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#DIRECT - Crise de l’hôpital et Covid-19 : Agnès Hartemann, cheffe de service à la Pitié-Salpetrière démissionnaire, parmi 1300 médecins en janvier, nous raconte son quotidien. Rémy Buisine en direct.
Transcription
00:00:00Alors je rappelle que vous faites partie des 1300 médecins dont des chefs de service dont vous faites partie
00:00:05qui avait pris la décision de démissionner de leurs fonctions administratives en janvier dernier. Vous l'avez fait, pourquoi ?
00:00:12En janvier dernier
00:00:14j'étais comme beaucoup de collègues je dirais épuisée en fait, épuisée par des années de
00:00:23l'impression d'être tout le temps en combat pour se faire comprendre par la direction
00:00:28d'arriver à obtenir du personnel qui corresponde à la charge en soins des unités
00:00:36épuisée d'être obligée de se justifier mois par mois devant des tableaux XL
00:00:40dans des grandes réunions parce qu'on avait parfois deux séjours en moins
00:00:45un hôpital de jour qui n'avait pas fonctionné pendant une semaine, parfois c'était la grève des transports mais il fallait expliquer pourquoi les patients n'étaient pas venus
00:00:53Épuisement émotionnel, épuisée aussi de soutenir le moral des troupes
00:00:59des personnels
00:01:02de mon équipe médicale en leur expliquant qu'il fallait être tout le temps tout le temps sur la brèche parce qu'il fallait surtout pas qu'il manque des
00:01:08séjours
00:01:09sinon on risquait de nous retirer encore du monde
00:01:12le personnel
00:01:14globalement, aide-soignante, infirmière, agent hospitalier, secrétaire
00:01:20avec des postes
00:01:23qui ont diminué année par année et des missions, une activité qui n'a fait qu'augmenter
00:01:29donc obligée de soutenir un peu moralement tout le monde
00:01:32et puis donc voilà je pense qu'il y avait une grande émotion à cause de ça et le sentiment de ne pas être compris
00:01:39par la direction qui normalement devrait être
00:01:42main dans la main avec nous mais qui est obligée de gérer
00:01:46gérer elle-même la pénurie, l'austérité mais sans partager
00:01:51ce côté pénible de ça avec les équipes de soins
00:01:58Oui c'était d'être à bout de ce système et de dire ras-le-bol donc oui
00:02:04on démissionnait de nos missions administratives parce que c'était aussi une manière de dire
00:02:10ce lien avec une administration qui ne nous comprend plus
00:02:13on n'en veut plus, on en a assez de se justifier, d'être culpabilisé, de ne pas être compris
00:02:24Alors je dirais que là pendant la crise
00:02:27du Covid comme on l'appelle, on a été compris
00:02:30on a été très bien compris même par nos directions locales, la direction de cet hôpital sur le site
00:02:37était avec nous main dans la main donc on voit qu'ils peuvent l'être
00:02:40parce qu'à partir du moment où on nous a donné des moyens de soigner les patients et donc eux ont eu des moyens
00:02:47pour nous donner des moyens
00:02:49on était main dans la main pour organiser tout ce qu'il fallait donc on voit qu'on peut très bien travailler ensemble, on est complémentaires
00:02:55mais à partir du moment où on leur donne des missions de gestion d'austérité qui nous imposent
00:03:01on est en conflit éthique et on est en conflit avec eux
00:03:04alors que là on était sur la même longueur d'onde donc c'est ça qu'on aimerait pouvoir garder
00:03:10et justement il y a cette question
00:03:15peut-être des anecdotes, peut-être du quotidien, vous expliquez qu'est-ce qui vous a poussé vous à vouloir des médecins ?
00:03:22Ben j'avais donné l'exemple
00:03:24sur une unité qui est très lourde dans mon service où des patients diabétiques assez âgés ont les pieds très abîmés par
00:03:32l'atteinte des nerfs, l'atteinte des artères donc c'est des patients
00:03:36souvent aussi fragiles sur le plan cardiaque puis parfois avec des débuts de démence, des patients
00:03:43compliqués à prendre en charge puis qui demandent beaucoup d'accompagnement
00:03:45et puis souvent qui se font opérer sur ce site hospitalier qu'on récupère immédiatement après le bloc opératoire donc on joue quelque part dans
00:03:52cette unité un rôle de
00:03:54post-chirurgie immédiat et donc des hémorragies, des perfusions, des surveillances, de l'insuline
00:04:00Et ça a été un combat pendant des années pour garder dans cette unité de 13 lits deux infirmières
00:04:08parce qu'il y avait des quotas jusqu'à la crise
00:04:11et les quotas c'était 1 pour 13, la nuit elles étaient même 2 pour 32 lits
00:04:19donc
00:04:20j'étais épuisée de ce combat d'être constamment obligée d'expliquer écoutez c'est quasiment une unité post-opératoire
00:04:28Elles font face mais c'est d'une violence terrible au quotidien d'avoir peur de tuer quelqu'un, c'est les termes qu'elles utilisaient les infirmières
00:04:35et donc ce combat je le gagnais en semaine parce que j'arrivais à garder une infirmière pour 13 lits en semaine
00:04:42et puis en week-end pour faire des économies personnelles
00:04:46obligées puisque la direction a des missions comme ça
00:04:48le samedi après-midi, dimanche après-midi, il n'y a plus d'infirmière
00:04:53Et ça le lundi je les retrouvais dans un état post-traumatique
00:04:57et c'est insupportable
00:04:59et je les comprenais
00:05:01parce que vous voyez aujourd'hui on est samedi, je suis venue faire le tour dans la salle
00:05:05et quand on partait le samedi à 13h, le dimanche à 13h
00:05:08et quand on voyait pas toujours bien sûr, c'est ça qui est compliqué
00:05:11c'est que parfois une infirmière pour 13 lits pourrait suffire
00:05:14mais on est à flux tendu en permanence
00:05:17et il y a des week-ends où une infirmière pour 13 lits, on se disait mais il va y avoir une catastrophe
00:05:22on se demandait comment elles allaient assurer
00:05:25donc voilà c'est un exemple concret
00:05:26qui fait que l'exemple que j'ai donné c'est que le vendredi
00:05:29quand on recevait des coups de fil et qu'on savait à quel point la salle était lourde
00:05:32je disais ben non les patients les plus graves
00:05:35il y avait un lit disponible, on prendra pas les plus graves
00:05:38pour ce week-end on va prendre un patient pas trop grave
00:05:41ce qui est quand même éthiquement quelque chose d'insupportable
00:05:44parce qu'on est là pour nous occuper des patients les plus graves en urgence
00:05:47donc c'est ce conflit éthique
00:05:50que j'ai raconté le jour de cette conférence de presse
00:05:541300 personnes, comment vous vous êtes organisé ?
00:06:01Les chefs de service des missionnaires ?
00:06:04C'est clairement une colère assez forte
00:06:09retrouver 1300 en un seul coup c'est que ça s'organise
00:06:12c'est qu'il y a un collectif, c'est qu'il y a quelque chose
00:06:15un ressenti qui a été partagé par beaucoup
00:06:18c'est le collectif inter-hôpitaux qui est né après le collectif inter-urgence
00:06:22qui est né en septembre le collectif inter-hôpitaux
00:06:256 mois après le collectif inter-urgence
00:06:28c'est parti, on échangeait des mails les uns les autres en disant
00:06:33on n'en peut plus, il y a des listings de mails où entre collègues on se parle
00:06:37et puis là je crois que le déclic ça a été
00:06:41qu'on a appris que le collectif inter-urgence
00:06:45avait obtenu un financement je crois
00:06:48pourtant ils n'ont jamais dit qu'ils avaient obtenu grand chose
00:06:52mais on commençait à dire qu'ils allaient obtenir quelque chose
00:06:55mais que ça allait être pris sur le budget global de l'hôpital
00:06:58et là on s'est dit non mais là ça ne va pas le faire
00:07:00s'ils se déshabillent Paul pour habiller Pierre
00:07:02déjà dans l'état où on est
00:07:04donc il y a eu un coup de colère en septembre
00:07:06avec une assemblée générale déclenchée je crois en octobre
00:07:10sur l'île de France où il y a eu plein de collègues
00:07:13qui sont arrivés de différents hôpitaux de l'île de France
00:07:15APHP, hors APHP
00:07:17et là on s'est rendu compte qu'on était tous dans le...
00:07:19alors ça dépend des hôpitaux
00:07:21il y a des hôpitaux où ils sont en plus grande difficulté que nous
00:07:24parce qu'il y a des hôpitaux où il manque de personnel non médical comme nous
00:07:28mais aussi beaucoup de personnel médical
00:07:30et là on s'est rendu compte qu'en fait
00:07:32tout le monde partageait le même diagnostic de cet hôpital public
00:07:36à bout de souffle
00:07:38et le collectif inter-hôpitaux
00:07:40on n'a rien contre les syndicats
00:07:42c'est un collectif qui est parti spontanément de la base
00:07:45et qui s'organise en fait
00:07:47horizontalement si on peut dire
00:07:49avec des groupes WhatsApp
00:07:51tout le monde correspond, discute
00:07:53les décisions ou les commentaires qu'on fait sur l'actualité
00:07:58se font vraiment au consensus
00:08:00et donc on a manifesté
00:08:03on a demandé des rencontres avec les ministres
00:08:05et en janvier se rendant compte qu'on n'était absolument pas entendus
00:08:09on s'est dit là il faut qu'on lance un cri d'alarme
00:08:12qui serait prêt à démissionner
00:08:14de ses fonctions administratives
00:08:16comme chef de structure
00:08:18et voilà comment on a obtenu très vite
00:08:201200 personnes
00:08:22qui étaient prêts à aller jusque là
00:08:241200 je rappelle
00:08:26pour ceux qui nous rejoignent
00:08:28je vous dis bonjour à toutes et tous
00:08:30n'hésitez pas à commenter, à partager ce direct
00:08:32à poser vos questions également
00:08:34on parle de cette crise de l'hôpital public
00:08:36en période de Covid-19
00:08:38qui a commencé avant
00:08:40qui est un constat qui a été fait de plusieurs années
00:08:43ce n'est pas arrivé du jour au lendemain
00:08:45cette conférence au mois de janvier
00:08:47il y a ces collectifs qui sont créés un an auparavant
00:08:49mais c'est une dégradation de ce service
00:08:52que vous avez constaté au fur et à mesure des années
00:08:54peut-être même des décennies pour certains
00:08:56oui parce que ça dure
00:08:58ça dure depuis 15 ans à peu près
00:09:00c'est depuis la loi HPST
00:09:02qui a transformé l'hôpital
00:09:04qui a bouleversé l'hôpital
00:09:07dans le sens où
00:09:09on a demandé aux hôpitaux d'emprunter
00:09:11avec des emprunts toxiques
00:09:13pour faire leurs investissements
00:09:15ce qui n'était pas le cas avant
00:09:17et la loi HPST ça a été
00:09:19on va faire tourner les hôpitaux comme des entreprises
00:09:21c'est-à-dire leurs recettes dépendront
00:09:23de leur séjour
00:09:25et on va leur demander d'être à l'équilibre budgétaire
00:09:27et en fait
00:09:29c'est un peu compliqué à expliquer
00:09:31mais comme le budget de la sécurité sociale
00:09:33c'est un budget fermé
00:09:35on a demandé aux hôpitaux de rentrer en concurrence
00:09:37les uns avec les autres
00:09:39pour faire des recettes
00:09:41parce que les dépenses d'un hôpital augmentent
00:09:43année par année
00:09:45les populations qui arrivent à l'hôpital vieillissent
00:09:47c'est des populations plus difficiles à prendre en charge
00:09:49il y a l'augmentation progressive
00:09:51pas des salaires
00:09:53mais la charge en personnel
00:09:55quand le personnel vieillit
00:09:57quand on est dans un service public
00:09:59les charges augmentent
00:10:01et puis on demandait aux hôpitaux d'emprunter
00:10:03pour se reconstruire éventuellement
00:10:05donc les charges des hôpitaux sont mises à augmenter
00:10:07les hôpitaux devant faire de plus en plus de séjour
00:10:09pour arriver à tenir à l'équilibre
00:10:11se retrouvaient même en concurrence entre eux
00:10:13la sécu ayant une enveloppe fermée
00:10:15à la fin de l'année on disait
00:10:17c'est de l'humour mais
00:10:19vous allez rire, vous avez bossé bien davantage
00:10:21que l'année dernière
00:10:23et bien on est à nouveau en déficit
00:10:25parce que la sécu a baissé ses tarifs
00:10:27parce que la sécu ne faisait pas face à cette augmentation d'activité
00:10:29donc il va falloir que vous continuiez
00:10:31à augmenter l'activité, enfin année par année
00:10:33ça devenait une demande folle
00:10:35et chaque fois en fin d'année quand on faisait le bilan
00:10:37et que la sécu corrigeait ses tarifs
00:10:39on nous annonçait que finalement on n'avait pas du tout obtenu
00:10:41ce qu'on voulait comme budget
00:10:43donc on a commencé à dégraisser le personnel
00:10:45à ne pas remplacer des départs en retraite
00:10:47pour gagner sur les dépenses
00:10:49évidemment là les conditions de travail
00:10:51se sont totalement dégradées
00:10:53et il y a 2-3 ans
00:10:55d'un seul coup plein de postes
00:10:57il y avait les postes supprimés
00:10:59les postes qui existaient encore sont devenus vacants
00:11:01les gens ont quitté les hôpitaux publics
00:11:03et là
00:11:05déjà on avait de moins en moins de monde
00:11:07mais avec des postes à la PHP
00:11:09plusieurs centaines de postes
00:11:11non occupés
00:11:13évidemment c'était plus du tout possible
00:11:15de faire face
00:11:17c'est-à-dire vraiment ?
