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00:00On commence, mon cher Pierre Lelouch, par se dire que les Européens tremblent, ils sont en train de se réveiller ?
00:05C'est un réveil un peu tardif selon vous ? Ou est-ce que les jeux sont déjà faits ?
00:09Ils payent le prix d'une classe politique d'illusionnistes qui sont malheureusement aux manettes depuis longtemps
00:16et qui n'ont pas voulu voir ce qui leur arrivait en pleine face.
00:19Parce que ça n'a pas commencé avec Trump.
00:21Le désengagement américain de l'Europe, il y a au moins une vingtaine d'années, il a commencé sous Obama.
00:26Il a été confirmé sous Biden malgré les apparences.
00:29Et Trump, il n'a jamais caché ce qu'il voulait faire.
00:32Il n'a juste pas voulu entendre.
00:34Personne n'a voulu entendre, ce qui était même là dans sa campagne électorale.
00:37Ce qui s'est passé dans cette méchante affaire ukrainienne et que je décris dans mon livre,
00:43c'est qu'au fond tout a basculé avec la surprise stratégique qu'a représenté la résistance ukrainienne devant Kiev.
00:52Car juste avant l'attaque, Biden dit ceci.
00:56Je retire mes conseils militaires d'Ukraine.
01:00Je ne ferai pas d'opération militaire.
01:03Il n'y aura que des sanctions économiques.
01:05L'Europe est sur la même ligne.
01:07Pas de chance, si j'ose dire.
01:08Les Ukrainiens résistent, à la surprise des Russes et des Américains.
01:11Et là, il se passe un moment...
01:13Pardon, je suis un peu long, mais c'est important de comprendre.
01:15Après, on va voir un sujet et on reviendra là-dessus, Pierre.
01:17Allez-y, terminez.
01:18Il se passe un moment en février, mars, avril, où Russes et Ukrainiens négocient.
01:22Ils auraient pu arrêter la guerre à ce moment-là.
01:24On n'a pas aidé du tout la négociation.
01:26Et à partir d'avril, Biden entre en guerre.
01:29Et nous, on suit, sans le moindre objectif stratégique,
01:33mais sous la pression de médias, naturellement indignés par ce qui se passait,
01:39la guerre, Bouchard, etc.
01:40Et on part la faire au fusil, sans fusil,
01:43dans l'espoir que les Américains vont gagner la guerre à notre place.
01:48Pas de chance.
01:49Au bout de trois ans, ils changent de président.
01:51Et Trump dit, cette guerre est ridicule, je m'en vais.
01:55Parce que j'ai d'autres chats à fouetter, les Chinois et autres.
01:58Et là, tout le monde s'affole.
02:00C'est comme les lapins dans les phares d'une voiture.
02:02Tous les chefs européens ne savent plus où ils habitent.
02:05Ils n'ont pas de réponse.
02:06Pas de réponse, c'est ce que je disais.
02:08Et c'est très grave.
02:09On va juste aller rejoindre Clélie Mathias,
02:11ses frères nondorés qui se trouvent dans la cour de l'Elysée.
02:13Bonsoir, Clélie.
02:14Vous pouvez nous dire qui sont les dirigeants européens qui sont là ?
02:16Je crois qu'il y a aussi le secrétaire général de l'OTAN,
02:18à l'initiative d'Emmanuel Macron.
02:20L'idée, c'est d'avoir une réponse coordonnée de l'Europe
02:23face à ce que dit Donald Trump ?
02:28Oui, c'est une des conséquences des initiatives de Donald Trump
02:30et des Etats-Unis qui ont décidé d'organiser des pourparlers
02:33directement avec Vladimir Poutine et la Russie,
02:36sans passer ni par l'Ukraine, ni par l'Europe.
02:39Cette réunion, ici, aujourd'hui, à l'Elysée,
02:42s'est organisée dans le week-end, très rapidement.
02:45Il y a le Royaume-Uni, qui ne fait pas partie de l'Union Européenne,
02:48mais d'autres pays qui font partie de l'Union Européenne,
02:51comme l'Italie, l'Espagne, le Danemark, la Pologne,
02:54ou encore les Pays-Bas.
02:56Il n'y a pas la Hongrie de Viktor Orban, c'est important de le dire,
02:59puisque Viktor Orban, qui a toujours été pro-paix,
03:01a toujours dit que c'était une réunion de pays frustrés.
