Jean-Claude Brialy raconte Simone Signoret

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00:00Nous sommes en mars 1942. Simone Signoret débute au théâtre. Elle répète Dieu est innocent au
00:18théâtre des Maturins dirigé par Marcel Ayran et Jean Marchat de la comédie française. Elle
00:25doit sa présence dans la troupe au film de Marcel Carnet Les visiteurs du soir.
00:29Marcel Ayran l'a remarqué alors qu'elle n'y faisait que de la figuration. Son rôle de
00:35tragédienne consiste à pousser avec Jean-Marc Thibault, Jean Carnet et Yvette Etiévant des
00:42onomatopées censées représenter la foule de Thèbes. Nous avons commencé à avoir le fou rire
00:49exactement au bout de la quatrième représentation. Ça nous prenait comme ça vers dix heures moins
00:55le quart de d'abord rire en coulisse de dire non non ce soir il faut pas rire et puis à partir du
01:01moment où nous mettions un pied sur la scène de commencer à rire. C'était pas extrêmement grave
01:06parce que comme c'était une tragédie il y avait un éclairage tragique et par conséquent très peu
01:11dense alors on ne croit pas que le public nous voyait rire et comme ça ça a duré pendant un
01:17bon moment jusqu'au jour où le pauvre Marchat s'est aperçu qu'il se passait quelque chose
01:21d'insolite sur sa scène, s'est retourné, m'a vu moi et pas les autres et m'a proprement mis à la
01:28porte. Les vraies raisons de ce fou rire je vais vous les dire c'est que comme nous étions sept
01:34ou huit à figurer la foule entière de la ville entière de Thèbes, il fallait en coulisse un
01:40bruitage qui justifiait le peu de personnes que nous étions sur scène. Alors on imaginait qu'il
01:46y avait une foule énorme n'est ce pas répandue dans les coulisses fortes et trois cités à des
01:49Mathura et le régisseur mettait un disque qui s'intitulait bruit de foule alors on entrait nous
01:56on faisait oh la reine Jocast est morte et on entendait derrière et un jour très rapidement je
02:04crois que ça s'est passé à la seconde ou à la troisième il y a eu une petite erreur d'aiguillage
02:07le régisseur a mis le disque de l'autre côté et on a entendu bruit d'avion. Alors bon ça s'est
02:15très mal passé ce soir là seulement tous les soirs après quand nous sommes entrés en scène on a
02:19pensé au bruit d'avion et on a ri et c'est comme ça que j'ai été mise à la porte ignominieusement du
02:25théâtre des Mathura.
02:45Avec ses chants et ses cris et de jolis moments d'histoire sont inscrits partout le long de nos grands boulevards
02:53J'aime flâner sur les grands boulevards les soirs d'été quand tout le monde vient se coucher tard
03:00On a des chances d'apercevoir deux Angéliques que l'on suit jusqu'à République
03:06Puis je retrouve mon petit hôtel ma chambre ma fenêtre donne sur un coin du ciel
03:13D'où me parvient comme un appel toutes les lueurs toutes les rumeurs du monde en chanteur
03:23des grands boulevards
03:31Maintenant je vais vous parler du trac parce que je l'ai un petit peu en ce moment ça doit s'entendre
03:37Et je crois pas que je le perdrai jamais
03:40Voilà le trac c'est une chose épouvantable
03:43Le plus grand souvenir de trac que j'ai eu c'est quand même à la générale des sorcières de Salem
03:50parce que c'était la première fois que je remettais le pied sur les fameuses planches dont je vous parlais tout à l'heure
03:55mis à part mon petit passage au théâtre des Mathura
03:59ça a été effroyable, épouvantable, j'avais une bougie allumée
04:03je tremblais tellement que la bougie faisait ça, c'était horrible
04:07Et puis il y a l'autre trac, il y a celui du cinéma aussi qu'il faut pas oublier
04:12Il y a le trac des petits rôles
04:15Moi je me rappelle à l'époque où je faisais ce qu'on appelle les silhouettes dans le vocabulaire des comédiens
04:21Je me rappelle l'époque où vraiment quand l'appareil commençait à tourner
04:26j'entendais parter, j'attendais couper
04:30et je faisais absolument n'importe quoi tant que l'appareil tournait
04:35Je ne savais pas du tout ce que je faisais, c'était épouvantable
04:38Je dois dire au passage que j'ai beaucoup de respect pour les gens qui jouent des petits rôles
04:43parce que je crois que c'est beaucoup plus difficile de jouer un petit rôle dans un film que de jouer un grand rôle
04:49Quand un acteur a toute une histoire à raconter, avec un début, un milieu et une fin
04:55il a le temps de s'installer dans son personnage, il a le temps de le vivre complètement
04:59il a le temps de trouver les gestes, les tics, les manies de son personnage
05:03Mais quand vous jouez la petite cousine qui vient au mariage de sa grande cousine
