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  • 06/03/2025
Avec Clémentine Autain, députée de Seine Saint-Denis, co-fondatrice de l'Apres et auteure de "L'avenir c'est l'esprit public" (Seuil)

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##L_INVITE_POLITIQUE-2025-03-06##

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News
Transcription
00:00SUD RADIO, l'invité politique, Patrick Roger.
00:06Mon invité politique ce matin, c'est Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis, cofondatrice de La Praie avec Garido Corbière, bien sûr, à l'Assemblée,
00:17et puis auteur de ce livre aussi, dont on va parler tout à l'heure, « L'avenir, c'est l'esprit public » aux éditions du Seuil.
00:22Bonjour Clémentine Autain.
00:24Bonjour.
00:24Et puis évidemment, vous avez aussi beaucoup travaillé à la Commission des affaires étrangères, et à ce titre, justement, on va pouvoir, pas que, bien sûr,
00:31mais on va pouvoir commenter ce qu'a dit hier soir Emmanuel Macron.
00:36Cette intervention d'un quart d'heure sur l'Ukraine et les menaces de guerre, nous rentrons dans une nouvelle ère, a dit le chef de l'État,
00:43en insistant toujours sur la menace russe et puis les dangers du monde.
00:46Comment vous avez pris cette mise en garde ?
00:49Je partage.
00:50Oui.
00:51Je partage cette mise en garde du Président de la République.
00:54Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, nous sommes dans un moment de bascule, mais il faut en tirer toutes les conséquences.
01:01Oui, il faut impérativement que nous affirmions notre solidarité à l'égard du peuple ukrainien,
01:07et je dirais que le chef de l'État a eu les mots qui sont justes à l'égard du régime de Poutine, et je les partage.
01:14Mais il faut voir aussi que nous sommes dans un monde où les États-Unis d'Amérique sont désormais présidés par Donald Trump,
01:22et que ça c'est un point de bascule considérable, et que ce point de bascule il s'accompagne d'une vague brune planétaire,
01:28dont il faut aussi prendre la mesure, parce qu'il y a l'impérialisme russe,
01:32mais il y a aussi l'impérialisme et la brutalité de Donald Trump,
01:37et c'est lui qui accélère une situation de très grande imprévisibilité et dangerosité.
01:43Le chef de l'État a eu un ton plus mesuré sur Donald Trump en fait, il a évoqué simplement les tarifs douaniers grosso modo,
01:49c'est l'autre guerre qui nous menace.
01:51Exactement, c'est pour ça que je dis qu'il faut clairement prendre la mesure de ce changement,
01:55sortir de toute logique atlantiste, qui a quand même prévalu dans notre pays et en Europe depuis fort longtemps,
02:03depuis trop longtemps, puisque c'est aussi la raison pour laquelle nous n'avons pas assuré notre indépendance à la fois militaire,
02:09de défense, mais aussi notre indépendance énergétique.
02:13Et nous voilà aujourd'hui au pied du mur, dans une très grande difficulté.
02:17La deuxième chose, c'est que si on prend la mesure de cette bascule du monde,
02:21la réponse ne peut pas être seulement sur le terrain de la défense.
02:25C'est important, et j'y reviendrai, bien sûr il faut se défendre,
02:28et à partir du moment où notre sécurité était quand même en grande partie assurée par les États-Unis,
02:32il faut qu'on en prenne la mesure et trouver les moyens de réinvestir.
02:36Mais vous conviendrez avec moi que ça, ça ne fait pas une stratégie géopolitique pour notre temps.
02:41Et ce que je crois qu'il n'est pas mesuré et qui n'a pas été dit hier soir et qui a manqué,
02:46c'est que la solution ne peut pas être de recréer un petit Occident isolé face à deux grandes puissances impériales.
02:53Oui, alors c'est ce que je voulais vous dire hier soir, moi j'ai trouvé en fait dans son intervention,
02:56nous en parlions tout à l'heure dans le débat, qu'il y avait un certain nombre de questions et de sujets qui étaient mis sur la table,
03:01mais il n'y avait pas nécessairement les réponses quoi.
03:04Sur la dissuasion nucléaire, sur le financement de notre plan, et puis sur un autre terme.
03:09Avant d'aller voir en détail notamment sur l'Europe, le terme de patrie qui a été utilisé,
03:14la patrie a besoin de vous, de votre engagement.
