La zone, c’est un état mental éphémère qui fait entrer les sportifs en transe et en concentration extrême. Et ce n’est pas que dans le sport.
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00:00C'est quelque chose que je ressens assez souvent et j'ai l'impression que mes sens
00:20sont beaucoup plus acérés.
00:23Vous n'avez pas envie de sortir du terrain ? Vous avez envie d'y amener l'adversaire
00:28la semaine suivante, c'est bon on enchaîne, on fait trois matchs consécutifs, vous n'avez
00:31juste pas envie que ça s'arrête.
00:32C'est toujours, je dirais, de trouver le bon équilibre et la bonne formule pour être
00:47complètement en paix et satisfait de toi-même et de tout ce que tu fais.
00:58Lorsque vous êtes en état de grâce, vous voyez tout à l'avance, la balle vous la
01:09voyez trois fois plus grosse que son volume réel, donc en fait, tout ce que vous faites
01:14techniquement, vous avez l'impression de le faire avec trois fois plus de temps que
01:17d'habitude.
01:18Donc tout paraît facile en fait.
01:19Moi j'ai eu la chance que ça m'arrive sur le match le plus important de ma vie.
01:28C'est quelque chose que je ressens assez souvent, c'est vrai que je me sens vraiment
01:48dans un autre monde dès que j'arrive dans une compétition que j'ai attendue depuis
01:51longtemps.
01:52Donc parce que je l'attends depuis longtemps, mon esprit s'est conditionné pour être là
01:59le jour J et j'ai l'impression que mes sens sont beaucoup plus acérés.
02:04Dans une année où vous faites à peu près 80 matchs, on va dire, ça vous arrive entre
02:17quatre et cinq fois, donc c'est bien sûr extrêmement rare.
02:20C'est extrêmement délicat en sport individuel quand on est favori de pouvoir prétendre
02:40à toucher cet état-là, cet état de grâce en fait, parce qu'il y a tellement de pression
02:49sur l'athlète.
02:50Imaginez-vous un peu 30 secondes avant de monter sur le plot de départ à une finale
02:55olympique.
02:56C'est suivi par peut-être 4 milliards d'individus, 70 millions de Français qui sont derrière
03:02lui.
03:03Il ne peut pas être dans un état de grâce, à ce moment-là c'est impossible.
03:19Il suffit d'avoir des fois dans une journée 2-3 bonnes nouvelles et ça nous donne le
03:28pep.
03:29Si on enchaîne sur une activité sportive, on a l'impression qu'il n'y a rien qui peut
03:32nous arriver.
03:33On marche sur le veau.
03:34Franchement, ça arrive à tous les humains et je rappelle que le sportif de haut niveau,
03:40avant d'être sportif de haut niveau, c'est avant tout un simple humain.
03:43Quand je dis simple, ce n'est pas péjoratif, mais comme vous, comme moi.
03:47Si eux y parviennent, il n'y a aucune raison pour que nous aussi, on n'y parvienne pas.
03:59Le sportif qui était plus jeune, sportif à 13 ans, quand il découvre son sport, par
04:04exemple le tennis, il s'éclate, il ne réfléchit pas aux conséquences d'un geste raté ou
04:09pas.
04:10Il est dans l'instant présent.
04:11Il s'en fiche royalement de ce qui se passe.
04:13On ne pourra pas, de toute façon, atteindre ou se rapprocher de la zone si on est trop
04:18dans la recherche de l'exigence personnelle.
04:22En fait, c'est cette alchimie des deux.
04:25On a besoin d'énergie de l'enfant avec le côté jeu-plaisir et avec l'énergie de la
04:30rigueur.
04:31Les deux combinés, c'est la performance assurée.