41d'avoir un peu plus d'équilibre et pas forcément d'aller demander
05:44sur les réseaux sociaux aux gens d'aller donner à une cagnotte
05:47qui ne sont pas forcément les plus aisées au départ,
05:49mais plus d'aller chercher dans les poches de ceux qui ont peut-être un peu plus d'argent.
05:53Je vais dire juste un tout petit peu de patience.
05:55Il y aura un temps pour le débat fiscal, mais ce n'est pas ce moment-là.
05:59Nous ne sommes pas venus au temps où il faut regarder la fiscalité, qui va payer.
06:04Aujourd'hui, ce qui compte, c'est que l'État fasse bloc pour soutenir nos entrepreneurs.
06:10Nous verrons demain ensuite quels sont les ajustements que nous devons faire
06:14en matière de finances publiques, mais c'est trop tôt pour poser cette question.
06:17Le président de la République, justement, dans ses interventions, il a dit « quoi qu'il en coûte ».
06:21Ça a été exprimé plusieurs fois. Ce « quoi qu'il en coûte »,
06:25est-ce que c'est les Français qui finiront par le payer au final ?
06:27Non. Le « quoi qu'il en coûte », ça veut dire que nous sommes un État solide.
06:31Une nation qui a des richesses, un tissu économique qui est très solide
06:36et que ça nous permet de faire face à la situation actuelle.
06:40Donc, en gros, on pioche dans les réserves et on s'endette.
06:43Ça, c'est la situation actuelle. C'est le choix que nous avons fait.
06:47Et c'est un choix que j'assume totalement.
06:49Je préfère endetter le pays plutôt que d'avoir demain des entreprises qui disparaissent par milliers.
06:55Ça, c'est le choix stratégique que nous faisons.
06:57Demain, il faudra se dire comment est-ce qu'on désendette le pays.
07:00Je redis que la meilleure façon de désendetter le pays, c'est de la croissance,
07:04de l'activité économique qui repart, c'est de ne pas sacrifier nos industries,
07:07de ne pas sacrifier nos entreprises pour que ça puisse redémarrer rapidement.
07:11Après, il y aura une troisième chose, c'est le débat fiscal.
07:13On aura ce débat fiscal le moment venu. Il est trop tôt pour le poser.
07:17À quel moment il va intervenir, juste après la crise ?
07:20De toute façon, vous avez un projet de loi de finances pour 2021.
07:23Je pense qu'on aura l'occasion d'avoir un débat à ce moment-là.
07:26Mais ce n'est pas le bon moment aujourd'hui.
07:28L'essentiel, c'est de sauver le plus grand nombre d'entreprises possible.
07:31Donc, pour conclure sur ce chapitre-là, vraiment de dire que pour l'instant, ce n'est pas le sujet.
07:35Non, le sujet, vous savez, quand on est en pleine crise, il faut faire des choix simples.
07:40Le choix que nous faisons, c'est plus d'endettement,
07:43mais le maximum d'entreprises sauvées grâce à la dépense publique.
07:47Et ça, je pense que c'est un choix dont les Français nous serons reconnaissants
07:50parce que quand je vois aujourd'hui le succès du Fonds de solidarité, en 24 heures,
07:54200 000 entrepreneurs qui sont allés sur le site impots.gouv.fr
07:59pour pouvoir bénéficier soit des 1 500 euros forfaitaires,
08:02soit de la somme complémentaire de 2 000 euros qui est attribuée région par région,
08:06ou cas par cas, en fonction de votre situation.
08:08200 000 entrepreneurs en 24 heures.
08:11Qu'est-ce que ça veut dire ?
08:12Ça veut dire qu'il y a des centaines de milliers d'entrepreneurs aujourd'hui
08:15qui se disent « Demain, on peut fermer la porte, notre restaurant ne rouvrira pas,
08:18notre théâtre sera fermé, notre salon de coiffure ne pourra pas retrouver son activité »
08:22et qui demandent le soutien de l'État.
08:24Nous donnons ce soutien de l'État, nous l'accordons.
08:27Ça a un coût. Ce coût, c'est la dette.
08:29Mais je préfère ce choix-là à celui qui verrait demain
08:33des centaines de milliers d'entreprises mettre la clé sous la porte.
08:36Hier, Emmanuel Macron a déclaré « Nous devons rebâtir notre souveraineté nationale et européenne ».
08:40Qu'est-ce que ça veut dire ?
08:42Ça veut dire, pour être très concret, qu'être obligé d'aller s'approvisionner
08:47en principe actif pour nos médicaments en Chine,
08:51ce n'est pas une bonne chose.
08:53Et qu'on ne peut pas être dépendant de la Chine et de l'Asie comme nous le sommes.
08:57Je rappelle d'ailleurs que c'est un débat que nous avions lancé depuis plusieurs mois.
09:01Ça fait plusieurs années que je réclame une souveraineté technologique,
09:06une souveraineté économique et que nous y travaillons avec le président de la République.
09:10Avant la crise, le président de la République m'avait demandé de travailler
09:13sur ce qu'on appelle un pacte productif,
09:15c'est-à-dire comment est-ce qu'on rétablit la production en France.
09:19Et une des conclusions de ce pacte productif, c'était qu'il faut reconstruire
09:24des activités économiques qui se sont délocalisées,
09:27les reconstruire en France ou en Europe pour être indépendants.
09:30Et nous avions commencé à le faire. Je donne juste un exemple.
09:33Les batteries électriques pour nos voitures électriques.
09:35Quand on s'était aperçu, il y a maintenant près de deux ans,
09:38qu'elles étaient toutes ou presque produites en Chine ou en Corée du Sud,
09:42on s'est dit qu'il fallait peut-être produire nos batteries électriques en Europe
09:45plutôt qu'en Chine ou en Asie pour être indépendants.
09:47Et nous avons créé cette filière de batteries électriques entre la France et l'Allemagne.
09:51Il faut faire la même chose sur d'autres filières.
09:53Il faut faire la même chose sur le médicament, sur les principes actifs,
09:56sur un certain nombre de filières industrielles où nous ne voulons pas,
09:59nous ne voulons plus être dépendants de la Chine et de l'Asie.
10:03Est-ce que finalement il a fallu une crise comme celle-ci pour s'en rendre compte ?
10:06On voit par exemple que dans les hôpitaux il y a un manque de masques,
10:09de gel hydroalcoolique, de beaucoup de matériel important pour faire face à cette crise.
10:14Et on se retrouve, la France, l'une des plus grandes puissances du monde,
10:18à être dépendante d'autres pays.
10:19Ça fait réagir quand même beaucoup de monde.
10:21On voit aujourd'hui dans les hôpitaux les difficultés.
10:22Mais moi je comprends parfaitement ces réactions.
10:24Et les crises, elles servent aussi à ça.
10:26Il faut le reconnaître avec beaucoup d'humilité.
10:28Elles servent à reconnaître qu'il y a des failles,
10:31à s'apercevoir qu'il y a des carences, qu'il y a des failles dans notre dispositif
10:35et qu'il faut les combler.
10:36Sur la souveraineté économique, une fois encore,
10:38ça fait plus de deux ans qu'on y travaille et qu'on s'est mobilisés là-dessus
10:42pour gagner en souveraineté.
10:44Sur l'hôpital, on avait commencé à ajuster les choses,
10:46mais on voit bien qu'il va falloir aller beaucoup plus loin
10:48et qu'il n'y a rien de plus précieux dans une nation
10:51qu'avoir un système hospitalier solide.
10:53Il va falloir investir massivement dans le système hospitalier,
10:57soutenir massivement les personnels hospitaliers
11:00parce qu'on s'aperçoit au moment de cette crise
11:02qu'on a laissé tomber l'hôpital au cours des dernières décennies que c'était une erreur.
11:05Il faut le dire avec simplicité, avec humilité,
11:09en tirer les leçons comme l'a fait le président de la République
11:11et rebâtir un vrai projet pour l'hôpital public français.
11:15Ça veut dire aussi, troisième chose, qu'il faut assumer certains mots
11:18comme le mot de protection.