05:10et qui doit en une journée être la cousine, c'est-à-dire appartenir à cette famille, à tout ce milieu social
05:18être mêlée au drame, sans avoir très souvent lu le moindre scénario
05:24On donne au petit rôle qui vient jouer les dix répliques qu'il a à dire, on lui donne le matin pendant qu'il se maquille
05:30Réussir à être bien et à être crédible dans ces conditions, je crois que c'est un tour de force
05:36et j'ai énormément de respect pour les gens qui arrivent à vaincre ce fameux trac de la caméra
05:42et à être crédible dans des personnages épisodiques
05:46Moi, comme je vous le disais au début, c'était épouvantable, je ne savais pas du tout ce que je faisais
05:50Mais depuis, peu à peu, j'ai quand même appris mon métier et j'ai maintenant le bon trac
05:56C'est-à-dire un mélange de cette espèce d'émotion physique étrange
06:02qui, alliée à la maîtrise de soi, vous met dans ce que les comédiens appellent l'état
06:10C'est quelque chose qui se passe malgré vous
06:14qui vous permet d'atteindre le maximum des possibilités du personnage que vous incarnez
06:22Dans le fond, je m'aperçois que j'ai voulu expliquer et que c'est inexplicable
06:27Et puis, il y a le troisième trac, c'est le trac pour les autres
06:31On a peur pour les autres
06:33Quand je suis dans une générale et que ça va commencer, j'ai peur
06:38J'ai peur qu'il arrive quelque chose, j'ai peur que les copains aient un tronc
06:43Les gens, dans ce métier, s'aiment beaucoup plus qu'on ne le dit
06:47Et puis, il y a le trac avec le grand T, le trac conjugal que j'ai quand mon temps travaille
06:52Chaque première à l'étoile, les deux heures de première à l'étoile, pour moi, sont éprouvantes au possible
07:02Et je me rappelle, par exemple, le jour où mon temps à Moscou a chanté dans un grand stade
07:09Qui est une espèce de Veldive, devant quinze mille personnes
07:13Quand je l'ai vu tout seul, comme ça, au milieu de cette scène improvisée
07:19Et puis les quinze mille autres en face
07:23Ça vous savez, vous me direz que c'était très difficile pour lui, mais pour moi aussi
07:39Simone aimait les anecdotes
07:41Dans La Nostalgie n'est plus ce qu'elle était
07:44Elle raconte, par exemple, que sa grand-mère liait facilement conversation sur les bancs publics
07:50Son plaisir était à son comble lorsqu'elle pouvait placer
07:54Mon mari, qui est un grand artiste, le grand-père de Simone, était peintre
08:00Mais tout le monde pensait à l'acteur Gabriel Signoret
08:03Elle jouait sur le malentendu
08:05C'est peut-être pour cela que Simone Signoret aimera toujours les histoires d'acteurs
08:10Je vais vous raconter une petite histoire d'acteur
08:12Ça se passe à Londres
08:14Il y a deux très vieux comédiens qui se rencontrent sur Shaftesbury Avenue
08:19Et l'un d'eux a à sa main sa valise de maquillage
08:24Et l'autre lui sourit et lui dit
08:27Tu travailles ?
08:29Et le second répond, non, je déménage
08:32Elle est pas gaie
08:35Et puis je vais vous raconter une anecdote qui nous est arrivée
08:38Nous avons reçu une carte d'une vieille actrice russe
08:43Qui écrivait ceci
08:45Je suis très vieille
08:47Autrefois je chantais
08:49Je suis venue à Paris il y a très longtemps
08:52En 1910
08:54J'ai toujours espéré que je pourrais revenir
08:57Revoir Paris une fois avant de mourir
09:00Maintenant je m'aperçois que ça va pas être possible
09:03Parce que je suis trop vieille
09:05Alors regardez bien la carte que je vous envoie
09:09Et cette carte représentait une fine diseuse en costume de paillettes
09:14Je vous demande, disait-elle
09:17De lancer ma photo dans la Seine
09:21Et comme ça je traverserai la France
09:24Alors comme la Seine coule à nos fenêtres
09:27On est sortis de chez nous
09:29On l'a fait vraiment et on a lancé la photo
09:32C'est un voyage
09:33Mon pote le gitan un jour est parti
09:36Et Dieu seul sait où il balade sa vie
09:39Ce type là était un grand musicien
09:43Ça j'en étais sûre, moi je le sentais bien
09:48Le taulier m'a dit qu'en est venu chercher
09:52Un grand musicole voulait l'acheter
09:56Mon pote le gitan il a refusé
09:59Un haussement d'épaule et il s'est taillé
10:08J'ai eu l'impression de perdre un ami
10:12Et pourtant ce gars là ne m'a jamais rien dit
10:15Mais il m'a laissé un coin de sa roulotte
10:19Et dans ma petite tête j'ai du rêve qui trotte
10:24Sa drôle de musique en moi est restée
10:28Quand je pense à lui il m'arrive de chanter
10:31Toi sacré gitan qui sentais le cafard
10:35Au fond ta musique était pleine d'espoir
10:58Il y a des projets qui vont et qui viennent
