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00:00 Il est 8h moins le quart, le président de la République Emmanuel Macron prendra la parole cet après-midi à Bordeaux à l'occasion de la prestation de serment de 459 auditeurs de justice de futurs magistrats en formation à l'École Nationale de la Magistrature.
00:14 Une promotion historique par le nombre d'élèves et on en parle nous ce matin avec Philippe Jamin, dobinier délégué régional du Syndicat de la Magistrature.
00:23 Bonjour Philippe.
00:24 Bonjour.
00:25 Quelle est la symbolique de la venue du président de la République cet après-midi pour cette prestation de serment ?
00:31 Alors bon, de prime abord on pourrait se dire que c'est effectivement très important que l'autorité vienne comme ça.
00:40 Quelque part effectivement ça l'est parce que c'est assez, j'allais dire, c'est très peu fréquent que les présidents comme ça se déplacent pour les prestations de serment.
00:49 Mais d'un autre côté on peut se dire aussi y voir aussi un effet et un rôle institutionnel parce que le président c'est aussi le garant de l'indépendance de la justice.
00:58 Donc c'est un peu normal qu'il vienne au moment qui est un moment solennel pour les auditeurs,
01:05 qui est le premier moment où ils vont commencer à rentrer dans cette profession exigeante,
01:11 de leur tracer la route quelque part et de les guider dans un service qui est un service pour la République, pour les citoyens.
01:20 Alors il devrait parler aujourd'hui délai de la justice, fonctionnement des tribunaux, il y a des urgences à ce sujet ?
01:27 Ah oui il y a des urgences. En fait dans les tribunaux on manque beaucoup de personnes.
01:34 Des magistrats mais pas uniquement parce que le magistrat ne travaille jamais tout seul.
01:38 Un magistrat tout seul ça ne sert à rien. Il manque des magistrats, il manque beaucoup de greffiers.
01:43 Sur la cour d'appel par exemple de Bordeaux il y a un manque crucial de greffiers.
01:49 On a énormément de mal à recruter des greffiers, à les faire venir parce qu'il y a aussi des problèmes liés à ce qu'on peut connaître à Bordeaux,
01:57 notamment en Gironde, l'augmentation du prix du foncier, tout ça c'est difficile pour faire venir des fonctionnaires.
02:03 Mais effectivement il y avait un manque crucial qui n'était pas propre au gouvernement actuel.
02:11 Et on peut lui rendre crédit d'avoir géré une situation qui s'était installée depuis une trentaine d'années.
02:23 Avec l'annonce du recrutement de 1500 magistrats, 1800 greffiers d'ici la fin du quinquennat ?
02:28 Et en plus d'autres, parce que globalement ces recrutements s'inscrivent dans un plan d'un recrutement de 10 000 personnes.
02:35 Donc il y a effectivement 3000 personnes qui sont vraiment des personnels judiciaires au sens strict du terme.
02:41 Et il y a tout un ensemble ensuite de personnes qui vont être en appui,
02:45 donc des assistants de justice, des attachés de justice, des contractuels qui soient de catégorie B ou de catégorie C,
02:52 on appuie parce que dans des tribunaux on a besoin aussi de ces personnels-là pour s'occuper de la distribution du courrier,
02:59 de l'accueil de certaines personnes et pas uniquement sur les fonctions juridictionnelles.
03:04 Un des objectifs c'est d'accélérer un petit peu la justice. On lui reproche souvent d'être lente à cette justice.
03:10 Michel d'ailleurs est avec nous ce matin sur France Bleu Giron. Michel bonjour.
03:13 Oui bonjour.
03:14 Vous nous appelez L'Esparmédag, vous êtes un ancien policier. Vous trouvez justement que cette justice est allée trop lente ?
03:19 Oui elle est lente par le fait qu'on a un club de procédures pénales qui est très chargé et s'épuiser,
03:25 ne serait-ce qu'au niveau de l'enquête déjà c'est assez complexe.
03:28 Et ensuite de ça avec toutes les voies de recours, effectivement lorsque le juge d'instruction instruit,
03:37 effectivement avec toutes les voies de recours, ça recule dans le temps et si certaines procédures devaient être mises en état au bout d'un certain délai,
03:47 heureusement on ne peut pas le faire comme disait votre interlocuteur, il y a le manque de personnel.
03:53 Il faut voir le nombre d'heures que font les magistrats, je m'en suis témoin.
03:58 Ils passent beaucoup de leur temps au palais pour instruire et ensuite la criminalité a nettement augmenté
04:07 et les affaires tous les jours, tous les jours...
04:10 Oui c'est trop lent.
04:12 Merci Michel d'avoir témoigné ce matin.