11:20Si nous remettons de l'argent dans certaines filières industrielles
11:23en France et en Europe, par exemple la métallurgie,
11:27il faut dans ce cas-là qu'il y ait une protection aux frontières de l'Europe
11:31pour que lorsqu'on importe de l'acier qui vient d'autres pays,
11:34qui est produit dans des conditions environnementales moins satisfaisantes,
11:38il soit taxé à l'entrée des frontières européennes,
11:42à l'entrée du territoire européen,
11:44pour que nous, nous soyons compétitifs sur le territoire européen.
11:46C'est toutes ces leçons-là qu'il faudra tirer de cette crise
11:50pour avoir tout simplement un modèle économique
11:52qui soit plus durable, plus indépendant, plus souverain.
11:56Justement, est-ce que le rôle d'un politique,
11:58c'est d'être dans l'action plutôt que la réaction ?
12:00C'est ce qu'on voit d'un point de vue global.
12:02C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on essaye de rattraper un peu
12:04tous les manquements ces derniers jours.
12:06On va reproduire des masques dans des usines françaises.
12:08On se dit très bien, mais pourquoi ce n'était plus le cas depuis quelques années ?
12:11Pareil pour le gel hydroalcoolique, pareil pour beaucoup d'autres choses,
12:14où on est dépendant d'autres pays et où chaque pays qui est en crise
12:18se retrouve à devoir garder ce qu'il a en sa possession.
12:21Et quand le coronavirus est arrivé en France, on a vu toutes ces difficultés.
12:24Ce que je crois, c'est que la crise actuelle,
12:27elle accélère une prise de conscience.
12:29Mais je ne pense pas qu'on puisse dire
12:32qu'il n'y avait pas eu une prise de conscience
12:34depuis plusieurs mois, voire plusieurs années,
12:36sur la nécessité de gagner en souveraineté économique
12:39et d'être plus indépendant.
12:41J'ai donné l'exemple des batteries électriques.
12:43C'est un exemple de cette prise de conscience
12:45qui avait eu lieu avant la crise.
12:47L'idée d'avoir une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne,
12:50c'était fait avant la crise.
12:52C'était engagé avant la crise, cette réflexion.
12:54L'idée qu'il fallait revoir les chaînes de production
12:57et les chaînes d'approvisionnement.
12:59J'avais posé ce débat il y a maintenant plusieurs mois.
13:01Alors à l'époque, on me qualifiait d'un peu farfelu
13:04en disant que c'est quand même étrange
13:06qu'on soit obligé d'importer toutes les pièces
13:08pour faire une voiture électrique
13:10d'un peu partout à travers la planète
13:12pour finalement faire revenir ensuite ce véhicule électrique
13:14en France ou en Europe.
13:16Est-ce qu'on ne ferait pas mieux d'essayer de tout construire
13:18en France et en Europe ?
13:19Est-ce que du point de vue environnemental,
13:20ce ne serait pas mieux ?
13:21Lorsque je disais cela,
13:23on me disait que c'était un peu farfelu comme idée.
13:25Mais on voit bien que ce sont des idées
13:27qui étaient en germe avant la crise
13:29et qu'il va falloir accélérer, réaliser après la crise.
13:33Pour parler justement de cette crise,
13:35il y a une déclaration qui m'a marqué
13:37lors de votre point presse au Conseil des ministres du 25 mars
13:39qui dit, vous disiez justement,
13:41le chacun pour soi entraînera la disparition de la zone euro.
13:43Est-ce qu'il y a vraiment un risque aujourd'hui ?
13:45Oui, il y a un risque.
13:47Il y a un risque de disparition de la zone euro
13:49si chacun essaye de régler les problèmes de son côté.
13:53Et s'il n'y a pas un minimum de solidarité
13:55entre les 19 États membres de la zone euro.
13:59Tout simplement parce que les écarts,
14:01si nous cédons à l'égoïsme,
14:03vont aller croissant entre les 19 États membres de la zone euro.
14:07On aura la même monnaie,
14:09mais on n'aura pas les mêmes taux d'intérêt,
14:11on n'aura pas les mêmes politiques économiques,
14:13et on n'aura pas les mêmes situations
14:15du point de vue de nos finances publiques.
14:17Et à un moment donné,
14:19dans une zone où vous avez la même monnaie,
14:21et où les situations économiques, budgétaires,
14:23de taux d'intérêt sont trop différentes,
14:25la zone monétaire, tout simplement,
14:27elle explose.
14:29Donc c'est ça qui nous menace.
14:31Je pense que l'euro est une monnaie solide,
14:33je pense que c'est une des plus belles réalisations,
14:35et je pense que nous sommes capables
14:37de surmonter ce défi.
14:39Mais ça veut dire effectivement
14:41être capables de solidarité,
14:43être capables d'investir de l'argent en commun
14:45au lendemain de la crise pour soutenir
14:47nos industries qui sont les plus fragilisées,
14:49l'industrie automobile, l'industrie aéronautique,
14:51ça veut dire être capables
14:53de dépenser de l'argent pour les autres.
14:55Je sais que ça peut paraître quelque chose
14:57de difficile, mais il faut accepter
14:59quand on est dans une zone monétaire commune
15:01que ceux qui sont dans la meilleure situation
15:03économique acceptent de payer
15:05un peu pour ceux qui sont
15:07confrontés à une situation sanitaire
15:09très dure, et à une situation économique
15:11plus difficile. Ça s'appelle
15:13la solidarité, et c'est aussi
15:15le sens de la zone euro que nous avons construite
15:17ensemble. Mais est-ce que cette solidarité est vraiment
15:19à la hauteur ? On voit par exemple dans certains pays,
15:21en Italie, en Espagne, que ce sentiment
15:23d'être abandonné par l'Union Européenne
15:25monte. Oui, parce que
15:27dans un premier temps, la réaction n'a pas forcément été
15:29à la hauteur, mais ce que je vois, c'est qu'il y a un certain
15:31nombre de décisions qui ont été prises ensuite, qui sont les
15:33bonnes décisions. Quand on dit par exemple
15:35vous pouvez dépenser de l'argent public
15:37sans respecter les règles européennes,
15:39les règles dites du pacte de stabilité,
15:41c'est une bonne décision. On préfère
15:43la dette à la disparition
15:45de notre tissu économique, c'est une bonne décision.
15:47Quand la Banque Centrale Européenne
15:49dit je vais mettre 750 milliards d'euros
15:51de rachats d'actifs sur le marché,
15:53c'est une bonne décision, et ça réduit
15:55justement les taux d'intérêt entre l'Italie,
15:57la France, l'Allemagne, l'Espagne,
15:59donc ça recrée de l'unité.
16:01Quand Margaret Vestager, la commissaire
16:03européenne, dit vous allez pouvoir
16:05apporter de l'aide publique,
16:07ce qu'on appelle des aides d'État,
16:09à un certain nombre d'industries,
16:11et tant pis pour les règles européennes, c'est aussi
16:13une bonne décision. Maintenant je suis convaincu
16:15qu'il faut aller plus loin. On a un rendez-vous
16:17très important, c'est la semaine prochaine,
16:19la réunion des 19 ministres des Finances
16:21de la zone euro. J'espère que
16:23mardi prochain, nous serons capables
16:25de développer de nouveaux instruments
16:27pour faire face à cette crise économique.
16:29Je voudrais juste vous donner une conviction.
16:31Moi j'arrête pas de lire partout dans les journaux
16:33la Chine va sortir
16:35vainqueur de cette crise,
16:37les États-Unis pourront sortir renforcés.
16:39Moi ma conviction profonde,
16:41c'est que si on est capable de faire face
16:43ensemble, c'est le continent européen
16:45qui va sortir fort de cette crise.
16:47C'est le continent européen qui peut devenir
16:49après cette crise, une vraie puissance
16:51politique, économique,
16:53qui aura montré qu'on peut conjuguer
16:55la démocratie libérale, à laquelle on est tous
16:57attachés, et l'efficacité
16:59face à la crise. C'est ça le défi
17:01qui est devant nous, c'est un défi
17:03historique, mais je suis convaincu que les
17:05Européens peuvent le relever.
17:07Il y a cette déclaration d'Arnaud Montebourg, qui est ancien
17:09ministre du redressement productif, il y a quelques années,
17:11qui a déclaré avant-hier
17:13au Figaro, aujourd'hui les Français ont compris
17:15que la croyance dans la mondialisation est
17:17une religion extrémiste avec ses gourous
17:19et que la mondialisation est
17:21terminée. Qu'en pensez-vous ?