11:15Des sujets de films dont on parle et qui ne se font jamais
11:19Casque d'or était de cela
11:22Jean Renoir y avait pensé, Julien Duvivier aussi
11:26Et puis la guerre était arrivée
11:29A la libération il faut croire que Casque d'or
11:32Hantait encore les mémoires
11:34Suffisamment pour que Jacques Becker
11:37Revenu de prisonnier comme on disait à l'époque
11:40Reprenne l'idée avec Simone Signoret dans le rôle principal
11:57Simone a signé le contrat
12:00Jacques Becker l'attend à Paris pour commencer les premières scènes
12:03A ce moment là elle vit dans le midi
12:06Avec Yves Montand qui tourne le salaire de la peur
12:10Le jour du départ elle embrasse l'équipe du tournage
12:13Tout le monde est en larmes
12:15Comme pour un départ à la guerre
12:17Sur le quai de la gare de Nîmes
12:19Elle se retrouve avec son petit frère
12:21Qui s'appelle Jean Renoir
12:23Sur le quai de la gare de Nîmes
12:25Elle se retrouve seule
12:27Sans Montand qu'elle n'avait pas quitté depuis deux ans
12:30Le train pour Paris est annoncé
12:33Il s'arrête devant elle
12:35Il menace de partir alors qu'elle n'a pas encore posé le pied
12:38Sur la première marche du wagon
12:40Simone hésite
12:42Tout à coup
12:44Elle se redresse et tourne les talons
12:47Elle ne part plus
12:49Casque d'or ne vaut pas Montand
12:52Elle retourne auprès de lui
12:54Saluée à son retour par toute l'équipe du film du salaire de la peur
12:57Qui voit dans son geste
12:59La plus belle preuve d'amour
13:01Qu'une actrice puisse donner
13:03Inquiet
13:05Jacques Becker téléphone
13:07Il comprend la situation
13:09Simone, son amour
13:11Sa tristesse de se séparer de Montand
13:13Il confie à Simone Signoret
13:15Qu'il hésite entre deux noms d'actrice pour la remplacer
13:18Il n'hésitera pas longtemps
13:20Simone va choisir pour lui
13:22Elle reprendra le train du lendemain
13:25Elle sera casque d'or
13:28Et casque d'or sera un échec à la sortie
13:32Puis le film deviendra ce qu'il est devenu aujourd'hui de dire
13:35L'une des plus belles oeuvres du cinéma
13:38Une page d'histoire que l'on tourne
13:40Et retourne sans jamais s'enlacer
13:42J'ai toujours vu avec un sentiment de...
13:46Pas de vengeance, ce serait un vilain mot
13:50Mais avec un certain ricanement par rapport à la critique
13:53Parce qu'à l'époque où Casque d'or est sorti
13:55Casque d'or a été démoli par la critique
13:58Et a été un échec commercial total
14:00Alors chaque fois que je vois qu'on reparle de Casque d'or
14:03Comme d'un classique
14:05Comme un des piliers du cinéma de cette époque-là
14:08Français
14:10Ca me fait très plaisir
14:12Parce que je trouve que c'est un juste retour des choses
14:14Oui, alors aujourd'hui, bon
14:16C'était en 1951
14:18Oui, il y a 30 ans
14:19Il y a 30 ans et on dit
14:21Jamais Simone Signoret n'a été aussi belle que dans Casque d'or
14:25Ce n'est pas très gentil pour les gens qui vont photographier
14:28Depuis
14:29Dans les autres films
14:30Après
14:32Je crois que j'ai jamais été aussi gâtée
14:36Surtout sur le plan du costume
14:39Qui était un costume très saignant
14:41Parce que c'est une époque très saignante pour les femmes
14:43Sur le plan de la photo
14:45Qui était absolument éblouissante
14:48Et sur le plan du rôle
14:50Qui était un admirable et tendre gâteau
14:53Comme on dit chez nous
14:55C'est une petite tragédie qui se passe dans le soleil
14:58Avec de la campagne et des rues de Paris
15:04Ce n'est pas un film sur la paix
15:06C'est un film sur des mauvais garçons un peu sublimés
15:11D'une époque où on les appelait des apaches
15:16Ce n'est pas un film sur la violence non plus
15:21C'est un film sur une certaine brutalité
15:24Certainement
15:26C'est un film aussi sur
15:30Sur les indicateurs de police
15:34Parce que dans le fond
15:36Le ressort de toute la tragédie
15:39C'est le fait que
15:42Le mauvais garçon est un anic
15:45Et c'est celui que jouait si admirablement Claude Dauphin
15:49Et la jolie fille est prostituée
15:51Alors ça aussi ça fait partie de l'imagerie
15:53La jolie fille est prostituée
15:55Mais l'extrême délicatesse de Becker
15:59C'est montré encore une fois en cette occasion
16:02C'est que
16:03On imagine qu'elle est prostituée
16:05Mais on ne la voit jamais se prostituer
16:07Alors tout ça baigne dans un bruit
16:09Le réalisme peut-être un petit peu
16:13Édulcoré
16:15Sauf en ce qui concerne la mort du héros
16:18C'est ça
16:19Qui se passe sur les liettes
16:21La brave femme qui dans le film Casque d'or
16:25Vous prête sa fenêtre
16:27Pour regarder l'exécution capitale dans la cour de la prison
16:31C'est la voix du peuple ?