03:17Comment vous avez perçu vous ce message ?
03:19Là plutôt cette partie-là, c'est plutôt la stratégie du choc.
03:24Au sens où il nous prépare, il prépare les esprits,
03:27et tout cela pour nous expliquer que l'effort pour investir dans notre défense sera supporté toujours par les mêmes.
03:33Et que rien ne sera demandé aux hyper-riches et aux grands groupes économiques,
03:38et que donc, ce qui d'ailleurs, il n'y aura pas de hausse d'impôts.
03:42Il l'a dit de manière extrêmement claire, sans hausse d'impôts,
03:45si vous augmentez, il a montré la courbe d'augmentation considérable des dépenses militaires,
03:52et d'ailleurs vous aurez noté qu'à l'échelle européenne, Ursula von der Leyen a annoncé que la règle du traité de Maastricht,
04:00vous savez les fameux 3% d'épicides publics, et bien aujourd'hui, ils étaient obsolètes,
04:05on s'asseyait dessus pour les dépenses militaires.
04:08Mais on ne l'a pas fait, quand il s'est agi de lutter contre les inégalités,
04:12d'investir dans la transition écologique, de défendre nos services publics.
04:16Pour tout cela, il n'y a pas eu, il n'y a pas eu d'effort et de demande.
04:20Donc sur le thème d'engagement pour la patrie, qu'est-ce que vous avez compris ?
04:26C'est mobiliser des réservistes, rétablir un service militaire, c'est quoi ?
04:31Pour l'instant, ce n'est pas du tout clair, mais la seule chose qui a été claire dans le discours d'hier,
04:36c'est que cet effort demandé aux Françaises et aux Français, c'est une nouvelle cure d'austérité pour tous les budgets sociaux,
04:43c'est très concret tout cela, puisque maintenant, il va falloir faire avec la même somme,
04:49sans augmenter les impôts des hyper-riches et des grands groupes économiques,
04:52il va falloir faire la même chose en investissant des milliards dans notre stratégie militaire.
04:57C'est un problème du point de vue du progrès social, humain, écologique,
05:02mais c'est aussi un problème du point de vue patriotique,
05:04parce que comment voulez-vous que les Français adhèrent à cet effort
05:08si cela se traduit très concrètement par un recul des services publics,
05:13par une incapacité à être, comment dire, à niveau par rapport aux urgences climatiques,
05:20qui sont, on voit le déjà là, quand on a vu les tempêtes, tout ce qui se passe,
05:23c'est pas pour l'avenir, c'est maintenant, c'est tout de suite,
05:26quand on voit aussi la désindustrialisation et les besoins d'efforts en la matière,
05:31quand on voit également les retraites qui sont...
05:35Il va y avoir une réindustrialisation, justement, sur le thème de l'armement.
05:38Hier d'ailleurs, vous avez vu, en bourse, ça a flambé du côté des principaux constructeurs et fabricants.
05:45Ça va relancer la machine à ce niveau-là, non ?
05:47J'espère sincèrement...
05:49Il faut être réaliste par rapport à ça.
05:51Oui, je suis très réaliste, et d'ailleurs, je ne vous dis pas, il ne faut pas investir dans notre dépense militaire.
05:56Mais je vous dis très solennellement qu'on ne prépare pas la paix en préparant la guerre,
06:00et que notre industrie française ne peut pas reposer uniquement sur la dynamique de la construction militaire.
06:07Preparer la paix en préparant la guerre.
06:10On ne peut pas préparer la paix en préparant la guerre, et c'est pour ça.
06:12J'insiste sur le point que je développais tout à l'heure.
06:14Vous êtes en contradiction avec vous sur ce point, en disant qu'il faut se réarmer, se préparer pour, évidemment, dissuader.
06:21Ça, je suis d'accord avec ça. Écoutez-moi jusqu'au bout.
06:23Il y a deux choses. Se réarmer, ne pas être dépendant des États-Unis, et donc assurer notre propre défense, oui.
06:30Estimer que ça, c'est une stratégie pour la paix, ça n'est pas vrai. C'est un élément.
06:34La dissuasion, bien sûr que c'est un élément.
06:36Mais une stratégie pour la paix, ça veut dire aller chercher des alliés à l'échelle internationale.
