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00:00Punchline sur CNews et Europe 1.
00:0218h-19h, Laurence Ferrari.
00:1118h36 de retour dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:14On accueille Louis Gauthier.
00:15Bonsoir.
00:16Bonsoir.
00:16Ancien secrétaire général de la Défense, de la Sécurité Nationale.
00:19On va évoquer avec vous ce qui se passe du côté de l'Arabie Saoudite,
00:23ces négociations de paix autour de la guerre en Ukraine entre Américains et Russes.
00:26Et puis ces phrases de François Bayrou quand même,
00:28qui pronostiquent le retour des heures sombres de l'histoire.
00:30Pour la première fois, dit-il depuis 1945,
00:32la guerre peut arriver sur le sol européen autour de nous.
00:34Vous êtes aussi pessimiste que lui, Louis Gauthier, ou pas ?
00:37Je pense qu'on est à un basculement, à un tourment.
00:39Les Européens ont raté beaucoup d'étapes historiques qui conduisent à une situation.
00:44Ils ont le dos au mur aujourd'hui sur la sécurité en Europe.
00:47Ils l'ont raté sur le terrorisme, ils l'ont raté au moment du Covid,
00:51ils l'ont raté après le conflit des Balkans.
00:54C'est-à-dire qu'ils ont franchi à chaque fois des petites marches,
00:55mais jamais le palier est suffisant.
00:57Aujourd'hui, est-ce que les Européens sont prêts à prendre collectivement des responsabilités stratégiques ?
01:02Et si ce n'est pas collectivement,
01:04quels sont les États européens qui sont capables de faire face à la situation actuelle,
01:08qui est une situation grave ?
01:09On a eu le sommeil de Paris et on a vu qu'ils étaient prêts ou pas à prendre des responsabilités.
01:14On fait juste point sur ce qui s'est passé en Arabie Saoudite avec Maxime Legay
01:17et on continue à en débattre avec vous.
01:20C'était une prise de parole très attendue.
01:22Après plusieurs heures de discussion avec leurs homologues russes,
01:25la diplomatie américaine s'est exprimée à Riyad pour évoquer l'avancée des pourparlers sur la question ukrainienne.
01:33Je suis reparti aujourd'hui convaincu que la Russie est prête à s'engager dans un processus sérieux
01:37visant à déterminer comment, avec quelle rapidité et par quel mécanisme
01:42il est possible de mettre un terme à cette guerre.
01:44Une déclaration et des propos inédits,
01:46alors que les échanges entre Américains et Russes s'accélèrent
01:49et qu'une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine est annoncée très prochainement.
01:54Mis pour l'instant à l'écart des discussions,
01:56les Européens prendront également part aux négociations selon Washington.
02:00D'autres parties comme l'Union Européenne va devoir se joindre à la table des négociations à un moment donné
02:05car elle a également imposé des sanctions à la Russie.
02:08Moscou, de son côté, a salué des échanges jugés utiles
02:12et a également réagi aux propositions de certains pays européens de déployer des troupes au sol.
02:19Nous avons expliqué aujourd'hui que le déploiement en Ukraine de troupes de forces armées des pays de l'OTAN
02:23ou sous le drapeau de l'Union Européenne était bien sûr inacceptable.
02:28Volodymyr Zelensky a quant à lui déploré une rencontre américano-russe à laquelle il n'a pas été convié.
02:33Le président ukrainien réclame des pourparlers équitables
02:36incluant l'Union Européenne, le Royaume-Uni et la Turquie.
02:40Qu'est-ce qui est en train de se jouer là, Louis Gauthier ?
02:43Les Américains et les Russes font comme s'il n'y avait personne d'autre à la table des négociations.
02:46Ils nous disent juste, vous pourrez venir pour payer.
02:49Quantité négligeable, oui.
02:50On a un peu l'impression, le général de Gaulle aurait dit, c'est le condominium.
02:53Un nouveau condominium, sauf qu'on est plus sous la guerre froide
02:55dès que les Européens ne sont pas l'otage d'un conflit planétaire,
02:59qu'il soit à l'Est ou qu'il soit à l'Ouest.
03:00D'où la nécessité qui se réveille.
03:02Monsieur Roubiaud qui s'engage dans des négociations,
03:05l'important ce n'est pas d'engager des négociations,
03:07c'est de savoir quel est le point de sortie, comment on en sort.
03:09J'entends monsieur Lavrov, très habile, c'est un redoutable négociateur.
