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00:00Alors tu habitais donc quand t'étais petit rue de la tombe d'Histoire.
00:04Absolument dans le 14e.
00:06Dans le 14e et de ta fenêtre tu voyais les enterrements.
00:08Absolument.
00:09Et t'aimais beaucoup ça.
00:10Mais oui on croit toujours que c'est une blague quand je raconte ça.
00:12Effectivement j'avais envie d'être dans les pompes funèbres.
00:16J'aimais beaucoup ça parce que le...
00:18L'ordinateur.
00:20L'ordinateur. L'ordinateur.
00:22L'ordinateur.
00:23Il n'y avait pas encore de computer.
00:24Oui.
00:25On programme les morts et schlack ça.
00:27Oui. Zing. Zing.
00:29Numéro 47 à l'avant.
00:30Non mais alors c'était tout à fait la préfiguration d'une scène.
00:34Ce parvis drapé soit de noir écussonné soit de rouge et de blanc
00:39comme on faisait beaucoup pour les mariages à l'époque.
00:41Et ça m'a donné, ça me donnait l'envie du théâtre, l'envie de la scène.
00:46J'étais d'ailleurs assez bizarre et je le suis resté.
00:49C'est bien pour ça que je fais peur aux gens.
00:51C'est que non seulement j'étais impressionné sur le plan théâtre
00:54mais sur le plan pompe funèbre directement.
00:56C'est-à-dire que mon grand jeu était de prendre tous les coussins de l'appartement
01:00et de les mettre.
01:01De les reconstituer dans ta chambre ?
01:02De reconstituer, non, dans la chambre de mes parents, des coussins.
01:05Des coussins comme des couronnes pour faire un catafalque.
01:08Ah oui d'accord.
01:09Petit monstre.
01:10Enterrement de première classe.
01:11Voilà.
01:12Ah oui, ce n'était quand même pas tout à fait normal.
01:14Et alors je pleurais chaque fois que je voyais l'écusson.
01:16P.
01:17Je pleurais parce que je disais mes parents ne sont pas rentrés
01:20et on les enterre sans rien me dire.
01:22Oh là là oui c'est fou.
01:23Tu vois.
01:24Mais c'est une belle imagination quelque part.
01:25Oui, oui.
01:26Non mais vous êtes traumatisé là non ?
01:27Ah ben je suis un personnage totalement traumatisé.
01:30D'ailleurs c'est une de mes dernières émissions là.
01:32On va m'enfermer très vite.
01:34Non, non, non.
01:35Si, si je t'assure.
01:36Non, non, non.
01:37Ce n'est pas encore signé le bulletin.
01:38Ton papa était ouvrier en verrerie.
01:40Oui absolument.
01:41Et il t'a dit fais tout mais ne sois pas croque-mort.
01:44Il était un peu inquiet.
01:46Pas du tout.
01:47Alors là tes renseignements sont mauvais parce que mes parents, mes parents, mes parents.
01:52C'est bien.
01:54Ils sont là d'ailleurs tous les deux.
01:55Chantal et François.
01:57Ils baissent la tête.
01:59Vous êtes puni mes chéris.
02:01Non mes parents me disaient sois dans les ponts de funèbres.
02:03C'est un très bon métier.
02:04Il n'y a pas de mort de saison fatalement.
02:06Oh quel horreur.
02:08Et ils m'incitaient beaucoup à faire ça.
02:10Mais je dois dire que ça n'a pas été des parents qui m'ont permis l'anecdote,
02:17la routine du comédien qui a eu une vie difficile,
02:20qui a transporté des quartiers de boeuf aux Halles,
02:23qui a fait des lessives,
02:26qui a été prostitué avant de commencer ma famille.
02:28Ils ont toujours été d'accord.
02:30J'aurais dit j'ai envie de faire ce métier à 15 ans.
02:32Ils m'ont inscrit au centre du spectacle de la rue Blanche et j'ai commencé.
02:36Mais ils aimaient beaucoup l'opéra.
02:37Ils aimaient beaucoup l'opéra.
02:39J'ai été bercé dans l'opéra parce qu'à l'époque les radios d'État,
02:42que ce soit Radio PTT, Radio Lille, Radio Long,
02:45retransmettaient tous les soirs en direct l'opéra.
02:47Et comme c'était à l'époque très varié,
02:52on jouait un soir Butterfly, le lendemain Tosca, Mireille.
02:57Alors j'ai été vraiment bercé dans l'opéra.
02:59C'est ce qui m'a donné le goût de l'opéra.
03:02Tu y vas beaucoup ?
03:03J'y vais beaucoup, j'y vais le plus possible.
03:05J'ai déliré à Pavarotti l'autre jour dans Tosca.
03:08J'adore l'opéra.
03:10C'est bien.
03:11On va entendre une amie qui ne chante pas l'opéra
03:14mais qui chante bien la comédie musicale.
03:16C'est Colette Ronard dans Irma la Douce.
03:19Alors je vais te dire à ce propos,
03:21les Français sont extraordinaires parce qu'on dit,
03:24c'est une idée reçue,
03:25les Français n'aiment pas la comédie musicale.
03:27Aucune comédie musicale n'a marché en France.
03:29Or, sans parler de l'époque merveilleuse de Christiné.
03:34Oui.
03:35Et Trois Valses et le reste.
03:37Voilà.
03:38Qui ont quand même été de grandes comédies musicales.
03:39Il y a Irma la Douce dont on oublie que ça a été un phénoménal succès.
03:43Bien sûr.