06:42Et d'ailleurs, vous aurez vu qu'aujourd'hui, le sommet européen ne se tient pas dans l'Union européenne,
06:49avec un pays partenaire, mais qui n'est pas dans l'Union européenne,
06:52qu'à l'intérieur de l'Union européenne, nous avons aussi des pays qui ne sont pas véritablement des alliés.
06:57Je pense à la Hongrie de Orban, je pense à l'Italie de Mélanie,
07:00qui sont alignées sur Trump et Poutine, quand nous, nous avons à dire...
07:04Mélanie, non, elle n'est pas alignée sur Poutine.
07:07Elle a pris la défense quand même beaucoup de l'Ukraine.
07:10Parce que le territoire européen, elle voit bien que ça grignote.
07:13Mais vous savez parfaitement que la vague brune, elle est aussi à l'intérieur de l'Europe.
07:18Donc j'insiste sur aller chercher des alliés à l'extérieur de l'Union européenne également.
07:24Il n'y a plus d'Occident, il faut en prendre la mesure, et il n'y a plus de Sud global.
07:28Et d'ailleurs, il n'y en a jamais eu.
07:29Mais alors où, justement, pour aller chercher ces alliés ?
07:32Vous savez que la Russie et la Chine, eux, se sont occupés depuis très longtemps,
07:35avec l'essor des BRICS, de se dire qu'il y avait des partenaires,
07:38pas simplement dans les puissances occidentales.
07:41Donc si on voit que l'Occident est en train de s'effondrer,
07:44il n'y a plus de cohésion, il faut aller discuter avec le Brésil.
07:49Moi, je pense que la France doit être non-alignée, c'est-à-dire avoir sa stratégie,
07:54chercher évidemment à se coordonner à l'échelle européenne,
07:57et essayer d'avoir des stratégies diplomatiques, d'alliances, de fronts.
08:02Enfin, je ne sais pas si le mot est parfaitement juste, mais vous voyez, d'alliances,
08:06sur des objectifs précis, et toujours fondés sur des principes.
08:10Le droit international, le Président de la République hier n'en a pas dit un mot.
08:14Le droit international, c'est fondamental.
08:16S'il n'y a pas de règles, s'il n'y a pas de principes, s'il n'y a pas de droits,
08:20s'il n'y a pas de démocratie, c'est la jungle.
08:22Et c'est ça que veulent à la fois Trump et Poutine.
08:25Moi, je dis ni Trump ni Poutine, des principes, la démocratie,
08:29l'autodétermination des peuples, à chaque fois être présent pour ne pas accepter
08:33ces annexions qui sont des annexions inadmissibles, intolérables,
08:37et d'autant que nous savons que Poutine veut pousser son avantage,
08:42d'une certaine manière, dans la situation.
08:44C'est très inquiétant.
08:45– Est-ce que vous croyez que Poutine, lui, menace l'Europe toute entière ?
08:48Parce que, à travers les propos d'Emmanuel Macron,
08:51il donnait cette impression quand même hier.
08:53La Russie nous menace.
08:55Vous croyez qu'elle nous menace vraiment, nous, l'Europe, aujourd'hui,
08:58sachant qu'elle n'a pas réussi en quelques jours,
09:01comme l'espérait Poutine, à prendre l'Ukraine ?
09:04– C'est assez impressionnant que l'Ukraine ait résisté pendant 3 ans,
09:08ça c'est clair.
09:09C'est très impressionnant même.
09:11Et ça dit des choses sur l'armée ukrainienne,
09:14mais je crois que ça dit aussi, et c'est une leçon du XXe siècle,
09:18très fort dans les mouvements de décolonisation.
09:20Vous savez, les mouvements de décolonisation au XXe siècle,
09:23ils ont gagné contre des armées qui étaient bien plus grosses qu'elles,
09:26dans des conflits où, normalement, ils devaient perdre.
09:28Il y a une énergie des dominés, une énergie de ceux qui ne sont pas,
09:33qui se battent pour leur liberté, pour leurs droits,
09:36dont il faut prendre la mesure, c'est très important.
09:38– Clémentine Autain, ce que l'on disait avant sa prise de parole d'Emmanuel Macron,
09:41hier, c'était qu'il devait rassurer les Français.
09:44Est-ce que vous trouvez qu'il a été rassurant,
09:46ou alors, au contraire, il a ajouté dans la dramaturgie,
09:49en surfant sur ce que lui reprochent certains,
09:51toujours la peur, les peurs ?