03:05Je cite ces mots.
03:07Il y a aussi la présidente de la Commission Européenne,
03:09le président du Conseil Européen,
03:11vous l'avez dit, Laurence,
03:13le Secrétaire Général de l'OTAN.
03:17La réunion ne devrait pas tarder à se terminer,
03:19puisqu'Holschoofs doit partir à 18h.
03:21Vous savez que le chancelier allemand est en campagne électorale,
03:24et on entend déjà les moteurs qui se préparent à accueillir les dirigeants.
03:28Il y avait deux thèmes majeurs.
03:30L'Ukraine, bien sûr, pour parler de paix.
03:32Comment sécuriser une paix durable en Ukraine ?
03:35C'est-à-dire, est-ce qu'il faut, par exemple, envoyer des troupes au sol ?
03:38Certains pays européens y sont favorables, d'autres non.
03:40L'autre question, c'est la question du financement pour cette paix.
03:43Et puis, plus largement d'ailleurs,
03:45pour assurer la sécurité en Europe dans les années à venir.
03:50Donc, on dépasse même le strict cadre du processus de paix en Ukraine,
03:54ici, lors de cette réunion qui se tient aujourd'hui autour d'Emmanuel Macron.
03:58Merci, Clélie Mathias, Florian Doré, Gauthier Le Breton.
04:01Les Français, peut-être, ceux qui nous écoutent et nous regardent,
04:03se disent, c'est loin de nous, ça ne nous concerne pas.
04:05Mais si, ça nous concerne, en réalité.
04:07On est en train de se faire absolument dépasser par les événements.
04:10Et puis, ça les concerne quand la France donne plusieurs milliards à l'Ukraine,
04:15avec l'impôt des Français.
04:16Je peux vous dire que ça les concerne directement.
04:18Il y a eu un vote au Parlement, mais on n'a jamais consulté les Français
04:21sur l'aide versée à l'Ukraine,
04:23qui se compte donc en milliards depuis le début du conflit.
04:26Donc, évidemment.
04:27Et puis, c'est aux portes de l'Europe, comme on a l'habitude de le dire.
04:30Et donc, si vous voulez, cette réunion, c'est de la com'.
04:32Quand vous êtes hors-jeu, complètement hors-jeu,
04:35vous essayez de trouver une parade...
04:37Il n'y a eu pas que de la com'.
04:39Excusez-moi.
04:40Mme Mélenchon est là.
04:41Je veux dire, les Européens, ils ont un petit peu...
04:43Ils sentent le vent de l'histoire.
04:44Ils vont annoncer quoi en sortant de cette réunion, Laurence ?
04:47Écoutez, écoutez.
04:48Je ne suis pas porte-parole de l'Élysée, mon cher.
04:50Non, mais ils sont hors-jeu.
04:51C'est une réunion de personnes qui sont hors-jeu,
04:53qui ne comptent plus, qui ne pèsent plus.
04:55Emmanuel Macron a essayé...
04:57C'est le seul point qu'on peut lui accorder
04:59au moment de la réouverture de Notre-Dame,
05:02de réunir avec succès Donald Trump et Volodymyr Zelensky,
05:05et plus rien.
05:06Et donc, les deux présidents vont se retrouver
05:09sans passer un coup de fil à Emmanuel Macron
05:13ou à qui que ce soit en Europe.
05:14Donc, puisqu'ils sont hors-jeu,
05:16il faut faire semblant.
05:17Et donc, on se réunit.
05:18On sortira de là sans rien annoncer, sans...
05:22Si, il y aura des déclarations.
05:23Oui, mais une annonce...
05:24Non, il n'y aura pas de déclaration.
05:25Il n'y aura pas de communiqué, non.
05:26Il n'y aura pas de communiqué.
05:27Il ne peut pas y en avoir.
05:28Il ne peut pas y en avoir,
05:29parce qu'ils n'ont pas de réponse.
05:30Pierre Lelouch.
05:31Le sujet, c'est que...
05:33Parfait.
05:34OK.
05:35Moins d'un mois après son investiture,
05:37moins d'un mois.
05:38On est le 17 aujourd'hui.
05:40Il a été investi le 20 janvier.
