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La représentation des femmes à l'écran, sa première scène grâce à Diam's, son frère... Melha Bedia raconte son parcours à Brut.

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Amusant
Transcription
00:00Salut, Brut, c'est Valhavéia et on est confinés, quoi.
00:04J'en ai profité pour me lancer dans la musique.
00:07Du coup, je suis en train de composer un max, tu vois.
00:14Vous avez reconnu.
00:24Je me suis longtemps pas sentie à ma place et tout ça,
00:26mais moi, à la base, j'étais bien dans mes pompes, en fait.
00:28C'est vraiment la société autour qui m'a bousculé en me disant
00:31« Hé, Malha, je crois que t'as un problème. »
00:33Alors que moi, à la base, j'étais bien dans le basket.
00:35Et en fait, c'est vraiment les gens qui te font prendre conscience
00:37que t'es pas à ta place et que t'es pas dans le bon moule
00:39et que tu rentres pas dans les codes, quoi.
00:40Moi, très jeune déjà, j'ai trouvé que je savais que j'étais un peu différente.
00:43J'étais timide, j'étais plus grosse que les autres, boulette et tout.
00:46J'avais des lunettes.
00:47Je me suis dit « Bon, Malha, on va analyser cette situation.
00:50C'est pas grave. Viens, on pleure pas.
00:51On pleurera plus tard chez le psy, dans 10 ans, 15 ans.
00:54Mais là, viens, on analyse ça de manière très formelle.
00:57Bon, viens, tu vas t'auto-vanner avant qu'on te fasse des vannes. »
01:01Et en fait, c'est comme ça que j'ai commencé à développer
01:02cet amour pour la vanne, l'humour et l'autodérision.
01:05Moi, c'est simple.
01:05À la base, je suis la petite soeur de Ramzy, d'Éric et Ramzy.
01:08Mon frère, il voulait pas du tout que je fasse ce métier
01:10ou que je me tourne vers ça parce que j'étais assez douée à l'école.
01:12Mon frère, il est devenu humoriste, très connu d'un coup.
01:15On était à Gennevilliers, au Lut, qui était une cité.
01:18On est passé d'une cité à un pavillon.
01:20Je m'étais inscrite au théâtre.
01:21J'aimais vachement le théâtre, mais j'osais pas trop le dire, tu vois.
01:24Et en même temps, il y avait un Ramzy qui avait réussi
01:25alors qu'il n'avait pas fait de théâtre, donc ça voulait rien dire, tu vois.
01:28Et un jour, j'ai mon bac.
01:31Diam, c'est une pote de ma soeur à la base et elle vient un dimanche,
01:34je vous jure que c'est vrai, à Asnières-sur-Seine, manger le couscous.
01:36Et ma grand-mère dit « Il manque des merguez. »
01:39Je vais acheter des merguez avec Diam à Asnières,
01:43place des Bourguignons exactement, j'y vais.
01:45Et en même temps, je sors avec elle parce que comme je fumais en cachette,
01:47elle aimait bien me sortir pour fumer une clope ou deux, tu vois.
01:49Donc elle me sort et elle me dit « Là, tu vas faire quoi ? »
01:52Je lui dis « Écoute, je me suis inscrite à la Sorbonne, à la fac en LLCE. »
01:56Je crois que c'était un truc en anglais, tu vois, en licence d'anglais.
02:00Et elle me dit « T'as vraiment envie de faire ça ? »
02:01Je dis « Non, je sais pas quoi. J'ai 16 piges, je vais avoir 17 ans, je sais pas. »
02:04Donc elle me dit « Mais pourquoi tu viendrais pas avec moi en tournée ?
02:06Je pars un an et demi, il y a un tourbus, tu fais le stylisme, l'habillage,
02:10t'aimes bien les fringues, t'es pas plus bête qu'une autre,
02:11donc tu vas venir m'habiller entre les morceaux et tout ça pendant le concert. »
02:15Je dis « Ah ouais, trop bien et tout. »
02:16Elle me dit « Allez, tu vas kiffer et tout. »
02:17Elle m'emmène en tournée, première date, c'était à Angers au Shabada.
02:20Et elle me dit « Bah en fait, c'est quoi Malha ? Tu vas faire les premières parties aussi. »
02:23Et je dis « Mais quoi ? »
02:24J'étais en galère avec 4 centres, je m'en rappelais toute ma vie en disant « Mais attends, je comprends pas. »
02:27Et elle me dit « Non, non, en fait, t'es drôle, tu vas l'assumer et tu vas y aller. »
02:30Et je dis « Non. »
02:31Et comme j'osais pas dire non, et même encore aujourd'hui, je sais pas dire non,
02:34je me suis retrouvée à Angers comme ça, à faire des blagues d'improvisation.