16:32Appeler ça la voix du peuple c'est un peu dur je trouve
16:35C'est simplement la voix de quelqu'un
16:38Qui a la chance à son goût
16:41D'avoir des fenêtres très bien orientées
16:44Du côté de la cour de la prison
16:47Et qui depuis des années, des années, des années
16:50Lou ses fenêtres pour un spectacle
16:53Qui se redonne comme ça de temps en temps
16:55On est bien d'accord qu'autrefois c'était un spectacle
16:58Offert aux foules, non ?
17:00Oui
17:01Mais c'est une insensible, c'est une brute ?
17:03Je crois qu'elle est habituée d'abord
17:05Et puis que comme ça lui fait un petit supplément
17:09À sa vie normale
17:12Quand ça arrive elle prend ça pas plus
17:16Ça l'intéresse pas du tout quoi
17:18D'ailleurs elle dit
17:19C'est la meilleure fenêtre du boulevard
17:21Je vais pas citer tout le dialogue de Casque
17:23Encore que je pourrais parce que
17:25Parce que Casque est un film presque muet
17:27Il y a si peu de répliques dans Casque d'or
17:30Car tout se passe beaucoup plus entre des regards et des silences
17:35Que
17:38Je me rappelle très très bien la réplique
17:41De cette femme qui s'appelait Pomme d'ailleurs
17:43Qui était pas actrice de métier
17:45Et qui avait un restaurant à Montmartre
17:48Qui était une copine de Becker
17:50Et qui disait ?
17:52Et qui disait
17:53Précisément
17:54C'est la meilleure fenêtre du boulevard
17:57Je peux pas vous laisser ma lampe
18:01Et puis quand ça sera fini
18:03Vous aurez qu'à fermer la porte
18:15Je la connais depuis la guerre
18:17Depuis l'occupation
18:19Alors elle a fait sa carrière de son côté
18:21Avec Yves Allégret d'une part
18:23Et puis avec d'autres
18:25Et enfin nous nous sommes rencontrés professionnellement avec Casque
18:29Je trouvais que le producteur de l'époque ne voulait pas de moi dans Casque d'or
18:34Et Simone et Jacques Becker ont fait l'impossible
18:38Pour que ce soit moi qui le fasse
18:40Et ils ont fini par gagner la partie
18:43Et c'est ainsi que j'ai pu faire Casque d'or
18:46Qui comme vous le savez probablement
18:48Est le troisième chef d'oeuvre du cinéma français le plus parlant
18:51C'était quelqu'un d'extrêmement généreux Simone
18:54Sur le plan de la disponibilité personnelle
18:58C'est-à-dire venir au secours lorsque quelqu'un se trouve dans l'embarras
19:02Mais aussi elle était extrêmement disponible pour Jacques Becker par exemple
19:07Lorsqu'il lui donnait une indication
19:09Elle était ouverte à toutes les critiques
19:11Et à toutes les indications possibles
19:13C'était le contraire d'une star
19:15De quelle scène vous vous souvenez Serge Régiani à propos de Casque d'or ?
19:18On se souvient parfaitement quand on a vu Casque d'or
19:21La valse de la fin et la valse du début
19:23C'est très important dans le film
19:26Et Simone qui était tombée amoureuse de Montand
19:30Et Montand tournait Le salaire de la peur avec Clouseau
19:35Et au lieu d'apprendre à valser
19:38Car elle ne savait pas valser, moi oui
19:40Au lieu d'apprendre à valser
19:42Elle allait voir Montand en extérieur sur le plateau de Clouseau
19:49Ce qui fait que lorsque nous avons tourné dès les premiers jours cette valse
19:53Elle ne savait pas du tout valser
19:55Ce qui justifie la manière dont je valse avec elle
19:59C'est à dire qu'elle a une robe longue, on ne voit pas ses pieds
20:02J'ai un bras raide le long du corps
20:04Et je la tiens par la taille
20:07Je la soulève et je tourne en valsant
20:10Tandis qu'elle ne valse pas du tout
20:12Et elle vous racontait l'amour qu'elle était en train de vivre avec Montand ?