05:42La semaine dernière,
05:43il a ce coup de téléphone avec Poutine
05:45et il avait promis de régler cette affaire.
05:48Il la règle, aux conditions des Russes.
05:50C'est-à-dire, la négociation est simplement
05:54américano-russe hors les autres.
05:57Deuxièmement, les Russes conservent
05:59ce qu'ils ont obtenu militairement,
06:00c'est-à-dire le Donbass et la Crimée.
06:02Troisièmement, il va y avoir
06:03la levée des sanctions,
06:04parce que les business is business.
06:07Et tout ça se réunit dans la foulée
06:09d'une réunion à Munich
06:10où le vice-président leur a donné
06:12une leçon de démocratie sans précédent.
06:15Donc, c'est une espèce de divorce militaire
06:18suivi d'un divorce idéologique.
06:20Et dans la foulée,
06:22aujourd'hui même,
06:23les ministres américains et russes
06:25arrivent à Riyad pour négocier demain.
06:28Et pendant ce temps-là,
06:29les Européens ont eu une réunion de crise
06:32pour essayer de savoir comment ils vont faire.
06:34Et moi, j'ai réfléchi toute la journée,
06:36en me mettant à la place de ces gens-là,
06:39de ces grands chefs d'État,
06:41et je me dis, bon, maintenant,
06:42comment je fais pour acheter un strapontin
06:46à la table de négociation ?
06:47Même pas une place, un strapontin.
06:49Qu'est-ce que je fais pour convaincre Trump...
06:51Envoyer des troupes au sol,
06:52comme disent les Anglais ?
06:53Non, ça, c'est un autre sujet.
06:55C'est le deuxième sujet.
06:56Heureusement.
06:58Juste là, comment je fais pour...
07:00Qu'est-ce que j'ai comme moyen de pression ?
07:02J'ai compris ce que vous m'avez dit.
07:03Je le dors rapidement, François.
07:05Ce qu'on voit, c'est aussi que les Européens
07:07paient leur avenglement depuis maintenant trois ans.
07:10C'est-à-dire que la première année du conflit,
07:12ils ne voulaient pas se mettre à la table de négociation
07:14pensant que l'Ukraine pouvait encore gagner,
07:16alors que tous les observateurs un petit peu avisés,
07:18notamment Pierre Lelouch,
07:19nous disaient que ça allait être plus compliqué que cela.
07:22Donc, que veulent-ils faire ?
07:24C'est qu'ils veulent en effet obtenir un strapontin.
07:26Ils veulent obtenir une victoire de communication,
07:29une démonstration de force d'Européens,
07:31sauf que c'est un mal européen, et j'allais dire français,
07:33de faire un conseil, une commission, un conclave,
07:37alors qu'on sait que les dés sont pipés
07:39et que la bataille, aujourd'hui,
07:41elle se joue entre les Américains et les Russes.
07:44On n'aura aucun impact.
07:45François Péponi, Joseph.
07:47Là, c'est une réunion de vent de panique.
07:48Mais oui.
07:49Les Américains font ce qu'ils ont dit.
07:51C'est la com'.
07:52Et nous, on dit qu'ils le font.
07:54Et venez vite à Paris, comment on fait maintenant ?
07:56C'est-à-dire que personne n'a anticipé ce qui se passait.
07:59Alors que c'était écrit, annoncé, déclaré.
08:02Dans toute la campagne de Trump.
08:03Et connaissant un peu Trump, enfin, ils le connaissent,
08:05ils disent qu'ils allaient le faire.
08:06Et ils font ce qu'ils disent.
08:07Il avait dit 24 heures.
08:08Il a tardé.
08:09Pierre Lelouch, après Joseph.
08:11Le déficit commercial,
08:13le premier déficit commercial des États-Unis,
08:15c'est la Chine.
08:16290 milliards de dollars.
08:17Le deuxième déficit, c'est l'Europe.
08:19230.
08:20D'accord.
08:21Donc, quel est le moyen de pression qu'on a
08:23sur quelqu'un qui va déjà nous mettre des droits de douane ?
08:26Qu'est-ce qu'on va dire à Trump
08:28pour qu'il nous accède à des...
08:29Première question.
08:30Deuxième question, les garanties de sécurité.
08:33Une fois que l'armistice est signé,
08:36les Ukrainiens disent,
08:37bon, maintenant que les Américains sont vents,
08:39on veut une armée de 200 000 Européens.