03:13Je vois ce qui se dit au Kremlin, on souffre tantôt le chaud, tantôt le froid,
03:17comme là, notamment sur la possibilité de garantie militaire
03:21apportée par les Européens à la sécurité du Kremlin.
03:24Donc il faut garder pour l'instant la tête froide face à des négociations qui commencent,
03:30mais qui sont quand même des enjeux cruciaux pour les Européens,
03:35parce que ce qui est à la clé de ces négociations,
03:38c'est le sort de la stabilité du continent européen, de sa sécurité.
03:42Monsieur Vincent Roubaud, là-dessus, on est dans une situation d'impuissance de l'Europe.
03:46Je ne vois pas comment on échapperait, d'une certaine manière, de près ou de loin,
03:50selon un certain nombre de proportions, mais tout de même à une partition d'Ukraine.
03:56Malheureusement, je dirais, les Américains ont commencé par là,
04:02ils ont commencé par fixer des lignes rouges,
04:04non pas avec les Russes avec qui ils doivent négocier, mais avec leurs alliés.
04:08Ils ont dit qu'il y aura une situation de fait, qu'on constatera,
04:12qui est aujourd'hui établie par la guerre.
04:14Et donc, toute la question, c'est de savoir comment on établit un cessez-le-feu,
04:18comment, autour de cette ligne de cessez-le-feu, il y a une démarcation,
04:21il y a une démilitarisation, et comment, sur la partie orientale, occidentale de l'Ukraine,
04:27on assure la sécurité de Kiev et des Ukrainiens.
04:31Et donc, comme toujours, le diable, il est dans les détails.
04:35On peut dire tout ça facilement, mais après, comment vous faites respecter cet accord de cessez-le-feu
04:42si les Russes brisent cet accord ?
04:44Comment vous intervenez pour les repousser ?
04:47Et donc, là, il y a visiblement la nécessité du déploiement d'une force multinationale d'observateurs,
04:52du respect du cessez-le-feu.
04:54Ensuite, il y aura une première ligne ukrainienne,
04:56parce que c'est leur responsabilité de défendre leur territoire.
04:59Et il faut savoir, ensuite, quelles sont les forces, les garanties qui sont données
05:04pour assurer les forces ukrainiennes que, si de nouveau le conflit recommencerait,
05:09on ne laisserait pas s'emballer.
05:11Les premières garanties, elles sont d'ailleurs de la maîtrise de leur espace aérien,
05:15parce que c'est de là dont reviendrait probablement la menace.
05:18Ensuite, c'est l'accès à la mer Noire pour pouvoir continuer à exister économiquement.
05:24Et enfin, il y a la question, évidemment, si la ligne de cessez-le-feu n'était pas tenue
05:29et s'il y avait une invasion terrestre, qu'est-ce qui se passerait ?
05:31Vous voyez bien qu'immédiatement, on décrit ça comme des missions.
05:35Après, il faut décliner tout ça en termes de mandats donnés aux forces.
05:38C'est des vies humaines qui sont en jeu pour assurer ces garanties.
05:41C'est toute une série de choses très sérieuses.
05:43Donc, on ne voit pas comment les Européens pourraient se voir imposer une solution
05:47à laquelle ils n'ont pas participé.
05:49Ils ont mené cette guerre sans la livrer, en étant très largement suiveurs des Américains.
05:53Et aujourd'hui, il n'est pas question, à mon avis, qu'ils donnent des garanties de paix
05:58ou de sécurité, d'une paix qu'ils n'auraient pas eux-mêmes commencé à chercher à établir.
06:02On va juste écouter Jean-Noël Barreau, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères,
06:05qui est aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
06:07Il a dit, comme François Bayrou, qu'il estimait que le risque d'une guerre en Europe
06:10n'a jamais été aussi élevé. Écoutez-le.
06:13Le Premier ministre l'a dit ce matin, jamais, sans doute depuis 1945,
06:18le risque d'une guerre en Europe, autour de nous, n'a été aussi élevé qu'aujourd'hui.
06:24Nous voulons la paix, non pas une pause transitoire, non pas un cesser le feu fragile.
06:29Nous voulons la paix.
06:31Mais face aux velléités impérialistes, comme vous les avez appelées,
06:34pour obtenir cette paix durable, il nous faudra imposer de la résistance
06:38et il nous faudra imposer de la force.