20:15C'était quelque chose d'important qui naissait chez elle ?
20:17Oui très très important
20:19C'était important pour l'un comme pour l'autre
20:21Qu'est ce qu'il restera de Simone Signoret pour vous ?
20:25D'après vous ?
20:27C'est un grand vide, surtout un grand vide
20:29Ca manque
20:31Ca manque vraiment parce qu'il n'y en a pas des comme ça, il n'y en a pas du tout
20:34Il n'y en a pas du tout
21:04Et Yves Montand l'accompagne à la gare du Nord
21:07Pour prendre le train qui va l'emmener en Angleterre
21:09Du moins c'est ce qu'elle croit ce matin là
21:12En réalité, ce train qui va traverser la Manche
21:16Pour lui permettre de tourner le rôle d'Alice
21:18Dans les chemins de la Haute-Ville
21:20Il va aussi lui faire traverser l'Atlantique
21:23Puis les Etats-Unis
21:25Jusqu'à Hollywood
21:27Où là, elle aura la surprise
21:29De s'entendre nominée pour l'Oscar
21:32De la meilleure actrice de l'année
21:34En compétition avec Catherine Hepburn
21:36Doris Day
21:38Elizabeth Taylor
21:40Et Audrey Hepburn
21:42Le 5 avril 1960
21:45Devant 3000 personnes
21:47C'est Rock Hudson
21:49Qui sera chargé d'ouvrir l'enveloppe
21:51Qui contient la décision du jury
21:53Le nom de celle qui recevra
21:55La plus haute récompense du cinéma mondial
21:58L'Oscar
22:03Simone Signorè
22:05Rock Hudson
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31:24Dans votre nouveau livre
31:26Le lendemain, elle était souriante
31:28Vous dites comment vous avez gagné un autre combat
31:30Un autre engagement
31:32C'est celui de l'acte d'écrire
31:34Vous dites au fond comment vous êtes entré en littérature
31:36Dans ce livre
31:38Oui
31:40Ce livre je l'aurai
31:42Écrit de toute façon
31:44Celui là, le petit dernier là
31:46Parce que j'avais envie de raconter cette histoire
31:48De comment on passe
31:50D'une profession à une autre
31:52Et ce qui m'est arrivé pendant ces passages
31:54Qui ont été interrompus, qui ont été repris
31:56Dès le départ
31:58Il y a la fiction et la réalité qui sont mélangés
32:00Oui
32:02Oui parce que
32:04Je commençais à être Mme Rosa
32:06C'est à dire que j'étais Mme Rosa depuis
32:08J'avais déjà 24h de la vie de Mme Rosa
32:10Derrière moi, c'était le deuxième jour
32:12Du tournage
32:14Et à un moment donné vous êtes Mme Rosa
32:16Et vous entendez
32:18Dans une radio
32:20Vous entendez qu'on vous accuse de ne pas être l'auteur de votre livre
32:22La Nostalgie
32:24Et j'entends ça en la compagnie
32:26De mes deux complices
32:28C'est à dire de ma maquilleuse et d'Alex
32:30Mon coiffeur
32:32Qui eux sursautent encore plus que moi
32:34Car ils ont été
32:36Eux les spectateurs
32:38Quotidiens
32:40Du temps
32:42Où je ne pouvais plus écrire
32:44Ou du temps où je me suis remise à écrire
32:46Et ils n'ont pas mieux supporté que moi
32:48Presque moins bien supporté que moi
32:50Cette accusation
32:52Parce qu'ils avaient été les témoins de la chose
32:54Maintenant
32:56Bon
32:58J'étais un petit peu obligé d'en parler
33:00Dans le bouquin
33:02Parce qu'il fallait bien que je m'explique
33:04Sur certaines choses
33:06Mais je trouve qu'on devrait arrêter d'en parler
33:08Oui mais au fond
33:10Il y a eu un procès justement
33:12Et ça a été le déclic
33:14Qui vous a quand même fait écrire
33:16C'est quand l'avocat
33:18Disons de la partie adverse
33:20Comme on dit
33:22Oui c'est l'avocat des derniers liers
33:24Vous a dit non madame
33:26Vous ne connaissez pas les joies, les angoisses
33:28Les fièvres et les chagrins
33:30Devant la page blanche
33:32Vous ne connaissez pas la solitude
33:34De l'écrivain devant sa table
33:36Et ça ça vous a fait bondir
33:38Et c'était ce moment là
33:40Alors que vous avez décidé
33:42D'écrire un nouveau livre
33:44Et ça c'est vrai
33:46Si vous continuez dans votre livre
33:48Vous racontez justement
33:50La rencontre point
33:52Votre difficulté à écrire
33:54Et en même temps
33:56Les rôles que vous jouez
33:58Pendant ces temps là
34:00C'est à dire il y a eu Piton 357
34:02Avec votre mari Yves Montand
34:04Qui d'ailleurs vous encourageait aussi de temps en temps
34:06Oui beaucoup
34:08Il m'a même des fois envoyé carrément
34:10Écrire parce qu'il trouvait
34:12Que les choses se perdent
34:14Parce que à partir du moment
34:16Où je mets les pieds dans une salle de maquillage
34:18Et où je me prépare
34:20A aller être un personnage
34:22Je ne peux absolument plus
