Amarrée sur les quais de Seine, l'Adamant n'est pas une péniche comme les autres. Depuis 2010, ce centre de jour accueille des patients atteints de troubles psychiques dans un cadre apaisant, pour les aider à renouer avec le monde qui les entoure. Brut est monté à bord.
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Style de vieTranscription
00:00C'est un happening permanent là-dedans.
00:02Les gens vivent, mangent, boivent, travaillent, s'aiment, se séparent, se brisent, se recollent.
00:10Et on essaye de vivre ensemble.
00:12Je me sens libre.
00:14Libre de penser, libre d'agir, avec des gens qui sont compétents pour nous écouter.
00:19Je lui prends un traitement très fort, que je désire pas.
00:22Que je puisse dire un dialogue avec lui ou au Guillaume.
00:24Sinon je me prends pour Jésus, moi.
00:26C'est bloqué dans la tête toujours les mêmes délires, les mêmes choses.
00:30Personne n'est parfait.
00:34C'est un lieu d'accueil, d'hospitalité,
00:37où on essaye de réunir le maximum de conditions pour qu'une rencontre puisse avoir lieu.
00:41On propose des ateliers, des collectifs, des micro-événements
00:45qui peuvent redonner un peu de familiarité là où il y a de la bizarrerie, par exemple.
00:50Qui peuvent relancer un peu l'art de la conversation,
00:53là où on a envie que de se replier sur soi ou de devenir très mutique.
00:57Où on peut être un peu réanimé par la présence des autres.
01:00Mon pif est un peu trop gros, je regrette que mon pif...
01:08Mon pif est trop gros.
01:11Et alors le titre, ce serait quoi ?
01:13Le titre, c'est le pif qu'il ne fallait pas faire.
01:21Je suis Nicolas Philibert et j'ai fait ce film qui s'appelle Sur l'Adamant.
01:25Ici, dans ce bel endroit, ce qui abrite un centre de jour,
01:29viennent des patients atteints de troubles psychiques.
01:32Et moi je trouve que c'est génial ce système de bâtiment.
01:35Il y a moins d'agressivité que dans les grands bâtiments,
01:41mais c'est plus agréable.
01:43Il y a l'eau, c'est impaisant.
01:47Comme il y a un gise.
01:49L'eau, ça a un rôle soignant, non ?
01:53Ça rempose.
02:02Il n'y a pas de porte fermée, tout le monde peut circuler partout.
02:05Il n'y a aucun bureau fermé.
02:07Les patients, tout un chacun peut aller dans le bureau administratif,
02:11à la photocopieuse.
02:12Le quotidien de cet endroit est co-inventé par les patients et les soignants.
02:23Le soin, ce n'est pas seulement donner des médicaments,
02:27des calmants, des anxiolytiques aux gens.
02:32C'est tout un ensemble.
02:34Soigner ici, ça veut dire d'essayer de renouer un lien,
02:40d'aider les patients à retrouver un lien avec le monde au fond.
02:43Il n'y a pas de blouse blanche.
02:45Il n'y a pas de signe extérieur qui permet de distinguer clairement
02:49les soignants des patients.
02:51Et c'est très important.
02:52Ça raconte qu'on relève tous de la même espèce,
02:55de la même humanité au fond.
02:57Barman et infirmier en même temps sur le bateau.
02:59Un bar associatif ici, qui fait partie de la Damante.
03:02Il permet de générer des fonds pour organiser après des sorties au théâtre,
03:07des activités à l'extérieur.
03:09Il y a un psychiatre à bord, le docteur Berlier,
03:12qui reçoit des patients en consultation.
03:15C'est un médecin qui est là quelques journées par semaine
03:18et qui est notre chef de service.
03:21Je voulais vous dire que je suis très contente d'arriver sur le bateau.
03:25Déjà, je trouve que c'est un endroit merveilleux.
03:27Je le trouve très apaisant.
03:29Et je pense que c'est un lieu du désir aussi,
03:32c'est-à-dire que les gens qui sont là ont le désir d'y être.
03:37Et pour moi, ça c'est fondamental en fait.
03:40La psychiatrie va mal.
03:42Elle semble abandonnée, sacrifiée par les pouvoirs publics.
03:49Mais ici, c'est un peu l'inverse.
03:52C'est un lieu qui a su rester vivant,
03:55qui est très inventif,
03:57dans lequel on continue à faire une psychiatrie humaine, on va dire.