00:11:19flus tendus en permanence
00:11:21du personnel en souffrance
00:11:23non remplacement
00:11:25déjà on manquait de monde
00:11:27non remplacement des congés maternité
00:11:29pour faire encore des économies
00:11:31donc des conditions de travail complètement dégradées
00:11:33moi j'ai vu partir
00:11:35des infirmières qui étaient
00:11:37en diabétologie depuis 20 ans
00:11:39expertes en pompe à insuline
00:11:41connaissaient très bien les pansements complexes
00:11:43gérait ces patients lourds
00:11:45et elles ont quitté l'hôpital public
00:11:47ça a été quand même
00:11:49très très difficile
00:11:51il y en a une qui est partie dans un labo de près de chez elle
00:11:53parce qu'elle avait moins de temps de transport, moins de frais de transport
00:11:55elle m'a dit c'est consternant
00:11:57je vais faire des prises de sang du matin au soir
00:11:59mais je gagnerais plus
00:12:01et je serais plus près de chez moi
00:12:03et puis là même actuellement il y en a une qui est arrivée
00:12:05il n'y a pas très longtemps, elle adore ce qu'elle fait
00:12:07et elle me dit écoutez je vais vous quitter
00:12:09en septembre
00:12:11la mort dans l'âme
00:12:13je vais dans un aéroport
00:12:15s'il rouvre
00:12:17je vais dans un aéroport et je ferai des vaccins
00:12:19je vais faire des vaccins à longueur de journée
00:12:21mais je gagne 300 euros de plus par mois
00:12:23exactement ce qu'on demande
00:12:25depuis des mois
00:12:27comme augmentation de salaire
00:12:29vous avez vu des départs
00:12:31des personnes qui partent aussi
00:12:33à contre-cœur aussi
00:12:35oui oui tout à fait bien sûr
00:12:37il y a même eu
00:12:39il y avait un aide-soignant
00:12:41qui avait toujours travaillé ici
00:12:45il comptait
00:12:47dans le diabète
00:12:49il faut apprendre à compter les sucres
00:12:51donc il s'était approprié plein de choses
00:12:53il faisait au-delà de ses missions
00:12:55quelque part, il aidait les patients
00:12:57quand ils servaient un plateau repas
00:12:59il leur montrait comment il fallait compter les glucides
00:13:01c'était un aide-soignant
00:13:03plus soignant
00:13:05aide-soignant c'est déjà un magnifique métier
00:13:07attention là par rapport même
00:13:09au Covid voyez ce qui était le plus en contact
00:13:11avec les patients, laver les patients
00:13:13nourrir les patients
00:13:15faire les soins mortuaires
00:13:17c'est les aide-soignants, je leur tire mon chapeau à l'occasion
00:13:19je pense que c'est un métier fabuleux
00:13:21ils sont très très mal payés
00:13:23cet aide-soignant après des années
00:13:25de bons et loyaux services
00:13:27il est parti sans faire de pot de départ
00:13:29je ne sais pas si vous voyez ce que ça signifie
00:13:31tellement ses conditions de travail il les a vu se dégrader
00:13:33cette ambiance
00:13:35elle était devenue
00:13:37c'est pour ça qu'il y avait cette émotion au moment
00:13:39de la démission des chefs de service
00:13:41tout le monde était dans cette émotion
00:13:43l'émotion c'est de se dire quoi ?
00:13:45c'est aussi qu'on n'a pas le temps de venir en aide aux patients
00:13:47on n'arrive pas à être à la hauteur
00:13:49de la mission
00:13:51qui est la vôtre au quotidien
00:13:53de vos compétences, de ce que vous savez faire
00:13:55il y a un montement
00:13:57alors en fait c'est intéressant
00:13:59ce que vous posez comme question parce que
00:14:01il y a des patients
00:14:03qui nous ont dit
00:14:05et qui disent aux soignants c'est incroyable
00:14:07parce que quand on est hospitalisé
00:14:09on ne se rend pas complètement compte
00:14:11des conditions dans lesquelles vous êtes
00:14:13et ils ont tout à fait raison
00:14:15les gens qui choisissent le soin
00:14:17ils pleurent éventuellement
00:14:19dans le bureau de la surveillante
00:14:21qui leur demande de faire des heures sub
00:14:23de rester le soir
00:14:25ou de revenir le lendemain quand ce n'était pas prévu
00:14:27ils sont un peu à bout
00:14:29vous les voyez
00:14:31devant la chambre du patient
00:14:33ils prennent un grand coup leur respiration
00:14:35et quand ils rentrent dans la chambre ils sourient
00:14:37et ils essayent d'être disponibles
00:14:39même s'ils vont passer une minute avec le patient
00:14:41ils auront un mot gentil
00:14:43ça a été très bien décrit
00:14:45par le journaliste
00:14:47qui a survécu
00:14:49à l'attentat de Charlie Hebdo dans son bouquin
00:14:51il raconte très bien ça
00:14:53lui comme il est resté longtemps
00:14:55il a perçu la charge de travail
00:14:57et la difficulté de travailler
00:14:59mais en même temps l'engagement de ces personnes
00:15:01qu'on perçoit très bien pendant le Covid
00:15:03et qui sont capables d'être épuisés
00:15:05mais quand ils vont rentrer dans la chambre
00:15:07comme c'est leur mission le soin
00:15:09ils vont vraiment
00:15:11se donner
00:15:13même si c'est qu'une minute
00:15:15ils vont être vraiment à fond avec le patient
00:15:17et ça c'est un truc extraordinaire
00:15:19donc je ne sais plus à quoi je répondais
00:15:21comme question
00:15:23mais c'est pour vous dire
00:15:25vous parlez justement de cette situation
00:15:27du côté humain, du côté émotionnel
00:15:29de ressentir lié aux conditions de travail
00:15:31qui sont dégradées avec le temps
00:15:33comment on ressent les choses
00:15:35qu'est-ce qui pousse à aller jusqu'à ça
00:15:37jusqu'à vouloir partir, jusqu'à démissionner
00:15:39en fait je pense que
00:15:41c'est là pour le personnel
00:15:43c'est l'épuisement physique
00:15:45parce que c'est
00:15:47courir tout le temps, passer d'un patient à un autre
00:15:49courir, maintenant il y a les ordinateurs
00:15:51ils ont dû apprendre beaucoup
00:15:53tout est sur ordinateur
00:15:55ils ont dû évoluer beaucoup
00:15:57mais c'est la société qui veut ça
00:15:59donc c'est des efforts aussi de changer
00:16:01ces pratiques, les temps de transmission
00:16:03les fameux temps de transmission
00:16:05on se parle avec l'équipe suivante
00:16:07il commence à être déprimé
00:16:09puis la perf, le truc
00:16:11on a réduit les temps de transmission
00:16:13maintenant c'est très très rapide, ils doivent s'expliquer ça
00:16:15à toute vitesse, tout va très très vite
00:16:17tout est à flux tendu quelque part
00:16:19donc c'est la fatigue physique
00:16:21la fatigue morale, parce que quand
00:16:23on l'a perçu pendant le Covid
00:16:25quand il faut s'approprier des nouvelles maladies
00:16:27des nouveaux patients, vous avez peur
00:16:29de vous tromper, et quand vous êtes
00:16:31infirmier
00:16:33là il y a un énorme risque
00:16:35si vous vous trompez dans votre perf
00:16:37vous avez ce sentiment
00:16:39que la vie des patients est dans vos mains
00:16:41quand même
00:16:43donc il faut être très attentif, c'est fatigant
00:16:45et puis au bout d'un moment, l'idée que
00:16:47je ne peux plus parler aux patients le temps que je souhaiterais
00:16:49j'aurais dû rester 3 minutes dans sa chambre
00:16:51il n'allait pas bien moralement, je n'ai pas pu le faire
00:16:53je suis rentrée, j'ai essayé de rester zen
00:16:55mais voilà, c'est ce qu'on appelle
00:16:57les conditions de travail
00:16:59il n'y a plus de sens à faire du soin
00:17:01à ce moment là, quand on a l'impression
00:17:03qu'on le fait mal au bout d'un moment
00:17:05et c'est pour ça que les gens s'en vont
00:17:07il n'y a pas que ça, il y a les métiers
00:17:09de secrétaire qui voudraient
00:17:11continuer à garder du temps avec les patients au téléphone
00:17:13le lien avec la ville
00:17:15il repose sur les secrétaires maintenant
00:17:17et donc, je n'ai plus d'ordonnance
00:17:19je n'ai plus de généraliste
00:17:21il me manque ceci, cela
00:17:23les secrétaires elles connaissent très très bien les patients
00:17:25elles font tout le lien avec la ville
00:17:27mais quand on leur demande, en disant non non non
00:17:29il faut que vous soyez devant vos ordinateurs
00:17:31les comptes rendus, il faut que ça aille vite
00:17:33alors pareil, leur travail commence
00:17:35à manquer de sens
00:17:37les gens qui transportent les malades dans l'hôpital
00:17:39s'il faut se faire ça à toute vitesse, qu'on n'a plus le temps de parler
00:17:41aux gens qu'on est en train de transporter
00:17:43d'un endroit à l'autre, c'est cette perte de sens
00:17:45qui font que les gens s'en vont
00:17:47il y a un infirmier là
00:17:49qui est dans mon service depuis 3 ans
00:17:51et il débute
00:17:53donc il voit qu'on est dans le mouvement
00:17:55des forces de l'hôpital public
00:17:57il m'a dit, je lui ai dit
00:17:59tellement qu'on est cette augmentation de salaire
00:18:01il m'a dit, vous savez madame Hartmann
00:18:03on savait que le salaire il serait bas
00:18:05moi je suis venue
00:18:07parce que j'adore ce métier
00:18:09mais en premier
00:18:11ce qu'on aimerait
00:18:13c'est qu'on nous améliore nos conditions de travail
00:18:15c'est à dire être
00:18:17pas afflue tendu tout le temps
00:18:19et en deuxième le salaire, vous voyez
00:18:21alors que le salaire il est bas
00:18:23on voit
00:18:25ce que c'est que la mission de soins
00:18:27quand quelqu'un vous parle comme ça
00:18:29ce contact humain
00:18:31justement de par ses conditions de travail
00:18:33vous l'avez perdu, il est différent, moins important
00:18:35pas comme vous le désirez ?