34:24Me servir de ma machine
34:26Ni de mon porte plume
34:28Vous vous doutez même à un moment donné
34:30De votre vocation de comédienne
34:32Ah oui j'ai absolument cru
34:34Quand il a fallu que je m'arrête
34:36Pour aller jouer
34:38J'ai cru d'abord
34:40Que je ne pouvais pas m'arrêter d'écrire
34:42Et que j'étais furieuse d'avoir un contrat
34:44D'être obligé d'aller jouer
34:46Bon alors j'ai dit c'est terrible
34:48Je ne vais plus jouer
34:50Je vais écrire
34:52Et puis j'ai été jouer
34:54Et puis je me suis aperçu
34:56Que je n'avais plus la moindre envie d'écrire
34:58Mais plus du tout
35:00Et ça m'a duré assez longtemps
35:02Et puis je m'y suis remise
35:04Et exactement la même opération
35:06S'est reproduite chaque fois
35:08Avec les copains
35:10Et de ne pas être seul justement
35:12Et puis je me suis forcé chaque fois
35:14A me réenfermer toute seule
35:16Moi on m'a connu à travers mon travail d'actrice
35:18Puis un jour j'ai raconté ma vie
35:20Et maintenant
35:22J'invente une histoire
35:24Et alors je me dis
35:26Moi qui avais toujours prétendu
35:28Que je n'avais pas d'imagination
35:30Que je ne pourrais pas inventer des histoires
35:32Je me trouve
35:34J'ai eu peur
35:36Qu'on ne me prenne pas au sérieux
36:06Quand Simone Signoret nous a quittés
36:08Une grande émotion s'est emparée du public
36:10Et des gens du spectacle
36:12Europe 1 a recueilli quelques témoignages
36:14Parmi ses amis
36:16C'est vrai
36:18Moi je n'avais jamais rencontré
36:20Simone
36:22Quand j'ai reçu un petit mot d'elle
36:24Régis Debray
36:26Un petit mot d'affection
36:28Et déjà maternelle
36:30C'est vrai
36:32C'est vrai
36:34Je l'avais déjà maternelle
36:36C'était à Caméry
36:38En je crois 1967
36:40Elle ne me connaissait pas
36:42Elle m'envoyait une petite fleur séchée
36:44Que je lui ai ramenée 4 ans plus tard
36:46Et elle m'a gardée chez elle
36:48Je lui dois d'avoir été libre
36:50Dé 1970-71
36:52Et on a perdu avec Simone
36:54Bon pas seulement une grande actrice
36:56Mais je dirais une sorte de référence morale
36:58Une sorte de conscience morale
37:00Une sorte de
37:02pas de de vigilance mais en tout cas quelqu'un qu'on pouvait toujours appeler
37:07pour savoir ce qui se passe ce qu'on peut en penser je dis pas ce qu'on ce
37:13qu'il faut en penser parce qu'elle n'était pas dogmatique mais elle était
37:14intransigeante pas sectaire mais très droite et avec une attention aux choses
37:21à tout aux gens aux petits faits je pense que dans ce milieu c'est
37:25extrêmement rare finalement je crois que Simone qui était très grande actrice
37:29fréquentant les acteurs et les vedettes était la femme la moins snob que j'ai
37:34connu la plus méticuleuse la plus scrupuleuse avec une mémoire fabuleuse
37:40moi j'ai peur d'ailleurs d'avoir perdu une partie de ma mémoire avec elle
37:44parce qu'elle avait aussi la mémoire des autres elle racontait aux autres ce
37:48qu'ils avaient oublié eux mêmes souvent c'était vraiment une sorte de livre
37:51qu'on venait consulter c'était une femme vraiment immensément généreuse
37:56immensément généreuse et pas bébête je veux dire pas la générosité lutte
38:01contre la faim ça nous sommes tous d'accord pour ça mais elle allait plus au
38:05fond des choses au fond des choses c'est-à-dire dans les petites choses
38:08ce qu'il me restera évidemment c'est sa vie. Marcelle Buval, sa vie et ce qu'elle était
38:14elle était bonne, elle était bonne comme le bon pain, elle était bonne comme le bon argent
38:17elle était bonne comme la romaine aussi elle était formidable elle était
38:22on va la faire entendre tout de suite elle parle justement du rôle qu'elle
38:28avait tourné avec vous Thérèse Imbert des difficultés qu'elle avait eu à
38:31mémoriser un texte alors vous écoutez vous interviendrez tout à l'heure
38:34je sais que ce texte est beau et facile à apprendre que c'est du vrai dialogue
38:37mais dès qu'il s'agit de questions de tractation j'ai appris ça comme on
38:42apprend à l'indicateur des chemins de fer parce que je n'y comprends rien
38:46enfin vous donnez pas cette impression. Les différences entre un avoué, des
38:50différences entre des titres, des actions, des quoi ? qu'est ce qu'il y a encore ? il y a des mots
38:56comme ça qui me sont même sortis de la mémoire maintenant c'est les seuls
38:59moments où j'ai eu du mal à apprendre mon texte alors Christine Murillo vous
