Avec Olivier Sanguy, Responsable actualité spatiale à la Cité de l’Espace
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00:00Direction la Guyane, mais en passant par Toulouse quand même, à chaque fois qu'on parle du ciel, de l'air ou de l'espace,
00:06on fait un tour du côté de la cité de l'espace de Toulouse.
00:10Bonjour Olivier Sanguy.
00:11Bonjour.
00:12Bienvenue sur Sud Radio, responsable de l'actualité spatiale à la cité de l'espace de Toulouse.
00:18Alors, ça s'est passé vendredi, c'était quelque chose qu'on attendait et c'était en quelque sorte historique.
00:2410, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, allumage d'OSR et décollage.
00:37Le décollage d'Ariane 6, opération réussie pour placer en orbite un satellite militaire français.
00:43J'ai dit historique, en quoi c'est historique ce décollage d'Ariane 6 ?
00:47Eh bien, c'est historique parce que c'est le premier vol commercial.
00:51Donc, c'est une sorte de bascule importante dans la carrière d'un lanceur.
00:55Il y a le vol inaugural, tout aussi important, mais historique, ça veut dire que la clientèle dit
01:01« Ok, maintenant on est prêt à payer un vol sur le lanceur ».
01:04C'est le début de la vie opérationnelle d'un des vecteurs principaux d'accès à l'espace pour l'Europe.
01:10Voilà, alors Ariane 6 qui succède donc à Ariane 5, vous l'aurez bien compris,
01:14quelle différence entre les deux lanceurs ?
01:16Alors, c'est un lanceur qui est à peu près de même puissance
01:20puisque, en gros, on peut envoyer jusqu'à 10 tonnes sur la fameuse orbite géostationnaire,
01:24c'est l'orbite sur laquelle il y a les satellites de télévision notamment,
01:27ou 20 tonnes sur orbite basse,
01:28ou un peu moins dans la version qui a décollé d'ailleurs dernièrement,
01:33qui est la version d'Ile 6-2, parce qu'il y a tout simplement deux fusées latérales.
01:37La 6-4, c'est quatre fusées latérales.
01:39Donc, c'est un lanceur modulaire.
01:40Ariane 5 n'avait pas de modulation de puissance.
01:42Là, on a un lanceur qui peut faire du lancement, on va dire, moyen
01:45et aussi, en version 4, du lancement lourd.
01:49Donc, c'est une souplesse opérationnelle.
01:51Alors, on a attendu longtemps, il faut quand même le dire,
01:54pour voir ce premier vol commercial d'Ariane 6.
01:57On est tous soulagés de voir que ça marche enfin.
01:59Comment on explique que ça ait passé autant de temps,
02:00la transition entre Ariane 5 et Ariane 6 ?
02:04Alors, c'est vrai que ça, c'est une question qu'on nous pose souvent à la Cité de l'Espace.
02:08Et d'ailleurs, des gens étaient là pour voir ce vol,
02:10mais ça s'explique tout simplement par le fait
02:12qu'il n'y a pas de lanceur qui décolle à l'heure quand il est nouveau.
02:15Voilà, il y a toujours du retard.
02:16C'est classique dans le spatial,
02:19mettre au point un nouveau lanceur, c'est toujours difficile.
02:22Surtout que là, on le fait, on va dire, à l'ancienne, entre guillemets.
02:25C'est-à-dire, on ne lance pas des fusées et on voit si elles explosent plus ou moins bien pour améliorer.
02:29Quand le lanceur décolle sur son vol inoctual, en théorie, il est prêt.
02:33Oui, voilà. Alors ça, vous pointez en filigrane la différence de philosophie
02:37entre Ariane Espace, notamment, et SpaceX d'Elon Musk.
02:41Mais justement, c'est une bonne transition parce qu'il y a une vingtaine d'années,
02:44corrigez-moi si je me trompe, Ariane Espace dominait les lancements commerciaux de satellites.
02:51Et on a l'impression qu'en une dizaine d'années simplement,
02:54pendant qu'on continue à développer Ariane 6,
02:56le monde a complètement changé et les entreprises privées américaines
03:00sont arrivées en force sur le secteur. C'est vrai ou pas ?
03:03Oui, c'est vrai. Pendant qu'Ariane 5 dominait le marché spatial,
03:08on pensait que les opposants, on va dire, commerciaux
03:11aux lancements de satellites, ça allait plutôt venir du côté de la Russie ou de l'Inde.