00:18:41moi à mon niveau de chef de service
00:18:43parce que
00:18:45nous les médecins
00:18:47quand on vient faire notre visite, à mon niveau
00:18:49on prend encore le temps
00:18:51de parler aux patients
00:18:53c'est les internes
00:18:55les PH, les internes
00:18:57quand on est en manque d'effectif médical
00:18:59ils sont devant leur ordinateur
00:19:01ils font les entrées le matin, les sorties le matin
00:19:03les entrées l'après midi, tout saisir dans Orbis
00:19:05on voit qu'ils passent beaucoup moins de temps dans les chambres
00:19:07à discuter avec les gens
00:19:09qui dans les maladies chroniques
00:19:11ont des problèmes psychosociaux importants
00:19:13moi à mon niveau
00:19:15ce qui a été le plus difficile
00:19:17ça a été vraiment la souffrance de l'équipe
00:19:19voilà après
00:19:21chacun a sa manière de
00:19:23percevoir les choses en fonction de là où il se situe
00:19:25on a souvent entendu
00:19:27cette phrase par exemple dans les manifestations
00:19:29qui ont eu lieu depuis
00:19:31près d'un an maintenant, des différents collectifs
00:19:33inter-urgence, inter-hôpitaux
00:19:35on a la crainte
00:19:37aujourd'hui de devoir gérer les patients
00:19:39entre guillemets, comme des colis
00:19:41et non pas comme des humains
00:19:43c'est ce qu'on a entendu régulièrement, et même parfois dans d'autres professions
00:19:45de santé, que ce soit les ambulanciers ou autres
00:19:47en disant, voilà ce contact humain
00:19:49on sent qu'on perd et qu'on gère
00:19:51les choses dans une sorte de politique du chiffre
00:19:53et pas de l'humain, oui c'est ça
00:19:55le mot colis, qu'est-ce qu'il veut dire ?
00:19:57il veut dire que vous êtes en train de vous occuper
00:19:59d'un objet malade
00:20:01et donc vous êtes en train de vous occuper d'une maladie
00:20:03les perfs, l'insuline
00:20:05la morphine, mais pas de la personne
00:20:07c'est ça que ça veut dire un colis
00:20:09on le trimballe d'un endroit à un autre
00:20:11on le perfuse
00:20:13mais on oublie que derrière les maladies il y a des gens
00:20:15et à partir du moment où
00:20:17c'est ce ressenti là
00:20:19je fais exactement ma mission
00:20:21je soigne la maladie
00:20:23mais je ne peux plus
00:20:25me préoccuper du porteur de maladie
00:20:27et là il manque
00:20:29la deuxième partie de la mission de soins
00:20:31parce que soigner
00:20:33c'est prodiguer des soins
00:20:35mais c'est aussi prendre soin
00:20:37vous voyez ce que je veux dire ?
00:20:39prendre soin sur le plan du moral et du physique
00:20:41et quand vous n'êtes plus qu'un prodigueur de soins
00:20:43un objet de soins
00:20:45vous perdez la moitié de votre métier
00:20:47et là les gens craquent
00:20:49c'est tout à fait ça
00:20:51c'est ce qu'on parlait, le ressenti humain
00:20:53le côté
00:20:55c'est ce côté humain
00:20:57qui manque
00:20:59et l'impression aussi
00:21:01comme on a changé de mission
00:21:03pour les patients Covid
00:21:05tout le monde a tout mutualisé
00:21:07dans mon service on s'est mis à s'occuper des patients
00:21:09qui viennent des urgences et qui n'ont pas le Covid
00:21:11et les infirmières qui n'avaient plus l'habitude
00:21:13de faire ça
00:21:15m'ont dit mais le soir quand on part
00:21:17on y pense la nuit
00:21:19parce que comme on ne connait pas toutes ces maladies
00:21:21et on est allé tellement vite
00:21:23qu'on y pense la nuit en se disant
00:21:25pourvu que je ne me suis pas trompé dans la paire
00:21:27puis le lendemain on arrive
00:21:29ça y est le patient il sort parce qu'il faut aller vite
00:21:31on a à peine eu le temps de comprendre ce qu'il avait
00:21:33on est passé au suivant
00:21:35et elles m'ont dit ça c'est dur
00:21:37donc il faut trouver un juste milieu
00:21:39là pour les patients
00:21:41avec le Covid
00:21:43on a eu tellement de moyens
00:21:45on a eu tout ce qu'on voulait
00:21:47même les infirmières me disent
00:21:49ça fait peur on a l'impression qu'on avait eu
00:21:51quelque part
00:21:53presque trop de choses
00:21:55ça fait bizarre de dire ça
00:21:57et nous on ne demande pas
00:21:59quoi qu'il en coûte
00:22:01parce que notre président a utilisé plusieurs fois cette formule
00:22:03quand il a annoncé le confinement
00:22:05on va s'occuper de ces patients
00:22:07pour passer cette crise
00:22:09quoi qu'il en coûte
00:22:11et c'est ce qui s'est passé
00:22:13du jour au lendemain on a eu tout ce qu'on voulait
00:22:15je peux vous raconter des anecdotes assez drôles
00:22:17ça justement c'est intéressant
00:22:19c'est de se dire
00:22:21des anecdotes
00:22:23on parle du constat qu'on évoque depuis tout à l'heure
00:22:25il y a cette crise du Covid-19 qui arrive
00:22:27où la santé devient
00:22:29l'enjeu numéro 1
00:22:31dans la société
00:22:33en politique et tout
00:22:35il y a une grosse différence
00:22:37c'est ce que vous nous expliquez
00:22:39moi je réalise ça maintenant
00:22:41du jour au lendemain
00:22:43tout a changé
00:22:45forcément il y a des coups de fil qui sont venus
00:22:47pour dire quoi qu'il en coûte allez-y
00:22:49c'est pas seulement à mon avis
00:22:51que tout le monde a bien compris
00:22:53qu'il fallait que les réanimations
00:22:55à un moment aient suffisamment de capacité
00:22:57pour accueillir ces patients
00:22:59le grand test a beaucoup souffert parce que rien n'a été anticipé
00:23:01et nous en Ile-de-France
00:23:03on a eu la chance de bénéficier de leur expérience
00:23:05et on a pu anticiper
00:23:07sur les moyens, vider les lits
00:23:09être prêt à affronter la vague
00:23:11du jour au lendemain
00:23:13le rapport à la direction
00:23:15j'en ai parlé tout à l'heure localement a complètement changé
00:23:17eux aussi d'un seul coup ont senti qu'ils allaient pouvoir
00:23:19nous donner les moyens
00:23:21et donc on nous a demandé mais de combien de personnes
00:23:23vous avez besoin par patient
00:23:25qu'est-ce qu'il vous faut comme matériel
00:23:27et donc bien sûr il y a eu un enjeu
00:23:29sanitaire
00:23:31parce qu'il fallait pas qu'il y ait trop de décès
00:23:33ça c'est tout à fait normal
00:23:35c'est important qu'il y ait un enjeu politique
00:23:37c'est à dire qu'il fallait pas qu'il y ait de quac non plus
00:23:39dans les salles d'hospitalisation
00:23:41où les patients venaient pour être mis sous oxygène, antibiotiques
00:23:43etc
00:23:45parce qu'on a eu aussi énormément de moyens dans ces salles
00:23:47on a eu des moyens
00:23:49les centres de réadaptation
00:23:51dans l'Ile-de-France
00:23:53ont d'un seul coup débloqué
00:23:55plein de lits pour recevoir nos patients
00:23:57donc ils sortaient beaucoup plus vite que d'habitude
00:23:59donc il s'est passé quelque chose
00:24:01du jour au lendemain
00:24:03ça veut dire que quelque part
00:24:05tout ce que vous réclamiez depuis très longtemps
00:24:07avec le Covid-19
00:24:09sur le Covid-19
00:24:11vous avez eu tout ce que vous rêvez
00:24:13c'est peut-être pas le bon terme
00:24:15mais tout ce que vous souhaitez pour pouvoir exercer
00:24:17votre travail dans les meilleures conditions possibles au quotidien
00:24:19alors en termes de personnel
00:24:21je reviens pas parce qu'on en a beaucoup parlé
00:24:23mais sur la pénurie de masques
00:24:25et de blouses quand même
00:24:27on a eu tous les moyens
00:24:29sauf à un moment ceux-là parce qu'il n'y avait pas de réserve
00:24:31mais ça c'est un débat national
00:24:33quelque part, il n'y avait pas suffisamment
00:24:35de réserve pour que les hôpitaux soient
00:24:37suffisamment équipés à temps
00:24:39en masque et en blouse
00:24:41alors il n'y a pas que nous qui avons trinqué, attention
00:24:43les cabinets de médecine générale, les infirmières
00:24:45de ville, les services d'urgence au début
00:24:47il y a beaucoup beaucoup de personnel
00:24:49qui ont été impactés par ce manque
00:24:51de protection
00:24:53mais on a eu par contre
00:24:55tout le reste, alors ça va jusqu'à
00:24:57là il y a un chirurgien avant-hier
00:24:59qui me racontait, au mieux en rire
00:25:01il me disait tu te rends compte
00:25:03notre bloc opératoire, il y avait un accès
00:25:05qui était fermé avec une clé, on n'avait qu'une seule
00:25:07clé depuis des années
00:25:09et donc c'était pas pratique, des fois les gens
00:25:11partaient avec la clé dans leur poche, on ne trouvait
00:25:13plus la clé, on ne pouvait pas ouvrir le bloc
00:25:15donc on réclamait
00:25:17d'avoir des doubles de cette clé
00:25:19et chaque fois qu'il en parlait
00:25:21à sa cadre, elle disait ça va être compliqué
00:25:23je pense qu'en fait on avait
00:25:25tellement peu
00:25:27de petit budget
00:25:29voilà c'est juste pour vous dire
00:25:31c'est les poubelles
00:25:33qui sont en train d'être sorties, ça fait un bruit immense
00:25:35mais voilà
00:25:37on est au coeur de l'hôpital
00:25:39on s'est mis un petit peu à l'écart parce que
00:25:41l'idée c'est qu'il y a aussi les services
00:25:43d'urgence à côté donc on est vraiment un petit peu plus calme
00:25:45mais la vie continue
00:25:47et toujours, 24h sur 24, 7 jours sur 7
00:25:49c'est son illustration
00:25:51et donc cette histoire de clé, c'est hallucinant
00:25:53parce que la cadre n'arrivait pas à faire
00:25:55des doubles de clé, probablement que
00:25:57ça coûte un petit budget
00:25:59mais les petits budgets pour le petit matériel
00:26:01comme l'hôpital
00:26:03heureusement a continué quand même à acheter
00:26:05des trucs de haut niveau pour garder
00:26:07une médecine de haut niveau, mais tout ce qui était
00:26:09petit matériel, ça fait des années qu'on ne pouvait plus
00:26:11l'avoir, et donc là
00:26:13ils n'avaient qu'une clé depuis des années, il m'a dit
00:26:15à un moment il a fallu faire des doubles de clé
00:26:17et on a dit à la cadre mais vous ne pouvez pas
00:26:19en profiter de ce budget
00:26:21pour nous faire, elle a dit si si allons-y
00:26:23et on a fait 5 clés
00:26:25et alors nous dans mon service, il y avait
00:26:27dans mon unité de pied diabétique, où il y a quand même des gens
00:26:29qui sont âgés
00:26:31qui ont des troubles de l'équilibre majeurs
00:26:33qui viennent avec des plaies graves
00:26:35on leur dit il ne faut plus être en appui, ça fait
