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00:00C'est en compagnie de Bruno Clavier que l'on parle du corps et on va commencer avec Sabrina, merci Sabrina d'être avec nous, bonjour.
00:10Bonjour Brigitte et bonjour Bruno, je voulais vous remercier déjà d'aborder ce sujet parce que je m'interroge beaucoup et j'espère que vous allez pouvoir m'amener quelques éclaircissements.
00:28Mon histoire c'est que ma mère était mère félipataire, donc je n'ai jamais connu mon père, elle a été rejetée par sa famille quand la grossesse s'est sue.
00:45Donc elle a dû quitter la maison et après sa famille l'a accueillie de nouveau et j'ai grandi un peu dans ce contexte d'enfant illégitime né hors mariage avec tout autour de moi une famille qui était constituée d'un papa et d'une maman et moi donc pas de papa.
01:13Et dans ce cadre là j'ai l'impression que ça a donné une légitimité à me faire abuser par mes trois oncles et subir des traitements et des châtignements corporels assez particuliers.
01:29Et donc du coup depuis je suis maman, mariée, mais il y a un rapport avec mon corps qui est quand même assez compliqué du fait que je traîne ce corps avec le côté pratique qu'il a,
01:54le côté fonctionnel pour pouvoir vivre dans la vie de tous les jours et qui est pratique pour moi et pour les autres.
02:03Mais ressentir du plaisir, ne serait-ce que dans les relations sexuelles ou du plaisir de prendre mes enfants dans mes bras, je n'y arrive pas, je n'y arriverai pas.
02:25Donc j'ai énormément de mal, je n'ai très rarement éprouvé du plaisir dans les relations sexuelles, clairement avoir un organe.
02:45Et ouais c'est lourd quoi, c'est lourd parce que même au niveau de ma relation avec mon mari qui lui est vraiment très en demande affective, ils sont pleins.
03:05Mais vous acceptez qu'il ait de la tendresse par exemple avec vous ou ça aussi c'est compliqué ?
03:12Non c'est compliqué, c'est très compliqué.
03:14Et c'est compliqué avec vos enfants aussi visiblement ?
03:16C'est compliqué, surtout avec mon nez, qui elle aussi est une fille qui demande beaucoup d'affection, qui veut toujours des bisous de sa maman,
03:29et qui est toujours en demande, en demande, après ça me fatigue. Le second il a compris que sa maman n'est pas très caline, donc il fait avec, de temps en temps il vient.
03:47Mais vous avez souvenir si vous avez eu des câlins avec votre maman justement ?
03:53Vous savez pas, vous savez pas trop.
03:59C'est assez compliqué parce que même à en parler, le souvenir que j'ai avec maman qui est vraiment marquant, c'est elle ayant un comportement un peu inapproprié,
04:17c'est-à-dire qu'on est en train de s'amuser et à un moment donné, je devais avoir 4-5 ans, elle me présente son enfant à tété.
04:31Moi enfant, c'est marquant, je me dis mais non, je vais pas faire ça, je suis pas un bébé, je vais pas faire ça, je me rappelle vraiment clairement.
04:46Et puis après, avec ma mère, c'était pas simple parce que je devais avoir un enfant modèle qui réussit tout, qui faisait pas de bruit, qui restait à sa place.
05:03Des moments calins, même encore aujourd'hui, on se dit pas souvent qu'on s'aime forcément.
05:11Excusez-moi, ce sont vos oncles maternels, les 3 oncles ?
05:14Oui.
05:15Vous voyez, il y a quelque chose qu'on peut envisager, c'est une hypothèse, mais tout de suite, c'est qu'il y aurait de l'abus au-dessus,
05:24c'est-à-dire que votre mère, elle se comporte comme quelqu'un d'abusé, puis les oncles aussi, en vous abusant.
05:28C'est-à-dire que c'est ça qui est terrible, c'est que c'est toujours transgénérationnel, de génération en génération.
05:34Et elle-même, quand elle vous donne le sein à 4 ans, elle est débordée, elle ne comprend même pas ce qu'elle est en train de faire.
05:40C'est comme si elle avait 4 ans elle-même.
05:42Je pense, oui, parce que c'est un secret dans la famille, mais je pense sincèrement qu'il y a dû se passer des choses.
05:53Justement, vous parlez de révélation du corps. Ma mère, aujourd'hui, elle est atteinte de maladies dont la fibromyalgie, justement.
06:04Pour l'instant, vous n'avez pas travaillé encore, vous n'avez pas été en thérapie, vous n'avez rien...
06:10Non, si, si, si, parce que justement, dans l'enfance, c'était assez particulier.
06:16Il y a eu des phases d'anorexie, de polymie, de scarification, des tentatives de suicide.
06:22J'en avais marre, en fait, que ça continue parce que ça a duré dans le temps.
06:28D'un moment, j'étais fatiguée et je voulais que ça s'arrête.
06:32Et je n'avais pas l'impression d'être entendue ou de pouvoir obtenir de l'aide de l'extérieur.
06:40Et donc, du coup, mon corps, je le maltraitais.
06:45Vous avez consulté, si vous avez été anorexique, vers l'adolescence ?
