• il y a 12 heures
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"Mais gageons que les socialistes, après ainsi fait la démonstration éclatante de leur impressionnant amateurisme face à un Premier ministre qui les a menés en bateau, reviendront à plus de modestie : même eux doivent désormais avoir compris que leurs électeurs risquaient de se rendre compte que leur « gauche qui travaille » est une gauche qui déraille."

Nouvel épisode de Quelle époque formidable, par Sébastien Fontenelle.

Journaliste : Sébastien Fontenelle
Montage : Sandra Perrin
Son : Baptiste Veilhan
Graphisme : Margaux Simon
Production : Hicham Tragha
Directeur du développement des collaborations extérieures : Mathias Enthoven
Co-directrice de la rédaction : Soumaya Benaïssa
Directeur de la publication : Denis Robert

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#Censure
#Bayrou
#politique

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Transcription
00:00Il y a beaucoup de gens qui veulent surtout qu'on revienne aux 62 ans,
00:02ça va être possible ça ou pas dans le contexte dans lequel on est ?
00:04Non.
00:05Le Premier ministre et le patronat ont malheureusement définitivement enterré ce conclave
00:11et c'est très grave parce que le Premier ministre s'était engagé à ce que ces discussions
00:15soient sans totem ni tabou et il nous a dit ce week-end qu'il y avait un tabou les 62 ans,
00:21or les 62 ans c'est la question centrale.
00:23Il y a la gauche qui braille et il y a la gauche qui travaille.
00:26Il y a celles et ceux qui s'interrogent ou même dénoncent,
00:28parfois avec beaucoup de véhémence et beaucoup de violence,
00:30le principe même de la négociation, je leur adresse ces mots du grand Jaurès
00:34au soutien du gouvernement Valdez-Cousseau.
00:36Il nous plaît que notre parti ne soit pas composé de ces éternels impuissants
00:39qui critiquent, chicane, disputent, déménagissent et combattent toujours trop tard.
00:44François Bayrou a exclu tout retour à l'âge de départ à 62 ans, vous vous êtes fait avoir quand même.
00:50Comment vous appelez ça vous, quand vous vous faites élire sur un programme
00:53et que vous faites le contraire en aidant ceux,
00:57c'est-à-dire les macronistes au pouvoir, à rester au pouvoir ?
00:59Honnêtement, je ne fais pas le sondage parce qu'il ne faut pas être trop cruel,
01:04en demandant aux gens de lever la main dans la salle.
01:06Est-ce qu'il y en a une qui croyait qu'ils avaient l'intention dans le conclave
01:10de nous ramener à 62 ans ?
01:12Non !
01:27Le journal Le Monde explique dans un article publié lundi 17 mars
01:35que la gauche accuse François Bayrou de trahison
01:37après que le Premier ministre a décrété la veille, dimanche 16 mars,
01:41qu'il n'était pas question pour lui de revenir à l'âge légal de départ en retraite à 62 ans.
01:45François Bayrou a exclu tout retour à l'âge de départ à 62 ans, vous vous êtes fait avoir quand même.
01:53Non, parce que le débat va continuer, mais c'est vrai que cela pose une question.
01:59Que vaut la parole de François Bayrou ?
02:01Dans la réalité, ce n'est bien sûr pas la gauche qui s'en trahit,
02:04comme le prétend donc faussement Le Monde,
02:06ce sont les socialistes, et ce n'est pas du tout la même chose.
02:09Pour bien le comprendre, il faut une nouvelle fois remonter au coup de force antidémocratique
02:13du 7 juillet 2024, dont la presse et les médias mainstream
02:16continuent très tranquillement de faire comme s'il n'avait jamais existé,
02:20mais qui, 9 mois plus tard, surdétermine toujours notre actualité politique.
02:25Ce jour-là, la gauche, unie au sein du Nouveau Front Populaire, le NFP,
02:28a remporté le second tour des élections législatives,
02:31organisées après la dissolution de l'Assemblée Nationale par Emmanuel Macron,
02:35chef de l'État français.
02:36L'Assemblée est divisée en 4 blocs, c'est donc la gauche, le Nouveau Front Populaire,
02:41qui arrive en tête de cette élection, suivi d'ensemble le camp macroniste,
02:45le Rassemblement National arrive en tête au premier tour, n'est que troisième,
02:48mais enfin, les Républicains maintiennent à peu près leur nombre de députés.
02:52Pour empêcher une victoire du Rassemblement National,
02:55les électeurs ont majoritairement voté pour le NFP,
02:57qui avait promis dans son programme d'abroger la réforme des retraites de 2023,
03:02dont les trois quarts des Français ne voulaient pas,
03:04mais qui leur avait été imposée par la force, par Macron,