00:26:37des années que je n'avais pas vu un kinésithérapeute
00:26:39et là comme il y a moins de patients
00:26:41Covid, d'un seul coup
00:26:43il y a eu du personnel un peu disponible
00:26:45et on a eu pendant quelques jours
00:26:47une kiné avec une ergothérapeute
00:26:49on n'avait jamais vu ça dans cette unité
00:26:51qui ont aidé les gens à se remettre debout
00:26:53qui nous ont demandé un déambulateur
00:26:55et du coup il y a des gens qui sont sortis beaucoup plus vite
00:26:57que d'habitude et qui ont retrouvé la marche
00:26:59donc nous on n'avait pas du tout ces moyens là
00:27:01et elle me dit vous avez un déambulateur
00:27:03oui on lui amène le déambulateur
00:27:05et le déambulateur qu'on a depuis
00:27:07des années c'est le truc pour retrouver l'équilibre
00:27:09il est cassé d'un côté
00:27:11donc il est branlant
00:27:13et on avait mis des bouchons de bouteilles
00:27:15pour essayer de le rééquilibrer donc elle a vu ça
00:27:17elle a dit non mais on ne peut pas travailler avec un truc
00:27:19pareil et elle nous a dit mais
00:27:21il y a une ligne budgétaire là en ce moment
00:27:23pour du matériel donc on a essayé de commander
00:27:25des déambulateurs voyez
00:27:27donc ça c'est la période Covid donc il y a eu des trucs
00:27:29dramatiques avec le manque de moyens
00:27:31de protection puis d'un seul coup
00:27:33des moyens même pour du petit matériel
00:27:35mais qu'on n'avait plus depuis des années
00:27:37et donc on est en train de
00:27:39se poser une nouvelle question éthique là
00:27:41c'est pourquoi
00:27:43on a eu tout ça pour des patients
00:27:45malades du Covid tant mieux
00:27:47pour eux parce qu'on a pu faire
00:27:49tout ce qu'on pouvait pour eux vraiment
00:27:51et puis là d'un seul coup
00:27:53en fait on a une crainte
00:27:55là pour l'instant c'est calme
00:27:57je ne peux pas vous dire qu'on ait des annonces
00:27:59d'austérité pour l'instant
00:28:01mais on a évidemment une crainte c'est que
00:28:03tout ça s'arrête et nous on ne demande
00:28:05pas quoi qu'il en coûte
00:28:07on demande juste ce qu'il nous faut
00:28:09le juste soin
00:28:11au moindre coût parce qu'on sait
00:28:13qu'on vit sur des crédits
00:28:15publics et on est très
00:28:17soucieux de la dépense publique
00:28:19donc on ne réclame pas tout et
00:28:21n'importe quoi
00:28:23mais on commence à se dire
00:28:25pourquoi les patients qui viennent
00:28:27avec des maladies chroniques
00:28:29des décompensations graves
00:28:31n'auraient pas droit aussi à cette qualité
00:28:33de soins
00:28:35et qui nécessitent en effet du personnel
00:28:37du matériel et du personnel motivé
00:28:39pour rester parce qu'il y a quelques personnes
00:28:41qui sont encore là on aimerait bien qu'elles restent
00:28:43et pour ça on attend toujours l'augmentation
00:28:45de salaire et que les conditions de travail
00:28:47s'améliorent
00:28:49Il y a eu au début de cette crise
00:28:51on parle justement du fait qu'au niveau du matériel
00:28:53ça a été assez rapide pour avoir beaucoup de choses
00:28:55mais il y a eu au début de cette crise
00:28:57des difficultés
00:28:59on parle pas des masques pour la grande population mais pour le personnel soignant
00:29:01on sait qu'il y en a certains qui disaient
00:29:03le fait de ne pas avoir de masque ça nous a mis en danger
00:29:05il y a eu pas mal de contaminations dans les hôpitaux
00:29:07cette pénurie du départ elle a été
00:29:09préjudiciable pour la santé des soignants
00:29:11forcément
00:29:13forcément
00:29:15il y a
00:29:17dans les patients
00:29:19décédés il y a quand même
00:29:21des exemples
00:29:23des soignants décédés il y a des exemples
00:29:25on voit bien que c'est le manque de moyens
00:29:29il y a l'exemple
00:29:31de cet urgentiste
00:29:33qui a dit à sa femme reste à la maison
00:29:35moi je suis obligée d'y aller
00:29:37mais je ne suis pas protégée
00:29:39en ville
00:29:41je ne suis pas là pour vous parler de la ville
00:29:43mais vous avez vu les généralistes de ville
00:29:45qui n'étaient pas protégés
00:29:47qui sont décédés du covid
00:29:49et dans les EHPAD
00:29:51parlons des EHPAD
00:29:53on voit bien
00:29:55on sait maintenant quelles sont les personnes décédées
00:29:57dans les EHPAD ils n'ont pas eu du tout de moyens de protection
00:29:59pendant encore plus longtemps que nous
00:30:01donc bien sûr il y a des soignants qui sont décédés
00:30:03par manque de protection
00:30:05et les soignants étaient évidemment
00:30:07plus contaminés que le reste de la population
00:30:09parce que
00:30:11vous avez beau tout faire
00:30:13il y a même du personnel
00:30:15sans rentrer dans les chambres
00:30:17vous pouvez vous contaminer
00:30:19parce que vous avez beau tout faire
00:30:21quand vous rentrez dans une chambre
00:30:23les patients qui arrivent parfois qui ne savent pas
00:30:25ils arrivaient sans savoir qu'ils étaient infectés par le covid
00:30:27donc le temps qu'on les installe en chambre
00:30:29qu'on se rende compte de ça
00:30:31les trajets par où ils sont passés dans l'hôpital
00:30:33bien sûr sans le vouloir
00:30:35les patients étaient contaminés
00:30:37donc il y a ça, il y a ce qu'on parlait justement
00:30:39du matériel maintenant
00:30:41il y a aussi cette solidarité
00:30:43qui existe chaque jour
00:30:45on entend parfois deux témoignages
00:30:47certains qui vont dire ça nous touche beaucoup
00:30:49et puis d'autres qui vont dire mais pourquoi vous n'étiez pas là avant
00:30:51quand on avait besoin de vous pour venir dans la rue
00:30:53pour venir manifester
00:30:55vous comment vous positionnez dans cette solidarité
00:30:57qui dépasse les applaudissements au balcon
00:30:59on voit qu'il y a des gens qui vous ramènent
00:31:01à manger, qui vous ramènent des masques
00:31:03beaucoup de solidarité très différente
00:31:05venir et qui viennent encore aujourd'hui
00:31:07vous amener du matériel
00:31:09à manger, enfin bref toutes sortes de réconfort
00:31:11moral et matériel
00:31:13dont vous avez besoin, mais comment vous positionnez là dessus
00:31:15sur cette solidarité qui est arrivée
00:31:17d'un seul coup, c'est peut-être un parallèle aussi
00:31:19avec le politique, vous disiez on a eu tout d'un coup
00:31:21ah
00:31:23je pense que c'est pas la même chose là
00:31:25je pense que, bah, on a toujours eu
00:31:27le sentiment qu'on avait l'opinion publique avec nous
00:31:29toujours, parce que vous savez quand il y a
00:31:31les sondages où on demande quelle est votre première préoccupation
00:31:33en 1 c'est la santé
00:31:35la défense de l'hôpital public
00:31:37on a senti la population derrière nous
00:31:39là où elle nous a manqué, on a des associations
00:31:41d'usagers qui sont avec nous, qui nous soutiennent
00:31:43beaucoup, qui nous donnent d'ailleurs des idées
00:31:45et pour qui il faudrait faire une place aussi
00:31:47dans la gouvernance de l'hôpital
00:31:49donc on a eu le sentiment d'être accompagnés
00:31:51là où la population nous a manqué
00:31:53c'est dans les manifestations
00:31:55dans les manifestations on faisait un peu des appels
00:31:57aux usagers en disant mais l'hôpital public
00:31:59on le défend pour tout le monde
00:32:01nous y compris, nos familles y compris
00:32:03et à ce moment là les gens nous ont manqué
00:32:05là d'ailleurs quand on discute
00:32:07maintenant les
00:32:09personnes nous disent mais la prochaine fois
00:32:11que vous faites une manif
00:32:13cette fois ci on viendra et ils ont raison
00:32:15parce que nos manifs n'ont pas suffit
00:32:17on ne peut pas faire grève
00:32:19avec nos manifs on n'obtenait rien
00:32:21alors là le geste de solidarité
00:32:23je ne l'analyserai pas d'une manière politique
00:32:25je pense que là c'est vraiment un geste humain
00:32:27alors d'abord les gens étaient confinés
00:32:29donc ils avaient aussi un peu le temps de s'occuper de nous
00:32:31nous préparer des choses
00:32:33il y a eu des gens qui confectionnaient des masques
00:32:35des repas donc il y a eu
00:32:37un geste parce que les gens avaient un peu de temps
00:32:39et puis ils ont compris aussi que le confinement
00:32:41était pour éviter qu'on soit nous débordés
00:32:43donc ils ont aussi identifié
00:32:45qu'il fallait qu'ils nous accompagnent
00:32:47et qu'on allait être au front sans vacances
00:32:49sans week-end ce qui a été le cas
00:32:51et qu'il fallait qu'ils nous soutiennent moralement
00:32:53je dirais plus
00:32:55que on sent
00:32:57par ces gestes de solidarité
00:32:59à quel point la population était déjà avec nous
00:33:01il n'y a pas eu besoin de leur faire comprendre grand chose
00:33:03pour qu'ils nous aident
00:33:05donc par contre
00:33:07à la fin de la crise
00:33:09il n'y a pas eu une deuxième vague
00:33:11il faudrait que les gens s'ils se rendent compte
00:33:13que l'hôpital public n'a pas les moyens qu'on demandait
00:33:15nous soutiennent
00:33:17mais ils vont être aussi dans d'autres préoccupations sociales
00:33:19parce que
00:33:21à la sortie du confinement il y a pas mal de gens
00:33:23qui socialement
00:33:25ont trinqué et vont être préoccupés aussi
00:33:27Quand on parle justement
00:33:29du moral, comment vont-ils
00:33:31aujourd'hui dans les hôpitaux
00:33:33c'est vrai que cette vague
00:33:35elle a été
00:33:37violente quelque part
00:33:39soudaine, très rapide
00:33:41on sait que encore aujourd'hui même si ça va mieux
00:33:43c'est encore assez tendu parce qu'il y a quand même
00:33:45pas mal de personnes qui restent en réanimation
00:33:47pour expliquer pour ceux qui nous regardent
00:33:49il y a moins d'admission dans les services d'urgence chaque jour
00:33:51il y a beaucoup de personnes qui sont hospitalisées
00:33:53et il y a une surcharge par rapport
00:33:55au nombre de personnes habituelles
00:33:57je parle sur le plan national sur le nombre de lits de réanimation
00:33:59à la base, on était un peu moins
00:34:01de 3000 hier sur une capacité de 5000
00:34:03en France, juste sur les COVID
00:34:05donc ça veut dire qu'on est plus haut que la capacité
00:34:07initiale de base si on prend COVID et hors COVID
00:34:09comment vont-ils
00:34:11justement, comment ont-ils vécu cette période
00:34:13aussi intense et qui est encore en cours ?