03:15Parce que le marché américain, enfin les opérateurs de lancement du marché américain
03:19étaient essentiellement tournés vers le marché interne,
03:22autrement dit la NASA et les satellites militaires du Pentagone, point barre.
03:26Et puis est arrivé SpaceX, il faut le reconnaître,
03:28qui a fait un type de lanceur auquel on ne croyait pas vraiment,
03:30à savoir le lanceur dont le premier étage est réutilisable, le fameux Falcon 9.
03:34Et là, ils ont pris des parts de marché.
03:36Aujourd'hui, Ariane 6 a un objectif qui est différent d'Ariane 5,
03:40c'est avant tout assurer la souveraineté spatiale de l'Europe.
03:43C'est-à-dire que nous, Européens, quand on veut lancer un satellite,
03:46on n'a pas besoin de demander l'aide des autres, c'est aussi simple que ça.
03:48Donc on revient en gros à la situation qui était la nôtre
03:52il y a une vingtaine d'années avec Ariane 5 ou même avec Ariane 4 auparavant.
03:57Parlons des capacités de ce lanceur, vous avez pointé SpaceX,
04:00dont tout le monde parle, effectivement des lanceurs qui sont réutilisables.
04:04C'est quoi l'intérêt d'avoir des lanceurs réutilisables,
04:06sachant qu'effectivement ils ont pris beaucoup de risques avant,
04:08ils ont donc cassé un certain nombre avant que ça finisse par marcher,
04:11mais aujourd'hui ça marche ?
04:13L'intérêt c'est d'avoir une cadence de vol très élevée,
04:16on a vu qu'ils ont fait plus d'une centaine de vols l'année dernière,
04:19puisqu'on réutilise le premier étage, c'est aussi moins cher.
04:22Au début il y avait un débat parce qu'on se disait est-ce que c'est vraiment moins cher,
04:25parce que récupérer un étage c'est compliqué,
04:27c'est-à-dire qu'il y a une partie du carburant qui sert pas à envoyer le satellite en gros,
04:30mais qui sert à revenir, donc on perd de la performance,
04:32très clairement, ça c'est connu,
04:33mais aussi il faut remettre en état cet étage-là.
04:37Visiblement SpaceX a démontré que ça valait le coup sur le plan économique,
04:42donc maintenant l'Europe se penche dessus,
04:44pour savoir qu'à l'heure actuelle en Europe on travaille sur un prochain lanceur réutilisable.
04:48Maintenant la question se pose,
04:50quand vous faites moins de dix lancements comme c'est le cas pour l'instant en Ariane 6,
04:54comme ce sera le cas, on va faire cinq lancements cette année,
04:56est-ce que ça vaut le coup de récupérer l'étage ?
04:58Il y a un surcoût, il faut le voir.
05:02Si après on monte en cadence,
05:03là on a un nouveau lanceur qui arrivera avec un premier étage réutilisable.
05:07Est-ce qu'à terme on peut espérer qu'Ariane 6 puisse lancer aussi des vols habités ou pas du tout ?
05:15Alors Ariane 6 pourrait évoluer vers le vol habité,
05:18il y a eu des études qui ont été faites lors de la phase de conception d'Ariane 6.
05:23Pour l'instant c'est plutôt une décision plus politique que technique.
05:27L'Europe a les bases, je veux dire l'industrie spatiale européenne a les bases pour faire du vol habité.
05:31On en fait d'ailleurs quelque part indirectement en quelque sorte.
05:35Il faut savoir qu'à bord de la station spatiale internationale,
05:37il y a un laboratoire européen, Columbus, qui a été fabriqué en Europe
05:40et dans lequel vous avez des astronautes qui travaillent quotidiennement.
05:42Donc le vol habité, quelque part, on a les bases techniques pour le faire.
05:45Il faut une volonté politique et budgétaire pour le faire.
05:48Il faudrait, oui, ça coûterait encore plus cher.
05:50Parlons maintenant du satellite qui a été lancé.
05:53C'est un satellite militaire, il va servir à quoi ?
05:55Satellite militaire français d'ailleurs.
05:56Oui, satellite militaire français, CSO 3, composante spatiale optique numéro 3.
06:00Ça veut dire qu'il y en a deux autres qui ont déjà été lancés.