06:40C'est pourquoi, lorsque la paix aura été trouvée,
06:44et je rappelle que, quoi qu'on entende, les négociations n'ont pas encore commencé,
06:48alors les Européens seront amenés à contribuer à construire cette capacité de dissuasion durable.
06:55Et d'ici là, nous allons continuer à amplifier, à accroître la pression sur Vladimir Poutine
07:01et sur la Russie, avec un 16e paquet de sanctions qui sera adopté dans les prochains jours.
07:05La secrétaire générale de la Défense de la Sécurité Nationale, on va imposer un nouveau train de sanctions à la Russie ?
07:11C'est ça la réponse française ?
07:13Les expressions à l'Assemblée, c'est qu'on est menacé d'un conflit.
07:16Mais je suis désolé, ce conflit existe depuis 2022 en Europe.
07:20Donc la question aujourd'hui est de savoir comment on rétablit,
07:23on trouve une solution pour sortir de ce conflit
07:26et on trouve des éléments qui permettent de stabiliser la sécurité continentale.
07:31Alors là, il a raison de dire que tout ça ne peut pas se faire sans la voix des Européens
07:35et sans que les Européens, c'est eux qui vivent sur ce continent,
07:40soit les architectes de cette équation de sécurité, forcément avec les Russes.
07:44Mais c'est pas le cas, c'est pas le cas, on est complètement out.
07:46Oui, mais c'est ce que j'ai dit, on a commencé des négociations.
07:49À un moment, il va falloir aussi que les Américains,
07:51j'ai vu qu'ils envoyaient des QCM pour savoir comment on pourrait participer, de quelle façon.
07:56C'est pas cet exercice obligé de réponse.
08:01En réalité, à un moment, il faudra participer.
08:04Et voyez bien d'ailleurs que les Russes nous entraînent très loin en disant
08:07il faudra évoquer la question des sanctions.
08:09Avant d'évoquer la question des sanctions, évoquons la question du cessez-le-feu,
08:13évoquons la question de la viabilité de la sécurité ukrainienne, parce qu'on connaît les Russes.
08:17Aujourd'hui, quand ils refusent cette garantie, que cette garantie soit donnée par les Européens,
08:22c'est quoi ? C'est la neutralisation de l'Ukraine ? C'est la démilitarisation de l'Ukraine ?
08:25C'est repartir dans un risque de fragilité, de vortex de sécurité en Ukraine, pour l'ensemble du continent ?
08:32Juste pour revenir un instant sur la prise de parole de Jean-Noël Barraud,
08:35on aurait pu entendre les mêmes mots et quasiment un copier-coller,
08:38sous M. Le Drian en 2022, sous Mme Colonna en 2023, sous M. Séjourné en 2024.
08:45J'ai l'impression quand même qu'on a parlé de cet aveuglement des Français et des Européens
08:49face à cette question de la guerre en Ukraine, où la diplomatie, malheureusement, est arrivée beaucoup trop tard.
08:54François Fillon et Nicolas Sarkozy, dès 2022, avaient alerté que cette guerre allait être ce qu'elle a été,
09:00qu'il fallait mettre les Russes sur la table.
09:05Mais malheureusement, les Européens, et j'allais dire même les Français, ne l'ont pas fait.
09:09Je m'étonne de cet aveuglement, de ce déni de la part de nos ministres des Affaires étrangères successifs
09:16face à une situation qui, pourtant, a été connue par les meilleurs spécialistes.
09:21Une question. Pourquoi est-ce que vous dites que les Européens pourraient exiger, à un moment donné,
09:27de revenir autour de la table des négociations, alors qu'aujourd'hui, ils sont complètement en jeu ?
09:31Ils ont fait une réunion hier à Paris qui n'a abouti à strictement rien.
09:36Et si Donald Trump réussit l'exploit de jouer les intermédiaires entre les Russes et les Ukrainiens
09:41et que, par miracle, ils arrivent à un accord, en quoi les Européens seront consultés à ce moment-là ?
09:47S'il y a un accord entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine,
09:50personne n'appellera Emmanuel Macron pour savoir ce qu'il en pense.
09:52Louis Gauthier.
09:53Oui, un peu comme vous, je ne crois pas beaucoup à la diplomatie, du perron, des sommets.
09:57Ces choses-là, elles arrivent au début pour saluer des conclusions positives.
10:02Il faut du travail.
10:03C'est vrai que cette initiative était bienvenue après ce qui s'était passé à Munich,
10:07mais le travail doit être conduit entre les Européens.