00:34:17Bah les soignants
00:34:19alors elle est encore en cours
00:34:21les réas sont encore
00:34:25à flux tendu
00:34:27dans les lits de non réanimation
00:34:29pour l'instant les gens ont peur de revenir
00:34:31c'est moins en flux tendu dans les lits
00:34:35il y a encore, les soignants
00:34:37à la fois ils ont rempli une mission
00:34:39qui était attendue par la nation
00:34:41donc il y avait un côté un peu exaltant
00:34:43il y avait une peur, la peur d'être contaminé
00:34:45mais en fait je vais vous dire la peur
00:34:47la plus importante c'était la peur de contaminer
00:34:49ses proches d'ailleurs
00:34:51quand on a annoncé ici au personnel qu'il n'y aurait plus de surblouses
00:34:53et qu'il fallait se passer les bras
00:34:55à la solution hydroalcoolique parce qu'on n'aurait
00:34:57que des ponchos
00:34:59quand le personnel a été réuni
00:35:01pour qu'on discute de ça
00:35:03il y avait des personnes
00:35:05qui avaient les larmes aux yeux en disant
00:35:07mais moi c'est pas mon problème
00:35:09c'est que chez moi il y a des gens fragiles
00:35:11et j'ai la hantise de ramener le virus
00:35:13chez moi
00:35:15beaucoup de peur, beaucoup de contamination
00:35:17donc des gens fatigués
00:35:19des gens qui n'ont pas eu leur congé
00:35:21voilà un peu l'état d'esprit
00:35:23et l'état d'esprit actuel c'est
00:35:25pourvu qu'après
00:35:27on garde des moyens, vraiment
00:35:29justement cet hôpital d'après
00:35:31vous l'imaginez comment vous ?
00:35:33idéalement vous voulez dire ?
00:35:35oui
00:35:37idéalement
00:35:39et bien c'est que
00:35:41on continue ce dialogue
00:35:43avec la direction administrative
00:35:45c'est eux qui tiennent les cordons de la bourse
00:35:47et qu'on puisse continuer
00:35:49à être dans ce dialogue de
00:35:51soucis communs de la qualité
00:35:53des soins et des conditions de travail
00:35:55et qu'ils viennent
00:35:57sur le terrain avec nous, qu'on évalue ensemble
00:35:59alors aussi au niveau de tous les hôpitaux
00:36:01quel type de patient, besoin de
00:36:03combien d'infirmières, d'aides soignantes
00:36:05d'agents, de secrétaires
00:36:07donc on continue à être dans ce dialogue et ce respect
00:36:09mutuel autour plutôt de la qualité
00:36:11et d'arrêter à nous mettre
00:36:13toujours en premier des ordres du jour
00:36:15des réunions, jusque là en premier
00:36:17des ordres du jour c'était
00:36:19quantité de séjour, recettes
00:36:21dépenses, toujours, de la gestion
00:36:23des finances
00:36:25donc si on pouvait revenir
00:36:27à mettre ça en dernier
00:36:29et nous mettre en premier point d'ordre du jour
00:36:31quand on discute avec notre
00:36:33administration
00:36:35où vous en êtes dans la qualité des soins
00:36:37le nombre de postes vacants, comment on pourrait faire
00:36:39pour faire venir du monde
00:36:41cette préoccupation là qu'on pourrait partager
00:36:43on devrait être ensemble d'ailleurs
00:36:45pour réclamer des moyens
00:36:47on s'est trouvé seul aussi par rapport aux directions
00:36:49donc ça, ça serait un nouvel hôpital
00:36:51et dans ce qu'on appellerait
00:36:53cette nouvelle gouvernance
00:36:55où la gestion
00:36:57serait au service du soin
00:36:59et pas le contraire, il faudrait
00:37:01des médecins, mais aussi
00:37:03des représentants du personnel
00:37:05parce que les grands absents
00:37:07c'est les gens du personnel
00:37:09qui ont quand même leur mot à dire sur leurs conditions de travail
00:37:11et puis des usagers
00:37:13qui ne sont pas associés
00:37:15à ce genre de discussion
00:37:17et de choix
00:37:19même de projets médicaux
00:37:21de projets de fonctionnement pour les hôpitaux
00:37:23donc ça, ça serait nouveau
00:37:25du temps
00:37:27parce que ce flux tendu depuis des années
00:37:29fait que
00:37:31on n'a plus le temps
00:37:33de se former, voyez, moi j'ai connu l'hôpital
00:37:35d'avant la loi HPST
00:37:37deux fois par an
00:37:39on fermait tout ce qui était
00:37:41non urgent et on se réunissait
00:37:43toute la journée avec tout le personnel
00:37:45dans les services, dans mon service
00:37:47et on faisait vime à vide
00:37:49les diététiciennes nous racontaient
00:37:51des choses, on se mettait à la place de l'aide-soignant
00:37:53c'était à la fois formateur
00:37:55et un trait d'union dans l'équipe
00:37:57et on n'a plus jamais le temps de faire ça
00:37:59prendre une journée pour
00:38:01se former à la pompe à insuline, les plans se font
00:38:03complexes, on n'a jamais le temps
00:38:05de faire ça, donc retrouver
00:38:07du temps de formation, du temps
00:38:09d'écoute, du temps d'échange
00:38:11ça changerait aussi beaucoup
00:38:13les conditions de vie au travail
00:38:15et puis quelque chose
00:38:17très important
00:38:19vous voyez
00:38:21quand il a fallu se réorganiser de manière efficace
00:38:23ça a été au niveau du site
00:38:25d'un hôpital, pourtant
00:38:27la pitié c'est déjà un gros hôpital
00:38:29on nous a mis dans des
00:38:31supras GH, on est 5 hôpitaux
00:38:33les directions se sont
00:38:35complètement éloignées de nous, il y a des
00:38:37couches de directions, c'est plus qui fait quoi
00:38:39et bien là
00:38:41pour être efficace
00:38:43et bien on s'est remis au niveau
00:38:45du site, parce que quand même, pourtant
00:38:47la pitié c'est grand, mais il faut cette proximité
00:38:49pour être efficace, et on s'est remis
00:38:51à se parler entre services
00:38:53on se connait tous d'ailleurs
00:38:55et on est sortis de ce qu'on nous a appelé
00:38:57des départements médico-universitaires
00:38:59on nous appelle parfois des pôles
00:39:01et on se rend compte que ces pôles
00:39:03ne sont pas efficaces pour
00:39:05l'organisation du soin
00:39:07on nous les a mis en place uniquement
00:39:09pour des histoires de gestion
00:39:11et quand on revient à la mission de soin
00:39:13on n'est pas du tout dans ce cadre là
00:39:15donc revenir au service
00:39:17et aux directions locales, main dans la main
00:39:19avec des objectifs de soin
00:39:21ce serait génial
00:39:23il y a ce qui est souhaité, mais il y a aussi
00:39:25une réalité, c'est ce que vous avez dit dans cette conférence
00:39:27qui était organisée par les différents
00:39:29collectifs inter-hôpitaux
00:39:31inter-urgences cette semaine
00:39:33vous avez dit notamment, les patients atteints du Covid-19
00:39:35sont partis de mon bâtiment, et on a de nouveau
00:39:37des tableaux Excel
00:39:39alors je ne sais pas si c'est généralisé
00:39:41parce que j'ai essayé de voir sur d'autres
00:39:43hôpitaux, il y en a qui n'ont pas
00:39:45encore reçu leur tableau Excel
00:39:51on ne sait pas quel est le sens
00:39:53pour nous ici, à la Petit-État-Pétrière, d'avoir reçu
00:39:55ce tableau Excel, on est plusieurs chefs
00:39:57de service à se poser la question, on ne se la pose plus
00:39:59trop d'ailleurs, on se dit
00:40:01qu'est-ce qui est caché derrière
00:40:03cette histoire de nous renvoyer un tableau Excel
00:40:05ça nous a surtout rappelé des mauvais
00:40:07souvenirs
00:40:09parce que c'est le tableau Excel de cette fameuse activité
00:40:11vous en avez fait plus, vous en avez fait moins
00:40:13que l'année dernière, que le mois d'avant
00:40:15que vos collègues, vous voyez cette comparaison
00:40:17cette espèce de harcèlement au séjour
00:40:19qu'on a vécu et qui nous a quand même
00:40:21traumatisé, d'un seul coup
00:40:23on voit réapparaître ce tableau Excel
00:40:25c'est le monde d'avant qui revient là tout de suite
00:40:27tout de suite, sous prétexte que
00:40:29on se détend un peu et qu'il y a moins de patients atteints de Covid
00:40:31on voit réapparaître le tableau Excel
00:40:33et dans ce tableau Excel
00:40:35évidemment, comme
00:40:37ici il y avait à peu près
00:40:39au maximum, à un moment, 300 patients
00:40:41atteints du Covid et des tas de
00:40:43lits qui étaient vidés autour, parce qu'il faut bien
00:40:45se rendre compte de ça, pour nous occuper de
00:40:47300 patients atteints du Covid
00:40:49où on nous compa en
00:40:512020, service par
00:40:53service, alors qu'on était tous mutualisés, on travaillait
00:40:55tous ensemble, on nous voit à nouveau, service par
00:40:57service, le nombre de
00:40:59séjours qu'on a fait en mars
00:41:01et avril 2020
00:41:03avec du négatif, alors on nous a pas mis le
00:41:05rouge quand même, parce qu'il y a 3 mois
00:41:07on nous aurait mis ça en rouge
00:41:09on n'a pas eu le droit à la couleur rouge, mais
00:41:11qu'on est en négatif par rapport
00:41:13à l'année dernière, bah oui évidemment
00:41:15pourquoi on nous a
00:41:17envoyé ça, voilà, si vous
00:41:19aimeriez savoir, en tout cas ça réactive
00:41:21des
00:41:23mauvaises
00:41:25sensations de, est-ce qu'ils sont
00:41:27pas encore, est-ce qu'ils sont pas déjà en train
00:41:29de nous repréparer
00:41:31à l'hôpital d'après, qui ressemblait
00:41:33malheureusement dramatiquement à l'hôpital d'avant
00:41:35quelque part ces tableaux
00:41:37Excel, ça veut illustrer
00:41:39la politique du chiffre, c'est ça
00:41:41c'est à dire qu'en gros on vous met une pression
00:41:43pour qu'il y ait du monde, pour que les lits soient libérés
00:41:45rapidement, d'habitude ces tableaux
00:41:47Excel visent à ça, c'est à dire
00:41:49visent à, je vous assure c'est quand même
00:41:51j'avais dit infantilisant
00:41:53entre collègues, quand on en parlait on se disait
00:41:55mais on se croirait à l'école quoi, on vous met en
00:41:57concurrence entre services, on vous compare
00:41:59dans les réunions que j'avais quand j'étais chef
00:42:01de pôle, on nous comparait
00:42:03entre pôle, on nous demandait de nous justifier
00:42:05comme des gamins quoi
00:42:07c'était, et c'était la seule préoccupation
00:42:09c'est ça surtout qui est choquant, c'est quand c'est
00:42:11la seule préoccupation
00:42:13et là oui
00:42:15il y a la durée de séjour
00:42:17le taux d'occupation des lits, c'est que de la gestion
00:42:19de la gestion de
00:42:21rentabilité, il faut pas
00:42:23qu'il y ait un lit vide, il faut que les patients
00:42:25qui soient là rapportent le maximum
00:42:27donc qu'ils restent pas trop longtemps
00:42:29donc c'est qu'un discours de
00:42:31rentabilité financière, et c'est
00:42:33devenu insupportable, donc ça réactive ça
00:42:35de recevoir ce tableau brutalement
00:42:37il y a eu une petite
00:42:39donc l'inquiétude elle est pas que ici
00:42:41parce que des fois on se dit mais on est pas à nous ici
00:42:43vous voyez à Robert Debray ils ont repris
00:42:45l'hôpital Robert Debray
00:42:47l'hôpital des enfants
00:42:49ils ont repris une petite action tous les jeudis
00:42:51ils défilent dans leur hôpital en blouse blanche
00:42:53et donc ils ont fait une petite
00:42:55vidéo de ça, et ils ont
00:42:57un slogan qui est super
00:42:59ils ont des pancartes
00:43:01où ils écrivent
00:43:03non au retour
00:43:05à l'anormal
00:43:07en un seul mot
00:43:09j'ai trouvé la vidéo
00:43:11je vais peut être la montrer
00:43:13elle est juste là
00:43:17on va essayer de vous montrer ça
00:43:19on va mettre le son
00:43:21dans ça
00:43:41...