03:44C'est une compétition qui a duré deux ans au Grammont.
03:46Et pourquoi ?
03:47Parce qu'il y a cinq aires ou six aires qui sont des aires d'anthologie.
03:50Oui.
04:07Alors Jean, on parle un petit peu de ton enfance, de ton adolescence.
04:12Et tu avais vu André Baugé qui chantait Nina Rosa au Châtelet ?
04:15Oui.
04:16Et tu voulais être André Baugé ?
04:17Absolument.
04:18Ah oui.
04:19Mais je veux toujours être André Baugé, mais il n'y a plus de raison maintenant.
04:23Et puis après tu as été au Centre de la rue Blanche.
04:26Tu as passé Iago.
04:28Jérôme Tello.
04:30Voilà.
04:31J'étais un jeune homme très très timide.
04:33Tu avais 16 ans.
04:34J'avais 16 ans et je sortais du collège, comme on dit dans l'USSR.
04:37Mais oui, j'étais un jeune homme très très timide.
04:39Donc à 16 ans, on aurait dû me faire jouer Fortunio ou Les amoureux de Musset.
04:45Bon, mais j'avais horreur de ça.
04:48Et je préférais me diriger vers les raisonneurs heureux.
04:51Filin, tout ce genre.
04:53Ah oui, oui, oui.
04:54Et les Troisième Couteau.
04:56J'avais beaucoup les Troisième Couteau.
04:58J'ai passé la première fois mon concours du conservatoire en concours d'entrée.
05:01Je n'ai jamais été admis d'ailleurs.
05:02Mais enfin, j'ai passé un concours d'entrée dans...
05:06Un personnage qui s'appelle Homo Dei.
05:08Angelo Tirantepadu.
05:10Ah oui, c'est quand même une chose que j'ai recherchée.
05:13L'inquisiteur, le président du conseil d'Edis, l'inquisiteur.
05:15Et après, j'ai passé Iago.
05:17Et c'est en me voyant dans Iago, dans ce traître shakespearien,
05:20qu'Henri Varna, qui était au jury à l'époque, m'a dit
05:23« Venez donc jouer le petit tambour dans Madame Sangène,
05:26qui annonce, oui je vois ton œil,
05:28qui annonce la prise d'étuilerie au prologue de Madame Sangène. »
05:32Voilà.
05:33Et t'avais une phrase, t'avais pas beaucoup de textes.
05:35Non, j'avais pas beaucoup de textes.
05:37Parce que c'était l'occupation, tu vois, j'entrais en scène à 6h30,
05:41on jouait tôt, à cause justement du couvre-feu,
05:44et à 7h20, j'étais dans le métro.
05:46Ah oui, c'était un rôle très court.
05:47Tu vois, c'était un rôle court.
05:48Et c'est Varna qui jouait Napoléon.
05:49Et Varna jouait Napoléon.
05:51Il aurait pu jouer Joséphine ou Marie-Louise.
05:53Qui n'a pas vu Henri Varna dans Napoléon, n'a rien vu.
05:55Je dois dire que moi je l'ai vu à la fin de sa vie.
05:57Il jouait un cardinal,
06:00avec Lille-Renaud, je crois,
06:02comme une musicale, enfin une revue,
06:05il était absolument insensé.
06:07C'était un personnage extraordinaire.
06:09Ah oui, je te vois très bien dans le petit tambour.
06:13Je jouais le petit tambour, oui.
06:15Et alors Madame Dussane, elle t'avait reproché
06:17que t'avais ni l'œil rond, ni le nez en l'air.
06:20Mais je me sens nu devant toi vraiment,
06:22c'est parce que tu sais tout.
06:23J'ai envie que tu remettes ton pantalon.
06:25Moi Madame Dussane, j'ai passé le Figaro dans le barillet de Séville
06:29et elle m'a refusé au conservatoire aussi
06:31parce qu'elle m'a trouvé trop à l'aise.
06:34Comme c'est bizarre.
06:36Dans Figaro, trop à l'aise, c'est quand même assez bien.
06:40Elle m'a dit vous ne ferez jamais de carrière,
06:41vous ne pouvez pas jouer,
06:42parce qu'ensuite j'ai passé les Valais,
06:43c'était quand même plus mon emploi,
06:44mais vous ne pouvez pas jouer cet emploi
06:46de scapin, de Figaro,
06:48parce que vous n'avez pas l'œil rond et le nez en l'air.
06:54Et c'est Robert Derry, le premier, qui t'a donné ta chance.
06:58C'est Robert Derry qui avait monté une revue au théâtre des deux ânes
07:05où j'ai débuté vraiment,
07:07où je suis resté huit ans,
07:08à jouer les revues de chansonniers,
07:09de Dorin, de Souplex, de Roca.
07:11C'est là que tu as connu Françoise alors ?
07:13Françoise Dorin, voilà.
07:16Ta première femme.
07:17C'est là que j'ai connu Françoise.
07:20Et à partir de la troupe qu'il avait formée,
07:24il a fait un numéro de musical qui s'appelait Les Pingouins.
07:27C'est-à-dire que nous nous présentions à sept garçons,
07:30une fille, les garçons en habit de soirée,
07:36en queue de pie,
07:38et nous chantions Les Pingouins.
07:39Nous chantions La marmite norvégienne,
07:42des choses comme ça.
07:45Lui, tout joyeux, se répétait comme ça,
07:47moi je m'en fous, j'ai une marmite norvégienne,
07:49ça ira mieux quand la guerre finira.
07:51C'est une chanson de Tranem.

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