10:11Je vois qu'il y a des évolutions convergentes entre Londres et Paris.
10:14C'était difficile de mettre M. Scholz au pied du mur à cinq jours de ses élections chez lui.
10:21Quand vous parlez de convergence, vous parlez des propos du Premier ministre britannique sur l'envoi de troupes.
10:24Oui, c'est-à-dire que je pense que les Britanniques sont prêts à examiner la façon dont les Européens
10:28pourraient, quelques pays européens ou tous les Européens, apporter des garanties de sécurité à l'Ukraine.
10:33Vous croyez sérieusement que les Britanniques, les Français pourraient envoyer demain des soldats en Ukraine face aux Russes ?
10:40C'est pour ça, c'est ce que je vous dis, ça dépend ce que veut dire garantie de sécurité.
10:44Si c'est apporter une consolidation de la protection de leur espace aérien et maritime,
10:48on peut le faire à partir de chez nous et en tout cas à partir des bases européennes de l'OTAN.
10:53Après un déploiement d'une force terrestre, est-ce qu'elle a besoin forcément d'être sur le sol ukrainien
10:59ou est-ce qu'elle peut être à la périphérie ? Mais il faut des forces lourdes et des forces de réaction rapide pour intervenir.
11:04C'est une option qui peut être tout à fait envisagée.
11:06La frontière à la Pologne, avec la Pologne ?
11:08Oui, puisque je dis, il y aura forcément une force multinationale, internationale, on ne sait pas laquelle.
11:12Ensuite, il y aura une ligne de front ukrainienne qui reprendra sa place.
11:15Et puis ensuite, il y aura la possibilité de venir soutenir en logistique, en moyens, voire même en force,
11:22s'il y avait une violation de ce cessez-le-feu.
11:25D'une certaine manière, même la présence sur le territoire ukrainien peut poser des questions dans la durée,
11:30parce que, je l'ai vu, regardez le Kosovo, on a déployé des hommes en 1999 et on les a retirés 15 ans plus tard.
11:37Donc il faut aussi être vigilant.
11:39Pourquoi ? Parce que dès lors qu'on retirera une unité, un contingent, voire un soldat,
11:43on dira, la France ne respecte pas sa parole.
11:45Donc il faut être très vigilant là-dessus.
11:47Au moment où les États-Unis sont dans un processus de désescalade avec les Russes,
11:52on a l'impression que les Européens qui se sont réunis à Paris sont au contraire dans un processus d'escalade,
11:59en disant on va envoyer des hommes, on va envoyer des troupes.
12:01Alors que Trump parle de la fin de la guerre, nous on a l'impression qu'on parle de la continuité de la guerre.
12:06Et non par d'autres moyens.
12:08La fin de la guerre, c'est quoi ?
12:10C'est l'arrêt de la conflictualité, des combats qui sont d'ailleurs un peu gelés dans cette phase hivernale.
12:16Donc ça, ce n'est que le début d'un long processus qui doit d'abord conduire à sécuriser l'Ukraine.
12:25C'était la question qui était posée au début.
12:27Comment on évite que, en reprenant des forces, à un moment donné,
12:32les Russes se mettent à réattaquer l'Ukraine ou décident d'aller agresser un autre pays ?
12:38Souvenez-vous quand même, la Russie, c'est la Georgie en 2008, la Crimée en 2014,
12:43et là, 2022-2024, l'ensemble du Donbass, 20% du territoire ukrainien.
12:48Donc il y a une question de confiance avec les Russes sur leur appétit territoriaux,
12:52leur volonté militaire de continuer.
12:54Mais à côté de cette guerre ou de ces guerres ouvertes que mènent les Russes,
12:57vous avez une guerre couverte, qui sont contre nos intérêts.
13:00Une guerre cyber, des intimidations, des manipulations sur des processus électoraux.
13:05Donc vous êtes bien obligés de dire que c'est une décrudescence de la belligérance russe.
13:12Pas simplement en Ukraine, mais sur l'ensemble du continent.
13:15On ne peut pas passer un deal et réduire des sanctions,
13:18si les Russes continuent à avoir sur nous, sur nos câbles sous-marins,
13:22sur des gesticulations hostiles dans les espaces aériens, comme on a pu le voir.
13:30Des ingérences.
13:31Voilà, des ingérences permanentes. On ne peut pas être dans cet état-là.