00:44:09on la voit cette pancarte
00:44:13pas de retour
00:44:15pas de retour à l'anormal
00:44:17expliquez peut être cette action
00:44:19qui se déroule dans cet hôpital
00:44:21je pense qu'elle est très significative
00:44:23de la crainte de tous les soignants
00:44:25vous voyez là on voit toute catégorie de soignants
00:44:27sur la vidéo et ça veut dire
00:44:29qu'avant ce qui se passait avant n'était pas
00:44:31normal et on veut pas
00:44:33que ça revienne à ça alors que là
00:44:35on a fonctionné
00:44:37mais on avait des moyens
00:44:39normaux donc on veut pas revenir
00:44:41à quelque chose qui n'était pas acceptable
00:44:43est-ce qu'il n'y a pas la crainte justement
00:44:45on parle de ce monde d'après où on a tous un espoir
00:44:47de voir des choses différentes
00:44:49selon l'endroit où on se positionne dans la société
00:44:51de se dire que ce monde d'après
00:44:53finalement ne ressemblerait qu'au monde d'avant
00:44:55c'est à dire de dire que là on est en train de vivre une bulle
00:44:57quand je dis une bulle c'est pour l'hôpital
00:44:59de se dire bah voilà là aujourd'hui
00:45:01vous êtes considéré comme une priorité
00:45:03par les gouvernants, par beaucoup de monde
00:45:05et puis finalement que quand cette crise
00:45:07s'arrête
00:45:09pour la crise on espère qu'elle s'arrêtera le plus tôt possible
00:45:11bah finalement
00:45:13tout ce que vous évoquez là c'est le retour
00:45:15à la normale
00:45:17c'est une crainte parce qu'en plus
00:45:19comme il va y avoir un déficit
00:45:21d'argent public
00:45:23bien sûr
00:45:25et que les gens vont être à nouveau préoccupés
00:45:27par leur quotidien
00:45:29on a très peur de ça
00:45:31on a très peur que l'hôpital
00:45:33public tombe dans l'oubli
00:45:35et que le retour de
00:45:37balancier soit terrible
00:45:41peut-être même pire qu'avant
00:45:43ça se trouve, en tout cas ça serait
00:45:45ça serait d'une violence totale
00:45:49Si c'est pire qu'avant ce serait quoi le risque justement
00:45:51pour les patients, pour vous ?
00:45:59Difficulté d'accès aux soins
00:46:03les urgences qui redébordent
00:46:05moi dans mon service
00:46:09cette difficulté qu'on a parfois
00:46:11hospitaliser les patients les plus graves
00:46:13si on a peu de moyens
00:46:15je sais pas
00:46:17je sais que par exemple
00:46:19moi je parle toujours de mon service
00:46:21mais il y a des services de l'hôpital
00:46:23moi
00:46:25avec mes batailles là dont j'ai parlé au début
00:46:27d'arriver à garder ces deux infirmières
00:46:29pour 13 lits en semaine
00:46:31j'arrive à garder l'équipe que j'ai construite
00:46:33depuis 3 ans parce que
00:46:35l'administration m'accompagne
00:46:37quelque part sur ces deux
00:46:39infirmières en semaine, après ils lâchent le week-end
00:46:41parce qu'ils sont dans l'austérité
00:46:43qu'ils font ce qu'ils peuvent
00:46:45mais quelque part j'arrive à ce qu'ils m'accompagnent
00:46:47et j'ai gardé mon équipe grâce à ça
00:46:49mais il y a des services où il y a eu
00:46:51tellement de départ de personnel
00:46:53par défaut de qualité des soins
00:46:55qu'il y a des salles
00:46:57par exemple pour les patients atteints de
00:46:59sclérose latérale amyotrophique, des maladies neurosévères
00:47:01où il y avait tellement
00:47:03plus d'infirmières que ces salles
00:47:05ont quasiment fermé
00:47:07et donc là il y a des patients qui
00:47:09devaient être sur des listes d'attente
00:47:11et qui n'ont plus accès aux soins
00:47:13et ça c'est quand même terrible
00:47:15donc si c'est encore pire que ça
00:47:17je ne sais pas ce que ça peut être
00:47:19c'est ça, c'est pire que ça
00:47:21c'est des unités
00:47:23fermées avec défaut d'accès aux soins
00:47:25pour des patients graves
00:47:27et puis si c'est le flux tendu
00:47:29là on a encaissé le COVID
00:47:31parce qu'on a eu du quoi qu'il en coûte
00:47:33et on a tout mis sur les patients COVID
00:47:35parce qu'il ne pouvait pas y avoir
00:47:37un truc gravissime
00:47:39sanitairement
00:47:41et politiquement
00:47:43mais si on revient
00:47:45à du flux tendu encore pire qu'avant
00:47:47les autres crises, grippe
00:47:49bronchiolite de l'hiver
00:47:51on pourra encore moins les encaisser
00:47:53et puis on va revenir à ces patients qui attendent
00:47:55sur les lits aux urgences
00:47:57ici on n'a pas assez d'ambulances pour les transporter
00:47:59dans les services, on avait tout ce qu'il fallait
00:48:01comme ambulances, donc ils vont recommencer
00:48:03à attendre des heures avant d'arriver dans les services
00:48:05on avait enfin des places
00:48:07pour que les patients puissent partir en centre
00:48:09de réadaptation, on n'aura à nouveau plus
00:48:11de places, ça redeviendrait
00:48:13et ça peut être pire que ça bien sûr
00:48:15Avant de conclure ce live, je salue toutes les personnes qui nous regardent
00:48:17vous êtes très nombreux à nous suivre
00:48:19alors on a peut-être encore quelques petites questions si vous permettez
00:48:21j'invite les personnes qui nous regardent, n'hésitez pas
00:48:23à commenter, à partager ce direct, à poser vos questions
00:48:25c'est un
00:48:27espace de liberté d'expression, donc n'hésitez pas
00:48:29à réagir, à partager ce direct
00:48:31il y a près de 1600 déjà à avoir partagé ce live depuis le début
00:48:331583 exactement, donc n'hésitez pas
00:48:35vous avez le bouton en bas à gauche pour partager sur vos pages
00:48:37sur vos groupes, qu'on soit encore plus nombreux
00:48:39pour ce live qui est intéressant parce que c'est aussi
00:48:41de parler de l'hôpital public
00:48:43en général, cette crise qu'on a
00:48:45largement couverte sur Brut depuis un an
00:48:47sous la forme de grèves
00:48:49dans les services d'urgence, après il y a le collectif interhôpitaux
00:48:51qui est arrivé quelques semaines après
00:48:53et d'une
00:48:55sorte de crise mais sous-jacente parce que
00:48:57c'était, on va dire, les mots, les symptômes
00:48:59de quelque chose qui existait depuis quelques années
00:49:01c'est ce qu'on évoque depuis le début de ce direct
00:49:03quand on évoque
00:49:05ça justement, il y a beaucoup de personnes
00:49:07qui vous soutiennent, mais il y a aussi le fait de se dire
00:49:09que, voilà, on parle des services d'urgence
00:49:11parfois d'un flux
00:49:13important, de personnes qui attendent pendant très longtemps
00:49:15est-ce que des fois on se dit que c'est pas
00:49:17il n'y a pas eu d'un côté inhumain dans le traitement
00:49:19qu'on a pu avoir vis-à-vis des personnes
00:49:21c'est-à-dire de les laisser attendre trop longtemps
00:49:23ou peut-être même parfois se dire que
00:49:25on n'a pas pu leur apporter les soins
00:49:27assez rapidement et que donc du coup
00:49:29leur état s'est peut-être dégradé du fait
00:49:31qu'ils ont attendu trop longtemps, est-ce que vous, ça vous est déjà
00:49:33arrivé de ressentir ça ?