17:23Je pense que c'est lui qui fait le gourou
17:25en disant que la mondialisation est terminée.
17:27Elle n'est pas terminée.
17:29Vous n'allez pas revenir sur les
17:31échanges qui existent aujourd'hui entre les grandes nations.
17:33Vous n'allez pas revenir
17:35sur des mouvements de population qui vont
17:37continuer à exister.
17:39Donc la mondialisation n'est pas terminée.
17:41Mais la mondialisation va prendre une direction
17:43différente. Et tant mieux.
17:45Elle va être plus respectueuse de l'environnement
17:47parce qu'on s'aperçoit que
17:49cette manière que nous avons de
17:51saccager l'environnement, c'est tout simplement pas tenable
17:53et ça peut conduire à des pandémies
17:55comme celles que nous voyons parce qu'on n'a pas su respecter
17:57les barrières entre la vie
17:59humaine et la vie sauvage.
18:01Elle va conduire à la réorientation
18:03parce qu'on va se dire, comme on le disait tout à l'heure,
18:05il faut produire plus
18:07chez nous. Il faut qu'il y ait de la relocalisation
18:09d'un certain nombre d'activités
18:11qui sont stratégiques.
18:13Je pense que ça va amener aussi
18:15de nouveaux comportements par rapport à
18:17notre consommation et qu'on va aller vers
18:19une consommation plus responsable.
18:21Donc je ne crois pas du tout que la mondialisation
18:23va disparaître. Je pense que c'est une chimère.
18:25Mais je pense qu'elle va changer
18:27l'orientation et qu'elle va aller vers une orientation
18:29plus durable, plus respectueuse
18:31de l'environnement, plus soucieuse
18:33de la lutte contre
18:35les inégalités qui existent à l'intérieur
18:37d'une nation ou entre les nations.
18:39De ce point de vue-là, si on arrive à réorienter
18:41la mondialisation dans un sens
18:43plus durable, cette crise aura été utile.
18:45Il y a une question qui revient régulièrement dans les commentaires
18:47qui rebondit un peu avec cette
18:49idée de geste de solidarité
18:51et qui nous dit, finalement, en ce moment
18:53il y a des verbalisations qui sont faites
18:55aux personnes qui sont contrôlées et qui ne respectent pas
18:57les règles du confinement.
18:59Avec deux questions dedans. Où va l'argent récolté
19:01par ces amendes et combien l'État français
19:03a-t-il récolté avec ça aujourd'hui ?
19:05Alors ça, je ne peux pas vous répondre parce que je n'ai pas le chiffre.
19:07Mais dès que j'aurai le chiffre, je pourrai
19:09vous le transmettre. L'argent, il va
19:11par définition au trésor public. Il va aux finances publiques.
19:13Quel montant ? Écoutez, je vais me renseigner.
19:15Je demanderai à Christophe Castaner
19:17combien de PV il a pu
19:19verbaliser au cours des
19:21dernières semaines. Est-ce que l'idée, ça peut pas être
19:23justement d'utiliser cet argent-là
19:25pour financer
19:27les hôpitaux, la solidarité
19:29la solidarité nationale ? Je ne crois pas.
19:31On est dans un temps où toutes les
19:33bonnes idées sont les bienvenues. Nous,
19:35nous gérons la crise. Nous faisons face
19:37à une crise économique
19:39qui, pour moi, n'a pas d'autre comparaison
19:41que celle de la grande récession de 1929.
19:43À la différence près que cette fois,
19:45les États réagissent et réagissent vite.
19:47C'est un moment où on a vraiment
19:49besoin que chacun fasse ses propositions.
19:51Elles ne seront pas toutes retenues,
19:53mais il peut y avoir plein d'idées extraordinaires,
19:55généreuses, utiles, efficaces
19:57qui viennent des Français eux-mêmes.
19:59Par exemple, cette idée d'utiliser l'argent
20:01des verbalisations pour
20:03tous ceux qui n'ont pas respecté le confinement
20:05pour la solidarité nationale.
20:07Moi, je dis pourquoi pas ?
20:09Pas mal de questions dans les commentaires,
20:11notamment en lien avec le capitalisme.
20:13Est-ce que cette crise ne montre-t-elle pas
20:15finalement des failles du capitalisme ?
20:17Si, elle montre des limites
20:19du capitalisme, mais là encore, des limites
20:21que nous avions identifiées avant
20:23cette crise. Il n'y a pas tout d'un coup
20:25après la crise, une espèce de grande
20:27illumination, une grande révélation.
20:29On y verrait clair et avant, on n'aurait pas
20:31vu les défauts du capitalisme.
20:33Quand j'ai fait mes voeux ici en janvier
20:35dans ce bâtiment, j'ai dit qu'il fallait
20:37un nouveau capitalisme. Cette crise
20:39ne fait que me renforcer dans cette conviction.
20:41Un capitalisme qui lutte contre les
20:43inégalités, parce que nous allons voir,
20:45et je pense que nous allons le voir de manière
20:47cruelle, à quel point cette
20:49inégalité entre les nations,
20:51notamment entre les pays développés, qui ont des hôpitaux,
20:53qui ont des soignants, qui ont des respirateurs,
20:55et les pays qui sont moins développés,
20:57qui n'ont pas la même protection sociale,
20:59posent une vraie difficulté.
21:01Le nouveau capitalisme,
21:03il doit lutter avec
21:05plus d'efficacité contre les inégalités.
21:07Il doit être plus respectueux de l'environnement,
21:09il doit être plus durable, il doit solliciter
21:11la finance pour justement
21:13financer cette transition
21:15écologique. Donc ce nouveau capitalisme
21:17dont nous avions vu qu'il commençait
21:19à se dessiner avant la crise, maintenant
21:21il faut se retrousser les manches et le traduire
21:23en fait et en acte. Ça va être
21:25le plus difficile. Mais est-ce que capitalisme
21:27et lutte contre les inégalités, c'est pas deux choses
21:29finalement totalement opposées ? Je crois pas.
21:31Je crois pas, parce que le modèle économique
21:33qu'on a connu, là aussi, ne jetons pas tout
21:35à la rivière, parce qu'il y a eu cette crise
21:37sanitaire, je pense que ce serait une idée.
21:39La critique
21:41envers le capitalisme, elle n'est pas d'aujourd'hui.
21:43Oui, mais je pense que cette fois, on arrive à voir
21:45sur quoi le capitalisme
21:47doit changer, et changer
21:49en profondeur. Quand on regarde
21:51le capitalisme, il a permis aussi de sortir
21:53des dizaines et des dizaines de pays
21:55de la très grande pauvreté.
21:57Des dizaines de millions de personnes à travers
21:59la planète, de la très grande pauvreté. Mais dans
22:01le même temps, il a
22:03aussi accru les inégalités
22:05au sein des nations.
22:07Il a pu écraser par exemple
22:09la classe moyenne dans beaucoup de nations.
22:11Donc c'est tout ça qu'il faut arriver
22:13à corriger maintenant. On a vu
22:15les limites du capitalisme du XXème siècle.
22:17Il faut bâtir un capitalisme
22:19du XXIème siècle, où la lutte contre les
22:21inégalités est une priorité.
22:23Où la transition écologique est
22:25une priorité, et où la souveraineté
22:27économique est une priorité.
22:29Alors, derrière ces mots-là, c'est-à-dire
22:31concrètement, comment peut-on
22:33lutter contre ces inégalités ?
22:35Concrètement, quand on dit
22:37qu'il faut faire la transparence
22:39sur les niveaux de rémunération au sein d'une entreprise,
22:41ça a été fait d'ailleurs dans une loi que j'ai portée
22:43il y a plus d'un an. C'est aussi une preuve
22:45qu'on avait anticipé ces choses-là.
22:47Faire la transparence sur les salaires, lutter
22:49contre les inégalités salariales,
22:51éviter qu'il y ait des écarts salariaux
22:53qui soient insupportables et
22:55indécents au sein d'une même entreprise.