04:15 Michel évoquait le code de procédure pénale, sa simplification, ça fait partie de la loi de programmation et d'orientation de la justice qui a été votée récemment.
04:22 Ça c'est un... on va dans le bon sens quand on vote ce genre de mesures ?
04:26 Ça dépend ce qui va être produit en fait.
04:29 Donc il faut voir aussi une chose, c'est que...
04:32 Alors on parle souvent effectivement d'un manque de réaction au niveau de la procédure pénale.
04:41 La justice civile c'est encore autre chose, c'est-à-dire que c'est quand même...
04:46 Le tribunal est tributaire de ce que veulent en faire les partis, c'est les partis qui donnent un petit peu le rythme aussi.
04:52 Donc là-dessus on relativise un peu.
04:55 Pour répondre à votre question sur le code de procédure pénale,
04:58 normalement c'est une recodification, effectivement comme tout texte au bout d'un moment,
05:02 surtout sur la partie exécution des peines, il peut y avoir des fois des textes dont on a du mal à comprendre l'articulation entre les textes.
05:10 Donc ça peut être intéressant de le toiletter.
05:12 Est-ce que c'est ce qui va être fait ? Je n'en sais rien.
05:15 Après il faut voir que derrière la procédure, derrière le temps, en fait c'est de la garantie des droits.
05:20 La garantie des droits pour la personne qui est accusée, mise en cause, mais aussi garantie des droits pour la victime.
05:26 Donc c'est important aussi d'avoir ce temps-là.
05:30 Et le temps malgré tout...
05:32 Il faut donner le temps à la justice, c'est ça que vous voulez dire.
05:33 Il faut laisser le temps à la justice aussi, pour que des fois c'est important dans le cadre...
05:37 Le rôle du juge c'est aussi un rôle d'apaisement des tensions sociales.
05:42 Et le temps joue dans cet apaisement.
05:46 A côté de ça, on a aussi un certain nombre de procédures pour pouvoir réagir rapidement à des faits.
05:52 Vous voyez les comparutions immédiates, c'est de la justice d'urgence qui doivent normalement répondre à cette question-là.
06:01 7h50 sur France Bleu, Jérôme de Philippe, Jeannin Domigny, délégué régional du syndicat de la magistrature, et notre invité sur France Bleu.
06:07 Alors ça semble un peu le mot à la mode pour l'exécutif.
06:10 L'Elysée affirme qu'Emmanuel Macron veut parler aujourd'hui de réarmement judiciaire de la nation, cette fois.
06:15 Qu'est-ce qui peut se cacher derrière tout ça selon vous ?
06:18 Je ne sais pas trop.
06:21 Disons que je ne vois pas trop ce que ça peut être le réarmement.
06:25 Est-ce que ça veut dire effectivement l'augmentation des moyens ?
06:28 Et là il faut reconnaître que depuis, il y a quand même eu, il faut reconnaître ça au ministre Éric Dupond-Morité,
06:39 d'avoir pu gagner des arbitrages pour avoir des augmentations au niveau budgétaire qui soient substantielles.
06:46 11 milliards d'euros en 2027.
06:48 Exactement. Et pour en tout cas mettre en place des recrutements importants.
06:52 Mais bon, ce que je tenais à dire aussi pour les auditeurs, c'est que ces recrutements vont avoir des effets décalés dans le temps.
06:59 C'est un petit peu comme les médecins si vous voulez.
07:01 Quand vous ouvrez le numerus crucis à un moment donné, l'arrivée des médecins dans les hôpitaux, ce n'est pas dans l'année.
07:08 C'est-à-dire que là, la promotion des auditeurs qui prêtent serment aujourd'hui, ils vont arriver en juridiction dans deux ans.
07:15 On travaille sur le temps long.
07:17 En tout cas sur le moyen terme.
07:20 Puis il s'agit, au-delà des moyens, il y a cette idée de réfléchir à quelle est la justice que l'on veut,
07:29 quelle garantie des droits on veut pour les citoyens, quelle est la fonction du magistrat, du greffier dans ce contexte-là.
07:36 Et ça on n'y répond pas pour l'instant.
07:38 Je ne sais pas s'il y a cette réflexion-là.
07:40 Il y a eu des réflexions très diverses dans le cadre des états généraux de la justice,
07:44 qui avaient été initiées à la demande de la première présidente de la Cour de cassation et du procureur général près de la Cour de cassation,
07:56 qui avait été reprise par le président de la République.
07:58 Mais ça nécessite d'avoir un discours et un dialogue très large qui dépassent la sphère judiciaire.
08:06 Parce que le judiciaire, même si les citoyens ne sont pas confrontés aux juges tous les jours, ça les concerne.
08:15 Parce qu'on rend la justice en leur nom.