00:49:35Alors moi je travaille pas
00:49:37aux services d'urgence
00:49:39donc j'entends très bien mes collègues
00:49:41exprimer ça
00:49:43c'est très complexe
00:49:45l'histoire des urgences parce que ça signifie
00:49:47aussi qu'il n'y a plus de
00:49:49médecins de première ligne
00:49:51alors moi je l'entends par mes patients différemment
00:49:53on voit arriver beaucoup de patients avec le diabète
00:49:55de départements
00:49:57où il n'y a plus de médecins généralistes, plus assez
00:49:59et ils disent mon médecin est parti en retraite
00:50:01j'ai plus d'ordonnance, est-ce que vous pourriez me renouveler
00:50:03mon ordonnance et sur l'ordonnance il n'y a pas que le diabète
00:50:05donc on a l'impression qu'on supplait à des défauts
00:50:07de médecine de premier recours
00:50:09le problème des urgences
00:50:11c'est aussi beaucoup beaucoup ça, le manque de médecins
00:50:13de premier recours
00:50:15donc il y a toute une organisation des soins
00:50:17à remettre sur la ville
00:50:19remettre des moyens sur la ville et réorganiser la ville
00:50:21donc bien sûr
00:50:23les collègues qui
00:50:25travaillent aux urgences
00:50:27racontent très bien ça, le côté inhumain
00:50:29de cette attente aux urgences, alors nous quand on reçoit
00:50:31des patients qui viennent des urgences
00:50:33dans mon service
00:50:35il y a
00:50:37dans un hôpital comme ici où il y a un problème de transport
00:50:39entre pavillons
00:50:41il manque clairement
00:50:43c'est tout bête à dire, il manque clairement
00:50:45une ambulance
00:50:47pour transporter les patients d'un bâtiment à un autre
00:50:49aller faire des examens
00:50:51mais une ambulance c'est 12 personnes
00:50:53parce qu'il faut un ambulancier
00:50:55et quelqu'un qui surveille le patient
00:50:57donc c'est deux matin, après-midi, nuit
00:50:59donc c'est 12 personnes
00:51:01c'est du personnel une ambulance
00:51:03les gens qui attendent aux urgences
00:51:05qui ont un lit chez moi par exemple
00:51:07ils attendent des heures que l'ambulance les emmène
00:51:09donc ces conditions
00:51:11pour les patients
00:51:13dépendent aussi du nombre
00:51:15de moyens qu'on a sur l'hôpital
00:51:17et puis après le deuxième problème il est sur ce qu'on appelle
00:51:19les SSR
00:51:21parce qu'il y a des patients
00:51:23souvent âgés qui attendent une place
00:51:25qui ne peuvent pas rentrer chez eux
00:51:27et en fait il n'y a pas assez de place dans ces centres
00:51:29de suite
00:51:31donc ça aussi il y a un enjeu de santé publique
00:51:33qu'il y ait plus de place dans ces centres
00:51:35de soins de suite pour que les patients puissent ensuite
00:51:37bénéficier de cela avant de rentrer à la maison
00:51:39donc les urgences
00:51:41c'est un parcours patient complexe
00:51:43qui demande
00:51:45alors ici il manque probablement
00:51:47des lits pour ces patients-là
00:51:49mais ce n'est pas sûr
00:51:51il est possible que si c'était fluidifié
00:51:53pour que ces patients puissent ensuite aller dans des centres
00:51:55de soins de suite, on ait assez
00:51:57de lits pour eux. Voilà donc c'est complexe
00:51:59et ça demande une réflexion d'ordre
00:52:01national sur tout ce
00:52:03qu'il faudrait pour résoudre ce problème
00:52:05On sait que fin mars le président de la république
00:52:07était venu ici
00:52:09il avait rencontré pas mal de monde et notamment
00:52:11François Seracas, on se souvient de cette
00:52:13séquence assez forte
00:52:15on l'avait d'ailleurs eu le soir même en direct sur vous
00:52:17je pense que vous vous en souvenez, il avait interpellé
00:52:19directement le président de la république
00:52:21pour lui parler du manque de moyens
00:52:23à ce moment-là avait été évoqué l'idée
00:52:25d'une rencontre
00:52:27clairement là sur ces deux derniers mois
00:52:29c'est vrai qu'on a moins parlé justement de cette situation
00:52:31de crise et des moyens
00:52:33pour la suite, c'est-à-dire de ce que vous réclamez
00:52:35depuis un an maintenant
00:52:37est-ce qu'il y a des négociations qui sont avec le gouvernement
00:52:39est-ce que vous discutez avec eux
00:52:41avec Olivier Véran qui a succédé
00:52:43à Agnès Buzyn depuis quelques mois
00:52:45ou alors pour l'instant
00:52:47il n'y a pas eu
00:52:49d'avancée concrète sur ces deux derniers mois
00:52:51Non il n'y a eu aucune avancée
00:52:53concrète, il s'était engagé à nous recevoir
00:52:55à recevoir François Seracas
00:52:57rapidement, je ne sais plus
00:52:59quels étaient ses termes mais la vidéo
00:53:01elle est partout et en fait
00:53:03il n'y a eu aucune nouvelle, il a été relancé
00:53:05enfin en même temps on ne veut pas le harceler
00:53:07on l'a relancé
00:53:09il y a eu des tribunes
00:53:11on l'interpelle
00:53:13on craint vraiment
00:53:15que
00:53:17le quoi qu'il en coûte c'était que
00:53:19pour le Covid
00:53:21et que là il y avait un enjeu politique pour lui
00:53:23et qu'il a donné les moyens à ce moment-là
00:53:25quand François Seracas lui dit
00:53:27donnez-leur les moyens, parce qu'il a raison
00:53:29François, il interpelle toutes les directions
00:53:31autour de lui, il leur dit
00:53:33donnez-leur les moyens de nous donner les moyens
00:53:35parce qu'ils gèrent l'austérité parce qu'ils n'ont pas les moyens
00:53:37et donc
00:53:39ce qu'on craint c'est qu'il ait donné
00:53:41quoi qu'il en coûte là, c'est ce qu'il a fait
00:53:43il a donné les moyens parce qu'il y avait cette histoire
00:53:45de Covid et qu'il ne fallait pas se louper
00:53:47mais qu'après
00:53:49l'hôpital public
00:53:51donc on attend toujours ce rendez-vous
00:53:53pour avoir les moyens aussi pour les patients
00:53:55non Covid
00:53:57ça va être quoi la suite de ce combat maintenant pour vous
00:53:59on va dire que ce Covid il a un peu
00:54:01créé une sorte de parenthèse
00:54:03où toutes les luttes sociales sans être oubliées
00:54:05elles ont été un peu mises entre parenthèses pour gérer
00:54:07justement cette crise
00:54:09là la situation est plus calme
00:54:11elle peut peut-être permettre
00:54:13de pouvoir relancer certaines revendications
00:54:15certaines choses, comment vous voyez un peu
00:54:17la suite des événements dans les
00:54:19les prochains jours, parce qu'on imagine que les prochains jours
00:54:21seront encore concentrés sur cette crise
00:54:23mais on va dire sur l'après-crise
00:54:25quand il arrivera
00:54:27c'est un rapport de force
00:54:29pour obtenir des moyens
00:54:31c'est clairement
00:54:33alors nous on n'a pas la grève
00:54:35c'est pour ça d'ailleurs que
00:54:37ça les fait sûrement doucement rigoler
00:54:39quand on les interpelle
00:54:41c'est qu'ils se disent
00:54:43il y a eu beaucoup de trucs drôles qui circulaient
00:54:45sur internet qui nous ont permis
00:54:47à tous de tenir
00:54:49et il y avait un truc qui circulait au début
00:54:51c'était de dire allez-y les soignants je crois que c'est le bon moment
00:54:53pour vous mettre en grève
00:54:55on a eu tout ce qu'on voulait tout de suite
00:54:57mais comme on a eu ce qu'on voulait pour le covid
00:54:59on ne peut pas se mettre en grève
00:55:01donc nos moyens d'action sont quand même compliqués
00:55:03à mettre en place
00:55:05ce qu'on attend là c'est vraiment un soutien de la population
00:55:07et il y a la
00:55:09la pétition
00:55:11qu'il faudrait que les gens continuent à aller signer
00:55:13parce qu'en fait ces signatures sont extrêmement importantes
00:55:15sur .org
00:55:17hôpital public
00:55:19continuez à signer cette pétition
00:55:21parce que ça nous permettra d'interpeller
00:55:23les chambres en fait
00:55:25le sénat et la chambre des députés
00:55:27comme problème crucial
00:55:29de l'hôpital public il faut absolument que les gens
00:55:31continuent à signer cette pétition
00:55:33elle est pas tombée dans les oubliettes
00:55:35et puis forcément on va repartir
00:55:37avec des actions publiques
00:55:39manifestations ou autres
00:55:41on est en train de réfléchir et il faut que la population
00:55:43vienne avec nous parce que
00:55:45on voit bien que
00:55:47quand on est entre nous ça suffit pas
00:55:49vous comment vous vivez
00:55:51je vais pas dire forcément cette période humainement
00:55:53mais avant peut-être de
00:55:55conclure sur une question de pouvoir vous
00:55:57adresser à ceux qui nous regardent
00:55:59on a fait ce constat de beaucoup de choses
00:56:01aujourd'hui, ce qui vous a poussé en mois de janvier
00:56:03à aller
00:56:05dans cette idée de démission
00:56:07de fonction administrative avec beaucoup d'autres de vos collègues
00:56:09on sait que souvent quand on va dans ces métiers là
00:56:11c'est des métiers de vocation, de passion
00:56:13c'est des très longues études
00:56:15et puis il y a ça
00:56:17et puis cette réalité aujourd'hui que vous faites
00:56:19comment on vit un peu ça, il y a un écart
00:56:21entre le fait d'aimer son métier
00:56:23et la réalité
00:56:25bah oui
00:56:27il faut apprendre à faire avec
00:56:29tout ce qu'on
00:56:31aimerait faire mieux
00:56:35et qu'on
00:56:37peut pas faire au quotidien
00:56:39en fait ce qui nous permet de tenir
00:56:41c'est pour ça que
00:56:43en fait c'est l'équipe
00:56:45on se serre les coudes
00:56:47entre nous
00:56:49c'est comme ça qu'on tient
00:56:51je crois que
00:56:53pour les médecins qui gagnent à peu près
00:56:55correctement leur vie à l'hôpital
00:56:57comme moi par exemple
00:56:59on reste parce que
00:57:01on a notre mission d'enseignement
00:57:03qui nous fait tenir
00:57:05la recherche c'est devenu compliqué
00:57:07parce que la recherche il y a aussi beaucoup moins de moyens
00:57:09et beaucoup moins de temps qu'on peut consacrer à la recherche
00:57:11et la recherche
00:57:13est en difficulté
00:57:15mais on a nos salaires
00:57:17donc on tient
00:57:19parce qu'on aime notre métier
00:57:21parce qu'il y a cette ambiance d'équipe qui nous permet de tenir
00:57:23c'est plus difficile pour les gens
00:57:25qui gagnent moins bien leur vie
00:57:27et dont les conditions de travail se dégradent quand même
00:57:29beaucoup plus vite que celles des médecins
00:57:31c'est ceux qui sont vraiment en première ligne
00:57:33toutes professions confondues sur le terrain
00:57:35voilà
00:57:37mais il y a certains médecins
00:57:39qui quittent l'hôpital public
00:57:41nous dans le collectif interhôpitaux
00:57:43par définition je pense qu'on ne quittera pas
00:57:45parce qu'on y est très attaché
00:57:47on sait ce que ça vaut l'hôpital public
00:57:49c'est soigner tout le monde
00:57:51quel que soit leur revenu
00:57:53et ce qui nous fait peur
00:57:55c'est cette ambiance aussi autour
00:57:57là en ce moment on reparle
00:57:59ça serait peut-être bien de changer les statuts
00:58:01devenir des hôpitaux privés
00:58:03à but non lucratif
00:58:05ça serait terrible
00:58:07parce que les hôpitaux même à but non lucratif
00:58:09ils sont tenus d'être à l'équilibre budgétaire
00:58:11donc ils choisissent
00:58:13la plupart quand même
00:58:15choisissent des choses