22:57C'est une orientation. Lutter pour
22:59l'égalité entre les femmes et les hommes. Nous nous avions
23:01préparé avec Marlène Schiappa un projet
23:03de loi de là-dessus, auquel je tiens
23:05plus que tout. C'est une façon
23:07aussi de porter ce nouveau capitalisme,
23:09dans lequel il n'y a aucune raison qu'une
23:11femme à même niveau de diplôme,
23:13à même niveau de responsabilité, touche
23:15moins qu'un homme. Donc c'est tous ces sujets
23:17concrets qu'au lendemain de la crise, il va falloir
23:19traiter avec un objectif stratégique,
23:21un capitalisme qui soit
23:23plus juste, plus durable et plus
23:25responsable. Mais c'est-à-dire quoi ? Il faut par exemple encadrer
23:27les disparités salariales,
23:29le salaire de base
23:31avec celui des actionnaires. Ce qui choque
23:33souvent ces dernières années, c'est par exemple de voir
23:35ces dividendes qui ne cessent d'augmenter
23:37et puis en parallèle de ça,
23:39le salaire des salariés,
23:41ceux qui se retrouvent avec les plus bas
23:43contrats, les contrats les plus précaires,
23:45ça n'évolue pas, ou beaucoup moins vite
23:47que ceux qui se retrouvent
23:49tout en haut. Il y a quelques mois,
23:51je me souviens très bien, il y a quelques mois,
23:53là aussi, c'était en janvier
23:552020 pour être tout à fait précis,
23:57j'avais dit que la question des salaires
23:59était posée. Je me souviens
24:01de la réaction à l'époque. On avait dit
24:03mais c'est chez Guevara. Non, c'est
24:05tout simplement qu'effectivement la question des salaires
24:07elle est posée. Elle est posée
24:09depuis la crise financière de 2008.
24:11Quand vous regardez ce qui s'est passé depuis 2008,
24:13il y a eu un rattrapage
24:15salarial, une vraie progression salariale
24:17pour beaucoup de Français.
24:19Mais c'est les plus qualifiés et pour faire
24:21simple, c'est les mieux lotis.
24:23Pour tous ceux qui ont un niveau de rémunération
24:25au niveau du SMIC, qui ont peu de qualifications,
24:27qui sont à temps partiel,
24:29qui sont dans des métiers
24:31qui sont moins bien rémunérés,
24:33l'augmentation a été beaucoup plus lente.
24:35Voir, il n'y a pas eu d'augmentation du tout.
24:37Donc cette question
24:39des salaires, elle reste posée.
24:41Et ça reste pour moi une des questions
24:43sociales majeures.
24:45Toute activité mérite un salaire
24:47digne qui vous permet de vivre
24:49dignement de votre rémunération.
24:51Dans trop de cas,
24:53ce n'est pas suffisamment la situation
24:55des Français aujourd'hui. On a apporté
24:57une réponse avec le président de la République quand on a décidé
24:59d'augmenter massivement la prime d'activité
25:01pour permettre à ceux qui sont au niveau du SMIC
25:03de vivre mieux.
25:05Il faut qu'on regarde tous ensemble, avec les chefs d'entreprise,
25:07avec les entrepreneurs, avec les filières économiques,
25:09comment est-ce que nous pouvons
25:11demain s'assurer que
25:13chaque personne vit dignement
25:15de son salaire. Mais je le redis,
25:17cette question-là, je l'avais posée en janvier 2020.
25:19Je pense qu'elle est encore plus aiguë
25:21aujourd'hui.
25:23Une question dans les commentaires de FAPerso qui nous dit
25:25« Le parallèle avec la crise de 1929 est inquiétant.
25:27Pouvez-vous aller plus loin dans cette comparaison ? »
25:29Pourquoi je compare
25:31avec 1929 ? C'est d'abord le choc
25:33économique. Il est très brutal.
25:35Et je ne vais pas vous donner
25:37de chiffres.
25:39L'INSEE le fait mieux que moi, l'OFCE le fait
25:41mieux que moi. Ils ont dit, en gros, un mois
25:43de confinement, c'est trois points de PIB
25:45en moins. 2,5 pour
25:47l'OFCE. Mais je pense que vous avez tous autour
25:49de vous des entrepreneurs,
25:51des indépendants, des coiffeurs,
25:53des restaurateurs,
25:55des gens qui tiennent un bar, des gens qui tiennent un théâtre,
25:57un cinéma, des gens qui sont
25:59lancés dans une start-up et qui vous disent
26:01du jour au lendemain « J'ai plus
26:03rien. J'ai plus rien. »
26:05C'est ça la violence du choc économique.
26:07C'est tous ces entrepreneurs qui
26:09m'écrivent et qui me disent « Monsieur le maire,
26:11j'ai plus rien pour vivre. »
26:13Donc c'est un choc qui est très brutal.
26:15Pour des millions de Français.
26:17Je pense aux salariés de l'industrie qui se disent
26:19« Mon industrie tourne à moitié,
26:21voire tourne à 20%.
26:23Est-ce que demain, je vais retrouver mon emploi ?
26:25Est-ce que demain, ma chaîne industrielle,
26:27elle va repartir comme avant ? »
26:29C'est un choc économique brutal qui inquiète
26:31profondément les Français.
26:33En deuxième lieu, c'est un choc qui est global.
26:35Il n'y a aucune nation qui est épargnée.
26:37Chine, Etats-Unis, continent européen.
26:39Demain, le continent africain.
26:41Tout le monde est touché.
26:43Il n'y a pas un pays qui est épargné par cette crise.
26:45Et en troisième lieu, c'est un choc
26:47qui va être long.
26:49Et je préfère être très clair avec tous ceux
26:51qui nous écoutent. Je ne crois pas
26:53à un redressement rapide de l'économie.
26:55Je ne crois pas que l'économie
26:57c'est un système sur lequel on appuie
26:59sur « off » et puis après on appuie sur « on »
27:01et ça redémarre à 100%.
27:03Ce sera long, ce sera lent
27:05et ce sera difficile.
27:07Il vaut mieux en être conscient pour justement
27:09préparer cette reprise.
27:11C'est pour ça que je fais la comparaison avec 1929
27:13parce que c'était une crise économique majeure
27:15qui a eu des conséquences politiques.
27:17C'est en faisant cette comparaison
27:19pour la brutalité du choc
27:21que j'appelle chacun à intervenir
27:23massivement pour sauver
27:25notre tissu économique.
27:27C'est ce qu'on a fait avec le président de la République
27:29et le Premier ministre au niveau national et tous les jours
27:31je vérifie que les dispositifs sont les bons,
27:33je les adapte, je les corrige pour m'assurer que chacun trouve
27:35ce qu'il faut. C'est ce que nous faisons
27:37au niveau européen aussi et je pense qu'on peut
27:39aller plus loin. Et c'est ce qu'il faut faire
27:41encore plus au niveau international,
27:43le Fonds monétaire international, la Banque mondiale
27:45pour soutenir les pays les plus pauvres
27:47de la planète, en particulier les pays
27:49africains, pour qu'ils ne sombrent pas
27:51et qu'ils ne se retrouvent pas dans des situations
27:53intenables à cause de cette crise sanitaire.
27:55Certains justement pensent à la suite et rebondissent
27:57à ce qu'on évoquait tout à l'heure
27:59sur le financement.
28:01Est-ce qu'il y a quand même une réflexion sur comment
28:03on rembourse tout ça après quand même ?
28:05Certaines des réponses ont pu inquiéter
28:07certaines personnes dans les commentaires en disant
28:09on dépense à tout va d'un côté
28:11tant mieux parce que ça peut
28:13permettre de soutenir l'économie d'une certaine
28:15façon et de combler les salaires
28:17avec le chômage partiel etc. Mais d'un autre
28:19est-ce que demain on ne va pas se réveiller dans un
28:21chaos total en se disant
28:23on n'a plus rien ?
28:25Je veux rassurer tout le monde, on ne va pas se réveiller dans un chaos
28:27total. Et nous savons où
28:29nous allons, nous avons fait un choix
28:31stratégique que j'assume
28:33totalement. Plus de dettes
28:35pour avoir moins de faillite.
28:37C'est le choix qu'on a fait.