09:53– Écoutez, la gravité du moment me paraît l'évidence.
09:57Le Président de la République doit incarner la gravité du moment.
09:59Il ne me rassure pas, au sens où il ne prend pas la mesure
10:04de toute la situation et du bouger géopolitique,
10:07et notamment à l'égard de Trump, qu'il veut, pour l'instant,
10:10ménager en espérant je ne sais quoi,
10:12parce que tous les actes posés par Donald Trump
10:14depuis qu'il est Président de la République
10:16indiquent qu'il ne veut pas être un partenaire de l'Union Européenne.
10:20Ce qu'il a dit sur l'offensive sur le Groenland, sur le Canada,
10:24les barrières douanières qui sont désormais potentiellement à 25%.
10:29Enfin, vous voyez bien que Trump est dans une stratégie agressive
10:33à l'égard de l'Union Européenne, et il porte des idées
10:36avec lesquelles notre modèle social,
10:38notre pays qui est enfant de la Révolution Française,
10:42ne peut pas supporter.
10:44– Pour revenir sur le coup de l'économie de guerre,
10:48est-ce qu'il faudrait Clémentine Autain, pour vous,
10:50un impôt spécifique pour financer justement la guerre ?
10:53– Non, d'abord je ne veux pas financer la guerre,
10:55je veux financer la paix, et donc dans la paix,
10:57il y a une stratégie de défense, pardonnez-moi,
10:59j'insiste sur le mot mais c'est très important,
11:01c'est très important dans l'état d'esprit qui doit être le nôtre.
11:04C'est l'état d'esprit qui doit être le nôtre.
11:06Ce que nous devons porter, c'est comment allons-nous stratégiquement
11:10affirmer nos principes et rechercher à chaque fois la paix.
11:13La paix, ça veut dire ni esprit ni quoi,
11:16il ne s'agit pas de dire au nom de la paix,
11:19on s'assoit sur tous nos principes et on laisse des pays agressés,
11:22annexés comme le fait la Russie avec l'Ukraine,
11:25mais ce n'est pas non plus l'engrenage guerrier.
11:28Et cette ligne de crête, pour moi, c'est la ligne de crête
11:31qu'une gauche digne de ce nom doit défendre dans ce moment.
11:34Et de la même manière sur la défense,
11:36de la même manière sur les dépenses militaires,
11:39moi je dis que cela ne peut pas se faire
11:42au détriment des investissements nécessaires
11:44dans notre modèle social et dans la transition écologique.
11:47– Le directeur général du BPI France, Nicolas Dufour,
11:49qu'il a été très clair hier, je ne sais pas si vous avez entendu ses propos,
11:52il a dit à un moment donné, on ne peut plus être un État providence généreux
11:55si on veut réarmer le pays.
11:57– Non, moi je vous dis qu'on ne peut plus être un État généreux
11:59avec les grands groupes économiques,
12:01on ne peut pas être un État généreux avec les ultra-riches,
12:04et vous savez peut-être que l'Assemblée nationale…
12:06– Donc il faut taxer, oui, la taxe Zucman.
12:08– Oui, mais de quoi nous parlions ?
12:10Nous parlions d'un impôt sur le patrimoine
12:12de ceux qui tiennent plus de 100 millions d'euros.
12:16Et on leur demandait 2%, ça a été voté à l'Assemblée nationale,
12:20l'exécutif ferait bien de reprendre par exemple cette mesure.
12:25La Cour des comptes estime qu'il y a 62 milliards dans notre budget aujourd'hui
12:31qui vont aux grands groupes économiques et aux hyper-riches,
12:33et bien je pense que ces milliards, ces dizaines de milliards,
12:36il faut aller les chercher pour financer nos dépenses de défense,
12:41mais aussi pour financer notre modèle social.
12:43Vous savez, je pense que pour qu'il y ait de la cohésion dans notre pays,
12:47il faut que notre capacité à lutter contre les inégalités sociales,
12:53à lutter contre le ressentiment qui existe dans le pays,
12:56on l'a vu avec les gilets jaunes, je vais la prendre à Sud Radio,
12:59vous le savez très bien, il y a du ressentiment dans ce pays.
13:02Et ce ressentiment, plus il grandit, plus l'extrême droite en fait son terreau.