00:58:17qui ne soient pas trop non rentables
00:58:19alors que nous à l'hôpital public
00:58:21vous voyez par exemple une unité de pied diabétique
00:58:2313 lits
00:58:25on a des listes d'attente
00:58:27parce qu'on est un centre expert
00:58:29et ces patients là on trouve difficilement des lits
00:58:31parce qu'ils restent longtemps
00:58:33justement ils rapportent au bout d'un moment
00:58:35pas assez d'argent à l'hôpital
00:58:37vous pouvez chercher
00:58:39vous ne trouverez pas une unité de pied diabétique
00:58:41dans un établissement
00:58:43privé à but non lucratif
00:58:49en tout cas
00:58:51il faut que l'hôpital public garde ses moyens
00:58:53pour pouvoir accueillir toujours
00:58:55tous ces patients
00:58:57quels que soient leurs revenus
00:58:59et on les soigne tous du mieux qu'on peut
00:59:01pour conclure cela
00:59:03cette question
00:59:05c'est peut-être même pas une question d'ailleurs
00:59:07c'est l'idée de pouvoir vous adresser à ceux qui nous regardent
00:59:09il y a beaucoup de commentaires
00:59:11déjà je salue toutes les personnes qui nous regardent sur ce live
00:59:13et je tiens à les remercier parce qu'encore une fois
00:59:15vous avez été très nombreux à nous suivre
00:59:17je vais vous donner quelques chiffres
00:59:19pour qu'on puisse mettre en perspective
00:59:21il y a près de 200 000 personnes ont cumulé
00:59:23qui nous ont regardé depuis le début de ce live
00:59:252 011 personnes ont partagé
00:59:27n'hésitez pas à commenter
00:59:29à la fin du live
00:59:31je sais qu'il y a Sophie Crozier
00:59:33qu'on a eu en live il n'y a pas très longtemps
00:59:35qui est présente sur ce live
00:59:37qui vous mettra peut-être le lien dans les commentaires
00:59:39on avait déjà fait un live sur la crise de l'hôpital public
00:59:41vous le savez sur BOOT depuis le début de cette crise sanitaire
00:59:43on vous fait des lives très régulièrement
00:59:45avec les médecins, les chercheurs
00:59:47tous ceux qui sont dans la gestion de cette crise
00:59:49pour vous donner des informations
00:59:51notamment sur l'épidémie
00:59:53comment elle se développe
00:59:55qu'est-ce qu'il faut faire pour la contrer
00:59:57comment faire pour les hôpitaux
00:59:59tout des renseignements pratiques sur notre quotidien
01:00:01comme on a pu le faire notamment au début de la semaine
01:00:03avec Philippe Juvin, chef du service des urgences
01:00:05de l'hôpital Georges Pompidou à Paris
01:00:07qui nous a expliqué un peu aussi
01:00:09comment ça évolue
01:00:11et comment bien aborder ce déconfinement
01:00:13on continuera bien évidemment de faire d'autres lives
01:00:15dans cette ligne là dans les prochains jours
01:00:17dans les prochaines semaines
01:00:19parce que comme vous voyez le 11 mai ce n'est plus une étape
01:00:21de première étape de déconfinement
01:00:23il y a encore beaucoup d'autres choses
01:00:25j'aimerais justement pouvoir évoquer avec vous
01:00:27pour conclure ce live, le message que vous voulez donner
01:00:29pour ceux qui nous regardent
01:00:31parce qu'il y a beaucoup de personnes qui disent
01:00:33merci madame, merci professeur
01:00:35il y a beaucoup de soutien
01:00:37merci professeur Hartmann pour votre engagement
01:00:39des personnes qui signent également la pétition
01:00:41ça revient peut-être un peu à ce qu'on disait
01:00:43sur le soutien de la population
01:00:45mais là c'est un soutien qui va vers vos revendications
01:00:47vers la suite
01:00:49qu'est-ce que vous voulez leur adresser
01:00:51on aura besoin de vous demain pour nos combats
01:00:53oui c'est ça
01:00:55d'abord je voudrais les remercier
01:00:57parce que
01:00:59sans eux
01:01:01je l'ai dit tout à l'heure, on ne peut pas faire grève
01:01:03on n'ennuie personne
01:01:05donc sans eux
01:01:07on n'obtient pas gain de cause
01:01:11donc merci d'être là
01:01:13merci d'avoir été là déjà avant
01:01:15d'être là encore
01:01:17avec tout ce qui nous a permis de tenir
01:01:19pendant cette période Covid
01:01:21et puis merci d'être là après
01:01:23parce que sans le soutien de la population
01:01:27le rapport de force n'est pas là
01:01:29pour défendre l'hôpital public
01:01:31et surtout en ce moment on a un peu peur
01:01:33de l'idée qu'un jour on évoluerait
01:01:35vers un système privé
01:01:37
01:01:39il n'y aurait plus l'accès
01:01:41aux soins de qualité pour tout le monde
01:01:43donc merci d'être là
01:01:45et puis on vous resolicitera
01:01:47quand on repartira en action
01:01:49on sera sortis peut-être de cette
01:01:51deuxième vague et du confinement définitif
01:01:53et en attendant
01:01:55mettez un masque
01:01:57restez pas chez vous mais mettez un masque
01:01:59et puis on compte sur vous
01:02:01pour être avec nous l'après crise
01:02:03merci beaucoup Mme Marquand
01:02:05chef de service à l'hôpital
01:02:07et vous êtes aussi une des co-fondatrices
01:02:09c'est très collectif
01:02:11c'est très
01:02:13consensuel
01:02:15horizontal et très collectif
01:02:17merci d'avoir répondu à mes questions
01:02:19merci beaucoup
01:02:21merci beaucoup
01:02:23et j'en reprends
01:02:25juste pour en tout cas vous remercier
01:02:27d'avoir suivi aussi nombreux ce facebook live
01:02:29alors ce qu'il faut savoir c'est que
01:02:31dans quelques instants vous pourrez retrouver
01:02:33le replay de ce facebook live comme l'ensemble de nos directs
01:02:35ils sont toujours à retrouver en intégralité
01:02:37je sais que pour certains vous êtes arrivés
01:02:39en cours de live, vous avez peut-être parfois
01:02:41reposé certaines questions qu'on a pu évoquer
01:02:43au début de ce live, il faut savoir que tout est évoqué
01:02:45à l'intérieur de celui-ci, on a parlé de beaucoup de choses
01:02:47sur les conditions de travail, sur la crise de l'hôpital
01:02:49sur la crise
01:02:51du Covid-19 également et puis aussi sur ce monde
01:02:53d'après, parce qu'il y a aussi cette ouverture
01:02:55à des jours meilleurs
01:02:57qu'on espère arriver très vite, de penser
01:02:59comment construire cet hôpital public
01:03:01de demain, comment réussir
01:03:03à mettre en phase leurs revendications
01:03:05dans le quotidien
01:03:07qui sera le leur demain
01:03:09et que tout cet élan de solidarité, tous ces moyens qui ont été mis en place
01:03:11aujourd'hui, ça ne retombe pas
01:03:13et c'est une des craintes aussi qui a pu être exprimée
01:03:15notamment par madame Hartmann
01:03:17justement la crainte de se dire que
01:03:19ces moyens qui sont alloués aujourd'hui pour le Covid-19
01:03:21ce quoi qu'il en coûte qui a été évoqué par le Président de la République
01:03:23ne soit plus forcément présent
01:03:25demain. Voilà, en tout cas
01:03:27merci à vous, alors je sais qu'il y a parfois
01:03:29certaines personnes qui nous parlaient du son
01:03:31on essaie de toujours faire le maximum pour avoir
01:03:33le meilleur son possible avec des dispositifs
01:03:35de micro etc, dans des conditions
01:03:37sanitaires différentes
01:03:39dans des conditions sanitaires différentes parce que justement
01:03:41au niveau des micros, on ne met pas les micros cravate
01:03:43donc on essaie de faire attention, d'adapter les choses
01:03:45je sais que certaines personnes parfois nous l'ont
01:03:47dit dans les commentaires, alors peut-être
01:03:49en augmentant le son ou autre
01:03:51je pense que vous pouvez
01:03:53normalement nous entendre tout à fait correctement
01:03:55enfin je sais qu'il y a eu quelques commentaires dans ce sens là
01:03:57qui a priori avaient l'air plutôt isolés
01:03:59donc normalement je pense que si vous augmentez le son, vous mettez le truc
01:04:01à fond, il n'y a pas de soucis parce que la plupart des personnes
01:04:03semblent avoir réussi à entendre correctement
01:04:05mais en tout cas on essaie toujours de faire le maximum pour adapter
01:04:07nos dispositifs et faire en sorte que vous puissiez
01:04:09nous regarder
01:04:11et nous entendre du mieux possible et puis comme je vous disais
01:04:13précédemment, on continuera
01:04:15de pouvoir
01:04:17vous informer dans les prochains jours
01:04:19on va aller à la rencontre
01:04:21encore d'autres médecins, de
01:04:23chercheurs, de personnalités politiques
01:04:25ou autres qui puissent répondre à mes questions
01:04:27mais aussi les vôtres, vous voyez l'idée
01:04:29c'est qu'on est dans une période où notre quotidien
01:04:31se retrouve
01:04:33tout simplement bouleversé et l'idée
01:04:35c'est pouvoir de vous accompagner
01:04:37vous donner des renseignements
01:04:39comment évolue la crise sanitaire, comment évolue cette épidémie
01:04:41la crainte d'une seconde vague
01:04:43elle est régulièrement évoquée sans qu'on ait de certitudes
01:04:45même d'ailleurs on en a aucune
01:04:47qu'elle ait lieu ou pas, maintenant, l'automne prochain
01:04:49pas du tout, on essaye d'aller à la rencontre
01:04:51de personnes qui puissent un peu
01:04:53nous éclairer sur les différentes hypothèses
01:04:55parce que c'est des hypothèses à ce stade là
01:04:57et de mettre les faits en perspective et sur votre quotidien
01:04:59la semaine prochaine, on sait que le 11 mai
01:05:01ça va être un moment
01:05:03assez important pour toutes et tous
01:05:05le retour au travail, la crainte
01:05:07les transports en commun, la vie publique
01:05:09comment on organise le monde du travail
01:05:11en période de
01:05:13de distanciation sociale
01:05:15c'était dans les open space et autres
01:05:17on essaiera bien évidemment de continuer
01:05:19à vous informer de ce côté là, sur les gestes barrières
01:05:21sur comment réussir à prendre le maximum
01:05:23de dispositions pour se mettre en sécurité
01:05:25soi-même face au risque d'être contaminé
01:05:27par le virus dans une période où on va
01:05:29avoir plus d'interactions sociales
01:05:31que celles qu'on avait ces huit dernières semaines
01:05:33merci
01:05:35à vous, prenez soin
01:05:37de vous et de vos proches, on se retrouve très très vite
01:05:39pour de nouvelles images en direct
01:05:41vous le savez sur BOOT comme je vous le disais à tout moment
01:05:43vos suggestions, vos retours pour le live
01:05:45vous avez mon profil qui est juste en haut
01:05:47qui est en description de ce live, remybuisine
01:05:49vous pouvez me faire vos retours, vos critiques, vos commentaires
01:05:51vos suggestions, les questions que vous voulez poser
01:05:53également, n'hésitez pas à faire vos retours
01:05:55ce sera avec un grand plaisir
01:05:57de pouvoir prendre en compte vos commentaires
01:05:59parce que comme je le dis tout le temps, je suis présent sur le terrain
01:06:01pour vous, pour vous informer, donc vos retours
01:06:03sont extrêmement précieux
01:06:05donc voilà, n'hésitez pas, je vois encore pas mal
01:06:07de commentaires qui vous remercient
01:06:09en tout cas, qui sont très très nombreux
01:06:11et voilà, en tout cas
01:06:13très très bonne fin de journée à vous et on se retrouve
01:06:15très très vite, à bientôt

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