39:02savez c'est extraordinaire parce que elle joue cette cette sœur passive et
39:08silencieuse et apparemment indifférente et c'est très étrange parce que je
39:16m'aperçois que les acteurs plus ils jouent formidablement ce genre de rôle
39:21c'est à dire plus ils sont honnêtes par rapport aux personnages qu'on leur
39:25confie plus finalement on les oublie. La scène extraordinaire où elle éclate
39:30où elle a son moment de révolte moi qui l'ai vécu avec elle c'est à dire
39:36qui était là et qui me depuis le matin me disait mais comment elle va arriver à
39:40monter ça à ce maximum. Vous savez il y a des actrices il faut qu'elles se mettent dans un
39:45coin qu'elles se prennent la tête dans les mains qu'on leur fasse le silence
39:50pas du tout je me dis ça va comment tu vas le faire ça on peut bien voir et
39:55c'est parti et immédiatement avec une sincérité totale j'ai eu du mal à tenir
40:02dans mes bras ce paquet de chagrin de colère de larmes absolument formidable et
40:08quand la bave tombe parce que je me gifle j'avais le coeur serré après
40:14parce qu'après bon on a dit coupé je n'étais pas fait mal alors moi je peux
40:20vous dire ce que moi j'en vends de ce truc là je sais de quoi je parle quand
40:23je dis que je vois une fille qui sent préparation sans chichi sans rien du tout
40:27tout d'un coup vous balance ça comme ça merde elle est formidable
40:31est-ce qu'elle vous avez parlé de sa maladie Marcel Bluval?
40:35comme ça rigolant il m'avait dit si jamais il m'arrivait des trucs ceux qu'à
40:39Dieu me plaisent parce que j'ai pas envie de connaître la vie je voudrais que tu
40:43dises une chose alors je me souviens la vie il m'a dit pendant que j'ai tourné
40:49j'ai été Yvonne Pierre c'était le nom de son rôle c'était un personnage vivant vivace
40:53gay pendant toute cette durée là j'ai pas été malade j'ai été vivante gay
40:59et je voudrais pas être pathétique si jamais il arrivait quelque chose
41:03j'ai eu la chance de la rencontrer de la connaître il y a très très longtemps
41:08à la Delon j'ai débuté ma carrière à Sécouté il y a de cela 25 ans lorsque
41:11j'étais reçu à Hauteuil avec elle et Yves du temps de Jacques Becker elle
41:17m'avait pris en affection et de l'amitié elle me la témoignait toute sa vie
41:22nous avons fait deux films ensemble qui pour moi sont des souvenirs impérissables
41:27un était les granges brûlées l'autre la veuve coudère
41:31on travaillait avec Simone formidablement bien parce que c'était une très très grande
41:36professionnelle et il y avait un respect mutuel si vous voulez de deux comédiens qui s'affrontent
41:41et qui s'opposent et on ne jouait pas avec Simone je veux dire on vivait c'est ça qui était
41:45exceptionnel et je veux dire ça il en ressortait une très grande facilité parce que c'était
41:51formidable de vivre avec elle et de vivre à ses côtés et de vivre avec elle devant une caméra
41:54est-ce que vous qui êtes l'un des plus grands acteurs français est reconnu comme tel au niveau
41:59du public est-ce que vous avez est-ce qu'elle vous a apporté quelque chose sur le plan
42:02professionnel est-ce qu'elle continuait de vous apporter quelque chose évidemment qu'elle m'a
42:06énormément apporté je veux dire elle m'a apporté par son expérience elle m'a apporté pour par tout
42:11ce qu'elle avait je veux dire emmagasiner depuis des années de carrière avant moi il m'a énormément
42:15donné c'était quelqu'un de terriblement généreux j'étions disons de la même race c'est elle qui
42:19me le disait ça n'est pas moi et elle m'a énormément donné elle m'a énormément apporté
42:24énormément porté nous avions des opinions politiques tout à fait divergentes et ça
42:30simone le savait jamais je veux dire jamais entre nous il ya eu la moindre conversation
42:34elle s'interdisait totalement de parler de ses idéologies ou de ses idées par rapport aux
42:38miennes et ça c'était une espèce d'accord tacite et d'accord commun et de temps en temps ça c'est
42:43pour la petite anecdote je me souviens que lorsque j'avais certaines prises de position ou certaines
42:49déclarations qu'il m'était arrivé de faire dans dans les médias simone m'appelait matin il me
42:54disait ah j'ai vu ton truc hier t'as encore fait une connerie tu peux pas t'empêcher de la fermer
42:57tu peux pas t'empêcher de l'ouvrir et ça nous faisait rire je lui disais chacun ses conneries