28:39Et je pense qu'il vaut mieux dépasser
28:41100% d'endettement public
28:43mais éviter un
28:45naufrage économique et la fermeture
28:47de centaines de milliers d'entreprises
28:49plutôt que de ne pas dépenser un euro
28:51d'argent public et avoir des centaines
28:53de milliers de faillites. C'est un choix que nous avons
28:55posé sereinement, lucidement
28:57avec le Président de la République et le Premier
28:59Ministre et qui est le choix qui sera
29:01tenu. Tant qu'il faudra soutenir
29:03notre économie par de l'argent public
29:05nous soutiendrons notre économie par de
29:07l'argent public pour éviter
29:09une catastrophe industrielle
29:11qui se solderait par des centaines de milliers de
29:13fermetures. Ensuite il faudra relancer
29:15l'économie et justement là
29:17nous serons mieux armés parce que
29:19nous aurons sauvé notre tissu industriel
29:21et nous aurons sauvé ce qui est le plus précieux
29:23nos compétences, nos salariés
29:25nos formations
29:27tous ceux qui font vivre l'économie.
29:29On a fait le choix du chômage partiel. C'est très coûteux
29:31ça va coûter certainement
29:33beaucoup plus que les 8,5 milliards d'euros que nous avons
29:35budgétés. Mais c'est un investissement
29:37Demain quand on va redémarrer l'économie
29:39comme les salariés n'auront pas été licenciés
29:41comme c'est le cas aux Etats-Unis
29:43chacun pourra revenir travailler du jour
29:45au lendemain avec son expérience
29:47sa force de travail, sa compétence
29:49et ça nous aidera à redémarrer
29:51l'économie. Vous voyez c'est un exemple
29:53très concret. Je préfère qu'on dépense 8,5 milliards
29:55d'euros et sans doute beaucoup plus
29:57pour le chômage partiel plutôt que
29:59ne rien payer du tout et avoir des millions
30:01de personnes au chômage ce qui nous
30:03interviendra de redémarrer l'économie
30:05demain et ce qui surtout sera du point de vue social
30:07totalement inacceptable.
30:09Après on ne va pas arriver à des niveaux d'endettement
30:11spectaculaire non plus
30:13on sera au-dessus de 100%
30:15on ne va pas arriver à des niveaux d'endettement
30:17qui seraient intenables.
30:19Je veille tous les jours
30:21à ce que la France
30:23puisse financer sa dette sur les marchés
30:25et si jamais à un moment donné
30:27j'avais une inquiétude je dirais attendez stop
30:29là on dépense trop, on n'arrive plus à se financer
30:31sur les marchés, ça n'est pas le cas.
30:33La France se finance sur les marchés
30:35elle se finance facilement
30:37elle se finance à des taux d'intérêt qui sont bas
30:39donc il n'y a pas d'inquiétude
30:41à avoir sur ce sujet et j'y veille
30:43tous les jours pour m'assurer que
30:45lorsqu'il faut lever de l'argent pour financer
30:47notre dette on le lève facilement
30:49et à un niveau de prix qui soit
30:51acceptable. Après la meilleure
30:53façon je le redis de baisser cette dette
30:55que nous aurons contractée pour sauver
30:57notre économie sera de relancer
30:59le plus vite possible notre économie.
31:01C'est le travail, c'est
31:03le travail qui sortira la France de la difficulté
31:05le travail des salariés, le travail
31:07des entrepreneurs, le travail des commerçants
31:09des artisans, des indépendants
31:11le travail de toute notre force économique
31:13qui nous permettra de redresser la tête
31:15et de lutter contre cet endettement.
31:17Question de Brice
31:19dans les commentaires qui me dit, pourquoi ne prendre en charge
31:21que 36 heures au chômage partiel
31:23et les salariés sur 40 heures perdent du coup une partie de leur salaire ?
31:25Alors c'est vrai que sur
31:27le chômage partiel, tous ceux qui sont
31:29au niveau du SMIC sont
31:31remboursés à 100%, au delà
31:33c'est 84% du
31:35salaire net et il y a
31:37des limites, tout simplement parce
31:39qu'il y a des, pour le coup
31:41des raisons de finances publiques qui font qu'on rembourse
31:43pas tout à 100%, qu'on fixe
31:45des plafonds, mais je m'essaye d'assurer
31:47le matelas de sécurité
31:49le plus solide possible
31:51c'est pas aussi bien que d'avoir
31:53son salaire, c'est vrai, c'est pas aussi
31:55bien que d'avoir son salaire à temps plein, c'est
31:57vrai, mais je rappelle que chômage partiel
31:59ça veut quand même dire que c'est l'État qui
32:01paye tous les salaires de ceux
32:03qui sont au chômage partiel, c'est déjà
32:05très coûteux, donc il y a des limites
32:07je sais que c'est difficile pour beaucoup de Français qui se retrouvent
32:09avec une perte de pouvoir d'achat
32:11croyez-moi, j'en ai conscience
32:13c'est pour ça que j'aimerais que ça dure le moins longtemps possible
32:15mais on fait le mieux possible
32:17avec un dispositif qui est désormais
32:19malgré tout l'un des plus généraux en Europe
32:21On sait qu'il y a des mesures
32:23que t'as mises en place notamment qui peuvent imposer
32:25de prendre des congés payés durant cette crise
32:27l'augmentation
32:29des heures de travail par semaine jusqu'à 60 heures
32:31est-ce qu'on peut vraiment
32:33aujourd'hui le certifier que lorsque
32:35cette crise est terminée
32:37on stop tout ça et on revient
32:39à un retour à la normale, ou ça peut durer plus longtemps
32:41d'abord c'est deux choses qui sont différentes
32:43sur les congés payés c'est une façon
32:45de dire, essayons que
32:47chacun fasse un effort, tout ça
32:49vous le voyez bien, c'est très coûteux, vous me dites
32:51on s'inquiète pour notre dette, on s'inquiète pour la dépense
32:53publique, est-ce qu'on va pouvoir payer tout ça, je vous dis
32:55oui, mais si on peut
32:57payer un peu moins, tant mieux, et lorsque
32:59un salarié accepte de
33:01poser des vacances sur la base
33:03d'un accord, qui est un accord d'entreprise
33:05un accord de branche, au lieu de
33:07toucher du chômage partiel, ça nous fait
33:09une économie, je le dis très simplement
33:11et c'est mieux que chacun fasse un effort et qu'on
33:13fasse des économies sur le chômage partiel
33:15grâce à ces jours de
33:17congés qui auront été posés, plutôt
33:19que d'avoir fromage et dessert, à la fois les
33:21congés et le chômage partiel
33:23c'est une économie, donc je pense que c'est bien
33:25pour la collectivité, et du coup
33:27chacun fait un effort, pour la possibilité
33:29de travailler jusqu'à 60 heures, c'est pour des domaines
33:31très spécifiques, quand on nous dit
33:33on manque de masques, c'est vrai,
33:35on veut produire plus de masques, on le fait
33:37mais ça suppose qu'on
33:39puisse travailler en dehors du cadre
33:41légal, bien entendu, c'est
33:43temporaire, et dès qu'on aura plus besoin
33:45de produire massivement des masques ou des respirateurs
33:47on reviendra à la normale.
33:49Question dans les commentaires, il y a des contrôles sur les
33:51prix, est-ce qu'on peut affirmer aujourd'hui
33:53qu'il n'y aura aucune inflation sur les
33:55prix à la consommation durant cette période de crise ?
33:57Non, on ne peut pas dire ça
33:59parce que, vous savez, je fais mes courses comme tout le monde
34:01et je constate comme tout le monde que
34:03le prix des
34:05produits alimentaires a augmenté.
34:07Voilà, c'est comme ça, si vous prenez
34:09un concombre aujourd'hui, il va
34:11être à 90 centimes,
34:13il était à 45 centimes hier.
34:15La barquette de fraises,
34:17elle a aussi beaucoup augmenté. Pourquoi ?
34:19D'abord parce que les volumes sont moins
34:21importants, du coup le coût de transport est plus élevé
34:23et les transporteurs font payer
34:25plus cher la livraison, c'est la première
34:27raison. La deuxième raison,
34:29c'est que la plupart des produits sont
34:31désormais des produits français.
34:33Donc la grande distribution s'alimente en
34:35produits français et je la remercie parce qu'elle a joué parfaitement
34:37le jeu de s'approvisionner en produits
34:39français produits par nos agriculteurs.