06:02C'est tout simplement ce qu'on a appelé autrefois un satellite espion.
06:05C'est un satellite de renseignement.
06:07Il fonctionne avec CSO 1, c'est-à-dire que tous les deux sont environ à 800 km d'altitude.
06:11Ils sont visibles l'infrarouge.
06:13En gros, c'est repérage.
06:14Et il y en a un autre, le CSO 2, qui lui est plus bas, à 450 km,
06:18qui lui sert à l'analyse beaucoup plus fine.
06:21Donc, en gros, ça permet de regarder ce que font les autres,
06:23ce qui dans le climat géopolitique actuel est plus fort.
06:25Ça peut servir, oui, voilà, ça peut servir tout à fait.
06:28C'est quoi la durée de vie de ces satellites ?
06:32La durée de vie opérationnelle est annoncée pour dix ans, à peu près.
06:35Maintenant, souvent, ce n'est pas rare que ce genre de satellite fonctionne au-delà de sa vie opérationnelle.
06:40Mais ça veut dire qu'on prépare déjà la succession de ces satellites pour ne pas être aveugle, en quelque sorte.
06:45Oui, ce qui fera toujours du travail pour Ariane Espace.
06:48J'en profite pour me poser une question qu'on vous pose souvent, Olivier Sangui.
06:51Au bout de dix ans, qu'est-ce qui devient un satellite ?
06:54Alors, aujourd'hui, il y a notamment en France,
06:57on a une des lois les plus contraignantes, on va dire, en matière d'exploitation de l'espace.
07:01C'est-à-dire qu'on ne laisse pas les satellites tourner autour de la Terre à ne rien faire.
07:04On prévoit leur fin de vie.
07:06Pour des satellites sur orbite basse comme ceux-ci,
07:09généralement, on les fait rentrer dans l'atmosphère afin qu'ils brûlent.
07:11Ils rentrent dans l'atmosphère au-dessus d'une zone du Pacifique Sud
07:14où il n'y a pas de vie, on ne risque pas d'abîmer le système écologique en place.
07:19Et donc, c'est comme ça qu'on se débarrasse des satellites
07:21afin d'éviter qu'ils deviennent des débris eux-mêmes sur orbite.
07:24Quand on est français, mais on est habitué aussi à voir les normes les plus contraignantes,
07:28pour la bonne cause, souvent,
07:29quels sont les pays qui, eux, les laissent, une fois que les satellites ne marchent plus,
07:33tournicoter autour de la Terre, quitte à ce que ça fasse des déchets
07:36et des accidents un peu partout dans l'espace ?
07:38Alors, généralement, maintenant, de moins en moins,
07:40parce que, si vous voulez, tous les pays qui font du spatial et qui l'exploitent
07:44ont compris que s'ils faisaient des débris partout,
07:47ça allait devenir très compliqué.
07:50Alors, c'est vrai que nous, nous avons la loi la plus contraignante,
07:52tout le monde essaye de faire, les Américains, même les Chinois,
07:54même si les Chinois ont fait des tests d'armes anti-satellites,
07:57ce qui n'est pas génial au niveau des débris,
07:59mais il y a vraiment une prise de conscience, si vous voulez, mondiale,
08:03pour ne pas faire n'importe quoi avec l'orbite,
08:04parce que sinon, elle va devenir difficilement exploitable.
08:07En toute logique, mais du coup, si on est les meilleurs élèves, c'est qui les moins bons ?
08:11Les moins bons, ce sont les puissances spatiales qui essayent d'accéder à l'espace,
08:16par exemple, vous avez la Corée du Nord,
08:17parce que, pour l'instant, faire attention n'est pas le but,
08:20le but, c'est d'y arriver.
08:21Mais, très vite, de toute façon, il y a cette prise de conscience
08:24que si on fait n'importe quoi, on ne pourra plus rien faire après.
08:27Bon, mais écoutez, merci en tout cas pour cet éclairage,
08:29c'est toujours passionnant de vous avoir, Olivier Sangui, vraiment.
08:31Merci à vous d'être intervenu ce matin sur Sud Radio,
08:35responsable de l'actualité spatiale à la Cité de l'espace de Toulouse.
08:39N'hésitez jamais d'ailleurs, si vous passez par la Haute-Garonne,
08:41à y faire un tour, c'est absolument fascinant.