43:02chacun sa façon de voir les choses tati puisque je l'appelais tati et qu'elle m'appelait le môme
43:07comme gamin et la femme écrivain est ce que vous avez suivi un peu sa carrière d'écrivain est ce
43:11que vous avez lu par exemple adieu volodya oui j'ai surtout lu le premier je veux dire qu'elle
43:15m'avait fait l'honneur de parcourir les feuillets où elle m'avait d'ailleurs dans un chapitre elle
43:21parlait de moi où elle me traitait de fou elle disait que j'étais un fou mais un fou follement
43:25sympathique quelque chose comme ça et elle était très très très inquiète et très en même temps
43:31très très heureuse de pouvoir enfin écrire un livre elle avait attendu pendant de nombreuses
43:35années elle avait tellement de choses à dire tellement de choses à mettre sur le papier et je
43:39veux dire lorsque son son livre a été un succès mondial un best-seller dans le monde elle en a
43:44été profondément émue et elle m'avait fait cette réflexion assez drôle elle me disait tu vois
43:48maintenant je vais gagner plus de pognon avec mon livre qu'avec le cinéma qu'est ce qui vous
43:52reste d'elle comme image comme souvenir je pense qu'elle n'aurait pas voulu qu'on en parle avec
43:56tristesse si bonne était quelqu'un de très entier je crois que un peu comme jean gabin elle aurait
44:01aimé qu'on parle à d'elle de son vivant et pas après l'image qui me reste d'elle je veux dire
44:06c'est une image absolument resplendissante pleine de vie est pleine de pleine de charme plein de
44:12sourire elle avait ses yeux extraordinaires qui était toujours les yeux de dédé denvers et je
44:18lui avais dit d'ailleurs je disais tu sais quand je voyais dédé denvers c'est drôle tu me rappelle
44:23tu me faisais penser à romy je veux dire à ses débuts elle avait une passion et une très très
44:28grande admiration pour romy et c'est vrai que quelque part la simone de dédé denvers ressemblait
44:32enfin romy schneider plus tard ressemblait un peu à la simone de dédé denvers de toute façon c'était
44:37deux êtres dévorés par leur métier dévoré par la vie dévoré par l'angoisse dévoré par
44:43l'incertitude et deux êtres absolument exceptionnels à fleur de peau d'une sensibilité
44:49démesurée et je dois dire qu'avec romy et simone c'est une grande page de ma vie qui fout le camp
44:57je voudrais tant que tu te souviennes des jours heureux où nous étions amis
45:03en ce temps là la vie était plus belle et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui
45:11les feuilles mortes se ramassent à la pelle tu vois je n'ai pas oublié
45:19les feuilles mortes se ramassent à la pelle les souvenirs et les regrets aussi je fais que
45:29ce qui m'amuse en fait j'ai eu beaucoup de chance je n'ai aucun rêve de survivance après ma
45:39disparition j'ai pas je me fous de laisser des traces ou pas il se trouve que le cinéma laisse
45:43des traces jusqu'au moment où la pellicule tombe en poussière c'est pas on n'a pas encore trouvé
45:48le truc là pour que ça dure éternellement mais je mon approche de la vie c'est pas du tout ça
45:55je sais que je n'aurai pas à rougir de moi et que les gens qui m'aiment n'auront pas à rougir de
46:01moi c'est tout ce que je peux dire c'est la seule critère que je reconnaisse pour guider mes choix
46:08je ferai pas des choses qui feront rougir de moi les gens qui m'aiment bien ou ceux qui m'aiment
46:14tout court je peux décevoir je peux faire des choses que les gens aiment plus ou moins je
46:19peux faire des erreurs mais je peux pas faire quelque chose à propos de quoi on pourra me
46:26dire comment tu as osé faire les choses pareilles et le vent du nord les emporte dans la nuit froide
46:39l'oubli tu vois je n'ai pas oublié la chanson que tu me chantais
46:55c'est une chanson qui nous ressemble toi tu m'aimais et je t'aimais nous vivions tous les deux
47:20ensemble toi qui m'aimais moi qui t'aimais mais la vie sépare ceux qui s'aiment tout doucement
47:40sans faire de bruit et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis
48:11vous venez d'écouter destins extraordinaires un podcast issus des archives d'europe 1
48:17réalisation julien tarot production rafael mariat patrimoine sonore sylvain denis laetitia
48:27casanova antoine reclus destins extraordinaires est disponible sur le site et l'appli européen
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