34:41C'est des produits de grande qualité,
34:43ils sont évidemment un peu plus chers.
34:45Donc j'ai parfaitement conscience en faisant
34:47moi-même mes courses et puis en suivant avec la
34:49direction générale de la consommation et de la répression
34:51des fraudes toutes les semaines
34:53le niveau des prix à l'alimentation,
34:55oui il y a une augmentation et là aussi
34:57je suis lucide sur le
34:59fait que ça pèse sur le pouvoir d'achat de
35:01beaucoup de gens et que le panier moyen
35:03aujourd'hui quand on s'approvisionne
35:05pour la nourriture de soi-même,
35:07de sa famille, de ses enfants, de ses proches,
35:09il est plus coûteux. Moi je vais dire des choses
35:11très simples. D'abord je veillerai
35:13à ce que cette augmentation
35:15des prix alimentaires
35:17reste acceptable
35:19et s'il devait y avoir des abus, ils seront
35:21sanctionnés. Je rappelle qu'il y a
35:23quelques semaines quand j'ai vu qu'il y avait des abus
35:25sur les prix des gels hydroalcooliques,
35:27je n'ai pas hésité à
35:29plafonner le prix des gels hydroalcooliques.
35:31Donc j'invite
35:33chacun dans la chaîne de production
35:35de
35:37producteurs jusqu'aux distributeurs,
35:39jusqu'aux commerçants à veiller
35:41à ne pas augmenter
35:43massivement les prix alimentaires
35:45et à veiller à rester
35:47raisonnable dans cette augmentation des prix.
35:49On peut comprendre qu'il y ait une légère
35:51augmentation parce qu'on est dans une situation particulière,
35:53parce que la production est plus faible, parce qu'il y a des
35:55coûts de transport qui sont plus élevés.
35:57L'augmentation des prix à la consommation doit rester
35:59raisonnable, sinon on prendra
36:01des dispositions qui seront contraignantes.
36:03Combien de personnes sont au chômage partiel aujourd'hui en France ?
36:05Question dans les commentaires.
36:07Je ne peux pas vous donner le chiffre exact, je voudrais
36:09demander à Muriel Pellicot,
36:11mais il y a eu,
36:13on est au-delà de plusieurs
36:15centaines de milliers de personnes,
36:17je vous donnerai le chiffre exact,
36:19il y a eu une très forte demande
36:21de chômage partiel, tout
36:23simplement parce que notre économie tourne aujourd'hui
36:25au ralenti.
36:27Également la question
36:29qui se pose par rapport à la
36:31durée du confinement,
36:33s'il venait à durer pendant plusieurs
36:35mois, est-ce qu'on a justement ces capacités de pouvoir tenir
36:37ce chômage
36:39partiel aussi ?
36:41Est-ce qu'on a vraiment dans le temps ?
36:43Le chômage partiel sera
36:45tenu, pour tous ceux qui
36:47en profitent, plus de 2 millions de salariés
36:49aujourd'hui, il sera tenu
36:51la durée
36:53du confinement, c'est-à-dire la durée
36:55nécessaire. C'est un choix que nous avons
36:57fait, là encore, avec le président de la République,
36:59le Premier ministre, la ministre du Travail.
37:01On sauve les compétences
37:03parce que c'est ce qu'il y a de plus précieux
37:05pour notre économie.
37:07Donc, tant qu'il y aura
37:09confinement, tant qu'il y aura
37:11besoin de chômage partiel, nous continuerons
37:13à financer le chômage partiel
37:15dans la définition que nous avons faite
37:17de ce dispositif.
37:19Pas mal de questions dans les commentaires.
37:21Est-ce qu'il y aurait
37:23une annulation du préalablement à la source pour ceux
37:25qui bossent pendant le confinement ou pas ?
37:27Ou tout continue ?
37:29Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, a précisé
37:31hier le report sur
37:33l'impôt sur le revenu,
37:35mais les revenus seront taxés
37:37comme ils doivent être taxés normalement.
37:39Simplement, on a accepté de reporter les déclarations
37:41pour faciliter la vie des gens.
37:43Alors, on a également
37:45une question dans les commentaires qui nous dit
37:47Amazon continue de pouvoir livrer des biens non-essentiels.
37:49Certains en sont témoins. Est-ce que vous comptez y remédier ?
37:51On sait qu'aujourd'hui, justement, il y a
37:53l'idée de dire aux entreprises
37:55limiter au maximum
37:57toute activité non-essentielle.
37:59Est-ce qu'aujourd'hui aussi, vous,
38:01vous pouvez intervenir pour dire
38:03vous, vous continuez de livrer des choses qui
38:05manifestement ne sont pas des
38:07biens essentiels aux personnes pour
38:09vivre au quotidien malgré ce confinement ?
38:11Vous savez, c'est à chaque entreprise de faire
38:13preuve de sens, de responsabilité.
38:15La réalité de la vie
38:17de l'immense majorité des entreprises aujourd'hui,
38:19c'est que souvent, il y a des tensions
38:21sur la main-d'oeuvre parce que
38:23il y a des salariés qui sont confinés,
38:25des salariés qui ne peuvent pas
38:27ou ne sont pas en situation
38:29de sortir de chez eux
38:31parce qu'il peut y avoir des inquiétudes,
38:33parfois parce qu'il n'y a pas eu assez de dialogue social
38:35et donc on n'a pas prévu les
38:37protocoles de sécurité sanitaire qui sont indispensables
38:39pour protéger les salariés.
38:41Notre économie, elle tourne au ralenti.
38:43Elle tourne à 50% pour l'industrie.
38:45Pour le bâtiment et les travaux publics,
38:47plus de 80% des chantiers
38:49sont aujourd'hui à l'arrêt.
38:51Donc, dans l'immense majorité
38:53des cas, spontanément,
38:55les entrepreneurs se sont
38:57recentrés sur les activités essentielles
38:59et sur les productions essentielles.
39:01L'essentiel pour moi, le point sur lequel
39:03je suis très vigilant, c'est que la sécurité
39:05sanitaire des salariés soit garantie
39:07sur leur lieu de travail, qu'il y ait eu du dialogue,
39:09que les salariés puissent échanger avec
39:11l'entrepreneur pour s'assurer qu'il y a
39:13les espaces nécessaires sur les postes de travail,
39:15que les équipements sont à disposition
39:17et que donc les salariés travaillent dans une
39:19situation de sécurité sanitaire totale.
39:21Est-ce qu'on peut voir des entreprises qui seraient
39:23sanctionnées comme on le voit des personnes ? Aujourd'hui, une personne
39:25qui ne respecte pas le confinement, elle a une amende.
39:27Vous savez, si vous avez une entreprise qui,
39:29par exemple, a recours au chômage partiel
39:31et qui continue à faire travailler
39:33ses salariés à domicile,
39:35elle sera sanctionnée, c'est inacceptable.
39:37Vous ne pouvez pas gagner des deux côtés,
39:39ce serait totalement révoltant.
39:41Donc il y a des amendes pour les personnes
39:43qui sortent du confinement et
39:45qui mettent en jeu la sécurité sanitaire des autres
39:47alors qu'ils n'ont pas de motifs pour le faire.
39:49Il y aura aussi des sanctions
39:51pour les entreprises, mais qui sont,
39:53je le redis, très minoritaires,
39:55qui ne respecteraient pas les règles du jeu,
39:57qui abuseraient de la situation actuelle
39:59et qui, par exemple, diraient
40:01« Je mets mes salariés au chômage partiel,
40:03mais je les appelle tous les quatre matins pour leur demander
40:05de faire ci, de faire ça, de travailler, ça,
40:07ça n'est pas acceptable, et ce sera sanctionné,
40:09nous y veillons avec noyel pénico. »
40:11La question des impôts, elle revient régulièrement,
40:13mais sous une autre phase, notamment de dire
40:15est-ce que, justement, dans cette période
40:17difficile pour de nombreux Français, on sait que même
40:19ceux en chômage partiel n'auront pas l'intégralité
40:21de leur salaire net comme d'habitude, puis on pense
40:23à tous ceux qui peuvent notamment avoir des primes
40:25à côté qui vont se retrouver imputés de ce côté-là,
40:27est-ce qu'il y a des choses qui sont prévues pour dire
40:29on va peut-être être un peu plus généreux
40:33sur l'impôt sur revenu, c'est-à-dire qu'il soit
40:35peut-être moins important que d'autres années,
40:37est-ce qu'il y a des mesures qui peuvent être imaginées aussi de ce côté-là ?