13:06Et si on veut la paix dans le monde, je vous le dis très solennellement,
13:09si on veut la paix dans le monde, il faut éviter Marine Le Pen au pouvoir en France,
13:12car ce serait un allié, nous le savons, de Trump et de Poutine.
13:15Et donc pour éviter...
13:16– Même si elle a un peu pris ses distances, elle n'est pas très à l'aise.
13:19– Elle n'est pas à l'aise parce qu'elle sait qu'en France,
13:21les choses ne peuvent pas aller ainsi, mais pourtant,
13:24Donald Trump, croyez-vous qu'il a dit tout ce qu'il est en train de faire à son peuple ?
13:28Je ne le crois pas.
13:29Est-ce qu'il a dit qu'il allait virer en masse des fonctionnaires ?
13:32Est-ce qu'il a dit qu'il allait...
13:34– Lors de sa campagne, c'est ce que vous dites.
13:36– Voilà, s'en prendre aussi frontalement au monde scientifique.
13:39Est-ce qu'il a dit qu'il allait menacer d'attaquer d'autres pays ?
13:45Je ne fais pas toute la liste des mesures que Donald Trump a prises.
13:48– Des déclarations en tout cas.
13:49– Pas que des déclarations.
13:50– Oui, parce que parfois, il lance des déclarations et il revient sur le sujet.
13:54– Il revient dessus parce que c'est anticonstitutionnel parfois.
13:57Et parfois aussi, il prend des mesures et il les met en œuvre
14:00alors qu'elles sont anticonstitutionnelles.
14:02Donc je vous dis une chose, le fascisme arrive toujours masqué.
14:05Donc faisons très attention pour notre pays.
14:07– Alors Clémentine Autain, juste un mot quand même sur l'Europe.
14:10Vous l'avez évoqué tout à l'heure.
14:11Vous adhérez au projet justement de réarmement de l'Europe
14:14avec ses 800 milliards d'euros ?
14:17– Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je suis abasourdie du fait
14:20qu'on s'assoie sur la règle des 3% pour ça.
14:24C'est vrai que c'est quand même assez sidérant.
14:26D'un seul coup, on s'est trouvé 800 milliards d'euros,
14:29150 milliards d'euros tout de suite et 800 milliards d'euros.
14:32Moi je pense qu'en effet, on a besoin d'une coordination.
14:35On ne peut pas, à l'échelle seulement nationale, s'en sortir.
14:38Donc la coordination me paraît nécessaire.
14:40Mais la coordination ne dit pas une armée européenne.
14:44Vous voyez ce que je veux dire ?
14:46C'est pas la même chose.
14:48– C'est une coopération et c'est un investissement massif.
14:51– Coopération, coordination, j'entends.
14:53Effort qui doit être aussi supporté par la Banque Centrale Européenne
14:57mais qui pourrait par exemple aussi annuler une partie de la dette
15:01qui est détenue par la Banque Centrale Européenne, pas prêtée aux États.
15:07Et elle peut annuler toute ou partie de la dette.
15:10Donc ça fait partie des solutions aussi possibles
15:14que l'on peut mettre en œuvre aujourd'hui.
15:16– Donc une solution radicale telle que celle-ci,
15:18d'annuler en fait une partie de la dette.
15:20– Ce sont des choses qui se sont faites dans l'histoire, dans les moments tragiques.
15:23– Mais donc vous êtes sceptique sur cet effort conséquent des 800 milliards,
15:26tel qu'il est envisagé, pour bien comprendre.
15:29– Ce que je vous dis c'est qu'il faut un effort pour notre défense
15:33mais que cela ne fait pas une stratégie pour la paix
15:36et que deuxièmement cela ne doit pas se faire au détriment
15:39des politiques qui permettent la cohésion,
15:41qui permettent de faire reculer les inégalités,
15:43qui permettent de faire face aux défis climatiques.
15:45Vous savez quand même, pour revenir sur le défi climatique,
15:47que les guerres aujourd'hui,
15:49elles se font beaucoup avec une logique de prédation des ressources rares.
15:54Et en Ukraine, c'est très bien, il y a les minerais et que ça joue.
15:59Le Groenland, vous croyez que c'est quoi ?
16:01– Bien sûr.
16:02– Ce qui est en train de se passer, c'est qu'il y a une loi du plus fort
16:04que veulent instaurer ces impérialistes,
16:06pour dire, nous on va accaparer ces ressources rares.