13:33Donc la paix ou la désescalade, elle implique aussi une discussion avec les Russes
13:39sur leur comportement, qui n'est pas simplement un comportement belligène
13:43et l'agression d'Ukraine, mais sur l'ensemble du continent.
13:46Oui, Gauthier, il y a aussi la question de la sécurité de l'Europe, de la défense européenne.
13:50Ce mot dont tout le monde parle depuis 20 ans et rien ne vient.
13:53On va juste écouter Thierry Breton, c'est un commissaire européen.
13:55Il était l'invité ce matin de Sonia Mabrouk.
13:57Il dit qu'évidemment, les Européens réalisent qu'ils ne peuvent plus dépendre
14:01uniquement des États-Unis pour leur sécurité. Écoutez-le.
14:05Nous sommes en train de vivre un moment qui, pour moi, est un moment historique,
14:09peut-être aussi important que celui que nous avons connu
14:12lors de la chute du mur de Berlin. Pourquoi dis-je cela ?
14:15Parce que, pour la première fois depuis très longtemps, les Européens,
14:20en tout cas 26 États membres sur 27, se rendent compte qu'on ne peut plus
14:25dépendre désormais des seuls États-Unis pour notre sécurité.
14:29Je mets le 27ème à part, la France, parce que nous sommes un pays doté,
14:33nous avons l'arme nucléaire, on est autonome pour notre défense,
14:36mais c'est vrai que désormais, il va falloir que tous les pays européens
14:40en tirent les conséquences.
14:41On est autonome, Louis Gauthier, mais on est ligoté par l'OTAN,
14:44de toute façon, que nous avons réintégré il y a quelques années.
14:47La réintégration dans l'OTAN, je pense qu'elle a été d'un point de vue militaire,
14:52de l'interopérabilité de nos forces avec les autres,
14:54la standardisation de nos procédures utiles.
14:56C'est vrai que dans certains moments cruciaux, c'est la liberté politique
15:00liée à cette réintégration qui pose problème.
15:03Et donc, qui fait qu'on peut s'interroger.
15:05Et en tout cas, aujourd'hui, on est amené de toutes les façons
15:08à une réflexion qui soit nous amène à convertir l'OTAN pour l'européaniser,
15:13si les Américains se font défaut, soit à trouver un autre cadre.
15:17Et nous n'avons pas préparé suffisamment le cadre européen.
15:20C'est ce que dit Thierry Breton très bien.
15:22On l'a tenté, il y a eu plusieurs propositions,
15:26plusieurs projets qui ont évolué dans le temps,
15:28mais on est aujourd'hui à une heure de vérité.
15:31Et qu'est-ce qui nous manque ?
15:33Des moyens de commandement et de planification,
15:35y compris d'ailleurs pour apporter ces garanties à l'Ukraine.
15:38Quel sera l'état-major de planification ?
15:40Les Européens se sont opposés à ce qu'on crée un état-major européen.
15:44Est-ce qu'on aura accès aux moyens de commandement de l'OTAN,
15:46même si les Américains ne sont pas là ?
15:48Pour programmer ces forces, l'envoi de ces forces,
15:50même à des niveaux qui n'impliquent pas d'aller à l'épreuve de force,
15:56mais simplement à la stabilisation.
15:59Évidemment, toutes ces questions,
16:01on ne va pas pleurer sur le lait qui a été versé, c'est trop tard.
16:03Ce qu'il faut, c'est se mettre en situation,
16:05d'apporter des réponses concrètes.
16:07C'est pour ça que l'Ukraine va être vraiment un cas d'école.
16:10Et la deuxième, c'est qu'on ne peut plus avoir des panoplies militaires
16:13qui ne soient pas cohérentes entre elles.
16:15Il y a besoin d'une rationalisation de la programmation
16:18de l'outil militaire européen,
16:20pour que les Européens soient en capacité d'assurer leur sécurité collective.
16:23Mais le veulent-ils seulement ?
16:24Encore une fois, les Polonais et les Allemands achètent des avions américains
16:26et pas des avions français.
16:28Bien sûr, il y a sur ces sujets des divergences d'approche,
16:32mais il y a aussi des possibilités de progrès énormes.
16:36Et d'ailleurs, le décerment des contraintes financières
16:40ou des contraintes économiques,
16:42le fait qu'on pourrait accepter que les dépenses de défense
16:44ne soient pas comptabilisées dans les ratios de déficit public,
16:48la possibilité d'un emprunt européen,
16:50l'intervention de la BEI, etc.,
16:52montrent qu'on peut mobiliser de l'argent européen,
16:55à condition effectivement de ne pas aller acheter du matériel
16:58d'une guerre qui sera derrière nous,
17:00si cette guerre d'Ukraine se termine.