02:37Et ça a duré pendant 2 ans et c'est là que j'ai commencé à prendre du plaisir
02:41et à découvrir que j'adorais l'impro.
02:43J'ai adoré être sur scène, j'ai adoré l'effet.
02:45Alors je vomissais avant, j'y allais, je courais.
02:47Après je l'habillais, ça a été n'importe quoi, mais c'est beaucoup grâce à Diam's.
02:50Et après quand Ramzy a su ça, il a arrêté de me parler.
02:53Il m'a fait une petite misère de grand frère, hyper protecteur.
02:55Et il voulait voir si c'était une lubie ou si c'était une vraie passion.
02:58Et j'ai jamais lâché l'affaire, j'allais jouer dans des petites salles.
03:00Et il y a un producteur qui est rentré qui m'a dit je vais te produire.
03:02Je n'ai rien dit à mon frère, j'ai signé un contrat.
03:04Je l'ai appelé, je lui ai dit je suis signé par untel.
03:07Et là il est tombé des nuits, il me dit continue, tu vas voir, c'est n'importe quoi.
03:10Qui a lu le contrat ? Il m'a fait la misère.
03:12Moi pendant très longtemps, et même dans l'inconscient collectif, on se dit
03:15oh là là, il y a une grosse qui va défiler, une grosse en couverture de magazine, ça n'existe pas.
03:19Moi la presse féminine, je la respecte plus depuis 2-3 ans parce que je me dis,
03:24j'ai des gens avec qui j'ai des échanges, je parle avec des gens de la mode et tout ça.
03:27C'est les premiers à dire, attends on va être subversif, on va mettre de la techno et du rap
03:31pendant les défilés de mode, tu vas voir comment on est en train de faire évoluer les choses.
03:34Et dès qu'il s'agit de faire des vrais trucs et de faire bouger le vrai problème,
03:38ils y vont, ils ont peur encore.
03:40La presse féminine, je lui en veux énormément parce qu'à chaque fois que je passe devant un casque,
03:44elle me fait ressentir moche, pas adaptée à la société en fait.
03:50Et ce qui nous fait perdre confiance en nous aujourd'hui,
03:52c'est beaucoup ce que la société te renvoie au quotidien.
03:55Je te dis, c'est la presse féminine, c'est quand tu rentres chez toi sur les réseaux sociaux,
03:58tu te dis, elle a plus de likes que moi parce qu'elle n'a pas un pet de cellulite,
04:01moi si je fais un zoom de mon bourrelet, on va me bloquer ou signaler.
04:05Moi pendant très longtemps, je suis une humoriste donc ça allait,
04:07je me cache derrière les vannes, derrière un bonnet, derrière des vannes de haies,
04:11je suis la grosse, j'ai un spectacle qui s'appelle Faten Furious,
04:13le film s'appelle Fort, vive les gros, on va s'ensevelir ensemble.
04:16J'en ai fait une force pour pas que ça m'atteigne mais en vrai,
04:20c'est ultra dur quand tu rentres chez toi et que toute la journée,
04:21on t'a dit, tu sors du lot, t'es différente, t'es originale, c'est super.
04:24C'est cool, je fais un métier artistique mais je pense à tous ces gens qui sont
04:27juste dans la vraie vie, dans un vrai quotidien, qui sont pas dans les bonnes cases
04:30et qui rentrent chez eux et moi, ça m'est déjà arrivé de rentrer chez moi
04:32et de me dire, putain, toute la journée, on m'a dit que je sortais du lot,
04:34que j'étais originale, que j'étais pas comme les autres.
04:37Et quand tu rentres chez toi, tu te dis, alors je vais aller sur les réseaux.
04:40Ah bah non, c'est pas bien en fait de pas être comme les autres.
04:43Et tu vois personne qui te ressemble, c'est horrible, tu vois.
04:46Tu refermes le magazine et après tu te dis, bon bah allez, c'est pas grave,
04:48je vais me détendre.
04:49Netflix ou un film en VOD et là, tu vois un film sur les meufs
04:53qui sont pas des vraies meufs qu'on connaît.
04:54Moi, toutes les comédies en France que j'ai pu voir, même ailleurs,
04:57tu vois, c'est des meufs qui se retrouvent à l'apéro,
04:59qui boivent des shots et qui disent, tu t'es pas épilé ?
05:01Too bad !
05:03Moi, on n'a jamais fait ça avec mes copines.
05:05Tu vois, c'est pas méchant mais on se sent pas représentées.
05:08Moi, en tout cas, je me sens pas représentée et j'ai toute une génération
05:10derrière moi qui ne se sent pas représentée.

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