03:07et par sa première ministre de l'époque, l'étonnante Elisabeth Borne.
03:11Aussi, sur le fondement de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution,
03:17j'engage la responsabilité de mon gouvernement
03:21sur l'ensemble du projet de loi de financement rectificatif
03:25de la Sécurité Sociale pour 2023,
03:28modifié par l'amendement de coordination communiquée à l'Assemblée Nationale.
03:33Mais après cette incontestable victoire électorale de la gauche,
03:37le chef de l'État, décidément allergique à la démocratie,
03:40a confisqué le résultat des législatives,
03:42en refusant de confier Matignon à Lucie Castet,
03:45candidate désignée par le Nouveau Front Populaire,
03:48à qui le poste de première ministre aurait pourtant dû revenir.
03:51Au lieu de ça, Macron, comme pour mieux souligner
03:53qu'il n'éprouve qu'un immense mépris pour les électeurs,
03:56a demandé au Rassemblement National
03:58l'autorisation de nommer Michel Barnier,
04:00lequel, fort de ce parrainage,
04:03s'est à son tour entouré de ministres d'extrême droite,
04:06dont la nomination a également été approuvée par Macron,
04:09comme Bruno Retailleau,
04:10qui s'est empressé, après sa nomination au ministère de l'Intérieur,
04:14de vitupérer contre l'État de droit,
04:16et donc contre la démocratie.
04:18Quand Michel Barnier,
04:19après avoir perdu le soutien du Rassemblement National,
04:22a été censuré au mois de décembre dernier,
04:25le chef de l'État aurait pu se décider à respecter enfin
04:28le résultat du second tour des élections législatives,
04:30en nommant la première ministre désignée par le NFP.
04:33Le moment est grave, mais je pense qu'un espoir est levé.
04:36Je suis prête, nous sommes prêts.
04:38Je demande maintenant au président de la République
04:39de prendre ses responsabilités et de me nommer premier ministre.
04:42Mais il a préféré continuer à bafouer toutes les règles démocratiques,
04:45en nommant plutôt le centriste François Bayrou,
04:48qui sait qu'il a absolument besoin du soutien de l'extrême droite
04:51s'il veut éviter d'être censuré comme son prédécesseur,
04:53et qui n'a donc pas cessé de donner toujours plus de gages
04:56au Rassemblement National.
04:57Dans le même temps,
04:58Bayrou a voulu amadouer aussi les socialistes,
05:01dont il sait pertinemment qu'il ne faut jamais beaucoup les pousser,
05:04pour qu'ils acceptent de se renier.
05:06Il leur a donc promis de rouvrir des discussions
05:08sur la réforme des retraites de 2023,
05:10dont les trois quarts des Français ne demandaient pas du tout
05:13qu'elles soient rediscutées,
05:14mais qu'elles soient purement et simplement abrogées.
05:16Ce dernier point est intéressant,
05:18parce qu'il nous rappelle très opportunément
05:20que le centrisme politique est une vaste escroquerie
05:23qui prétend se tenir à équidistance de la droite et de la gauche,
05:26mais qui, dans la réalité,
05:27donne des gages très concrets à l'extrême droite,
05:30alors qu'elle n'offre que de vagues promesses à la gauche.
05:33De fait, Bayrou, depuis sa nomination,
05:35gouverne bel et bien à droite de la droite,
05:38en promettant par exemple un débat sur l'identité nationale,
05:41dont il sait parfaitement qu'il profitera principalement
05:44au rassemblement national,
05:45et en laissant Retailleau vociférer impunément contre l'immigration,
05:49dont le ministre de l'Intérieur a encore répété la semaine dernière
05:53qu'elle n'était, je cite,
05:54« pas une chance pour la France »
05:56et la considère donc comme une calamité.
05:58En revanche, le même Bayrou vient donc de renier sa promesse
06:02de rouvrir des négociations sur la réforme des retraites de 2023,
06:05puisqu'en décrétant dimanche dernier
06:07qu'il n'était pas question de revenir à l'âge légal de départ à 62 ans,
06:10il a de fait mis un terme à ces discussions.
06:13Revenons maintenant au traitement médiatique
06:15de cette intéressante séquence et aux articles de presse
06:18expliquant que la gauche se sent trahie
06:20par cette déclaration de François Bayrou.
06:22Le problème est que cette gauche ne se limite pas au Parti socialiste,
06:25elle compte aussi, outre les écologistes et les communistes,
06:28la France insoumise qui, à l'inverse des socialistes,
06:32ne s'est jamais laissée engobiner par les promesses de François Bayrou.
06:36Tout au contraire, les Insoumis ont toujours refusé,
06:38pour ne pas renier l'engagement pris auprès des électeurs du Nouveau Front populaire,