16:09Donc l'enjeu climatique, l'enjeu écologique,
16:13au fond, il est essentiel si on veut faire avancer la paix.
16:16Donc s'asseoir dessus, s'asseoir sur notre modèle social
16:19qui égage de cohésion et aussi donc de patriotisme,
16:22eh bien c'est une erreur majeure, tragique.
16:25– Oui, Clémentine Autain.
16:26– Là est mon désaccord.
16:28– Oui, demain vous sortez ce livre,
16:30« L'avenir, c'est l'esprit public ».
16:33– Et en fait nous restons dans le sujet.
16:35– Non mais nous restons complètement effectivement dans le sujet.
16:37C'est quoi votre esprit public tel que vous l'entendez ?
16:41– D'abord je fais le constat qu'aujourd'hui,
16:43nous sommes asphyxiés de partout,
16:46et que nous sommes asphyxiés par 40 ans de politique néolibérale,
16:51et aussi menacés en France, et puis plus que menacés,
16:54puisqu'il y a des mises en œuvre à travers le monde,
16:56par la vague brune.
16:58C'est l'obsession de l'identité,
17:00c'est l'obsession de la réduction de la dépense publique.
17:02Tout ça nous conduit dans le mur profondément.
17:05Et donc moi je crois que nous devons raviver l'esprit public.
17:09L'esprit public tel que je l'entends, c'est trois choses.
17:12C'est d'abord une économie de la mise en commun qui respecte la planète.
17:16Vous voyez, un grand changement.
17:17C'est-à-dire que c'est ce qui peut permettre
17:19de faire reculer la marchandisation du monde.
17:21Aujourd'hui, tout est marché.
17:22Je vous prends un exemple, les Ehpad.
17:24On l'a vu, le scandale des Ehpad,
17:26c'était clairement l'idée que le marché pouvait subvenir
17:30aux besoins du quatrième âge.
17:32Ça s'est terminé par un scandale.
17:34Les familles payent des fortunes.
17:35C'est pas complètement terminé, mais bon, ça existe encore.
17:37Bien sûr, bien sûr.
17:38Mais ce que je veux dire, c'est qu'on sait aujourd'hui
17:40que les familles payent des fortunes à l'échelle individuelle,
17:44ont bien du mal à y faire face pour un service
17:47parfois, souvent, pas humain.
17:49Tout simplement pas humain.
17:51Donc, si la puissance publique n'est pas capable
17:53de mettre sur pied un grand service public du quatrième âge,
17:55alors nous irons droit dans le mur avec des services à deux vitesses.
17:59Ceux qui sont très riches pourront se l'offrir
18:01et les autres mourront dans des conditions qui sont indignes.
18:05Je prends cet exemple-là, mais je pourrais prendre la question des tempêtes.
18:08Regardez les tempêtes ou les incendies qui nous sont arrivés.
18:12Je prends juste la question assurancielle.
18:15Ou même les pompiers.
18:16Regardez à Los Angeles.
18:17À Los Angeles, c'est des pompiers privés
18:19qui sont venus sauver les maisons des riches quand il y a eu des incendies.
18:22Quand il y a des tempêtes, eh bien, qu'est-ce qu'on va faire ?
18:25On va avoir sans cesse à devoir payer plus pour les assurances privées
18:29quand on habite dans des zones qui sont des zones...
18:31– Vous voulez remettre les services publics au cœur de notre société ?
18:34– L'esprit public.
18:35– Pas forcément les services publics ?
18:37– Non.
18:38– Parce que certains vont vous dire, alors attendez, c'est de la sociétisation.
18:40– L'esprit public, pas du tout.
18:41Et c'est pas le gospel.
18:42J'ai une idée quand on lit mon livre.
18:43Je ne propose absolument pas le gosplan.
18:46Je propose en revanche une économie du partage.
18:48Donc ça ne veut pas dire l'État forcément qui fait tout.
18:50Mais en tout cas, l'État, et c'est mon deuxième point de ce qu'est l'esprit public,
18:54c'est un État stratège.
18:56Un État stratège, ça veut dire un État qui est capable d'anticiper, d'organiser.
19:00Et enfin, la démocratie.
19:01Et c'est là où vous voyez que ma proposition est tout sauf le gosplan.