40:39Il y a une mesure forte qui a été imaginée,
40:41parce que je rappelle qu'elle n'est pas gratuite pour les finances publiques,
40:43c'est la prime que nous avons mise en place.
40:45Aujourd'hui, vous pouvez verser une prime
40:49à vos salariés jusqu'à 1000 euros,
40:51totalement défiscalisé et sans charge sociale,
40:55et vous avez jusqu'au 31 août pour le faire.
40:57Donc un entrepreneur qui aujourd'hui continue à travailler,
40:59qui a des salariés qui viennent sur le lieu de travail,
41:01et je sais que beaucoup y vont avec des inquiétudes,
41:05ils préfèrent rester chez eux, rester auprès de leur famille,
41:07l'entrepreneur légitimement veut les récompenser.
41:11Il peut jusqu'au 31 août lui verser une prime
41:13jusqu'à 1000 euros sans payer aucune charge sociale,
41:16ni aucune charge fiscale.
41:18Ça je pense que c'est une façon de reconnaître aussi
41:21le travail des salariés.
41:23S'il a un accord d'intéressement,
41:25il peut porter cette prime jusqu'à 2000 euros.
41:27Donc vous voyez, il y a déjà des dispositifs
41:29qui ont été prévus, puisque l'absence de charge sociale
41:31et l'absence de charge fiscale,
41:33c'est nous l'État qui le payons.
41:35C'est une façon de dire qu'on a besoin
41:37du travail de tous,
41:39pour que notre économie continue à fonctionner,
41:41que les Français puissent s'improvisionner
41:43dans de bonnes conditions.
41:45Pour tout ça, vous avez besoin de personnes
41:47qui sont sur le terrain, qui sont dans leur exploitation agricole,
41:49qui sont dans leur camion de livraison,
41:51qui sont dans leur commerce,
41:53qui sont dans la distribution,
41:55qui sont aux caisses,
41:57qui sont sur leur Fenwick pour approvisionner les rayons.
41:59Voilà, c'est de tout ça dont nous avons besoin,
42:01pour que cette période,
42:03qui est difficile pour tout le monde,
42:05soit supportable, parce que vous avez
42:07tous les biens de première nécessité dont vous avez besoin.
42:09Alors on sait qu'il y a des mesures qui ont été mises en place
42:11pour les entreprises, mais il y en a qui parlent aussi
42:13pour les particuliers qui se retrouvent en difficulté
42:15pour travailler, sur le report des loyers,
42:17des charges ou des paiements de factures
42:19pendant cette période.
42:21Il y a l'idée d'un report possible,
42:23on pense à des personnes en précarité pour payer
42:25des factures d'électricité,
42:27d'eau, etc.
42:29Aujourd'hui, les dispositifs qui sont prévus,
42:31ils sont prévus pour les entrepreneurs.
42:33C'est les factures d'électricité,
42:35les factures de gaz, les factures
42:37d'eau, où là, il y a un report
42:39qui est automatique,
42:41et puis pour les plus petits entrepreneurs.
42:43Ensuite, pour les loyers, là, c'est un
42:45dispositif un peu différent, mais il y a aussi
42:47un dispositif qui est prévu de report
42:49du loyer.
42:51Pour les particuliers, moi, je pense que
42:53ceux à qui on doit faire le plus attention,
42:55c'est effectivement tous ceux que vous avez cités,
42:57tous ceux qui ont des revenus très faibles
42:59ou pas de revenus du tout,
43:01nous, nous sommes toujours prêts à améliorer
43:03nos dispositifs. On a essayé
43:05de mettre en place un plan d'urgence économique,
43:07nous l'avons mis en place,
43:09pour répondre à cette première vague
43:11de la crise économique. C'est très
43:13efficace et ça marche. La preuve,
43:15je le redis, 200 000 entreprises
43:17ont fait appel au Fonds de solidarité
43:19en 24 heures, 200 000 entreprises,
43:21plus de 2 millions de salariés qui sont en chômage
43:23partiel, et plus de
43:255 milliards d'euros de prêts
43:27garantis par l'État
43:29qui ont été demandés par 30 000 entreprises.
43:31Plus de 5 milliards d'euros
43:33de prêts demandés par 30 000
43:35entrepreneurs qui avaient besoin de trésorerie.
43:37Donc ça prouve une chose, les dispositifs
43:39que nous avons prévus sont les bons,
43:41ils sont efficaces, et ils vont permettre
43:43de soutenir notre économie. Est-ce qu'ensuite
43:45il faut aller plus loin ? On va s'apercevoir au fil
43:47de la crise, forcément qu'il y a peut-être
43:49des personnes qui ont besoin de dispositifs spécifiques,
43:51qu'il faut améliorer une chose ou une autre,
43:53peut-être y compris chez les particuliers,
43:55notamment les plus modestes, on va regarder
43:57ça, et s'il faut améliorer encore
43:59le dispositif, nous améliorerons encore
44:01le dispositif. Réaction dans les
44:03commentaires d'une personne qui aimerait avoir votre sentiment
44:05sur son raisonnement,
44:07je voudrais savoir si encore une fois
44:09il n'y a que la classe moyenne et ouvrière qui vont devoir faire
44:11l'effort pour la nation, c'est toujours les mêmes
44:13qui trinquent, aujourd'hui c'est les smicards au staff,
44:15il n'y a pas un souci, et bizarrement
44:17c'est ceux qui étaient dans la rue pendant plus d'un an
44:19qui font l'effort en pleine crise sanitaire.
44:21L'effort doit être fait
44:23par tous, et
44:25là aussi je veux être très clair
44:27avec chacun, pour relancer
44:29notre économie au lendemain
44:31de la crise, il faudra que nous fassions tous
44:33des efforts, et ces efforts
44:35ils devront être équitablement
44:37répartis, et ça c'est le principe
44:39qui doit nous guider,
44:41que les efforts qui seront nécessaires
44:43pour sortir de cette situation, relancer
44:45l'économie, remettre
44:47la France au travail pour pouvoir
44:49créer des richesses, et éponger
44:51les dettes que nous aurons contractées,
44:53ces efforts devront être équitablement
44:55répartis, et je crois que c'est sur la base
44:57de ce principe là, qu'on pourra faire des propositions
44:59une fois encore, à la sortie de la crise,
45:01pas maintenant. Mais à qui on demande ces efforts ?
45:03Mais à tous les Français, en fonction
45:05de leur situation,
45:07il faut que l'effort soit réparti
45:09équitablement entre les Français,
45:11ceux qui ont le plus de
45:13facilités, ceux qui ont le plus
45:15de moyens, devront contribuer davantage
45:17que ceux qui ont moins de moyens, et moins de facilités.
45:19C'est un principe de justice
45:21qui devra nous guider, le moment
45:23venu, je dis bien le moment venu, parce qu'il
45:25est trop tôt aujourd'hui pour regarder
45:27quels sont les efforts qui seront nécessaires,
45:29comment est-ce qu'on les répartira. Mais
45:31de toute façon, quand nous sortirons
45:33de la crise, il faudra que
45:35la France entière fasse un effort
45:37pour que l'économie redémarre,
45:39pour éponger les dettes,
45:41et pour nous permettre de redémarrer du bon pied.
45:43Mais pour l'instant, on n'a pas les réponses à ces questions.
45:45Si j'avais des réponses, je le dirais
45:47de manière très transparente, mais
45:49aujourd'hui, toute mon énergie,
45:51toute celle du gouvernement, du Premier ministre, du Président
45:53de la République, elle est consacrée
45:55à faire face à la crise,
45:57se tenir debout. Et je vais
45:59vous dire ma grande fierté
46:01de voir une France qui se tient debout,
46:03de voir une France économique, des salariés,
46:05des entrepreneurs, des industriels,
46:07des distributeurs, des agriculteurs,
46:09des employés de banque,
46:11des postiers, qui se tiennent debout
46:13et qui nous permettent de continuer
46:15à vivre dignement.