06:52Non, je n'ai pas consulté.
06:55Oui, c'est ça, mais au niveau physique, vous avez bien un médecin qui a dû s'apercevoir de quelque chose ?
07:00Non, non, non, rien.
07:03Rien, parce que c'était vraiment des périodes où je perdais du poids.
07:08Mais du coup, après, j'en reprenais.
07:10Donc, même dans la famille, c'était comme ça.
07:14Et puis, tout ce qui est suivi médical, ce n'est pas comme maintenant.
07:19Aujourd'hui, vous devez emmener des enfants régulièrement, voir le médecin.
07:25Là, c'était comme ça.
07:30Brigitte, vous parlez de vos thérapies.
07:33Et dans vos thérapies, vous avez eu le sentiment d'avancer ou pas tout à fait ?
07:38Sur cette question du corps, non.
07:41Mais c'est vrai que sur d'autres points, oui.
07:44Parce qu'en fait, les thérapies, je les ai vraiment suivies au moment où j'ai eu ma fille.
07:50Parce que c'est vraiment là où je me suis rendu compte qu'il m'était arrivé quelque chose de grave.
07:55Auparavant, pour moi, c'était normal ce qui m'était arrivé, au point de leur trouver des excuses.
08:06Et puis, c'est vrai que, comme vous disiez, j'avais un comportement avec mon corps un peu limite.
08:17C'est-à-dire qu'il y avait une hyper-sexualisation.
08:20Parce que mon corps était là pour faire plaisir à l'autre.
08:23Mais pour moi, ce n'est pas pour autant que j'éprouvais du plaisir.
08:26Mais le fait de voir que l'autre prenait du plaisir avec moi, il y avait une espèce de satisfaction.
08:31Et de me dire que je suis sur Terre au moins pour ça.
08:34Je sers à ça, quoi.
08:37Voilà.
08:38Oui.
08:39Voilà, voilà.
08:40Mais aujourd'hui, justement...
08:42Aujourd'hui, au moins, vous commencez à respecter votre corps.
08:47Oui.
08:48Vous apprenez à dire non.
08:49Ah oui.
08:50Oui, du coup.
08:51Du coup, mais au point que j'ai l'impression de dire non pour toutes les années où je n'ai pas dit.
08:59C'est-à-dire que je vais le dire pour mon époux quand il va avoir des démonstrations affectueuses.
09:06Mais non.
09:07Je ne suis jamais prête.
09:09Je n'ai jamais envie, quoi.
09:10Mais vous arrivez à lui expliquer ?
09:11Vous arrivez à lui dire un peu tout ce qui se passe pour vous ?
09:15Est-ce qu'il l'entend ?
09:17J'ai pu lui expliquer.
09:19Il va l'entendre, mais il va me dire qu'il n'a pas à payer pour les autres.
09:24Ah oui.
09:25C'est ce que j'entends.
09:27Il n'a pas à payer pour l'erreur des autres, qu'il m'aime, qu'il a envie de moi et qu'il n'a pas à être puni pour ça.
09:35Alors que je n'ai pas la sensation que je le punis, j'ai plus l'impression que je m'écoute.
09:41Bien sûr que vous ne le punissez pas.
09:43Vous ne faites pas exprès de vous refuser à lui.
09:47Et de toute façon, il est important que vous vous respectiez.
09:51Parce que de toute façon, si vous ne respectiez plus aujourd'hui, vous finiriez par avoir de la haine pour lui.
09:58Donc ce n'est pas la solution non plus.
10:00Il faut absolument pour l'instant que vous puissiez vous réapproprier votre corps, comme je le disais.
10:08Et c'est compliqué parce qu'il y a du retard.
10:13Excusez-moi, vous n'avez fait que des thérapies par la parole ?
10:16Ou vous avez fait d'autres types de thérapies ?
10:19J'ai fait, parce que j'ai dû être hospitalisée à un moment donné, un peu d'orthérapie.
10:25D'accord.
10:29Ce que je veux dire, c'est que souvent il y a un trajet comme ça.
10:32C'est-à-dire que d'une part, il faut une reconnaissance.
10:34Parce que la thérapie par la parole, en particulier, c'est une certaine reconnaissance du préjudice.
10:39C'est déjà très important.
10:41Mais ensuite, souvent, il y a le côté émotionnel qui peut ne pas être traité dans la thérapie par la parole.
10:47Puisqu'on se met dans une position défensive.
10:51C'est-à-dire qu'on est capable de parler de tout ça sans émotion.
10:54C'est pour ça que c'est très intéressant qu'il y ait des thérapies un peu plus émotionnelles.
10:58Et puis ensuite, aussi intégrer des thérapies corporelles.
11:03Je crois que c'est un tout.
11:05Peut-être que vous pourriez aller voir de ce côté-là.
11:08On va faire une petite pause.
11:10On vous garde, Sabrina, parce que je crois que ce qu'on a à vous dire
11:13intéressera aussi peut-être d'autres personnes.
11:16Donc restez avec nous et on va revenir sur la suite de ce que vous pouvez faire pour aller mieux.
11:22A tout de suite.