19:05C'est-à-dire que si on n'élève pas très fortement
19:07le niveau de la démocratie dans notre pays,
19:09là où aujourd'hui il est sans cesse grignoté par le pouvoir en place,
19:13eh bien nous ne serons pas à niveau des réponses nécessaires pour notre pays.
19:16– Il nous reste deux minutes Clémentine Nota.
19:18Est-ce que ça, votre livre, c'est un nouvel acte vers une nouvelle candidature
19:22aussi à la présidentielle pour vous ?
19:23– Je travaille, comme vous le savez, à ce que nous ayons un cadre politique
19:28pour une candidature sinon unique, au moins commune,
19:30mais je l'espère unique, des gauches et des écologistes.
19:33Et je vous disais tout à l'heure la menace de l'extrême droite
19:36qui est une menace planétaire mais qui est une menace aussi très concrète en France.
19:41– Et vous pourriez être cette voix ?
19:44– Je fais partie de celles et ceux qui cherchent à rassembler et qui travaillent.
19:48Ce livre est une contribution au récit commun.
19:51Mais là je vous le dis, en fait je suis très en colère, je vais vous le dire calmement,
19:54mais je suis très en colère, très en colère.
19:56Vous voyez dans le moment qu'on traverse, je vois des débats entre les gauches,
20:00les uns qui passent leur temps à s'envoyer des messages, des mots doux, etc.
20:03On donne un spectacle qui est un spectacle de fracturation.
20:06Alors que le moment exige que nous soyons unis au travail
20:10et en train de préparer cette candidature à la présidentielle
20:12qui pourrait arriver plus tôt, on ne sait rien.
20:15Et en tout cas, nous sommes attendus, parce que si nous n'occupons pas ce terrain,
20:20alors nous prenons le risque de Marine Le Pen au pouvoir.
20:23Et c'est un problème pour notre pays,
20:25mais maintenant c'est un problème pour la paix dans le monde.
20:27Donc c'est vous dire la gravité avec laquelle je vous parle ce matin.
20:31Et je pense qu'il faut que les forces de gauche et écologistes se réunissent,
20:35se mettent au travail, et sur l'international, rien n'est insurmontable.
20:38Nous devons trouver une doctrine commune.
20:41– Et vous, vous êtes bien là en fait pour ça ?
20:43– Je suis de ce combat-là et je le mènerai jusqu'au bout.
20:46– Avec qui ? Avec quelle force de gauche d'ailleurs ?
20:48– Toutes celles qui se disent disponibles.
20:50Et j'espère que toutes le seront.
20:52– Y compris LFI, Jean-Luc Mélenchon ?
20:54– Pour l'instant, la France insoumise nous a claqué la porte au nez,
20:56puisque Jean-Luc Mélenchon dit
20:58« il y aura un candidat insoumis à l'élection présidentielle ».
21:00J'entends Marine Tondelier qui dit, elle,
21:03il faut une candidature unique des gauchers et des écologistes,
21:06et j'entends Olivier Faure dire aussi qu'il est favorable à l'union.
21:10Je suis pour que nous travaillions, nous commencions à travailler
21:14avec toutes celles et ceux qui ont la conscience du tragique de l'histoire.
21:18Vous m'entendez, Patrick Roger ?
21:20C'est le tragique de l'histoire.
21:22Et c'est ce tragique de l'histoire qui doit nous hisser à la hauteur du moment.
21:26Et donc nous faire réussir ce que, jusqu'ici, nous n'avons pas très bien réussi.
21:30On l'a réussi avec le Nouveau Front Populaire.
21:32Et d'ailleurs, c'est en se mettant ensemble que nous avons fait reculer l'extrême droite.
21:36– Oui, c'est ça. Sauf que là, c'est plus compliqué aujourd'hui.
21:38– Depuis, nous donnons un spectacle de fracturation.
21:40Eh bien, j'estime que ça, ça n'est pas du tout à niveau du moment.
21:43– Merci Clémentine Autain.
21:45L'avenir, c'est l'esprit public.
21:47C'est justement votre livre qui sort demain.
21:50Merci.
21:51Si vous voulez réagir au 0826-300-300, à ce que vous avez entendu,
21:54tous ces propos, évidemment autour d'Emmanuel Macron.
21:56Bien sûr, nous rentrons dans une nouvelle ère.
21:58Vous avez la parole, 0826-300-300.

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