06:42de renégocier une réforme des retraites dont ces électeurs demandaient l'abrogation
06:46et ils ont déposé plusieurs motions de censure
06:48pour tenter de faire tomber le gouvernement Bayrou.
06:50Mais à chaque fois, les socialistes ont refusé,
06:53comme le Rassemblement national, de voter cette censure
06:56pour mieux se présenter comme une gauche raisonnable
06:58et ouverte aux compromis,
07:00en suggérant que les Insoumis étaient quant à eux des jusqu'au-boutistes et cervelés.
07:03On se rappelle qu'Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste,
07:07avait même décrété au mois de janvier dernier
07:09qu'il incarnait, je cite,
07:11une gauche qui travaille,
07:12alors que la France insoumise représentait, je cite toujours,
07:16une gauche qui braille.
07:17Je vais reprendre l'expression de mon premier secrétaire.
07:20Il y a la gauche qui braille et il y a la gauche qui travaille.
07:22Ça c'est la gauche qui braille ?
07:23Vous parlez de la gauche qui braille ?
07:25Elle est fille ce matin, c'est la gauche qui braille ?
07:26Pour moi c'est la gauche qui braille.
07:27On sait aujourd'hui que cette gauche présentée comme braillarde
07:30avait en réalité quelques raisons de se méfier
07:33puisque Berroux, comme elle l'avait prévu,
07:35vient une nouvelle fois de ridiculiser les socialistes
07:37qui expliquaient doctement qu'il fallait lui faire confiance
07:41et que les Insoumis étaient dégueulards et irresponsables.
07:43Ces mêmes socialistes qui se plaignent aujourd'hui
07:45d'avoir été littéralement roulés dans la farine par le Premier ministre
07:49sont donc seuls à se sentir trahis
07:51puisqu'ils sont seuls à lui avoir accordé leur confiance
07:54sans jamais écouter les Insoumis
07:55qui les mettaient en garde contre cette confondante naïveté.
07:58Il est donc inexact et malhonnête de prétendre,
08:01comme le font la presse et les médias mainstream,
08:03que c'est la gauche dans son ensemble
08:05qui se plaint d'avoir été trahi.
08:06Mais cette présentation des faits est doublement commode.
08:09D'une part, elle permet de suggérer que la France Insoumise
08:12n'a pas fait preuve de plus de discernement que les socialistes
08:15dont la crédulité se trouve ainsi relativisée
08:18et qui peuvent par conséquent continuer à se présenter
08:20comme des gens raisonnables et responsables,
08:22victimes de la malhonnêteté du Premier ministre
08:24qui les a, comme ils disent, pris pour des idiots.
08:27Vous savez ce que je pense, Héric Coquerel ?
08:29Ma conviction profonde.
08:30Vous êtes les idiots utiles de la droite et de l'extrême droite
08:33parce que vous ne pourrez jamais gagner tout seul à gauche.
08:35Jamais personne n'a gagné tout seul à gauche.
08:38Il aura fallu se rassembler.
08:40Or, toutes les forces avec lesquelles il faut se rassembler,
08:42vous essayez de les attaquer et de les tuer.
08:44Et d'autre part, et surtout,
08:46elle permet d'occulter qu'en fait de trahison,
08:48c'est d'abord et avant tout le Parti Socialiste
08:50qui dans toute cette affaire a fait preuve de déloyauté,
08:53non seulement à l'égard de ses partenaires du Nouveau Front Populaire,
08:56mais aussi et surtout à l'égard de ses électeurs
08:59auprès de qui il s'était formellement engagé
09:01à abroger purement et simplement la réforme des retraites de 2023
09:05et non à la renégocier avec François Bayrou.
09:07Mais gageons que les socialistes,
09:08après avoir ainsi fait la démonstration éclatante
09:11de leur impressionnant amateurisme face à un Premier ministre
09:14qui les a menés en bateau,
09:16reviendront à plus de modestie.
09:18Même eux doivent désormais avoir compris
09:20que leurs électeurs risquaient de se rendre compte
09:22que leur gauche qui travaille est une gauche qui déraille.
09:25Merci d'avoir suivi cette chronique, à jeudi prochain.
09:27Comment vous appelez ça, vous,
09:29quand vous vous faites élire sur un programme
09:31et que vous faites le contraire en aidant ceux,
09:34c'est-à-dire les macronistes au pouvoir,
09:36à rester au pouvoir ?
09:37Les socialistes disent compromis.
09:38Ah oui, eh bien certains diraient compromission,
09:40moi je dis trahison.
09:41Ce sont des traîtres.
09:42Voilà, ce sont des traîtres,
09:43ceux qui proposent de ne pas voter la censure.
09:45Traîtres à leurs électrices et à leurs électeurs
09:47et traîtres à la nation, au pays tout entier aussi.

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