46:17Pour ne rien dire, évidemment, de tous ceux
46:19qui nous permettent de vivre en sécurité
46:21sanitaire aujourd'hui, c'est-à-dire
46:23le personnel hospitalier, les aides-soignantes,
46:25les réanimateurs, tous ceux qui vont
46:27au turbin chaque matin dans les hôpitaux,
46:29au risque de leur vie pour nous.
46:31Moi, je vais vous dire mon immense fierté
46:33de voir une nation française
46:35capable de résister avec
46:37autant de force et autant
46:39de dignité à cette crise.
46:41Demain, il faudra se poser des questions.
46:43La crise est derrière nous.
46:45Il faut rebâtir. Il faut
46:47remettre l'économie au travail.
46:49Il faut que les usines redémarrent,
46:51que les entreprises redémarrent, que les entrepreneurs
46:53redémarrent, que les commerces ouvrent
46:55à nouveau. Il va falloir
46:57éponger des dettes. Comment est-ce que l'on fait ?
46:59C'est à ce moment-là et uniquement
47:01à ce moment-là qu'il faudra se poser cette question.
47:03Ça passera par un effort collectif. Mais ça passera nécessairement
47:05par un effort collectif et cet effort,
47:07il devrait être équitablement réparti.
47:09Si on les commentait, on en prend quelques-unes juste avant de conclure
47:11ce live. La prime défiscalisée est-elle
47:13uniquement réservée aux salariés sur le terrain
47:15ou est-elle élargie aux télétravailleurs ?
47:17Elle peut parfaitement concerner les salariés
47:19qui sont en télétravail. C'est pas facile
47:21de faire du télétravail. C'est
47:23compliqué d'être chez soi et de continuer à travailler
47:25sur son ordinateur. Ils peuvent parfaitement
47:27bénéficier de la prime. Comment les autres
47:29pays européens gèrent-ils la crise au niveau économique ?
47:31Avons-nous les bonnes solutions, une harmonie européenne ?
47:33Ça rebondit un peu sur le sujet. J'échange tous les jours
47:35avec mes partenaires allemands, espagnols,
47:37italiens. On a des réponses
47:39qui sont très comparables, notamment avec l'Allemagne
47:41dans le soutien aux entrepreneurs.
47:43On a des réponses qui sont très comparables. Aujourd'hui,
47:45ils ont prévu un forfait de 15 000 euros
47:47sur 3 mois pour
47:49les PME et pour les petites
47:51entreprises. Nous, nous avons prévu
47:53un fonds de solidarité,
47:55des allègements de charges sociales et
47:57fiscales, des reports
47:59de factures d'eau, de gaz
48:01ou de loyer.
48:03On va arriver à des sommes qui sont parfaitement comparables
48:05au niveau mensuel. Fonds de solidarité de 1500 euros
48:07pour les petits auto-entrepreneurs est prévu pour combien de temps ?
48:09Il est prévu pour la durée
48:11de la crise sanitaire.
48:13Y a-t-il une aide au TPE
48:15pour perdre des chiffres d'affaires de 50%
48:17pour mars et avril qui va être voté ? Oui.
48:19Ça a été adopté. C'est bien la preuve qu'on
48:21adapte le dispositif. Au début,
48:23on avait dit, ceux qui peuvent bénéficier
48:25du fonds de solidarité, c'est qui ?
48:27Petits entrepreneurs. Moins de
48:291 million d'euros de chiffre d'affaires
48:31et moins de 10 salariés.
48:33Quelle que soit la forme de l'entreprise,
48:35vous pouvez être un micro-entrepreneur, un indépendant,
48:37un commerçant, un artisan, une profession
48:39libérale. Si vous avez moins d'un million d'euros
48:41annuel du chiffre d'affaires,
48:43moins de 10 salariés, vous êtes
48:45éligible à ce fonds. Il y a deux conditions
48:47supplémentaires. Soit on a fermé
48:49votre activité, c'est les bars, les restaurants,
48:51les théâtres, les cinémas, les coiffeurs.
48:53Automatiquement, vous allez sur le site
48:55impots.gouv.fr et vous avez
48:57droit aux 1500 euros.
48:59Soit vous avez perdu 70% de votre
49:01chiffre d'affaires entre mars
49:032019 et mars
49:052020. Beaucoup d'entrepreneurs m'ont
49:07dit 70%, honnêtement c'est trop.
49:09Il faut mettre la barre à 50%.
49:11On a mis la barre à 50%.
49:13On a corrigé le décret. Donc
49:15aujourd'hui jusqu'à vendredi matin,
49:17c'est toujours 70%. Donc tous ceux qui ont perdu
49:1970% peuvent s'inscrire. Mais à partir
49:21de vendredi matin, ce vendredi,
49:23tous les entrepreneurs qui ont perdu
49:2550% de leur chiffre d'affaires entre
49:27mars 2020 et mars 2019
49:29et qui sont des petits entrepreneurs
49:31qui répondent aux critères que j'ai indiqués,
49:33ils peuvent aller sur le site impots.gouv.fr.
49:35Ils seront éligibles
49:37aux 1500 euros. Et s'ils sont vraiment
49:39dans une situation difficile, ils peuvent demander
49:412000 euros complémentaires. Leur cas
49:43sera instruit au cas par cas.
49:45Une question dans les commentaires qui vous dit, si on demande
49:47à tout le monde de faire un effort, est-ce que c'est pas aussi au ministre
49:49de montrer l'exemple et de diminuer son salaire ?
49:51Le ministre, il fait un
49:53effort en travaillant
49:55très longtemps dans sa journée.
49:57J'essaye
49:59de faire preuve d'exemplarité de ce point de vue-là
50:01en me consacrant totalement à mon boulot.
50:03Aujourd'hui, c'est pas l'ordre du jour
50:05de réduire le salaire des ministres.
50:07Ça peut pas être une idée, une solution, de se dire
50:09voilà, on demande aux Français de contribuer ?
50:11C'est une question qui revient régulièrement.
50:13Je peux comprendre cette
50:15question. Je suis pas sûr
50:17que ce soit les bonnes solutions à la
50:19crise actuelle. Je préfère les
50:21actions fortes, concrètes,
50:23qui apportent des réponses aux difficultés
50:25des entrepreneurs
50:27à des symboles qui sont
50:29parfois, parce qu'il y a de plus
50:31efficaces pour remédier à la situation économique.
50:33Une question que vous avez pour conclure, c'est comment reconstruire
50:35l'économie de demain en France, en Europe, dans le monde,
50:37justement à la perspective de l'après-confinement ?
50:39Ça, ça passera
50:41par une vraie coordination
50:43européenne forte.
50:45Prenez le secteur de l'industrie automobile.
50:47C'est des centaines de milliers d'emplois.
50:49Il faut qu'on regarde avec les autres constructeurs automobiles
50:51en Allemagne, en Espagne,
50:53en Italie, comment est-ce qu'ensemble
50:55on soutient cette industrie qui est stratégique
50:57et qui représente des centaines de milliers d'emplois ?
50:59Quels sont les investissements que nous faisons ?
51:01Quels sont les dispositifs que nous prenons
51:03qui soient les plus efficaces possibles ?
51:05Ça passe par une réponse massive
51:07au niveau national et
51:09coordonnée au niveau européen.
51:11Je vous remercie en tout cas Bruno Le Maire d'avoir répondu
51:13à mes questions, mais aussi celles des internautes.
51:15On va les remercier d'avoir été très nombreux. Il y avait plusieurs milliers de commentaires.
51:17Bien évidemment, on s'excuse pour les questions
51:19qu'on n'a pas pu prendre, mais on aurait pu faire, comme je dis à chaque fois,
51:21des heures de live, mais on essaie de reprendre
51:23celles qui revenaient le plus
51:25dans les tendances, notamment sur
51:27la suite, après ce confinement,
51:29sur l'effort collectif qui sera peut-être demandé aux Français
51:31et sur le moment
51:33présent de financement
51:35des entreprises, au particulier dans ces moments où
51:37beaucoup de personnes se retrouvent au chômage partiel.
51:39Je vous remercie encore une fois, M. le Ministre.
51:41Merci de m'avoir suivi aussi longuement.
51:43Merci à tous.