08:41Bon, elle n'existe pas.
08:42Elle n'existe pas.
08:43Et les Américains ont dit,
08:45attendez, si vous, les Européens, vous rentrez en Ukraine,
08:47alors vous rentrez hors OTAN
08:49et hors protection américaine.
08:51Vous prenez vos risques.
08:53Alors, ma question,
08:54quel est le pays qui va aller risquer
08:57d'entrer dans un bourbier pareil
08:59pendant les 10 ou 15 ans qui viennent ?
09:01Avec quels moyens ?
09:02Et c'est ça, la question qu'ils ont ce soir sur la table.
09:05L'Anglais, il a dit, moi, j'y vais.
09:07Il a dit ça comme ça.
09:08Mais je pense qu'ils peuvent...
09:09Ils sont capables de dire...
09:10Les Anglais ?
09:11Ils peuvent tous.
09:12Pour exister.
09:13D'envoyer Trump seul ?
09:14Là, sortir de cette réunion et dire...
09:16Pour sécuriser.
09:17Il n'en reste plus.
09:18Alors, dernier mot, Joseph, avant la pause.
09:20Non ?
09:21Je pense que là,
09:22ce qui est en train de se passer,
09:23c'est la fin de l'Union européenne,
09:25telle que les pères fondateurs...
09:27On voit le chancelier Scholz qui s'en va, là.
09:28...telle que les pères fondateurs l'avaient créée.
09:30Tout ce discours autour de l'Union européenne
09:33nous a garantis la paix,
09:34nous a garantis des décennies de paix,
09:36c'est terminé.
09:37Les pipeaux sont terminés.
09:38C'est l'OTAN qui est garanti.
09:40Et bien sûr, c'est l'OTAN.
09:41Donc, il faut siffler la fin de la récréation.
09:43C'est-à-dire, qu'est-ce qu'il est possible
09:46de construire aujourd'hui ?
09:47Voilà.
09:48Est-ce qu'il est possible de reconstruire aujourd'hui ?
09:49Encore un problème de reconstruction.
09:50Est-ce qu'il est possible de reconstruire aujourd'hui ?
09:51L'Union européenne, c'est terminé.
09:53Bon. Allez, Gauthier, dernier mot ?
09:55Non, parce que, monsieur le ministre,
09:56vous rappeliez à juste titre, évidemment,
09:57le discours-choc de Gidevens.
09:59Et je vois que tout le monde...
10:01On va en écouter un petit extrait.
10:02...pousse un peu, voilà,
10:03la voix contre Gidevens,
10:07notamment notre ministre des Affaires étrangères,
10:09Jean-Noël Barraud.
10:10Alors, ça ne se mange pas de pain de dire
10:12que Gidevens fait de l'ingérence,
10:14il nous fait la leçon.
10:15Quand vous êtes aussi faible avec l'Algérie,
10:18comment voulez-vous être respecté,
10:19déjà, par Donald Trump ?
10:20Quand on ferme des télés en France,
10:21monsieur Brett, bien sûr...
10:23Ça ne nous a pas échappé, oui.
10:24Oui, quand on ferme une télé,
10:25quand il dit qu'il y a un recul des libertés en Europe,
10:28il cite plein d'exemples,
10:30en Suède, en Écosse, en Angleterre.
10:32J'invite les gens à lire ce discours,
10:33qui est court.
10:34Allez, dernier mot, Gauthier ?
10:35Non, vous aviez terminé ?
10:36Non, mais bien sûr, oui.
10:37C'est vrai que, quand il parle de liberté d'expression
10:39qui recule en France,
10:41enfin, en Europe,
10:42la semaine où le Conseil d'État
10:44doit statuer sur C8,
10:46quand il parle de crise migratoire
10:49et d'immigration non contrôlée,
10:51quand le JDD publie les chiffres de la submersion
10:54pour reprendre le titre,
10:55évidemment que ça fait écho.
10:56C'est bien beau.
10:57En fait, ce que je veux dire,
10:58c'est que c'est bien beau de prendre la parole
10:59contre J. Diven, c'est très bien,
11:00quand on se tait et on ne dit rien face à l'Algérie,
11:02alors que ça fait trois mois
11:03que Boilem Sansal est dans sa jaule.