17:02Mais évidemment, d'investir sur de la technologie,
17:05sur des moyens qui sont les moyens de demain
17:07et qui rentreront les Européens au niveau stratégique adéquat.
17:10Et c'est là où on va se poser deux questions.
17:12Déjà, est-ce que les peuples européens souhaitent cette défense européenne ?
17:15Parce que ça coûte de l'argent.
17:16Et la deuxième question, c'est quel sera le rôle de la France
17:19dans cette défense européenne ?
17:20Parce qu'on sait très bien que la France est le seul pays
17:23de l'Union européenne à avoir une industrie de défense autonome.
17:27On est capable de fabriquer des chars, des missiles,
17:30ce dont ne sont pas capables les autres pays européens.
17:33On a le bouton nucléaire qui est quand même quelque chose
17:37qui permet à la France d'être autonome et indépendant.
17:41Donc la question, c'est est-ce qu'encore une fois,
17:43la France va être naïve et déléguer sa place
17:47dans la souveraineté européenne à l'Allemagne ?
17:49C'est ce que proposaient un certain nombre de députés,
17:52notamment issus de la Macronie.
17:53Ou est-ce que Emmanuel Macron va prendre cette aventure
17:58pour redonner à la France sa souveraineté ?
18:01Louis Gauthier, une question.
18:03Est-ce que vous croyez, avant la fin de l'année,
18:06à la fin du conflit entre les Russes et les Ukrainiens ?
18:09La fin de l'année 25.
18:11C'est ce que prononçait l'ancien ministre Pierre Lelouch.
18:14C'est une possibilité.
18:15Mais comme toutes les possibilités de dérapage
18:18dans un processus qui est quand même mal maîtrisé,
18:20parce que ne tenant compte d'abord pas d'avis des Ukrainiens
18:24et ensuite pas de l'avis de ceux qui pourraient être amenés
18:27à conforter ou à consolider cet accord.
18:30Donc il y a autant de risques de réussite
18:32que malheureusement de risques de dérapage.
18:34C'est un processus qui n'est pas contrôlé.
18:36Et pour nous, il ne faut pas se déterminer par rapport aux autres.
18:40L'important, c'est de se déterminer par rapport à nous-mêmes.
18:43Et c'est pour ça que je pense que la question des garanties,
18:45qu'on considère être un point particulier,
18:47elle est déterminante parce que d'abord,
18:49elle peut faire levier sur l'ensemble.
18:51Elle peut créer une solidarité particulière avec un cœur d'État
18:55qui serait prêt à prendre leurs responsabilités.
18:58Et donc voilà, on est au début d'une démonstration.
19:01Monsieur Rubio disait, c'est ce qu'on constatait tout à l'heure,
19:04on s'engage.
19:05Mais la question, ce n'est pas de s'engager,
19:06c'est de trouver le point de sortie adéquat.
19:08Après, s'il y a un accord,
19:09ça serait une victoire pour l'administration Trump absolument colossale.
19:13Après l'accord sur les occasions,
19:16c'est le feu entre l'Ukraine et la Russie.
19:19À ses risques et périls.
19:20Parce qu'un accord aujourd'hui,
19:21la problématique, c'est de sa tenue dans la durée
19:24et que ça n'ait pas entraîné par effet de domino
19:26des catastrophes que cet accord était censé éviter.
19:29Bien sûr.
19:30Avec des débordements sur le sol européen ?
19:32Il peut y avoir des débordements.
19:34Je pense que les Russes vont d'abord tenter de reconsolider leurs forces.
19:40Mais rien ne dit aujourd'hui qu'ils vont rentrer dans une désescalade
19:44par rapport à un premier objectif,
19:45qui est la domestication de leurs étrangers proches.
19:47La Georgie, la Moldavie, la Biélorussie, c'est fait.
19:52L'Ukraine, ce sera fait.
19:53Par rapport à leur volonté d'effrayer ou d'intimider en permanence les États-Baltes.
20:00Par rapport à toute une série de provocations
20:03qu'on connaît depuis maintenant plus de cinq ans en Europe.
20:08Merci beaucoup, Louis Gauthier,
20:09ancien secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale,
20:12qui était notre invité ce soir dans « Polish Line » sur CNews.

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